“ELLE” : Un MEME contrat moral

La Proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” constitue, pour les personnes qui adhèrent ( par définition librement ) à cette proposition, plus qu’une simple “proposition”.

Adhérer à cette proposition signifie en faire pour soi-même une formule suffisamment signifiante pour devenir son propre libre idéal de valeur régulatrice à suivre , et accepter en même temps qu’un grand nombre de “personnes” pourraient suivre ce MÊME idéal sans contradiction.

L’extension possible de cet Idéal Commun ( le PIC : Projet Idéal Commun” ) à une multiplicité indéfinie de “personnes” ne se limite pas à l’appartenance de ces “personnes” à une espèce biologique particulière, en l’occurrence aux “êtres humains”, mais ouvre un projet universalisable à toute autre forme d'”être raisonnable” dans l’ Univers.
( j’ ai proposé aussi d’appeler cette multitude possible : le “P.E.U.P.L.E.“)


Mais cette extension possible ne peut exercer aucune contrainte ni obligation a priori pour ces personnes en général ( qui en langage kantien sont appelées “êtres raisonnables” ) , ni pour des “personnes humaines” en particulier.

Elle n’aura de “valeur” ( valeur dite “morale” ) que pour et par les personnes qui en adoptent librement l’énoncé. La façon dont elles cherchent à traduire cet énoncé commun en termes de formes et de contenus de pensées, d’expression ou d’actes, de façon personnelle est donc a priori extrêmement variée.
Mais toutes ces façons “personnelles” d’interpréter le Projet Idéal Commun doivent être suffisamment compatibles les unes avec les autres , pour que chaque personne puisse considérer qu’en mettant “en œuvre” cette formulation idéale commune, elle ne contraint ni n’oblige aucune autre à “faire” comme elle, dans la réalisation singulière ou “propre” de chacune de ces mises en œuvre personnelles.

Nous voyons ici, à la fois la proximité de notre problématique avec la problématique “critique” kantienne, mais aussi une divergence librement et volontairement assumée : l’ “universalisation possible“, que nous proposons également comme critère de la “moralité nouvelle” , n’est pas un “universel a priori” au sens où cette “forme universelle” s’imposerait dans sa pure forme de “légalité” à “tous les êtres rationnels et raisonnables”, ce qui est le point de vue kantien ( et plus largement de beaucoup de formes d’ “humanisme universaliste”), avec notamment comme effet l’apparition de la notion de “devoir” ou encore d’ “impératif catégorique”, comme chez Kant.
( Remarque : Kant lui-même considère d’une certaine façon que les idées de “liberté” et de “loi morale” sont équivalentes …, mais réserve cette équivalence à une forme d’ “élite” de “saints” . Mais c’est bien parce que finalement, il soumet la liberté à une “loi morale” dont il imagine l’ “universalité” sur le modèle extérieur des “lois de la nature”et de la physique newtonienne qui vient de montrer son succès )

Si une “forme pure de la moralité” doit POUVOIR apparaître dans une telle recherche “critique”, c’est d’abord sous la forme de la LIBERTÉ, et donc dans l’ “autonomie de la volonté“, où cette “LIBERTÉ MÊME” devient la “MÊME LIBERTÉ” , pour et par l’ “autonomie de la volonté” des personnes ou “êtres raisonnables” qui se pensent et se veulent effectivement comme des “volontés autonomes”, c’est à dire capables ( “POUVANT” et non pas “DEVANT” a priori ) de faire un tel libre choix, mais précisément, non pas “impérativement” ou “par devoir“, mais uniquement d’abord “conditionnellement” : sous la condition de leur propre libre adhésion à une telle “loi morale”, qui ne peut, – par la libre définition que je pose – se réaliser qu’en étant simultanément “Égale Liberté et Libre Égalité” : le type de “légalité morale” ne pouvant alors être que la résultante d’un libre choix d’adhésion, qui PEUT certes être a posteriori partagé par beaucoup, mais qui ne saurait, sans contradiction avec l’ idée même de Liberté, s’imposer “universellement a priori“.

Notre position est donc très claire : quelque chose comme la “pureté de la loi morale kantienne”, n’est précisément formulable que sous l’expresse condition de la liberté de sa formulation. A cause bien sûr du rôle absolument décisif joué par la liberté même de chaque personne, c’est-à-dire de l’ “autonomie personnelle” irréductiblement liée à une telle formulation, même si et surtout si elle se veut “universalisable“, sous condition de cette liberté même, à la fois comme libre principe de “loi personnelle”, et comme étant, à cause du respect de cette autonomie même, potentiellement universalisable.

La “moralité nouvelle” ( notre “Loi Morale Nouvelle” ) se signale donc par le critère d’une universalisation possible ( à tout “être raisonnable” dans l’univers physique qui en ferait le libre choix “personnel” ) mais qui n’implique aucune extériorité ou “hétéronomie” d’un tel libre accord, qui ferait apparaître cette “loi ” comme s’imposant “à tous”, en excluant ainsi un libre choix individuel dont pourtant elle prétend énoncer la possibilité universelle.

