La “crise démocratique” et un nouveau partage des compétences entre l’ordre “politique” et l’ordre “juridique”

Comme point de départ de ce questionnement, un récent article de Jean-François Collin dans A.O.C. :


La CEDH, un arrêt historique ou illégitime ?

Par Jean-François Collin Haut fonctionnaire

L’arrêt par lequel la Cour européenne des droits de l’homme vient de condamner la Suisse pour l’insuffisance de son action contre le changement climatique a été unanimement salué comme une décision historique par les médias. C’est assurément la cas mais pas pour les raisons qu’on croit : cette décision s’avère un véritable coup de force démocratique, qui vient remettre en question la séparation des pouvoirs.

Jean-François Collin y remet en question la légitimité de certaines décisions de la CEDH, ici l’exemple de l’arrêt du 9 avril 2024 “relatif à l’affaire « Verein Klimaseniorerinnen et autres c. Suisse », condamnant la Suisse pour l’insuffisance de son action contre le changement climatique. La Suisse est, en l’occurrence, condamnée à payer 80 000€ à l’association qui a initié la procédure devant la Cour européenne des droits de l’homme.

Cet exemple permet de se reposer la question de la “légitimité démocratique”” respective des décisions “politiques” prises par les États, au nom de la “souveraineté des peuples” dont ils sont les représentants légaux ( Parlements au niveau du “pouvoir législatif”, gouvernements au niveau du “pouvoir exécutif ” ) et d’autre part des décisions judiciaires prises par les juridictions supra-nationales ( comme ici la Cour Européenne des Droits de l’ Homme ).

Il s’agit ici notamment de l’usage qui est fait par la CEDH , en diverses situations, de l’article 8 de la Convention Européenne des Droits de l’ Homme.
( Voir le Guide sur l’ article 8 )

Dans cet article de Jean-François Collin nous avons un exemple typique de la querelle actuelle concernant la “légitimité démocratique”, et la question reposée de la “souveraineté” , en particulier des différentes formes et niveaux de la “souveraineté collective”, et donc de l’ instance “ultime” de décision “souveraine”.

Mais “QUI” décide de la”légitimité” de l’ instance souveraine “ultime” …
sinon, par définition même de la “souveraineté” , cette instance “souveraine” elle-même ?
Dans une définition courante de la “démocratie”, c’est le “peuple” qui est “souverain”. Comment un tel “démos” se définit-il lui-même comme “souverain” ? QUI lui attribue ou lui reconnait cette “souveraineté”, sinon chacun de ses membres “citoyens” ?


Mais chaque “citoyen” peut se penser “citoyen” à différents niveaux, depuis un “collectif citoyen” d’intérêt local ou lié à un projet politique particulier, jusqu’à la prétention d’être “citoyen du monde”, à une échelle de l’humanité globale où la différence entre la “citoyen” et la “personne humaine” s’estompe …

Je ( Armand Stroh ), considère que c’est la “personne humaine”, en tant qu’elle se veut “libre et égale” à d’autres personnes humaines , qui est “souverainement souveraine” … sur elle-même et seulement sur elle-même.

Cette prise de position et de décision autonome et autodéterminée, certes ne contient, par définition, en elle-même, aucune “reconnaissance” obligatoire ou légitimement exigible d’une telle “souveraineté de la personne libre et égale sur elle-même, ni par les autres “personnes”, ni par une quelconque instance collective qui serait “sommée” de procéder à une telle reconnaissance …
En toute logique dérivée de ma décision personnelle, je considère donc qu’une telle “reconnaissancePEUT être réciproquement établie, pour autant et seulement pour autant, qu’il existe d’autres personnes que moi-même qui font ce même libre choix de “souveraineté” radicale ( “à la racine” ) sur elles-mêmes, et ne cherchent d’aucune façon à étendre cette souveraineté personnelle aux domaines de souveraineté propres aux autres personnes.

Mu-tu – ELLE, mutualismes et mutuellisme

Il y a certainement au moins une certaine proximité de la proposition d’ “Égale Liberté Libre Égalité” avec une certaine tradition de “socialisme libertaire” en général référée à Proudhon et notamment au “mutuellisme” .

