Liberté et Égalité

Le Proposition « ELLE » conjugue bien sûr ces deux « valeurs » fondamentales.
En un certain sens donc elles sont toutes les deux aussi importantes ( « également importantes » ), puisque de façon symétrique ou réciproque, la Liberté dont il est question est voulue comme Égale pour chaque « personne libre et égale, souveraine sur elle-même ».

Mais, précisément réciproquement, cette « Égale Liberté » ne VAUT que par et pour les personnes qui font le Libre choix d’adhérer et de conférer cette valeur à la proposition « ELLE », autrement dit, ces personnes sont fondamentalement libres d’effectuer ce choix … ou de ne pas le faire, et donc de faire d’autres choix de « valeur » ou de priorisation de leurs valeurs.

Remarque : Il y a là une différence considérable avec le principe rawlsien d’ « Égale Liberté », puisque celui-ci est pensé par Rawls comme devant être valable « pour tous », ou du moins pour tous ceux qui sont citoyens d’une « démocratie » ou au moins d’un « état de droit ».
Mais dans tous les cas, Rawls ne leur laisse pas le libre choix individuel d’adhérer ou non à son « premier principe de Justice », puisqu’il pense que ce principe peut être logiquement déduit – sous le voile d’ignorance -par les représentants de personnes libres et égales.
Sauf que telle est pour moi d’abord la question : encore faut-il que ces personnes choisissent librement d’être de telles « personnes libres et égales« !
Bref, malgré la croyance des « philosophes politiques » qu’il est possible de construire une sorte de « vérité » théorique de telle ou telle de leurs positions,
la diversité permanente du spectre de leurs divergences, chaque « philosophe politique » ayant sa propre conception d’une telle « vérité », montre qu’en fait ils font des choix philosophiques personnels différents :
Ils « devraient » donc au moins tomber d’accord sur la valeur commune de leur liberté personnelle d’avoir la conception de « philosophie politique » ou « sociale » de leur choix. Et que tout accord collectif de certaines personnes- philosophes ou pas – sur certains de ces choix de philosophie politique, ne peut lui-même résulter que d’un libre choix personnel d’entrer dans cet accord.
Mais dans ce cas, il devrait pouvoir exister autant de modalités d’association collective politique, que de grands types de choix personnels de philosophie politique, et non pas, comme dans la réalité actuelle, de contrainte historico-géographique prétendant imposer à chaque habitant d’une « nation souveraine » , une modalité contrainte commune du « vivre ensemble » propre à cette entité collective.


Quand je dis que les personnes sont fondamentalement libres de choisir d’adhérer à la proposition « ELLE » , et que cette liberté est inscrite dans la proposition ELLE-MÊME, je parle d’une forme de liberté initiale, donc soit de la « liberté naturelle », soit d’une forme de « liberté conventionnelle » à laquelle la personne a précédemment déjà adhéré. Une forme initiale de la liberté, dans laquelle précisément la décision n’a pas encore été prise par la personne d’accorder cette même liberté qu’elle choisit et veut pour elle-même, à toute autre « personne » dans l’univers pour autant que celle-ci en fasse de même.
C’est donc si et seulement si elle fait le libre choix d’entrer en effet dans une nouvelle forme « conventionnelle » ou « contractuelle » qui associe l’ « Égale Liberté » et la « Libre Égalité », qu’elle peut prétendre faire partie de ce « P.E.U.P.L.E. » . Elle doit alors se sentir concernée par le passage progressif d’une simple déclaration « Form-ELLE » à une « institution » « Ré-ELLE ».

Si l’adhésion à la proposition « ELLE » ne peut, par définition , qu’être libre, quels sont les autres « libres » choix possibles ( en termes de « liberté initiale »):

– Ceux où la Liberté n’est pas choisie comme valeur fondamentale, mais comme soumise à une autre « hiérarchie de valeurs » : la personne qui fait un tel choix, doit alors se débrouiller avec sa propre adhésion à cette hiérarchie, alors qu’elle ne se pense pas ou ne se veut pas, en même temps, entièrement libre d’un tel choix … ( puisque une autre hiérarchie de valeurs précède et encadre cette liberté )
– Ceux où la Liberté est bien choisie comme fondamentale, mais uniquement par et pour la personne elle-même, sans qu’elle accepte que d’autres personnes puissent tout aussi librement qu’elle-même affirmer une telle Liberté.
La personne qui fait un tel « libre » choix, doit bien sûr s’attendre à ce que d’autres personnes, fassent comme elle, et ne lui reconnaissent donc pas la même Liberté qu’elles posent « librement » pour elles-mêmes.
Si un conflit quelconque surgit entre de telles Libertés qui ne se reconnaissent pas mutuellement comme « Égales », c’est bien sûr d’autres formes de « réglement des conflits » que ces Libertés devront accepter entre elles, ou avec des forces collectives coercitives imposant leur façon de distribuer la Liberté … inégalitairement ( Ainsi bien sûr, la « loi du plus fort » ou de toute autre forme de domination où une « Liberté » pense pouvoir ou devoir s’imposer aux autres personnes ).
On connaît à ce sujet la célèbre « dialectique du maître et de l’esclave » de Hegel.