Chaque personne entre ainsi dans une forme de “contrat moral” ( “moral”, précisément parce qu’ “également libre” ), avec toute autre personne qui pose cette même libre adhésion.
Et elle sait par conséquent, qu’elle ne peut pas, dans ce cadre ( de “Loi Morale Nouvelle” ) , attendre des autres personnes de soumission particulière à ses propres goûts particuliers, à ses propres caractéristiques empiriques ou pragmatiques particulières, mais qu’elle ne peut attendre de “compréhension fraternelle” ou de “coopération fraternelle” d’autres personnes que dans la mesure où elle est elle-même prête à en “consentir” réciproquement l’accord possible.

La question de l’ “harmonisation” et de la compatibilité possible de toutes ces caractéristiques personnelles diverses est donc immédiatement posée à chaque personne réelle qui entre dans ce “contrat moral” , et notamment celle de savoir jusqu’où chaque personne, entrant librement dans ce contrat, considère qu’il s’ agit seulement d’une “belle idée”, d’un “idéal utopique” dont la formulation, comme le “Fais ce que voudras” de Thélème, peut bien planer “librement” au-dessus de toutes les personnes ainsi virtuELLEment “associées”, mais sans être traduit dans une quelconque “réalité concrète”.
Bien sûr, Kant était conscient du “cercle logique” dans lequel il plaçait sa conception d’une “légalité morale universelle a priori”.

Mais chacune de ces personnes est libre aussi de se demander jusqu’où elle est prête elle-même à entrer dans un questionnement plus “concret” d’une quelconque “réalisabilité effective“, en un tissu de liens psychologiques, sociaux, culturels, associatifs, politiques, juridiques, économiques, etc. avec d’autres personnes, dans des configurations réelles, matérialisées, actuelles et “situées”, certes éventuellement très différentes les unes des autres et en perpétuelle évolution, mais toutes cependant animées d’un même esprit d’acceptation de la liberté de ces différences.

En prenant en compte la diversité des incarnations actuelles effectives dans lesquelles chaque personne se trouve effectivement physiquement constituée, en particulier comme organisme biologique “humain” avec ses caractéristiques propres dont l’appartenance à une même espèce “homo sapiens” ne permet précisément de tirer a priori aucune “obligation morale” ni aucun “droit naturel” définissant a priori comment effectuer la “traduction” de l’Idéal supposé commun en termes de “réalisation effective” .

Remarque : Si nous proposons une “Loi Morale Nouvelle” en tant que “Proposition de l’ Égale Liberté Libre Égalité“, c’est bien sûr par ce que “NouS” posons d’abord, librement ( chacun à titre personnel ), qu’il n’existe aucune autre “Loi Morale” , ni aucun “ordre” transcendant” ou “transcendantal” , qui puisse nous “obliger a priori” , sans que nous Y ayons personnellement donné notre libre accord ou libre consentement.
Que le “Réel”, ou la “nature” comme “physique” nous impose ses contraintes de fait, de “gré ou de force”, cela “va de soi” : pour autant cependant que ce “Réel”, également de fait, se plie à ses propres “lois”, s’il y en a ( … que par conséquent nous pouvons finir par connaître “scientifiquement” … et utiliser pour en contrôler “techniquement” en retour les incarnations “factuelles” ).

Et de même pour toutes les organisations politiques, sociales ou culturelles instituées, dont l’existence de fait, empiriquement constatable, ne constitue en rien une “obligation” ou un “devoir” a priori, mais ne peuvent le devenir pour certaines personnes que sous l’expresse condition de leur libre adhésion.

Mais précisément, toute notre “philosophie” ici, est de dire que le “fait” ( “de facto” ) du “Réel” n’implique aucun “droit” ( “de jure” ) de ce même “Réel”.
Le “droit au droit” institué par l’ “Égale Liberté Libre Égalité” est par définition “autonome” et “souverain” au sens fort, par rapport à toute autre affirmation d'”autonomie” et de “souveraineté” collectives ou individuelles qui prétendraient se fonder sur la seule “force du réel” ou “réalité de la force”.

La conception donc que nous nous faisons de notre “Loi Morale Nouvelle” , est précisément telle qu’ELLE déclare ne fonder son propre “droit” ( ce que certains appellent un “droit au droit” ), que sur le caractère potentiellement universalisable à toute “personne” dans l’Univers ( physique) qui s’en réclamera librement et également, c’est à dire en acceptant en retour le contrôle de ce même idéal régulateur dont elle pose librement le “droit” pour elle-même, en pure Égalité avec toute Liberté individuée ( “personnelle”) qui ferait réciproquement de même.

