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L’association “Ultime Liberté”
L’association Ultime Liberté a été créée le 23 octobre 2009, à partir d’un groupe d’adhérents dissidents d’une association plus ancienne et plus connue, l’ ADMD ( Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité ).
Le site actuel de l’association : Ultimeliberte.net
ELLE a les mains pures … car NouS avons des mains.
Le titre de cet article se réfère bien sûr à une remarque célèbre de Charles Péguy “Le kantisme a les mains pures, mais il n’a pas de mains“.
On trouvera par exemple sur le site PhiloLog une analyse de cette critique de la philosophie pratique kantienne par Péguy
Le lecteur de notre proposition de “Loi Morale Nouvelle” et de sa proposition centrale d’ “Égale Liberté Libre Égalité”, peut bien sûr légitimement se demander si celle-ci ne tombe pas immédiatement sous les mêmes objections que toute prétention de “loi morale universalisable”, dont la “loi morale kantienne” est le prototype le plus connu.
Sauf que :
– 1. Notre proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” comporte en effet un premier membre “Égale Liberté” qui, s’il figurait seul dans notre proposition, pourrait en effet, à cause de son caractère aussi formel, voire plus, que l’énoncé kantien, subir les mêmes types de critiques pour “idéalisme angélique” que l’impératif catégorique kantien.
Mais le deuxième membre de la proposition, la “Libre Égalité” s’appuie directement sur une décision individualisée, sur le choix effectué par une personne physique, qui peut donc parfaitement prendre en compte dans ce choix, toute raison ou motivation “réelle” liée à sa situation “incarnée” actuelle, pour préciser jusqu’à quel point elle adhère ou pas, ou plus ou moins à cette loi morale.
Il n’ y a pas, comme chez Kant, d’universalité a priori supposée, ni donc de forme universelle de l’obligation morale, mais seulement un contrat potentiellement “universalisable” sous condition de la libre adhésion individuelle de ses contractants. C’est donc chaque personne en elle-même, qui détient, pour elle-même, les clés de l’articulation entre la “liberté formelle” qu’elle veut partager le plus universellement possible avec d’autres et la “liberté réelle” variable et différenciée dont elle “dispose” à titre personnel dans la situation incarnée hic et nunc où elle se trouve.
2. “ELLE” n’est qu’une proposition, comme telle en effet form-elle, mais qui n’a d’existence que par et pour les personnes, “NouS”, qui énoncent ou adoptent cette proposition. C’est donc ce “NouS”, ensemble des personnes physiques correspondantes, qui constitue les “mains” réelles qui peuvent agir au nom de leur commune adhésion au Principe commun d’ “Égale Liberté Libre Égalité” dont l’abstraction formelle est en effet, comme dans le cas de la “forme pure” de la moralité kantienne, l’expression d’un idéal possible, qui n’est rien sans les “personnes souveraines libres et égales” qui choisissent de lui donner “corps” ( politiquement, juridiquement, économiquement, socialement, biologiquement, etc. suivant les capacités de chacun )
ELLE et la “dichotomie du fait et de la valeur”
La dichotomie du fait et de la valeur a une importance capitale par rapport à ma proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” et à la question de l’ inscription progressive de la “valeur” d’une telle proposition dans la “réalité factuelle” du monde.
Mais il ne s’agit pas d’une dichotomie qui relèverait elle-même d’un “état de fait”, comme s’il s’agissait d’une proposition dont il faudrait démontrer ou établir préalablement la “vérité” :
La “dichotomie du fait et de la valeur” est certes un “objet” de débat philosophique, éthique, juridique, politique, voire économique, mais c’est avant tout une question dont on peut à son tour poser la question de sa “valeur”, en appliquant récursivement la question de la dichotomie du fait et de la valeur à cet objet linguistique, psychologique ou culturel lui-même :
Que “vaut” une telle distinction, pour qui et pour quoi faire ?
Autrement dit : toute la problématique dite de “la dichotomie du fait et de la valeur” est elle-même à son tour susceptible de s’appliquer à elle-même :
a) Elle existe bien comme “fait culturel” observable : De la même façon que malgré l’ “existence” fort problématique des “dieux” ou des “licornes” ( en particulier des “licornes roses invisibles” … ), il n’en reste pas moins qu’au delà de la question du “mode d’existence” de tels “référents”, ou même d’un “signifié” précis de telles entités “symboliques”, il est possible de se mettre d’accord sur l’existence des “signifiants”, même si au sujet de tels signifiants-support, peuvent ensuite se poser toutes sortes de débats scientifiques quant aux niveaux pertinents d’analyse de leurs interactions : même le mot “néant” – supposé par définition désigner ( comme “signifié” ) l’absence ou l’inexistence de tout “référent” ( du moins lorsqu’on essaye de définir un “néant pur”, “purement néant”, comme le “reines Nichts” dans la définition hégélienne ) ), existe cependant comme “mot” et donc avec toute une configuration linguistique, psychologique, sociale, culturelle, etc. des usages d’un tel mot par les locuteurs qui s’en servent.
