Le supposé paradoxe de la question “Pourquoi suis-je moi ?”

Je parle ici d’une question reposée par François Galichet dans son ouvrage “Mourir délibérément ?” ( Presses Universitaires de Strasbourg mars 2014 ).

Cette question “Pourquoi suis-je moi ?” est notamment traitée au chapitre 5 de l’ouvrage , chapitre intitulé “Qui veut mourir ?

En posant ainsi la question de l’ “identité du sujet” supposé vouloir sa propre mort.
Remarque : la question “Qui veut mourir ?” est sans doute aussi philosophiquement proche de la fameuse question posée par Jean-Luc Nancy “QUI vient après le sujet ?” .
Mais je ne traiterai pas ici de ce rapprochement.

La question posée, après d’autres … , par François Galichet, est “Pourquoi suis-je moi ?
P.110 :
“Pourquoi suis-je moi?” ne signifie pas : pourquoi suis-je ainsi, avec ces caractéristiques, ces qualités, ces propriétés […]
“Pourquoi suis-je moi?” signifie : pourquoi les suis-je, elles et non d’autres que je pourrais avoir ou être tout aussi bien ?

“TOUT AUSSI BIEN” , vraiment ?
Qu’est-ce qui permet d’ affirmer avec une telle certitude apparente que le “je” en première personne qui affirme ainsi son existence “arbitraire radical” , pourrait être “tout aussi bien” être le MÊME SUJET, avec des “caractéristiques”, des “propriétés”, des “qualités” tout à fait différentes ?

De deux choses l’une :
A – Ou bien c’est faux, c’est une pure illusion de croire une telle séparabilité du “sujet comme tel” , par rapport à toutes les caractéristiques empiriques de l’organisme incarné dans un environnement qu’il est. Que certaines propriétés de notre organisme individuel , les plus “extérieures” , soient “accidentelles”, ne signifie pas nécessairement qu’elles le soient toutes, en particulier toutes celles qui définissent nos capacités d’activités mentales conscientes, nos capacités mémorielles et linguistiques, notre puissance imaginaire, etc.
Il se peut que nous ne puissions en percevoir certaines comme empiriques aléatoires que parce que nous avons certaines capacités cognitives personnelles propres qui, si nous ne les avions pas, nous empêcheraient précisément de nous penser comme “ce que nous pensons être” : Si nous n’étions pas un “être humain” avec un cerveau d’être humain, mais comme dans l’exemple cité par F. Galichet, un “axolotl”, nous ne nous poserions pas du tout une telle question “Pourquoi suis-je moi ?” . Il existe donc des caractéristiques toutes “empiriques”, mais essentielles pour permettre à une personne humaine de “philosopher ” ainsi : Quand je parle de moi-même comme “sujet”, il s’agit bien d’un ensemble de capacités “cognitives” qui peuvent se retrouver “tout aussi bien” chez la plupart des êtres humains, et même pour certaines, chez des nombreuses espèces animales, etc.
Il faut donc au moins distinguer ces capacités très générales et “anonymes” d’un cerveau complexe, des particularités des “mémoires biographiques” construisant des “récits mémoriels individuels” où le “je suis moi” se conforte.

B – Mais d’une certaine façon, il y a aussi du vrai possible dans cette “séparabilité” du sujet abstrait “sans qualités” précises de telle ou telle des propriétés qu’une description empirique extérieure peut m’attribuer.
Mais dans ce cas, qu’est-ce qui permet de dire qu’il s’agit d’un “arbitraire radical” que rien d’empirique ne pourrait combler ?
Sil est vrai qu’en effet je pourrais avoir telle ou telle propriété particulière que d’autres ont et que je n’ai pas, qu’est-ce qui interdirait en soi que “je” puisse également les acquérir ?
Il se trouve juste, que pour le moment, je ne les ai pas, mais rien n’interdit , en particulier dans un développement technique futur, que “je” n’acquière de telles “qualités” … ou propriétés non “essentielles” .
Le “Pourquoi suis-je moi?” n’a alors rien de “métaphysiquement” arbitraire , mais est purement lié à une situation actuelle de limitation des techniques biologiques, qui “me” permettraient de devenir en effet “tout aussi bien” semblable à n’importe quel “autre” et réciproquement : il s’agit alors d’une capacité générale de “plasticité” de nos personnalités qui n’est pas aujourd’hui accessible aux êtres humains et qui nous “condamnent” encore à rester dans “notre peau” …

Dans les deux cas, je peux parfaitement considérer que là où François Galichet perçoit ( croyance philosophique ) un “arbitraire radical”, je ne conçois qu’une limite empirique actuelle toute relative qui pourrait être un jour transcendée par le “progrès scientifique et technique” .

Qu’aujourd’hui les êtres humains avec la configuration de leur organisation corporelle et cérébrale actuelles ne puissent pas “sortir” de la “condition humaine” actuelle, et se sentent “enfermés” dans l’organisation biologique individualisée qu’ils ont héritée du passé évolutif de leur espèce, ne signifie nullement qu’il s’agisse d’un “arbitraire métaphysique radical” :
C’est bien plutôt cette croyance qu’ils s’imposent à eux-mêmes “arbitrairement”, comme “allant de soi”.
Ni plus ni moins que de s’imaginer être une “âme spirituelle” dans un “corps matériel” en se laissant abuser par les simplifications représentatives de tels “concepts” .

En réalité, “nous” ne savons pas encore réellement ( scientifiquement ) tout ce que nous “sommes” ou pourrions devenir.
La question “Pourquoi suis-je moi?” qui semble à première vue très subtilement profonde, est peut-être tout simplement encore mal posée :
Quand on voit combien en fait l’imaginaire métaphysique des philosophes, y compris les plus “grands penseurs” parmi eux, produit en fait, pour chacun d’entre eux, des représentations conceptuelles diverses personnelles sur ce que c’est que “penser” ou les conceptions très différentes que se fait un Descartes de la “substance pensante” qu’il “pense” être., et du “sujet transcendantal” qu’un Kant s’évertue à penser comme “inconnaissable” en soi … je considère pour ma part, qu’on est simplement encore dans ces conceptions “métaphysiques” dans la préhistoire d’un savoir que seuls les connaissances scientifiques et les performances techniques futures pourront reformuler de façon aujourd’hui sans doute encore inimaginable :
C’est le progrès des “neurosciences” et de la compréhension des systèmes matériels organisés complexes qui permettra plus probablement de sortir des actuelles apories de l’ “arbitraire radical” dont certains philosophes comme François Galichet croient pouvoir nous “éclairer”.