Remarque : Bien des lecteurs objecterons sans doute qu’il n’y a donc dans cette supposée “Loi Morale Nouvelle“, rien de “nouveau” : qu’il ne s’agit que de la reprise de la MÊME IDÉE, déjà depuis longtemps ou même depuis “toujours” énoncée par toutes sortes de penseurs ou philosophes, ou simples personnes réfléchissantes, de la limitation de la liberté des uns par celle des autres sous l’ Autorité commune de la Loi.
Qu’il s’agit donc d’une simple variante du même modèle que, entre autres :
– la “Règle d’Or”
– le Contrat social de Rousseau
– l’ Impératif catégorique de la loi morale kantienne
– l’ article 4 de la Déclaration des Droits de l’ Homme et du Citoyen,
– les principes de Justice de John Rawls,
etc. etc.
Et donc que cela ne sert strictement à rien de continuer à chercher des variantes de “quelque chose” qui a depuis longtemps, à la fois été énoncé idéalement, et montré son impuissance à réguler quoi que ce soit dans la réalité des rapports humains, entre les individus ou entre les collectifs et les communautés humaines.

Certains, dans la lignée du “marxisme” post-hegelien, vont bien sûr continuer à répéter eux-mêmes que le problème n’est plus depuis longtemps de trouver une “solution idéale” aux problèmes de la vie humaine en société, mais de “passer à l’action”, de “faire” et d’ “agir” , et donc d’ “accéder au pouvoir”, et que c’est la “Révolution en marche d’une Histoire en marche” qui règle les problèmes par le “rapport des forces” en présence …
Bref que la “solution” du problème du “passage de l’ Idéal au Réel” se trouve dans l’ Idéalisation du Réel lui-même, comme “moteur de l’histoire” :
Et que si l’on se demande, parmi toutes les propositions d’usage de la force ou du jeu des “rapports de forces”, laquelle est la “meilleure” , c’est “forcément” la “loi du plus fort” qui est la “meilleure” …

Bref que si l’on veut établir une soumission du “de facto” au “de jure“, il “faut et il suffit” de définir le “de jure” comme étant l’ institutionnalisation du “de facto” … Lequel ? Celui qui aura “de facto” réussi à s’imposer par son “pouvoir”.

Vieille question d’un supposé renversement des questionnements “éthiques” par la “praxis politique” … et le règne du “tout est politique” , qui finit par devenir … “tout est économique”, puis tout n’est que guerre de tous contre tous, et donc “que le meilleur gagne” suppose que le “meilleur” est par définition “celui qui gagne”.

Faudrait-il choisir entre “avoir les mains pures, mais ne pas avoir de mains” et “avoir des mains dans le cambouis” , mais les avoir nécessairement rongées voire écrasées par les contradictions de la “lutte pour la vie” ?

A chacun de voir :

– Pour moi, je sais ce que je veux pour moi et ce que veulent par conséquent aussi d’autres qui peuvent vouloir la même Égale Liberté que celle que je veux, à partir de ma propre libre décision .
– Je ne prétends donc “imposer” à personne, ni même “obliger” personne à suivre ce “même contrat moral” ( d’ “Égale Liberté“) , puisque, par définition je le pose librement comme étant libre ( “Libre Égalité” )

– Quant à VOUS, … c’est VOUS qui voyez .





Des multiples sens de l’ expression “Égale Liberté”

Des multiples sens de l’ expression “Égale Liberté”

L’ expression “Égale Liberté” a déjà une longue histoire qui se confond presque avec l’ histoire de la philosophie “moderne” ou encore de l’ “Esprit des Lumières”.

En voici une formulation célèbre en termes de définition du “droit”  :

Le droit est la limitation de la liberté de chacun à la condition de son accord à la liberté de tous en tant que celle-ci est possible selon une loi universelle.”      Kant, Théorie et pratique Dans la Critique de la Raison Pure
( trad. A. Tremesaygues et B. Pacaud, Paris, 1944, p. 264 ) :

Une constitution ayant pour but la plus grande liberté fondée sur des lois qui permettraient à la liberté de chacun de subsister en même temps que la liberté de tous les autres (je ne parle pas du plus grand bonheur possible, car il en découlerait de lui-même), c’est là au moins une idée nécessaire qui doit servir de base non seulement aux grandes lignes d’une constitution civile, mais encore à toutes les lois, et où il faut faire abstraction, dès le début, des obstacles actuels, lesquels résultent peut-être moins inévitablement de la nature humaine que du  mépris que l’on a fait des vraies idées en matière de législation

En un certain sens , du point de vue de l’ énoncé de l’idéal théorique “formel”, tout de ce que “NouS” proposons sous l’ expression “Égale Liberté” y est déjà dit et en quelque sorte inclus, et tout objecteur à notre proposition peut ainsi à la fois prétendre récuser une certaine “originalité” ou “nouveauté” de notre proposition dans laquelle “NouS” ne ferions que répéter inutilement ce que d’autres penseurs ont depuis longtemps déjà proposé, et NouS objecter précisément toutes les mêmes objections qui ont été faites depuis longtemps à cet énoncé d’un principe d’ “Égale Liberté”.

Cependant, qu’il s’agisse de Rousseau, de Kant, des penseurs de la Révolution française ou américaine, ou plus récemment de philosophes de la politique ou du droit comme John Rawls, etc. il s’agissait toujours pour eux de prétendre qu’une telle proposition faisait partie du fondement d’un “Droit Naturel”, quelles que soient par ailleurs les ambiguïtés de la référence à une “nature humaine” ou à une “nature” en général.
Comme si la “justification” d’une telle proposition devait nécessairement se trouver dans un “fondement” extérieur à la liberté même dont cette proposition proclame la valeur.