Je ne prétendrai jamais que ma Proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” n’ ait aucune correspondance avec diverses pensées du passé ! Je prétends simplement qu’il faut rester prudent si on cherche à réduire ma proposition strictement à telle ou telle proposition théorique, éthique ou politique du passé.

Le simple fait que je réutilise pour ma formule “Égale Liberté Libre Égalité”, des termes de la langue ( Liberté, Égalité ) évidemment depuis longtemps connus et travaillés par la nombreuse cohorte des locuteurs et des penseurs qui ont pu s’en servir pour énoncer leurs propres idées philosophiques ou politiques, montre suffisamment que ma reformulation spécifique présuppose et mobilise tout un passé de réflexion, de controverses, de réinterprétations éventuellement contradictoires de ces termes .

“Une partie de cette histoire des idées se joue probablement, à l’issue du “siècle des Lumières”, tout au long du XIX ème siècle, dans toute la réflexion “dialectique” des différents “courants” de la “gauche”, et de leurs péripéties historiques diverses … dont les tensions intrinsèques se retrouvent dans les débats politiques et sociétaux actuels.

Cependant je considère aussi que l’histoire ne se répète pas purement et simplement, et que les ressemblances entre problématiques actuelles et problématiques du passé ne signifient pas forcément une identité des problèmes et encore moins une identité des “solutions” à imaginer pour ces problèmes.

Si donc certaines propositions du “mutuellisme” de Proudhon peuvent paraître proches de ce que j’énonce comme “Mu-Tu-ELLE”, et bien que Proudhon lui-même ait cherché à distinguer entre deux formes de la propriété privée, l’une comme illégitime à ses yeux ( d’où la fameuse expression : “La propriété c’est le vol“) et l’autre qu’il appelle “possession” qu’il considère comme légitime, je n’irai jamais jusqu’à répéter simplement une telle formule “la propriété c’est le vol” , car elle risque toujours d’être interprétée comme signifiant la disparition nécessaire de toute “propriété privée” au profit d’une “propriété collective” :

Remarque : si c’est la “propriété” en général qui est un “vol” , les libertariens de droite auront vite fait de considérer que toute propriété collective “communiste” ou “étatique” , etc. est encore beaucoup plus un “vol”, que la distribution fragmentée et aléatoire des “propriétés privées” par les mécanismes du “marché”.

Mon jeu phonétique sur Mu-Tu-ELLE, bien que purement anecdotique mais éventuellement exploitable pour quelque sérendipité poïétique ( comme d’ailleurs l’acronyme ELLE lui-même ) , met bien sûr en scène phonétique un “Mu” et un “Tu” dont il est facile d’ entendre la proximité du “Moi” et du “Toi”, dont la “mutuelle” reconnaissance , de moi à toi comme de toi à moi, institue le contrat d’ ELLE.
Par ailleurs, le “Mu” et le “Tu” peuvent aussi se lire et s’entendre comme étant à la fois “mu” et “tu” , donc un mouvement ( “mu” ) qui s’effectue “en silence”
( “tu” ) , et ne fait donc qu’un battement d’ailes d’ ELLE presque imperceptible, murmure de l’effet des fées où pourtant les faits sont faits.
Ainsi donc, libellule lue belle île, ailes invisibles de quelques demoiselles

“Une partie de cette histoire des idées se joue probablement, à l’issue du “siècle des Lumières”, tout au long du XIX ème siècle, dans toute la réflexion “dialectique” des différents “courants” de la “gauche”, et de leurs péripéties historiques diverses … dont les tensions intrinsèques se retrouvent dans les débats politiques et sociétaux actuels.

Cependant je considère aussi que l’histoire ne se répète pas purement et simplement, et que les ressemblances entre problématiques actuelles et problématiques du passé ne signifient pas forcément une identité des problèmes et encore moins une identité des “solutions” à imaginer pour ces problèmes.