Assurément, nous aurons encore bien des surprises sur “ce que nous sommes” ou pouvons potentiellement être, devenir, … ou redevenir, y compris après ce que nous croyons aujourd’hui être notre “mort” et sa supposée irréversibilité.

Certaines “expériences de pensée” peuvent cependant dès aujourd’hui nous défaire de certaines “certitudes de bon sens” :
Qu’est-ce qui, “logiquement“, nous empêcherait de nous “réveiller” un jour, après notre “mort” aujourd’hui supposée irréversible ? Et de nous “rappeler” de toutes sortes de “vies antérieures” partiellement oubliées et diversement “remixées” ? Et de visiter ou revisiter les “mémoires” et les “identités” des “autres” ? D’autres que “moi” ont déjà proposé que “Moi est un autre …”

Quant à Vous, c’est Vous qui voyez …






Transhumanisme, immortalité et résurrection.

Cet article trouve son occasion immédiate dans un article paru dans Philo Magazine :
Télécharger son esprit pour devenir immortel, un vieux rêve qui risque de se réaliser ?
https://www.philomag.com/articles/telecharger-son-esprit-pour-devenir-immortel-un-vieux-reve-qui-risque-de-se-realiser?

La problématique ici évoquée est pour moi une problématique très ancienne, qui date de mes années d’études supérieures et de vie étudiante à Strasbourg,
et notamment de mes réflexions d’alors en rapport avec les “évènements de 68”, l’année de mes 20 ans .

Si la problématique “Mort, immortalité , résurrection” était alors une thématique personnelle, elle entrait en résonance avec mes réflexions “politiques” sur la capacité générale d’une “Révolution” et notamment d’une “transformation du monde” dans la perspective “marxiste” à constituer une perspective effective de “résolution” des conflits et des inégalités entre les êtres humains.

Depuis quelques années déjà, dans mes dernières années de lycéen au “lycée de garçons” de Haguenau, j’avais définitivement tourné le dos à toute croyance de type religieux. Et je savais que désormais je devais assumer mon choix d’une position radicalement “athée”, et la décision qu’en matière de “vérité”, il n’y avait que la démarche scientifique qui pouvait apporter quelques “réponses” stables concernant la structure fondamentale du “réel”, alors que toute réflexion de type “philosophique” ne pouvait qu’élaborer un libre questionnement critique de l’ensemble des supposés “savoirs”, mais en acceptant par là même de ne pas pouvoir produire de “vérité alternative” à celles construites par les démarches scientifiques.

Sur ce fond de décision “épistémologique” ( Le “Que puis-je connaître ?” kantien ) , la question se posait cependant de la “transformation possible” du réel, et du choix de mes orientations “normatives éthico-politiques” ( la question kantienne “Que dois-je faire ?” ) , tout en laissant largement ouverte, par définition même de la liberté de pensée que je me donnais alors déjà, la question kantienne “Que m’est-il permis d’espérer ?

La question s’est donc posée naturellement, de savoir si dans la version “révolutionnaire” matérialiste de “transformation du monde”, et notamment des divers avatars du marxisme de ces “années 68”, il n’y avait pas des limites à l’action éthico-politique provenant du “réel lui-même”, et qui rendaient ce projet “révolutionnaire” a priori caduque.

J’en étais venu rapidement à la conclusion que l’obstacle fondamental à la transformation des rapports éthico-politiques entre les êtres humains était en fait la “condition mortelle” des êtres humains, sur laquelle même les plus audacieux “révolutionnaires” ne prétendaient pas avoir de prise.

J’ai donc dès cette époque pris la décision “philosophique” que cette condition humaine mortelle n’était pas nécessairement le dernier mot de l’histoire , et qu’il était tout aussi “rationnel” de décider que désormais le projet général de “transformer le monde” comprenait comme objectif intermédiaire celui de transformer cette condition mortelle. Mais comme il était déjà hors de question de reprendre une quelconque référence religieuse, ou de prendre n’importe quelle “vessie imaginaire” pour une lanterne, c’est donc bien en m’appuyant sur la puissance inhérente du progrès scientifico-technique qu’un tel objectif de “mort à la mort” pouvait se traduire.

Remarque : en un certain sens un tel projet est bien évidemment philosophiquement déjà très ancien, et peut notamment se trouver dans le projet cartésien de “rendre l’homme comme maître et possesseur de la nature

J’ai appris quelques années plus tard, lorsque j’ai pu avoir accès par mes premières liaisons “internet” ( avant le “World Wide Web” ) , qu’il existait un courant de pensée sérieux qui correspondait à cet objectif de transformation de la condition mortelle humaine, à savoir ce qui est aujourd’hui bien connu, mais souvent dénigré en France, sous le terme de “transhumanisme”.
J’étais donc à l’époque déjà – dans les années 68 -, en quelque sorte “transhumaniste” sans le savoir …

Dans ma symbolique expressive de l’époque, j’avais créé pour désigner cet objectif scientifico-technique l’expression “Objectif Résurrection”, donc en acronyme “OR” .







Les métamorphoses de l’ “identité”

Nous partons ici du texte “de “Identités et métavers” publié sur AOC

Quels liens avec la Proposition “E.L.L.E.” ?

