Quelles frontières ?

Un ouvrage récent, cité sur Philomag, pose la question de la nécessité plus ou moins importante d’avoir des “frontières” économiques, sociales, politiques, etc.

“Frontières, une illusion ?”,


de Dominique Bourg, Astrid von Busekist et Michel Foucher

Si la mondialisation permet la libre circulation des marchandises, pourquoi cette libre circulation ne s’applique‐t‐elle pas aussi aux individus ? Comment accorder la démocratie avec la préservation raisonnée des frontières ?
Dans cet essai que Philosophie magazine Éditeur a la joie de publier, une spécialiste de théorie politique, un géographe et un philosophe examinent les nombreuses problématiques liées aux frontières – leur nécessité, leurs propres limites et les crises auxquelles elles renvoient… Et les trois s’accordent sur l’importance des États face aux risques du chaos.

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La question des frontières est bien sûr fondamentalement à interroger aussi de notre propre point de vue où nous cherchons à définir comment en toute “Libre Égalité“, chaque personne peut choisir de participer ou non au “P.E.U.P.L.E” ( “Projet Éternel Universalisable des Personnes Libres et Égales” ), puisque nous proposons précisément que chacune de ces personnes, si elle choisit d’Y participer – dans une certaine mesure qui ne dépend que de sa propre liberté – est en même temps, à son niveau – là où elle se situe elle-même sur la “frontière” du “DEDANS” et du “DEHORS” de ce “P.E.U.P.L.E.” -, gestionnaire du passage de la frontière, en sachant bien, puisque c’est au moins partiellement son propre libre choix, que le “DEDANS” est défini par l’adhésion à la proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité”, et qu’il existe donc, potentiellement une zone ou “noyau” central, où une telle adhésion est “pleine et entière”, pour les personnes qui – en toute “Libre Égalité” accepteraient la stricte “Égale Liberté” des autres personnes qui font ce même libre choix.

Par conséquent, si elle a toute latitude de se situer elle-même dans tout l ‘éventail du “DEDANS” au “DEHORS” et participe activement à la structure de cette “frontière fractale” à son propre “point de passage” personnel ( et de “pas sage” ), elle sait aussi, par définition de cette adhésion possible, que TOUTE supposée “exception” ou “passe droit” qu’elle s’accorde à elle-même, entraîne par définition qu’elle accorde le même passe droit d’ “Égale Liberté” à toute personne de son “voisinage”.

En effet, par définition, la “Liberté” propre proposée par l’adhésion à la proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” est celle d’une “Égale Liberté” :
plus une personne veut pouvoir bénéficier de ce nouveau statut de “personne libre et égale, souveraine sur elle-même“, plus elle se doit – librement – de reconnaître elle-même cette même “Égale Liberté” à toute autre “personne” … pour autant que cette autre personne lui reconnaisse symétriquement aussi ce même statut.

Autrement dit : la force de ce “lien” ou de ce “contrat”, tout en pouvant être quantitativement de tout degré intermédiaire imaginable entre “DEDANS” et “DEHORS”, est – par définition – , localement symétrique, c’est à dire “égalitaire entre les deux personnes qu’il relie : chacune des deux personnes sait, en Y adhérent, qu’au niveau de ce “nouveau contrat social” il ne peut exister aucune “domination”, aucune “inégalité de statut” entre elle-même et chacune des personnes avec lesquelles elle choisit de se lier ainsi, puisque toute variation d’intensité de ce lien entre elle-même et d’autres personnes est par définition symétriquement répercuté.
Si elle choisit par exemple de réduire unilatéralement l’intensité de ce lien à “zéro” , en ne se considérant plus “liée” à telle ou telle autre personne, par la volonté commune de leur “Égale Liberté”, alors elle “libère” simultanément, symétriquement, cette autre personne de toute obligation contractuelle d’ “Égale Liberté” envers elle-même.

Mais inversément, aucune personne ne peut décider unilatéralement d’ augmenter son lien contractuel d’ “Égale Liberté” avec une autre personne, sans que celle-ci n’Y ait explicitement donné son “consentement“, car dans ce cas la première ne respecterait pas la “Libre Égalité” de la deuxième.

Par définition le contrat d’ “Égale Liberté Libre Égalité”, suppose le LIBRE CONSENTEMENT des deux “contractants”( leur “Libre Égalité” ).

Si Vous ne voulez pas participer, si PEU que ce soit, à une telle “Égale Liberté”, en reconnaissant à d’autres personnes cette même “Égale Liberté” dont Vous voudriez pouvoir “bénéficier”, alors c’est que Vous choisissez de ne pas faire partie de ce nouveau “P.E.U.P.L.E.”, qui mènera donc son Projet sans Vous

Car bien entendu, “c’est Vous qui Voyez” …

La “normativité originaire” n’existe, comme “Dieu”, que pour ceux qui y croient.

La “normativité originaire” est une expression employée dans plusieurs de ses ouvrages par François Galichet, mais qu’il cherche à défendre particulièrement dans son dernier texte, pas encore publié, mis en ligne sur son site https://philogalichet.fr, téléchargeable sous le titre : “La question pascalienne : pourquoi suis-je ici plutôt que là ?”

Or, je ne partage pas sa croyance en l’existence d’une telle “normativité originaire”, car je n’en ai aucun besoin,

La présence du texte de François Galichet peut en revanche me permettre de préciser publiquement ma propre pensée, mais bien sûr en ne prétendant d’aucune façon que mes propres propositions, y compris les plus centrales, constituent une quelconque “prétention universalisante” et encore moins une “normativité originaire” qui serait en concurrence avec la sienne.

Le propre même de ma proposition “morale” centrale, énoncée dans l’ expression “Égale Liberté Libre Égalité“, est précisément qu’elle ne vaut que par et pour les personnes qui en adoptent LIBREMENT la valeur, pour elles-mêmes, conformément à leur propre libre décision, et non à une “prétention universalisante” suivant laquelle il me serait impossible de comprendre qu’elles ne l’adoptent pas !
Dans la partie “Libre Égalité” , ce qui est précisément proposé, c’est que la liberté de chaque personne PUISSE choisir d’Y adhérer, ou pas.

Ce qui est très loin de la façon dont François Galichet pense sa propre “normativité originaire”, comme s’il ne pouvait ( … lui François Galichet ), concevoir que d’autres n’en acceptent pas ni l’ existence, ni la “normativité” prétendue.

Là où je propose une simple POSSIBILITÉ et en effet aussi un POUVOIR qui irait avec cette possibilité, sous condition de la LIBRE adhésion d’un certain nombre de personnes à un tel idéal ( pensé comme “Égale Liberté” ), une “universalisation” possible n’est alors que potentielle, puisque précisément soumise au libre accord des personnes.