Si donc certaines propositions du “mutuellisme” de Proudhon peuvent paraître proches de ce que j’énonce comme “Mu-Tu-ELLE”, et bien que Proudhon lui-même ait cherché à distinguer entre deux formes de la propriété privée, l’une comme illégitime à ses yeux ( d’où la fameuse expression : “La propriété c’est le vol“) et l’autre qu’il appelle “possession” qu’il considère comme légitime, je n’irai jamais jusqu’à répéter simplement une telle formule “la propriété c’est le vol” , car elle risque toujours d’être interprétée comme signifiant la disparition nécessaire de toute “propriété privée” au profit d’une “propriété collective” :

Remarque : si c’est la “propriété” en général qui est un “vol” , les libertariens de droite auront vite fait de considérer que toute propriété collective “communiste” ou “étatique” , etc. est encore beaucoup plus un “vol”, que la distribution fragmentée et aléatoire des “propriétés privées” par les mécanismes du “marché”.

Mon jeu phonétique sur Mu-Tu-ELLE, bien que purement anecdotique mais éventuellement exploitable pour quelque sérendipité poïétique ( comme d’ailleurs l’acronyme ELLE lui-même ) , met bien sûr en scène phonétique un “Mu” et un “Tu” dont il est facile d’ entendre la proximité du “Moi” et du “Toi”, dont la “mutuelle” reconnaissance , de moi à toi comme de toi à moi, institue le contrat d’ ELLE.
Par ailleurs, le “Mu” et le “Tu” peuvent aussi se lire et s’entendre comme étant à la fois “mu” et “tu” , donc un mouvement ( “mu” ) qui s’effectue “en silence”

Egalibertaires de tous les pays, unissez-vous … en toute liberté

On reconnaitra dans la mise en forme du titre de cet article, le célèbre “Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !” repris dans le Manifeste du parti communiste de Marx et Engels.

Mais on remarquera immédiatement, que les “égalibertaires” viennent s’y substituer aux “prolétaires”, et surtout que l’ “appel à l’unité” est immédiatement rééquilibré dans ce qu’il pourrait avoir d’autoritaire ou d’ impératif par ” … en toute liberté” .
La liberté “collective” définie comme “Égale Liberté” n’y est donc proposée que sous la condition réciproque de la “Libre Égalité” des “Librégalitaires”.

Le “P.E.U.P.L.E.” dont NouS parlons est donc formé de “Personnes Libres et Égales” qui se choisissent réciproquement comme Mu-Tu-ELLE des ” Egalibertaires Librégalitaires” qui, par ce contrat moral nouveau, ne renonceront jamais, ni à la possibilité de leur action unitaire future possible, ni à la liberté personnelle radicale de leur adhésion à un tel idéal commun.

Kant : Liberté et loi morale

https://www.cairn.info/revue-communio-2017-6-page-77.htm

Extrait :

“Jusqu’ici, la Critique de la raison pratique étaye parfaitement la thèse théologique et anthropologique des Propos de pédagogie. À travers l’analyse de la loi morale, Kant parvient à montrer l’effectivité de la liberté, tout en maintenant un écart originaire entre la liberté et l’autonomie. Il y a toutefois une différence fondamentale entre les deux ouvrages, qui réside dans la manière de concevoir le processus d’autonomisation de la liberté : alors que les Propos de pédagogie en décrivent les modalités pratiques et historiques, la Critique de la raison pratique essaie de résoudre le problème sur le plan systématique et analytique. L’enjeu des deux textes est certes le même : appréhender le processus d’autonomisation de la liberté à partir de la liberté elle-même, afin d’éviter toute reconduction de ce processus à l’ordre de la nécessité naturelle. Mais les solutions diffèrent, dans la mesure où la Critique de la raison pratique privilégie une autonomisation déterminée par une « liberté pure » (sa motivation étant purement transcendantale [15][15]Nous ne minimisons pas le rôle du respect de la loi morale dans…), tandis que les Propos de pédagogie mettent au jour ses motivations empiriques à travers l’expérience éducative.