Il est facile de voir que l’ “identité” de chaque “Personne Libre et Égale”, ne réside pas dans telle ou telle ( T-ELLE ) identité physique, psychologique ou sociale particulière, mais dans l’autonomie morale de sa volonté propre, en tant qu’ elle reconnaît à toute autre “Personne Libre et Égale”, la même autonomie morale de la volonté qu’elle se reconnaît à “elle-même”, autonomie qui par conséquent peut CHOISIR de s'”incarner” , “moi, ici et maintenant”, dans toutes sortes d’ “identités” partielles différentes, autant de facettes caléidoscopiques d’un miroir polymorphe, dont la gestion technique “collective en réseau” , permet à chaque “Personne Libre et Égale” d’utiliser des ressources matérielles et techniques équivalentes, pour construire sa propre “trajectoire de récits d’identifications provisoires”, s’entrecroisant avec toutes sortes d’autres parcours imaginables, dont certaines portions apparaîtront comme du “déjà vécu”, et d’autres comme des “parcours alternatifs possibles”, se conjuguant et se Me-tissant de façons très variées.
La “poly-corporéité” futurible comme la poly-focalisation des consciences attentionnelles, conscientes de leur propre continuité temporelle de “soi conscient”, alternant des phases d’éveil, de sommeil, d’inconscience et d’ “états de conscience” divers et pour la plupart encore inconnus de notre conscience humaine actuelle, commence à se dessiner dès aujourd’hui, dans la “métaversatilité” des projections “avatariques” de nos “mondes virtuels”.

Le “NouS” d’un tel “P.E.U.P.L.E.” en formation, sera donc poly-distribué de multiples façons, à la fois dans le “réel” des supports physiques matériels organisationnels , que dans les innombrables productions “imaginaires” dont les fictions représentatives et “récits” produits par ces organisations matérielles plus ou moins conscientes d’elles-mêmes s’articuleront de façon complexe et variée avec leurs phénomènes physiques “support”.

Que deviennent dans ce poly-morphisme foisonnant à la fois “physiquement réel” et “subjectivement et fictivement construit”, les “Personnes Libres et Égales” “ELLE-mêmes” ? “Elles” cherchent” toutes, en permanence, et sans avoir nécessairement à en être conscientes en permanence, à auto-re-produire au minimum, et à amplifier si possible leur commune et poly-morphe “Égale Liberté”, se substituant souvent les unes aux autres, lorsque telle ou telle caractéristique de leurs “incarnations” actuelles , peut contribuer mieux que d’autres, à cette auto-re-production et à l’amplification de la puissance physique organisationnelle commune nécessaire à cette “tâche de fond”.

Certes, nous, êtres humains actuels de l’espèce biologique “homo sapiens”, restons encore fortement et “naturellement” liés à une constitution biologique issue d’une évolution naturelle terrestre de près de 4 milliards d’années …
Mais nous savons déjà suffisamment que, sauf décision TOTALITAIRE dictatoriale du maintien artificiel contraint d’une telle “nature humaine” essentialisée, ( et que certains humains souhaiteront sans doute … ), de très nombreuses forces évolutives politiques, culturelles, sociales, etc. viendront de plus en plus s’articuler avec nos capacités biologiques évolutives “naturelles”, pour faire évoluer le poly-morphisme de la “forme humaine” de plus en plus souvent “hybridée” avec des composants biologiques divers provenant d’autres espèces vivantes, et avec toutes sortes de constructions matérielles élaborées par la techno-science.

“Notre” conception éthique ( “Loi Morale Nouvelle” ) vise précisément à proposer – à toute organisation consciente qui en ferait le libre choix – et notamment à mes congénères “humains” , une proposition et un projet régulateur commun possible sous l’expression abstraite “Égale Liberté Libre Égalité”, dont chaque “Personne Libre et Égale” peut, à sa manière “personnelle”, élaborer la part contributive … si elle est en libre accord avec une telle “Proposition”.

Pour les “autres” … ce sont eux qui voient … la façon dont “identitairement” , ils pensent pouvoir défendre encore leurs “identités”.
“NouS” ne “NouS” mêlerons plus de leurs querelles internes et externes d’ essentialisations de leurs “identités” .

Quant à Vous, bien évidemment, c’est Vous qui voyez …

“Astroh”, le 27 août 2023


Vidéos Asma Mhalla sur les dimensions politiques des usages de l’ I.A.

Contributions à l’ Institut Montaigne :
https://www.institutmontaigne.org/experts/asma-mhalla

Extrait d’une des contributions

( 19/04/2023 Technopolitique de l’IA : luttes idéologiques, tensions géopolitiques, espoirs démocratiques )

Chacune posant évidemment des enjeux, des arbitrages mais qui apparaissent, dans le fond, secondaires. Non pas secondaires par leur importance mais secondaires en ce sens qu’elles dérivent d’une question originelle, première. Cette question première, c’est celle du “QUI”. Car qui dominera cette technologie dessinera en partie les contours du siècle qui advient. L’IA incarne de façon éclatante notre éternel problème politique qui était, est et sera toujours de savoir qui domine et qui est dominé. Au Ve siècle avant notre ère, Thucydide le formulait déjà ainsi au moment de la guerre du Péloponnèse “les hommes tendent, selon une nécessité de leur nature, à la domination partout où leurs forces prévalent”.

Nous voilà arrivés a priori à un premier consensus : oui, l’intelligence artificielle est et sera partout. Il y a bien une dynamique irrépressible qui est en marche, qui articule à la fois la recherche de pouvoir et de puissance. Or c’est bien cette soif-là, très humaine, qui risque de nous dépasser et non pas (ou du moins pas encore) l’outil lui-même. Cela pose encore une fois la seule question qui vaille, celle du “Qui” : Qui détient la vision ? Qui la conçoit, c’est-à-dire qui détient la capacité à donner corps à cette vision ? Selon l’intérêt de qui ou de quoi ? En contrechamp, sur quel projet politique commun devrait-on aligner ce nouveau socle non pas seulement technologique mais aussi civilisationnel ?