4 dimensions de la Liberté

Lorsque nous parlons de Liberté, nous pouvons avoir en vue au moins 4 qualifications différentes de cette Liberté :

Nous allons distinguer classiquement :

La « liberté naturelle » dans son rapport à la « liberté conventionnelle »

La « liberté réelle » dans son rapport à la « liberté formelle »

Ces deux couples de qualifications de la liberté ne doivent pas être confondus, même s’il existe bien sûr une corrélation possible entre d’une part la « liberté naturelle » et la « liberté réelle » ( la « liberté naturelle » est une « liberté réelle », mais on espère que la « liberté conventionnelle » puisse aussi devenir « réelle » et ne se contente pas de rester « formelle » ! ).

  1. La « liberté naturelle » est constituée de l’ensemble des ressources fournies par la « nature » ( aussi bien dans l’organisation biologique du corps humain, que dans le « ressources naturelles » de l’environnement d’une personne ) et qui permettent ou amplifient la liberté de cette personne, indépendamment du fait d’avoir établi des « conventions » ou des « contrats » explicites de protection des libertés avec d’autres personnes ou avec des collectivités humaines.
    Il est bien évident que cette « liberté naturelle« , à part la généralité de l’organisation biologique humaine ( appartenir à l’espèce homo sapiens ), est très inégalement répartie, aussi bien à cause de la diversité des ressources biologiques génétiques des personnes qu’à cause de la diversité considérable des ressources « naturelles » locales accessibles aux différentes personnes.
    C’est bien pourquoi, depuis longtemps, les êtres humains ont imaginé des moyens pour compenser ces inégalités naturelles, à l’aide de « conventions », d’institutions, de lois, qui sont supposer réguler ou répartir plus « justement » ou « équitablement » les ressources et les contraintes qui conditionnent la « liberté naturelle » , en substituant au moins partiellement à cette « liberté naturelle » – « naturellement inégalitaire »- , une « liberté conventionnelle », dont la « garantie » de protection et de répartition des ressources nécessaires à l’ exercice de la liberté, est assurée non plus par la « nature », mais par le « droit » et de façon générale par des institutions humaines collectives supposées apporter plus de « justice » et d’ « égalité » dans les ressources nécessaires à chaque personne pour exercer sa liberté.

    Mais de tels accords « conventionnels » définissant notamment des « droits et libertés fondamentales » sont d’abord définis et discutés à un niveau « formel », dans les débats et les textes, en définissant par conséquent une « liberté conventionnelle formelle« , mais dont rien ne garantit spontanément la réalisation effective comme « liberté réelle« .
    Ce débat entre « libertés formelles » et « libertés réelles » a été notamment historiquement et politiquement très affirmé dans l’opposition entre les régimes de la « guerre froide » au lendemain de la deuxième guerre mondiale, au sujet de l’interprétation à donner à la récente « Déclaration Universelle des Droits Humains » à travers la Charte des Nations Unies et des deux grands « Pactes » qui étaient supposés donner lieu à des applications réelles et ne pas en rester au niveau des grandes déclarations « formelles ».



ELLE n’est pas une « théorie de la justice »

Les lecteurs de mes textes qui ont une certaine culture ou même un simple vernis de « philosophie politique », et encore plus certains spécialistes universitaires de ce domaine, peuvent bien sûr considérer en un certain sens que mes propositions font preuve d’un amateurisme superficiel qui n’a pas pris le temps d’une véritable formation universitaire dans le cadre de cette discipline appelée « philosophie politique ». Et donc que, aussi longtemps que je n’aurai pas suivi un cursus de formation minimale de ce type, et/ou prouvé que je connaissais les « grands classiques » de cette discipline, cela serait une perte de temps précieux pour les universitaires en question, de porter la moindre attention à des opinions personnelles mais « superficielles » comme celles que j’expose sur ce blog.

Je n’ai d’ailleurs pas la prétention de proposer une « théorie de la justice » qui pourrait rivaliser ou même discuter simplement avec les grandes variantes de « théorie de la justice » dont la « philosophie politique » fait son objet de travail et de publications spécialisées et thèses universitaires.

Il ne s’agit pas, dans ma proposition, d’une « théorie », déjà du simple fait que, hors du champ des disciplines proprement scientifiques ( et pas simplement « universitaires » ) , l’emploi du mot « théorie » me paraît toujours suspect, dans sa prétention à vouloir constituer, dans le champ de la philosophie en général, et de la philosophie morale et politique en particulier, un corpus de propositions de « validité » équivalente à celle des théories scientifiques dans leurs champs disciplinaires ou interdisciplinaires spécifiques.

Je concède aussi que dans l’état actuel de ma proposition résumée sous l’expression « Égale Liberté Libre Égalité », le simple développement de l’ architecture conceptuelle et la recherche d’une cohérence « logique » minimale dans cette architecture, n’en sont encore qu’à l’état de projet balbutiant, donc en effet rien qui puisse s’apparenter à une « théorie », même simplement « philosophique ».

