Mes Moires Imaginaires

La mythologie des Trois Moires plonge bien sûr dans les profondeurs archaïques d’un supposé “Destin” qui déterminerait le “fil” de chaque vie, depuis la “naissance” jusqu’à la “mort”.

Bien évidemment, il est difficile de démêler dans ces fils, la part de réelles déterminations scientifiquement référençables, mais qui déjà, à cause de la complexité même des processus d’organisation de la matière aux différentes échelles peuvent difficilement être prévisibles en dehors d’un espace de probabilités statistiques, et la part de significations imaginaires et symboliques qui se filent ou se tissent avec ces déterminations réelles en formant toutes sortes de motifs enchevêtrés où nous projetons nos détecteurs de “figures” plus ou moins étranges ou familières à reconnaître.

L’émergence de la liberté, et de sa libre récursivité, en reprenant sans cesse ces brins tissés dans le “passé” ( personnel, humain historique, évolutif vivant et cosmologique ), reconfigure dans l’épaisseur d’un “présent” auto-organisateur, les probabilités des configurations futures.

Au carrefour des bifurcations du “présent”, nous ne savons pas tout ce qui peut devenir en jour possible, là où, comme on dit quelquefois, la “réalité dépasse la fiction”.

En particulier, les conditions physiques organisationnelles actuelles de l’ émergence de notre “conscience” humaine individuée, ne sont pas nécessairement éternellement les mêmes que celles qui ont présidé à l’ évolution biologique des structures cérébrales humaines actuelles.

Rien ne nous contraint à penser que la “solitude métaphysique” d’une conscience individuelle “mortelle” dans laquelle beaucoup d’humains actuels pensent leur “finitude”, échappe nécessairement à notre pouvoir de transformation du réel, et que d’innombrables formes de “consciences futures” sont pensables, sur la base de toutes sortes de “complexification” de l’organisation de la matière. Formes d’organisation où, même “morts” aujourd’hui, notre “conscience personnelle” dans et par laquelle nous identifions aujourd’hui notre existence peut parfaitement se “réveiller” ( comme dans la “Métamorphose” de Kafka ) en se reconnaissant elle-même comme ayant déjà existé, tout en étant simultanément un état ou une structure fonctionnelle d’une telle “conscience future” :

Rien ne contraint de telles “consciences futures” plus complexes que celles que nous connaissons aujourd’hui, à se limiter a priori à une “conscience de soi” exclusive, excluant que cette conscience puisse être “en même temps” fonctionnellement partagée avec toutes sortes de consciences distinctes mais “connectables” dans une expérience de “conscience de soi” partagée, soit contemporaines, soit ayant existé dans le passé, et qui donc se “réveilleraient”, à la manière dont nous-mêmes aujourd’hui “reprenons conscience” après le sommeil ou une anesthésie ou un coma.

Jusqu’à présent, dans nos cultures, une telle perspective était réservée à une croyance religieuse, tant il fallait pour l’imaginer, se référer à des “pouvoirs divins” transcendants que nous pouvions difficilement penser comme “humainement” accessibles.

Mais dans la perspective strictement moniste matérialiste évolutionniste émergentiste qui est la nôtre, comprenant notamment toute “conscience” et donc aussi “conscience de soi” comme résultant d’un fonctionnement hautement complexe de la matière organisée, et en aucun cas comme constituant une “substance” mystérieuse qui viendrait s’ajouter de façon incompréhensible à une “substance matérielle” pensée comme simple et passive, rien n’exclut l’émergence de nouvelles propriétés encore plus inattendues de la matière organisée, et notamment si celle-ci inclut en retour les effets spécifiques de l’ “autonomie de la volonté” progressivement acquise lors de l’ évolution et de l’histoire culturelle humaine.

Dans un but de simple exploration “artistique” ( où “Esth-ELLE” prends quelquefois les traits fictifs de “Kate Astrophe” ), nous pouvons donner libre cours aux échanges avec les algorithmes de “Midjourney”, pour donner “chair” aux fictions oniriques d’une future “connectivité” organo-cérébrale généralisée tissant toutes sortes de “morphogénèses”.

