La "Loi Morale Nouvelle" repose essentiellement sur le libre
choix des Sujets qui en sont les "co-auteurs" et qui en conséquence
se soumettent librement à cette Loi commune qu'ils ont eux-mêmes posée.
Les 5 composantes indépendantes de cette
Loi sont donc posées par cette Loi de façon simultanée, chacune faisant
l'objet d'une libre décision logiquement indépendante de la part de ceux
qui adhèrent à la LMN, mais pas "moralement" indépendante,
puisque la LMN consiste justement à poser les 4 dimensions de la Liberté
( pour moi, pour les autres, pour aujourd'hui, pour l'avenir ) comme
indissociables de la position même de la Liberté comme valeur fondamentale .
Autrement dit :
Nous, qui posons et reconnaissons en commun cette Loi, nous posons
Notre Liberté comme critère ultime pour tout autre jugement de "valeur"
possible, si et seulement si Nous posons en même temps cette même
Liberté comme valant pour chacun ( "moi" ), pour tout autre sujet
en général qui reconnaîtrait cette même Loi, pour "ici et maintenant"
et pour tout avenir possible que Nous pensons à partir de là.
Quels arguments peut on cependant avancer, à titre indicatif, même s'il ne s'agit pas d'arguments logiquement imparables qui prétendraient "déduire" les 4 dimensions de la Liberté dont nous parlons, de la seule idée élémentaire de Liberté ?
Remarque : Ces arguments qui suivent sont à rapprocher d'un autre "argument" que je propose aussi en faveur de la "dérivation" de l' "Egalité" à partir de la position de la Liberté. ( en effet la "liberté des autres" et la "liberté pour l'avenir" posées par la "LMN" en même temps que "ma liberté ici et maintenant" définissent d'une certaine façon un cadre pour l' "EGALITE" ). Cet'"argument" formel ( proche aussi de l'idée de "voile d'ignorance" de Rawls ) consiste à dire que plus je fais appel à la seule Liberté comme valeur fondamentale à laquelle je me rapporte comme "sujet" ( "libre" précisément ) , plus je considère aussi que toutes les autres particularités qui sont les miennes ( comme être humain biologiquement, psychologiquement, socio-culturellement, historico-géographiquement, etc. "situé", "donné" ) et me différencient plus ou moins des autres , ne "comptent pas" quand il s'agit de la pure et simple liberté, et ceci d'autant moins qu'il s'agit de la liberté comme Idée de Liberté Absolue ( projection dans l' avenir ) et non pas de mes simples conditions actuelles d'exercice de la liberté. L'idée "abstraite" de liberté demande ainsi, par cette "abstraction même", que tous les "sujets libres" soient comme tels, par le fait de leur "définition" commune comme "êtres le plus radicalement libres possibles", des "EGAUX".
Revenons donc aux arguments possibles ( bien que non logiquement nécessaires
) en faveur de la position simultanée des "4 dimensions de la liberté"
posées par la Loi Morale Nouvelle :
Il s'agit essentiellement d'arguments liés à l'universalisation possible
de la liberté :
L' "argument" fondamental peut donc s'énoncer ainsi :
( Par rapport aux autres :) Je ne peux pas me considérer moi-même ici et maintenant comme "absolument libre", si les autres sujets ne le sont pas et s'ils considèrent que ma liberté est antinomique à leur propre liberté. Je ne peux donc moi-même être libre dans mes relations aux autres que pour autant que nous nous reconnaissons réciproquement cette même liberté et que nous considérons que toute "augmentation" de la liberté des uns peut au moins être compatible avec une augmentation de la liberté des autres ( "jeu gagnant gagnant" en terme de liberté de chacun et de tous, entendons bien : de tous en tant qu'ils acceptent et pour autant qu'ils acceptent cette Loi ).
( Par rapport à l'avenir : ) D'autre part, comme notre liberté actuelle est limitée de fait, même si certains peuvent aujourd'hui être considérés ou se considérer eux mêmes comme plus ou moins libres que d'autres, l'exercice de notre liberté actuelle ( ici et maintenant ) doit au moins préserver la possibilité de notre liberté future et si possible le "développement", le "progrès" ou la "croissance" de cette liberté, et ceci dans un "horizon" tel que rien d'autre ne limite a priori une telle croissance de la liberté, si ce n'est d'un côté le "réel" en tant qu'il est ce qu'il est indépendamment de nos libres choix ( cette "part" ou "aspect" du "Réel" on peut l'appeler "Nature" ) , et de l'autre côté la Loi Morale Nouvelle elle-même en tant qu'elle limite chacune des 4 composantes de la Liberté pour autant que celles-ci, d'elles-mêmes, ne concourraient pas à la croissance de cette Liberté universelle.
