Le titre de cet article se réfère bien sûr à une remarque célèbre de Charles Péguy “Le kantisme a les mains pures, mais il n’a pas de mains“.
On trouvera par exemple sur le site PhiloLog une analyse de cette critique de la philosophie pratique kantienne par Péguy
Le lecteur de notre proposition de “Loi Morale Nouvelle” et de sa proposition centrale d’ “Égale Liberté Libre Égalité”, peut bien sûr légitimement se demander si celle-ci ne tombe pas immédiatement sous les mêmes objections que toute prétention de “loi morale universalisable”, dont la “loi morale kantienne” est le prototype le plus connu.
Sauf que :
– 1. Notre proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” comporte en effet un premier membre “Égale Liberté” qui, s’il figurait seul dans notre proposition, pourrait en effet, à cause de son caractère aussi formel, voire plus, que l’énoncé kantien, subir les mêmes types de critiques pour “idéalisme angélique” que l’impératif catégorique kantien.
Mais le deuxième membre de la proposition, la “Libre Égalité” s’appuie directement sur une décision individualisée, sur le choix effectué par une personne physique, qui peut donc parfaitement prendre en compte dans ce choix, toute raison ou motivation “réelle” liée à sa situation “incarnée” actuelle, pour préciser jusqu’à quel point elle adhère ou pas, ou plus ou moins à cette loi morale.
Il n’ y a pas, comme chez Kant, d’universalité a priori supposée, ni donc de forme universelle de l’obligation morale, mais seulement un contrat potentiellement “universalisable” sous condition de la libre adhésion individuelle de ses contractants. C’est donc chaque personne en elle-même, qui détient, pour elle-même, les clés de l’articulation entre la “liberté formelle” qu’elle veut partager le plus universellement possible avec d’autres et la “liberté réelle” variable et différenciée dont elle “dispose” à titre personnel dans la situation incarnée hic et nunc où elle se trouve.
2. “ELLE” n’est qu’une proposition, comme telle en effet form-elle, mais qui n’a d’existence que par et pour les personnes, “NouS”, qui énoncent ou adoptent cette proposition. C’est donc ce “NouS”, ensemble des personnes physiques correspondantes, qui constitue les “mains” réelles qui peuvent agir au nom de leur commune adhésion au Principe commun d’ “Égale Liberté Libre Égalité” dont l’abstraction formelle est en effet, comme dans le cas de la “forme pure” de la moralité kantienne, l’expression d’un idéal possible, qui n’est rien sans les “personnes souveraines libres et égales” qui choisissent de lui donner “corps” ( politiquement, juridiquement, économiquement, socialement, biologiquement, etc. suivant les capacités de chacun )
Étiquette : loi morale
“Libre Égalité” et “Loi Morale Nouvelle”
La “Loi Morale Nouvelle” dont nous parlons ici se définit elle-même dans le résumé de sa formulation comme ” Égale Liberté Libre Égalité“.
Ceci signifie :
- Comme “Égale Liberté“, ELLE se veut comme un cadre de légitimité morale possible, autrement dit une forme d’ “Égalité devant cette Loi”, qui demande à chaque personne concernée de respecter la Liberté des autres personnes comme elle veut que la sienne soit respectée par les autres.
En cela la proposition est très proche en apparence de nombreux autres essais de formulation d’une “Loi Morale” à prétention “universalisable” et bien sûr de la plus connue d’entre elles, la “Loi Morale” kantienne et son “impératif catégorique“.
