La Proposition de l’ « Égale Liberté Libre Égalité » constitue, pour les personnes qui adhèrent ( par définition librement ) à cette proposition, plus qu’une simple « proposition ».
Adhérer à cette proposition signifie en faire pour soi-même une formule suffisamment signifiante pour devenir son propre libre idéal de valeur régulatrice à suivre , et accepter en même temps qu’un grand nombre de « personnes » pourraient suivre ce MÊME idéal sans contradiction, mais que rien ne peut prétendre en faire un « devoir » ou une quelconque « normativité originaire » ( expression de François Galichet »)
L’extension possible de cet Idéal Commun ( le PIC : Projet Idéal Commun » ) à une multiplicité indéfinie de « personnes » ne se limite pas à l’appartenance de ces « personnes » à une espèce biologique particulière, en l’occurrence aux « êtres humains », mais ouvre un projet universalisable à toute autre forme d' »être raisonnable » dans l’ Univers.
( j’ ai proposé aussi d’appeler cette multitude possible : le « P.E.U.P.L.E.« )
Mais cette extension possible ne peut exercer aucune contrainte ni obligation a priori pour ces personnes en général ( qui en langage kantien sont appelées « êtres raisonnables » ) , ni pour des « personnes humaines » en particulier.
Elle n’aura de « valeur » ( valeur dite « morale » ) que pour et par les personnes qui en adoptent librement l’énoncé ou le recréent à leur manière. La façon dont elles cherchent à traduire cet énoncé commun en termes de formes et de contenus de pensées, d’expression ou d’actes, de façon personnelle est donc a priori extrêmement variée.
Mais toutes ces façons « personnelles » d’interpréter un tel Projet Idéal Commun doivent être suffisamment compatibles les unes avec les autres , pour que chaque personne puisse considérer qu’en mettant « en œuvre » cette formulation idéale commune, elle ne contraint ni n’oblige aucune autre à « faire » comme elle, dans la réalisation singulière ou « propre » de chacune de ces mises en œuvre personnelles.
Nous voyons ici, à la fois la proximité de notre problématique avec la problématique « critique » kantienne, mais aussi une divergence librement et volontairement assumée : l’ « universalisation possible« , que nous proposons également comme critère de la « moralité nouvelle » , n’est pas un « universel a priori » au sens où cette « forme universelle » s’imposerait dans sa pure forme de « légalité » à « tous les êtres rationnels et raisonnables », ce qui est le point de vue kantien ( et plus largement de beaucoup de formes d’ « humanisme universaliste »), avec notamment comme effet l’apparition de la notion de « devoir » ou encore d’ « impératif catégorique », comme chez Kant.
( Remarque : Kant lui-même considère d’une certaine façon que les idées de « liberté » et de « loi morale » sont équivalentes …, mais réserve cette équivalence à une forme d’ « élite » de « saints » . Mais c’est bien parce que finalement, il soumet la liberté à une « loi morale » dont il imagine l’ « universalité » sur le modèle extérieur des « lois de la nature »et de la physique newtonienne qui vient de montrer son succès )
Si une « forme pure de la moralité » doit POUVOIR apparaître dans une telle recherche « critique », c’est d’abord sous la forme de la LIBERTÉ, et donc dans l’ « autonomie de la volonté« , où cette « LIBERTÉ MÊME » devient la « MÊME LIBERTÉ » , pour et par l’ « autonomie de la volonté » des personnes ou « êtres raisonnables » qui se pensent et se veulent effectivement comme des « volontés autonomes », c’est à dire capables ( « POUVANT » et non pas « DEVANT » a priori ) de faire un tel libre choix, mais précisément, non pas « impérativement » ou « par devoir« , mais uniquement d’abord « conditionnellement » : sous la condition de leur propre libre adhésion à une telle « loi morale », qui ne peut, – par la libre définition que je pose – se réaliser qu’en étant simultanément « Égale Liberté et Libre Égalité » : le type de « légalité morale » ne pouvant alors être que la résultante d’un libre choix d’adhésion, qui PEUT certes être a posteriori partagé par beaucoup, mais qui ne saurait, sans contradiction avec l’ idée même de Liberté, s’imposer « universellement a priori« .
