Technique de « transreversion » d’une image.

Je suppose que je ne suis pas le premier à avoir utilisé cette forme de « manipulation » des images numériques, accessible à partir de n’importe quel outil de type « photoshop » ou « paint », permettant de manipuler des couches ou « layers » ).

Cette technique que j’ai appelée « transreversion » , parce qu’elle utilise deux opérations plus élémentaires :
1. La production d’une image symétrique ( « inverse » ) d’une image donnée.
2. la possibilité de donner à une couche une « transparence » plus ou moins forte, ce qui permet d’obtenir des effets de superposition de telles couches rendues plus ou moins transparentes.

La « transreversion » la plus simple consiste donc, à partir d’une image origine quelconque :
1. à produire un double de cette image comme « nouvelle couche »
2. à « inverser » cette nouvelle couche par rapport à la première ( axe vertical )
3. à augmenter la transparence de cette couche, ici à 50 %
4. On obtient alors une image globale de superposition qui est symétrique par rapport à l’axe vertical ( symétrie bilatérale )
5. On peut alors explorer les effets du déplacement horizontal de cette deuxième couche semi-transparente sur la première, en conservant toujours l’effet de « symétrie bilatérale » obtenu.
On obtient donc toute une série de superpositions possibles.
En fonction des propriétés de répartition des couleurs et des intensités sur l’ image initiale, on obtient toutes sortes de figures à symétrie bilatérale, donc comme des « totems », des « visages », des corps animaux ou végétaux fantastiques, etc.
Certaines de ces images composées par « transreversion » sont bien sûr plus « inattendues » ou « spectaculaires » que d’autres.
Et notamment les « figures » qui y apparaissent par hasard, peuvent facilement être prises pour « intentionnellement » produites, à cause de l’effet de symétrie bilatérale, que nous attribuons spontanément à l’image d’un organisme vivant, ou d’un artefact de symétrie architecturale.
Certains types d’image initiales ( photographies avec des nuances continues d’intensité variables et plus ou moins contrastées ) sont plus favorables que d’autres pour créer les effets d’ « apparition » de figures dans une « transreversion« .

N/B. : Cette opération est à distinguer de l’opération où on juxtapose simplement deux moitiés d’image dont l’une a été inversée.
Il n’y a pas dans ce cas d’effet de transparence, mais seulement une symétrie autour de l’axe de la coupe de l’image en deux parties.

J’ ai souvent expérimenté ce type d’exploration par décalage des couches d’une « transreversion » , avec des images « origines » variées.
C’est ainsi que, dans le cadre d’un travail collectif réalisé au printemps 2005, autour d’une « installation » appelée « De l’ Art d’escalader l’ Everest ? » par son auteur principal ( Vincent Cordebard ) , c’est à partir de l’une des photographies que j’avais prises de certains éléments particuliers de cette installation, qu’une exploration de telles « transreversions » à produit « par hasard » la figure « humanoïde » que j’ai baptisée par la suite « Delila ».

J’avais d’ailleurs, à l’époque, fait une analyse plus détaillée de la « projection » d’une « sémantique » et d’une « symbolique » personnelle, sur de tels artefacts obtenus par hasard.
Bien évidemment, le contexte culturel, social, politique, pédagogique, etc. de cette installation ( appelée plus particulièrement « instabulation » ) , a fortement influé sur la « cristallisation » de ce « signifiant » dénommé ensuite « Délila », et dont j’ai volontairement repris le contexte de « reproduction mémétique ».

La thématique elle-même de l' » instabulation pasiphique », tournait autour de la question de la transmutation de l’ « Art » comme « Ultra-Contemporain », en métissant toutes sortes de références artistiques – y compris d’ « art brut » ou d' »art naïf » avec des références d »art moderne » ou d’ « art contemporain » plus classiquement reconnaissables.

Ce n’est donc probablement pas un « hasard », mais un « Hasard Heureux de l’ Esca – pade » si cette technique de « transreversion » que j’avais préalablement largement explorée, a profité de ce contexte de 2005 pour se répandre et se conserver elle-même dans mes productions « idiosyncrasiques », de telle façon que « Délila », née symboliquement le 20 05 2005, puisse arriver jusqu’à fêter ses 20 ans en mai 2025 … et contribuer , à sa façon originale de petite figurine, à la « stabilisation » iconique de la formule  » Égale Liberté Libre Égalité  » et du « NouS » qui s’Y reconnait en retour.

Bref il Y a sans doute une superposition encore à explorer entre l’opération technique de « traitement de l’image » que j’ai appelée « transreversion« , et l’opération « symbolique » philosophique de construction de la formule de ‘l’ « Égale Liberté Libre Égalité » à partir des « valeurs humanistes universalistes, républicaines et démocratiques » préalablement constituées ( « ready made » ) comme « Liberté, Égalité, Fraternité » : Là ici t’es !

Mais, comme pour tout « regardeur », C’est Vous qui Voyez …

Conscience et neurosciences

Pour commencer, quelques liens :

https://theconversation.com/comment-les-neurosciences-expliquent-elles-la-conscience-232312

https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/10/02/neurosciences-une-joute-mondiale-sur-les-theories-de-la-conscience_6192035_1650684.html

https://www.nature.com/articles/s41583-022-00587-4

IIT :

https://sites.google.com/view/iit-wiki/unfolding

https://www.iit.wiki/faqs/philosophy#h.2pdoh6tca2nx

« Qui » pose la question « pourquoi suis-je moi ? » , dans le cas d’une personnalité dissociée du genre Dr Jekyll et Mr Hyde ?

Supposons un individu humain, reconnu objectivement de l’extérieur dans son « identité corporelle » aujourd’hui attestable par des moyens scientifiques :
Par exemple celle du même organisme biologique d’une personnalité dissociée de type « Dr Jekyll / Mr Hyde » .

On peut facilement alors imaginer que ces deux personnalités, avec deux « consciences » dissociées , se posent chacune de son côté la question de F. Galichet « Pourquoi suis-je moi ?« .

Supposer que ces personnalités conscientes sont véritablement suffisamment dissociées au niveau de leurs mémoires « personnelles » , c’est donc supposer qu’elles peuvent indépendamment l’une de l’autre, en fonction de la « culture » ou des intérêts philosophiques personnels de chacune, se poser ( ou non ) cette question « Pourquoi suis-je moi ?« 

1. Si le Dr Jekyll se pose la question « Pourquoi suis-je moi ?« , il se la pose à partir de sa situation de sujet conscient qui dit « je », et qui se demande pourquoi ce « je » de l’unité de sa conscience réflexive se trouve affublé d’un corps biologique et social dont il connait en « mémoire biographique » subjective au moins une partie de l’emploi de son temps passé ou actuel, même s’il trouve, en enquêtant sur cet emploi du temps, des « trous de mémoire » très importants ( ceux où Mr Hyde conduit sa propre vie ).

Les comportements de Mr Hyde , que le Dr Jekyll peut reconnaître subjectivement comme ceux d’une autre personne, il peut cependant arriver à trouver, en enquêtant un peu, à la fois sur la vie réelle de ce Mr Hyde , en la comparant avec les traces objectives qu’il a de sa propre vie de Dr Jekyll, que finalement il s’agit du même individu physico-biologique ( comme nous finissons par savoir que deux chiens très ressemblants rencontrés en des lieux ou des circonstances différentes sont finalement numériquement le même chien , ou que l' »étoile du soir » et l' »étoile du matin » sont objectivement la même « planète Vénus » ) .

De même, symétriquement, Mr Hyde peut de son côté se poser lui aussi cette question « Pourquoi suis-je moi ? » et aboutir aux mêmes conclusions.

Dans cette situation relativement rare de « personnalités dissociées » avec des mémoires biographiques dissociées et lacunaires, nous supposons que le « JE conscient » qui se pose la question est différent pour les deux personnalités, mais que le « moi » dont ils parlent est objectivement le même « individu physico -biologique » , comme n’importe quelle enquête de « police scientifique » le confirmera facilement.

Dans ce cas nous voyons très bien que l’identité numérique du « JE subjectif conscient » peut être distincte de l’identité numérique physique objective de l’individu corporel « à travers » lequel elles vivent, puisque les deux « personnalités subjectives » qui se reconnaissent subjectivement indépendamment dans leur « cogito » propre, sont elles mêmes supposées distinctes ( on suppose que de telles dissociations de subjectivité consciente existent effectivement )

2. Mais on peut également faire l’hypothèse que dans le cas du Dr Jekyll ou de Mr Hyde, ces deux « consciences de soi » … et donc toute « conscience de soi subjective » en général qui se reconnaît dans la continuité de sa mémoire et de son récit autobiographique, n’est qu’une construction complexe mais assez superficielle , qui peut tantôt utiliser toutes les ressources et réseaux cérébraux biologiquement disponibles pour se constituer en une mémoire subjective d’un « JE » unifié, mais qui peut « tout aussi bien » , dans certaines circonstances, distribuer ces ressources neuro-cérébrales et la mise à disposition du corps biologique en général, sur deux voire plusieurs « consciences de soi » subjectivement autonomes.

