De quelle “factualité” est-il question ?

“Les faits sont faits”. Certes, mais il existe une démarche procédurale permettant de construire une “démarcation” entre “faits scientifiquement contrôlables” et toute autre procédure d’établissement des “faits”.

Ainsi, je ne suis pas entièrement en accord avec l’analyse faite par Géraldine Muhlmann dans un entretien récent dans Philomag :

Géraldine Muhlmann : “Dans cette guerre, chaque ‘partie’ a tendance à s’enfermer dans une vision assez fixe de la réalité”.

Il y est fait référence à son dernier ouvrage “Pour les faits”

Un commentaire en “Répliques” peut aussi en donner une certaine approche
( Émission Répliques du samedi 11 novembre 2023 Les faits et les sentiments )

* * * *

“En particulier la distinction proposée par Géraldine Muhlmann entre “discours” et “récits”, ne me semble pas être la plus apte à trouver ou à construire une sortie possible des impasses actuelles de la “construction” d’une “factualité de référence commune”.

Dans son entretien, Géraldine Muhlmann parle certes de la crise du “journalisme”, et pas de la question de l’établissement de “faits scientifiques”.

Mais nous pouvons nous poser la question de savoir si une “base factuelle commune” est encore constructible sans se référer en dernier recours à un établissement “scientifique” des faits, et non pas comme elle semble le proposer dans un investissement plus “corporel” dans un supposé “sensible partagé”.

Il faut se poser la question d’un “journalisme scientifique” ( dans l’ établissement des “faits” ), comme on utilise aujourd’hui la “police scientifique” dans l’instruction judiciaire des “faits” …

Certes, le problème du “journalisme”, du fait même de sa référence prioritaire à l’ “actualité” et donc à la négociation permanente entre l’urgence du “reportage” et la nécessaire distance de l’analyse, ne se pose pas dans les mêmes termes, ni de l’ “instruction judiciaire” dont l’établissement des faits précède nécessairement tout “jugement” proprement dit, ni de la recherche scientifique ou même simplement “historique”, impliquant des modalités particulières de “recueil des faits”.

Je concède donc à Géraldine Muhlmann la spécificité de son propos autour de la question principale de la “crise du journalisme”, et que, peut-être, pour ce problème précis, sa proposition de reconstruire du “récit“, plutôt que de confronter des “discours“, est intéressante et pertinente.

Mais précisément, le “journalisme”, pour utile et nécessaire qu’il soit dans l’immédiateté du “quotidien”, n’est pas la modalité la plus pertinente de la “recherche de la vérité” …

Et je pense plutôt que la prise de distance d’une analyse scientifique et au moins “rationnelle” du vécu, est plus apte à produire une “factualité commune partageable” ( … pour ceux qui acceptent d’en faire l’effort … ou de faire confiance aux “communautés scientifiques” … dont ils savent qu’elles font cet effort ), que le supposé “témoignage corporel” de ceux qui vivent les “évènements” sur place, même s’ils font l’ effort “journalistique idéal” de se placer d’un point de vue “impartial” ( voir à ce sujet les développements de Géraldine Muhlmann dans son ouvrage ).

Certes, dans un monde humain “consensuel a priori”, on pourrait imaginer qu’il n’est pas nécessaire de recourir à des démarches scientifiques pour établir une “base factuelle commune”.
Sauf que c’est précisément ce qui n’est plus possible aujourd’hui – et ne l’a jamais été réellement … car la forme même du “récit” ne peut pas tenir lieu de “base factuelle commune”, sauf à donner en effet au mot “fait” et à la “factualité” un sens très particulier, que peuvent lui donner certains en accord avec la conception philosophique de Géraldine Muhlmann à ce sujet, y compris en croyant y trouver un “sens commun partagé” .

Les “grands récits” que certains regrettent aujourd’hui, ont été et sont encore des grandes références illusoires qui ne tiennent que pour autant que ceux qui s’y réfèrent y trouvent suffisamment de “raisons de croire, d’agir, d’espérer, etc.”.
Et surtout, quoiqu’en pense Géraldine Muhlmann, les conflits actuels les plus violents et destructeurs sont dus au moins autant à des contradictions entre “grands récits” qu’aux innombrables conflits de “discours” qui se combattent dans l’ arène des médias ou des réseaux sociaux. .