Cent sons pour Délila

Pourquoi “Cent sons” ?
Car cela peut aussi bien “sans tendre” “sans son” en se demandant de quel sang sont ces sansonnets.
Les mots filent ( de quel sanglant sans gland ? ) de sens en sons, parfois sûrement censurés …

Pour en revenir à “Délila” ou encore entendue en temps dus comme “Délie là !” ou comme “Délits las des lits las”, si las de l’entendre ou de l’attendre, vous désirez la voir à défaut de l’avoir ou de lavoir, voici donc son lieu de naissance :

Mais demanderez-vous sans doute, d’où sort cette image ?
Quelle est sa part de prélèvement ” “ready made” du réel et quelle est sa part de construction arti-fictive ? et surtout, pour dire QUOI ? à QUI ? de la part de QUI ?
( Un QUI pro QUO est en général un QUI mono, dont l’auteur s’auto-taurise )

Le contexte général en a été, ( l’ “été sec” de 2005 aidant ), au printemps 2005 une activité “intermédiaire” de formation à l’antenne de Chaumont de l’ IUFM de Reims, et notamment une installation singulière ( mieux nommée “instabulation” ) dans une salle dédiée ( appelée “Salle C” comme “Culture” ou “Communication”, ou … simplement du fait qu’ après A et B, vint C ) :
Cette instabulation réalisée par la collaboration de Vincent Cordebard, de Philippe Agostini et de quelques autres “dé-formateurs” avait comme titre général :”De l’Art d’Escalader l’Everest“.

Ce titre n’avait bien entendu qu’un lointain rapport avec le “toit de la terre” du massif Himalayen : il s’agit, d’un “Everest” purement métaphorique où la question pouvait être :” Est-ce qu’à Lade l’ EVE reste ?”

De quelle EVE le rêve de relève était-il ainsi révélé ?

L’auteur principal de cette escalade – escapade verbale, Vincent Cordebard, se plaisait à parler de “Rêvalités nouvelles“, dans un contexte général de crise de signification de l’activité artistique te de la “culture” en général, mais aussi d’une supposée “pédagogie” de l’art à l’école et donc du questionnement des contextes de “formation” à une telle pédagogie ( tout ceci se produisait dans les lieux d’un Centre “IUFM” ) , aussi bien en formation initiale qu’en formation continue des professeurs d’école.
A cette époque, certains stages pouvaient ainsi s’intituler : “Qu’est-ce que l’ art ultra-contemporain ?”, etc. en comportant toujours nécessairement une part de mise en situation “expérimentale” des “stagiaires” … et de l’ en-cadre-ment “dé-formateur”.

Mais je reviens plutôt au prétexte que j’ai trouvé à l’époque dans ce contexte, qui était aussi par ailleurs un contexte politique particulier ( Référendum de 2005 dont la dimension “démocratique” allait par la suite faire couler beaucoup d’encre … ) et pour moi-même aussi, pour d’autres raisons, le contexte de la “première loi Léonetti” sur la fin de vie.

D’autre part, comme élément contextuel aussi de cette époque, le développement des questionnements à la fois culturels et artistiques, mais aussi pédagogiques sur l’usage des “nouvelles technologies” ou des “TICE”, comme on les nommait alors, et où nous avions formé une petite “équipe” ( Équipe des “Quips” ) de réflexion et de pratique de certains “outils” naissants de mise en réseau collaborative à distance pour de telles expérimentations “pédago-ticiennes”. L’été 2005, que nous avons appelé “L’été sec”, a été aussi l’occasion d’une poursuite de correspondances par mail vacancières, mêlant des fictions “littéraires” et “iconiques” diverses.

Le dispositif scénique de l’instabulation “De l’ Art d’Escalader l’Everest” a résulté d’une réorganisation spatiale, par Vincent Cordebard, d’éléments hétéroclites de toutes sortes déjà produits dans le cadre de stages de formation antérieurs et dont il s’agissait, en quelque sorte de “relever” te de révéler les “restes”, une sorte de grande opération de “recyclage” à la fois matérielle, mais aussi conceptuelle et surtout symbolique, dans la mesure où y étaient convoqués aussi de très anciens éléments mythologiques, dont notamment celui du Minotaure et de Pasiphae, dans une atmosphère générale d’ “étrange familiarité” où toutes sortes de liens possibles se faisaient écho.
L’ensemble du dispositif scénique, centré en “Salle C”, débordait en fait, à la fois dans le couloir en “enfilade” ( Amphi-Lade ) et jusque dans les “escaliers” menant à d’autres étages ( escalade donc de l’ escalade … )





20 05 2005 et 20 02 2020

Ces dates, assez faciles à retenir, pour des raisons de “symétrie” de leurs écritures, je les ai également choisies comme repérages d’ “évènements” symboliquement importants dans mon propre parcours esthético-philosophique.