Certes, des auteurs comme Rawls ( ou Habermas, ou ceux qui proposent en général une “éthique de la discussion”, ou comme Francis Wolff un “principe de réciprocité” dérivé d’une “raison dialogique humaine” ) ont bien vu qu’on ne pouvait pas se contenter d’un simple appel à une “nature” toujours suspecte de revenir à un fondement “ontologique” plus ou moins “divin”, même si on emploie des termes alternatifs alambiqués comme “transcendantal” ou “originaire” pour prétendre énoncer une “valeur rationnelle  objective” constituante de l’ “humanité”,  de l’ éthique et du droit, mais qui ne soit pas elle-même “constituée” par les hommes réels, par leur évolution bio-psycho-sociologique et par l’ histoire de leurs relations.
Chez Rawls on voit ainsi ( à travers la fiction du “voile d’ignorance” ) un essai de formuler les “premiers principes de justice” en prétendant les tirer d’une simple “procédure” que l’on suppose cependant à valeur “universelle” … ( du moins pour les “démocraties occidentales” ).

Mais toute “procédure” ne VAUT que pour ceux qui font le libre choix de l’utiliser pour réguler leurs interactions à partir de cette “valeur commune” ou de cette “procédure” commune.
Si l’intérêt de toute démarche d’explicitation procédurale est en en effet de pouvoir constituer une base de représentation “explicative” ou même “compréhensive” commune à des interlocuteurs qui ne partagent pas a priori les mêmes convictions, opinions ou représentations, elle est insuffisante pour conférer de la “valeur” aux conclusions tirées de cette démarche procédurale si la “valeur” de la procédure n’est pas elle-même reconnue. Car il faut déjà que les interlocuteurs se soient eux-mêmes suffisamment mutuellement reconnus comme libres participants à la “règle du jeu” “dialogique” proposée par l’un d’entre eux …
Sinon on en revient, même implicitement, à une méta-règle du jeu “transcendante”.

Si notre propre proposition d’ “Égale Liberté Libre Égalité” se limitait en effet à son premier membre ( “Égale Liberté” ) , NouS aurions en gros les mêmes problèmes et difficultés à répondre aux objections historiques des contradicteurs ou des opposants au principe d’ “Égale Liberté”.

Mais précisément, NouS déclarons que notre propre version de cette proposition d’ “Égale Liberté” ne se prétend plus, ni  “fondée en nature”, ni reposer sur une “raison” a priori universelle , ni sur une quelconque “structure anthropologique” et encore moins sur une quelconque “constitution transcendantale” ou “originaire” qui échapperait à la volonté humaine tout en la “constituant”. 
Nous reconnaissons donc la légitimité des objections “positivistes” ou “historicistes” , “relativistes” ou encore “matérialistes” ou “empiristes”, qui visent à relativiser toute cette prétention à l’ universalité du fondement du droit ou d’une “éthique universelle”.
Ou encore celles qui ont été énoncées depuis longtemps par les “maîtres du soupçon” ( Dont la triade Marx, Nietzsche, Freud et leurs multiples descendances hybrides ), ou par les dénonciations “post-modernes” du “sujet” ou de l’ Homme”, structuralistes ou post-structuralistes.

Cependant une telle “relativisation” liée à une analyse empirique factuelle des phénomènes évolutifs humains, culturels, politiques, économiques, sociaux,  ou encore plus radicalement, à la simple créativité esthétique ou artistique personnelle, n’ “oblige” précisément personne non plus à renoncer à un tel IDÉAL d’ “Égale Liberté”,  sous prétexte qu’il ne serait pas inscrit dans un marbre “transcendantal” d’une table de la loi “universelle et nécessaire”, ou dans une “loi naturelle”, ou qu’il ne serait pas implicitement “reconnaissable” dans quelques régularités culturelles ou sociales empiriquement et statistiquement déjà constatables dont un tel Idéal ne ferait que représenter l’ “idéal-type” caricatural et simplificateur.
( Ce qui est la thèse de différentes formes de scientismes ou de positivismes pour lesquels le “droit” n’est jamais qu’une consolidation postérieure artificielle  de comportements et d’évolution de ces comportements déjà existants dans le réel et obéissant par conséquent intégralement  à toutes sortes d’autres causalités que celles qui résulteraient d’une rétroaction d’une telle formulation idéale du droit sur la réalité elle-même ).

D’où peut alors venir un tel “fondement” de ce qui est proposé ici sous l’ expression “Égale Liberté“, PAR QUI et POUR QUI, sinon des personnes elles-mêmes qui, EN TOUTE LIBERTÉ PERSONNELLE précisément, font le choix éminemment personnel d’en faire pour ELLES-MEMES, leur propre IDEAL commun. LIBRE CHOIX dont NouS proposons l’institution, sous le nom de “Libre Égalité“, en même temps ( dans la même formulation et proposition “constitutionnelle” ), que celle de l’ “Égale Liberté“.