Interview Télé Matin publiée sur Dailymotion :

La même interview sur Youtube

C ce soir

Analyse plus générale : Techno-politique de la surveillance :

https://legrandcontinent.eu/fr/2023/02/03/techno-politique-de-la-surveillance/

ELLE, l’ Humanisme et le Transhumanisme

Reprise de la page de 2015 publiée sur le site egaleliberte.fr :

ELLE, l’ Humanisme et le Transhumanisme

Rappel et précisions préalables :

Le principe d’ Égale Liberté Libre Égalité proposé sur ce site, part de l’auto-position de la valeur éthique de sa propre liberté par toute entité capable de se poser ce type de “question”, de se donner une représentation de sa propre liberté par rapport à celle d’autres entités.
La proposition de l’ “Égale Liberté”, consiste, pour une telle entité, à proposer à toutes les autres entités réelles, possibles ou imaginables de l’ Univers ( pouvant exister dans le futur ), de bénéficier d’une telle “Égale Liberté” partagée, sur la base simplement de la libre reconnaissance réciproque par ces autres de cette même “Égale Liberté“.
Aucune référence directe n’est faite ici à une quelconque appartenance à l’ “humanité”, de telles entités.
Mais bien évidemment, les “êtres humains” sont considérés par l’auteur, qui se compte lui-même parmi les “êtres humains”, comme de telles entités physiques réelles capables, pour la très grande majorité d’entre elles, de se donner une représentation de leur propre liberté et des problèmes de la relation avec la liberté des autres personnes.


Ce qui est décisif, c’est :

1. Un ensemble de capacités cognitives, très variables et dont rien ne dit a priori qu’elles ne peuvent exister que chez une espèce particulière, ou un genre biologique particulier ( “homo” ), mais permettant à cette “entité” de se représenter consciemment elle-même et de se représenter d’autres entités avec lesquelles elle peut être en relation dans l’ Univers, comme ayant elles aussi  une certaine autonomie consciente réflexive de décision et de volonté, pour laquelle le mot “liberté” usuel dans beaucoup de langues et cultures humaines ( ou d’autres conceptuellement équivalents) est un bon candidat signifiant.

2. Des possibilités effectives de communication avec ces autres entités permettant à chacune de savoir en quoi les autres peuvent être en accord ou en désaccord avec ses propres représentations et de se construire des accords partiels sur des jugements, décisions ou actions coordonnées à entreprendre.

3. Fondamental pour notre propre proposition “ELLE” , mais pas nécessairement partagé par tous les “êtres humains”, ni par toutes les autres “entités” imaginables ayant la capacité de se représenter une telle “liberté” :
La volonté librement pensée et exprimée par une telle entité de n’utiliser en principe sa propre liberté dans une action dans et sur le réel que dans la mesure où cet exercice est compatible avec l’ Égale Liberté de ces autres entités ( lorsque et dans la mesure où il est possible à toutes ces entités d’ avoir une connaissance de leur propre existence et de leurs “libres volontés” respectives ).

Une telle “Égale Liberté” ne peut pas être octroyée de l’extérieur ou, pire, être imposée à de telles autres entités si celles-ci ne sont pas en retour au moins CAPABLES de penser une telle liberté, et donc de prendre par elles-mêmes la libre décision ( “Libre Égalité” ) de “partager” une telle liberté avec les autres sur une base d’ “Égale Liberté” .

Dans la pratique actuelle, les seules entités disposant suffisamment  à notre connaissance de telles capacités cognitives et communicationnelles sont d’autres “êtres humains” terrestres.

Mais je suis prêt à réviser ce point, si un “grand singe” ou un dauphin, ou un nuage d’électrons pensant, ou l’ “esprit d’un peuple”, vient “en personne” ( donc en “première personne” – et non à travers la “représentation” par une personne humaine individuelle – me dire qu’il est une “personne”  prête à discuter avec moi de nos libertés respectives …  )

Mais rien, dans le principe d’ Égale Liberté Libre Égalité que NouS proposons,
n’exige a priori une telle “appartenance” à l’ espèce “homo sapiens“, ni au genre biologique “homo”, ni à une quelconque autre classe de systèmes  biologiques ou physiques organisés.

Aussi bien d’autres entités organisées “naturelles” ou “artificielles”, SI elles montraient suffisamment de telles capacités … et donc se débrouillaient aussi par différents signes pour les manifester, pourraient a priori être admissibles dans le cercle des “personnes souveraines libres et égales” :

La condition restrictive n’est pas d’être un “être humain”, mais d’ être un “être” capable de reconnaître sa propre liberté et celles d’autres êtres que lui ET de décider librement à partir de là que tous ces autres “êtres capables de liberté réflexive consciente” ont le même “droit” que soi-même à l’ exercice de leur propre liberté, pour autant qu’ils acceptent réciproquement ce même “droit” pour les autres.

Le principe “éthique” d’  “Égale Liberté <-> Libre Égalité
” ainsi co-institué, peut être compris et proposé par chacune de ces entités ( en son propre langage … s’il fait l’ effort de faire comprendre aux autres sa propre exigence de liberté ET sa capacité à reconnaître aux autres la leur … ).
Par définition, dans cet aspect simplement propositionnel, tout être capable d’ énoncer une telle “proposition” en a le “droit” ( qu’il se donne à lui-même  dans le fait même qu’il se le “propose” au moins déjà à lui-même en le “pensant ” ). C’est en particulier ce que je fais moi-même, ici.
Et je présuppose que, lecteur de ce texte, Vous le pouvez aussi et donc en avez le “droit fondamental”, si Vous Vous le donnez, c’est à dire que Vous pouvez, “comme moi”, librement décider de reconnaître simultanément l’ “Égale Liberté” d’autres entités qui, comme vous et moi, se reconnaîtraient librement et à “NouS”, cette même “Égale Liberté”.
Cette décision d’adhérer à la proposition, ne peut être que strictement la vôtre, par définition de l'”Égale Liberté Libre Égalité” telle que je l’ai librement posée – puisque chacun peut poser une “définition” en “définissant” le mot ou l’expression qu’il pose. Mais que bien entendu, il n’oblige par là personne d’autre à utiliser cette définition …
C’est pourquoi je rappELLE en permanence que “C’est Vous qui Voyez” .

Donc réciproquement par rapport à l’ “Égale Liberté” posée “en commun”par les personnes qui en font le choix , l’adhésion à la valeur éthique d’une telle proposition, l’accord pour en faire un principe non seulement qu’on “comprend” intellectuellement, mais qu’on décide de poser soi-même comme principe régulateur de ses propres “jugements éthiques” et de ses propres actes “responsables”, dépend de la LIBRE DÉCISION de chacune de ces entités elles-mêmes, et ne peut d’aucune façon leur être légitimement imposée du dehors par une quelconque “autorité supérieure” ( ni individuelle ni collective ).