J’ai appris récemment qu’en plus des nombreuses coïncidences esthétiques dont la date du 20 05 2005 s’est chargée pour moi, il s’agissait aussi de la date de la mort de Paul Ricoeur .
Je ne me rappelle plus d’avoir éventuellement entendu à l’époque dans l’ actualité médiatique l’annonce de sa mort. Il est vrai que je n’ai pas eu jusqu’à présent, de résonance particulière explicite avec la pensée de Paul Ricoeur.



Quelle proximité et différences avec les positions de Natacha Polony ?

Point de départ de la réflexion :

Un débat de Natacha Polony avec Mathieu Bock-Coté :

Bien évidemment, les idées que nous défendons sont du côté de Natacha Polony, plutôt que de celui de Mathieu Bock-Coté !

Mais, malgré de grandes proximités avec certaines positions de Natacha Polony, dont les analyses intellectuelles sont souvent fines et pertinentes,
il y a un certain nombre de traits de sa pensée politique que je ne partage pas, à savoir essentiellement sa façon “souverainiste” d’identifier la “République” et la”Nation” : Je pense que si nous sommes convaincus que les “valeurs de la République sont aussi les “valeurs universalistes des Lumières” , il n’y a plus de raison valable aujourd’hui de croire que la “France” incarnerait plus fondamentalement ces valeurs universalistes que d’autres “démocraties”.
Et que la refondation d’une “citoyenneté républicaine” passe par le dépassement des intérêts “nationaux”, et par la constitution, au moins virtuelle, d’une “République Universelle” … par et pour toutes les personnes qui choisissent librement un tel statut “républicain” d’ “Égale Liberté” .
Une telle refondation qui passe par la libre adhésion des personnes individuelles ( “Libre Égalité” ), doit nécessairement intégrer une ouverture “libérale” plus importante que ce que propose le “souverainisme républicain” de Natacha Polony.

Par ailleurs, je ne partage pas une opposition à mon sens trop systématique au libéralisme économique, ni une opposition trop systématique à un certain héritage libertaire – supposé “gauchiste” – de la pensée de mai 1968, et surtout son hostilité traditionnelle à une pédagogie ouverte en matière d’éducation.

Il faudra reprendre dans le détail les éclaircissements apportés par Natacha Polony sur sa propre façon de penser, pour voir en quoi je partage certaines de ses idées et en quoi je m’en sépare.

“Ontologies”

Il est de coutume en philosophie, de prétendre qu’il est possible de penser et de parler de l’ “être en tant qu’être” , donc d’expliciter une “ontologie générale, avant de considérer des “ontologies particulières” propres à telle ou telle forme ou qualification ou catégorisation particulière à l’intérieur de l’ “être en tant qu’être”.