Et je ne vois pas en quoi la multiplication des “petits récits” de “témoignage du vécu” rendrait plus solide la “factualité commune” recherchée, que celle des “grands récits” .

La virulence actuelle des conflits du “Proche Orient” est en grande partie à penser dans la référence des protagonistes divers et variés à de “grands récits”, religieux, politiques, nationalistes, anti-coloniaux, etc. qui s’entre-croisent et s’entre-choquent de diverses façons en broyant la “matière biologique humaine” qui est soumise à leur emprise …

Il s’agit donc moins de regretter l’absence de “récits” , que de prendre acte de leur ambivalence fondamentale : ces “récits” servent avant tout à consolider des “identités” , même si elles sont évolutives. Un “récit” sert à se différencier d’autres “récits” concurrents, dans la vaste concurrence des “mémoires” ..

Si les “mémoires” et les “identités” servent à entretenir d’ éternels conflits sanglants … autant promouvoir en effet de nouveaux “discours” qui font le libre choix personnel de dépasser ces “récits” …

La question est donc bien d’abord, celle de la spécificité des CHOIX divergents ( de valeurs éthiques, politiques, idéologiques, et “philosophiques” en général ), et dont aucune prétention “philosophique” ne peut plus “fonder universellement” la “valeur”.

Ma position est donc simple dans son principe, même si elle se révèle également complexe à pratiquer :

Si nous cherchons une “référence factuelle commune” qui puisse départager les innombrables “fake news” et prises de positions idéologiques plus ou moins “complotistes” qui foisonnent, il faut, “en dernière instance” recourir au contrôle par la rationalité de type “scientifique”, avec toute la complexité des approches scientifiques diverses et de leur articulation, mais qui reconnaissent de fait en commun un certain nombre de critères de “recevabilité” dans les “communautés scientifiques” concernées.

Et pour commencer, il faut accepter, philosophiquement, de distinguer clairement la “recherche de la vérité” de la “recherche du bien” ou de la “recherche du bonheur” , et de ne plus prétendre trouver un “Unum , verum, bonum” … dont les références religieuses diverses nous prouvent … par l’ horreur des “faits”, qu’elles se contredisent les unes les autres au point d’en arriver à vouloir s’exterminer les unes les autres … au nom même de leur supposée “racine commune” .





Les pseudo-sciences “spiritualistes” ont encore de beaux jours devant elles à exploiter les désirs conscients ou inconscients de leurs adeptes

Je viens d’écouter la dernière émission de France-Inter “Sous le soleil de Platon”, où Charles Pépin recevait Christophe Fauré, avec comme intitulé de l’ émission “Qu’est-ce que la conscience ?

Je m’attendais à avoir un aperçu sur les dernières avancées des neurosciences sur le sujet. A la place j’ai eu les élucubrations “spiritualistes” les plus ordinaires, s’appuyant sur toutes les “expériences” ( c’est-à-dire sur les témoignages de vécus subjectifs de toutes sortes que l’on connait depuis longtemps en effet et colportées par toutes les officines “spiritualistes”) ,

Certes on a le droit d’être aujourd’hui encore “spiritualiste” au sens métaphysique “idéaliste” de la croyance que la conscience précèderait l’ organisation matérielle complexe notamment du cerveau qui pour la plupart de la communauté scientifique spécialisée est au contraire nécessaire pour donner lieu à l’ensemble des phénomènes que nous désignons comme “vécus de conscience”.

Il y a -t-il quoi que ce soit de sérieusement neuf dans le discours métaphysique – phénoménologique du genre produit par le psychiatre Christophe Fauré concernant une supposée “conscience” qui précèderait ou “survivrait” de façon indépendante de l’organisation complexe du cerveau et de l’organisation biologique en général.
D’ailleurs tous ces courants “spiritualistes” ne cachent pas leur proximité avec les plus anciennes “traditions” de “spiritualité” religieuse ou métaphysique qui sous prétexte d’ “ouverture de la pensée” ne font que reprendre les anciennes “fermetures” idéologiques et culturelles , dont la caractéristique est de chercher à rassurer à bon compte leurs croyants en projetant comme “réel” , sous des étiquettes parfois réactualisées au goût du jour, des pseudo-explications “alternatives” aux efforts théoriques de disciplines scientifiques rigoureuses.