Si notre proposition se limitait à une “nouvelle” formulation de cette très ancienne et bien connue tentative de définir une “Loi Morale universelle”, je n’aurais pas parlé de “Loi Morale Nouvelle“, mais simplement de “nouvelle formulation” de la “Loi Morale”, en présupposant, après beaucoup d’autres, qu’il y aurait une sorte de “fond commun” humaniste implicite entre toutes les “morales” particulières, d’origines religieuses ou laïques “anthropologiques”, etc… et j’aurais encore une fois essayé, vainement en effet, de dire une “nouvelle” fois, à ma manière, ce que d’autres philosophes se sont déjà de nombreuses fois essayés à formuler, et notamment le plus caractéristique d’entre eux à ce sujet, à savoir Kant. - OR, une remarque toute simple à ce sujet, que peut faire n’importe quel lecteur de ces philosophes ou de tout autre penseur moraliste, ou de textes traditionnels divers concernant la ou les morales et leur plus ou moins grande universalité possible ou leur relativisme culturel ou individuel, c’est que toutes ces propositions philosophiques de “Loi Morale” à prétention “universelle”, sont en fait toujours très fortement marquées par la personnalité philosophique de leur auteur et / ou par des “considérations morales” propres à leur contexte culturel, social, historique, etc.;
Plutôt que de parler de “Loi Morale”, même s’il existe apparemment une problématique commune, il vaudrait mieux parler à chaque fois de “la loi morale de Kant“, “la loi morale chez Aristote“, “la loi morale chez Épicure“, etc. En remarquant bien combien cette prétention universalisante est toujours celle d’une liberté de pensée personnelle particulière, qui énonce “sa propre morale”, ou encore ne fait que répéter explicitement une référence dogmatique religieuse ou philosophique antérieure ou existante ou socialement et juridiquement déjà admise.
Mais cette remarque n’est pas “nouvelle” non plus !
Le soupçon philosophique, esthétique ou politique concernant ces prétentions à l’ “universalité” d’une “Loi Morale” est depuis longtemps aussi à l’oeuvre : Marx, Nietzsche, Freud, les sciences humaines, et tout ce qu’on peut trouver dans la littérature comme formes de “relativisme moral” , de “déconstruction”, de “post-modernité”, ou toute critique qu’on voudra d’une telle prétention “universalisante”.
En un certain sens, je souscris évidemment aussi à ce questionnement critique et donc à une forme de “relativisme moral”. - Mais précisément, malgré toutes leurs différences critiques, les auteurs, à la fois de multiples nouvelles formulations d’une supposée “Loi Morale” universelle introuvable, ou au contraire d’une réfutation relativiste systématique de toute tentative de définir une quelconque “Loi Morale”, s’entendent en fait la plupart du temps pour pratiquer leur propre “liberté d’esprit” ou “liberté de pensée” personnelle à ce sujet, et acceptent d’en débattre avec d’autres, sans s’entre-tuer …
Certains de ces auteurs ont d’ailleurs pensé y trouver un moyen détourné de refonder sur ce simple constat “pragmatique” ou “performatif” du dialogue entre pensées divergentes, un “fondement” méthodologique d’une forme morale “universalisable” qui n’arrivait plus à se fonder autrement d’un point de vue “théorique”.
( Voir par exemple Marcel Conche, ou encore Habermas, etc. ).
Ou encore la question du “débat démocratique” qui serait une forme de moralité politique en acte …
Récemment, le débat avec la critique venue d’une une certaine “ultra-gauche” ( “décoloniaux”, “féminisme intersectionnel”, etc. ) contre l’ universalisme, a relancé la problématique théorique à ce sujet :
Ainsi Francis Wolff en fait une analyse précise dans son ouvrage de 2019 : “Plaidoyer pour l’universel” ( Ed. Fayard ), et prétend retrouver après d’autres, un “propre de l’homme”, dans la faculté de dialoguer … - En conséquence de cette reconnaissance “post-moderne” d’un pluralisme et d’un relativisme des valeurs, je propose donc que toute nouvelle tentative de définir une “Loi Morale” quelconque comme “Égale Liberté” ainsi instituée par cette “Loi de Liberté”, soit explicitement accompagnée dans sa formulation, de l’indication qu’une telle “Loi” ne peut ELLE-MEME être légitimement auto-posée que sous l’expresse condition de la libre adhésion des personnes qui y souscrivent.