Personnellement, je suis toujours dubitatif quant à une quelconque possibilité de définir l’ “être en tant qu’être”( car “définir” consiste précisément à discerner, découper, distinguer, établir des différences …) .
Il reste alors une prétention à poser qu’une telle “différence ontologique” fondamentale serait celle “de l’être et du néant” .
J’ai depuis longtemps fait le choix de considérer ma position comme plus proche de celle de Hegel, au fondement même de sa “science de la logique”, à savoir précisément que “l’être en tant qu’être” ( ou “l’être comme tel” , ou l'”être pur” dans sa plus haute généralité abstraite, sans être l’être de “ceci” ou “cela” , est très exactement, analytiquement, le même concept purement abstrait que le “néant en tant que néant” ou “”pur néant”.
La distinction entre “être” et “néant” est donc absolument vide dès qu’on cherche à poser et à penser la plus haute abstraction de ces deux termes.
Il ne reste alors que la pure et simple distinction de deux MOTS, mais qui désignent, en leur contenu propre le plus abstrait qu’une MÊME signification.
Toutes les distinctions apparemment “évidentes” de l’ “être et du néant” reposent toujours sur une exemplification particulière : l’ être de “quelque chose” est différent du “non-être” de ce “quelque chose”.
Et bien sûr une “bouteille pleine” est distincte d’une “bouteille vide” … du moment qu’on a précisé de quel contenu précis elle est supposée être “pleine” ou “vide” ( la plupart du temps, lorsque nous disons que la bouteille est “vide”, nous acceptons en fait qu’elle soit “pleine d’air” ) : si nous cherchons à définir un pur “vide spatial physique”, nous sommes obligés de recourir à une théorie physique scientifique pour “décrire” le “vide” ( ainsi le “vide quantique” … qui est “plein” de toutes sortes d’interactions quantiques virtuelles ) .

Si une “ontologique” métaphysique ne veut accepter ni l’identification abstraite des concepts “purs” de l’ “être comme tel” et du “néant comme tel”, ni la prise en compte d’une signification régionale “empirique” de cette distinction ( la différence entre l’être de “quelque chose” et le non-être de ce “quelque chose” conceptuellement ou empiriquement identifiable), alors elle tombe dans la pure position d’un supposé “mystère” insondable et irréductible, où l’ “être” ( “en soi” ) se distinguerait du “non-être” ( “en-soi”) , sans qu’on puisse expliquer du moins du monde en quoi consiste cette différence, et sans qu’on puisse attribuer cette différence à une quelconque capacité de différenciation concrète des deux “états” d'”être” et de “non-être” …
Il s’agit alors d’une pure croyance, d’ailleurs comme celle de la distinction entre l’ “existence” et l’ “inexistence” d’un supposé “Dieu”, dont on ne prétend cependant ne pouvoir se faire aucune idée, aucune “représentation”, etc.

L’objection de l’impuissance d’une formule trop “abstraite” pour construire des effets significatifs dans le “réel”.

Je fais ici l’hypothèse que beaucoup de lecteurs de la Proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” , peuvent dire : Oui en gros je peux être d’ accord avec cet idéal ainsi formulé, mais cela ne me permet pas d’avoir plus d’idées concrètes suffisamment claires pour savoir comment inscrire un tel projet idéal dans la réalité des problèmes globaux actuels de l’humanité, ni dans ma propre pratique quotidienne dans mon environnement local.

Cette objection a été souvent formulée à l’ encontre de beaucoup d’autres formulations “théoriques”. Un exemple célèbre se trouve dans la formulation de l’ objection analysée par Kant :
Sur l’expression courante : c’est bon en théorie, mais non en pratique

Je peux donc essayer de répondre au fond ( et donc “en théorie” … ) aux objections de ce type qui peuvent être faites par des lecteurs de ma Proposition d’ “Égale Liberté Libre Égalité”, et qui consistent à énoncer simultanément un accord “théorique” du lecteur avec ma proposition, mais un désaccord concernant les possibilités “concrètes” de mettre une telle proposition “en application pratique” dans le réel :