Depuis quand une statistique – elle même scientifique dans le cadre d’ enquêtes sociologiques, ethnologiques ou de psychologie sociale concernant les croyances de milliers ou même de milliards d’individus, qui relatent tel ou tel aspect de leur vécu conscient, peut-elle dire quoi que ce soit sur la réalité objective que leurs récits individuels ou collectifs semble suggérer, sans en avoir aucune preuve scientifiquement contrôlable ?

Cela fait du “bien” aux personnes de “croire” … Et probablement pour commencer aux “sachants” qui répandent ce genre de prétentions et y trouvent un intérêt pour leur gloire personnelle sinon directement pour leur bénéfice financier.

Il est bien sûr facile de prétendre dénoncer les failles existantes de l’explication scientifique, en particulier dans les disciplines qui s’intéressent aux effets “émergents” de l’organisation matérielle complexe des systèmes biologiques, et de prétendre donner de “meilleures explications” par la reprise rassurante des anciennes croyances.

Ce qui m’étonne plus, c’est que l’ “étonnement” philosophique de Charles Pépin soit si indulgent avec ce type de discours, dans sa prétention à la “scientificité”.

A oui, la science de demain va peut-être montrer que telle ou telle “intuition” spiritualiste ancienne avait vaguement quelque chose de commun avec les propositions qu’un nouveau paradigme théorique scientifique établirait.

Ainsi par exemple le “big bang” décrit en termes de théories de physique cosmologique peut avoir une vague ressemblance avec les antiques récits créationnistes …

Et bien sûr, il y a aujourd’hui toute une faune d’élucubrations “spiritualistes” autour de la physique quantique, avec toujours la même fausse interprétation du “rôle de l’observateur humain” dont la “conscience” influerait sur la réalisation effective de la “mesure” …

Dans le cas de la problématique de la “conscience” évoquée dans l’émission de Charles Pépin, j’aurais attendu un travail d’analyse critique un peu plus fouillé concernant au moins l’usage de certains mots de l’habituel vocabulaire “spiritualiste”.

Est-il nécessaire de renforcer les complotistes en tout genre dans leurs “vérités alternatives”, et qui prétendent s’appuyer bien sûr d’autant plus sur des “faits scientifiques” que leurs “théories alternatives” sont fumeuses … ?










La “personne souveraine, libre et égale” dont nous parlons n’a rien à voir avec les délires complotistes qui se répandent actuellement.

Une récente émission de France 2 ( Enquête de l’ Oeil du 20 heures ) a été consacrée à un type de mouvement, intitulé “One Nation”, qui fait partie de la grande mouvance complotiste ( appelée “complosphère” par certains ), dont le moins qu’on puisse dire , est qu’elle se situe dans une direction totalement opposée aux idéaux que nous défendons ici, qui sont au contraire ceux d’un approfondissement libre et volontaire de la référence à une forme d’ “universalisme humaniste” élargissant la sphère des “droits humains”, dont évidemment par exemple, le droit de choisir (“pro-choice” ), dans tous les domaines de la vie personnelle :
( Droit à l avortement, droit à la sexualité et à la définition du “genre” et au mode de reproduction de son choix, droit de décider de sa propre mort, etc. )

A coup sûr, les idées que nous défendons ici sous l’expression “Loi Morale Nouvelle” , comme proposition d'”Égale Liberté Libre Égalité“, seraient considérées par les complotistes de cette mouvance comme l’exemple même de ce qu’ils combattent sous l’expression “élite pédophile“, ou plus anciennement de “complot judéo-maçonnique“, ou du “nouvel ordre mondial“, précisément parce que nous défendons une reprise à la racine philosophique du “fondement” des idéaux de la “Raison des Lumières”, mais en considérant cette référence, non plus dans une prétendue universalité a priori d’un “droit naturel” ou d’une loi morale transcendantale, mais comme l’effet d’un libre accord d’un certain nombre de personnes pour se reconnaître réciproquement, mutuellement, un tel noyau idéal de droits et libertés égaux.