Mais, en plus des circonstances de ma propre « paresse », il y a en réalité une raison de fond qui fait que ma proposition d’ « Égale Liberté Libre Égalité » ne peut pas être développée suivant un seul développement conceptuel, mais suppose par définition, dès ce noyau minimal de proposition formulée, une multiplicité de pistes possibles, à cause de la présence de la deuxième moitié de la proposition, à savoir de la « Libre Égalité », qui confère à chaque personne susceptible de se référer à ma proposition globale, un pouvoir d’interprétation strictement personnel individué, de la proposition « ELLE », tout en exigeant, mais de façon très générale et donc en un sens très « abstraite », une certaine communauté de référence de « valeur » plus précisément énoncée dans la partie gauche comme « Égale Liberté ».

Autrement dit, à supposer qu’il puisse y avoir un développement « théorique » en terme de « philosophie politique » et plus particulièrement de réflexion sur la possibilité ou non d’une « théorie de la justice » en relation avec ma proposition « ELLE, un tel développement ne saurait être le fait exclusif de « spécialistes » ou de « professionnels » de la philosophie politique, aussi ouverts d’esprits soient ils, parce que toute interprétation « théorique » conceptuellement développée de ma proposition ( Notamment du versant « gauche » de l’ Égale Liberté »), doit, PAR DÉFINITION, pouvoir s’articuler avec le pluralisme intrinsèque de ce que j’appelle « Libre Égalité », qui est comme tel, par définition, directement impacté par la diversité et la multiplicité des opinions et prises de positions interprétatives des personnes individuées qui choisiraient de se référer à ma proposition.

Il existe d’ailleurs de fortes raisons, pour moi, de penser que la problématique de l’articulation de l’ « Égale Liberté » et de la « Libre Égalité » a quelque chose à voir avec la question posée en philosophie politique de la possibilité d’une « théorie de la justice » qui soit constructible, malgré ou à cause même du pluralisme des « conceptions du bien ou de la vie bonne ».

En effet, plus le questionnement porte sur le versant gauche de l’ « Égale Liberté », plus se pose la question d’une définition « théorique » commune possible ou non d’une « société juste » ou de « principes de justice », alors que plus on se questionne sur le versant droit de ma proposition, à savoir la »Libre Égalité », plus on est amené à devoir prendre en compte toute la diversité aléatoire des positions des personnes réelles dans leurs environnements locaux réels, positions ou situations, où chaque personne peut se demander librement jusqu’où une telle distribution aléatoire et contingente des « conditions » qui s’imposent à elle, lui permettent cependant, ou pas, de se considérer et d’être considérée par les autres personnes comme « égale ».




Crise politique démocratique et crise des « valeurs républicaines humanistes universalistes »

Il est possible de s’appuyer pour une telle analyse,
– d’une part sur des aspects « conjoncturels » d’une telle crise dans l’actualité plus ou moins proche, du type : constat du virage « illibéral » actuel de nombreuses sociétés politiques précédemment considérées comme « démocratiques », dérive droitière de l’échiquier politique, augmentation de la conflictualité politique et de l’impossibilité croissante de débats démocratiques pacifiques, crise institutionnelle en France liée à l’inexistence d’une majorité stable au sein l’assemblée nationale, etc. ,

– et d’autre part sur une analyse des aspects plus « structurels » d’une crise en profondeur non seulement des institutions nationales, mais plus généralement de l’ensemble des institutions qui, à tous les niveaux d’organisation sociale, étaient supposées réguler les conflits normalement émergents dans les sociétés démocratiques, y compris au niveau des relations internationales.
Par exemple l’impuissance juridique et politique des grands textes des « droits humains » et des institutions juridiques internationales mises en place au lendemain de la dernière guerre mondiale.

C’est ce deuxième aspect de « crise en profondeur des institutions humaines» que j’aborde ici.

Autrement dit, la question est de plus en plus posée, à tous les niveaux, de la façon dont des personnes humaines peuvent se ré-organiser socialement, parce que tous les anciens cadres politiques, économiques, sociaux, culturels, etc. ,
se révèlent de plus en plus incapables non seulement de « résoudre » , mais même de « poser » correctement les problèmes éthiques, juridiques et politiques ( ou « axiologiques et normatifs » ) auxquels l’humanité est actuellement – et dans un avenir prévisible- confrontée.

Je ne prétends pas bien sûr substituer mon analyse personnelle aux innombrables analyses en cours ou déjà proposées concernant cette situation d’instabilité permanente et de crise accélérée de la « gouvernance » des sociétés.

Un des aspects de cette crise se trouve précisément, pas seulement au niveau de la construction des propositions morales, juridiques, politiques, normatives en général, mais bien également au niveau de la possibilité même de constituer des références ou « base d’information » ( cf Amartya SEN ) de « savoirs » ou de « connaissances » partageables sur ce qu’est le « réel » et d’émettre des jugements explicatifs rationnels sur l’ état du monde et des évolutions en cours ou prévisibles. ( La prétention de certains de s’appuyer sur des « vérités alternatives » ou des « faits alternatifs » )


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Je rappelle donc, pour ma part, deux décisions personnelles que j’ai prises depuis longtemps, et dont je propose en effet le libre partage à d’autres personnes.