C’est donc leur liberté même, auto-posée comme valeur, qui “justifie” et “fonde en droit”, la valeur de cette liberté pour les personnes concernées, c’est à dire qui se sentent ou se veulent concernées par une telle proposition, probablement parce qu’elles l’ont déjà plus ou moins implicitement formulée pour et par elles-mêmes, sans attendre qu’une autre personne la formule à leur place.
Il suffit alors de s’apercevoir qu’une telle libre auto-fondation de la valeur de sa propre liberté personnelle, toute autre personne capable d’ en comprendre le principe ( VOUS par exemple ), PEUT aussi Y adhérer et accepter que d’autres personnes qu’elle-même en partagent à la fois les droits et les devoirs éventuels, en toute “Égale Liberté“.
Ce n’est plus alors une quelconque “transcendance” ni structure a priori du fondement du droit ou de la morale qui obligerait un “sujet” à Y adhérer, ni bien sûr non plus une quelconque entité collective empirique existante ( État, Nation, Peuple, Communauté, Société, Humanité … ) considéré comme “préalable” ou empiriquement constitutive de la “subjectivité” de ses membres.  C’est purement et simplement, un acte libre de la personne elle-même qui instaure et institue la VALEUR de sa propre liberté à ses propres yeux.

Décision qui en conséquence lui pose la question OUVERTE, non seulement de sa propre liberté actuelle, présente, hic et nunc, mais de toute liberté future possible ouverte en droit à partir d’une telle décision, et de sa reconnaissance dans les mêmes termes, de l’ Égale Liberté de toute autre personne dans l’ univers qui prend ou prendra un jour, pour et par elle-même une telle décision.
La libre décision personnelle de considérer toute autre personne faisant un tel choix comme rigoureusement ÉGALE “en dignité et en droits”  pour autant que celle-ci, prend elle aussi, cette “même” libre décision.

S’agissant des “Droits Humains” , il s’agit alors d’une nouvelle extension de ces droits et libertés et donc des “devoirs” qui en découlent pour leur réalisation “effective”, mais non plus fondés sur un “droit naturel” supposé “valoir” pour tous les êtres humains et obliger tous ces êtres humains à partir d’une “constitution” ou un “contrat originaire” qui échapperait à leur propre libre volonté personnelle, ni d’un “droit positif” supposant la “légitimité” préalable de la “souveraineté” instituée par le jeu des “forces” sociales, politiques, historiques, culturelles, etc.
( Nations, peuples, communautés d’origine éthniques, linguistiques ou religieuses, etc. )

Il s’agit du fondement d’un nouveau type de DROIT  DES PERSONNES qui ne vaudra que PAR et POUR les “personnes souveraines” qui  instituent collectivement entre elles la valeur autonome de leur “Égale Liberté et Libre Égalité“.

Tout “être humain” ( et plus largement tout être conscient de l’ univers capable de comprendre ce qui est en jeu …) est bien sûr “invité” à rejoindre ce nouveau statut de “personne souveraine, libre et égale” , mais il ne peut, PAR DÉFINITION, ni y être contraint par la force, ni même “obligé” par un supposé “contrat humain ou anthropologique originaire”, ni par une “dignité inhérente à l’ espèce humaine” mais qui ne serait pas elle-même définie et décidée par ces mêmes êtres humains ( ou en général êtres personnels conscients et capables de volonté.individuée )

Ce n’est qu’une libre décision de sa part, et donc la reconnaissance de l’ Égale Liberté des autres qui l’ accompagne, qui peut l’ engager lui-même dans cette voie.

Quant à VOUS, c’est vous qui voyez …

REMARQUES ET COMMENTAIRES


On peut trouver des éléments d’analyse historique du principe d’ “Egale Liberté” dans ce texte en ligne de Alain Laurent :
 http://www.catallaxia.org/wiki/Emmanuel_Kant:Les_justes_droits_d’%C3%A9gale_libert%C3%A9

Extrait :

” Lorsqu’il a invoqué cette norme dans la Théorie de la justice, Rawls n’a fait que reprendra son compte un principe énoncé depuis deux siècles déjà par Jefferson et Kant, qui, au beau milieu de… la Critique de la raison pure, présente comme une « idée nécessaire » celle d’une « constitution ayant pour but la plus grande liberté humaine fondée sur des lois qui permettent à la liberté de chacun de pouvoir subsister en accord avec celle des autres ». La formulation définitive en est revenu à Spencer dans les Social Statics puis les Principles of Ethics : « Chaque homme est libre de faire ce qu’il veut pourvu qu’il n’atteigne pas l’égale liberté de tout autre homme ». Ce que Popper a repris sous une forme négative : « la liberté de chaque individu ne doit pas être restreinte au-delà de ce qui est nécessaire pour assurer un égal degré de liberté pour tous » (La société ouverte et ses ennemis, II). “

On peut trouver en ligne de nombreuses références à l ‘ Idée centrale dont il est question, notamment formulée par Kant :