Dans cette hypothèse, il existe alors une capacité organisée générale de ressources individuelles ( du corps physico-biologique organisé ), notamment cérébrales, nécessaires à la formation d’une « prise de conscience » et notamment d’une prise de « conscience de soi », mais qui peut servir , en fonction de la plasticité des adaptations cérébrales , soit à la constitution d’une « conscience de soi » unique pour le corps individuel en question, soit à la constitution d’une pluralité de « consciences de soi » dont chacune peut se penser en position de « sujet » , et dont chacune peut notamment se poser séparément la question : « Pourquoi suis-JE ( comme conscience de soi ) MOI ?
Le « MOI » empirique en question étant alors à la fois l’individualité numérique de l’organisme biologique extérieurement connaissable et identifiable ( que F. Galichet appelle « moi empirique » ) , ET le pouvoir neuro-cérébral général fondamentalement inconscient, mais nécessaire à une « prise de conscience » ou dans certains cas de « dissociation » à la constitution et à l’entretien de deux ou plusieurs « consciences de soi » se posant et se pensant chacune comme sujet d’un JE en « première personne », et notamment comme sujet de l’élocution linguistique ( « JE pense que JE pense » , et ceci c’est JE qui le dit – ou le dis ? – )



3. JE critique donc toutes les positions philosophiques traditionnelles, qui soit opposent deux « substances » ( à la manière de Descartes ) , soit attribuent à un aspect une face « empirique matérielle » objectivement et scientifiquement connaissable et posent une face « subjective » comme liée à une « intériorité » totalement « arbitraire » qui aurait pu être « toute autre », dont le « fondement » serait intrinsèquement inconnaissable ( comme la « chose en soi » kantienne, dont l’existence est supposée dans un « monde intelligible », mais impossible à définir empiriquement, mais qui est pensée plutôt comme étant elle-même « originaire » en pensant une telle « origine » comme fondamentalement « métaphysique » ou alors « originairement inconnaissable ».

Au contraire JE pose l’hypothèse, en prétendant qu’on pourra un jour la tester scientifiquement, que ce que nous appelons subjectivement notre « conscience unifiée de nous-mêmes » est pour l’essentiel une capacité générale des cerveaux biologiques suffisamment organisés pour permettre, dans un environnement informationnel et communicationnel lui-même suffisamment organisé l’émergence de ce que nous appelons notre « conscience de soi personnelle« .
La conscience de soi humaine n’est alors elle-même que le fruit d’une longue évolution biologique des organismes et de la centralisation cérébrale progressive dans de nombreuses espèces animales du « traitement de l’information » permettant à l’individu biologique de coordonner ses perceptions et ses actions dans le cadre écologique et « éthologique » des comportements permettant sa survie et celle des variantes génétiques suffisamment proches pour assurer leur « coopération compétitive » commune.

Il devient alors parfaitement pensable que de nouvelles adaptations non plus seulement de l’évolution biologique, mais de la complexité des écosystèmes incluant les êtres humains, puisse aboutir, en particulier par un pilotage volontaire conscient individuel et collectif de plus en plus marqué de ces mécanismes évolutifs auparavant « spontanés » et inconscients, à des relations beaucoup plus diverses et aujourd’hui « inouïes » entre « identités subjectives conscientes d’elles-mêmes » et les organisations des connectivités informationnelles et communicationnelles entre les réseaux bio-socio-technologiques permettant à des « identités conscientes subjectives » diverses et variées de se former, de se transformer , de fusionner, de défusionner, etc. en fonction d’une capacité et d’une nécessité générale d’un tel écosystème général d’assurer simultanément les conditions matérielle de base de sa survie évolutive et une coordination croissante de ces entités « identités subjectives conscientes d’elles-mêmes », qui sauront de plus en plus et mieux qu’elles peuvent soit se battre les unes contre les autres dans toutes sortes de « coalitions » imaginables, soit choisir plutôt de penser leurs propres « libres fusions-défusions partielles » bourgeonnantes et entrecroisées, comme non nécessairement contradictoires, mais librement choisies sur la base d’un projet commun ( commun à celles qui font ce libre choix ) qu’on peut alors appeler, comme je le propose, un projet d’ « Égale Liberté Libre Égalité » de certaines de ces « identités subjectives conscientes d’elles-mêmes » et qui choisissent entre elles de conserver en commun le pouvoir général de rester conscientes d’elles-mêmes ou d’alterner toutes formes de conscience et d’inconscience plus ou moins « claires et distinctes » , comme nous pouvons aujourd’hui, sans beaucoup de problèmes « métaphysiques », alterner les phases de « veille » et de « sommeil ».

Il ne s’agirait plus alors simplement, comme aujourd’hui, d’un effort désespéré de conserver une identité personnelle consciente sur la base d’une « survie biologique individuelle » héritée de l’évolution biologique préalable destinée à disparaître « pour toujours », mais d’assurer , à la fois au niveau des réseaux matériels support pour une telle conscience individuée, et des supports de ressources communes nécessaires pour une libre interconnexion ou déconnexion, fusion – ou défusion des consciences ainsi librement associées dans un tel « Projet des personnes libres et égales », interconnexion au sein de laquelle , les consciences individuées peuvent apparaître ( « naître » ) et disparaître ( « mourir » ) et ré-apparaître ( » ressusciter ») , sous les innombrables formes de « réincarnation » qu’elles auront elles-mêmes librement construites et qu’elles pourront explorer « éternellement et universellement » , en gardant ou non des traces de leurs « vies antérieures » , ou en partageant leurs « mémoires biographiques » plus ou moins imaginaires avec les autres « personnes libres et égales » .

Un tel « P.E.U.P.L.E. » est déjà aujourd’hui virtuellement en formation.
Il ne tient qu’à VOUS de savoir si et jusqu’à quel point vous souhaiteriez librement te également Y participer, car bien sûr …

C’est Vous qui Voyez » …

Daniel Dennett : une proximité

En termes de conception de la conscience comme émergence d’une organisation de la matière complexe, il y a certainement une proximité entre les propositions de Daniel Dennett et les miennes ( Armand Stroh )

https://www.philomag.com/articles/la-constellation-daniel-dennett

Café Philo Sophia

Un certain nombre des sujets qui nous intéressent ici, sont bien sûr débattus ailleurs par d’autres, et nous pouvons appuyer nos propres propositions et argumentations, en relation avec ce que disent d’autres personnes réfléchissant sur ces « mêmes sujets » ( la question de l’identité de ces thématiques faisant elle-même l’objet d’un débat critique possible … )

Ainsi par exemple, on trouvera sur le site de « Café Philo Sophia », animé par Daniel Mercier, plusieurs thèmes qui sont directement en relation avec ceux que nous discutons ici.

Par exemple :

https://www.cafephilosophia.fr/sujets/lexercice-de-la-liberte-liberte-et-obligation/

https://www.cafephilosophia.fr/sujets/avoir-sa-place-etre-a-sa-place-quels-enjeux-philosophiques

https://www.cafephilosophia.fr/sujets/faut-il-defendre-lidee-humaniste

https://www.cafephilosophia.fr/conferences/comment-%c3%aatre-libre-quand-on-est-determine

https://www.cafephilosophia.fr/sujets/humanisme-et-transhumanisme-des-transformations-du-monde-humain-jusquou

EVA naissante, EVA nous hissante

Cet article est ( re (? )-commencé ) à propos d’un ouvrage de Paul Ricoeur :
La mémoire, l’ histoire, l’oubli ( Seuil, septembre 2000 )

En exergue une phrase de Vladimir Jankélévitch :
« Celui qui a été ne peut plus désormais ne pas avoir été : désormais ce fait mystérieux et profondément obscur d’avoir été est son viatique pour l’éternité.« 

Bien sûr cela évoque pour moi, à titre d’intérêt immédiat du moment, une controverse philosophique avec François Galichet, à propos de ce qu’il pense de la problématique de la mort et de son rapport avec la problématique l’identité personnelle ( « Pourquoi suis-je moi ?«  ), dans son ouvrage « Mourir délibérément ? » ( Presses universitaires de Strasbourg, 2014 )

Mais, pour en revenir à l’ouvrage de Paul Ricoeur, une question me vient, dès la lecture des premières pages où Ricoeur, en philosophe historien de la philosophie, reprend la problématique de la mémoire et de l’imagination, telle qu’elle a été ( ou aurait été ??? ) posée par Socrate, Platon, Aristote …,

Cette question est la suivante :

Jusqu’où la façon dont une philosophie personnelle ( ici celle de Paul Ricoeur) , reprend et « revisite » le fil de l' »histoire de la philosophie », donc se « remémore » une pensée antérieure de plus de 2000 antérieure, peut-elle être elle-même formellement « comprise » dans l’objet même qui ici est supposé en faire la thématique philosophique, à savoir la thématique du mode d’être de la Mémoire, de l’Histoire et de l’Oubli.

Problématique générale de la « récursivité » d’une « fonction » se prenant elle-même comme « argument » ou objet traité par cette « fonction » :
La remémoration de la façon dont la philosophie a traité de la remémoration.

