Cet article trouve son occasion immédiate dans un article paru dans Philo Magazine :
Télécharger son esprit pour devenir immortel, un vieux rêve qui risque de se réaliser ?
https://www.philomag.com/articles/telecharger-son-esprit-pour-devenir-immortel-un-vieux-reve-qui-risque-de-se-realiser?
La problématique ici évoquée est pour moi une problématique très ancienne, qui date de mes années d’études supérieures et de vie étudiante à Strasbourg,
et notamment de mes réflexions d’alors en rapport avec les « évènements de 68 », l’année de mes 20 ans .
Si la problématique « Mort, immortalité , résurrection » était alors une thématique personnelle, elle entrait en résonance avec mes réflexions « politiques » sur la capacité générale d’une « Révolution » et notamment d’une « transformation du monde » dans la perspective « marxiste » à constituer une perspective effective de « résolution » des conflits et des inégalités entre les êtres humains.
Depuis quelques années déjà, dans mes dernières années de lycéen au « lycée de garçons » de Haguenau, j’avais définitivement tourné le dos à toute croyance de type religieux. Et je savais que désormais je devais assumer mon choix d’une position radicalement « athée », et la décision qu’en matière de « vérité », il n’y avait que la démarche scientifique qui pouvait apporter quelques « réponses » stables concernant la structure fondamentale du « réel », alors que toute réflexion de type « philosophique » ne pouvait qu’élaborer un libre questionnement critique de l’ensemble des supposés « savoirs », mais en acceptant par là même de ne pas pouvoir produire de « vérité alternative » à celles construites par les démarches scientifiques.
Sur ce fond de décision « épistémologique » ( Le « Que puis-je connaître ? » kantien ) , la question se posait cependant de la « transformation possible » du réel, et du choix de mes orientations « normatives éthico-politiques » ( la question kantienne « Que dois-je faire ? » ) , tout en laissant largement ouverte, par définition même de la liberté de pensée que je me donnais alors déjà, la question kantienne « Que m’est-il permis d’espérer ? »
La question s’est donc posée naturellement, de savoir si dans la version « révolutionnaire » matérialiste de « transformation du monde », et notamment des divers avatars du marxisme de ces « années 68 », il n’y avait pas des limites à l’action éthico-politique provenant du « réel lui-même », et qui rendaient ce projet « révolutionnaire » a priori caduque.
J’en étais venu rapidement à la conclusion que l’obstacle fondamental à la transformation des rapports éthico-politiques entre les êtres humains était en fait la « condition mortelle » des êtres humains, sur laquelle même les plus audacieux « révolutionnaires » ne prétendaient pas avoir de prise.
J’ai donc dès cette époque pris la décision « philosophique » que cette condition humaine mortelle n’était pas nécessairement le dernier mot de l’histoire , et qu’il était tout aussi « rationnel » de décider que désormais le projet général de « transformer le monde » comprenait comme objectif intermédiaire celui de transformer cette condition mortelle. Mais comme il était déjà hors de question de reprendre une quelconque référence religieuse, ou de prendre n’importe quelle « vessie imaginaire » pour une lanterne, c’est donc bien en m’appuyant sur la puissance inhérente du progrès scientifico-technique qu’un tel objectif de « mort à la mort » pouvait se traduire.
Remarque : en un certain sens un tel projet est bien évidemment philosophiquement déjà très ancien, et peut notamment se trouver dans le projet cartésien de « rendre l’homme comme maître et possesseur de la nature«
J’ai appris quelques années plus tard, lorsque j’ai pu avoir accès par mes premières liaisons « internet » ( avant le « World Wide Web » ) , qu’il existait un courant de pensée sérieux qui correspondait à cet objectif de transformation de la condition mortelle humaine, à savoir ce qui est aujourd’hui bien connu, mais souvent dénigré en France, sous le terme de « transhumanisme ».
J’étais donc à l’époque déjà – dans les années 68 -, en quelque sorte « transhumaniste » sans le savoir …
Dans ma symbolique expressive de l’époque, j’avais créé pour désigner cet objectif scientifico-technique l’expression « Objectif Résurrection », donc en acronyme « OR » .