1. Dans l’immédiateté de la formule elle-même (et d’ “ELLE-MEME” … ) ,
je rappelle que sa formulation “théorique” ne comporte pas uniquement la partie “gauche” ( “Égale Liberté” ), dont en effet l’ “application” concrète dans le réel peut poser des problèmes très similaires à toutes les formulations de principes moraux ou juridiques ou normatifs en général “théoriques” qui se voudraient “universels a priori”.
C’est précisément l’adjonction de la “partie droite” ( “Libre Égalité“) qui déplace le problème de sa généralité abstraite ( ce sur quoi le “collectif” d’un “NouS , le P.E.U.P.L.E.” pourrait être constitué ), vers les agents réels que Vous pouvez librement choisir de devenir, en Vous instituant vous mêmes, en toute “autonomie”, comme “personne libre et égale”, et donc en Vous chargeant vous-mêmes, sans avoir à attendre que qui que ce soit ne vous prescrive la marche à suivre, de la façon dont Vous pouvez vous mêmes “en personne” articuler votre “accord théorique, abstrait ou formel supposé avec ma proposition, avec les conditions du “réel” que vous incarnez vous-mêmes pour vous-mêmes, en tant qu être humain, ou en tant que tout ce que vous voudrez vous attribuer comme identité réelle particulière ou singulière incarnée dans le “réel concret” que vous prétendez “objecter” à la formulation abstraite désincarnée.
Car, en effet, si Vous ne faites pas Vous MÊME ce libre choix de participer, en personne, au travail d’articulation, en Vous MÊME, de la conception et de l’ estime de Vous MÊME que Vous Vous attribuez en toute autonomie, avec l’ ensemble des conditions empiriques concrètes de votre existence “humaine” , y compris physiques, biologiques, ( et bien sûr … sociales, économiques, politiques, culturelles, etc.), personne ne pourra – dans le cadre de la proposition “ELLE”, le faire entièrement “à votre place” : c’est très exactement la signification de l’adjonction de la partie “droite” ( “LIBRE ÉGALITÉ”) à la formule théorique globale.
Il n’y a donc que Vous ( “C’est Vous qui Voyez” ), qui puissiez articuler et coordonner de façon proprement personnelle votre adhésion théorique supposée à ma proposition “ELLE” et la façon particulière voire singulière dont Vous pensez pouvoir “objecter” des ressources ou contraintes “concrètes” à une telle adhésion.

SI Vous choisissez ( C’est aussi Vous qui voyez ) de considérer que Vous ne pouvez pas adhérer “pratiquement” ou “concrètement” à la proposition “ELLE”, en reconnaissant ainsi votre propre impuissance “pratique” personnelle à Y participer à votre façon, Vous ne pouvez pas non plus prétendre que Vous seriez “théoriquement” d’accord, car la formulation “théorique” en question suppose la double libre adhésion, non pas simplement à un “principe théorique formel général d’ Égale Liberté“, mais à votre propre libre affirmation de votre LIBERTÉ personnelle dans la constitution de l’ ÉGALITÉ que Vous voulez Vous voir reconnue dans la mesure MEME où Vous choisissez de la reconnaître à d’autres “personnes libres et égales“:
Affirmer votre adhésion “théorique” à ma proposition d’ “Égale Liberté Libre Égalité”, mais prétendre ne même temps ne pas savoir du tout , Y compris simplement en “votre propre personne”, comment commencer à articuler cette formulation “théorique” avec votre “réalité pratique concrète”, est contradictoire, car ce que ma proposition formule précisément, en termes théoriques formels, c’est qu’il est POSSIBLE à une “personne libre égale“, de participer librement à l’établissement d’une commune “Égale Liberté“, précisément si et seulement si cette personne décide elle-même de le faire, en toute autonomie, et décide donc en même temps que c’est bien à “elle-même” qu’elle “demande” de le faire, et qu’elle n’a donc plus à obéir en cela à une quelconque loi hétéronome extérieure à “elle-même en personne”.

2. Il faudra se rappeler, que tout en présentant de fortes analogies avec le projet kantien, ma propre proposition “ELLE” est fondamentalement différente ( et c’est pourquoi je parle de “Loi Morale Nouvelle”, et marque ainsi notamment la prise de distance avec la “Loi Morale” au sens kantien ( et notamment avec ses idées du “devoir” ou d’un “impératif catégorique” considérés comme “universels a priori” ).
La “Loi Morale Nouvelle” ne donne donc pas prise de la même façon aux critiques habituellement faites au “formalisme de la loi morale kantienne”, tout simplement parce qu’ “ELLE” ne prétend pas être une “loi morale universelle a priori” , mais bien une “loi morale” qui ne vaut que “par et pour les personnes libres et égales qui, par définition, se considèrent elles-mêmes comme telles et dont la “volonté générale” commune ne “vaut” que par et pour cette libre adhésion personnelle.
Ce NouS est donc, par définition, constitué par des “personnes libres et égales” qui choisissent librement personnellement de se définir comme telles, et acceptent donc tout aussi librement les conséquences qu’elles peuvent tirer d’une telle libre adhésion.
Cette “responsabilité morale nouvelle” se déduit alors directement de la continuité de la volonté personnelle propre de chaque personne “constituante” , puisque chacune sait pertinemment qu’elle ne peut absolument rien “exiger moralement” d’autres “personnes libres et égales” si elle n’accepte pas elle-même de se conformer d’ “elle-même” à une telle exigence qu’elle choisit volontairement de partager avec d’autres “personnes libres et égales” ).