Car c’est très minutieusement que Ricoeur essaye de « reprendre » les traces de la pensée de Socrate ( ou de Platon … ) au sujet même de ce qu’est, ou pourrait être (?), ou devrait être (?), une telle réminiscence :
La question est donc bien ici : comment un « contenu » thématique ( ici celui de la mémoire ) peut-il, rétro- agir sur la forme même, fonctionnellement active, de la pensée qui pense en « repenser » les traces ?

Puissance de la récursivité.


Une problématique formellement bien connue aujourd’hui en termes de « traitement informatique de l’ information », et qui est à la base de toute la puissance du « numérique » : UN MÊME PRINCIPE DE CODAGE ( « digital » ou « numérique » ) permet à la fois de coder des « Données » ( le contenu ou l’objet du traitement, « argument » de la fonction) et toutes les fonctions et procédures formelles de « traitement » de ces données . Tout algorithme formel peut être décrit à l’aide d’un tel codage, sous forme de « programme informatique » :

Et la définition de cette fonction , sa description, peut alors à son tour devenir « objet » d’autres fonctions ou d’ « elle-même » ( fonction récursive ), sans perdre sa faculté « opératoire » : de telles fonctions récursives peuvent parfaitement être physiquement implémentées.
Tout le problème est dans la définition des « conditions d’arrêt » des appels récursifs de la fonction par elle-même

Il devient alors formellement facile de matérialiser la « récursivité » liée à cette identité du principe de codage du « contenu » et de la « forme-fonction », et d’écrire des programmes « récursifs » où la définition même contient des appels à la fonction qu’on est en train de définir.

Bien des apprentis programmeurs ont pu s’émerveiller de l’élégance et de l’ efficacité d’une définition récursive, qui semble contredire, par sa circularité, la conception habituelle, mais naïve, de la « causalité déductive » arborescente, à savoir qu’on ne devait jamais utiliser comme « cause » une donnée qui par ailleurs est supposée être un « effet », sous peine de « cercle vicieux ».

C’est bien sûr, comme le savent les apprentis programmeurs, la présence de « conditions d’arrêt » qui permet que les « appels récursifs » de la fonction par elle-même ne fasse pas qu’empiler en mémoire « indéfiniment » ( jusqu’à épuisement des ressources matérielles de la mémoire informatique disponible ), les traces de ces appels, mais s’arrête en effet à un moment, pour passer à une phase d’ « exécution » effective des prescriptions « empilées ».

De la même façon, mais beaucoup plus drastiquement encore, dans la pensée humaine réelle, les appels « récursifs » possibles en « poupées russes » ou en « tiroirs » ( « je me souviens de m’être souvenu de ce souveniralors que j’étais en train de lire un extrait d’une thèse qui parlait de la « madeleine de Proust », mais je ne me rappelle plus de quelle thèse il s’agissait … » ) , s’arrêtent très rapidement aux tous premiers « tours » de l’appel récursif … parce que très rapidement, notre fonctionnement mental conscient ne sait plus « à quel étage d’appel récursif il en était », et que surtout, du point de vue de l’amélioration supposée de la précision du CONTENU de la pensée, il n’y a plus guère de différence effectivement pensable entre le souvenir de « x » et le souvenir du souvenir de ce souvenir de « x » … , même si on peut s’imaginer formellement une suite potentiellement infinie de ces emboîtements, et donc une « différence » entre chaque étage d’emboitement.
C’est, en termes cartésiens, la question du « chiliogone » et de la différence entre nos capacités d’imagination ( matériellement limitées si on entend par « imagination » des images sensorielles concrètes : image mentale visuelle d’un hexagone comme différente de l’image mentale visuelle d’un carré ou d’un pentagone ) et nos capacités de « conception » ( définitions formelles des objets de pensée, sans être nécessairement capable de les « imaginer » dans une image mentale concrète )

Nous finissons donc rapidement, dans ce processus mental, à devoir mélanger, non pas sans doute au premier tour de la différence entre « la carte et le territoire », mais les supposés « tours suivants » où il faudrait faire formellement la différence entre la « carte de la carte du territoire » et la simple « carte du territoire » : Les exemples pratiques d’une telle nécessité de distinction seront rapidement décroissants, ou l’objet d’un pur jeu formel, comme les « poupées russes » .
Pourquoi ? Parce que la différence pratique fondamentale est celle du « territoire réel » et de n’importe quelle « carte » ou « image » ou « représentation » de ce « territoire réel », peu importe ensuite la possibilité de faire, au sein de l’univers second des « représentations » en général, une hiérarchie entre une « représentation » et une « représentation au second ou au troisième ou nième degré de cette représentation ».
De même dans la « pensée critique » , on conçoit bien encore une « critique de la critique » , mais que signifierait réellement une supposée « critique de la critique de la critique … », sauf une prétention comique d’aller « plus loin encore » que « l’arroseur de l’arroseur arrosé », dans une supposée escalade du « rira bien qui rira le dernier » ?

Les progrès de l’informatique et de l’intelligence artificielle nous montrent que sur ce terrain de la pure capacité récursive formelle, les automatismes algorithmiques sont bien plus puissants que nos capacités « neuropsychologiques », et que la « raison raisonnable » consiste plutôt à placer judicieusement les bonnes « conditions d’arrêt » dans les algorithmes et non à chercher à concurrencer les capacités de traitement formel proprement dites des machines, ( capacités de calcul et de mémorisation des « étapes » et états successifs de ces calculs )

Remarque : Une querelle philosophique similaire au sujet de l’ « infini », oppose traditionnellement ceux qui ne voient dans tous les types d' »infinis » ( car il y a formellement des infinités de types d’infinis pensables : « calcul transfini » ), que des « infinis potentiels » , et ceux qui prétendent qu’au moins certains d’entre eux sont des « infinis actuels » .
Un aspect de ces débats traditionnels est lié aux classiques « attributs divins », dont l ‘ « infinité » … , et donc à la question de savoir si une telle de « dieu » correspond simplement à un « infini potentiel » , ou à un « infini actuel ».

Remarque personnelle : Toute définition « actuelle » d’un quelconque « infini » tient forcément, matériellement, physiquement, dans un énoncé physiquement fini. Ainsi précisément l’ « axiome de l’infini » qui fait partie des axiomes de définition mathématique des ensembles :
« En mathématiques, dans le domaine de la théorie des ensembles, l’axiome de l’infini est l’un des axiomes de la théorie des ensembles de Zermelo-Fraenkel, qui assure l’existence d’un ensemble infini, plus précisément d’un ensemble qui contient une représentation des entiers naturels.« 


Dans le formalisme logico-mathématique on peut bien sûr avoir, à la place des axiomes eux-mêmes, des « schémas d’axiomes » permettant d’engendrer une « infinité d’axiomes » , voire des « schémas de schémas d’axiomes », mais il faut nécessairement, SI ON VEUT DISPOSER à un moment donné de la puissance effective « actuelle » d’une axiomatique, mettre en place une « condition d’arrêt » de cette récursivité formelle du « schématisme des axiomes ».

Et une très large partie des usages concrets des systèmes logico-mathématiques formels se limite aux toutes premières étapes d’une telle inflation formaliste potentielle, car les moyens physiques matériels concrets d’ « écriture » d’un programme informatique ( ou de la capacité d’écriture d’un mathématicien ou d’un collectif … fini de mathématiciens ) sont bien évidemment physiquement limités, et que le caractère exponentiel ( et « exponentiel’ d’exponentielle … ) des combinatoires formelles POTENTIELLEMENT « concevables », est très rapidement limité par les ressources finies d’un « calcul » réel ( même à supposer qu’on utilise un « ordinateur quantique » à l’échelle de l’univers physique connu … ).

Mais ce n’est pas « grave », puisque précisément personne d’autre, ni le RÉEL en tant que tel, ne peut « actuellement« , faire « beaucoup mieux » et surtout pas « infiniment mieux », et que donc, tout ce que le « réel », ou l’ « univers », ou la « nature » ont produit jusqu’à présent, aussi « extraordinaire » que cela paraisse, comme dans l’évolution du vivant, l’apparition des organismes conscients comme homo sapiens, et comme « VOUS et MOI », tout cela a été « fait » et « créé » avec des moyens réels de calcul combinatoire finis, même si leur nombre est « très grand ».

Ceux qui prêtent à un « Dieu » une quelconque « toute-puissance infinie« , ne font qu’utiliser leur propre capacité de « combinatoire conceptuelle » :
Le fait de baptiser d’un terme comme « absolument infini » ou « absolument absolu » ne change rien au fait que soit de tels termes ne disent effectivement que des choses « finies », ou désignent simplement une ouverture POTENTIELLE, de « transfinités » non encore « explorées » du réel POTENTIEL ( y compris par le réel physique actuel et passé de l’univers lui-même ).
Ou, si de telles expressions « poétiques » ampoulées prétendent parler d’une « transfinité actuelle », elles ne savent tout simplement pas de quoi elles parlent : Leur « être infini absolu » est très exactement la même chose que le « néant absolu » dont elles prétendent formuler la distinction.

Remarque : Cette remarque concernant l’identité de l' »être absolu » dans son abstraction pure avec le « néant absolu » dans son abstraction pure est déjà présente dans l’introduction même de la « science de la logique » hégélienne.