La seule “normativité” alors en jeu, est celle qui dérive directement, pour chaque personne “libre et égale”, de sa propre libre volonté de vouloir être une telle “libre volonté”. Si elle ne veut pas, par sa propre décision AUTONOME, être une telle “personne libre et égale“, c’est son problème et plus le mien, et je ne prétends avoir alors aucune “normativité originaire” à opposer à sa propre libre volonté, mais, si cette personne en venait, de fait, empiriquement, à vouloir m’imposer par la contrainte ses propres idées, je me donnerais directement le libre droit d’y opposer , sans plus de “justification” normative, une égale protection de ma propre sphère de libre décision, lui interdisant d’empiéter sur ma propre liberté auto-posée et donc auto-défendue si nécessaire.
( Il n’y a dans une telle conception de “défense symétrique” de ma liberté personnelle contre toute “domination” par une autre liberté rien d’original, et je suis même assez sûr qu’elle en comprendrait facilement la “logique”, si elle n’est pas obnubilée par une croyance intégriste

Quelle articulation de la libre institution de l’Égale Liberté Libre Égalité avec la réalité physique “spatiotemporelle” de l’organisation matérielle de l’univers ?

Cette question semble a première vue très proche de la problématique kantienne, où la Liberté , tout en ne faisant pas partie des “lois de la nature”, si par “nature” on entend l’ensemble des “phénomènes” au sens kantien, descriptibles en termes de “lois scientifiques”, est cependant supposée être une forme de “causalité” dont, d’après Kant, on ne pourrait jamais connaître le fonctionnement, puisqu’il est supposé appartenir au “monde intelligible” ou monde des “choses en soi” , mais dont nous ne pouvons pas avoir d’ expérience “objective” …
Chez Kant, la Liberté est postulée, en partant de la position préalable d’une “normativité” ou “Loi morale” universelle dont il prétend précisément avoir mis à jour la structure fondamentale sous la forme d’un “impératif catégorique” , qui inscrirait la mêmeforme générale d’une législation universelle” dans l’ordre du devoir moral, que la forme de la “législation” qui structure les “phénomènes” observables et la causalité dans l’ordre de la nature et des sciences, notamment de la physique ( … newtonienne ) supposée décrire adéquatement ces phénomènes.

Je rappelle qu’il n’y a rien de tel dans la proposition que je fais d’une “Loi Morale Nouvelle”, qui précisément ne peut devenir “Loi” que par la volonté radicalement Libre des “personnes” qui se définissent elles-mêmes comme “personnes libres et égales”. Si je peux faire une telle “proposition”, purement “personnelle” en effet, sans rien demander à personne d’ “autre”pour en proposer la “définition”, c’est précisément que le point de départ est “auto-posé” en toute “autonomie” par une telle liberté personnelle radicale.

C’est ensuite que chaque “autre personne” peut, si elle le veut elle-même librement, considérer une telle proposition comme étant tout aussi bien la sienne “propre”.
( Réciproquement, s’il se trouve que Vous fassiez par et pour Vous-mêmes initialement cette même proposition dans sa signification essentielle, sous une mise en forme textuelle ou de “représentation” verbale possiblement différente ou même dans un tout autre “langage” d’énonciation, à partir du moment où je m’apercevrais que c’est bien la “même proposition” que celle que je ferais moi-même, j’Y adhèrerais tout aussi librement que j’adhère à la mienne “propre”, puisque précisément cette proposition est pensée pour POUVOIR ( et non “devoir” à la manière kantienne ) être pensée et acceptée par toute “personne libre et égale” qui en initierait de la même façon l’énonciation. )

Cette différence entre “Loi Morale Nouvelle” supposant une “Libre Égalité” réciproque de l’ “Égale Liberté”, et la “Loi Morale Universelle” supposée par Kant, pose aussi alors différemment la question du rapport entre l’ordre de la normativité éthique et l’ordre de la “vérité” tel qu’il est constitué par la connaissance scientifique de l’Univers et de ses organisations dynamiques matérielles évolutives et complexes ( dont notre cerveau actuel d’ “homo sapiens” … ).

La “Liberté” n’Y est plus pensée obligatoirement sous la forme d’une “causalité” transcendantale appartenant au “monde intelligible en soi” , mais dont le fonctionnement serait inconnaissable au niveau les “phénomènes” auxquels un acte libre donne lieu :
Au contraire, il est alors possible de poser LIBREMENT, que nous pouvons, comme “personnes libres et égales”, décider d’observer scientifiquement et de modéliser théoriquement toutes les “phénoménalités” corrélatives à un acte dont nous avons LIBREMENT décidé qu’il était LIBRE, en particulier au niveau des régulations rétroactives qui se produisent à cette occasion dans nos “cerveaux conscients”, à différentes échelles physiques spatio-temporelles.
Et en particulier, les organisations matérielles des “états” fonctionnels du cerveau lorsque nous utilisons le mot “liberté” en liaison avec certaines situations, leur analyse consciente et les décisions que nous prenons en les qualifiant de “libres”, peuvent apporter des éléments de compréhension nouveaux sur la forme complexe de “récursivité” à l’œuvre dans une “action libre”.

Nous postulons en effet ( dans une forme de”matérialisme moniste”), que tout vécu subjectif conscient que cette conscience peut elle-même distinguer “en elle-même” , résulte d’une émergence qui possède nécessairement aussi d’autres façons possibles de se manifester à une observation externe, comme organisation matérielle interne à l’univers physique.
( Déjà aujourd’hui, les neurosciences sont capables de mettre en évidence assez finement les corrélations entre expériences subjectives “en première personne” relatées par les personnes, et les états des réseaux de neurones cérébraux qui s’ activent corrélativement. )
La distinction cartésienne “métaphysique” d’une “substance pensante” et d’une “substance étendue” me semble depuis longtemps une absurdité qui crée artificiellement de toutes pièces un problème ultérieur de leur “communication” ou de la “liaison de l’âme et du corps”dans une “glande pinéale” quelconque, ou pour d’autres par un miracle continu de la “volonté divine” de maintenir un tel parallélisme entre phénomènes cérébraux matériels et vécus subjectifs conscients …
Mais la distinction kantienne aussi “radicale” entre “phénomènes” et “noumènes” est pour moi tout aussi arbitrairement inutile, en prétendant instaurer des “impossibles à connaître” sans réelle preuve ( “scientifique” ) d’une telle impossibilité, mais uniquement des spéculations métaphysiques à ce sujet … La “structure transcendantale du sujet” que Kant prétend découvrir par “déduction transcendantale” … n’est que celle du philosophe Emmanuel Kant, alors qu’il aurait pu, conformément à sa propre critique de la métaphysique de ses prédécesseurs, entreprendre une “critique” bien plus “radicale” des “pouvoirs de la raison” lorsqu’elle spécule ainsi sur les rapports entre “phénomènes” et “chose en soi” …

Mais il aurait alors dû abandonner son projet de “fondement de la métaphysique” … y compris de sa “métaphysique des moeurs” !