On y reconnaîtra peut-être aussi les inséminations du moule-patron , d’un personnage du Jardin des Délices, que j’ai souvent choisi comme avatar personnel de “Porte-Moule” , en guise de passager clandestin dans divers collages réalisés par “Kate Astrophe”

Le “porte-moule” dans le Jardin des Délices

Remarque : Le thème général du “moulant-moulé”, de l’ “objet-dard
( L’Etang-Dard sans gland est le V ! ), jouant aussi sur le genre de “le moule / la moule”, passant par les “Neuf moules mâliques” également de Duchamp,
a été également, en son temps ( printemps été 2005 ), l’une des thématiques composantes de la fameuse “Instabullation Pasiphiste” “De l’ Art d’escalader l’Everest“, orchestrée par Vincent Cordebard en Mai-Juin 2005, au sein de l’ équipe des “Quip’s” de l’ Araignée Quipudep

Autre remarque impromptue et inopinée :
L’ Etang-Dard peut aussi faire allusion à la “Guêpe” du Grand-Verre , qui brandit en effet le “nuage” de la Mariée comme un “étendard” …
Les “célibataires” sont-ils terrifiés par le Venin de Vénus ?

L’ Araignée Quipudep

L’ “Araignée Quipudep” est le nom d’une oeuvre à la fois “artistique” et “pédagogique” ce que nous appelions à l’ époque ( années 2000 à 2010 ) des “objets intermédiaires” – de Vincent Cordebard ( décédé en 2021 ) , plus connu par ailleurs comme artiste photographe et peintre à Chaumont.

Une version de cette oeuvre, du genre “album interactif”, basé sur des liens hypertextes, .est encore disponible en ligne sur le site “minipédia” :
https://minipedia.fr/pedago52/guillemin/quipudeplaraignee/araignee/accueil.html

Un lien est à remarquer avec un autre “objet intermédiaire” de la même époque, un réseau d’ “installations” et de “performances”appelé “De l’ Art d’escalader l’ Everest” , issu de la collaboration du même Vincent Cordebard
( attention aux vingt cent … dont les oeuvres se copillent co-pieusement !),
de Philippe Agostini, alors professeur d’ Arts Plastiques dans la même antenne de Chaumont de l’ IUFM de Reims, ainsi que d’un certain nombre de participants, formateurs ( comme Céline Guillemin ), élèves-maîtres ou stagiaires divers de formations continuées.

Ce lien est le fonctionnement “labyrinthique” ou encore “rhizomatique” , dont le prototype mythologique se trouve notamment dans le Labyrinthe du Palais de Knossos, où sévissait le Minotaure.
C’est bien sûr la métaphore du Web, et de ses interconnexions “hypertextuelles” en perpétuelles transformations, ou encore des “réseaux sociaux” qui étaient encore pour beaucoup à l’état naissant au tournant des années 2000.

Le “Palais de l’ Araignée Quipudep” est donc une forme à la fois esthétique, pédagogique et parodique, reprenant le thème culturel très général du labyrinthe ou de la “Bibliothèque de Babel”, et constitue le germe d’une croissance polymorphe et indéfinie dans un espace des possibles toujours encore à explorer et à re-créer de façon “fractale-récursive” .

J’ai pu participer à l’ époque, au titre d’un regard “psycho-pédago-philosophique” et aussi de quelques habiletés “informatiques”, à certains épisodes de ces aventures de “forts mateurs pas nécessairement matheux” .
L’ Araignée donc, “Qui pue des pieds” à force de créer sa Toile en tissant et donc son chemin en cheminant, mais se peut entendre faune éthiquement de multiples autres Pha-sons : Ainsi : “La reine y est” , “L’ Art est niais” ou “L’arrêt nié” … .
Le réseau des “signes singeant des cygnes” est bien sûr aussi l’une des dimensions de l’exploration “poiétique” de Lalangue ( komilfodir ).