( C’est ce que signifie la deuxième partie du Principe : ” <-> Libre Égalité” )
C’est en particulier aussi la raison pour laquelle cette proposition que j’ énonce et que je définis à partir de ma propre liberté, ne prétend en aucune façon être une “vérité morale” , ou une “vérité” de quelque ordre que ce soit, ni l’ énoncé d’un quelconque “droit naturel”, et encore moins d’un “principe moral universel” :
La “valeur” de ce “principe”  est simplement potentiellement “universalisable” pour et par toute personne qui prendrait elle-même cette même libre décision de l’adopter.


– Est-ce à dire que toute entité incapable d’une telle compréhension serait considérée par “NouS” comme privée de tout droit ?
( C’est la question posée par tous les “anti-spécistes” et notamment les “animalistes” )
Évidemment non : mais, par définition, elle n’aurait comme “droits“, qu’une combinaison incomplète entre ses propres capacités réelles de volonté autonome et ce que d’autres qu’elle-même lui “octroient” comme droits, en parlant à sa place …
( C’est ce que font les “animalistes” actuels, en définissant le “droit des animaux” … à leur place, et qu’ont fait naguère les colonisateurs occidentaux ou autres en prétendant mieux savoir à la place des personnes colonisées où se trouve leur “bien” , ou d’une façon générale tout “dominant” réel ou potentiel, qui prétend décider à la place de dominés considérés comme des “mineurs” ce qu’il faudrait qu’il pense ou décide de faire … )

Une entité physiquement incapable de pensée consciente autonome serait simplement dans un état de “minorité” , d’ “assistance” ou de “tutelle”, aussi longtemps qu’elle est incapable, effectivement, de se  “penser” elle-même ainsi comme volonté autonome interagissant avec d’autres volontés autonomes. C’est couramment, ce que fait déjà le droit actuel, en ne donnant pas les mêmes “capacités judiciaires” aux enfants ou à certains handicapés mentaux qu’aux “citoyens adultes” de plein exercice. 

Même si nous cherchons à penser un “droit des animaux” ou un “droit des espèces vivantes” ou un “droit des écosystèmes” ou un “droit des entités culturelles”, ou un “droit des personnes morales” ( collectifs associatifs comme tels ), ou même un “droit des peuples“, c’est toujours seulement dans les faits ACTUELS, parce que des “personnes humaines” réelles individuelles, conscientes des problèmes posés, se chargent de “prendre la défense” de tels “droits” que ces “entités” elles-mêmes sont bien incapables de “penser” par elles-mêmes avec leurs propres ressources cognitives autonomes.

Mais, une telle situation de “minorité”, de “tutelle” ou de “dépendance morale”, n’est pas, dans la perspective du principe d’ Égale Liberté Libre Égalité, la situation idéale visée pour une “personne souveraine libre et égale“, puisque ce sont précisément ces capacités de se penser soi-même comme source d’une volonté autonome qui en sont à la fois une condition réelle et la valeur fondamentale que ces personnes cherchent à conserver et à développer en commun.
Mais un tel COMMUN ( le “NouS” de l’ “Égale Liberté” ) n’est pas un commun préalable ou “a priori”, ni préexistant dans la “nature” ou dans la “culture”, ou dans “l’histoire d’un peuple”, encore moins dans un “ciel des idées”substantiel : ce “COMMUN” là n’existe que par la libre volonté des entités conscientes autonomes qui choisissent de former ce COMMUN ( appelé “politique”par certains ) sur la base de leur commune “Égale Liberté”, à laquelle chacune de ces entités conscientes autonome PEUT adhérer librement, si et seulement si elle en décide ainsi librement “ELLE-MEME” , donc aussi en termes de “Libre Égalité”.

“Kant à Vous … c’est Vous qui Voyez “
Texte revisité le 17/01/2022

P.S. Pourquoi “transhumanisme” dans le titre ?
Evidemment parce que rien, dans notre proposition d’ “Égale Liberté Libre Égalité“, ne présuppose que les “entités” autonomes et conscientes,”personnes souveraines libres et égales” soient nécessairement des “êtres humains” au sens de l’ appartenance à une catégorie biologique particulière héritière de l’ évolution biologique des espèces du genre “homo” …
Il n’y a donc aucune raison de limiter les droits et libertés des “personnes libres et égales” pour et par des “homo sapiens” tels que l’enveloppe de leur “pool génétique” les “encadre” aujourd’hui.

Paradoxes de l’identité personnelle

Le 8 octobre 2021, un article de Jean-Pierre Dupuy paraît dans “AOC”, intitulé “Métaphysique de l’ Anomalie”
https://aoc.media/opinion/2021/12/28/metaphysique-de-lanomalie-2/

Les paradoxes de l’identité personnelle sont en général liés à des paradoxes de la dimension temporelle. Rien d’étonnant à cela : Le temps étant la dimension suivant laquelle je peux conserver toute mon “identité personnelle numérique”, tout en devenant éventuellement très différent au cours du temps de ce que j’ étais, “conceptuellement” ( en termes de caractéristiques d’ “essence” conceptuelle ou comme on dit en logique de la “compréhension” du concept ).

Lorsque je parle d’ “identité personnelle“( à savoir en particulier “mon identité personnelle” ) , je distingue bien sûr cette question de l'”identité personnelle” ( liée à l’Idéal de la “Personne Libre et Égale” et qui pose d’abord une question “de jure” ) de celle de l’ “identité individuelle“, qui est d’abord une question concernant la réalité “de facto” de l’existence physique des “individus”, comme systèmes biologiques “corporels” complexes en relation complexe avec leur “environnement” lui même organisé de façon complexe, et susceptible d’études “pluri-, inter- et trans- disciplinaires quant à l’organisation dynamique complexe des relations entre “individuation” et “organisation sociale” dans l’ espèce “homo sapiens” ou le “genre homo” dans son évolution biologique rétroagissant notamment par ses productions “culturelles” sur l’ensemble des “écosystèmes” qui ont rendu possible son émergence.

