“E.L.L.E.” et les frontières du “réel” et du “virtuel”

Dans un article d’ AOC , un exemple de frontière problématique “virtuel”/”réel” propose deux prises de position divergentes :

Un viol dans le métavers est-il vraiment un viol ?

Joséphine Robert publié le 01 juillet 2022 8 min

De plus en plus de femmes dénoncent des comportements violents dans le métavers. Fin mai, une chercheuse anglaise a révélé que son avatar avait subi un viol virtuel, posant cette question, sensible : un viol virtuel est-il équivalent à un viol dans le monde réel ? Joséphine Robert a mené l’enquête auprès de Camille Martini, avocate pénaliste, et Rami el-Ali, philosophe spécialiste du métavers. Ils exposent ici leur désaccord.

Féminismes

Quand les féministes se déchirent sur la prostitution (1/2) :
les arguments réglementaristes

La question du droit de se prostituer est l’une des multiples facettes du débat sur la liberté individuelle, et les risques que cette liberté soit en réalité exploitée par des dominants potentiels dont l’objectif effectif est de soumettre la liberté des autres … à la leur.
Et donc de la nécessité de protéger la liberté des uns par rapports aux empiètements possibles de la liberté des autres, par un système juridique, lorsque les personnes en relation ne sont pas capables de se donner à elles-mêmes les moyens de régulation intersubjective autonome de leur “Égale Liberté”.

Et bien évidemment notre position sera plutôt du côté de la défense de la liberté de chaque personne, pour autant que cette liberté soit également partagée entre les personnes en question ( principe d’ “Égale Liberté” ) … et que donc chaque personne fait l’effort moral de respecter l’ Égale Liberté des autres au moins autant qu’elle espèrerait voir respectée la sienne.

La question de l’ Égale Liberté formelle ou abstraite doit donc toujours , dans notre perspective, s’accompagner de la question de la “liberté réelle” , dont les conditions réelles sont très souvent inégalitaires, et vérifier par conséquent auprès de la parole propre de chaque personne concernée dans sa situation réelle concrète de personne physique, dans quelle mesure elle choisit elle-même librement ce statut formellement universalisable de l’ “Égale Liberté”, et se déclare personnellement capable d’assumer les risques de l’ “inégale liberté réelle” des situations de sa vie effective.

S’il peut donc y avoir un débat théorique général confrontant des points de vue philosophiquement et politiquement divergents sur des questions comme la liberté de se prostituer, ce type de débat, même entre “féministes”, ne peut pas faire abstraction des positions elles-mêmes diverses de chaque personne “prostituée” réelle sur sa propre situation personnelle réelle vécue.

Si donc, moi-même, qui ne suis ni femme, ni prostitué(e), j’interviens dans un tel débat, en tant que “personne libre et égale” , je n’oublie pas non plus que ma position réelle “extérieure” et “distanciée” par rapport à un certain nombre de vies réelles vécues, ne m’autorise en aucun cas à parler en lieu et place des personnes directement concernées par la question.

Si donc je suis amené , en conséquence de ma proposition d’ “Égale Liberté Libre Égalité”, à défendre plutôt le point de vue “règlementariste” que le point de vue “abolitionniste”, je n’oublie pas que cette position “générale” peut être aussi marquée de mon inscription effective dans le réel, comme être biologique, social, culturel, etc. de “mâle blanc intellectuel …”, soupçonnable de parti pris conscient ou inconscient en faveur de la défense de mes intérêts particuliers liés à ma situation partiellement “privilégiée” …

Mais c’est précisément parce je sais faire la distinction consciente entre un idéal librement choisi comme potentiellement universalisable ( à toutes les personnes libres et égales qui font ce même libre choix ), et ma situation comme “être humain” réel particulier dans le monde du “moi, ici et maintenant” de la réalité vécue actuelle, que je dispose en effet d’un certain “privilège” par rapport à tous ceux, aussi humains que moi, mais qui ne font pas une telle distinction, consciemment ou pas.

Mais un tel “privilège mental”, VOUS pouvez y accéder, tout comme moi, si VOUS voulez vraiment comprendre de quoi il est question dans la proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” .
Car c’est VOUS qui voyez …

Sur le même thème :
https://www.philomag.com/articles/le-debat-sur-la-prostitution-entre-dignite-et-propriete-de-soi


L’hypothèse de la Guerre

Dans un récent article sur AOC, Le courage de “prendre une position”,
Patrice Maniglier se demande comment le mode de penser philosophique peut nous servir en cette situation “concrète” nouvelle que nous impose la Guerre en Ukraine, depuis la décision de Poutine de passer à l’offensive le 24 février 2022.