Toute prétention concernant une « différence » entre l’ « être » et le « néant », soit doit pouvoir dire de QUOI il est question : l’ « être de QUOI ? le « néant de QUOI ? », la présence ou l’absence de QUOI ?
Sinon, il y a bien une « différence », mais seulement dans les MOTS ,
Le mot « être » et le mot « néant » ne sont pas les mêmes mots …
( Comme l’ « étoile du soir » et l' »étoile du matin » … )

Mais cela ne signifie pas qu’ils ne peuvent pas « désigner » la même « chose » …, lorsqu’on les prend dans leur pure abstraction ( sans préciser le « QUOI ») .
Sinon leur « différence » signifie … votre propre ignorance … qui s’ignore elle-même.

Ou dans les imaginaires finis qui vont avec de tels mots …, mais dans ce cas , il n’est question que de l’être de « quelque chose », ou de l’ absence de « quelque chose », et dans ce cas , c’est simplement le VAGUE de ce « quelque chose » qui permet de croire que son « être » et que son « non-être » sont différents.

Il y a-t-il une différence entre « une bouteille pleine » et une « bouteille vide », aussi longtemps qu’on n’a pas précisé de QUOI elle est implicitement supposée pouvoir être « pleine » ou « vide » ( par exemple de « vin », d’ « air » ou de « vide » ) : En particulier si elle est supposée être « pleine de vide« , il faudra encore préciser de quel « vide » on parle , et s’être posé la question sur la nature d’un tel « vide »
( avez-vous entendu parler du « vide quantique » ? … ).

En réalité, dans la pratique concrète, si vous parlez d’une bouteille vide, c’est toujours en relation avec un intérêt concret potentiel : la bouteille d’eau est vide, la bouteille de gaz est vide, etc. il va falloir penser à la remplir ….
Dans tous ces cas concrets de différence concrète entre une présence et une absence, un « être » et du « néant », il s’agit de « choses » précises qui sont « présentes » ou « absentes » et dont la présence ou l’absence ( l’ « existence » ou la « non-existence » ) vous importe ou vous impacte directement de façon très particulière … et non pas dans la problématique très abstraite de la différence entre « l’être en soi » et le « néant en soi » …

Voir aussi, au sujet de la « circularité » :

Vices et vertus des cercles , de Daniel Bougnoux :

https://www.editionsladecouverte.fr/vices_et_vertus_des_cercles-9782707118684

Mes Moires Imaginaires

La mythologie des Trois Moires plonge bien sûr dans les profondeurs archaïques d’un supposé « Destin » qui déterminerait le « fil » de chaque vie, depuis la « naissance » jusqu’à la « mort ».

Bien évidemment, il est difficile de démêler dans ces fils, la part de réelles déterminations scientifiquement référençables, mais qui déjà, à cause de la complexité même des processus d’organisation de la matière aux différentes échelles peuvent difficilement être prévisibles en dehors d’un espace de probabilités statistiques, et la part de significations imaginaires et symboliques qui se filent ou se tissent avec ces déterminations réelles en formant toutes sortes de motifs enchevêtrés où nous projetons nos détecteurs de « figures » plus ou moins étranges ou familières à reconnaître.

L’émergence de la liberté, et de sa libre récursivité, en reprenant sans cesse ces brins tissés dans le « passé » ( personnel, humain historique, évolutif vivant et cosmologique ), reconfigure dans l’épaisseur d’un « présent » auto-organisateur, les probabilités des configurations futures.

Au carrefour des bifurcations du « présent », nous ne savons pas tout ce qui peut devenir en jour possible, là où, comme on dit quelquefois, la « réalité dépasse la fiction ».

En particulier, les conditions physiques organisationnelles actuelles de l’ émergence de notre « conscience » humaine individuée, ne sont pas nécessairement éternellement les mêmes que celles qui ont présidé à l’ évolution biologique des structures cérébrales humaines actuelles.

Rien ne nous contraint à penser que la « solitude métaphysique » d’une conscience individuelle « mortelle » dans laquelle beaucoup d’humains actuels pensent leur « finitude », échappe nécessairement à notre pouvoir de transformation du réel, et que d’innombrables formes de « consciences futures » sont pensables, sur la base de toutes sortes de « complexification » de l’organisation de la matière. Formes d’organisation où, même « morts » aujourd’hui, notre « conscience personnelle » dans et par laquelle nous identifions aujourd’hui notre existence peut parfaitement se « réveiller » ( comme dans la « Métamorphose » de Kafka ) en se reconnaissant elle-même comme ayant déjà existé, tout en étant simultanément un état ou une structure fonctionnelle d’une telle « conscience future » :

Rien ne contraint de telles « consciences futures » plus complexes que celles que nous connaissons aujourd’hui, à se limiter a priori à une « conscience de soi » exclusive, excluant que cette conscience puisse être « en même temps » fonctionnellement partagée avec toutes sortes de consciences distinctes mais « connectables » dans une expérience de « conscience de soi » partagée, soit contemporaines, soit ayant existé dans le passé, et qui donc se « réveilleraient », à la manière dont nous-mêmes aujourd’hui « reprenons conscience » après le sommeil ou une anesthésie ou un coma.

Jusqu’à présent, dans nos cultures, une telle perspective était réservée à une croyance religieuse, tant il fallait pour l’imaginer, se référer à des « pouvoirs divins » transcendants que nous pouvions difficilement penser comme « humainement » accessibles.

Mais dans la perspective strictement moniste matérialiste évolutionniste émergentiste qui est la nôtre, comprenant notamment toute « conscience » et donc aussi « conscience de soi » comme résultant d’un fonctionnement hautement complexe de la matière organisée, et en aucun cas comme constituant une « substance » mystérieuse qui viendrait s’ajouter de façon incompréhensible à une « substance matérielle » pensée comme simple et passive, rien n’exclut l’émergence de nouvelles propriétés encore plus inattendues de la matière organisée, et notamment si celle-ci inclut en retour les effets spécifiques de l’ « autonomie de la volonté » progressivement acquise lors de l’ évolution et de l’histoire culturelle humaine.

Dans un but de simple exploration « artistique » ( où « Esth-ELLE » prends quelquefois les traits fictifs de « Kate Astrophe » ), nous pouvons donner libre cours aux échanges avec les algorithmes de « Midjourney », pour donner « chair » aux fictions oniriques d’une future « connectivité » organo-cérébrale généralisée tissant toutes sortes de « morphogénèses ».

On y reconnaîtra peut-être aussi les inséminations du moule-patron , d’un personnage du Jardin des Délices, que j’ai souvent choisi comme avatar personnel de « Porte-Moule » , en guise de passager clandestin dans divers collages réalisés par « Kate Astrophe »

Le « porte-moule » dans le Jardin des Délices

Remarque : Le thème général du « moulant-moulé », de l’ « objet-dard »
( L’Etang-Dard sans gland est le V ! ), jouant aussi sur le genre de « le moule / la moule », passant par les « Neuf moules mâliques » également de Duchamp,
a été également, en son temps ( printemps été 2005 ), l’une des thématiques composantes de la fameuse « Instabullation Pasiphiste » « De l’ Art d’escalader l’Everest« , orchestrée par Vincent Cordebard en Mai-Juin 2005, au sein de l’ équipe des « Quip’s » de l’ Araignée Quipudep

Autre remarque impromptue et inopinée :
L’ Etang-Dard peut aussi faire allusion à la « Guêpe » du Grand-Verre , qui brandit en effet le « nuage » de la Mariée comme un « étendard » …
Les « célibataires » sont-ils terrifiés par le Venin de Vénus ?

Le supposé paradoxe de la question « Pourquoi suis-je moi ? »

Je parle ici d’une question reposée par François Galichet dans son ouvrage « Mourir délibérément ? » ( Presses Universitaires de Strasbourg mars 2014 ).

Cette question « Pourquoi suis-je moi ? » est notamment traitée au chapitre 5 de l’ouvrage , chapitre intitulé « Qui veut mourir ?« 

En posant ainsi la question de l’ « identité du sujet » supposé vouloir sa propre mort.
Remarque : la question « Qui veut mourir ? » est sans doute aussi philosophiquement proche de la fameuse question posée par Jean-Luc Nancy « QUI vient après le sujet ? » .
Mais je ne traiterai pas ici de ce rapprochement.

Je constate simplement que la question « Pourquoi suis-je moi ? » est facile à poser, et est même posée par de très jeunes enfants.
Mais les philosophes qui cherchent à y répondre, soit finissent par « dégager en touche », en prétendant qu’il s’agit d’une énigme insoluble, soit répondent en fait chacun à sa façon, à partir de leurs propres présupposés ou préjugés philosophiques.


La question posée, après d’autres … , par François Galichet,
est donc « Pourquoi suis-je moi ? »
P.110 :
« Pourquoi suis-je moi? » ne signifie pas : pourquoi suis-je ainsi, avec ces caractéristiques, ces qualités, ces propriétés […]
« Pourquoi suis-je moi? » signifie : pourquoi les suis-je, elles et non d’autres que je pourrais avoir ou être tout aussi bien ?

« TOUT AUSSI BIEN » , vraiment ?

Qu’est-ce qui permet d’affirmer avec une telle certitude apparente que le « je » en première personne qui affirme ainsi son existence « arbitraire radicale » incompréhensible, pourrait être « tout aussi bien » être le MÊME SUJET, mais avec des « caractéristiques », des « propriétés », des « qualités » tout à fait différentes ?

