Le titre de cet article se réfère bien sûr à une remarque célèbre de Charles Péguy « Le kantisme a les mains pures, mais il n’a pas de mains« .
On trouvera par exemple sur le site PhiloLog une analyse de cette critique de la philosophie pratique kantienne par Péguy
Le lecteur de notre proposition de « Loi Morale Nouvelle » et de sa proposition centrale d’ « Égale Liberté Libre Égalité », peut bien sûr légitimement se demander si celle-ci ne tombe pas immédiatement sous les mêmes objections que toute prétention de « loi morale universalisable », dont la « loi morale kantienne » est le prototype le plus connu.
Sauf que :
– 1. Notre proposition de l’ « Égale Liberté Libre Égalité » comporte en effet un premier membre « Égale Liberté » qui, s’il figurait seul dans notre proposition, pourrait en effet, à cause de son caractère aussi formel, voire plus, que l’énoncé kantien, subir les mêmes types de critiques pour « idéalisme angélique » que l’impératif catégorique kantien.
Mais le deuxième membre de la proposition, la « Libre Égalité » s’appuie directement sur une décision individualisée, sur le choix effectué par une personne physique, qui peut donc parfaitement prendre en compte dans ce choix, toute raison ou motivation « réelle » liée à sa situation « incarnée » actuelle, pour préciser jusqu’à quel point elle adhère ou pas, ou plus ou moins à cette loi morale.
Il n’ y a pas, comme chez Kant, d’universalité a priori supposée, ni donc de forme universelle de l’obligation morale, mais seulement un contrat potentiellement « universalisable » sous condition de la libre adhésion individuelle de ses contractants. C’est donc chaque personne en elle-même, qui détient, pour elle-même, les clés de l’articulation entre la « liberté formelle » qu’elle veut partager le plus universellement possible avec d’autres et la « liberté réelle » variable et différenciée dont elle « dispose » à titre personnel dans la situation incarnée hic et nunc où elle se trouve.
2. « ELLE » n’est qu’une proposition, comme telle en effet form-elle, mais qui n’a d’existence que par et pour les personnes, « NouS », qui énoncent ou adoptent cette proposition. C’est donc ce « NouS », ensemble des personnes physiques correspondantes, qui constitue les « mains » réelles qui peuvent agir au nom de leur commune adhésion au Principe commun d’ « Égale Liberté Libre Égalité » dont l’abstraction formelle est en effet, comme dans le cas de la « forme pure » de la moralité kantienne, l’expression d’un idéal possible, qui n’est rien sans les « personnes souveraines libres et égales » qui choisissent de lui donner « corps » ( politiquement, juridiquement, économiquement, socialement, biologiquement, etc. suivant les capacités de chacun )