La “circularité” entre la liberté personnelle “naturelle-culturelle” qui choisit d’entrer dans le contrat social de cette”Loi Morale Nouvelle” et le type d’ “obligation morale” qui résulte en retour d’une telle adhésion est donc explicitement reconnue et formulée dans l’ expression même “Égale Liberté Libre Égalité“:
Toute formulation de l’institution d’une “Égale Liberté” comme “Loi Morale Nouvelle” reconnaît explicitement en même temps sa relativité pleine et entière au libre choix personnel de la personne qui s’y engage( donc sa “Libre Égalité”).Il n’ y a donc dans ce cadre aucun “renoncement” rousseauiste où la personne individuelle abandonnerait sa “liberté naturelle” pour se soumettre entièrement à la “volonté générale” ( désormais”politique” collective ) qui serait seule capable de garantir à chaque “contractant” sa nouvelle “liberté civile” égalitaire. Ce n’est donc pas une “volonté générale” distincte de chaque volonté particulière qui est chargée de la “régulation” de l’ “Égale Liberté” nouvelle, mais bien chaque personne elle-même, pour autant qu’elle VEUT que d’autres personnes puissent bénéficier de la même “Égale Liberté” dont elle voudrait se garantir elle-même l’usage légitime, et se charge donc librement elle-même d’une telle participation à sa mesure dans ce Projet Idéal Commun.
Libre à toutes les autres personnes de continuer à se débrouiller avec leurs “appartenances” collectives …. plus ou moins librement choisies … et avec les “citoyennetés” libres et égales que leurs communautés ou leurs collectifs ( États, Nations, peuples, etc. ) de “volonté générale” sont censés leur garantir, en échange de leur “obéissance à la loi commune”.
Libre à chaque personne aussi de choisir de n’entrer dans ce nouveau contrat de “Loi Morale Nouvelle” qu’à son propre rythme et suivant sa propre “liberté naturelle” maîtrisée, si elle respecte alors en conséquence l’ “Égale Liberté” des autres de faire comme elle, c’est à dire de “mesurer” de la même façon la progressivité de leur adhésion formelle théorique et / ou de leur adhésion concrète réelle pratique à une telle “Loi Morale Nouvelle” définie par la “maxime” d’ Égale Liberté Libre Égalité”.
Égale Liberté Libre Égalité, complémentarité et réciprocité
ÉGALE LIBERTÉ :
La Liberté, OUI, mais ÉGALEMENT acceptée et reconnue par chaque personne à chaque autre personne qui choisit d’entrer dans ce même contrat.
LIBRE ÉGALITÉ :
L’ Égalité, OUI, mais LIBREMENT reconnue et acceptée par chaque personne participant à ce même contrat.
Ces deux “OUI”,
consciemment énoncés par ces “personnes morales libres et égales“,
non seulement ne sont pas contradictoires, comme le pensent certains,
mais se complètent et se renforcent l’un l’autre :
Les “personnes morales libres et égales” sont à la fois :
D’autant plus égales qu’elles sont chacune plus libre et libres donc notamment de choisir leur égalité.
D’autant plus libres qu’elles sont plus égales entre elles et peuvent donc se reconnaître mutuellement une telle Égale Liberté et qu’elles n’ont plus alors à craindre que la Liberté d’une de ces personnes veuille dominer la Liberté d’une autre, puisqu’elles ont alors, par définition même de leur “contrat moral”, librement choisi de ne plus chercher une telle domination.
Mais pour autant ces “personnes morales libres et égales” ne renoncent pas définitivement à leur “liberté naturelle” en entrant dans le “contrat moral” de cette “Loi Morale Nouvelle”. ( Différence capitale avec le “contrat social” rousseauiste )
Elles gardent précisément chacune la responsabilité morale de réguler l’ articulation entre leurs “libertés naturelles” respectives, et les “libertés civiles” résultant des différents contrats partiels passés – formellement ou non – avec les autres “personnes morales libres et égales”.