Des essais d’ “écriture parodique collaborative”ont d’ailleurs existé à la même époque, par des échanges par mails, par exemple lors de l’ “Eté Sec” de 2005, entre divers protagonistes de cette “délitération” .

Au-delà du questionnement de la forme “hypertextuelle” de l’ “oeuvre”, Vincent Cordebard et Philippe Agostini visaient à explorer d’autres façons d’initier les élèves des écoles … et leurs enseignants, à certains aspects de l’ “histoire de l’ Art” , à la fois par des références “encyclopédique” ou “académiques”, mais aussi en posant des questions plus “politiques” concernant par exemple la “propriété intellectuelle”, les notions d'”auteur”, de “création” ou de “plagiat”, et donc du rapport de la singularité de la création artistique au contexte culturel collectif où elle surgit, se déploie ou se “dévoie”.

Le Palais “pas laid ou népalais” est donc aussi une sorte de fil d’Ariane de “Mes Moires” où les mèmes de la mémoire s’aiment et sèment sémantique se mimant comme en ce comment semence ment.





PasiPhae et le PasiPhisme

En hommage à l’auteur de l’ “Araignée Quipudep”, Vincent Cordebard, récemment disparu ( le 8 octobre 2021 ) , cette page fait allusion à une aventure de fiction pédagogique, issue des “hasards heureux” de la rencontre ( … “sur une table de dissection” … ) de plusieurs (dé-) formateurs du centre “IUFM” de Chaumont, au cours de la première décennie de ce siècle.

Étranges parcours où les prétextes “culturels” venaient croiser les prétextes de “formation pédagogique des maîtres”, en divers “modules de formation initiale ” ou “stages de formation continue”.
D’autres que moi ont pu ou peuvent encore gloser de diverses manières sur les péripéties de l’histoire récente de la “formation des maîtres”, depuis l’époque où après la mutation des anciennes “Écoles Normales d’Instituteurs et d’Institutrices” en “IUFM” ( rebaptisés actuellement en “ESPE”, puis “INSPE” en 2019 ), a pu faire vivre en son sein ou dans la périphérie, des croisements divers de “parcours de formation”, où se trouvaient concernés toutes sortes d’ âges et de “niveaux de formation” ( depuis les classes “maternelles” jusqu’aux carrières universitaires de certains ).

Toujours est-il que, lors de cette première décennie du siècle, sur une période qui s’étend en gros de 2002 à 2008, un certain nombre d’activités que nous appelions alors “intermédiaires”, parce qu’elles impliquaient à la fois des dimensions “culturelles”, “artistiques”, “pédagogiques”, “multimédia et informatique”, et des interventions “inter- pluri- ou trans-disciplinaires”, ont été menées, donnant lieu à une sorte de micro-culture “pédago-culturelle” très locale, impliquant quelques formateurs, quelques stagiaires en “formation”, et quelques classes dites d’ “application”, et dont on peut encore aujourd’hui trouver des traces , notamment sur la “Toile”, dans la mesure où à la même époque, nous nous posions les questions théoriques et pratiques de l’intégration des “nouvelles technologies” ( et de l’ usage naissant des “réseaux sociaux” ) dans la sphère culturelle et pédagogique.

Donc, pour revenir au “Pasiphisme”comme “micro-culture pédagogique locale” , ces activités et réflexions avaient notamment été induites ou “animées” par la créativité de Vincent Cordebard en matière à la fois artistique, pédagogique et “socio-culturelle”.

Bien d’autres connaissent mieux et de plus près que moi l’ensemble de l’œuvre artistique de Vincent Cordebard, et de ses significations polymorphes possibles.
Je ne m’intéresse donc dans cet article, qu’à deux “objets-activités” dont il a été l’initiateur , et avec lesquels j’ai pu , à certains moments, interagir, puisqu’ils étaient en particulier pensés pour de telles interactions “intermédiaires”.

