ELLE n’est pas une “théorie de la justice”

Les lecteurs de mes textes qui ont une certaine culture ou même un simple vernis de “philosophie politique”, et encore plus certains spécialistes universitaires de ce domaine, peuvent bien sûr considérer en un certain sens que mes propositions font preuve d’un amateurisme superficiel qui n’a pas pris le temps d’une véritable formation universitaire dans le cadre de cette discipline appelée “philosophie politique”. Et donc que, aussi longtemps que je n’aurai pas suivi un cursus de formation minimale de ce type, et/ou prouvé que je connaissais les “grands classiques” de cette discipline, cela serait une perte de temps précieux pour les universitaires en question, de porter la moindre attention à des opinions personnelles mais “superficielles” comme celles que j’expose sur ce blog.

Je n’ai d’ailleurs pas la prétention de proposer une “théorie de la justice” qui pourrait rivaliser ou même discuter simplement avec les grandes variantes de “théorie de la justice” dont la “philosophie politique” fait son objet de travail et de publications spécialisées et thèses universitaires.

Il ne s’agit pas, dans ma proposition, d’une “théorie”, déjà du simple fait que, hors du champ des disciplines proprement scientifiques ( et pas simplement “universitaires” ) , l’emploi du mot “théorie” me paraît toujours suspect, dans sa prétention à vouloir constituer, dans le champ de la philosophie en général, et de la philosophie morale et politique en particulier, un corpus de propositions de “validité” équivalente à celle des théories scientifiques dans leurs champs disciplinaires ou interdisciplinaires spécifiques.

Je concède aussi que dans l’état actuel de ma proposition résumée sous l’expression “Égale Liberté Libre Égalité”, le simple développement de l’ architecture conceptuelle et la recherche d’une cohérence “logique” minimale dans cette architecture, n’en sont encore qu’à l’état de projet balbutiant, donc en effet rien qui puisse s’apparenter à une “théorie”, même simplement “philosophique”.

Mais, en plus des circonstances de ma propre “paresse”, il y a en réalité une raison de fond qui fait que ma proposition d’ “Égale Liberté Libre Égalité” ne peut pas être développée suivant un seul développement conceptuel, mais suppose par définition, dès ce noyau minimal de proposition formulée, une multiplicité de pistes possibles, à cause de la présence de la deuxième moitié de la proposition, à savoir de la “Libre Égalité”, qui confère à chaque personne susceptible de se référer à ma proposition globale, un pouvoir d’interprétation strictement personnel individué, de la proposition “ELLE”, tout en exigeant, mais de façon très générale et donc en un sens très “abstraite”, une certaine communauté de référence de “valeur” plus précisément énoncée dans la partie gauche comme “Égale Liberté”.

Autrement dit, à supposer qu’il puisse y avoir un développement “théorique” en terme de “philosophie politique” et plus particulièrement de réflexion sur la possibilité ou non d’une “théorie de la justice” en relation avec ma proposition “ELLE, un tel développement ne saurait être le fait exclusif de “spécialistes” ou de “professionnels” de la philosophie politique, aussi ouverts d’esprits soient ils, parce que toute interprétation “théorique” conceptuellement développée de ma proposition ( Notamment du versant “gauche” de l’ Égale Liberté”), doit, PAR DÉFINITION, pouvoir s’articuler avec le pluralisme intrinsèque de ce que j’appelle “Libre Égalité”, qui est comme tel, par définition, directement impacté par la diversité et la multiplicité des opinions et prises de positions interprétatives des personnes individuées qui choisiraient de se référer à ma proposition.

Il existe d’ailleurs de fortes raisons, pour moi, de penser que la problématique de l’articulation de l’ “Égale Liberté” et de la “Libre Égalité” a quelque chose à voir avec la question posée en philosophie politique de la possibilité d’une “théorie de la justice” qui soit constructible, malgré ou à cause même du pluralisme des “conceptions du bien ou de la vie bonne”.

En effet, plus le questionnement porte sur le versant gauche de l’ “Égale Liberté”, plus se pose la question d’une définition “théorique” commune possible ou non d’une “société juste” ou de “principes de justice”, alors que plus on se questionne sur le versant droit de ma proposition, à savoir la”Libre Égalité”, plus on est amené à devoir prendre en compte toute la diversité aléatoire des positions des personnes réelles dans leurs environnements locaux réels, positions ou situations, où chaque personne peut se demander librement jusqu’où une telle distribution aléatoire et contingente des “conditions” qui s’imposent à elle, lui permettent cependant, ou pas, de se considérer et d’être considérée par les autres personnes comme “égale”.