b) Mais constater ou établir un tel “fait culturel” comme le constat que certains philosophes ou certaines personnes utilisent l’expression “dichotomie du fait et de la valeur” ( dans la complexité de ses relations avec les autres “faits scientifiques” corrélés ) , comme constater le “fait religieux”, le “fait éthique” ( il y a des gens qui attribuent une valeur morale ou éthique à tel ou tel comportement ou évènement ) ou n’importe quel “fait de croyance” n’implique bien sûr aucune conséquence logique quant à la “valeur morale” d’un tel fait pour “nous”, et en particulier, dans notre perspective, de sa “valeur morale” dans le cadre de ce que NouS appelons “Loi Morale Nouvelle”.
Ni plus ni moins que n’importe quel autre “fait” que nous pourrions établir et dont nous pouvons constamment revérifier ou contrôler l’ “existence” en ayant recours à une “démarche scientifique” adéquate.
Bien sûr cela signifie que nous nous soyons au préalable au moins implicitement mis d’accord minimalement sur des usages suffisamment communs du mot “fait” dans un nombre de situations elles-mêmes suffisamment clairement identifiables par les acteurs qui cherchent à s’accorder sur l’ existence ou l’ inexistence de ce “fait“.
1. Il existe donc un “réalisme” élémentaire dont le partage “réel” spontané conscient est commun non seulement aux êtres humains, mais est aussi immédiatement partagé avec d’autres autres organismes vivants, qui tout en “vivant dans leur monde à eux”, vivent aussi en partie dans le “même monde” que nous, ou même d’une certaine façon par l’ensemble des “phénomènes physiques” qui interagissent entre eux au niveau de l’univers, sans avoir la moindre “conscience” d’une telle interaction.
Ainsi : “il y a une souris qui court devant mes yeux dans la pièce” est un “fait ordinaire” que même mon chat – et lui encore plus que moi – pouvons constater en commun, même si les significations et les “valeurs” que nous pouvons attribuer à ce “fait ordinaire” communément constaté peuvent être extrêmement différentes, comme en témoignent les différences de “réactions comportementales” à ce “fait” communément “perçu” ou “vécu”.
Bien sûr, ni le chat, ni la souris, ni la mouche qui vole du museau de la souris à celui du chat en y trouvant de quoi se nourrir, ni même un grand nombre de congénères humains qui assisteraient à la “même scène factuelle” ( dans son “identité existentielle”) , ne seraient capables aussi, en plus, de se donner toutes sortes d’autres représentations et niveaux d’ analyse de cette même scène, comme interaction complexe d’organismes biologiques ayant des fonctions biologiques liées à leurs espèces respectives, ou comme agents économiques remplissant des fonctions diverses dans le marché comparé des raticides et des croquettes pour chats, comme système complexe d’interactions “physiques” entre des milliards de molécules diverses, des atomes ou des ondes-particules quantiques, ou des masses en interactions dans un champ gravitationnel … etc. etc. , ou de se dire que ce qui est ainsi naïvement “vécu” comme une “scène factuelle commune” par les différents protagonistes est aussi le résultat d’interactions neuronales complexes dans leurs systèmes nerveux respectifs ( pour ceux qui en ont ) …
2. Nous, êtres humains, pouvons ensuite nous demander si et comment “ce qui se passe” dans cette scène factuelle vécue par chaque perspective d’acteur, peut, doit ou non, appeler de notre part à la reflexion, et non au simple “reflexe” lui-même aussi factuellement constaté, sur d’autres types de réactions possibles que celles dont nous avons pu être les acteurs témoins immédiats de “ce qui s’est passé”. Réactions et conséquences à plus long terme, avec au moins un décalage temporel minimum de “reflexion” où interviennent précisément des “évaluations” conscientes et des décisions conscientes d’intervenir ou pas, soit pour “laisser le “fait” se dérouler comme il se déroule de facto” , soit pour mettre en oeuvre une action organisée consciemment motivée ou “justifiée” d’intervention et de modification au moins partielle de la situation factuelle “vécue” ou “constatée”.
La “dichotomie du fait et de la valeur” est donc elle-même explicitement reliable, dans un tel “délai de reflexion” qui désormais s’est ouvert pour nous “humains” au moins – mais déjà partiellement pour bien des organismes vivants conscients – à la volonté ou non de développer et de transformer à son tour les conditions de ce “délai reflexif” lui-même , non plus en nous laissant simplement guider intérieurement par une quelconque “réalité des valeurs” qui s’imposerait comme s’imposent encore nos autres réactions émotionnelles réflexes, mais bien en ayant aussi en tête, en même temps, la possibilité de la “reflexion sur cette reflexion” , désormais potentiellement “réplicable à l’infini”.