Peine de mort et peine de vie

A l’occasion de la mort de Robert Badinter, divers articles paraissent concernant l’abolition de la peine de mort, et en particulier des arguments “pour” ou “contre” qui ont pu être avancés par des “philosophes” au cours de l’ histoire.

Exemple : l’article paru dans Philosophie Magazine :
Pour ou contre ? Ce que les philosophes pensent de la peine de mort

L’occasion pour moi de préciser quelle pourrait être la position à ce sujet d’une argumentation s’appuyant sur le Principe d’ Égale Liberté Libre Égalité.

La réponse est très claire :

Pour toutes les personnes qui se reconnaissent mutuellement librement une “Égale Liberté”, la décision de vivre ou de mourir ne peut résider que dans la volonté propre de la personne concernée.
Aucun collectif ni aucune autre personne donc ne peut décider à la place de la personne concernée si elle doit continuer à vivre ou mourir.
Toute “peine de mort” infligée à une “personne libre et égale” contre sa propre volonté est donc par définition étrangère à notre Principe d’ Égale Liberté Libre Égalité.
Remarque 1 : C’est aussi la même raison qui m’a conduit à participer à la création en 2009 de l’association “Ultime Liberté“, comme 3ème “membre fondateur”

Remarque 2 : les seules situations où une “personne libre et égale” pourrait légitimement provoquer la mort d’une autre personne sans le libre consentement de cette dernière, sont les situations traditionnellement qualifiées de “légitime défense“:

1. S’agissant de deux personnes se reconnaissant mutuellement une “Égale Liberté Libre Égalité, aucune d’elles, par définition, ne saurait vouloir la mort de l’autre contre la volonté de cette dernière.
Les situations de “légitime défense” imaginables ne peuvent dans ce cas provenir que du fait des contraintes du réel qui imposeraient que l’une d’elle doive mourir pour permettre la vie de l’autre. Bien sûr, dans le cas de deux “personnes libres et égales“, elles feraient librement tout leur possible pour supprimer ou du moins atténuer autant que possible une telle “contrainte du réel”, comme dans toute situation de “dilemme moral”.

Dans ce cas, soit elles arrivent d’un commun libre accord à décider laquelle des deux pourra survivre, après analyse des raisons communes imaginables de donner la préférence à la conservation de la vie de l’une plutôt qu’à l’autre.
Soit elles n’arrivent pas à un tel accord, et dans ce cas chacune dispose du même “droit de légitime défense” et se trouve donc contrainte, par un réel “naturel” spontanément injuste, à accepter la confrontation de pure violence aléatoire qui fait effraction tragiquement dans le contrat moral de l’ “Égale Liberté Libre Égalité”, et qui prouve par là même que l’Idéal de l’ Égale Liberté Libre Égalité n’est pas encore actuellement réellement atteint, et qu’il reste encore un long chemin de maîtrise du “réel” à faire pour imposer à un réel encore potentiellement tragique, la possibilité effective d’inscrire le “Projet Éternel Universel des Personnes Libres et Égales” ( “P.E.U.P.L.E.” ) dans une organisation physique de la matière suffisamment auto-stabilisée au sein du reste de l’Univers physique pour être capable de compenser “rationnellement” toutes ces brèches du “réel tragique”.

2. S’il s’agit de personnes qui ne se reconnaissent pas mutuellement librement comme “personnes libres et égales”, mais qui choisissent, dans le cadre de leur “liberté naturelle” ( tout ce qu’elles “peuvent” faire physiquement ), d’utiliser entre elles toutes sortes d’autres relations de domination ou de contraintes, le Principe d’ Égale Liberté Libre Égalité est, par définition, sans prise normative sur ces personnes, et, s’agissant de la “peine de mort” notamment, c’est à ces personnes ou aux entités collectives qu’elles prétendent défendre de savoir si, à l’intérieur de leur propre tissu relationnel extérieur à notre propre Projet, elles choisissent ou non de pouvoir s’infliger une telle “peine de mort”…

Si de telles personnes ou leurs collectifs divers et variés, prétendent en revanche “NouS” imposer leur propre “peine de mort” , alors “NouS” serions en situation de “légitime défense” à nos propres yeux, et chaque personne libre et égale, faisant ainsi librement partie de notre “P.E.U.P.L.E.”, aurait toute légitimité à se défendre elle-même contre une telle “peine de mort” imposée de l’extérieur par une force totalement opposée à notre Projet d’Égale Liberté Libre Égalité.

Points de vue sur la liberté

Je pars ici d’un point de vue particulier voire singulier de ma “philosophie personnelle” sur la “liberté” , à partir duquel je prétends qu’il est POSSIBLE, mais non pas “nécessaire” ( contrairement à la loi morale kantienne ), de penser que ce point de vue ( formulé notamment comme “Égale Liberté Libre Égalité” ) PEUT être partagé avec un grand nombre d’autres “personnes”, non pas de façon “inconditionnelle” ( comme dans la loi morale kantienne ), mais simplement sous la condition de leur propre libre adhésion à ce point de vue.

C’est à dire que ce point de vue, tout en étant “radicalement” le “mien”, peut aussi parfaitement être le leur, si et seulement si elles formulent elles-mêmes ce même libre point de vue pour elles-mêmes, et donc qu’elles pensent, comme moi, qu’un tel point de vue commun concernant “l’Égale Liberté”, est POSSIBLE.

Mais qu’elles acceptent aussi, comme moi, de limiter l’exigence morale propre à ce point de vue possible mais non nécessaire, simplement à toutes les personnes qui font un tel libre choix, personnes que je propose d’ appeler “personnes libres et égales, souveraines sur elles-mêmes” , ou encore, en reprenant un pronom personnel de la “première personne du pluriel”, comme “sujet collectif” : “NouS” .

Ou encore en l’objectivant davantage dans une “projectivité” ou une “intentionnalité” ouverte sur tout avenir possible :
le “P.E.U.P.L.E.” ( le “Projet Éternel Universel des Personnes Libres et Égales” )

Car ce “P.E.U.” ( “presque rien” ) PEUT beaucoup … pour autant qu’il soit repris et recréé par toute personne ou “esprit libre” ou “être raisonnable” qui choisit d’en faire sa propre libre finalité.


Il ne s’agit bien sûr pas d’une quelconque “toute-puissance divine”, mais seulement d’une libre décision personnelle qui prend librement toute la mesure de sa propre liberté, c’est à dire celle d’une “Égale Liberté”, également reconnue et attribuée à toute entité consciente qui réciproquement s’engage dans la même reconnaissance personnelle, non seulement à “mon” égard – comme co-auteur de cette “loi morale nouvelle”, mais en principe à l’égard de toute autre “personne libre et égale, souveraine sur elle-même” qui pose elle-même ainsi sa propre radicale “Égale Liberté”.