Notre position est donc très claire : quelque chose comme la « pureté de la loi morale kantienne », n’est précisément formulable que sous l’expresse condition de la liberté de sa formulation. A cause bien sûr du rôle absolument décisif joué par la liberté même de chaque personne, c’est-à-dire de l’ « autonomie personnelle » irréductiblement liée à une telle formulation, même si et surtout si elle se veut « universalisable« , sous condition de cette liberté même, à la fois comme libre principe de « loi personnelle », et comme étant, à cause du respect de cette autonomie même, potentiellement universalisable.
La « moralité nouvelle » ( notre « Loi Morale Nouvelle » ) se signale donc par le critère d’une universalisation possible ( à tout « être raisonnable » dans l’univers physique qui en ferait le libre choix « personnel » ) mais qui n’implique aucune extériorité ou « hétéronomie » d’un tel libre accord, qui ferait apparaître cette « loi » comme s’imposant « à tous », en excluant ainsi un libre choix individuel dont pourtant elle prétend énoncer la possibilité universelle.
Chaque personne entre ainsi dans une forme de « contrat moral » ( « moral », précisément parce qu’ « également libre » ), avec toute autre personne qui pose cette même libre adhésion.
Et elle sait par conséquent, qu’elle ne peut pas, dans ce cadre ( de « Loi Morale Nouvelle » ) , attendre des autres personnes de soumission particulière à ses propres goûts particuliers, à ses propres caractéristiques empiriques ou pragmatiques particulières, mais qu’elle ne peut attendre de « compréhension fraternelle » ou de « coopération fraternelle » d’autres personnes que dans la mesure où elle est elle-même prête à en « consentir » réciproquement l’accord possible.
La question de l’ « harmonisation » et de la compatibilité possible de toutes ces caractéristiques personnelles diverses est donc immédiatement posée à chaque personne réelle qui entre dans ce « contrat moral » , et notamment celle de savoir jusqu’où chaque personne, entrant librement dans ce contrat, considère qu’il s’ agit seulement d’une « belle idée », d’un « idéal utopique » dont la formulation, comme le « Fais ce que voudras » de Thélème, peut bien planer « librement » au-dessus de toutes les personnes ainsi virtuELLEment « associées », mais sans être traduit dans une quelconque « réalité concrète ».
Bien sûr, Kant était conscient du « cercle logique » dans lequel il plaçait sa conception d’une « légalité morale universelle a priori ».
Mais chacune de ces personnes est libre aussi de se demander jusqu’où elle est prête elle-même à entrer dans un questionnement plus « concret » d’une quelconque « réalisabilité effective« , en un tissu de liens psychologiques, sociaux, culturels, associatifs, politiques, juridiques, économiques, etc. avec d’autres personnes, dans des configurations réelles, matérialisées, actuelles et « situées », certes éventuellement très différentes les unes des autres et en perpétuelle évolution, mais toutes cependant animées d’un même esprit d’acceptation de la liberté de ces différences.
En prenant en compte la diversité des incarnations actuelles effectives dans lesquelles chaque personne se trouve effectivement physiquement constituée, en particulier comme organisme biologique « humain » avec ses caractéristiques propres dont l’appartenance à une même espèce « homo sapiens » ne permet précisément de tirer a priori aucune « obligation morale » ni aucun « droit naturel » définissant a priori comment effectuer la « traduction » de l’Idéal supposé commun en termes de « réalisation effective » .
Remarque : Si nous proposons une « Loi Morale Nouvelle » en tant que « Proposition de l’ Égale Liberté Libre Égalité« , c’est bien sûr par ce que « NouS » posons d’abord, librement ( chacun à titre personnel ), qu’il n’existe aucune autre « Loi Morale » , ni aucun « ordre » transcendant » ou « transcendantal » , qui puisse nous « obliger a priori » , sans que nous Y ayons personnellement donné notre libre accord ou libre consentement.
Que le « Réel », ou la « nature » comme « physique » nous impose ses contraintes de fait, de « gré ou de force », cela « va de soi » : pour autant cependant que ce « Réel », également de fait, se plie à ses propres « lois », s’il y en a ( … que par conséquent nous pouvons finir par connaître « scientifiquement » … et utiliser pour en contrôler « techniquement » en retour les incarnations « factuelles » ).
Et de même pour toutes les organisations politiques, sociales ou culturelles instituées, dont l’existence de fait, empiriquement constatable, ne constitue en rien une « obligation » ou un « devoir » a priori, mais ne peuvent le devenir pour certaines personnes que sous l’expresse condition de leur libre adhésion.