C’est-à-dire, d’une “reflexivité” récursivement applicable à elle-même aussi longtemps que nous le déciderons dans la mesure où l’immédiateté “reflexe” “automatique” ( ou psychologiquement, socialement, culturellement, économiquement “automatisée” par apprentissage ou stabilisation sélective d’un “habitus” ), des boucles actions-réactions interactives ( qui assurent aussi en partie notre survie ordinaire ) peut toujours à nouveau être suspendue par la création d’une nouvelle boucle-délai …
… Aussi longtemps que subsiste cette double capacité ( boucle ) d’ouverture au réel en tant qu’il nous “apparaît” et d’ancrage dans le réel, par le fait même que nous en faisons partie, et que précisément le “jeu” de ces deux grandes modalités de rapport au “réel” ( boucles externes, boucles internes ) , nous ouvre l’espace du je libre auto-re-producteur de soi, et dans lequel tout autre “je-nous” peut venir connecter et articuler ses propres boucles.
Une analyse de Paul Ricoeur concernant le lien éthique
“ Le propos de cet essai est de mettre au jour l’intention éthique qui précède, dans l’ordre du fondement, la notion de loi morale, au sens formel d’obligation requérant du sujet une obéissance motivée par le pur respect de la loi elle-même. Si je parle d’intention éthique plutôt que d’éthique, c’est pour souligner le caractère de projet de l’éthique et le dynamisme qui sous-tend ce dernier. Ce n’est pas que l’idée de loi morale n’ait pas sa place en éthique. Elle a une fonction spécifique ; mais on peut montrer que celle-ci est dérivée et doit être située sur le trajet d’effectuation de l’intention éthique.
Je propose donc de distinguer entre éthique et morale, de réserver le terme d’éthique pour tout le questionnement qui précède l’introduction de l’idée de loi morale et de désigner par morale tout ce qui, dans l’ordre du bien et du mal, se rapporte à des lois, des normes, des impératifs.”
De nombreux éléments d’ analyse de la question éthique proposées dans cet article par Paul Ricoeur peuvent servir de point de réflexion et de comparaison avec notre propre proposition.
( par exemple la question du “pôle_je”, du “pôle_tu” et celle du “tiers de médiation neutre” …
Par exemple aussi le paragraphe suivant :
“C’est ici, semble-t-il, qu’il faut placer la réflexion sur l’idée de valeur dans le prolongement de la méditation antérieure sur l’idée de règle; la justice, disions-nous, n’est pas une essence que je lis dans quelque ciel intemporel, mais un instituant-institué, grâce auquel plusieurs libertés peuvent coexister. Cette médiation en vue de la coexistence est peut-être la clé du problème : la justice est le schème des actions à faire pour que soit institutionnellement possible la communication, ou mieux la communauté, voire la communion des libertés. On peut dire encore que le désir d’ “analoguer” une liberté dans une autre liberté trouve un support dans l’ensemble des actions instituées dont le sens est la justice. La justice correspond à ceci : que ta liberté vaille autant que la mienne. La valeur est la marque d’excellence des actions qui satisfont à cette exigence.”
La croissance des inégalités
La croissance des inégalités dans le monde , mais aussi en France fait depuis longtemps l’objet de nombreuses études, mais aussi d’analyses politiques à la fois concernant les “origines” ou les causes de ces inégalités, mais aussi bien sûr des politiques de “remédiation” qui pourraient éventuellement les atténuer.
( Voir par exemple l’ émission “La grande table” du 2 février 2018 sur France-Culture, 2ème partie )
Cette thématique est bien sûr d’un intérêt capital pour notre propre Proposition – Principe – Projet de l’ “Égale Liberté Libre Égalité”.
Mais toutes ces analyses et leurs conclusions divergentes éventuelles ne changent que le contexte évolutif dans lequel la “réalisabilité” effective de notre Projet peut être envisagé à plus ou moins long terme.
Ces analyses ne changent rien, PAR DÉFINITION, au contenu normatif de la référence à notre proposition d’ “Égale Liberté Libre Égalité“, puisque celui-ci, PAR DÉFINITION, n’est relatif qu’ à la libre volonté des personnes qui veulent participer à sa “réalisation” :
Certes, comme dans toute réalisation d’un quelconque projet, sa réalisabilité effective dépend considérablement du contexte réel où ce projet puise ses ressources potentielles, ses contraintes, ses obstacles, ses forces contradictoires, etc. . C’est en ce sens que toutes les analyses et polémiques, qu’ elles soient “scientifiques-théoriques” ou “idéologiques-économico-politiques” actuelles concernant les inégalités et leur croissance peuvent et même doivent nous intéresser.