Bien sûr, chacune de ces personnes peut aussi choisir d’entrer avec d’autres personnes ou de reconnaître des lois ou des règles communes associatives diverses et s’engager alors à les respecter pour autant qu’elle exige que les autres participants d’une telle association partielle particulière respectent également ces règles communes.
Il s’agit d’une façon générale de “communautés” associatives de nature diverse, dont beaucoup sont déjà préalablement constituées par les circonstances de l’ histoire, et dans et par lesquelles les personnes ont été “éduquées” sans l’avoir explicitement choisi.
Mais une “personne morale libre et égale“, au sens où nous l’ entendons ici, doit se poser la question de son propre choix, soit de continuer à “appartenir” et à participer aux cadres normatifs de ses “communautés d’appartenance” initiales, ou à certains d’ entre eux, ou plus ou moins, ou au contraire de s’ en “émanciper”, soit pour rejoindre librement d’autres formes associatives similaires, soit pour en créer de nouvelles avec d’autres personnes libres et égales.
L’originalité de la Proposition ou du Projet de l’ Égale Liberté Libre Égalité, est précisément de considérer que cette Égale Liberté des personnes n’est plus présupposée dans une quelconque “loi naturelle”, ni dans un “droit naturel”, ni dans une quelconque “nature humaine”, ni évidemment dans une “loi divine” ou “transcendantale” ou “anthropologique”, ni évidemment dans une “souveraineté” qui appartiendrait spontanément à des “États de droit” , à des “Nations” ou à des “Peuples” déjà empiriquement constitués par l’ histoire.
Cette Égale Liberté des personnes, telle que nous la définissons dans ce cadre de la “Loi Morale Nouvelle”, est librement choisie et voulue par ces personnes elles-mêmes, à partir précisément de la Libre Égalité qu’elles se donnent en même temps, en toute “souveraineté de chaque personne sur elle-même“.
C’est l’auto-fondation circulaire de ce droit moral nouveau par et pour les personnes qui s’y reconnaissent qui est constitutif du cœur et de la maxime centrale de ce que nous pouvons par conséquent appeler “Loi Morale Nouvelle“.
Cette auto-fondation circulaire de la “Loi Morale Nouvelle” par et pour les “personnes libres et égales” qui s’en réclament est aussi différente de la proposition de la “délibération démocratique” telle qu’elle peut être développée par Jürgen Habermas ou encore d’autres façons, par Karl-Otto Apel, ou encore , au niveau du “fondement de la morale” de Marcel Conche, auteurs qui continuent de croire qu’ils peuvent prétendre que leur propre interprétation personnelle puisse prétendre à l'”universalité” en trouvant une voie et une voix argumentatives qui seraient “supérieures” à celles de leurs interlocuteurs.
( Le concept de”normativité originaire” proposé par F. Galichet entre probablement aussi dans cette “prétention universalisante” )
Pourtant, sachant ce qu’ils savent de leurs différences d’approche, il suffirait qu’ils acceptent que les autres approches ne sont ni plus ni moins un simple “point de vue perspectif” que la leur propre, et qu’il n’ont plus qu’un intérêt purement anecdotique ( une sorte de “plaisir du jeu de rôles”), à confronter leurs idées distinctes, et que chacun accepte de reconnaître à l’autre une “Égale Liberté” d’exprimer et de développer son propre point de vue dans sa propre sphère perspective, sans chercher à en faire un point de vue “dominant”.
Bref, ceux qui sont pour accorder librement à l’ “Égale Liberté” une valeur supérieure aux contenus distincts et “différents” que chacun peut créer en exerçant cette “MÊME LIBERTÉ”, peuvent alors accepter tout aussi librement une “Libre Égalité” qui énonce en effet la Liberté de chacun de ces points de vue personnels subjectifs de se distinguer des autres, tout en pouvant aussi librement choisir de changer de “point de vue”, sans renoncer , ni à la possibilité de revenir au précédent, ni surtout à la commune libre adhésion au principe d’ “Égale Liberté”, comme principe librement choisi en commun ou “règle du jeu des je” .