Le problème est que de nombreuses mouvances complotistes, en particulier situées à l’extrême droite, utilisent, comme le font d’ailleurs aussi les stratégies politiques de la “droite extrême”, et des mouvements intégristes , les termes mêmes ( “liberté”, “égalité”, “fraternité”, “laïcité”, etc. ) appartenant au départ à l’émancipation politique des Lumières, de la Révolution Française, de l’ “universalisme humaniste”, etc. pour les détourner à leur profit, c’est à dire au profit de toutes sortes d’autres “valeurs” idéologiques, qui sont en fait celles du conservatisme traditionaliste anti-lumières, anti-émancipation, anti-humaniste, et qui, à l’instar des intégrismes religieux, essayent de profiter de la “liberté de conscience et d’expression” pour exposer “librement” leurs positions en réalité expressément anti-libérales, et totalement opposées à l’émancipation des libertés et de l’autonomie individuelle des personnes.

La question qui se pose donc de plus en plus, est de savoir si, pour éviter la prolifération et l’extension de ces mouvements qui vont jusqu’à prôner maintenant le “séparatisme” en affirmant leur opposition aux valeurs de l’universalisme humaniste républicain, nous pouvons continuer à seulement prétendre nous appuyer sur un principe d’ “unité nationale” ( “république une et indivisible”, lois sur le “séparatisme”, etc. ) pour empêcher leur extension.

Ou si, à partir du moment où un “consensus raisonnable” n’est plus possible avec de telles idéologies réactionnaires, il ne vaut pas mieux prendre acte de la “séparation” et refonder aux différents niveaux de “constitution politique” ( droit international, européen, droits constitutionnels nationaux ), un réel libre accord contractuel des personnes dans la forme de “citoyenneté” de leur choix.

Nous voyons d’ailleurs dans l’actualité de la remise en question du droit à l’ avortement aux États-Unis, comment concrètement la question de la liberté du choix de vivre selon une législation commune est reposée, et où la “radicalisation” d’une majorité de membres de la “Cour Suprême” , repose la question fondamentale des niveaux où le contrat social et juridique peut se “constituer” …

Nous y assistons aussi à la multiplication d’initiatives des États américains avec une majorité pro-choice pour accueillir ou aider les femmes qui seraient contraintes économiquement à rester dans un des Etats qui choisirait d’interdire ou de limiter fortement le droit à l’ avortement.

Tout ceci montre que les structures politico-juridiques existant dans les “États de droit” actuels , ne sont plus adaptées pour répondre à la diversité et au pluralisme des références idéologiques et culturelles présentes sur le territoire de ces États.
Nous assistons alors soit au durcissement de positions traditionnalistes qui veulent s’emparer du pouvoir politique légal pour imposer leur “unité nationale” … ou au risque de plus en plus grand de l’exaspération de toutes sortes d’oppositions internes pouvant à nouveau déboucher sur de vraies “guerres civiles” …

Nous proposons bien sûr de “sortir par le haut” de ces dilemmes :
Mais seules les personnes qui acceptent librement de se reconnaître mutuellement une Égale Liberté de choisir de vivre selon leurs propres normes individuelles, peuvent dans l’avenir avoir une chance de construire un tel nouveau “contrat social” qui ne soit pas, ni imposé par une contrainte collective autoritaire, ni seulement localement “acquis” par les rapports de force et d’intérêts immédiats contingents entre les individus ou les groupes en présence.

Cette question se pose bien sûr à chacun au niveau élémentaire de sa vie personnelle dans un “environnement” donné, jusqu’au niveau d’une “gouvernance planétaire”, dont on voit bien qu’elle ne peut plus “en même temps” prétendre se fonder sur une “Déclaration Universelle des Droits Humains” en termes de droits et libertés fondamentales et prétendre imposer par la force cette façon de penser à toutes sortes de collectifs humains réels qui n’en ont guère le souci …
C’est donc effectivement aux “personnes libres et égales”, de se constituer en une nouvelle forme de “communauté mondiale”, qui devra en effet dépasser les actuelles “souverainetés” des États- Nations ou des “peuples” , en proposant à chaque personne de pouvoir en devenir “citoyen du monde”, mais en ne cherchant à forcer personne à y participer, et surtout en ne se transformant pas ELLE-MEME en communauté totalitaire close de type “sectaire”!

Ce n’est donc pas non plus en proposant, à la manière de mouvements à dérive sectaire, comme “One Nation”, aux futurs “citoyens du monde” d’une telle communauté des “personnes souveraines libres et égales”, de couper brutalement toutes leurs anciennes références juridiques ou culturelles, que “NouS” pourrons participer à la construction de cet édifice nouveau.