La philosophie consiste à exercer les outils du raisonnement ordinaire, de cette espèce de discours sans garantie ultime, sans terrain solide, qui ne cesse de se produire en nous à propos de ce que nous vivons.

De notre côté ( celui d’un “NOUS” devenu précisément plus que jamais problématique, par rapport à un “EUX” dont “nous” ne savons pas trop ce ou qui il désigne ) , nous ne pouvons pas ne pas nous demander ce que le libre parti pris, ou la “prise de position” de la Proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” , peut avoir à “nous” dire, et où en effet chaque personne, depuis les conditions locales de sa vie quotidienne, est questionnée quant à une “position personnelle à prendre”.

Si la question était seulement, comme certains nous y invitent, à prendre parti dans une confrontation binaire simpliste entre deux “camps” en guerre, alors “nous” aurions précisément une attitude aussi simpliste que celle que nous voyons à l’oeuvre dans l’agression militaire déclenchée par Poutine.

Certes, nous pouvons assez facilement aujourd’hui, nous complaire dans l’ indignation du camp de la liberté contre le camp de l’oppresseur, et en tirer nos marrons du feu, du moins aussi longtemps que cela ne frappe pas trop immédiatement nos propres conditions de vie locale personnelle …

Mais plus que jamais, il est nécessaire, en plus, de ne pas se laisser intimider par les indignations émotives qui peuvent chercher à culpabiliser toute forme de “pensée complexe” en l’accusant de lâcheté devant les “impératifs du réel”.
Plus que jamais des “personnes libres et égales” doivent se garder d’être assimilées, malgré elles, à toutes sortes de camps collectifs marqués par des étiquettes et drapeaux de toutes sortes que les simplificateurs agressifs veulent pouvoir leur imposer.

Plus que jamais, des “personnes libres et égales”, quelles ques soient les situations et appartenances collectives diverses auxquelles on les assigne, auront pour souci de pouvoir reconnaître à d’autres personnes la même “Égale Liberté” que celle qu’elles voudraient se voir reconnaître à elles-mêmes … si ces autres personnes sont librement disposées à faire de même …

Mais, justement, diront les objecteurs simplificateurs, il n’est plus question de “liberté”, nulle part, et à la non-liberté des opprimés et victimes de toutes sortes doit répondre la “non-liberté du devoir de libérer” les opprimés de leurs oppresseurs … puisqu’il est redevenu aujourd’hui si facile de savoir “QUI opprime QUI” …

Mais une telle “facilité” immédiate de distinguer l’oppresseur et l’opprimé, le bourreau et la victime, doit aussi nous faire réfléchir à long terme, sur les nœuds complexes où s’enchevêtrent les jeux du “triangle dramatique” du bourreau, de la victime et de tous ceux qui se positionnent en “sauveurs” .


Triangles dramatiques , fractales triangulaires, métatriangles dramatiques

Le “triangle dramatique de Karpman” , avec ses trois rôles de “victime”,”persécuteur” et “sauveur” est relativement bien connu et vulgarisé.
On trouvera facilement sur la toile des explications techniques concernant cet outil d’analyse de certains aspects des relations psycho-sociales, proposé par l’ “analyse transactionnelle”.

L’objet de ce billet est simplement d’ attirer l’ attention sur le fait que de tels outils peuvent être parfaitement utilisés par toutes sortes de “gourous manipulateurs”, qui vont se placer précisément en situation de “méta-sauveur” en vous proposant d’analyser “avec vous” le tissu relationnel dans lequel vous vous situez vous-mêmes.

Autrement dit, en vous proposant de prendre de la distance réflexive par rapport au tissu des relations psycho-sociales où vous vivez ( au premier niveau des relations “spontanées” ), ce “méta-sauveur” vous propose un “outil”, comme par exemple le fameux “triangle dramatique de Karpman” , grâce auquel vous êtes supposés pouvoir sortir des “cercles vicieux” précisément décrits par cet outil.
Que vous soyez vous-même alors, comme demandeur d’aide psycho-sociale ou du moins de demandeur d’explication ou d’éclairage par le “professionnel compétent” supposé, au premier niveau, plutôt en situation de “victime”, de “persécuteur” ou de “sauveur” dans le tissu relationnel, n’est alors pas le plus important, puisque dans tous les cas, ce qui vous sera proposé, c’est de “sortir du cercle vicieux de ce jeu triangulaire, dont vous êtes supposé, au “méta-niveau”, être … la “victime”. Victime non pas simplement d’un “persécuteur” de votre entourage psycho-social, mais des engrenages du “jeu” psycho-social”.