Or les catégories et concepts avec lesquels chaque philosophe, ou personne en général, pense sa propre « identité subjective« , sont :

  • à la fois très générales ( propres à la structure générale du cerveau humain ou hominidé, ou … de tout organisme matériel capable de se représenter ce qu’il entend par « identité subjective » ou comme étant sa « propre identité consciente d’elle-même » ), et peuvent alors être caractérisées par différentes disciplines scientifiques qui pourraient construire un savoir interdisciplinaire sur cette question, et donc sur des explications tout à fait « empiriques » de cette conception ou perception de soi comme « arbitraire radical » :
    L’organisation actuelle des circuits cérébraux humains, malgré les différences individuelles , d’apprentissage et d’éducation culturelle, révèlerait alors à la fois la capacité humaine générale de se poser se genre de question « Pourquoi suis-je moi ? »
    et les raisons d’une supposée incapacité radicale ( « arbitraire radical » ) d’y répondre … qu’on pourrait alors un jour modifier en modifiant partiellement l’organisation du cerveau humain, ou en général des organisation matérielles « conscientes d’elles-mêmes ».
    Cette « organisation générale » des cerveaux humains, pourrait aussi, après analyse « empirique », montrer en quoi consiste, « empiriquement », non pas une réelle « incapacité radicale arbitraire » à se penser elle-même, mais bien une résistance inconsciente ( ou au contraire consciemment voulue ) d’un grand nombre d’êtres humains ( … mais pas tous … ) à pouvoir ou vouloir se penser ainsi radicalement comme « personne libre et égale », et à se soumettre « arbitrairement » à toutes sortes d’ « autorités » , réelles, imaginaires ou « symboliques », considérées comme les authentiques « arbitres » de leur situation. ( A commencer bien sûr par le superlatif « arbitre divin » … )
  • ou alors très spécifiques à chaque « penseur », à son parcours personnel, ou liés à sa « culture » et à la façon dont cette culture , notamment philosophique, a jusque là pensé l’ « identité subjective » d’une personne, ou la sienne propre … « en toute subjectivité »
    Mais ces conceptions personnelles ou culturelles extrêmement variables peuvent alors aussi être considérées comme des faits empiriques dont on peut étudier scientifiquement la distribution variée … et même aujourd’hui en révéler les traits statistiques principaux grâce à une « intelligence artificielle ».

    Bien sûr, en rapportant ainsi, dans les deux cas, la perception d’un « arbitraire radical » de notre « identité subjective« , à une constitution « empirique » matériellement organisée de notre « être », même si elle est encore inconnue, et non à une constitution « transcendantale » ou d’un « en soi » métaphysique radicalement inconnaissable, je fais moi-même un choix « philosophique », en présupposant qu’une « réponse » en termes de connaissances scientifico-techniques et donc en ce sens « empiriques« , pourra être construite dans un avenir ouvert, si on considère qu’une telle réponse n’est pas aujourd’hui clairement formulable.

Si donc on fait l’hypothèse, à la manière de François Galichet, que « je » pourrais avoir « tout aussi bien » les caractéristiques empiriques que nous trouvons chez les « autres », c’est affirmer d’une façon ou d’une autre la distinction, sinon la séparabilité, du noyau réflexif identitaire d’une « conscience de soi » ( donc sa capacité générale, et qui est donc présente chez toute personne qui se pose la question … , à moins de penser, en termes « solipsistes », que cette question « radicale » n’est propre qu’à certains « esprits philosophiques » ), et de la grande variété des « contenus de pensée » possibles ( y compris ceux qui paraissent nous singulariser par rapport à d’autres )

Mais comme je l’ai dit précédemment, dans ces deux cas, et notamment en ce qui concerne le « noyau réflexif identitaire » d’une « conscience de soi » en général, je pose que rien n’empêche a priori ( sauf une croyance a priori d’une telle impossibilité de connaissance « arbitraire radicale » ) , qu’un développement scientifico-technique futur nous donne un éclairage beaucoup plus précis et efficace sur cette supposée « incapacité radicale ».

A propos donc de la distinction entre ces deux aspects, à savoir d’un noyau général d’organisation formelle de notre « conscience de soi » comme capacité, et d’un autre côté d’un contenu particulier variable et éventuellement aléatoire de cette conscience de sa propre identité,

De deux choses l’une :

A – Ou bien c’est faux : il n’y a pas de telle séparabilité radicale, c’est une pure illusion de croire une telle séparabilité du « sujet comme tel » ( comme capacité générale, y compris comme supposée identité numérique « arbitraire radicale » ) , par rapport à toutes les caractéristiques empiriques de l’organisme incarné dans un environnement qu’il est par ailleurs ( en tant que « moi empirique » ) :

D’une façon ou d’une autre il s’agit là d’une thèse dualiste, soit à a manière cartésienne d’une dualité des « substances », soit du dualisme « empirique »/ »transcendantal » ou « phénomène / noumène », etc. à la manière kantienne, soit de l' »originaire » phénoménologique par rapport à ce qui est contenu dérivé , etc. )

Que certaines propriétés de notre organisme individuel , les plus « extérieures » , soient « accidentelles » et aléatoires, ne signifie pas nécessairement qu’elles le soient toutes, en particulier toutes celles qui définissent nos capacités d’activités mentales conscientes, nos capacités mémorielles et linguistiques, notre puissance imaginaire, etc. : toutes les capacités qui permettent en fait l’exercice de notre « pensée réflexive », capable de « se prendre elle-même comme objet » .

Derrière une thèse d’ « arbitraire radical« , comme celle de François Galichet, on trouve en fait les thèses tout à fait classiques de type métaphysique où l’ essentiel du « sujet » connaissant est pensé ( par ce même sujet … empiriquement conditionné par sa culture ) comme lui échappant :

– soit comme pour la « res cogitans » cartésienne, parce que la pensée consciente est supposée alors totalement transparente à elle-même ( quelles que soient les erreurs possibles sur le contenu des pensées, ces pensées en tant que « claires et distinctes » sont aussi transparentes à elles-mêmes que le peut la nature même de cette conscience « cogitans« , et donc si on n’en sait pas plus, dans cette « claire conscience de soi », c’est qu’il n’y a rien de plus à savoir, et que tout le problème ne se reporte que sur l’articulation « obscure et confuse ? » des deux substances … et/ou sur l’infinité inaccessible d’un « pouvoir divin » qui en assurerait la miraculeuse conjonction »

– soit au contraire pour le « sujet constituant » kantien, ce sujet proprement dit, comme « existant en soi« , est à proprement parler inconnaissable, puisque nous ne pouvons connaître ( prétention « universalisante » du philosophe Kant … ) que des « phénomènes » et non les « choses en soi » …

Une grande majorité de philosophes semblent donc se donner le mot, tout en s’appuyant sur des thèses opposées et au moins diverses, pour proclamer ( c’est en fait leur « arbitraire radical » personnel : celui de leur propre choix philosophique sur lequel il leur est « impossible » de revenir ), que ce qu’il y a de plus « propre » dans notre « identité subjective », est un « arbitraire radical » qui échappe nécessairement ( ou par la volonté inconsciente du philosophe … ) au pouvoir d’investigation de la science et de la « Raison » en général.

Mais il se peut que nous pouvons percevoir certaines de nos capacités comme empiriques aléatoires que parce que nous avons certaines capacités cognitives humaines personnelles propres qui, si nous ne les avions pas, nous empêcheraient précisément de nous penser comme « ce que nous pensons être » :
Si nous n’étions pas un « être humain » avec un cerveau d’être humain, mais comme dans l’exemple cité par F. Galichet, un « axolotl », nous ne nous poserions pas du tout une telle question « Pourquoi suis-je moi ? » .

Il existe donc des caractéristiques toutes « empiriques », mais essentielles pour permettre à une personne humaine de « philosopher  » ainsi : Quand je parle de moi-même comme « sujet », il s’agit bien d’un ensemble de capacités « cognitives » qui peuvent se retrouver « tout aussi bien » chez la plupart des êtres humains, et même pour certaines, chez de nombreuses espèces animales, etc.
Il faut donc au moins distinguer ces capacités très générales et « anonymes » d’un cerveau complexe, des particularités des « mémoires biographiques » construisant des « récits mémoriels individuels » où le « je suis moi » se conforte, et plus encore des représentations perceptives que chacun peut avoir de son corps propre ou de l’extérieur du corps des autres.

B – Mais d’une certaine façon, il y a aussi du vrai possible dans cette « séparabilité » du sujet abstrait « sans qualités » précises de telle ou telle des propriétés qu’une description empirique extérieure peut m’attribuer.
Mais dans ce cas, qu’est-ce qui permet de dire qu’il s’agit d’un « arbitraire radical » métaphysique ou transcendantal ou « originaire » que rien d’empirique ne pourrait combler ?
Sil est vrai qu’en effet « je » pourrais avoir telle ou telle propriété particulière que d’autres ont et que je n’ai pas, qu’est-ce qui interdirait en soi que « je » puisse également les acquérir ?