1. Du point de vue de la connaissance du réel, des « faits » et de la capacité à expliquer le fonctionnement du réel, qu’il s’agisse des structures physiques fondamentales de l’univers physique, de l’organisation du monde biologique vivant dont nous ne pouvons connaître encore aujourd’hui qu’une version proprement terrestre, ou de l’analyse explicative des organisations sociales et culturelles spécifiquement issues du déploiement de l’ espèce humaine ( « homo sapiens » ou plus généralement du « genre homo » ), je fais et je propose aux autres personnes de faire confiance à la capacité de la « démarche scientifique » et des diverses « communautés scientifiques » qui la mettent en œuvre, de récolter et de décrire progressivement à la fois les données issues de ce réel et d’en formuler des théories explicatives possibles, « dans l’état actuel des connaissances« , dont on sait qu’elles sont à la fois provisoires, mais cependant, pour les plus fondamentales ( physique quantique, physique relativiste ) , suffisamment solides … jusqu’à nouvel ordre, par une remise en cause elle-même scientifique et non par de supposées « vérités alternatives« .

C’est pour moi – et pour beaucoup d’autres personnes faisant ce même choix – , la seule possibilité d’avoir un socle de références communes en matière de connaissance du réel.

Certes, de nombreuses autres prétentions à la connaissance du réel, soit individuelles, soit collectives, peuvent avoir une pertinence locale liée aux points de vue perspectifs locaux de ces observateurs sur un tel « réel en soi » commun supposé indépendant des représentations que nous nous en faisons : par définition le concept général de « réel », notamment tel qu’il est supposé par la science, ne se réduit pas à la « perception » ni à la « connaissance » que nous en avons, mais présuppose que du « réel » existe avant que nous en ayons une connaissance consciente et avant que nous en ayons construit des représentations, y compris des explications théoriques scientifiques.

Mais à ce « réel indépendant » ( dont nous sommes aussi fondamentalement partie prenante ), nous avons un accès partiel, même s’il est très problématique  :
Accès à la fois par notre constitution physico-biologique dont l’évolution nous a permis d’y survivre jusqu’à présent et qui se manifeste dans nos capacités perceptives et d’action, et par une approche beaucoup plus récente et théorique, appelée « science », cherchant à construire une connaissance universalisable de ce réel, en formulant des modèles théoriques les plus indépendants possibles des situations et perspectives locales de tel individu ou groupe humain particulier.

Mais ces différentes perspectives relatives sur le réel, provenant du vécu en situation de ces personnes incarnées, ne peuvent pas prétendre se substituer à la procédure générale universalisable mise en œuvre dans le champ de la connaissance scientifique rationnelle, pour dégager progressivement un faisceau rationnellement et logiquement cohérent de points de vue formellement universalisables , en attendant une meilleure cohérence future possible ( exemple : les rapports entre relativité générale et physique quantique )

Il s’agit bien ici d’un CHOIX épistémologique, que je suppose en effet librement partageable par un très grand nombre de personnes humaines, et qui constitue un « postulat de rationalité scientifique » qui peut être commun, même avec toutes sortes de visions axiologiques normatives que je ne partage pas, à condition bien sûr que ces autres visions axiologiques normatives acceptent de faire également la différence entre d’un côté le constat objectif scientifique des données du réel et des explications théoriques de ces données du réel, et d’un autre côté les références axiologiques normatives subjectives et/ou culturelles auxquelles ces visions du monde choisissent de se référer.

Or, c’est précisément cette distinction et cette « démarcation » ( au sens de Popper ) entre les connaissances et théories scientifiques et les autres types de discours, philosophiques, théologiques, éthiques, politiques, juridiques, etc., que certaines autres positions philosophiques ou idéologiques que la mienne récusent.

Ceux qui, quelles que soient leurs différences par ailleurs, pensent qu’il n’existe aucune distinction fondamentale à faire entre des connaissances à valeur « scientifique » et les autres types de discours idéologiques, politiques, éthiques, philosophiques etc. , ne peuvent alors pas avoir avec ma propre philosophie de véritable débat pertinent, puisqu’il n’existe alors aucune base commune pour juger en commun simplement de ce qui est « vrai » ( ce qui « existe » pour tous, ce qui est du « réel » et/ou du « factuel » pour tous, plutôt qu’une fiction idéologique ou « culturelle » particulière ou locale quelconque ).
Nous pouvons alors continuer à débattre, par pur plaisir de « causer » au café du commerce ou au salon philosophique, mais nous savons alors d’avance que ces « débats » seront impossibles à conclure, et qu’il faudra laisser chacun faire ses propres choix philosophiques personnels … ou risquer d’être en état de guerre symbolique, voire de guerre physique, si certains prétendent imposer à tous leur propre version de « vérité alternative » …

Plus de débats sérieux possibles avec des croyants complotistes, ou qui pensent que leurs références et valeurs philosophiques, politiques ou morales, ou « culturelles » en général peuvent se substituer à une connaissance scientifique du réel.