Nous avons donc la mise en place d’un “méta-triangle” :

1. Les personnes en interaction psycho-sociale : toutes “victimes” du “triangle dramatique” à ce méta-niveau , qu’elles soient “victime” au premier niveau, “persécuteur” ou “sauveur” au premier niveau .
2. Le “méta-sauveur” ou “sauveur” de deuxième niveau est bien évidemment le “thérapeute” ou l’ “aidant” , ou le “spécialiste compétent” qui va, bien entendu, apporter à toutes les victimes du niveau 1, les “outils” de compréhension et de communication nécessaires pour sortir du triangle dramatique ( de niveau 1 ).
3. Qui est le “persécuteur” , à ce niveau 2 ( “méta-niveau” ) : c’est l’emprise exercée par le “jeu psycho-social” lui-même … ou par l’ ensemble de toutes les personnes qui en tirent un “profit” ( psychologique ou bassement matériel ou financier … )

Nous avons donc tout ce qu’il faut pour que la structure formelle du “triangle dramatique” se remette en place, non pas forcément en perpétuant le triangle de premier niveau, en le renforçant rétroactivement par sa propre “représentation” au lieu d’en atténuer les effets dévastateurs, mais bien à ce deuxième niveau où les “thérapeutes” et “psy” en tous genres peuvent venir “jouer” les “sauveurs” pour toutes sortes de situations psychologiques, sociales, culturelles, économiques, etc. où des “victimes” diverses viennent se plaindre de leur malheurs et cherchent à trouver des “persécuteurs” responsables de leur situation souffrante.

Mais non !“. J’entends d’ici le cri de protestation outré de tous ceux, professionnels de l’aide, ou aidants amateurs ou associatifs, qui vont se sentir injustement “visés”, et donc “victimes” de la “méta-analyse” que je propose ici, en endossant ainsi le rôle du vilain “persécuteur” !
Ils sont de “vrais sauveurs”, répondant à de vrais besoins de victimes en détresse, même s’ils peuvent concéder que parfois certains “confrères”, mais surtout des gourous usurpateurs, “thérapeutes” auto-proclamés, ont tendance à profiter de la situation de pouvoir de “sauveur” …
Et surtout, beaucoup d’entre eux vous répondront que pour éviter précisément ces écueils de l’emprise thérapeutique, cela fait partie de la formation de leur compétence professionnelle, de se soumettre ( “victime ” ? ) à une “super-vision” , ou du moins une régulation entre collègues …
Et que bien entendu, ils sont parfaitement au fait que les outils théoriques ou d’ “analyse des pratiques” qu’ils proposent devraient permettre une auto-régulation déontologique de ces professions …
Mais comme on sait aussi : le coiffeur le plus compétent n’est pas forcément lui-même le mieux coiffé …

Que l’on se rassure :
Si certains de ces professionnels en viennent à lire par hasard ce billet, et se sentent énervés par cette “mini-agression”, et donc “victimes” de mon humeur caustique, et veulent eux-mêmes y réagir :
je ne me présenterai pas à mon tour comme “victime”, car comme vous l’ aurez bien compris, à force de “méta-analyse”, j’ ai bien compris que dans toute cette ténébreuse affaire, si “je” prétends être”victime”, cela ne peut-être au fond que parce que d’une certaine façon je joue à être mon propre “persécuteur” … pour d’autant mieux me glisser ensuite dans la peau d’être mon propre “sauveur”.

Un certain “sauveur” socratique ne disait-il pas déjà : “connais-toi toi-même” ? Et le “sauveur” des Lumières kantiennes ne nous propose-t-il pas d’ “oser savoir” ? Mais avons nous besoin d’eux pour nous “sauver” de nous-mêmes en les transformant ainsi , éventuellement, en “persécuteurs malgré eux” ?