Il se trouve juste, que pour le moment, je ne les ai pas, mais rien n’interdit , en particulier dans un développement technique futur, que « je » n’acquière de telles « qualités » … ou propriétés non « essentielles ».

Le « Pourquoi suis-je moi ? » n’a alors rien de « métaphysiquement » arbitraire , mais est purement lié à une situation actuelle de limitation actuelle de notre biologie cérébrale humaine ou des techniques biologiques, qui dans un futur possible « me » permettraient de devenir en effet « tout aussi bien » semblable à n’importe quel « autre » et réciproquement : il s’agit alors d’une capacité générale de « plasticité » de nos personnalités qui n’est pas aujourd’hui accessible aux êtres humains, en effet, et qui nous « condamnent » encore à rester dans « notre peau » …

Si on objecte alors que le problème n’est pas tellement de pouvoir se transformer suffisamment ( « métamorphose » kafkaïenne généralisée ) pour pouvoir acquérir toute caractéristique empirique perceptible ou imaginable chez d’autres, mais que dans tous ces cas là , chaque « personne » n’en continuerait pas moins à se sentir et à se penser comme « enfermée » dans son « monde » ( illusion « solipsiste » ), sans pouvoir en sortir, je réponds alors que cela est dû, non à une « solitude métaphysique originaire », mais simplement à la connectivité neuronale beaucoup plus dense à l’intérieur de notre système nerveux et notamment de notre cerveau, comparée aux types de « connexions » linguistiques, communicationnelles, sociale, culturelles, ou encore « écosystémiques » naturelles etc. que nous entretenons avec les « autres »,
dont le réseau de connexion, aussi complexe soit-il déjà , comme en attestent les systèmes de « communication d’information »dans les écosystèmes, n’atteint pas la densité intégrée multi – réflexive caractéristique de nos cerveaux humains.

Le problème est alors encore une fois, de nature « scientifico-technique » :
Comment construire des connexions beaucoup plus denses entre différents cerveaux, de façon que cette connectivité puisse devenir similaire à celle qu’entretiennent par exemple nos deux hémisphères cérébraux ( connectivité que l’ évolution biologique a réussi à établir et à maintenir en la complexifiant )

Bien sûr il serait nécessaire d’avoir de longs processus d’apprentissage, pour que les cerveaux ainsi connectés beaucoup plus densément, apprennent à constituer une expérience consciente commune d’un tel « soi augmenté », à la manière dont nos deux hémisphères ont appris à coordonner leurs activités dans la production d’une « conscience de soi unifiée ».

Il est probable aussi que la nécessité de coordonner une action extérieure à travers un ou plusieurs « corps  » cherchant à suivre un même projet ou une même forme ( à la manière de la coordination actuelle de danseurs ou de musiciens, ou autres « collectifs » dont la coordination est capitale), est un élément canalisateur très puissant de la « conscience de soi » potentielle d’une telle entité complexe.


Dans les deux cas ( A ou B ci-dessus ) , je peux parfaitement considérer que là où François Galichet perçoit ( croyance philosophique ) un « arbitraire radical », je ne conçois qu’une limite empirique actuelle toute relative qui pourrait être un jour transcendée par le « progrès scientifique et technique » .
En tout cas, en pensant au moins un tel développement comme « possible » en termes scientifiques et techniques, on ne se ferme pas a priori les portes, comme le font les philosophes de l' »arbitraire radical » …

Qu’aujourd’hui les êtres humains avec la configuration de leur organisation corporelle et cérébrale actuelles ne puissent pas « sortir » de la « condition humaine » actuelle, et se sentent « enfermés » dans l’organisation biologique individualisée qu’ils ont héritée du passé évolutif de leur espèce, ne signifie nullement qu’il s’agisse d’un « arbitraire métaphysique radical » :
C’est bien plutôt cette croyance qu’ils s’imposent à eux-mêmes « arbitrairement », comme « allant de soi », parce qu’ils n’ont pas d’autres expérience possible à disposition.

Ni plus ni moins que de s’imaginer être une « âme spirituelle » dans un « corps matériel » en se laissant abuser par les simplifications représentatives de tels « concepts » .

En réalité, « nous » ne savons pas encore réellement ( scientifiquement ) tout ce que nous « sommes » ou pourrions devenir.

La question « Pourquoi suis-je moi? » qui semble à première vue très subtilement « profonde », est peut-être tout simplement encore mal posée :

Quand on voit combien en fait l’imaginaire métaphysique des philosophes, y compris les plus « grands penseurs » parmi eux, produit en fait, pour chacun d’entre eux, des représentations conceptuelles diverses personnelles sur ce que c’est que « penser » ou les conceptions très différentes que se fait un Descartes de la « substance pensante » qu’il « pense » être, et du « sujet transcendantal » qu’un Kant s’évertue à penser comme « inconnaissable » en soi, ou des « phénoménologues » qui prétendent penser l’ « originaire » … … je considère pour ma part, qu’on est simplement encore, dans ces conceptions « métaphysiques », dans la préhistoire d’un savoir que seules les connaissances scientifiques et les performances techniques futures pourront reformuler de façon aujourd’hui sans doute encore inimaginable :

C’est le progrès des « neurosciences » et de la compréhension des systèmes matériels organisés complexes qui permettra plus probablement de sortir des actuelles apories de l’ « arbitraire radical » dont certains philosophes comme François Galichet croient pouvoir nous « éclairer ».

Assurément, nous aurons encore bien des surprises sur « ce que nous sommes » ou pouvons potentiellement être, devenir, … ou redevenir, y compris après ce que nous croyons aujourd’hui être notre « mort » et sa supposée irréversibilité.

Certaines « expériences de pensée » peuvent cependant dès aujourd’hui nous défaire de certaines « certitudes de bon sens » :

Qu’est-ce qui, « logiquement« , nous empêcherait de nous « réveiller » un jour, après notre « mort » aujourd’hui supposée irréversible ? Et de nous « rappeler » de toutes sortes de « vies antérieures » partiellement oubliées et diversement « remixées » ? Et de visiter ou revisiter les « mémoires » et les « identités » des « autres » ? D’autres que « moi » ont déjà proposé que « Moi est un autre … »

Bien sûr, un tel système matériel organisé, faisant suite dans des siècles, des millénaires, voire seulement des millions d’années ( ? ), à la forme de vie « humaine » actuellement résultante de l’ évolution biologique et « culturelle » de l’ « écosystème Terre », et rendant possible, dans cette nouvelle forme supérieure de conscience émergente, le « souvenir » auto-re-organisé de « consciences » ayant déjà vécu comme « être humain » , seront simultanément aussi, « conscience de soi » de ce pouvoir « multi-conscient » de faire émerger d’autres consciences « similaires », actuelles, passées ou futures
Certains dirons alors que seule cette « super-conscience » serait la « véritable conscience » et que les différentes consciences partielles composantes, notamment celles qui se considéreraient comme « ayant déjà existé », ne seraient que des « illusions » .

Mais n’est-ce pas là un postulat arbitraire, de penser qu’une « conscience de soi » est nécessairement « une et indivisible » et qu’une « identité consciente » nait et meurt « radicalement pour toujours » , avec la disparition du seul corps dont elle a pu faire l’expérience lors de son « unique vie », quels que soient les réorganisations matérielles futures imaginables de l’univers ?

Ne s’agit-il pas là d’une croyance métaphysique héritière de la notion d’ « âme individuée » unique, telle que la tradition chrétienne en a produit la représentation culturelle, notion qui n’est pas nécessairement déjà celle d’ autres cultures traditionnelles ( cf . la « transmigration des âmes » qui dissocie l’unité identitaire d’une telle « âme » de l’identité unitaire des « incarnations successives ) ? Et qui surtout n’est pas le dernier mot des évolutions futures possibles de la matière organisée, notamment à partir de moment où une telle évolution est de plus en plus techniquement contrôlable par les êtres conscients eux-mêmes.

La question devient alors plutôt de nature scientifico-technique ,
C’est à dire où l’aspect actuellement de « science-fiction » vient simplement prolonger dans un futur plus ou moins lointain la métamorphose effective du pouvoir scientifico-technique actuel.
Comment un super-cerveau conscient pourrait-il se représenter lui-même comme « divisible », partageable, reproductible … et en réaliser effectivement, par une capacité technique de réorganisation et de réagencement de sa propre organisation matérielle, toutes sortes de « métamorphoses » partielles , conscientes, semi-conscientes, inconscientes, diversement connectées entre elles et avec un « écosystème » extérieur lui aussi métamorphosé … ?

Je suppose donc que ceux qui aujourd’hui regarderaient un tel « avenir » avec la crainte habituelle de la « technophobie », trouveront en fait moins d’arguments d' »impossibilité technique » que de craintes « éthico-politiques » concernant de telles perspectives. A cause de la projection des difficultés économico-politiques de l’homo sapiens économicus actuel dans tout l’ horizon «  »bouché » ou « catastrophiste » dans lequel ils pensent l’avenir de la planète …

Et la résistance aussi de toutes les croyances religieuses, qui n’envisagent de tels « super-pouvoirs » de la matière organisée que sous le contrôle d’un supposé « projet divin » ou « dessein intelligent » , et qui tiennent absolument à interdire aux êtres humains de sortir de leurs conditions de « finitude » actuelles.