En effet, de la POSSIBILITÉ d’une telle coordination réflexive ( sur une base d’ argumentation critique “philosophique” ) entre les points de vue philosophiques différents , ne résulte pas un “devoir” universalisable à toute conscience possible de construire une telle coordination, mais seulement l‘ouverture d’un espace dans lequel les “personnes libres et égales” PEUVENT entrer, plus ou moins, suivant leurs propres choix, sachant en effet qu’au “centre” de cet espace, elles “doivent” ( par définition de la “règle du jeu des je” axiomatique qui définit un tel “barycentre de l’égale valeur des positions “philosophiques” ” ) respecter le plus possible le principe de leur “Égale Liberté”, mais il ne le “doivent” que parce qu’elles en ont librement décidé en tant que “Libre Égalité” .
Autrement dit, en employant le vocabulaire rawlsien : l’entrée dans la “position originaire” , de “personnes libres et égales“, est elle-même circulairement dépendante de leur libre décision personnelle d’Y entrer , et n’a plus aucune autre “autorité” ( “originaire” ou “transcendantale” ou “collectivement immanente”, etc. ) que cette libre décision personnelle d’Y participer .
D’ailleurs, dans le cas de la philosophie de Rawls, c’est bien la liberté individuelle de pensée de la personne “John Rawls” qui fait qu’il propose une version personnelle, de plus évolutive sous son propre contrôle, de son dispositif de “Principes de Justice” et de la procédure “derrière le voile d’ignorance” qu’il propose pour y arriver. Et que rien n’empêche d’autres “philosophes du droit ou de philosophie morale et politique, de créer leur propre dispositif “théorique” ( Cf Amartya Sen etc. ) :
S’agissant simplement de “philosophie” et non de “science” , il n’y a pas de méta-procédure générale permettant, comme c’est le cas dans une procédure “scientifique” de “falsifiabilité poppérienne”, d’exposer à tous un jugement suffisamment “déterminant”, dans lequel l’ensemble de la “communauté scientifique” reconnaîtrait l’état actuel des connaissance validées.
Précisément, parce que nous sommes dans un domaine ( celui de la “normativité éthico-politico-juridique” ), où le problème de la LIBERTÉ de pensée individuelle est précisément en question, alors que dans un domaine proprement “scientifique”, l’ensemble de la communauté “scientifique” considère qu’il existe une “réalité” suffisamment stable pour que des modèles mathématiques puissent en donner des versions logiquement cohérentes irréfutables … jusqu’à nouvelle réfutation, qui doit à nouveau faire ses preuves “scientifiques”.
Certes, pour certains, les notions “normatives” ( propositions, éthiques, juridiques, politiques, etc. ) fondamentales sont prétendues “objectives” …
mais ne le sont que pour ceux qui y croient …
Le plus célèbre philosophe en ce sens est précisément un certain Kant, qui prétendait pouvoir énoncer dans l’ordre de la “Raison Pratique” ( des jugements normatifs ) un système métaphysique de “loi morale” universelle analogue au système théorique newtonien pour la physique, tout en ayant très bien analysé préalablement l’incapacité de la Raison théorique de construire un savoir “scientifique” au sujet d’entités métaphysiques comme “Dieu”, l’ âme , ou en général une “ontologie métaphysique”.
Le fameux parallèle de l’admiration kantienne pour : “« Deux choses remplissent l’âme d’une admiration et d’un respect toujours renaissants et qui s’accroissent à mesure que la pensée y revient plus souvent et s’y applique d’avantage : le ciel étoilé au-dessus de nous, la loi morale au-dedans“, mais que par ailleurs Kant se voit obligé par sa propre analyse de la notion de “devoir moral” référé à la liberté , à laisser la compréhension de la liberté dans une zone “transcendantale” d’un “en soi” impossible à “objectiver” …
Mais la philosophie kantienne n’est qu’une philosophie parmi d’autres … et non pas une “science” désormais pensable à partir de Newton en effet, comme étant basée sur des “Principia mathematica” et non sur des “Principia metaphysica” .
