Féminismes

Quand les féministes se déchirent sur la prostitution (1/2) :
les arguments réglementaristes

La question du droit de se prostituer est l’une des multiples facettes du débat sur la liberté individuelle, et les risques que cette liberté soit en réalité exploitée par des dominants potentiels dont l’objectif effectif est de soumettre la liberté des autres … à la leur.
Et donc de la nécessité de protéger la liberté des uns par rapports aux empiètements possibles de la liberté des autres, par un système juridique, lorsque les personnes en relation ne sont pas capables de se donner à elles-mêmes les moyens de régulation intersubjective autonome de leur “Égale Liberté”.

Et bien évidemment notre position sera plutôt du côté de la défense de la liberté de chaque personne, pour autant que cette liberté soit également partagée entre les personnes en question ( principe d’ “Égale Liberté” ) … et que donc chaque personne fait l’effort moral de respecter l’ Égale Liberté des autres au moins autant qu’elle espèrerait voir respectée la sienne.

La question de l’ Égale Liberté formelle ou abstraite doit donc toujours , dans notre perspective, s’accompagner de la question de la “liberté réelle” , dont les conditions réelles sont très souvent inégalitaires, et vérifier par conséquent auprès de la parole propre de chaque personne concernée dans sa situation réelle concrète de personne physique, dans quelle mesure elle choisit elle-même librement ce statut formellement universalisable de l’ “Égale Liberté”, et se déclare personnellement capable d’assumer les risques de l’ “inégale liberté réelle” des situations de sa vie effective.

S’il peut donc y avoir un débat théorique général confrontant des points de vue philosophiquement et politiquement divergents sur des questions comme la liberté de se prostituer, ce type de débat, même entre “féministes”, ne peut pas faire abstraction des positions elles-mêmes diverses de chaque personne “prostituée” réelle sur sa propre situation personnelle réelle vécue.

Si donc, moi-même, qui ne suis ni femme, ni prostitué(e), j’interviens dans un tel débat, en tant que “personne libre et égale” , je n’oublie pas non plus que ma position réelle “extérieure” et “distanciée” par rapport à un certain nombre de vies réelles vécues, ne m’autorise en aucun cas à parler en lieu et place des personnes directement concernées par la question.

Si donc je suis amené , en conséquence de ma proposition d’ “Égale Liberté Libre Égalité”, à défendre plutôt le point de vue “règlementariste” que le point de vue “abolitionniste”, je n’oublie pas que cette position “générale” peut être aussi marquée de mon inscription effective dans le réel, comme être biologique, social, culturel, etc. de “mâle blanc intellectuel …”, soupçonnable de parti pris conscient ou inconscient en faveur de la défense de mes intérêts particuliers liés à ma situation partiellement “privilégiée” …

Mais c’est précisément parce je sais faire la distinction consciente entre un idéal librement choisi comme potentiellement universalisable ( à toutes les personnes libres et égales qui font ce même libre choix ), et ma situation comme “être humain” réel particulier dans le monde du “moi, ici et maintenant” de la réalité vécue actuelle, que je dispose en effet d’un certain “privilège” par rapport à tous ceux, aussi humains que moi, mais qui ne font pas une telle distinction, consciemment ou pas.

Mais un tel “privilège mental”, VOUS pouvez y accéder, tout comme moi, si VOUS voulez vraiment comprendre de quoi il est question dans la proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” .
Car c’est VOUS qui voyez …

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