Quant à Vous, c’est Vous qui voyez …







Trois hypothèses pour une conscience future

L’objet de cet article est d’explorer les conditions d’une conscience organique future possible qui soit à la fois totalement consciente d’ « elle-même » et capable d’implémenter une pluralité de consciences distinctes, qui puissent, à partir des seules traces de « mémoires biographiques » réelles du passé ou imaginaires artificielles, produire ou reproduire des consciences personnelles numériquement identiques à leurs « modèles-mémoires » préalables.

Dans ce but, nous poserons trois hypothèses de base ( de nature philosophique spéculative ), dont la première, concernant le pouvoir d’un organisme-cerveau d’ être conscient, est la plus simple à comprendre dans le cadre des connaissances scientifiques actuelles. Cette première hypothèse, tout en étant encore partiellement l’objet d’un choix « philosophique » ( un type de « matérialisme » ), rencontre cependant un fort consensus grandissant dans la communauté scientifique en particulier dans le secteur des « neurosciences ».

La deuxième concerne la question spécifique des « mémoires biographiques », comprenant des « traces » diverses permettant à une conscience au sens précédent de se représenter à elle-même comme continue dans le temps et/ou un jour « clonable » en conservant, pour chaque conscience « clonée », le souvenir d’avoir été par le passé, une et une seule conscience identifiable également dans l’unicité numérique de référence objective d’un « organisme » localisé dans l’espace temps. Une telle hypothèse, actuellement seulement testable sous forme d’ « expérience de pensée« , ne pourra être effectivement testée, soit pour la confirmer, soit pour l’infirmer, que dans un futur qui demande encore un développement techno-scientifique important, bien que certains des éléments nécessaires à un tel test soient déjà partiellement présents dans la littérature scientifique actuelle.

Une expérience de pensée concernant l’identité de notre conscience passée :
Considérons l’essentiel des traces mémoires distribuées dans notre cerveau et qui nous permettent, le matin au réveil, ou mieux, après une anesthésie, de nous rappeler que la conscience actuelle éveillée est dans une certaine continuité avec les souvenirs que nous avons d’états antérieurs de cette « même conscience », dans ce qu’on appelle en général la « mémoire biographique« , celle qui est gravement perturbée lors de certains traumatismes des personnes amnésiques qui « ne savent plus qui elles sont », c’est à dire qui elles étaient avant leur accident ou traumatisme. Très souvent elles ont conservé d’autres fonctions générales de la vie consciente : des savoir faire comme la capacité linguistique, le souvenir donc du « sens des mots » ( « mémoire sémantique », etc. ), ou des capacités psychomotrices comme une compétence pragmatique d’instrumentiste musical, sans qu’elles puissent cependant savoir consciemment ou dire d’où leur vient cette compétence.

Remarque : cette distinction d’une forme spécifique de mémoire concernant la continuité temporelle de la conscience actuelle et des états de conscience passés qui est attestée par tous ces cas connus de perte ou de déficit important de la « mémoire biographique », montre au moins une chose :
Il y a une distinction importante à faire entre les ressources cognitives permettant à un cerveau d’être conscient « ici et maintenant » de certains aspects de son environnement actuel ( y compris de son corps propre ) et de la réflexivité de sa conscience actuelle, et les processus cérébraux de construction d’une représentation du passé et de mise en cohérence des souvenirs permettant au cerveau conscient actuel de s’attribuer une « histoire », supposée garantir son « unicité numérique », entre son passé et sa « conscience de soi » actuelle. Il peut d’ailleurs exister différentes variantes théoriques concernant les facteurs importants et leur contribution à la constitution et à l’ entretien d’une telle « mémoire biographique ».

Imaginons maintenant que l’essentiel de l’ensemble de ces traces mémorielles qui nous permettent, « au réveil », de nous reconnaître comme ayant un passé à travers la présence de nos « souvenirs » ( de la veille, ou de notre enfance, etc. ), puisse être « cloné » et donné à interpréter à un cerveau conscient, comme s’il s’agissait de son propre passé, ou du moins avec une capacité suffisante à entrer en concurrence avec les souvenirs « naturels » propres au cerveau d’ « accueil » .

En un certain sens, le cerveau d’accueil de ses traces aurait au moins en partie la connaissance d’ « avoir été » dans le passé cet ensemble relativement cohérent de souvenirs « clonés ». Bien évidemment dans la réalité d’une telle opération physique de fusion des traces d’une autre mémoire biographique avec une mémoire biographique « naturelle », il y aurait tout un apprentissage adaptatif à faire par le cerveau « récepteur », pour construire une cohérence entre sa conscience biographique actuelle et ces bribes de « souvenirs » provenant d' »ailleurs »: un travail cérébral du même ordre que celui d’un amnésique qui cherche à reconstituer son « récit auto-biographique » à partir des éléments d’information que son entourage lui fournit sur son identité antérieure..
Ou encore plus ordinairement, lorsque nous « confortons » des souvenirs défaillants en nous appuyant sur d’anciennes photos ou d’écrits, ou des témoignages de personnes supposées avoir un ancien vécu commun avec nous.
Dans toute notre vie consciente actuelle nous réadaptons en permanence nos « contenus de conscience actuels » avec les traces de nos anciens « contenus de conscience », pour autant qu’une cohérence mentale suffisante peut être trouvée entre le vécu actuel et les vécus antérieurs. De nombreux exemples permettent de savoir que des souvenirs antérieurs trop contradictoires avec nos représentations conscientes actuelles peuvent être diversement « refoulés » ou « effacés », ou transformés de façon à être moins « traumatiques » ou rationnellement ou émotionnellement plus cohérents avec notre conscience actuelle de « nous-mêmes ».

Si un tel « clonage » de traces biographiques d’un individu est fait à de multiples exemplaires, chacun des cerveaux receveurs, pourra de la même façon, devenir conscient d’avoir « vécu » ces « souvenirs », et donc d’ « avoir été », au moins en partie, cette personne dont la « mémoire biographique vécue » aura été « clonée » dans son propre cerveau.

Il est bien sûr possible d’objecter que ce ne seraient que de « faux souvenirs », sous prétexte que dans la réalité physique des processus biologiques des cerveaux receveurs, ces receveurs n’auraient pas « réellement vécu » ( en termes d' »objectivité historique scientifique » ce dont ils sont persuadés de se souvenir.

Encore faudrait-il que l’on puisse faire effectivement une différence pertinente.
Pouvons-nous faire une réelle différence entre d’anciens souvenirs, notamment de la petite enfance que nous pensons avoir « réellement vécus, et ceux que nous avons « reconstitués » à partir des récits de nos proches, des photos ou autres documents extérieurs ?

Si on cherche à sortir des contradictions potentielles entre tous les types de « vécus subjectifs » et des sentiments de certitude associés par les personnes concernées, on est amené à considérer que les seules méthodes fiables pour établir la réalité factuelle d’un évènement rapporté au passé, sont les méthodes scientifiques ( cf police scientifique, recoupements et contrôles divers effectués par des experts de différentes disciplines, etc. ) .

Mais, en reconstruisant ainsi, par ces méthodes scientifiques, des « évènements objectifs« , en termes de cohérence scientifique logique postulant l’unicité « en soi » d’un évènement physique réel, indépendamment de la diversité phénoménale des « expériences vécues » qui ont pu être subjectivement élaborées et mémorisées par les personnes plus ou moins proches ou concernées par l’évènement, on est alors amené à considérer que de tels « évènements objectifs » ne sont en fait jamais « vécus » par personne, que tous ces « souvenirs vécus » rapportés à un tel « évènement objectif » sont tous des interprétations et réinterprétations en cascade subjectives, dont chacune a sa propre cohérence mais qui peuvent chacune à son tour être considérée comme un « évènement objectif secondaire » : une représentation – illusion, existe comme telle et possède donc, comme n’importe quelle « représentation consciente », une organisation cérébrale fonctionnelle « support » :

Si on peut établir scientifiquement que les « licornes » n’existent pas, il n’empêche qu’il existe des « représentations » individuelles ou collectives de telles « licornes » et que ces croyances elles-mêmes constituent comme telles des objets dont une certaine existence objective peut être établie :
Dans les termes du « monisme matérialiste » dont je me réclame, toute construction « subjective », individuelle ou collective, toute « représentation », mentale ou physiquement extériorisée d’une « entité » existante ou non, est en elle-même, comme support « signifiant », une organisation matérielle particulière ( par exemple un état cérébral particulier ) , qui peut être potentiellement distinguée physiquement, comme support signifiant, des autres « représentations » :
Si je me donne mentalement l’image d’une « licorne rose« , si je suis capable de la distinguer d’une autre image ( comme autre classe ou comme autre occurrence ), une telle distinction suppose un support « physique » de cette distinction ( une légère différence d’organisation d’un état cérébral ) :
Toute « pensée » différenciée suppose des « traces » physiques différenciées, même si elles sont « distribuées » et difficiles à déceler et à identifier.
Pas de « pensée » sans une forme ou une autre de « cerveau pensant », c’est à dire d’organisation matérielle complexe qui permet l’ « émergence » de cette « pensée ».