Sur ces bonnes paroles, je me sauve …
Et quant à Vous … c’est Vous qui Voyez …




L’ “Ultime Liberté” comme cas particulier concret de mise en œuvre critique de l’ “Égale Liberté Libre Égalité”

Par “Ultime Liberté” nous entendons ici la question du libre choix par une personne des modalités de sa propre mort biologique, et donc, dans les conditions technoscientifiques actuelles, également de son existence comme personne psychologique, sociale, politique …

En tant qu’individu à l’identité sociale et “nationale” définie comme “Armand STROH” ( né à Strasbourg le 29 septembre 1948, etc. ) , j’ai été amené à participer à la création d’une association spécifiquement dédiée à la mise en œuvre effective de cette “Ultime Liberté”, par les personnes qui librement adhèrent à cette association, dénommée précisément “Ultime Liberté”.

Il est facile de comprendre en quoi l’exercice de la liberté de choisir les conditions et le moment de sa mort et donc d’être l’arbitre ultime de ses propres raisons de continuer à vivre ou de mourir est une situation particulièrement exemplaire et symbolique de l’exercice de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” qui fait l’objet de ce blog, et dont je défends la valeur dans tous les domaines de la “vie”.

La mise en œuvre de la régulation associative de l’ “Ultime Liberté” en lien avec la proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” se situe à deux niveaux notamment :

  1. La définition des objectifs de l’association, et de ses valeurs de référence fondamentales. En tant que membre fondateur de l’ association, en octobre 2009, avec deux autres personnes, dont l’une est ma compagne dans la vie ordinaire, et dont l’autre, est décédée un an après la fondation, j’ai pu mesurer sur cet exemple associatif concret, les difficultés du passage de la “libre proposition” faite par les “fondateurs”, à la “libre adhésion” des autres membres qui ainsi disent être en libre accord avec les objectifs d’une telle association …
  2. Le fonctionnement des interactions d’entraide entre les adhérents, en ce qui concerne l’ “Ultime Liberté” que chacun veut pouvoir exercer en toute liberté personnelle, tout en ayant suffisamment confiance en la liberté des autres à son égard, donc en se posant la question de l’ “Égale Liberté” de chaque personne participant à ce contrat associatif commun.
    Il s’agit notamment de l’ “Égale Liberté” de la personne qui “demande” à pouvoir “bénéficier” d’une telle liberté, et de celle des personnes ( “accompagnants” ) dont elle suppose qu’elles pourront lui apporter une “aide” dans la réalisation de cette liberté.

L’ “autonomie brisée” est reconstituée … par cette autonomie même

“L’autonomie brisée” est le titre d’un ouvrage de Corine Pelluchon ( PUF 2009 ) , dans lequel elle prétend proposer une alternative à l’ “éthique de l’autonomie“, en l’ opposant à une “éthique de la vulnérabilité“, ou plus récemment dans un autre ouvrage à une “éthique de la considération“.

Je  ne dénie évidemment pas à Corine Pelluchon, comme à n’importe quelle personne, le droit de critiquer d’autres philosophies que la sienne, et de faire les propositions éthiques, juridiques et politiques qu’elle veut.
Mais je garde la même liberté de penser et de considérer que certains aspects de ses propositions sont dangereuses pour la liberté de penser elle-même, en tant que celle-ci précisément se fonde sur une “autonomie personnelle” suffisante, dont profitent des philosophes  comme Corine Pelluchon, mais aussi d’une façon plus générale toutes les philosophies “anti-lumières” critiques de la critique … de la raison pure.

Il n’est pas du tout nécessaire, comme elle le prétend, de briser l’idéal d’ autonomie personnelle … d’autres personnes, sous le prétexte qu’elle prétend constater que son autonomie propre de sujet ( la sienne :  comme “Corine- Pelluchon-qui-prétend-partager-son-vécu-transdescendant-avec-les-profondeurs-éco-féministes-de-la-nature”  … ) est “brisée”, et qu’elle compatit avec une “brisure” similaire ressentie par un certain nombre de ses contemporains :
C’est son problème de “réparer sa brisure” avec l’éthique de son choix ou de sa construction, en bricolant la “phénoménologie de la passivité” et l’ “ontologie de la vie” qu’elle veut et avec qui elle veut ou peut :
les disciples de Lévinas par exemple, ou de multiples conservateurs réactionnaires du lobby catho-médical qui ne cessent de prétendre s’appuyer sur son “éthique de la vulnérabilité“, ou bien d’autres en effet,  du côté d’une certaine écologie animaliste radicale … si elle pense que son “ontologie de la vie” permet de “concilier” et de “considérer” tout ce beau monde … dans son “monde commun” .

