Quelle articulation de la libre institution de l’Égale Liberté Libre Égalité avec la réalité physique « spatiotemporelle » de l’organisation matérielle de l’univers ?

Cette question semble a première vue très proche de la problématique kantienne, où la Liberté , tout en ne faisant pas partie des « lois de la nature », si par « nature » on entend l’ensemble des « phénomènes » au sens kantien, descriptibles en termes de « lois scientifiques », est cependant supposée être une forme de « causalité » dont, d’après Kant, on ne pourrait jamais connaître le fonctionnement, puisqu’il est supposé appartenir au « monde intelligible » ou monde des « choses en soi » , mais dont nous ne pouvons pas avoir d’ expérience « objective » …
Chez Kant, la Liberté est postulée, en partant de la position préalable d’une « normativité » ou « Loi morale » universelle dont il prétend précisément avoir mis à jour la structure fondamentale sous la forme d’un « impératif catégorique » , qui inscrirait la même « forme générale d’une législation universelle » dans l’ordre du devoir moral, que la forme de la « législation » qui structure les « phénomènes » observables et la causalité dans l’ordre de la nature et des sciences, notamment de la physique ( … newtonienne ) supposée décrire adéquatement ces phénomènes.

Je rappelle qu’il n’y a rien de tel dans la proposition que je fais d’une « Loi Morale Nouvelle », qui précisément ne peut devenir « Loi » que par la volonté radicalement Libre des « personnes » qui se définissent elles-mêmes comme « personnes libres et égales ». Si je peux faire une telle « proposition », purement « personnelle » en effet, sans rien demander à personne d’ « autre »pour en proposer la « définition », c’est précisément que le point de départ est « auto-posé » en toute « autonomie » par une telle liberté personnelle radicale.

C’est ensuite que chaque « autre personne » peut, si elle le veut elle-même librement, considérer une telle proposition comme étant tout aussi bien la sienne « propre ».
( Réciproquement, s’il se trouve que Vous fassiez par et pour Vous-mêmes initialement cette même proposition dans sa signification essentielle, sous une mise en forme textuelle ou de « représentation » verbale possiblement différente ou même dans un tout autre « langage » d’énonciation, à partir du moment où je m’apercevrais que c’est bien la « même proposition » que celle que je ferais moi-même, j’Y adhèrerais tout aussi librement que j’adhère à la mienne « propre », puisque précisément cette proposition est pensée pour POUVOIR ( et non « devoir » à la manière kantienne ) être pensée et acceptée par toute « personne libre et égale » qui en initierait de la même façon l’énonciation. )

Cette différence entre « Loi Morale Nouvelle » supposant une « Libre Égalité » réciproque de l’ « Égale Liberté », et la « Loi Morale Universelle » supposée par Kant, pose aussi alors différemment la question du rapport entre l’ordre de la normativité éthique et l’ordre de la « vérité » tel qu’il est constitué par la connaissance scientifique de l’Univers et de ses organisations dynamiques matérielles évolutives et complexes ( dont notre cerveau actuel d’ « homo sapiens » … ).

La « Liberté » n’Y est plus pensée obligatoirement sous la forme d’une « causalité » transcendantale appartenant au « monde intelligible en soi » , mais dont le fonctionnement serait inconnaissable au niveau les « phénomènes » auxquels un acte libre donne lieu :
Au contraire, il est alors possible de poser LIBREMENT, que nous pouvons, comme « personnes libres et égales », décider d’observer scientifiquement et de modéliser théoriquement toutes les « phénoménalités » corrélatives à un acte dont nous avons LIBREMENT décidé qu’il était LIBRE, en particulier au niveau des régulations rétroactives qui se produisent à cette occasion dans nos « cerveaux conscients », à différentes échelles physiques spatio-temporelles.
Et en particulier, les organisations matérielles des « états » fonctionnels du cerveau lorsque nous utilisons le mot « liberté » en liaison avec certaines situations, leur analyse consciente et les décisions que nous prenons en les qualifiant de « libres », peuvent apporter des éléments de compréhension nouveaux sur la forme complexe de « récursivité » à l’œuvre dans une « action libre ».

Nous postulons en effet ( dans une forme de »matérialisme moniste »), que tout vécu subjectif conscient que cette conscience peut elle-même distinguer « en elle-même » , résulte d’une émergence qui possède nécessairement aussi d’autres façons possibles de se manifester à une observation externe, comme organisation matérielle interne à l’univers physique.
( Déjà aujourd’hui, les neurosciences sont capables de mettre en évidence assez finement les corrélations entre expériences subjectives « en première personne » relatées par les personnes, et les états des réseaux de neurones cérébraux qui s’ activent corrélativement. )
La distinction cartésienne « métaphysique » d’une « substance pensante » et d’une « substance étendue » me semble depuis longtemps une absurdité qui crée artificiellement de toutes pièces un problème ultérieur de leur « communication » ou de la « liaison de l’âme et du corps »dans une « glande pinéale » quelconque, ou pour d’autres par un miracle continu de la « volonté divine » de maintenir un tel parallélisme entre phénomènes cérébraux matériels et vécus subjectifs conscients …
Mais la distinction kantienne aussi « radicale » entre « phénomènes » et « noumènes » est pour moi tout aussi arbitrairement inutile, en prétendant instaurer des « impossibles à connaître » sans réelle preuve ( « scientifique » ) d’une telle impossibilité, mais uniquement des spéculations métaphysiques à ce sujet … La « structure transcendantale du sujet » que Kant prétend découvrir par « déduction transcendantale » … n’est que celle du philosophe Emmanuel Kant, alors qu’il aurait pu, conformément à sa propre critique de la métaphysique de ses prédécesseurs, entreprendre une « critique » bien plus « radicale » des « pouvoirs de la raison » lorsqu’elle spécule ainsi sur les rapports entre « phénomènes » et « chose en soi » …

Mais il aurait alors dû abandonner son projet de « fondement de la métaphysique » … y compris de sa « métaphysique des moeurs » !