A propos de la morale kantienne

Antoine Grandjean : “Le principe de base du kantisme, c’est : ne jugez pas moralement, si ce n’est vous-même”

Antoine Grandjean : “Il n’y a pas de morale kantienne”

Dans la conclusion de ce texte, Antoine Grandjean déclare :
L’absence de contenu déterminé de l’universalisme kantien (son “formalisme”) a par ailleurs un avantage : il ne s’oppose pas aux particularismes et aux situations singulières, comme on a tendance à le faire aujourd’hui. Il n’est simplement pas dépendant de telle ou telle compréhension du bien. Cet universalisme soutient que l’exigence morale revient à se donner des règles d’action dont on peut penser qu’elles sont universellement partageables. Charge à chaque individu, ensuite, de réfléchir dans une situation concrète pour déterminer si agir comme ceci ou comme cela serait universellement partageable ou non. Cet universalisme met cha­que individu devant ses responsabilités, en lui imposant de se poser un problème plutôt qu’en lui donnant des solutions ou des recettes. C’est un universalisme de l’invention de l’universel en situation.”

Exprimé ainsi, l’universalisme moral kantien pourra sembler très proche de ma propre proposition de “loi morale nouvelle” , et dans ce cas, la “loi morale nouvelle” ne serait en fait qu’une très pâle reproduction de la “loi morale kantienne” :

Traduit alors dans les termes de ma proposition d “Égale Liberté Libre Égalité“,
la partie “gauche” ( “Égale Liberté” ) serait l’expression de cette exigence de l’ “universalisation possible” , exigence qui ferait partie de la “raison pratique universelle” que Kant prétend tirer de son analyse de la morale commune.

Et de façon complémentaire, la partie “droite” de ma proposition ( “Libre Égalité” ), correspondrait à ce qu’exprime Antoine Grandjean en disant “Charge à chaque individu, ensuite, de réfléchir dans une situation concrète pour déterminer si agir comme ceci ou comme cela serait universellement partageable ou non.“.

Si la distinction de la formulation du principe moral d’universalisation possible, de son application singulière en situation par chaque conscience morale individuée, est en effet très similaire dans l’analyse kantienne et dans celle que je propose à travers la formulation “Égale Liberté Libre Égalité”, il n’ en reste pas moins que le statut philosophique de cette “universalisation possible” est très différent dans la proposition kantienne et dans celle que je propose ( à titre … individuel … universalisable seulement par et pour les “personnes” qui font personnellement le libre choix d’adhérer à “ma” proposition ( “Égale Liberté Libre Égalité” ) en considérant que c’est absolument également aussi la leur, en toute autonomie de leur propre volonté.

La “raison” philosophique principale de cette différence fondamentale entre l’ analyse kantienne et ma propre proposition est précisément liée au fait que Kant prétend aboutir à une “métaphysique des moeurs” , tout en se rendant compte, d’après son propre système métaphysique, que la “racine” de la liberté de la volonté se situerait dans la réalité en soi d’un “monde intelligible” … dont pourtant nous ne pouvons par ailleurs rien connaître .

Or, dans ma proposition, il n’y a rien de tel, aucune prétention à fonder ma liberté sur un quelconque au-delà métaphysique d’un “monde intelligible” qui existerait “en soi” hors des capacités de notre connaissance :

Certes, comme dans la philosophie kantienne, le principe d’autonomie de la volonté et de liberté que je pose, est une capacité à distinguer cette autonomie de toute détermination naturelle ou culturelle dont il est possible d’examiner le fonctionnement dans le cadre de disciplines scientifiques empiriques.

Mais cette liberté de la position du “sujet libre” par rapport à tous les “objets” de sa connaissance possible, en particulier de la connaissance scientifique, n’a besoin d’aucun autre “fondement” que cette liberté “elle-même” … pour et par les “personnes” qui se reconnaissent elles-mêmes dans une telle autonomie morale radicale, et qui donc, par leur propre libre décision personnelle ( “Libre Égalité” ), se reconnaissent mutuellement cette “Égale Liberté” radicale :
C’est précisément l’ “auto-détermination” circulaire de la volonté qui se veut “elle-même” comme volonté qui est à la fois la formulation la plus singulière, individuelle de chaque personne qui s’ “auto-détermine ” ainsi, ET le critère d'”universalisation possible” le plus radical de cette volonté et donc d’ “Égale Liberté” puisqu’à ce niveau de “radicalité”, il n’ y a plus d’autre raisons, pour chacune des personnes qui choisit librement d’Y adhérer, de distinguer sa propre volonté fondamentale d’ “autonomie personnelle”, de la volonté personnelle des autres “personnes libres et égales” qui précisément, par la définition même dans laquelle elles choisissent de se reconnaître mutuellement , font ce même libre choix de se reconnaître mutuellement cette même liberté morale radicale.
Les différences interpersonnelles peuvent alors librement se développer sous la condition commune de leur régulation par ce principe commun librement accepté par ces personnes, à savoir le double principe d’ “Égale Liberté Libre Égalité”.

Ce que décident d’autres personnes pour leurs propres rapports moraux, politiques, économiques, culturels, sociaux, entres “entre elles”, ne NouS regarde plus, pour autant que de façon empirique concrète, leur “monde” NouS” laisse librement construire le “nôtre”, entre “NouS”, sachant qu’à tout moment, la perméabilité ou les “filtrages” de la frontière entre ce “NouS” et son “dehors” est régulée par chaque personne là où elle est “située” par la réalité de sa vie actuelle : Chaque personne qui se veut librement participante du “NouS” de l’ “Égale Liberté Libre Egalité”, sait – puisqu’elle en a ainsi librement décidé elle-même – jusqu’où elle VEUT ( “autonomie de sa volonté” ) réellement participer à la réalisation d’un tel “règne des fins”, et sait donc qu’elle ne peut pas prétendre que les autres personnes librement engagées dans ce “nouveau contrat moral” doivent participer à une “réalisation concrète” – à leur manière – mais qu’elle-même s’en trouverait dispensé, puisque cela serait contraire à son propre libre engagement à être “parmi NouS” .

De même, toutes les personnes ( humaines ou autres ) qui choisissent librement de ne pas entrer dans un tel “nouveau contrat moral” d’ “Égale Liberté Libre Égalité”, ne peuvent pas, logiquement, venir se plaindre auprès de “NouS”, du fait qu’elles seraient “discriminées” et laissées “en-dehors” de ce “NouS”, puisque ce sont elles-mêmes qui, d’une façon ou d’une autre ne veulent pas s’engager moralement dans un tel nouveau contrat d'”Égale Liberté Libre Égalité”.