Ne reste-t-il alors rien d’un « fond commun universalisable », malgré l’incompatibilité de ces prises de position, et notamment le refus par certains, de l’arbitrage scientifique en matière de connaissance « factuelle » ou « objective » du réel ?

SI : partout où ceux-là mêmes qui sont en théorie les plus hostiles à la distinction d’une connaissance « scientifique » rationnelle, tout en niant la valeur de connaissance à la science, acceptent pourtant, dans les faits par leur comportement concret, d’utiliser les moyens et ressources TECHNIQUES, dont l’existence n’est proprement compréhensible que par les connaissances scientifiques qui ont permis leur invention.
Ainsi par exemple un intégriste religieux qui nierait toute pertinence à la physique fondamentale contemporaine, mais qui ferait une confiance tout aussi aveugle à la fiabilité de son téléphone portable que n’importe quel autre utilisateur de « technologies nouvelles », ou qui, pour ses fins politiques, ferait de facto bien plus confiance à la technologie nucléaire ou à une arme laser, qu’à la « prière » et à l’acte de foi en la « toute-puissance » de son « dieu » …

***


2. En ce qui concerne mes choix « axiologiques normatifs », je me propose de les référer tous désormais à la valeur centrale de ce que j’appelle
la proposition d’ « Égale Liberté Libre Égalité » :

– Il s’agit de considérer qu’en matière « axiologique normative« , il est parfaitement possible d’articuler :
un principe général d’ « Égale Liberté« , fondement des institutions juridiques et politiques que peuvent vouloir se donner en commun des « personnes libres et égales« ,
– et une liberté personnelle de différenciation, précisément garantie à toutes ces « personnes libres et égales« , de choisir leur propre mode de vie et d’existence, esthétiquement, en termes de croyances, de goût, et de mode de relation avec d’autres personnes , dans la mesure même où elles acceptent cette même liberté de différenciation personnelle pour les autres « personnes libres et égales« .
Les modalités plutôt « individuelles » ou « collectives » de tels choix esthétiques, de modes de vie ou de croyances idéologiques préférentielles personnelles ou culturelles sont alors aussi laissées à la « personne libre et égale » elle-même.

Mais l’acceptation du principe général d' »Égale Liberté » lui-même ne vaut que par et pour les « personnes libres et égales«  , qui font elles-mêmes ce libre choix … et qui acceptent donc aussi que les autres ne fassent ce choix que librement, et non sous une quelconque contrainte ou obligation préalable : elles acceptent donc aussi le principe réciproque de « Libre Égalité« .

C’est en cela que ma proposition complète d' »Égale Liberté Libre Égalité« , n’a aucune prétention de « normativité originaire » ou d’une quelconque « universalité a priori« , puisque « E.L.L.E. » n’a de valeur ( éthico-politique ) que par et pour des personnes qui en font le LIBRE CHOIX PERSONNEL.

Je, comme auteur de cette proposition, ne peut en affirmer la valeur d’adhésion que pour moi-même, en mon nom personnel, et n’y ajouter, comme extension possible à d’autres personnes que la POSSIBILITÉ, dont ces autres personnes ( « C’est Vous qui voyez … » ) prennent ou ne prennent pas, ou prendront ou pas dans le futur la même libre décision personnelle.

Tous ceux qui se lamentent aujourd’hui de ne pas voir de perspective possible ou de « grand récit » qui viendrait redonner un renouveau d’espérance « à gauche » ou d’une façon plus générale aux « valeurs humanistes universalistes, républicaines et démocratiques », pourraient donc au moins se demander si la perspective que je propose d’un « Projet d’ Égale Liberté Libre Égalité » ne pourrait pas, par hasard, correspondre à ce qu’ils cherchent si « désespérément ».

… Mais pour cela un certain nombre de « révisions déchirantes » sont peut-être nécessaires dans les anciennes conceptions « humanistes universalistes » et/ou « de Gauche », surtout dans leur relation supposée évidente avec une conception de la « République française » et de la « Nation française » ou du « peuple souverain » …

Car le seul « peuple souverain », au sens fort de la souveraineté, auquel JE me réfère comme collectif de « volonté générale » éthico-juridico-politique légitime, correspondant aussi à ma volonté personnelle est le « P.E.U.P.L.E. » :
c’est à dire le « Projet Éternel Universel des Personnes Libres et Égales« ,
en effet librement constituable par et pour ces « Personnes Libres et Égales« , et intrinsèquement indépendant des localisations « originaires » particulières des personnes physiques dans l’espace et dans le temps, puisque ne dépendant que de leur libre volonté et décision personnelle, actuelle ou future, ou même rétrospectivement, de ce que de nombreuses personnes aujourd’hui disparues ont pu, plus ou moins consciemment et librement, valoriser comme leur propre « Égale Liberté » …

Quant à Vous … C’est Vous qui voyez ...