Mais cette distinction des notions de “personne” et d’ “individu” ne tire sa valeur propre que de la décision même, prise en tant que “personne”, et plus précisément “en première personne” ( par “moi-même” en disant “JE”) , se posant elle-même comme “Libre et Égale”, d’effectuer une telle distinction entre l’Idéal d’ “autonomie personnelle” et notamment d’ “autonomie de la volonté” ( “de jure” ) et la réalité physique complexe où la “personne” se reconnait aussi, de facto, comme “individu” ( même reconnu ensuite en en “troisième personne” ), au sens à la fois du membre d’une “espèce biologique”, et d’ “appartenances”, sociologiques, économiques, culturelles, etc. multiples à des “organisations” supra-individuelles, ayant leur propre niveau de fonctionnement complexe.

L’articulation entre “personne” et “individu” se faisant dans les deux sens :

1. Je pose comme préalable que toute capacité “personnelle” effective, en acte, suppose une organisation physique effective, de soubassement d’abord “biologique” (postulat de type “réalisme scientifique” ) : ensemble des dynamiques bio-physiques qui constituent le cadre de l'”évolution du vivant” pour donner lieu à une organisation dynamique corporelle et notamment cérébrale capable de se représenter elle-même dans une position “singulière” au sein de tout le système de “représentations” ( conscientes et inconscientes ) que le cerveau vivant ( et ici même mon cerveau vivant ) peut élaborer au sujet de son corps propre et de l’environnement-monde où il existe comme “vivant”.

Il n’est donc nullement nécessaire, dans la perspective que je propose, de supposer un quelconque “dualisme” à l’intérieur du “réel de facto” , qui opposerait, à la manière cartésienne une “substance pensante” à une “substance étendue”, ni même à la manière kantienne une réalité “nouménale” inaccessible à notre connaissance et une réalité “phénoménale” qui serait seule accessible à la connaissance.

La position que je choisis de prendre est donc de type “monisme matérialisme émergentiste” : toute forme d’existence réelle, dont ma propre existence individuelle et personnelle consciente d’elle-même , suppose une organisation matérielle certes extrêmement complexe, mais non pas d’une complexité “infinie”, mais bien hiérarchiquement déterminable en termes d’ “échelles” d’intégration, depuis les structures physiques “élémentaires” ( décrites par les théories de la physique, notamment quantique ) jusqu’à l’organisation biologique corps-cerveau, dont le tissu d’interactions avec son environnement lui aussi physique, produit de facto ce que j’appelle “ma conscience de moi-même”.
Les progrès de nos connaissances scientifiques sur une telle “matière organisée” aux différents niveaux de complexité, finiront par permettre aux êtres organisés conscients que nous sommes, à se donner des représentations et modélisations suffisamment efficientes et précises de cette complexité, que de nombreux effets de “rétroaction” en particulier redescendants dans les niveaux d’échelle, nous donneront des moyens d’interaction actuellement encore totalement “inouïs”, puisque non encore “émergés” de formes d’organisation complexes encore inexistantes et n’ayant peut être encore jamais existé dans l’univers depuis le “big bang” …


2. La distinction “personne / individu ” est donc elle-même avant tout liée à la distinction “de jure” / “de facto” , elle même instituée – dans sa valeur projective – par un “de jure” auto-proclamé par la personne qui s’ “autorise” elle-même ( et dont d’une certaine façon, le “sapere aude” des “Lumières” kantiennes, mais aussi bien d’autres prises de pouvoir philosophique auto-référentes ont déjà pu se réclamer dans l’histoire … ).
Et, il se trouve, parce que “je” le veux ainsi, que je m’autorise en effet de l'”autonomie personnelle” radicale de ma propre volonté.

Et bien sûr, rien ne garantit “a priori“, ni dans aucun “de facto“, que l’ Idéal d’ “Égale Liberté Libre Égalité” puisse se généraliser suffisamment dans des “incarnations” physiques organisationnelles réelles, pour passer de façon beaucoup plus convaincante et efficace de l’énoncé de l’ Idéal à une “réalisation effective” .
La seule “garantie” qui peut valoir au yeux de la “personne libre et égale” est alors celle de l’autonomie de la volonté propre de cette personne à mettre cet Idéal en œuvre dans la mesure de ses propres possibles “individuels” sur lesquels elle pense avoir suffisamment à la fois de prise corporelle ( tant que “je” en personne “commande” à mon “corps propre” les actes compatibles avec un tel idéal “personnel” propre ).

Car c’est précisément en ce lieu de l’autonomie de sa propre volonté, qu’elle PEUT, si elle le VEUT, décider de définir ce qui VAUT pour elle-même et jusqu’à quel point, cette VALEUR, posée au minimum comme Idéal, “doit” au minimum pour cette personne elle-même, se traduire en “réalité”.

Remarque : il est facile de comprendre que toute personne qui “pense” et “réfléchit” à ses propres “valeurs idéales” a au minimum la volonté d’y réfléchir, ou du moins de CONTINUER ou de REPRENDRE une telle “réflexion” si d’aventure une telle “première réflexion” lui était venue entièrement du “dehors” ou avait soudain surgi de façon inconsciente et/ou aléatoire des “profondeurs de son inconscient” pour se “révéler” dans sa propre conscience.

Nous sommes donc capables de construire une “représentation”, notamment langagière, d’un tel Idéal, et donc de l’inscrire, d’une certaine façon, dans notre propre mémoire biologique “cérébrale”, et diversement stabilisable par les supports d’information extérieurs, culturels et techniques dont nous nous servons pour réussir à rétroagir sur notre propre mémoire cérébrale éventuellement défaillante, dans différentes “boucles” de “réafférence”

Et ceci, bien sûr, du simple fait, – que certains peuvent choisir de ne pas reconnaître – …, que toute pensée effective suppose, “en réalité”, une organisation physique capable d’effectuer une telle “pensée”.
( Notamment ce que nous appelons notre “cerveau” … )

Autrement dit, il y a un postulat que je formule, et qui est aujourd’hui de plus en plus commun à de nombreuses personnes, qui est que leur propre pensée consciente n’est réellement possible que grâce à une organisation matérielle complexe, ( notamment cérébrale ) , dont certes nous n’avons encore qu’une connaissance scientifique largement incomplète, mais dont il serait aujourd’hui, à mes yeux et aux yeux de ces personnes, parfaitement incongru de nier la “naturalité biologique”, vu les connaissances scientifiques accumulées, dans la biologie en général et dans les “neurosciences” humaines en particulier.