A cause de sa prétention “universalisante” a priori sur le modèle des nouvelles sciences “physiques”newtonniennes” , la conception “transcendantale” de la liberté morale prétendument déduite de l’existence d’un “devoir moral” distinct de la liberté elle-même ( héritage métaphysique chrétien … inconsciemment repris ), rate ce que sa propre invention du fondement de l’ autonomie de la volonté aurait pu affirmer … précisément librement, à savoir que la Liberté est à elle-même son propre “fondement” en tant que VALEUR :
Il est parfaitement possible de décider que la “liberté”, “ma liberté” ( la loi morale “au -dedans” ) , en tant que valeur fondamentale, résulte – par libre définition – d’une libre décision d’attribuer cette valeur.
Et que la seule “universalisation” alors logiquement défendable d’une telle Liberté auto-valorisée, est alors non pas “universelle a priori” , mais universalisable SOUS CONDITION d’être elle-même librement posée par les personnes qui font ce choix , et qui comprennent par là-même que d’autres personnes PEUVENT aussi très exactement faire ce MÊME CHOIX ( de reconnaissance mutuelle d’une telle Liberté auto-fondée ), mais ne le “doivent” que pour autant qu’elles le VEULENT LIBREMENT.
C’est très exactement ce que “je” propose en disant que l’ “Égale Liberté” suppose réciproquement la “Libre Égalité”.
Et je peux le “proposer” précisément d’autant mieux à partir de ma propre et stricte liberté personnelle que je ne prétends donner aucune valeur “universalisable a priori” à cette définition, dont l’extension à d’autres personnes dépendra très précisément de leur propre Libre adhésion :
C’est une libre coalition des libertés personnelles , chacune auto-fondée comme acte fondateur autonome de l'”autonomie personnelle” , qui PEUT, de proche en proche, élaborer la nouvelle “connectivité” ou le nouveau “lien moral” “collectif” entre ces personnes là, que j’appelle “personnes souveraines libres et égales”, qui savent que la valeur de leur “nouveau collectif” ne repose sur rien d’autre que la libre décision prise par chacune d’elle de reconnaître l’ “Égale Liberté” des autres si et seulement si ces “autres” reconnaissent ÉGALEMENT la leur .
Et comme il n’est nullement obligatoire a priori que cette reconnaissance réciproque en tant qu’ “Égale Liberté” formelle abstraite se fasse , dans la pratique et la réalisation empirique par l’institution d’un ou plusieurs collectifs par “tout ou rien” ( identités catégorielles ensemblistes ), il est parfaitement possible de proposer des modélisation formelles où les liens concrets ( juridiques, politiques, symboliques, culturels, etc .. ) sont des liens d’intensité variable en “plus ou moins” :
La seule règle formelle a priori imposant la symétrie “égalitaire” de ces liens intensifs partiels. Pour deux personnes données dans une situation donnée, il faudra, si elles veulent rester dans le nouveau contrat d'”Égale Liberté Libre Égalité”, qu’elles se mettent en libre accord mutuel sur l’intensité de cette liaison connective.
On comprend facilement qu’une telle “Égale Liberté Libre Égalité”constitue formellement une “relation d’ équivalence” stricte entre ces personnes si et seulement si ces personnes allaient jusqu’au bout de leur choix de leur commune définition de personne souveraine libre et égale ( c’est précisément ce qu’indique l’usage du mot “Égalité” ) , et donc qu’en tant que relation d’ équivalence elle suppose 3 propriétés formelles ( Réflexivité, Symétrie , Transitivité) :
1. Toute personne libre et égale est son propre équivalent, en termes d’Égale Liberté Libre Égalité ( cette propriété n’est vérifiée rigoureusement que si une personne reste “Également fidèle” à sa propre libre décision : la liberté de ma décision aujourd’hui est équivalente à la liberté de ma décision demain. )
2. Toute personne libre et égale est équivalente à toute autre personne libre et égale ( puisque chacune veut pour elle-même autant de liberté qu’elle en accepte pour ses semblables )
3. Mais surtout : la Transitivité : dans le cas idéal, dès que deux personnes A et B sont équivalentes entre elles, et que par ailleurs les personnes B et C le sont aussi, alors il est possible d’en déduire formellement que A et C le sont aussi sans avoir à repasser un tel contrat entre A et C.