ELLE et le « voile d’ignorance »

Dans la Théorie de la Justice de John Rawls, celui-ci prétend que ses deux « principes de justice » seraient nécessairement adoptés si les personnes législatrices débattaient sous le « voile d’ignorance », c’est à dire si elles ne savaient pas quelles positions réelles elles occupent dans la société ou dans le réel en général ( la position « économique et sociale » n’étant qu’une des multiples dimensions de l’intégration d’une personne dans le « réel » en général ( physique, biologique, écologique …) ).

Sur ce point déjà, ma propre proposition « ELLE » diverge avec celle de Rawls :

Je considère que, si des personnes étaient « réellement » sous un « voile d’ignorance », quant à leurs multiples situations possibles dans le réel, et avaient à choisir un quelconque « principe de justice » entre elles, elles choisiraient de maximiser leur « Égale Liberté », et donc en particulier de tout faire pour transformer le « réel » de telle façon que leurs différentes « positions » dans ce « réel » deviennent de plus en plus réellement et librement échangeables.
Dans ce cas aucune situation « réelle » n’étant définitivement figée, et pouvant en permanence librement passer de l’une à l’autre, les « inégalités » conjoncturelles liées à à toutes c es positions possibles, seraient passagères et compensables par un libre déplacement dans l’espace des positions possibles, comme dans un gigantesque « jeu de rôles », où tous les joueurs peuvent avoir intérêt à jouer des rôles différents, y compris de serviteurs obéissants, voire d’ « esclaves », sachant qu’il ne s’agit toujours que d’un « jeu », dont l’intérêt esthétique ludique commun peut alors être à la fois librement et égalitairement considéré par tous les participants comme supérieur à l’apparence des inégalités des positions des personnages.

Si donc Rawls propose un supposé « voile d’ignorance », c’est qu’il ne va pas jusqu’au bout de sa fiction : il présuppose seulement que les participants au débat ignorent leur position future réelle, mais que celle-ci leur sera de toutes façon imposée par ce « réel » , indépendamment de tout choix d’un « principe de justice » correcteur. Rawls s’enferme donc, dans son objectif restreint de trouver une justification au fonctionnement des « démocraties occidentales modernes » telles qu’elles existent, dans un carcan du « réel » socio-politique que pour ma part je ne pose pas a priori.

Rawls ne semble tenir aucun compte de la possibilité que le choix même d’un « principe de justice » idéal puisse avoir des conséquences radicales sur la structure même du « réel » qui jusqu’à présent, mais pas forcément dans un futur possible, détermine les « positions » incarnées des personnes dans ce réel.

Il se contraint donc lui-même à trouver une sorte de « compromis » bancal entre un principe de justice idéal ( définit par des « personnes libres et égales » elles-mêmes idéales ) et un certain nombre de contraintes empiriques « réelles » actuelles dans nos « sociétés démocratiques » .

Bref, au lieu de rester effectivement fidèle à son hypothèse de « voile d’ignorance » pour dégager les « principes de justice » ( idéaux ) , il réintroduit des contraintes du réel, comme pour essayer de convaincre de la crédibilité politique « réaliste » de sa conception idéale de « justice » :
D’où les concessions faites dans le « deuxième principe de justice » en cherchant seulement à limiter les « inégalités économiques et sociales », au lieu de considérer que dans l’idéal du principe de justice, derrière un véritable « voile d’ignorance » ( y compris sur la nature même de l' »incarnation » ou de l’ « implémentation » physique réelle des « personnes libres et égales » … ),
les « inégalités économiques et sociales » seraient tout aussi « abolies » que les inégalités « civiles et politiques » dont il admet l’abolition ( à la suite de la « modernité révolutionnaire » ), en instaurant le « premier principe de justice ».

A mon sens, John Rawls aurait pu davantage séparer le problème de la définition d’une « justice idéale » ( « principes de justice » ) et le problème du lien entre un tel idéal et sa « réalisabilité » possible dans le cadre des contraintes du réel, qu’il soit physique, biologique, politique, culturel, économique, social, ou dans n’importe quelle dimension supposée de ce « réel » imposant une prise en compte « réaliste » confrontée à une conception « idéale » de la justice.

A vouloir chasser ainsi les deux lièvres à la fois ( de l' »idéal conçu » et de la « réalité vécue » ), John Rawls s’est sans doute privé aussi de suffisamment approfondir la complexité des relations entre la définition d’un « idéal » et ses voies de « réalisation » possibles.

Bref, une conception idéale d’un principe de justice, défini derrière un « voile d’ignorance », par une pluralité d’entités décisionnaires ayant toutes le même statut idéal de « personne libre et égale« , aboutirait, à mon avis, par définition, à la volonté commune de conserver leur statut commun de « personne libre et égale » en maximisant à la fois la « liberté » de chaque entité et l’ « égalité de cette liberté », quelles que soient les vicissitudes, les ressources et contraintes du réel dans lequel cet idéal serait à « réaliser » en tant que « projet », dont l’horizon – à « long terme » – est , par définition alors, indéfiniment ouvert …




Les métamorphoses de l’ « identité »

Nous partons ici du texte « de « Identités et métavers » publié sur AOC

Quels liens avec la Proposition « E.L.L.E. » ?