Il y a donc deux types de limites à l'idée "élémentaire" et facile de la liberté que chaque être humain peut imaginer, y compris un petit enfant à partir du moment où il prend conscience des obstacles qui s'opposent à la réalisation immédiate de ses désirs et de ses "quatre volontés" (! ? ) , à savoir la liberté de "faire ce que je veux, quand je veux, où je veux, avec qui je veux, etc... immédiatement et sans entraves" :
1. Les limites du "réel actuel" qui font que ce "réel"
ne se plie pas immédiatement à nos désirs ou à nos volontés ( "principe
de réalité" / "principe de plaisir" comme dirait Freud ) : Il
s'agit donc ici de la prise de conscience que le dépassement de ces "entraves
du réel" , grâce à la collaboration de tous ceux qui veulent accéder à
une plus grande liberté que celle que le réel nous "donne" aujourd'hui
ici et maintenant, n'est possible que si nous posons précisément la croissance
de notre propre liberté individuelle comme essentiellement corrélative de la
croissance de celle des autres ( du moins de celle de tous ceux qui admettent
cette même idée ) ( "ma liberté ET celle des autres"
) et si nous prolongeons notre liberté élémentaire actuelle ( celle que nous
concevons facilement dans le principe de plaisir immédiat ) par une exigence
de liberté encore plus importante pour l'avenir, sans que celle-ci bien sûr
ne puisse elle-même hypothéquer entièrement notre liberté actuelle ( il ne s'agit
plus, dans le cadre de la LMN, de renoncer à nos libertés actuelles sous prétexte
de "lendemains qui chantent" ou d'un "grand soir"
toujours repoussé ) .
Il s'agit bien de penser la liberté actuelle avec
une plus grande liberté future possible.
2. Les limites ( à l'idée élémentaire et facile de liberté ) posées
par l'idée de Liberté Absolue elle-même qui ne fait que "balbutier"
dans cette idée élémentaire, et qui doit nous amener, en plus et en même temps
que ce principe de liberté immédiate ou "principe de plaisir", qui
n'en constitue que la racine "infantile" mais originaire, à en concevoir
l'extension universelle possible ( aussi pour les autres et pour l'avenir ).
Remarque : Le principe de liberté élémentaire ( comme plaisir de faire ce que
je veux ) commence déjà à se différencier très tôt chez l'enfant du pur et simple
principe "animal" de plaisir passif : ainsi lorsqu'on voit des enfants,
mis devant un choix ( des bonbons ou du chocolat ), hésiter en cherchant
d'abord à se positionner par rapport au désir des autres et choisir
l'une des branches du choix offert, non pas tellement parce que, en soi elle
leur procure plus de plaisir ( gustatif dans notre cas d'école ) , mais
parce que ce choix leur permet d'affirmer leur propre volonté personnelle (
contre ce qui leur est proposé par les autres ), même si ce n'est pas
"vraiment" ce qu'ils "aiment" le plus.
Le plaisir dont on parle ici dans le "principe de plaisir" se
trouve donc déjà d'abord dans le "plaisir de pouvoir faire ce que JE veux"
plutôt que dans ce qui me fait "passivement" plaisir, ce qui fait
que, sans que je l'ai choisis, ma réalité bio-psycho-socio-culturelle
actuelle me "fait" éprouver plutôt du plaisir ou plus
de plaisir que de souffrance. Le signe manifeste en est dans le changement
de choix, lorsque, ayant demandé à un enfant de choisir entre les deux,
il choisit d'abord l'un, puis revient sur sa décision, après avoir constaté
qu'on lui accordait trop facilement la réalisation de son premier choix immédiat,
en ne reconnaissant ainsi en lui peut-être que le petit animal , alors
que cet enfant commence à vouloir être reconnu comme un centre
de libre décision autonome.
Remarque : On aura reconnu ici peut être aussi deux "slogans"
de Mai 68 qu'on a un peu vite confondus : "Jouir sans entraves" et
"Il est interdit d'interdire".
A moins de considérer que le "jouir" dont il s'agissait, n'était
pas simplement l'énoncé du "principe de plaisir", mais
la "jouissance" de la liberté pure manifestée dans "Il
est interdit d'interdire" , qui comme telle montre bien comment une telle
liberté absolue s' "auto-limite", puisqu'elle s'interdit A
ELLE-MEME d'interdire, ce que bien sûr tous les prétendus "détenteurs
de l'autorité" croyaient destiné à eux et à
leurs "lois" hétéronomes, alors que précisément
ce qui se disait par là, c'est que de "leurs lois", on n'en
avait précisément plus "rien à faire" , donc
même pas de les "interdire".