Voir par exemple ici : La philosophie du Droit de Kant  de Simone Goyard Fabre


( Sous – remarque :
Cette liberté pragmatiquement en acte ( pensée langage  outil ) rétroagit sur l’ “objet concept” qu’elle “construit” sous ce mot “liberté” et réciproquement :
c’est donc de cette spirale récursive auto-référente qu’il est ou qu’il devrait toujours déjà être question : encore faut-il attendre que l’ évolution des capacités technico-scientifiques en démultiplie les implications libres potentielles. ( par exemple par la modélisation informatique )
Il ne s’agit bien sûr pas d’oublier les “déterminismes culturels et sociaux” ou les contraintes proprement “formelles” ou linguistiques ou “structurales” qui peuvent infléchir de façon complexe les dynamiques personnelles, interpersonnelles et collectives des interactions entre ces nombreuses “libertés de penser” individuelles.
Mais dès qu’on s’aperçoit de la dimension proprement “récursive” donc en un sens “auto-référentielle” et par exemple “auto-éco-géno-phéno-ré-organisante” ( comme dirait Edgar Morin …) de la “liberté se posant elle-même”, nous ne pouvons plus nous laisser impressionner par le simplisme de supposés “déterminismes” univoques ou linéaires qui interdiraient de donner un sens quelconque au mot “liberté. Si on se place du point de vue d’une analyse “causale” naturaliste ou physicaliste alors il faut au moins se reporter à des modélisations en termes de “systèmes complexes”, car ce que nous appelons “liberté” ne se “réfère” qu’à des dynamiques organisationnelles “émergentes”  supposant une “complexité” suffisante des interactions, notamment cérébrales, pour former une “prise de conscience psychologique”. )

2. Mais la plupart de ces penseurs de l’ “Égale Liberté” ont proposé cependant que cette “même idée” soit un “principe universel”, voire même que leur propre formulation personnelle prétende à une telle “universalité” ( C’est notamment le cas de Kant … ).
La problématique d’une telle universalité elle-même problématique est bien sûr à relier au concept même de “liberté” : un même MOT ( ou éventuellement quelques uns comme en anglais “liberty” et “freedom” ), peut être “librement” pensé avec une certaine variabilité de son contenu liée notamment à l’ exploration personnelle LIBRE de cet espace sémantique et de ses implications linguistiques, culturelles, poétiques  ou “pragmatiques”.
Comment se fait-il que ces penseurs n’ aient pas remarqué que la notion même de “liberté de penser” était réapplicable “récursivement” à l’ expression “liberté de penser” ? Et donc que chacun est précisément “libre de penser” ce que signifie “être libre de penser” … tout en étant en effet en train de “tourner” ou de “graviter” autour d’une “même idée”. Et que c’est donc cette liberté de penser elle-même qui d’une certaine façon limite l’ unicité et l’univocité radicales de l’idée de “liberté”.
L’ idée de “liberté” est donc par excellence à la fois “une” ( comme le signale l’usage d’un mot ou de quelques mots dénotant cette “idée” ) et plurielle, à cause du contenu sémantique même de cette idée : “La liberté” se décline LIBREMENT en de multiples “libertés” et de significations possibles de ces “libertés” … pour chaque personne librement pensante et volontairement agissante.

Remarque :
Kant lui-même était bien placé pour savoir que la “critique de la Raison” ne pouvait être menée que par la Raison “elle-même, donc dans une “boucle” autoréférentielle. Évidemment, pour cela il faut renoncer à l’universalité a priori, sauf si on DÉCIDE LIBREMENT de définir désormais un tel “a priori” comme caractérisé par cette “autoréférence même”, qui n’ a donc plus rien de “transcendantal”, mais est – par sa propre autodéfinition autoréférente – totalement “immanente” à elle-même, c’est à dire au “sujet” personnel lui-même qui s’y pose en effet lui-même “comme tel”, comme “sujet libre”.
( On est alors plus proche de l’ “esprit absolu” hégélien , où tout “dehors” supposé nécessite au moins que cette “extériorité” soit pensée … de l’ “intérieur” de l’ esprit … ou devienne une “pensée vide” ).

3. Concernant l’ idée d’ “Égale Liberté”, l’usage de l’ adjectif “égal”  est bien sûr problématique aussi : il est évident qu’on ne peut pas comparer les “libertés” comme on compare des “grandeurs” numériquement mesurables ou ordonnées.
La plupart du temps où l’on pense, imagine ou perçoit la liberté d’une personne comme “supérieure” ou “inférieure” à celle d’une autre ou encore pour une même personne comme supérieure ou inférieure suivant les moments et les circonstances, ce sont précisément certaines “conditions” empiriques d’ exercice de la liberté qui sont considérées comme différentes ou “comparables” sur différentes échelles d’évaluation.
Si on parle d’ autre chose ( de la “liberté en soi” indépendamment des conditions empiriques d’exercice de cette liberté), il s’agit alors d’une valeur que l’on pose et qu’on “attribue” , et cette position dépend donc de la décision de la personne qui pose cette valeur et choisit cette forme d’ évaluation.
Rien ne m’ empêche de “décréter” la valeur intrinsèque et auto-référente de ma liberté … sauf éventuellement ma liberté elle-même qui alors s’affirmerait tout autant … :
Si je me décrète “libre” de décréter la valeur intrinsèque de ma liberté, je CRÉE ce cercle auto-référent, non pas certes de l’ ensemble des conditions empiriques  d’ exercice de cette liberté ( qui ne dépendent qu’indirectement de ma volonté  consciente ), mais le cercle auto-référent de sa “valeur morale” pour moi, puisque je décrète en même temps, que toute autre “valeur morale” supposée n’ en aura pour moi qu’ à l’expresse condition de ma propre liberté de jugement à cet égard.