Il est facile de voir que l’ « identité » de chaque « Personne Libre et Égale », ne réside pas dans telle ou telle ( T-ELLE ) identité physique, psychologique ou sociale particulière, mais dans l’autonomie morale de sa volonté propre, en tant qu’ elle reconnaît à toute autre « Personne Libre et Égale », la même autonomie morale de la volonté qu’elle se reconnaît à « elle-même », autonomie qui par conséquent peut CHOISIR de s' »incarner » , « moi, ici et maintenant », dans toutes sortes d’ « identités » partielles différentes, autant de facettes caléidoscopiques d’un miroir polymorphe, dont la gestion technique « collective en réseau » , permet à chaque « Personne Libre et Égale » d’utiliser des ressources matérielles et techniques équivalentes, pour construire sa propre « trajectoire de récits d’identifications provisoires », s’entrecroisant avec toutes sortes d’autres parcours imaginables, dont certaines portions apparaîtront comme du « déjà vécu », et d’autres comme des « parcours alternatifs possibles », se conjuguant et se Me-tissant de façons très variées.
La « poly-corporéité » futurible comme la poly-focalisation des consciences attentionnelles, conscientes de leur propre continuité temporelle de « soi conscient », alternant des phases d’éveil, de sommeil, d’inconscience et d’ « états de conscience » divers et pour la plupart encore inconnus de notre conscience humaine actuelle, commence à se dessiner dès aujourd’hui, dans la « métaversatilité » des projections « avatariques » de nos « mondes virtuels ».

Le « NouS » d’un tel « P.E.U.P.L.E. » en formation, sera donc poly-distribué de multiples façons, à la fois dans le « réel » des supports physiques matériels organisationnels , que dans les innombrables productions « imaginaires » dont les fictions représentatives et « récits » produits par ces organisations matérielles plus ou moins conscientes d’elles-mêmes s’articuleront de façon complexe et variée avec leurs phénomènes physiques « support ».

Que deviennent dans ce poly-morphisme foisonnant à la fois « physiquement réel » et « subjectivement et fictivement construit », les « Personnes Libres et Égales » « ELLE-mêmes » ? « Elles » cherchent » toutes, en permanence, et sans avoir nécessairement à en être conscientes en permanence, à auto-re-produire au minimum, et à amplifier si possible leur commune et poly-morphe « Égale Liberté », se substituant souvent les unes aux autres, lorsque telle ou telle caractéristique de leurs « incarnations » actuelles , peut contribuer mieux que d’autres, à cette auto-re-production et à l’amplification de la puissance physique organisationnelle commune nécessaire à cette « tâche de fond ».

Certes, nous, êtres humains actuels de l’espèce biologique « homo sapiens », restons encore fortement et « naturellement » liés à une constitution biologique issue d’une évolution naturelle terrestre de près de 4 milliards d’années …
Mais nous savons déjà suffisamment que, sauf décision TOTALITAIRE dictatoriale du maintien artificiel contraint d’une telle « nature humaine » essentialisée, ( et que certains humains souhaiteront sans doute … ), de très nombreuses forces évolutives politiques, culturelles, sociales, etc. viendront de plus en plus s’articuler avec nos capacités biologiques évolutives « naturelles », pour faire évoluer le poly-morphisme de la « forme humaine » de plus en plus souvent « hybridée » avec des composants biologiques divers provenant d’autres espèces vivantes, et avec toutes sortes de constructions matérielles élaborées par la techno-science.

« Notre » conception éthique ( « Loi Morale Nouvelle » ) vise précisément à proposer – à toute organisation consciente qui en ferait le libre choix – et notamment à mes congénères « humains » , une proposition et un projet régulateur commun possible sous l’expression abstraite « Égale Liberté Libre Égalité », dont chaque « Personne Libre et Égale » peut, à sa manière « personnelle », élaborer la part contributive … si elle est en libre accord avec une telle « Proposition ».

Pour les « autres » … ce sont eux qui voient … la façon dont « identitairement » , ils pensent pouvoir défendre encore leurs « identités ».
« NouS » ne « NouS » mêlerons plus de leurs querelles internes et externes d’ essentialisations de leurs « identités » .

Quant à Vous, bien évidemment, c’est Vous qui voyez …

« Astroh », le 27 août 2023


« Valeur morale »

Pour beaucoup de personnes, l’usage du terme de « morale », ou de l’ expression « valeur morale » se rapporte à une des nombreuses conceptions traditionnelles de la notion de « morale », avec la caractéristique essentielle qu’une telle « morale » serait essentiellement le fait d’un système de valeurs ou d’idéaux, éventuellement de règles ou de procédures, partagés au sein d’un collectif d’êtres humains, et dont la caractéristique essentielle serait d’imposer son « obligation morale » ( ou « devoir » ) à l’ ensemble des personnes individuelles de ce collectif humain.