Mais bien en laissant chaque futur “citoyen du monde” libre de sa forme de “transition” entre ses attachements ou appartenances actuelles, juridico-politiques ou culturelles, ou même économiques, et les nouvelles interactions “libres et égales” à explorer et à créer, dans toute la différenciation adaptative concrète à laquelle le principe de Liberté et d’autonomie personnelle invite, tout en maintenant le critère de l’équivalence de ces cheminements divers en terme de d’ “Égale Liberté” de ceux qui y cheminent.





Triangles dramatiques , fractales triangulaires, métatriangles dramatiques

Le “triangle dramatique de Karpman” , avec ses trois rôles de “victime”,”persécuteur” et “sauveur” est relativement bien connu et vulgarisé.
On trouvera facilement sur la toile des explications techniques concernant cet outil d’analyse de certains aspects des relations psycho-sociales, proposé par l’ “analyse transactionnelle”.

L’objet de ce billet est simplement d’ attirer l’ attention sur le fait que de tels outils peuvent être parfaitement utilisés par toutes sortes de “gourous manipulateurs”, qui vont se placer précisément en situation de “méta-sauveur” en vous proposant d’analyser “avec vous” le tissu relationnel dans lequel vous vous situez vous-mêmes.

Autrement dit, en vous proposant de prendre de la distance réflexive par rapport au tissu des relations psycho-sociales où vous vivez ( au premier niveau des relations “spontanées” ), ce “méta-sauveur” vous propose un “outil”, comme par exemple le fameux “triangle dramatique de Karpman” , grâce auquel vous êtes supposés pouvoir sortir des “cercles vicieux” précisément décrits par cet outil.
Que vous soyez vous-même alors, comme demandeur d’aide psycho-sociale ou du moins de demandeur d’explication ou d’éclairage par le “professionnel compétent” supposé, au premier niveau, plutôt en situation de “victime”, de “persécuteur” ou de “sauveur” dans le tissu relationnel, n’est alors pas le plus important, puisque dans tous les cas, ce qui vous sera proposé, c’est de “sortir du cercle vicieux de ce jeu triangulaire, dont vous êtes supposé, au “méta-niveau”, être … la “victime”. Victime non pas simplement d’un “persécuteur” de votre entourage psycho-social, mais des engrenages du “jeu” psycho-social”.


Nous avons donc la mise en place d’un “méta-triangle” :

1. Les personnes en interaction psycho-sociale : toutes “victimes” du “triangle dramatique” à ce méta-niveau , qu’elles soient “victime” au premier niveau, “persécuteur” ou “sauveur” au premier niveau .
2. Le “méta-sauveur” ou “sauveur” de deuxième niveau est bien évidemment le “thérapeute” ou l’ “aidant” , ou le “spécialiste compétent” qui va, bien entendu, apporter à toutes les victimes du niveau 1, les “outils” de compréhension et de communication nécessaires pour sortir du triangle dramatique ( de niveau 1 ).
3. Qui est le “persécuteur” , à ce niveau 2 ( “méta-niveau” ) : c’est l’emprise exercée par le “jeu psycho-social” lui-même … ou par l’ ensemble de toutes les personnes qui en tirent un “profit” ( psychologique ou bassement matériel ou financier … )

Nous avons donc tout ce qu’il faut pour que la structure formelle du “triangle dramatique” se remette en place, non pas forcément en perpétuant le triangle de premier niveau, en le renforçant rétroactivement par sa propre “représentation” au lieu d’en atténuer les effets dévastateurs, mais bien à ce deuxième niveau où les “thérapeutes” et “psy” en tous genres peuvent venir “jouer” les “sauveurs” pour toutes sortes de situations psychologiques, sociales, culturelles, économiques, etc. où des “victimes” diverses viennent se plaindre de leur malheurs et cherchent à trouver des “persécuteurs” responsables de leur situation souffrante.