Qui n’est pas “parmi NouS”, d’après une telle définition :

Toute personne qui choisit par principe de ne pas considérer d’autres personnes comme aussi “Également Libre” qu’elle-même , ou comme aussi “Librement Égale” qu’elle veut pouvoir l’être elle-même, alors que celles-ci accepteraient réciproquement de la considérer comme telles, SI elle en acceptait librement l’ Égale Liberté.

( Suite du texte en chantier … )


Comme on le voit, il y a une proximité très grande de cette avec la conception kantienne : l’immoralité consiste toujours à se considérer soi-même comme une exception par rapport à la une “législation” que l’on veut pourtant que les “autres” suivent …

La différence fondamentale provient dans la façon dont la “loi morale” est pensée dans sa forme même, qui fait proprement sa “moralité” :

Chez Kant, l’analogie faite entre l'”universalisation possible” comme critère de la “moralité” et l’ “universalité” supposée des “lois de la nature”, dans une structure “a priori” d’une “Raison” universelle ( Celle-là même que la philosophie “critique” prétend mettre en évidence ), implique de fait ce qui sera pour moi une nouvelle “hétéronomie” : la “nature” , y compris dans la forme de ses lois, mises en évidence et formalisées par les sciences, ne saurait nous dicter ou nous “obliger” à quoi que ce soit.
Si donc ce que j’appelle “Liberté”, y compris comme “Égale Liberté”, peut d’une certaine façon être “formulé” dans une “Loi Morale Nouvelle“, la forme propre d’une telle “Loi de la Liberté”, n’est pas a priori comparable au type d’ universalité d’une “loi de la nature” . Ce que d’ailleurs j’exprime explicitement en exigeant simultanément, dans la formulation de cette “loi morale nouvelle” , la présence de la “Libre Égalité“, comme réciproque de l'”Égale Liberté“, c’est à dire la présence irréductible du “hors la loi” possible dans le réel “naturel” , qui ne peut être mis à distance que par la Liberté que chaque personne PEUT – et non pas DOIT – choisir de suivre … si elle veut que d’autres personnes en fassent de même. ( Un “impératif” donc purement conditionnel et non pas catégorique : “Si tu veux que d’autres personnes …, alors tu comprendras facilement qu’elles peuvent attendre de toi aussi que tu acceptes leur propre liberté comme tu voudrais qu’on accepte la tienne” . )

Kant à la fois distingue la “raison théorique” ( à l’œuvre dans la science ) et la “raison pratique” définissant l’ordre de la “moralité”, mais pourtant continue à prendre comme modèle de sa “métaphysique des mœurs” , l’universalité à laquelle serait parvenue la science newtonienne dans les “lois de la nature”.
Dans les deux cas la référence à une “forme universellement législative

C’est d’ailleurs très explicitement que Kant retraduit son “impératif catégorique” dans l’une de ses formulations par :
Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature

Mais que vient faire la “nature” , et donc les “lois universelles de la nature”, là où il ne devrait être question que d’une “loi de liberté” !
Certes Kant considère que ce n’est là qu’une forme d’analogie qui ne prescrit rien en elle-même : ” Cette comparaison de la maxime de ses actions avec une loi universelle de la nature n’est pas non plus le principe déterminant de sa volonté. Mais cette loi plus universelle est cependant TYPE pour juger la maxime d’après des principes moraux. Si la maxime de l’action n’est pas d’une nature telle, qu’elle soutienne l’épreuve de la forme d’une loi naturelle en général, elle est moralement impossible ….

Visiblement Kant considère que la “forme de la conformité à la loi en général “, est suffisamment la même, qu’il s’agisse des “lois de la nature” ou de la “loi morale” comme loi de liberté.
Or c’est précisément ce que , LIBREMENT, je conteste :
La question des “lois de la nature” ( ou plutôt : lois des sciences de la nature ) est totalement distincte de celle des “lois normatives” en tant qu’elles sont supposées, comme le propose Kant par ailleurs, être des lois de la LIBERTÉ.
Les “lois de la nature” , tout en étant en un sens construites dans les théories scientifiques, n’utilisent par définition jamais la “liberté” ( humaine ) comme “cause” dans leurs systèmes explicatifs.
Et Kant aussi fait déjà clairement la différence précisément entre l’ordre du “mécanisme de la nature” ( connaissable par les phénomènes observables de la nature ) et celui de la “causalité par liberté” qu’il attribue à notre existence simultanée dans le “monde intelligible” …
Comment peut-il alors penser que le premier puisse servir de modèle ( ou comme il dit de TYPE ) aux jugements concernant la moralité ?

Donc il m’est aussi permis de me servir de la nature du monde sensible comme type d’une nature intelligible, pourvu que je ne transporte pas à cette dernière les intuitions et ce qui en dépend, mais que je me borne à y rapporter simplement la forme de la conformité à la loi en général

Comment Kant peut-il comparer la “conformité” d’un phénomène naturel à des “lois de la nature” avec la “conformité” proposée à un être raisonnable libre par rapport à une “loi morale” identifiable à sa propre liberté universalisable ?
C’est bien parce que Kant met la notion de “Loi” en effet en premier par rapport à l’idée de “Liberté” … ( et que de fait, en arrière plan, reste toujours son imprégnation culturelle théologico-morale quoi qu’il en dise … et donc sa conception d’un “Dieu moral” auteur des deux types de “LOIS” … )

Ce dont bien évidemment mon athéisme personnel n’a aucun besoin …

ELLE et le débat entre Habermas et Apel à propos des relations entre morale, droit et démocratie

Comme souvent ici, je propose de commencer un article à partir d’un texte existant, notamment pour permettre au lecteur d’avoir une première approche du terrain problématique – notamment philosophique – où mes remarques personnelles peuvent se situer.

Pour le présent article, il s’agit d’un texte de Karl Otto Apel, où il analyse la différence de point de vue, à ses yeux, entre sa propre position et celle de Jürgen Habermas, alors que par ailleurs ils peuvent être considérés comme relativement proches dans leurs “éthiques de la discussion” respectives.

Ce texte, intitulé
La relation entre morale, droit et démocratie.
La philosophie du droit de Jürgen Habermas jugée du point de vue d’une pragmatique transcendantale Karl-Otto Apel

est accessible en ligne ici :
https://www.cairn.info/revue-les-etudes-philosophiques-2001-1-page-67.htm

Remarque préliminaire : Encore une fois, je fais remarquer que, bien qu’ils cherchent tous à argumenter en faveur de leurs positions respectives, ces philosophes ne parviennent pas en réalité, à travers toutes leurs propositions procédurales, à trouver un supposé “fondement commun”, dont le point de vue “universalisable” pourrait ensuite économiser à bien d’autres d’avoir sans cesse à effectuer eux-mêmes la même démarche de réflexion discursive … pour aboutir au même constat d’incapacité.