Il est facile de comprendre en quoi une telle “exigence morale nouvelle” est toujours en même temps une exigence “radicale” de liberté personnelle ET d’ égalité de cette liberté personnelle pour toute autre “personne libre et égale” qui fait ou ferait un jour ce même choix ( ou qui l’ aurait fait implicitement dans le passé ).
Il est bien sûr POSSIBLE d’avoir d’autres points de vue de “moralité” ou de “normativité” personnelle ou collective que celle de la proposition d’ “Égale Liberté Libre Égalité” que je propose. Cette POSSIBILITÉ d’une part est constamment perceptible dans les faits, et est aussi, par définition, posée par ma proposition elle-même, puisqu’ELLE propose que son “Égale Liberté” soit en même temps “Libre Égalité”.

Remarque : Je rappelle que la possibilité de poser une “définition” est , “par définition”, ouverte à tout “auteur” qui décide de définir les termes de son propre discours, à sa propre façon …
( Elle s’est traduite depuis longtemps dans la “modernité” même de la liberté de conscience, de pensée, et d’expression et de “création littéraire ou artistique” ).
Bien évidemment, du fait que je PEUX inventer n’importe quelle expression linguistique “nouvelle” ( D’un quelconque “simili-chimili-smilblick charabiscoté – mais nez en moins escribable” , en donnant à la suite de ce terme une expression définitionnelle un peu plus “compréhen-sensible” pour un “lecteur” potentiel dont je voudrais qu’il comprenne un minimum le “sens” qu’il peut lui-même attribuer à cette nouvelle expression … , il ne résulte en aucun cas que ce lecteur potentiel doive accepter une telle “définition”, ni surtout Y prêter une quelconque attention :
Il est tout aussi libre de prétendre ne rien comprendre à ce “charabia”, que je suis libre d’écrire une “définition” incompréhensible d’un mot nouveau incompréhensible …
Et je ferai par conséquent, un certain libre effort d’usage commun proportionnel à l’effet de libre écoute, attention ou “respecte que j’en attend des autres. Si je ne veux pas faire un tel effort à destination de certains lecteurs ou auditeurs potentiels, je ne peux pas non plus, ni attendre d’eux qu’ils fassent un tel effort de création ou de définition spontanément compréhensible dans une langue commune, ni attendre d’eux qu’ils fassent un effort contraint ou obligé pour suivre les méandres de ma propre licence linguistique poétique ou artistique.
Toute “liberté” de ma part dont je souhaite la libre reconnaissance par d’autres
( pas par “tous” … ce qui est ), je me dois, par libre définition de ma propre proposition d’ “Égale Liberté Libre Égalité“, essayer un minimum de la suivre, car sinon, en effet, je ne “définis” rien, pas plus qu’une “règle du jeu” qui changerait en permanence au gré des humeurs et des intérêts accidentels locaux de tel ou tel “joueur” , ne pourrait constituer un “jeu” identifiable, et n’aurait aucun intérêt pour aucun “joueur”, sauf pour ceux qui accepteraient une “triche généralisée”, mais qui évidemment ne pourraient jamais prétendre que d’autres “ont triché” plus qu’eux-mêmes. Tout “jeu de triche” défini suppose une méta-loi que des “joueurs” acceptent explicitement ou implicitement de suivre.

3. Cependant il pourra être utile de voir en quoi les critiques de ma propre proposition peuvent en partie être similaires à celles qui ont été faites à la formulation “théorique” de la loi morale kantienne, dont notamment la célèbre formule de Péguy “Le kantisme a les mains pures mais il n’a pas de main?