Mais non !“. J’entends d’ici le cri de protestation outré de tous ceux, professionnels de l’aide, ou aidants amateurs ou associatifs, qui vont se sentir injustement “visés”, et donc “victimes” de la “méta-analyse” que je propose ici, en endossant ainsi le rôle du vilain “persécuteur” !
Ils sont de “vrais sauveurs”, répondant à de vrais besoins de victimes en détresse, même s’ils peuvent concéder que parfois certains “confrères”, mais surtout des gourous usurpateurs, “thérapeutes” auto-proclamés, ont tendance à profiter de la situation de pouvoir de “sauveur” …
Et surtout, beaucoup d’entre eux vous répondront que pour éviter précisément ces écueils de l’emprise thérapeutique, cela fait partie de la formation de leur compétence professionnelle, de se soumettre ( “victime ” ? ) à une “super-vision” , ou du moins une régulation entre collègues …
Et que bien entendu, ils sont parfaitement au fait que les outils théoriques ou d’ “analyse des pratiques” qu’ils proposent devraient permettre une auto-régulation déontologique de ces professions …
Mais comme on sait aussi : le coiffeur le plus compétent n’est pas forcément lui-même le mieux coiffé …

Que l’on se rassure :
Si certains de ces professionnels en viennent à lire par hasard ce billet, et se sentent énervés par cette “mini-agression”, et donc “victimes” de mon humeur caustique, et veulent eux-mêmes y réagir :
je ne me présenterai pas à mon tour comme “victime”, car comme vous l’ aurez bien compris, à force de “méta-analyse”, j’ ai bien compris que dans toute cette ténébreuse affaire, si “je” prétends être”victime”, cela ne peut-être au fond que parce que d’une certaine façon je joue à être mon propre “persécuteur” … pour d’autant mieux me glisser ensuite dans la peau d’être mon propre “sauveur”.

Un certain “sauveur” socratique ne disait-il pas déjà : “connais-toi toi-même” ? Et le “sauveur” des Lumières kantiennes ne nous propose-t-il pas d’ “oser savoir” ? Mais avons nous besoin d’eux pour nous “sauver” de nous-mêmes en les transformant ainsi , éventuellement, en “persécuteurs malgré eux” ?

Sur ces bonnes paroles, je me sauve …
Et quant à Vous … c’est Vous qui Voyez …




Quand un virus biologique accélère l’évolution des variants de la philosophie politique …

Depuis l’apparition de la Covid-19, nous assistons à des interactions complexes entre la sphère proprement biologique où les virus interagissent avec d’autres organismes vivants, et la sphère économique, politique, sociale, culturelle, etc. où se déroulent les compétitions-coopérations entre les “idées”, les “théories”, les “représentations” , qu’elles soient individuelles ou collectives.

Une des zones sensibles où se déploient aujourd’hui ces interactions est celle de la “confusion des idées” qui règne aujourd’hui notamment dans la “gauche française”, et bien sûr, pour ce qui nous intéresse dans ce blog, des interactions entre “Liberté”, “Égalité”, “Fraternité” …

Ainsi, dans l’ actualité immédiate de cet été 2021, les prises de positions des uns et des autres sur la question de la vaccination contre la Covid-19, la question du “Passe sanitaire” , etc. , et de toutes les exploitations idéologiques et politiques des difficultés propres à cette situation.

Je ne vais pas ici entrer dans l’ arène d’un combat médiatique entre “pro-vax” et “anti-vax”, mais continuer à me poser la question de ce qui divise aujourd’hui les pensées qui se situent pourtant elles-mêmes dans une certaine parenté “de gauche”.

Qu’est-ce qui, par exemple, oppose un article comme celui de Philippe Marlière dans Médiapart ( Gauche et pass sanitaire : les impasses d’un combat confusionniste ), à une prise de position comme celle de Barbara Stiegler dans un entretien sur “Reporterre”
(«Les autorités détournent les questions sanitaires pour instaurer une société de contrôle») ?

Est-ce une question totalement nouvelle ?

La crise sanitaire de la Covid-19 et ses effets économiques, sociaux, politiques et culturels, ne fait qu’offrir un nouveau contexte de développement d’une “lutte pour la vie des idées” qui parcourt depuis longtemps le “monde intellectuel” et pose la question du rapport entre “science” et “idéologie” et plus généralement entre les “réel” et les “représentations que nous nous faisons du réel”, entre les déguisements multiples, qui cherchent à faire passer l’un pour l’ autre, consciemment … ou inconsciemment, au gré des “intérêts”, soit de la “survie des idées”, soit de la survie tout court des groupes ou des individus qui les portent …
Faut-il rappeler les temps pas si anciens, ou certains “marxistes” ou “marxiens” prétendaient élever le “marxisme” ( le leur … ), ou le “matérialisme dialectique” au niveau d’une “science”. Et que la question “critique” fondamentale était de séparer une “science bourgeoise” d’une “science prolétarienne”, tout en prétendant en déduire dans quel “camp” on devait se placer … d’autant plus qu’on ne s’y trouvait pas “réellement” inscrit par les hasards de la naissance.