L’un de ces objets-activités a pour nom l’ “Araignée Quipudep“.

L’autre a pour dénominateur commun une sorte de fil conducteur mythologique dont la manifestation ou “exposition” mise en scène en partie comme “performance” s’est déroulée principalement en 2005, et plus particulièrement, aux mois de mai et juin .

Cette “exposition” avait comme titre “De l’art d’escalader l’ Everest“.
Mais les “restes” de l’ Eve en question, appelée aussi “La Grande Pasi”, dont la performance organisait la “veillée funèbre” parodique, étaient pour l’essentiel issus d’un recyclage de matériaux, supports et ingrédients hétéroclites divers provenant d’anciens travaux “pédago-artistiques” antérieurs, de stages de formation initiale ou continue, mais aussi d’une mise en scène du “mobilier scolaire”. Une question de “philosophie esthétique” ou d’ “histoire de l’ art” générale posée concernant les évolutions de l’ “art contemporain”, etc.
Et particulièrement donc des problématiques comme celles du “ready made” issues de Duchamp, plus généralement celle de la reconfiguration plastique d’ éléments “restes” antérieurs et qui, tout en gardant une certaine “mémoire” de leurs anciens usages, étaient perpétuellement repris dans de nouvelles reconfigurations, à tous les niveaux de “granularité” possibles ( de la “poussière” duchampienne, à la réorganisation architecturale globale d’une “installation” ou de perspectives comme celles du “land-art”.
Recyclage matériel, mais aussi recyclage des techniques, des thématiques, des motifs artistiques et culturels divers comme les éléments mythologiques.

Mise en scène donc, des “restes civilisationnels et culturels” , à la fois matériels et symboliques, dans leur reprise – recyclage récréatif et recréateur.

On sait qu’à la même époque en 2005, dans l’ espace public, un fameux “référendum” ( Referendum du 29 mai 2005 ) posait la question d’une certaine “Europe” …

Or l’ “Enlèvement d’Europe” venait ici confondre son “taureau blanc” avec celui dont il était question dans le mythe de Pasiphae, du Minotaure, et de la civilisation “crétoise”, dont la “Grande Pasi” organisait la parodie dans l’ “État du Tas” et de la chute du “Trône de Quipudep” …

Remarque : le “Trône de Quipudep” est donc un élément lui-même “intermédiaire” ou “transitionnel” entre l’univers pédago-ludique de l'”Araignée Quipudep” et celui de l’ installation “De l’ Art d’escalader l’Everest”:

Il s’agit d’une part de la transposition du “Trône de Minos”, du palais de Cnossos ( éléments mythologiques traités dans l’installation ), dans une petite “sculpture” de terre ( récupérée d’anciennes activités plastiques ), et donc , à travers le personnage de l’ Araignée Quipudep, qui est une espèce de tyran – ogre sanguinaire – Père Ubu en son “palais- labyrinthe” , de l’articulation analogique du mythe du Minotaure – Labyrinthe – dévoreur de “jeunes mollets” avec l’imaginaire labyrinthique du “Palais de l’ Araignée” .
Et d’autre part, évidemment, de l’archétype général du “Labyrinthe” et de toutes les métaphores culturelles et de l’architecture formelle “en réseau” ou en “rhizome” qui aujourd’hui développe partout ses dentelles de “tentacules” dendritiques, dans le plan d’une certaine “horizontalité” égalitaire revendiquée.

Par quelque symétrie temporelle malicieuse, la date d’aujourd’hui ,
( Le 22 02 2022 ) entre en résonance avec celle qui fut fictivement attribuée
( le 20 05 2005 ) à l’apparition d’une Icone “métonymique” en marge du “Trône de Quipudep” …

( Nous savons aujourd’hui, 24 février 2022, que la menace du 22 02 2022, n’était pas une vaine menace … ).

Tout le monde ne peut pas se prendre pour “Jupiter”, en se cachant derrière son petit doigt.
” A Tâââble !” était le cri de ralliement des “Convives du Dîner de Quipudep” .