C’est bien à chaque fois cette équivalence formelle possible qui est énoncée dans le principe fondamental d’ Égalité qui sous-tend la notion d’ Égale Liberté”.
Mais comme il s’agit toujours aussi de l’ Égalité de la Liberté elle-même, et que celle-ci introduit par définition l’ouverture d’un choix possible qui PEUT être partiellement inégal, cette relation d’ équivalence entre les personnes “libres et égales” ne vaut que ce que valent les libres choix des personnes en tant qu’elles se soucient de compenser les inégalités induites pas tous ces libres choix par d’autres inégalités qui permettent à leur Égale Liberté de se rétablir.
L’ Égale Liberté collective peut donc croître si ces personnes se donnent des moyens équivalents mais croissants de pouvoir compenser les inégalités qui apparaissent du simple fait du libre jeu des libertés de chacune.
Chaque personne libre et égale sait donc qu’elle ne pourra exiger la reconnaissance de son équivalence avec les autres personnes libres et égales, que si elle-même fait le libre choix de reconnaître dans la même mesure l’ égale liberté des autres, pour autant que ces autres font aussi un tel choix.
Dès que chaque personne, au nom de sa liberté personnelle, accepte de faire des libres choix qui ont comme conséquence une inégalité de la liberté d’autres personnes, soit elle propose un moyen de compensation permettant à ces autres de retrouver une liberté équivalente, soit elle accepte que symétriquement, son libre abandon partiel du principe d’ Égale Liberté, autorise ipso facto, par symétrie, les autres à procéder à un libre abandon équivalent, en affaiblissant ainsi les possibilités pour chaque personne de bénéficier des avantages librement attribués par toutes ces personnes au principe formel d’ Égale Liberté Libre Égalité.
Remarque :
L’aspect continu en plus ou moins de la force d’adhésion d’une personne et donc de la diversité et de la force des connexions qu’elle établie avec les autres “personnes libres et égales”, permet de construire aussi des modélisations formelles du gigantesque “réseau apprenant” que toutes ces personnes peuvent former, non seulement par leur apport personnel, mais par le fonctionnement global du réseau comme “réseau de neurones formels”, où chaque personne intervient à sa façon, en renforçant ou en diminuant des connexions provisoires circonstancielles plus ou moins “fortes” avec d’autres personnes du réseau.
Et il ne faudra pas sous-estimer les “résonances“entre les réseaux neuronaux biologiques du cerveau et plus largement des réseaux de communication intra-corporelle biologique des organismes, avec le “réseau de neurones formels” constitué par la communication des “personnes libres et égales” entre elles.
Sans oublier bien sûr les nouvelles interconnexions avec les “réseaux de neurones formels” des “intelligences artificielles”.
Mais bien évidemment, une différence fondamentale existe entre des entités “libres et égales” comme des personnes et des “neurones” intrinsèquement inconscients de leur propre organisation et fonctionnalité biologique intérieure, ainsi que des conséquences de leur “réponse fonctionnelle” locale à une plus large échelle sur le fonctionnement et le pilotage global des “systèmes” auxquels ils participent ainsi inconsciemment.
Les “personnes libres et égales” dont nous parlons sont en revanche au moins en partie conscientes de tels enjeux, et c’est précisément ce qui constitue leur “liberté” autonome, qui n’est bien sûr pas seulement un “degré de liberté” au sens logique et physique du terme.
C’est donc bien “VOUS qui voYez” …