Mais elles ne changent rien à la VALEUR intrinsèque d’ ordre normatif “moral” que nous attribuons, par libre décision personnelle, à notre proposition d’ “Égale Liberté Libre Égalité”.
Il est clair ainsi que si on considère que dans la conjoncture internationale actuelle, économico-politique mais aussi idéologique et culturelle, les analyses qui montrent une indiscutable “croissance des inégalités”, notre propre Proposition – Principe – Projet vise à la fois :
- A travailler à la réduction de la plupart de ces inégalités POUR TOUS CEUX qui veulent sincèrement qu’ elles se réduisent … entre eux.
( Il paraît par exemple que près de 80% de français seraient favorables à une telle réduction … du moins dans leurs déclarations aux sondages d’opinion ). - A considérer qu’ à cause de la “Libre Égalité” que nous défendons, toutes ces personnes ( en France ou dans le monde ) qui voudraient librement réduire les inégalités entre elles, ont le droit fondamental de s’organiser entre elles politiquement et juridiquement, mais aussi économiquement et socialement, pour réaliser un tel objectif en n’ étant plus contraintes par tous ceux qui veulent au contraire maintenir un système inégalitaire … entre EUX, et qui seraient, dans notre proposition, aussi libres de vouloir POUR EUX un système économico-juridico-politique inégalitaire et donc de le faire vivre réellement ENTRE EUX.
- Une des conditions fondamentales est la conquête progressive d’une autonomie juridico-polique, mais aussi économique et sociale, de toutes les personnes qui veulent LIBREMENT à la fois plus de Liberté et plus d’ Égalité entre ELLES-MEMES, par rapport à toutes les autres personnes qui veulent soit restreindre les libertés individuelles, soit augmenter les inégalités, soit les deux à la fois …
Il ne s’agit donc pas de construire une “société alternative“au capitalisme, au sens où cette “alternative” remplacerait partout les régimes politiques plus ou moins inféodés à la “mondialisation capitaliste”, car il est évident pour nous qu’un tel objectif, non seulement est irréaliste, mais s’il voulait à nouveau tenter de se réaliser “pour tous et partout”, verserait à nouveau inévitablement dans une forme ou une autre de totalitarisme, aux conséquences plus graves encore que le “totalitarisme mou” souvent décrit à propos de la “mondialisation capitaliste”.
Il s’ agit de construire progressivement une “société parallèle“, qui peut être présente “partout” où vivent des personnes qui ont librement et réellement le désir et la volonté d’ élaborer ENTRE ELLES, une telle société à la fois plus libertaire et plus égalitaire, quelles que soient par ailleurs leurs différences personnelles.Mais ces personnes doivent par conséquent mettre une telle nouvelle alliance ENTRE ELLES, moralement au-dessus de toutes les autres “appartenances” traditionnelles auxquelles chaque personne peut par ailleurs être attachée ( communautés nationales, idéologiques, culturelles, linguistiques, de “classe”, de “genre”, etc… ).
C’est cette libre décision personnelle de changer l’ordre “hiérarchique” des valeurs collectives qui sera décisive, en accordant la “légitimité morale” collective supérieure aux valeurs de l’ “Égale Liberté” et de la “Libre Égalité” entre ces personnes ( et toutes celles qui voudraient ou pourraient un jour les rejoindre ) , sur toute autre valeur culturelle personnelle ou sur toute autre valeur “culturelle” ou “sociétale” ou “politique” actuellement considérée comme “supérieure” dans telle ou telle communauté sociale, culturelle, politique ou juridique.Il est facile de voir et de comprendre que la “frontière” complexe ( et “fractale” ) entre le “Dedans” et le “Dehors” d’une telle “Société Parallèle” ne passe plus guère par des frontières géographiques ou “politiques”, ou par des murs physiques quelconques, ni même par des barrières linguistiques ou culturelles, ou des “fractures sociales” ordinaires, mais bien A L’INTÉRIEUR DE CHAQUE PERSONNE, qui est la seule à pouvoir décider librement POUR ELLE-MEME, jusqu’à quel point elle veut être à la fois LIBRE et ÉGALE à d’ autres personnes qui seraient AUSSI LIBRES ET ÉGALES qu’ elle-même le désire et le veut pour elle-même, dans une “société” et un “monde commun possible et progressivement réalisable”, PAR ET POUR DE TELLES PERSONNES.Car pour les autres personnes, c’est elles que cela regarde.
Quand à VOUS, lecteur de ce texte, c’est “Vous qui voyez” !