Évidemment, il n’ en résulte nullement ( contrairement à l’ “universalisme a priori” de type kantien ) que “tout être humain” DOIVE en faire de même, et DOIVE de la même façon que moi, “décréter” la valeur auto-référente de sa propre liberté, au nom d’un “impératif catégorique” transcendantal :
l’ inconditionnalité de sa liberté signifie précisément qu’il PEUT le faire, comme moi j’ ai décidé de le faire, mais qu’il PEUT aussi le refuser, en participant ainsi à la “constitution” d’une autre conception éthique, juridique et politique que celle que je propose, mais à laquelle je ne me sentirai aucune obligation ni éthique, ni juridique ni politique de “participer”, si ma propre capacité de décision libre ultime m’ est refusée.

Dès qu’on cherche à traduire l’ énoncé formel d’une liberté en termes de “conditions réelles” de l’ exercice de cette liberté, on peut être amené à comparer ces diverses conditions entre elles.

L’ exigence de l’ “Égale Liberté” ne se traduit pas ( sauf dans une version “égalitariste” simpliste et totalitaire ) par l’ “égalité numérique” des grandeurs physiques ou économiques associées, mais par des questions posées au sujet de leur ÉQUIVALENCE en termes de “liberté” individuelle et/ou collectivement choisie. Or cette “équivalence” effective  des conditions réelles d’une “Égale Liberté” est bien sûr fonction des personnes, des situations, etc.
Elle concerne donc d’abord l’ “Égale Liberté” au moins formelle, de chacune des personnes concernées, de participer à une telle “évaluation” collective, lorsque cette évaluation collective devient nécessaire à cause des conflits qui surgissent dans la réalité, même entre des personnes dont on supposerait qu’elles adhèrent librement au principe d’ “Égale Liberté” entre elles. Bref cela suppose le droit de chacune à participer “également” à la définition des “lois minimales” nécessaires à la sauvegarde et au progrès de leur commune “Égale Liberté”.
Il appartient donc essentiellement à chaque personne de  définir avec d’autres personnes dans quels cadres de “bien commun”, d’ “intérêt commun”, de “projet commun”, etc.  elle veut établir des normes communes d’égale protection réciproque de leurs libertés respectives.

Bien sûr une telle mutualisation volontaire choisie des conditions concrètes d’ exercice des libertés ne peut pas s’installer du jour au lendemain dans des sociétés réelles marquées depuis une longue histoire culturelle, économique, sociale et politique par la “tutelle” exercée sur ses membres par une ou des collectivités complexes d’ “appartenances” multiformes et imbriquées.

Il appartient donc désormais à chaque personne de se poser dès aujourd’hui la problématique de ses “appartenances” ou “identités” collectives complexes, d’en analyser les causes et les effets, et de savoir qu’elle aura de plus en plus à décider par elle-même du type de lien culturel, social, économique, politique, etc. qu’elle voudra tisser avec d’autres personnes.
(
On peut aussi voir à ce sujet certaines approches “multiculturelles”, ou certains essais concernant la “créolisation”, ou du “faire rhizome” à la manière d’ Edouard Glissant, mais de nouveaux totalitarismes guettent rapidement ceux qui veulent que le “tout-monde” se fasse … à leur façon … )

4. Très rapidement, à partir d’une certaine idée d'”universalisation” possible de l’ idéal d’ “Égale Liberté”, se pose la question de savoir si, comment et par qui cet idéal sera ou devra être “partagé”.
D’autant plus que, comme nous venons de le voir, il n’y a pas pour “NouS”, de “vérité universelle” en cette matière normative, et que des points de vue particuliers différents de philosophie morale, politique ou économique sont défendables par les uns et les autres ( du genre “utilitarisme”, “droits naturels”, “libéralisme”, etc. )

– On connaît ici la “réponse” de certains, notamment de Rousseau, qui y répond en prétendant que la seule “solution” est de “contraindre chaque citoyen à être libre” ….
J’ ai déjà exposé plusieurs fois sur ce site en quoi précisément JE rejette radicalement cette idée que l’ “Égale Liberté” dont il est question puisse être imposée à tous par la contrainte : c’est très exactement ce qui a conduit aux totalitarismes d’ “extrême gauche” qui ont illustré notamment le XXème siècle.
C’est très exactement une des raisons fondamentales pour lesquelles je propose, de façon immédiatement complémentaire au principe d’ “Égale Liberté”, celui réciproque de la “Libre Égalité” .