Mais son choix de l’ éloge de la sensibilité passive ne vaut que pour ceux qui, activement ( ou passivement ? ), font un tel choix, et certainement pas pour tous ceux dont elle voudrait peut-être qu’ils subissent passivement ses nouvelles oukases “éthiques”, ou pire, celles des milieux catho-médicaux réactionnaires qui prétendent partager ses vues.

De mon côté, je choisis au contraire de suivre une toute autre voie, celle de l’ “autonomie” en effet, mais qui, contrairement à ce que croit Corine Pelluchon, est parfaitement partageable et communicableentre toutes les personnes qui font le libre choix d’une telle autonomie personnelle et qui sont parfaitement capables d’ouvrir cette voie à toute autre “organisation vivante” qui voudrait l’emprunter et y participer en toute “Égale Liberté”.

Et contrairement à ce que prétend  Corine Pelluchon, il n’ y a pas que l’ “expérience de la vulnérabilité” que nous partageons avec les autres êtres vivants, mais aussi corrélativement l’expérience d’un pouvoir possible sur le réel en tant que ce réel n’est pas spontanément “bon” à “notre” égard, bref tout un ensemble de conditions dans le monde vivant qui préfigurent certains aspects de l’ “autonomie” qui émerge consciemment et réflexivement  dans la pensée humaine.

Ainsi, on peut jeter un tout autre regard que celui de Corine Pelluchon sur l’ aventure de l’évolution du “vivant”, et s’apercevoir qu’en réponse à la “passivité” de ses conditions de vie “vulnérables”, de nouvelles formes de vie toujours plus capables de “répondre activement” à ces conditions adverses sont également apparues, précisément en devenant capables d’y survivre mieux que d’autres.

L’insistance sur la vulnérabilité et sur la passivité, ou la souffrance n’ont d’intérêt, pour nous, que si ces “passions tristes” peuvent progressivement être compensées et dépassées par une coordination active et autonome et la création toujours renouvelée de formes nouvelles capables non seulement de résister aux aléas du fonctionnement spontané d’un réel aveugle, mais de contrôler de mieux en mieux, par la complexité des systèmes de régulation compensateurs que nous sommes capables d’imaginer et de concevoir, les situations de pure passivité que nous subissons encore très largement en effet, et que les animaux en effet, subissent encore davantage que les êtres humains …

Je propose donc de radicaliser l’ “éthique de l’autonomie” en ce sens que désormais, c’est au nom d’une telle autonomie généralisable sans contradiction à tout “être” …  qui en manifeste la volonté , mais voulue en “commun” … par tous ceux qui la veulent et qui veulent donc aussi y accéder à Égalité au fur et à mesure qu’elle se développe  ( “Égale Liberté” ), que cette autonomie se “justifie” par “elle-même” ( AUTOS ) :  elle se “justifie” simplement en effet par et pour eux, dans la mesure où ils en manifestent l’intention ET acceptent de reconnaître comme aussi légitime toute intention semblable à la leur, et donc de participer activement à sa réalisation commune, et , pour commencer par le plus simple : par la manifestation verbale d’une telle référence commune, dans et par laquelle chacun peut énoncer librement et à sa façon précisément, comment il veut”participer” à la libre constitution de cette “référence symbolique”.

Ceux qui ne veulent pas d’une telle “autonomie” peuvent évidemment … garder la leur ( ? ) … du moment qu’ils ne cherchent pas à nous “imposer” de façon coercitive ( “active” ! ) leur propre conception “passive” de leur rapport au réel ou à toute autre “loi hétéronome” où il prétendent “se” soumettre à la “loi de l’ Autre” …

En effet une telle “nouvelle éthique de l’ autonomie” ne prétend plus s’appuyer sur une quelconque “structure transcendantale du sujet”.
Elle n’est pas fondée non plus sur de supposés “droits naturels” ou je ne sais quel “invariant anthropologique”, ni encore moins sur le “droit positif” que s’arroge telle ou telle communauté politique nationale ou internationale, ni sur un quelconque “spécisme humaniste” :

 Tout être, y compris animal ou tout ce qu’on voudra, peut être d’ autant plus “reconnu” comme “personne autonome” par d’autres “personnes autonomes”, qu’il est lui-même capable de se reconnaître lui-même comme une telle “personne autonome” et de reconnaître toute autre initiative vivante similaire comme aussi légitime que la sienne dans ce nouveau “droit”.