Je rappelle ici que j’ai moi-même tranché “définitivement” cette question, mais précisément uniquement “par et pour moi-même”, puisqu’il s’agit précisément de reconnaître librement que ces différences de “points de vue” philosophiques, relèvent purement et simplement de la liberté individuelle de chaque conscience philosophique, et que cette dernière méta-proposition ( de l’irréductibilité de la liberté de conscience notamment du penser “philosophique” ), est intrinsèquement considérée comme réflexive :
C’est l’exercice même de cette liberté de conscience ( ici la “mienne”, en “propre ” ), qui m’amène à auto-poser la valeur de ma propre liberté de conscience. Bien évidemment, cette “méta-proposition”, ne “vaut” alors que pour moi … et pour toute autre conscience personnelle qui prendrait elle-même par et pour elle-même, cette même libre décision personnelle.

Pour le reste, c’est à dire la façon dont les “autres”, – c’est à dire en l’occurrence VOUS, comme lecteur, auquel ma proposition s’adresse, comme j’ai coutume de le répéter , “C’est VOUS qui voyez” .

En conséquence, dans une lecture partagée que nous pouvons avoir du texte cité de Karl Otto Apel, mon propos ne sera pas d’essayer de vous convaincre dans une argumentation pour savoir si le point de vue d’ Apel est plus ou moins “valide” que celui de Jürgen Habermas, où de vous convaincre qu’il faudrait chercher un “au-delà” de leur dissensus, en prétendant faire mieux “philosophiquement” que les argumentations qu’ils ont eux-mêmes produites …
J’ ai depuis longtemps tranché, comme je l’ai dit, “l’œuf de Christophe Colomb” de ce genre de débats “philosophiques” :
Là où seule la liberté de pensée et de conscience individuelle est en cause, il faut et il suffit pour VOUS, de décider et de préciser votre propre position … si c’est effectivement, ce que VOUS voulez, et pour quoi VOUS n’avez besoin d’aucune autre “autorisation” , de quelque spécialiste ou expert philosophique que ce soit, donc évidemment, encore moins de ma propre autorisation.
Si VOUS ne le voulez pas ( c’est VOUS qui voyez ), c’est alors VOTRE problème de savoir à qui d’ “autre”, VOUS voulez confier le droit d’en débattre avec VOUS, dans l’ “éthique de la discussion” que VOUS proposerez ou accepterez de “considérer”, venant d’un interlocuteur “TIERS” … de VOTRE CHOIX …



Mais revenons à nos deux protagonistes : Karl Otto Apel et Jürgen Habermas, et au texte d’Apel concernant sa différence avec Habermas …

“ELLE” : Un MEME contrat moral

La Proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” constitue, pour les personnes qui adhèrent ( par définition librement ) à cette proposition, plus qu’une simple “proposition”.

Adhérer à cette proposition signifie en faire pour soi-même une formule suffisamment signifiante pour devenir son propre libre idéal de valeur régulatrice à suivre , et accepter en même temps qu’un grand nombre de “personnes” pourraient suivre ce MÊME idéal sans contradiction, mais que rien ne peut prétendre en faire un “devoir” ou une quelconque “normativité originaire” ( expression de François Galichet”)

L’extension possible de cet Idéal Commun ( le PIC : Projet Idéal Commun” ) à une multiplicité indéfinie de “personnes” ne se limite pas à l’appartenance de ces “personnes” à une espèce biologique particulière, en l’occurrence aux “êtres humains”, mais ouvre un projet universalisable à toute autre forme d'”être raisonnable” dans l’ Univers.
( j’ ai proposé aussi d’appeler cette multitude possible : le “P.E.U.P.L.E.“)


Mais cette extension possible ne peut exercer aucune contrainte ni obligation a priori pour ces personnes en général ( qui en langage kantien sont appelées “êtres raisonnables” ) , ni pour des “personnes humaines” en particulier.

Elle n’aura de “valeur” ( valeur dite “morale” ) que pour et par les personnes qui en adoptent librement l’énoncé ou le recréent à leur manière. La façon dont elles cherchent à traduire cet énoncé commun en termes de formes et de contenus de pensées, d’expression ou d’actes, de façon personnelle est donc a priori extrêmement variée.
Mais toutes ces façons “personnelles” d’interpréter un tel Projet Idéal Commun doivent être suffisamment compatibles les unes avec les autres , pour que chaque personne puisse considérer qu’en mettant “en œuvre” cette formulation idéale commune, elle ne contraint ni n’oblige aucune autre à “faire” comme elle, dans la réalisation singulière ou “propre” de chacune de ces mises en œuvre personnelles.

Nous voyons ici, à la fois la proximité de notre problématique avec la problématique “critique” kantienne, mais aussi une divergence librement et volontairement assumée : l’ “universalisation possible“, que nous proposons également comme critère de la “moralité nouvelle” , n’est pas un “universel a priori” au sens où cette “forme universelle” s’imposerait dans sa pure forme de “légalité” à “tous les êtres rationnels et raisonnables”, ce qui est le point de vue kantien ( et plus largement de beaucoup de formes d’ “humanisme universaliste”), avec notamment comme effet l’apparition de la notion de “devoir” ou encore d’ “impératif catégorique”, comme chez Kant.
( Remarque : Kant lui-même considère d’une certaine façon que les idées de “liberté” et de “loi morale” sont équivalentes …, mais réserve cette équivalence à une forme d’ “élite” de “saints” . Mais c’est bien parce que finalement, il soumet la liberté à une “loi morale” dont il imagine l’ “universalité” sur le modèle extérieur des “lois de la nature”et de la physique newtonienne qui vient de montrer son succès )

Si une “forme pure de la moralité” doit POUVOIR apparaître dans une telle recherche “critique”, c’est d’abord sous la forme de la LIBERTÉ, et donc dans l’ “autonomie de la volonté“, où cette “LIBERTÉ MÊME” devient la “MÊME LIBERTÉ” , pour et par l’ “autonomie de la volonté” des personnes ou “êtres raisonnables” qui se pensent et se veulent effectivement comme des “volontés autonomes”, c’est à dire capables ( “POUVANT” et non pas “DEVANT” a priori ) de faire un tel libre choix, mais précisément, non pas “impérativement” ou “par devoir“, mais uniquement d’abord “conditionnellement” : sous la condition de leur propre libre adhésion à une telle “loi morale”, qui ne peut, – par la libre définition que je pose – se réaliser qu’en étant simultanément “Égale Liberté et Libre Égalité” : le type de “légalité morale” ne pouvant alors être que la résultante d’un libre choix d’adhésion, qui PEUT certes être a posteriori partagé par beaucoup, mais qui ne saurait, sans contradiction avec l’ idée même de Liberté, s’imposer “universellement a priori“.

Notre position est donc très claire : quelque chose comme la “pureté de la loi morale kantienne”, n’est précisément formulable que sous l’expresse condition de la liberté de sa formulation. A cause bien sûr du rôle absolument décisif joué par la liberté même de chaque personne, c’est-à-dire de l’ “autonomie personnelle” irréductiblement liée à une telle formulation, même si et surtout si elle se veut “universalisable“, sous condition de cette liberté même, à la fois comme libre principe de “loi personnelle”, et comme étant, à cause du respect de cette autonomie même, potentiellement universalisable.