– Ce qui signifie que ceux ( les personnes ) qui veulent cependant à nouveau tenter une telle “constitution” prétendant “contraindre les citoyens à être libres” , ou qui invoquent une “souveraineté nationale” ( ou “communautaire” ethnico-religieuse ou autre collectif coercitif, même prétendu de “droit naturel”  ou à la manière d’un “tout-monde” écologique ) permettant à une “majorité” d’imposer sa dictature sur l’ ensemble des personnes résidant sur un territoire, PEUVENT évidemment le faire ENTRE EUX si ça leur convient ( ils ne ME demanderont d’ailleurs probablement pas MON avis …)  : c’est à EUX de penser si et à quelles conditions cela est réellement possible dans le monde actuel …

Simplement JE ne participerai pas à leur “constitution”, j’ essayerai de “survivre en marge” … en ayant le moins besoin de leur accord ou de leur soutien “communautaire”, en “constituant” ma propre référence “collective” désormais avec TOUTE personne librement en accord ( à partir de son propre choix personnel ) avec un Idéal commun d’ Égale Liberté et n’ayant donc plus besoin au niveau “symbolique” ou théorique d’une quelconque “contrainte” ou “obligation” ( sauf celle qu’elle se donne à elle-même dans ce libre choix assumé de l’ “Égale Liberté” ) pour établir avec moi-même et les autres personnes animées par la même libre décision personnelle, la motivation projective commune fondamentale ( à long terme ), au-delà ou “par-delà” les anciennes autres “appartenances” ou “identités” multiples actuelles ou “alternatives”. Cette motivation ou “sens” d’un projet commun possible ( que je propose de nommer provisoirement “Projet de l’ Égale Liberté Libre Égalité” pour  en indiquer suffisamment simplement l’ esquisse ) est potentiellement constituant d’un “NouS” dans lequel désormais je reconnais librement toute “personne souveraine libre et égale” comme co-citoyenne pour autant qu’elle me reconnaisse ainsi qu’à toute autre personne faisant cette même démarche la même égale co-citoyenneté.

5. Prolongement et différence avec l’ Idéal d’ “émancipation” des Lumières.

En un certain sens , certains verront dans ma proposition une simple reprise de l’ Idéal “moderne” des Lumières :

– certains pour dire que ma proposition n’est qu’une pâle copie des Idées philosophiques “originales” de cette époque, et qu’il vaut donc toujours mieux s’adresser aux sources mêmes de la philosophie des “Lumières” , relire les “philosophes” du XVIIIème siècle,  ou parcourir la longue “histoire des idées” qui ont conduit à ces “Lumières” de la “Raison”.
– d’autres pour en conclure immédiatement que les critiques adressées depuis longtemps et actuellement à la tradition des Lumières ( romantisme, Marx, Nietzsche, Freud, … les sciences humaines, le structuralisme … ou tout “anti-modernisme”, “post-modernisme”, “déconstructivisme” ou “critique de la critique” contemporains qu’on voudra convoquer à cette fin  ) valent par conséquent aussi pour “déconstruire” ou réfuter d’avance ma propre proposition.

Je ne renie évidemment pas une telle “parenté” avec l’ “Esprit des Lumières“, dont le choix de l’expression “Égale Liberté” est aussi significatif.
Mais, dans ma propre proposition on ne retrouve plus du tout ni de recours à un universalisme a priori de type kantien, ni à un quelconque “droit naturel”, ni à une “loi de l’Histoire et du Progrès”, ni même à l’ idée qu’un tel “projet d’ émancipation” devrait “nécessairement” valoir pour tous dans un “commun” coercitif.

– si je retiens l’ universalisme POTENTIEL ( ouverture du projet à toute personne capable d’en comprendre le contenu de proposition minimal  ),
l’ exigence simultanée explicite de la “Libre Égalité” signifie précisément que cette proposition, loin d’ être basée sur une sorte d’ impératif catégorique, transcendantal ou anthropologique ou sur un quelconque ordre de la “Raison humaine universelle”, est directement indexé sur la LIBRE DÉCISION PERSONNELLE d’y adhérer.

Et qu’ en particulier la nouvelle inflexion de sens proposée pour l’ expression “Égale Liberté” est désormais  marquée en retour par le sceau de cette “Libre Égalité” dont la dynamique justificative ne peut provenir que de la liberté individuelle et non d’un collectif historique, culturel ou social supposé “préalable” ( même pas celui de la “Tradition des Lumières”, et ceci d’autant plus que les “Lumières” consistent précisément toujours à questionner toute “Tradition” de façon “critique” …)

Et encore moins de la supposée “démocratie” de “peuples” ou de “corps politiques” qui seraient déjà considérés comme “constitués”. Car c’est de la constitution même de nouvelles formes de “corporéités” politiques, qu’il est ici question, à partir de la libre décision de chaque “personne”, considérée comme “souveraine sur elle-même” , de former de tels “nouveaux corps politiques” avec d’autres personnes explicitement reconnues comme aussi “libres et égales” qu’elle-même se reconnaît ainsi “en toute souveraineté”.