On voit qu’il n’ y a là plus d’autre condition “ontologique” de reconnaissance réciproque d’un tel nouveau “Droit”, que précisément les conditions formelles de “réflexivité” ( se reconnaître soi-même comme une telle personne ), de “symétrie” ( ou de réciprocité de cette reconnaissance : j’ ai le “droit” d’être ainsi reconnu si je confère le même droit à ceux à qui je demande de me reconnaître ce droit ) et d’ extension universalisable possible de ce statut  à toute entité dans l’ univers qui en manifesterait la demande ( ET accepterait de reconnaître aux autres cette “relation d’ équivalence” de l’ autonomie ou de la liberté  des “personnes” ).

Une telle “définition” de l’ “autonomie personnelle souveraine sur elle-même” n’est bien sûr – par cette “définition” MEME, imposable à “personne”, ni par contrainte, ni par obligation “hétéronome”, si cette personne concernée “elle-même” ne veut pas “elle-même” librement se définir ainsi comme “personne autonome” … suffisamment libre et autonome pour se déclarer comme telle ( La propriété de “réflexivité”, d’auto-attribution autonome de l’ autonomie dans cette définition ne serait pas vérifiée ).

De même, une personne ou un être qui refuserait à d’autres de pouvoir ainsi se définir elles-mêmes comme de telles personnes, ne pourrait pas non plus demander à “bénéficier” elle-même de ce nouveau “Droit” d'”autonomie personnelle souveraine sur soi”, parce que la “symétrie” de cette libre relation contractuelle ne serait pas vérifiée ).

Et enfin, troisièmement, une personne candidate à ce nouveau “Droit”, ne peut refuser à aucun être réel de l’Univers de postuler également à une telle reconnaissance, si cet être se montre capable à la fois de la réflexivité ( auto-reconnaissance ) , de la symétrie ou réciprocité de cette reconnaissance, et de l’ élargissement d’un tel “Droit” à tout autre être qui “déclare” sérieusement , donc librement, adhérer à un tel “Droit”.

Une telle définition formelle idéale est d’ailleurs très proche des propriétés “logico-mathématiques” d’une “relation d’ équivalence” en général :
“Ce” qui est ici estimé, par les personnes elles-mêmes, comme “équivalent”, c’est précisément leur “droit à l’ autonomie, qu’elles savent donc devoir assurer elles-mêmes “collectivement” … si elles ne veulent pas avoir à se “débrouiller toutes seules” avec le peu de moyens et de ressources “vulnérables” dont elles disposent chacune. comme “organisme biologique actuel”.
Nous sommes donc très loin du prétendu “individualisme égoïste forcené” par lequel les adversaires de l’ autonomie personnelle cherchent à dévaluer cette exigence d’autonomie.

Alors en effet, la “communauté” virtuelle de ces “personnes souveraines libres et égales”, ne peut pas encore être assimilée à une quelconque “communauté politique” ou autre “association” réelle actuelle.

D’autant plus que, “en Droit” ( dans ce nouveau “Droit” ), d’innombrables autres êtres dans l’ Univers PEUVENT éventuellement déjà faire partie d’une telle “communauté virtuelle”, puisqu'”il faut et il suffit” dans cette définition, qu’ils se conçoivent eux-mêmes de cette façon, c’est à dire en ayant réciproquement la même reconnaissance envers  des “personnes souveraines libres et égales”, personnes humaines terrestres par exemple, que celle qu’ils se confèrent à eux-mêmes dans cette hypothèse.

Chaque être humain actuel, VOUS par exemple, voyez bien jusqu’où VOUS seriez déjà prêt – ou pas ( C’est VOUS qui voyez ) – à participer à la redéfinition réelle commune des “droits humains” et des “droits du vivant” ou de ce que vous voudrez comme “droit”, sur une telle base élargie d’ “autonomie personnelle radicale également partageable”.

Rien ne VOUS y oblige, mais rien non plus ne vous l’interdit … à moins que VOUS ne VOUS l’interdisiez à VOUS mêmes … en prétendant qu’un tel “Interdit” provient d’ “Ailleurs” … dont VOUS ne savez rien ou presque rien ( puisque vous prétendez que ce “visage d’Autre” est un mystère insondable ) … pas plus que n’importe qui d’ “autre” que VOUS.

La question qui se pose en effet à VOUS, si VOUS le voulez, est de savoir si VOUS savez ce que VOUS voulez … et jusqu’où VOUS prétendez le savoir ou ne pas vouloir le savoir …
Évidemment, “je” ne le saurais ni ne voudrais prétendre le savoir … à VOTRE place !

C’est donc VOUS qui voyez … pour VOUS-MEMES.