Cet article se propose d’imaginer des possibilités de transformation des formes de « conscience psychologique » qui existent actuellement et qui poseront la question de l’interaction entre ces formes futures de conscience et celles qui existent déjà actuellement ( ou dont nous avons actuellement connaissance sur Terre, puisqu’il nous est encore difficile de préciser scientifiquement ce que peuvent être des formes de conscience d’organismes vivants extraterrestres … ).
1. Nous nous plaçons ici dans une perspective où ce que nous appelons « conscience » en général, et notamment dans la diversité des « états de conscience » abordables, est bien une réalité objective scientifiquement analysable :
– Nous rejetterons donc ici de nos hypothèses, à la fois les conceptions philosophiques « dualistes » ou « animistes » traditionnelles, qui attribuent les états de conscience à une « substance » étrangère à l’organisation de la matière,
( soit du genre « substance pensante » à la façon de Descartes, soit sous forme de propriété « animiste » ou « vitaliste de la « matière vivante » ) et celles qui considèrent les états de conscience comme une illusion bizarre et aléatoire, une sorte de dérivé accessoire inutile et sans signification d’une organisation complexe des états cérébraux, mais qui n’apporterait « rien de plus » par rapport aux fonctionnements organisationnels inconscients de la matière, qui seraient les seuls à pouvoir bénéficier d’une étude scientifique objective. ( Cette conception considère que la « conscience » est un « épiphénomène » en fait inutile et accidentel de l’organisation cérébrale « fonctionnelle » , et que même si on pouvait caractériser son existence « secondaire » , n’aurait pas de puissance explicative propre ).
– Nous considérons qu’il existe des moyens scientifiques de distinguer, parmi tous les fonctionnements dynamiques d’une organisation matérielle complexe comme un cerveau vivant en liaison avec son environnement à travers une organisation biologique corporelle générale, de très nombreuses dynamiques d’états « inconscients » et d’autres dont la configuration organisationnelle / informationnelle donne lieu de façon scientifiquement contrôlable à ce que les êtres humains appellent leur « conscience » comme vécu subjectif phénoménologique intérieur. Les « états de conscience » sont bien des états fonctionnels réels des réseaux neuronaux du cerveau, qui peuvent à la fois être mesurés et analysés de l’ « extérieur » , par des méthodes d’ enregistrement de plus en plus fines, et être en partie décrites subjectivement en « première personne », parce que certaines configurations fonctionnelles du cerveau sont capables d’en « cartographier » d’ autres, dans de multiples « boucles » enchevêtrées.
– La compréhension scientifique des distinctions entre états « conscients » et états « inconscients » , et de leurs multiples nuances possibles et formes d’attention plus ou moins focalisée possibles, en est certes encore au début, mais nous considérons qu’elle sera de plus en plus en développement, en permettant par conséquent, comme dans les autres domaines technico-scientifiques, une certaine contrôlabilité technique rétroactive fine sur ces « états de conscience », à la fois par des dispositifs techniques externes, et par la différenciation par « apprentissage » des circuits neuronaux cérébraux « naturels » .
– Une des questions pour le moment encore insuffisamment cernée d’un point de vue scientifique est de savoir jusqu’à quel point les dynamiques matérielles organisationnelles donnant lieu à une « conscience » sont formellement et fonctionnellement séparables des processus biologiques et physico-chimiques « support » sous-jacents, et jusqu’à quel point la complexité des états conscients de la matière organisée est à relier à une certaine continuité dynamique entre les différentes échelles d’organisation, depuis peut-être les niveaux quantiques des interactions moléculaires et électroniques jusqu’aux niveaux macroscopiques des réseaux neuronaux cérébraux et de leur architecture fonctionnelle fortement « bouclée » sur elle-même.
Autrement dit, il n’y a – me semble-t-il – pas encore de consensus scientifique suffisant qui permettrait de trancher définitivement entre une version purement « fonctionnaliste » dans laquelle les dynamiques matérielles impliquées dans la formation d’une « conscience » interviennent simplement par leur configuration « formelle » ( d’où l’idée d’une implémentation purement « informatique » possible de cette « conscience », même s’il s’agit de combinaisons algorithmiques très complexes dans une telle « conscience artificielle ») , et une version où au moins certains aspects fondamentaux des traitements « conscients » ne pourraient pas être expliqués en dehors d’une interaction étroite de la forme fonctionnelle avec les interactions bio-physico-chimiques « support » .
A titre personnel, je penche plutôt vers la deuxième hypothèse où une interaction est nécessaire entre les dynamiques auto-organisationnelles du « support physique » de la matière organisée , et les dynamiques proprement formelles/fonctionnelles des interactions « algorithmiques », pour donner lieu à ce que nous appelons naïvement notre « vécu subjectif conscient ».
C’est ce que semblent en tout cas actuellement suggérer l’analyse des systèmes « conscients » réels actuels, qui supposent tous un « cerveau vivant ».
Si des simulations « informatiques », en particulier d’ « intelligence artificielle » , permettent aujourd’hui d’imiter un grand nombre des fonctions cognitives et coordinatrices de l’action exigeant apparemment une « prise de conscience » lorsqu’elles sont réalisées par des agents humains ou animaux « supérieurs » en général, ces performances de simulation informatique ne sont pas encore capables de convaincre une grande majorité des êtres humains que nous sommes, qu’elles donnent lieu, comme chez les animaux dotés d’une organisation cérébrale biologique suffisante, à une « prise de conscience » subjective quelque part associée à la dynamique des dispositifs de « calcul » qui implémentent ces fonctions informatiques.
2. Les transformations de la « conscience future » que nous imaginerons ici, feront donc toujours articuler, même de façons totalement nouvelles encore inconnues, des dynamiques d’auto-organisation de la matière complexe ( du type « système biologique vivant » ), et les « implémentations » matérielles techniques « artificielles » explicitement conçues par les intelligences « ingénieures » humaines pour réaliser des fonctionnalités de calcul pensées et imaginées au niveau de leur simple formalisme.
Concernant la problématique plus spécifique de l’ « Intelligence Artificielle » :
https://www.philomag.com/articles/meghan-ogieblyn-dans-la-caverne-des-ia
Un article d’introduction aux problématiques actuelles du cerveau conscient :
https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/cerveau-cerveau-recherche-reseaux-conscience-65121/
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/10/02/neurosciences-une-joute-mondiale-sur-les-theories-de-la-conscience_6192035_1650684.html
Une recension de février 2022 concernant 4 théorie rivales de la conscience