Chaque personne, en fonction de sa situation( réelle ou imaginée ), est porteuse à la fois d'”idéaux”, de croyances, de “représentations de la réalité”, et de conceptions philosophiques plus ou moins conscientes ou explicites des rapports entre ses propres idéaux ( personnels ou référés à un collectif social ou culturel ) et ses tendances à croire plutôt telle ou telle opinion ou “théorie” véhiculée dans les supports médiatiques ou communautés auxquelles elle a accès.

Ce qui caractérise un certain nombre de positionnements actuels, c’est leur prétention à disposer d’un savoir hypercritique qui leur permettrait de déjouer toutes les subtilités de la manipulation par un ennemi tout désigné ( le “grand capital ultralibéral mondialisé”, que quelques nostalgiques attardés continuent à affubler de qualificatifs comme “complot judéo-maçonnique” ), tout en prétendant, comme tout bon “complotiste”, que de toutes façons, quoiqu’ “ON” fasse, ces “dominants” ultimes l’emporteront toujours sur la grande masse des “dominés manipulés” … sauf si, évidemment, miracle ultime, quelques gourous hypercritiques, déguisés en grands justiciers, parviennent, à force de “modestie feinte” ( Tartuffes de tous les pays, unissez-vous ) , de vous faire oublier qu’en dénonçant toutes ces “manipulations”, ils vous font passer la leur … avec votre consentement …

Mais alors “ma bonne dame”, qui peut-on encore croire !

Les techniques de la manipulation de l’emprise sectaire sont vieilles comme la capacité dissimulatrice humaine ( et plus loin encore les nombreuses techniques d’illusion inventées par l’évolution … ), mais se démultiplient aujourd’hui de façon accélérée, notamment grâce à la rapidité “virale” de leur reproduction sur les “réseaux sociaux”, et chaque petit Tartuffe ou gourou en herbe, peut y trouver ici ou là, pour un temps, son “heure de gloire”, et son “peuple” qui l’acclame … pour éventuellement le crucifier quelques temps après.

Alors, j’entends bien d’ici quelque lecteur impatient qui me presse de prendre parti dans les querelles du moment : “Mais dans quel camp es-tu ?

Réponse invariable : dans celui de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” bien sûr.

Quant à vous, “c’est vous qui voyez” …

C’est vous qui voyez jusqu’à quel point, en prenant vous-même parti dans les “camps” divers ( politiques, idéologiques, philosophiques, sociaux, culturels …) de votre choix, vous pensez vraiment que vous participez au même idéal d'”Égale Liberté Libre Égalité” que celui dont je vous parle dans ce blog …

Car bien sûr, l’ “Égalité” dont il Y est question, ne peut être que librement acceptée par chacun, en première ou en deuxième personne, de vous à moi, ou de moi à vous …

Petit indice : ce ne sont peut-être pas ceux qui crient le plus fort aujourd’hui dans les manifs que leur “liberté” est totalement bafouée par la “dictature de l’obligation vaccinale”, qui sont ou seraient les plus respectueux de cette “liberté” s’ils étaient eux-mêmes “au pouvoir” …

Mais ceux qui crient le plus fort veulent-ils réellement participer à un “pouvoir” qui reconnaitrait l’ “Égale Liberté Libre Égalité” de chaque personne et permettrait à chaque personne qui s’en réclame de participer à la construction des “ressources” nécessaires à une transposition plus “réelle” d’un tel idéal ?

Ou veulent-ils ou ne peuvent-ils faire autre chose en “manifestant”, que de protester publiquement de leur propre impuissance à imaginer et à créer leur participation personnelle à une telle transposition de l’idéal en réalité, en accusant en permanence un “grand ennemi” de les en empêcher ?

Mais je parle de certains qui “crient le plus fort” …

Libre à vous, cher lecteur, de vous compter … ou pas, parmi “EuX”
encore une fois, c’est VOUS qui voyez.