Un tel postulat d’émergence de la conscience en général et de la “conscience de soi” en particulier, par des dynamiques auto-organisationnelles du réel physique “naturel” n’a bien sûr plus rien à voir avec les dualismes substantiels du “corps” et de l'”esprit” , dont les exemples philosophiques sont bien connus, à la fois hérités des anciennes conceptions “animistes” religieuses ( l’ “âme et le corps” par exemple des monothéismes, ou du platonisme grec ), et de la “solution cartésienne moderne”, d’un “cogito” supposé purement transparent à lui-même comme “substance pensante”, mais aussi du dualisme kantien entre une structure “transcendantale” du sujet, et la réalité empirique “phénoménale” qu’elle est censée “construire”.

Si donc bien évidemment, l’ Idéal n’est pas le Réel, comme “la carte n’est pas le territoire”, il n empêche que toute “carte” est aussi une portion d’un territoire, et qu’elle a besoin pour être interprétée comme “carte d’un territoire” d’un “interprétant” lui-même réel et d’une certaine façon ancré dans le territoire dont il utilise la carte. Ainsi l’organisation de nos “cartes neuronales” est à la fois formellement “auto-organisée” ( en termes de “traitement récursif de l’information”), mais aussi très fortement entrelacée avec les dynamiques auto-organisationnelles physiques, chimiques et biologiques du “support” neuro-cérébral qui “implémente” l’auto-organisation proprement “formelle” du “traitement de l’information et du signal”. Précisément parce que le tout est “auto-organisé” et non pas construit par un super-ingénieur qui chercherait à “fabriquer” une telle “conscience artificielle” en imposant ses propres “plans” de l’extérieur.

Notre position “matérialiste émergentiste” s’apparente ici à celle de Francisco Varela et de la notion de l’ “énaction“, où la polarisation habituelle du “sujet” et de l’ “objet”, est une résultante dynamique de la complexité des interactions dans certaines circonstances de la conservation rétroactive de ces systèmes d’interactions.

Notes :

On peut aussi rapprocher ma position de celle de John Searle :
Comme lui je pense que la traditionnelle “distinction du corps et de l’ esprit” est un faux-problème …

De même les questions traditionnellement posées concernant le “problème difficile de la conscience” ( Chalmers ) me semblent mal posées, en ce sens qu’elles cherchent à résoudre des difficultés qui résultent précisément de la distinction artificielle préalable de la “réalité objective extérieure” et de la “conscience intérieure subjective” . ( On tombe alors sur les questions typiquement cartésiennes d’une “articulation” entre “substances” distinctes ).


Voir aussi la problématique traditionnellement discutée à partir de Locke :
Le prince et le savetier
Mission impensable

Voir l’article


Liens concernant l’ Intelligence Artificielle et les neurosciences

CERVEAU ET CONSCIENCE :

Remarque : La “loi morale nouvelle”, dont il est question dans ce site, suppose, comme dans la plupart des philosophies morales modernes, que le “sujet moral”, l’ être qui se pose des questions “morales”, et analyse les situations vécues où il se trouve “impliqué” ou “concerné” en termes de “problème moral, éthique, juridique ou politique” , soit “conscient” des questions et des “réponses” potentielles qu’il cherche à poser. Il faut qu’il en ait une “représentation consciente”. Il n’ y a traditionnellement de “responsabilité morale” ou “responsabilité juridique” possible que pour une personne au moins consciente de ses actes, si ce n’est avec cette caractéristique supplémentaire que ces actes soient “volontaires” ou “intentionnels”.
Dans notre philosophie générale, une conscience quelconque n’est possible que s’il existe une organisation physique suffisamment complexe pour donner lieu à l’ émergence” d’une conscience en général (“consciousness” en anglais, “Bewusstsein ” en allemand) , dont la question d’une conscience morale ( “moral consciousness” ou “moral conscience”, “Gewissen” en allemand ) , n’est qu’une particularisation certes singulière, mais dont on suppose que la conscience psychologique est un fondement nécessaire.

Une telle “prise de conscience” en général ( au sens neuro-psychologique ) suppose au moins dans le cas des êtres humains actuels, l’existence d’un cerveau hautement différencié et organisé.

Une activité moralement “libre” suppose donc la capacité d’un tel organisme à se donner des représentations mentales de sa propre “liberté”, des situations dans lesquelles sa liberté et celle des autres peuvent être mises en question, être confrontées les unes aux autres, chercher à résoudre de tels conflits des libertés, etc.

D’où l’ importance de comprendre scientifiquement les conditions d’organisation complexe ( avec des niveaux d’organisation à de nombreuses échelles ) de telles “prises de conscience” individualisées en général.

Émission ARTE : La fabrique du cerveau

Émission ARTE : Les pouvoirs du cerveau – Déchiffrer la conscience

Cerveau : à la recherche des réseaux de la conscience :

https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/cerveau-cerveau-recherche-reseaux-conscience-65121/

ELLE, Loi Morale Nouvelle et Loi Morale Kantienne

Il existe une indiscutable parenté entre les conceptions kantiennes de la “moralité pure” et certains aspects “universalisables” de notre propre proposition de “Loi Morale Nouvelle”. Mais il y a aussi une différence radicale qui, d’une certaine façon, peut apparaître comme une “radicalisation” de la notion d’ “autonomie” de la personne, que la philosophie pratique kantienne a bien sûr fortement contribué à mettre en place, mais qui, à cause en partie des contraintes culturelles propres à son époque, mais aussi d’une confusion à l’intérieur du système de la “raison critique” kantienne, n’a pas permis à la philosophie kantienne d’aller au bout de son intuition pourtant déjà très élaborée de l’autonomie de la volonté d’une “personne”.