La “moralité nouvelle” ( notre “Loi Morale Nouvelle” ) se signale donc par le critère d’une universalisation possible ( à tout “être raisonnable” dans l’univers physique qui en ferait le libre choix “personnel” ) mais qui n’implique aucune extériorité ou “hétéronomie” d’un tel libre accord, qui ferait apparaître cette “loi ” comme s’imposant “à tous”, en excluant ainsi un libre choix individuel dont pourtant elle prétend énoncer la possibilité universelle.

Chaque personne entre ainsi dans une forme de “contrat moral” ( “moral”, précisément parce qu’ “également libre” ), avec toute autre personne qui pose cette même libre adhésion.
Et elle sait par conséquent, qu’elle ne peut pas, dans ce cadre ( de “Loi Morale Nouvelle” ) , attendre des autres personnes de soumission particulière à ses propres goûts particuliers, à ses propres caractéristiques empiriques ou pragmatiques particulières, mais qu’elle ne peut attendre de “compréhension fraternelle” ou de “coopération fraternelle” d’autres personnes que dans la mesure où elle est elle-même prête à en “consentir” réciproquement l’accord possible.

La question de l’ “harmonisation” et de la compatibilité possible de toutes ces caractéristiques personnelles diverses est donc immédiatement posée à chaque personne réelle qui entre dans ce “contrat moral” , et notamment celle de savoir jusqu’où chaque personne, entrant librement dans ce contrat, considère qu’il s’ agit seulement d’une “belle idée”, d’un “idéal utopique” dont la formulation, comme le “Fais ce que voudras” de Thélème, peut bien planer “librement” au-dessus de toutes les personnes ainsi virtuELLEment “associées”, mais sans être traduit dans une quelconque “réalité concrète”.
Bien sûr, Kant était conscient du “cercle logique” dans lequel il plaçait sa conception d’une “légalité morale universelle a priori”.

Mais chacune de ces personnes est libre aussi de se demander jusqu’où elle est prête elle-même à entrer dans un questionnement plus “concret” d’une quelconque “réalisabilité effective“, en un tissu de liens psychologiques, sociaux, culturels, associatifs, politiques, juridiques, économiques, etc. avec d’autres personnes, dans des configurations réelles, matérialisées, actuelles et “situées”, certes éventuellement très différentes les unes des autres et en perpétuelle évolution, mais toutes cependant animées d’un même esprit d’acceptation de la liberté de ces différences.

En prenant en compte la diversité des incarnations actuelles effectives dans lesquelles chaque personne se trouve effectivement physiquement constituée, en particulier comme organisme biologique “humain” avec ses caractéristiques propres dont l’appartenance à une même espèce “homo sapiens” ne permet précisément de tirer a priori aucune “obligation morale” ni aucun “droit naturel” définissant a priori comment effectuer la “traduction” de l’Idéal supposé commun en termes de “réalisation effective” .

Remarque : Si nous proposons une “Loi Morale Nouvelle” en tant que “Proposition de l’ Égale Liberté Libre Égalité“, c’est bien sûr par ce que “NouS” posons d’abord, librement ( chacun à titre personnel ), qu’il n’existe aucune autre “Loi Morale” , ni aucun “ordre” transcendant” ou “transcendantal” , qui puisse nous “obliger a priori” , sans que nous Y ayons personnellement donné notre libre accord ou libre consentement.
Que le “Réel”, ou la “nature” comme “physique” nous impose ses contraintes de fait, de “gré ou de force”, cela “va de soi” : pour autant cependant que ce “Réel”, également de fait, se plie à ses propres “lois”, s’il y en a ( … que par conséquent nous pouvons finir par connaître “scientifiquement” … et utiliser pour en contrôler “techniquement” en retour les incarnations “factuelles” ).

Et de même pour toutes les organisations politiques, sociales ou culturelles instituées, dont l’existence de fait, empiriquement constatable, ne constitue en rien une “obligation” ou un “devoir” a priori, mais ne peuvent le devenir pour certaines personnes que sous l’expresse condition de leur libre adhésion.

Mais précisément, toute notre “philosophie” ici, est de dire que le “fait” ( “de facto” ) du “Réel” n’implique aucun “droit” ( “de jure” ) de ce même “Réel”.
Le “droit au droit” institué par l’ “Égale Liberté Libre Égalité” est par définition “autonome” et “souverain” au sens fort, par rapport à toute autre affirmation d'”autonomie” et de “souveraineté” collectives ou individuelles qui prétendraient se fonder sur la seule “force du réel” ou “réalité de la force”.

La conception donc que nous nous faisons de notre “Loi Morale Nouvelle” , est précisément telle qu’ELLE déclare ne fonder son propre “droit” ( ce que certains appellent un “droit au droit” ), que sur le caractère potentiellement universalisable à toute “personne” dans l’Univers ( physique) qui s’en réclamera librement et également, c’est à dire en acceptant en retour le contrôle de ce même idéal régulateur dont elle pose librement le “droit” pour elle-même, en pure Égalité avec toute Liberté individuée ( “personnelle”) qui ferait réciproquement de même.

Remarque : Bien des lecteurs objecterons sans doute qu’il n’y a donc dans cette supposée “Loi Morale Nouvelle“, rien de “nouveau” : qu’il ne s’agit que de la reprise de la MÊME IDÉE, déjà depuis longtemps ou même depuis “toujours” énoncée par toutes sortes de penseurs ou philosophes, ou simples personnes réfléchissantes, de la limitation de la liberté des uns par celle des autres sous l’ Autorité commune de la Loi.
Qu’il s’agit donc d’une simple variante du même modèle que, entre autres :
– la “Règle d’Or”
– le Contrat social de Rousseau
– l’ Impératif catégorique de la loi morale kantienne
– l’ article 4 de la Déclaration des Droits de l’ Homme et du Citoyen,
– les principes de Justice de John Rawls,
– la question posée par François Galichet concernant une “normativité originaire” ( voir dans “Mourir délibérément ?” )
etc. etc.

Et donc que cela ne sert strictement à rien de continuer à chercher des variantes de “quelque chose” qui a depuis longtemps, à la fois été énoncé idéalement, et montré son impuissance à réguler quoi que ce soit dans la réalité des rapports humains, entre les individus ou entre les collectifs et les communautés humaines.