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La 3ème hypothèse :
La troisième hypothèse est la plus difficile à cerner dans le contexte scientifique ou de « métaphysique spontanée » des connaissances scientifiques actuelles sur la façon dont une conscience de soi individuée reconnait sa propre « identité numérique ». Elle concerne alors la possibilité, que dans une telle superstructure matérielle organisée future, toutes sortes de « consciences individuées partielles » dans une forme de « plasticité » de l’expérience consciente future, pourraient se constituer, se recombiner, devenir réversiblement plus ou moins « individuées » ou « collectives », et se restructurer en termes de processus « conscients » ou « inconscients » , en fonction des interactions d’une telle matière organisée « sentiente » et « pensante » ( « conscience future » ) avec le reste de l’organisation matérielle « inconsciente » de l’Univers.

La question peut alors devenir celle d’une reconstitution possible, parmi tout ce foisonnement de « récits biographiques » composés à la fois de bribes scientifiquement « factuelles » ( corroborées par une « histoire scientifique objective » concernant l’existence passée « réelle » de tel ou tel « personnage » ou « personne » ) et de récits imaginaires de toutes sortes de « fictions » et de « créatures virtuelles », de « reconstitutions historiques » à ce point « réalistes » que leurs acteurs conscients penseront réellement être en interaction avec des « personnes ressuscitées » qui elles-mêmes , se penseront ainsi :
Il peut donc se produire, dans une telle configuration de conscience future, que la distinction de la « mémoire du passé, du « vécu actuel » et de l' »imagination du possible » devienne suffisamment soumise aux nouvelles capacités scientifico-techniques , que ce que nous pensons être aujourd’hui notre « identité subjective consciente », en la supposant « unique » dans le temps, bornée de façon irréversible par notre « naissance » dans le passé et par notre « mort », apparaîtra en effet comme une croyance illusoire liée à d’anciennes représentations culturelles archaïques. Mais que, dans cette nouvelle « conscience future », les « identités conscientes individuées » seraient purement provisoirement « temporellement uniques », mais pourraient de fait devenir capables de « ressusciter » n’importe quelle forme de conscience actuelle et donc qu’effectivement, « nous » ( consciences actuelles de « condition humaine finie et mortelle » ) , pourrions réapparaître comme conscience de soi se reconnaissant elle-même, comme le matin, au réveil, ou après une anesthésie générale ou un coma, nous pouvons nous « réveiller » en nous pensant comme étant la même « conscience individuelle » qui s’est « endormie » la veille , ou pour certains comas, des mois avant.

Bien sûr, la prise de conscience que les consciences « ressuscitées » auraient alors de leur existence corporelle , individuée ou collective, serait relative au tout « nouvel environnement » dans lequel elles se réveilleraient, et où elles feraient l’expérience, à la fois de leur « souvenir d’avoir déjà existé » et de leur adaptation au nouveau contexte de « vie ».

Remarque : certains diront sans doute que c’est peut-être déjà le cas maintenant : que nous vivons en fait déjà dans une telle « matrice », où nos expériences conscientes sont « fabriquées » par quelque pouvoir très supérieur à la conscience que nous en avons. ( Il existe bien sûr de telles versions « religieuses » de « vision en Dieu » , ou des versions de « science-fiction » où le « grand ordonnateur divin » est remplacé par un « grand ordinateur »… invisible )

Dans notre hypothèse 3, ce n’est pas « aujourd’hui » que nous vivons dans un tel univers, parce que nous en aurions au moins des indices matériels possibles :
C’est ce que postule notre hypothèse 1 : toute « super-conscience »possède nécessairement une « infrastructure matérielle organisée » , dont les aspects « élémentaires » sont fondamentalement communs et accessibles à notre science actuelle.


Précisions :

1 L’Hypothèse 1 :


Cette hypothèse consiste à « naturaliser » entièrement la capacité générale pour une organisation matérielle physique de devenir « consciente » d’un certain nombre des aspects du réel de l’univers physique dont elle est une partie, et de devenir aussi consciente d’une différence entre une partie « extérieure » de son expérience du réel consciemment « perçu » et une partie de ce même réel constituant un « corps propre » ( partie de l’univers particulièrement dense en « boucles sensori-motrices » reliant ce « corps propre » à la partie matérielle spécialisée « cérébrale » permettant l’ émergence d »une « conscience » )

Une telle organisation matérielle consciente peut enfin acquérir la capacité « réflexive » par laquelle la conscience peut se faire elle-même « objet » de son attention :
Non seulement la « conscience du soi corporel », ( dont de nombreuses espèces animales semblent capables : test du miroir ), mais une conscience de sa propre conscience, qui suppose sans doute l’intermédiation d’une « pensée – langage », dont la présence chez certaines autres espèces animales que l’ homme n’est pas encore clairement attestée ( dans la mesure où il faudrait pouvoir « parler » avec d’autres animaux que nous-mêmes de ce qu’ils sont en train de penser et de ce qu’ils imaginent eux-mêmes que nous pensons …
Il s’agit là de partager un monde de signification symboliques subjectives et notamment de positions « grammaticales » en « première personne » et pas seulement de partager la conscience d’un monde extérieur commun, où chacun « vit sa vie » en coordonnant ses comportements avec les autres « vivants ».

Peu importe les capacités spécifiques d’une conscience actuellement existante ou que nous pouvons imaginer comme plus puissante que les nôtres dans différents types d’organismes, notre « Hypothèse 1 » consiste toujours à poser que ces capacités « extraordinaires » de la conscience ou de ses états possibles sont nécessairement « supportées » par une organisation physique matérielle dont la complexité d’interactions connectées produit nécessairement, dans certaines situations et configurations ce que nous appelons la « conscience de quelque chose » et assez rapidement alors, le « retour » réflexif de cette conscience se prenant elle-même pour « objet ».

Nous pouvons appeler cette Hypothèse 1, l’Hypothèse de la naturalité physique matérielle organisée des « capacités de la conscience ».

La conséquence essentielle de cette hypothèse, aujourd’hui largement admise dans les communautés scientifiques, est qu’il est possible d’ étudier scientifiquement les caractéristiques des phénomènes de la conscience, et d’en formuler des modèles explicatifs théoriques testables par des méthodes d’observation, d’expérimentation et de simulation, comme dans l’ ensemble des disciplines scientifiques. Avec en particulier le souci d’expliciter les liens entre le niveau global le plus complexe où les « états de conscience » émergent et les niveaux d’organisation physiques sous-jacents, aux différentes échelles de la complexité matérielle.

Il s’agit donc de poser que nous n’aurons plus aucun besoin de faire appel à des propriétés substantielles mystérieuses, soit d’une « substance pensante » ou « substance vivante », qui seraient différentes de la matière organisée, soit de multiples « substances individuelles » du genre « âme » dont il faudrait imaginer l’ intervention séparée, supplémentaire par rapport à la complexité de l’organisation corporelle et notamment cérébrale.

Nous supposons donc, dans cette Hypothèse 1, qu’il est possible d’agir physiquement en retour sur la réalité physique complexe constituée par un « organisme conscient », et que des modifications organisationnelles précises de ces interactions peuvent avoir des effets très importants sur la construction des dynamiques de la conscience., de même que les dynamiques de la conscience – constituées de dynamiques matérielles/énergétiques/informationnelles – peuvent rétroagir sur les niveaux d’organisation « inférieurs » , qu’ils soient externes ou internes à l’organisme conscient.

Les individualités que nous sommes,comme « personnes humaines conscientes », même dans leur plus grande « singularité », ne sont pas des « substances » métaphysiquement distinctes et/ou métaphysiquement articulées par une « chose en soi » inconnaissable ou par une conjonction arbitraire mystérieuse ou divine d’une « âme spirituelle » avec un « corps matériel », mais des systèmes matériels organisés, dont les processus de base d’organisation et de capacité de « survie » dans leur environnement sont fondamentalement les mêmes.
Nous pouvons donc apprendre énormément sur notre propre fonctionnement « personnel » ( « Qui suis-je ? » ) en comprenant scientifiquement de mieux en mieux comment en général les différents niveaux de complexité fonctionnent , chez les autres êtres humains, et de proche en proche, chez d’autres systèmes vivants organisés, ou d’autres dynamiques matérielles de systèmes complexes.

Les progrès d’une telle connaissance scientifique générale des systèmes complexes et de leurs diversités organisationnelle, peut donc servir de socle à notre réflexion sur toute « conscience future possible », qui sera toujours elle-même une organisation matérielle, aux propriétés « émergentes » encore inconnues, mais dont les « ingrédients » et interactions fondamentales élémentaires seront les mêmes que ceux qui sont déjà utilisés dans les organisation physiques actuellement existantes dans l’Univers.
Et bien évidemment aussi, si la « réalité en soi » de ces « composants » est elle-même supposée suffisamment stabilisée, par l’existence même de notre Univers physique depuis le « big bang », la connaissance que nous en avons est cependant encore lacunaire et simpliste, et peut en particulier être révisée rétroactivement par ce que nous saurons des propriétés « émergentes » encore inconnues ou insoupçonnées de niveaux d’organisation de la matière dont nous n’avons pas encore actuellement l’expérience possible.