Un des points caractéristiques de divergence est également très clairement visible dans le fait que la “Loi Morale Nouvelle” dont nous parlons, tout en visant un horizon d’universalisation future très proche de l’idée kantienne du “royaume des fins”, n’a besoin d’aucun “postulat de la raison pratique” du genre “immortalité de l’ âme”, ni d’ existence d’un “Dieu moral”, pour assurer non seulement sa propre valeur morale, mais même sa réalisabilité progressive dans un avenir indéfiniment ouvert. Car cette ouverture est précisément “postulée” directement par la volonté autonome elle-même des “personnes souveraines, libres et égales” : sa valeur est définie de façon autonome ( ce qui est déjà le cas chez Kant, mais avec un principe d’universalisation malheureusement calqué sur l’universalité des “lois de la nature”  …  ),.
Mais nous disposons désormais aussi d’une toute autre possibilité d’action effective sur le réel universel, progressivement décrit par les disciplines scientifiques comme indéfiniment “rétro-contrôlable” par les moyens de la technique liée à ces développements scientifiques.

La conformité future des phénomènes réels à nos propres exigences morales autonomes dépend de plus en plus précisément de nos propres décisions autonomes, et non plus d’une supposée “raison divine” qui aurait accès à la “réalité en soi” alors que les êtres humains n’auraient accès qu’à une réalité “phénoménale” à jamais limitée par une “constitution transcendantale” … Établie par QUI ? Par la “raison divine” ou par la “raison kantienne” ? ou par une “structure anthropologique originaire” … elle-même constituée par un “malin génie philosophique” … ?

La distinction kantienne radicale entre “chose en soi” inaccessible et “phénomènes” seuls connaissables à travers une grille de “subjectivité transcendantale” n’est plus aussi pertinente qu’à l’époque kantienne, car nous avons de plus en plus de bonnes raisons théoriques de penser toutes nos capacités d’organisation “subjective”  de notre expérience, non plus en termes de “constitution transcendantale“, ni même de constitution “phénoménologiquement originaire“, mais bien dans le “réseau” totalement “immanent” de la “réalité” à la fois empirique et théorique où notre “pensée-conscience-cerveau” à la fois se prend comme “objet” de science et analyse sa propre capacité “subjective” à “constituer” de tels “objets”.

Tout “sujet” personnel actuel est ainsi aussi ( s’il veut se donner une telle représentation de lui-même … )  un sujet-objet et un objet-sujet dont la boucle auto-référentielle est simultanément suffisamment “fermée” pour pouvoir auto-produire sa propre “VALEUR” et suffisamment “ouverte” pour explorer de plus en plus efficacement l’espace des possibles physiques organisationnels de l’univers, qui permettent à une telle conscience personnelle de survivre un certain temps actuellement, tout en gardant ouverte une capacité créatrice de projection scientifico-technique dans le futur où sa propre “identité personnelle” peut être pensée comme suffisamment “reproductible” pour se “retrouver elle-même”, non pas dans telle ou telle incarnation ou configuration particulière de son passé, ( ce qui est très secondaire ), mais bien dans sa capacité organisationnelle d’autonomie personnelle consciente compatible avec l’égale autonomie personnelle consciente d’innombrables autres “entités organisées” dans l’ univers.

C’est bien une “idée” qui commence aujourd’hui à se répandre dans certaines conceptions dites “transhumanistes“, et dont il s’agit, pour ma part, de tester la compatibilité logique avec l’idéal d’une “Égale Liberté” de toute personne à pouvoir bénéficier, en y participant activement, des possibilités nouvelles ainsi ouvertes au niveau scientifico-technique …

Il n’ y a donc aucun “postulat de la raison pratique” nécessaire en-dehors de cette raison auto-référentielle : c’est désormais à ELLE-MEME d’assurer sa propre “immortalité” et sa propre capacité de plus en plus “divine” ( mais immanente ) d’assurer rétroactivement tous les contrôles rétroactifs conscients sur une réalité dont elle tire effectivement inconsciemment son “origine”. (Origine dans l’évolution de l’univers et du vivant et dans l’évolution des systèmes sociaux et culturels humains … dont nous étudions et formalisons après coup les “lois de la nature” , les “lois sociologiques, économiques”, etc. ). Mais  cette prise de conscience elle-même ( individuelle et collective ) crée désormais un tout nouvel “ordre du réel organisé” autoréférentiel et récursivement piloté par ces processus de “prise de conscience” mêmes, qui en retour en “augmentent” les capacités.

La corrélation entre la “moralité” ( se rendre digne du bonheur ) et le contrôle des conditions du réel qui doivent de plus en plus incarner un tel “souverain bien“, nous incombe donc désormais, du moins à toutes les personnes qui  veulent ainsi librement constituer leur propre souveraineté collective en se reconnaissant mutuellement comme “personnes souveraines sur elles-mêmes, libres et égales entre elles” …  et avec toute autre organisation matérielle de l’univers capable d’une telle prise de conscience individuée et prenant librement cette même décision de reconnaissance mutuelle.

Il est facile de comprendre comment une telle autonomie, tout en s’appuyant sur certains aspects déjà présents dans l’autonomie morale kantienne, en radicalise désormais le principe d’universalisation POSSIBLE, mais non pas dans un “impératif catégorique universel et nécessaire”, puisque désormais directement auto-fondé dans la liberté même ( comme “Égale Liberté” ) de toute personne qui choisit d’y participer ( … ou pas ) . L’ universalisation possible ne s’étend donc qu’aussi loin que la liberté de chaque personne veut en décider pour elle-même.

NouS” sommes désormais notre propre “recours” d’assurance future d’un “souverain bien possible”, pour autant et seulement pour autant que nous choisissons librement de participer à sa “constitution formelle” et à sa “construction réelle”, parce que c’est à ce prix que “NouS” devenons pleinement responsables de notre propre liberté autodéterminée, “en même temps” personnelle et collective ( … pour les personnes qui font ce choix … ).

Les “autres” … se débrouillent comme avant depuis toujours, avec leurs propres conceptions de la liberté, s’ils ne veulent pas d’une telle “Égale Liberté Libre Égalité” et avec la multitude des conflits insolubles que leurs divergences entraînent et entraîneront de plus en plus …

“Kant à Vous” …. comme toujours ici, c’est “Vous qui Voyez …”