Certains, dans la lignée du “marxisme” post-hegelien, vont bien sûr continuer à répéter eux-mêmes que le problème n’est plus depuis longtemps de trouver une “solution idéale” aux problèmes de la vie humaine en société, mais de “passer à l’action”, de “faire” et d’ “agir” , et donc d’ “accéder au pouvoir”, et que c’est la “Révolution en marche d’une Histoire en marche” qui règle les problèmes par le “rapport des forces” en présence …
Bref que la “solution” du problème du “passage de l’ Idéal au Réel” se trouve dans l’ Idéalisation du Réel lui-même, comme “moteur de l’histoire” :
Et que si l’on se demande, parmi toutes les propositions d’usage de la force ou du jeu des “rapports de forces”, laquelle est la “meilleure” , c’est “forcément” la “loi du plus fort” qui est la “meilleure” … celle que l’ “Histoire avec sa grande Hache” aura retenue.

Bref que si l’on veut établir une soumission du “de facto” au “de jure“, il “faut et il suffit” de définir le “de jure” comme étant l’ institutionnalisation du “de facto” … Lequel ? Celui qui aura “de facto” réussi à s’imposer par son “pouvoir”.

Vieille question d’un supposé renversement des questionnements “éthiques” par la “praxis politique” … et le règne du “tout est politique” , qui finit par devenir … “tout est économique”, puis tout n’est que guerre de tous contre tous, et donc “que le meilleur gagne” suppose que le “meilleur” est par définition “celui qui gagne”.

Faudrait-il choisir entre “avoir les mains pures, mais ne pas avoir de mains” et “avoir des mains dans le cambouis” , mais les avoir nécessairement rongées voire écrasées par les contradictions de la “lutte pour la vie” ?

A chacun de voir :

– Pour moi, je sais ce que je veux pour moi et ce que veulent par conséquent aussi d’autres qui peuvent vouloir la même Égale Liberté que celle que je veux, à partir de ma propre libre décision .
– Je ne prétends donc “imposer” à personne, ni même “obliger” personne à suivre ce “même contrat moral” ( d’ “Égale Liberté“) , puisque, par définition je le pose librement comme étant libre ( “Libre Égalité” )

– Quant à VOUS, … c’est VOUS qui voyez .





ELLE et l’ “universalisation” de la loi morale kantienne

La “loi morale” kantienne repose sur un principe d’universalisation possible de la “maxime” d’une action.

On sait que son “impératif catégorique” a été formulé de plusieurs façons par Kant , énoncés ainsi sur Wikipédia :

  • « Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle. » (IIe section, IV, 421, in Œuvres philosophiques, t. II, éd. F. Alquié, Gallimard, Pléiade, 1985, p. 285), parfois résumé par « Agis de telle sorte que le principe de ton action puisse être érigée en loi universelle ».
  • « Agis de façon telle que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans toute autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen. »
  • « L’idée de la volonté de tout être raisonnable conçue comme volonté instituant une législation universelle.  »
  • « Agis selon les maximes d’un membre qui légifère universellement en vue d’un règne des fins simplement possible. »

Une analyse critique intéressante des limites du critère d ‘universalisation tel qu’il est pensé par Kant peut être trouvée dans cet article de Luc Langlois :
“Impératif catégorique, principe de généralisation et situation d’action”
( Langlois Luc, « Impératif catégorique, principe de généralisation et situation d’action », Cités, 2004/3 (n° 19), p. 153-171. DOI : 10.3917/cite.019.0153. URL : https://www.cairn.info/revue-cites-2004-3-page-153.htm )

Je partage un certain nombre des remarques critiques faites à ce sujet par Luc Langlois. De même le rapprochement avec la discussion de la Théorie de la Justice de Rawls ou la question de la substitution à la référence kantienne de la “verticalité” entre monde intelligible et monde sensible, de la dimension “horizontale” du dialogue dans l’ “éthique de la discussion” de type Jürgen Habermas et Karl-Otto Apel .
( Voir la deuxième partie du texte de Luc Langlois )

Cependant, pour ma part, je n’accepte pas de dissoudre la question “morale” , dans celle de la “solidarité humaniste” :
Suivant cette hypothèse, le moment d’universalité de la morale ne peut en dernière analyse reposer que sur une exigence absolue d’humanité, telle qu’elle se manifeste au premier chef à travers l’expérience du mal, de la souffrance et de l’injustice, en s’identifiant en fin de compte aux structures profondes de la réciprocité et de la coexistence humaines [30][30]Ibid., p. 139-140.

En effet, s’il n’y a pas de recours possible à un “monde intelligible” de la “raison pure” ( “verticalité” ), il est, pour moi,tout aussi illusoire de prétendre que “l’universalisation possible” puisse être “fondée” sur une supposée “unité anthropologique” qui échapperait elle-même non seulement au pluralisme des cultures et des subjectivités individuelles ou collectives “situées”, mais serait plus “originaire” que la volonté consciente des personnes.

C’est bien la raison pour laquelle c’est à l’ idée et à l’ idéal de Liberté lui-même qu’il est possible de recourir, dont rien ne présuppose qu’il doive être obligatoirement seulement “humain”, ni restreint et “encadré” par une quelconque considération de stabilité des espèces biologiques “humaines”, ni de supposées “structures anthropologiques” qui ne font que reconstituer le recours au “transcendantal” ou à l’ “originaire phénoménologique” .

La tentative de trouver une “transcendance immanente” ou une “verticalité horizontale” ne peut, selon moi, résulter que de la libre volonté “immanente” d’un certain nombre suffisant de personnes qui se donnent à elles-mêmes un tel Idéal commun , mais un Idéal qui ne préexiste ni dans un “monde intelligible platonicien”, ni dans une “structure anthropologique dialogique” , qui est encore une fois une façon de prétendre “obliger” des personnes à se soumettre à un “ordre hétéronome” qu’elles n’auraient pas elles-mêmes explicitement choisi, de façon à prétendre leur éviter d’avoir à créer la Loi elle-même à laquelle on prétend cependant qu’ils “doivent” se soumettre … en toute liberté.
( Rappelons que toute loi “morale” présuppose l’autonomie de la volonté et la liberté de la conscience, sans laquelle la “soumission” de la personne à la loi ne serait que la résultante d’un état de fait “empirique” , résultant en fin de compte d’un “rapport de forces” violent, intrinsèquement condamné comme “immoral” par la “loi morale” elle-même dont on souhaiterait la libre adoption … )

En conséquence, rien d’autre que la libre volonté de chaque personne qui choisit librement son “égalité devant la loi” ( “Libre Égalité” ) avec d’ autres personnes en se donnant elles-mêmes réciproquement une telle “Égale Liberté”, ne peut désormais me “convaincre” de participer fondamentalement à un quelconque “destin commun”, dont le caractère “désintéressé” ou “moral” supposé me paraîtra toujours suspect d’une hypocrisie sous-jacente.
“NouS” n’avons besoin que d’une “universalité restreinte” … à toutes les “personnes libres et égales” faisant également librement le choix d’ être “libres et égales”.

Quant à Vous … en conséquence, c’est “Vous qui voyez” .