Mais précisément, toute notre « philosophie » ici, est de dire que le « fait » ( « de facto » ) du « Réel » n’implique aucun « droit » ( « de jure » ) de ce même « Réel ».
Le « droit au droit » institué par l’ « Égale Liberté Libre Égalité » est par définition « autonome » et « souverain » au sens fort, par rapport à toute autre affirmation d' »autonomie » et de « souveraineté » collectives ou individuelles qui prétendraient se fonder sur la seule « force du réel » ou « réalité de la force ».
La conception donc que nous nous faisons de notre « Loi Morale Nouvelle » , est précisément telle qu’ELLE déclare ne fonder son propre « droit » ( ce que certains appellent un « droit au droit » ), que sur le caractère potentiellement universalisable à toute « personne » dans l’Univers ( physique) qui s’en réclamera librement et également, c’est à dire en acceptant en retour le contrôle de ce même idéal régulateur dont elle pose librement le « droit » pour elle-même, en pure Égalité avec toute Liberté individuée ( « personnelle ») qui ferait réciproquement de même.
Remarque : Bien des lecteurs objecterons sans doute qu’il n’y a donc dans cette supposée « Loi Morale Nouvelle« , rien de « nouveau » : qu’il ne s’agit que de la reprise de la MÊME IDÉE, déjà depuis longtemps ou même depuis « toujours » énoncée par toutes sortes de penseurs ou philosophes, ou simples personnes réfléchissantes, de la limitation de la liberté des uns par celle des autres sous l’ Autorité commune de la Loi.
Qu’il s’agit donc d’une simple variante du même modèle que, entre autres :
– la « Règle d’Or »
– le Contrat social de Rousseau
– l’ Impératif catégorique de la loi morale kantienne
– l’ article 4 de la Déclaration des Droits de l’ Homme et du Citoyen,
– les principes de Justice de John Rawls,
– la question posée par François Galichet concernant une « normativité originaire » ( voir dans « Mourir délibérément ? » )
etc. etc.
Et donc que cela ne sert strictement à rien de continuer à chercher des variantes de « quelque chose » qui a depuis longtemps, à la fois été énoncé idéalement, et montré son impuissance à réguler quoi que ce soit dans la réalité des rapports humains, entre les individus ou entre les collectifs et les communautés humaines.
Certains, dans la lignée du « marxisme » post-hegelien, vont bien sûr continuer à répéter eux-mêmes que le problème n’est plus depuis longtemps de trouver une « solution idéale » aux problèmes de la vie humaine en société, mais de « passer à l’action », de « faire » et d’ « agir » , et donc d’ « accéder au pouvoir », et que c’est la « Révolution en marche d’une Histoire en marche » qui règle les problèmes par le « rapport des forces » en présence …
Bref que la « solution » du problème du « passage de l’ Idéal au Réel » se trouve dans l’ Idéalisation du Réel lui-même, comme « moteur de l’histoire » :
Et que si l’on se demande, parmi toutes les propositions d’usage de la force ou du jeu des « rapports de forces », laquelle est la « meilleure » , c’est « forcément » la « loi du plus fort » qui est la « meilleure » … celle que l’ « Histoire avec sa grande Hache » aura retenue.
Bref que si l’on veut établir une soumission du « de facto » au « de jure« , il « faut et il suffit » de définir le « de jure » comme étant l’ institutionnalisation du « de facto » … Lequel ? Celui qui aura « de facto » réussi à s’imposer par son « pouvoir ».
Vieille question d’un supposé renversement des questionnements « éthiques » par la « praxis politique » … et le règne du « tout est politique » , qui finit par devenir … « tout est économique », puis tout n’est que guerre de tous contre tous, et donc « que le meilleur gagne » suppose que le « meilleur » est par définition « celui qui gagne ».
Faudrait-il choisir entre « avoir les mains pures, mais ne pas avoir de mains » et « avoir des mains dans le cambouis » , mais les avoir nécessairement rongées voire écrasées par les contradictions de la « lutte pour la vie » ?
A chacun de voir :
– Pour moi, je sais ce que je veux pour moi et ce que veulent par conséquent aussi d’autres qui peuvent vouloir la même Égale Liberté que celle que je veux, à partir de ma propre libre décision .
– Je ne prétends donc « imposer » à personne, ni même « obliger » personne à suivre ce « même contrat moral » ( d’ « Égale Liberté« ) , puisque, par définition je le pose librement comme étant libre ( « Libre Égalité » )
– Quant à VOUS, … c’est VOUS qui voyez .