Ceux qui sont hostiles à une telle conception d’une obligation collective pesant sur les membres d’une collectivité, ont alors tendance à rejeter le mot « morale », ou l’expression « valeur morale » , comprise comme signifiant cette domination du collectif et de la « régulation des moeurs » sur la liberté et la volonté autonome des personnes individuelles.

Pourquoi ai-je choisi de ne pas rejeter tout usage du terme de « morale », ou de « valeur morale », ou encore de « loi morale », alors même que le contenu essentiel de ma proposition d’ « Égale Liberté Libre Égalité » consiste précisément à n’admettre a priori aucune « hétéronomie » liée à la domination d’un collectif humain sur ses membres ?

C’est bien sûr parce que je considère qu’il n’y a pas de contradiction a priori entre une libre interprétation possible des termes de « morale », de « valeur morale » ou de « loi morale » , et la défense la plus haute et la plus pertinente possible de l’ idéal de Liberté, en tant que celui-ci peut être librement partagé par toute personne qui fait le choix de considérer librement que d’autres personnes qu’elles-mêmes PEUVENT, tout aussi bien qu’elles-mêmes, aspirer à la plus grande liberté possible compatible avec celle de toutes les autres personnes qui feraient ce même libre choix.

Ce n’est pas la caractéristique du « devoir » ou de l’ « obligation » que je retiens donc comme caractéristique de la « morale », de la « valeur morale » ou de la « loi morale », contrairement ici au choix fait par Kant , par exemple. Mais je retiens prioritairement comme caractéristique essentielle de ce que désigne les termes « morale », « valeur morale » ou « loi morale », qu’il s’agit d’une valeur qui ne peut être attribuée que sous l’expresse condition de la LIBERTÉ, en particulier de la « liberté de conscience », et donc de l’ « autonomie de la volonté » de la personne qui juge de cette valeur.

Cette condition première de la liberté transforme d’ailleurs le supposé « impératif catégorique » kantien, en un « impératif conditionnel », même si la « condition » générale préalable dont-il s’agit est très particulière : puisqu’il s’agit de la LIBERTÉ elle-même.
Bien évidemment, cette idée est également déjà défendue, non seulement chez Kant, mais même dans un grand nombre de philosophies morales pré-kantienne, et même et notamment par celles qui s’appuient sur une conception « théologique » de la « loi morale » comme « loi divine » :

La « loi morale » ou la « loi divine », suivant leurs anciennes formulations, concevaient bien que pour être « morale », il fallait que l' »obéissance » de la personne à une telle Loi, soit « librement consentie », sous peine de ne pas être « morale ». Mais ni la « loi morale divine », ni la « loi morale kantienne » ne vont jusqu’à affirmer l’identité de la « loi » elle-même avec la LIBERTÉ de la personne, donc son « autonomie personnelle » radicale, en tant que cette même LIBERTÉ serait également possible pour chaque personne qui en choisit « également librement » la référence, en la reconnaissant librement chez toute autre personne … si et seulement si et « pour autant » que cette dernière en fait réciproquement de même : autrement dit la seule restriction « morale » possible provient de l’exigence de de l’ Égalité de la Liberté et réciproquement de la Liberté d’une telle Égalité ( ce qui est très exactement le cœur de ma proposition de « Loi Morale Nouvelle » )

Proposition qui, bien évidemment, par définition, n’aura de « valeur » pour VOUS, que si VOUS décidez librement de la considérer « également » comme votre proposition librement universalisable à toute autre « personne libre et égale » qui se choisit elle-même comme telle, et qui participe ainsi , par et pour ELLE-MÊME , à sa propre entière et radicale LIBERTÉ.
Tel est donc aussi la nouvelle formulation de « NouS, le P.E.U.P.L.E. » …
si VOUS le voulez, comme moi, en toute « Égale Liberté » :
Mais là, c’est « Vous qui voyez » …

Proximités : Jacques Lévy

J’ai découvert récemment les idées et le parcours de Jacques Lévy.

Ce sont deux articles sur A.O.C. qui ont attiré mon attention :

La gauche et le progressisme : du pléonasme à l’oxymore
et Vers une écologie progressiste

dont la lecture me permettent de situer Jacques Lévy, parmi les formes de pensées suffisamment compatibles avec les idées que je défends moi-même ici.
En particulier dans une certaine référence commune au « progressisme » des Lumières, aujourd’hui si fréquemment vilipendé.

En particulier pour commencer concernant les analyses du rapport entre Liberté et Égalité. Et de l’ évolution de ce questionnement dans le contexte des problèmes « écologiques » actuels.

Mais peut-être aussi au niveaux d’aspects plus théoriques et techniques concernant la représentation spatiale …

Concernant le premier point :

Un extrait de l’article concernant la gauche et le progressisme :
« Au-delà des vicissitudes de l’histoire politique, les notions de liberté et d’égalité ont changé de nature : dans une république démocratique où un large consensus existe sur leur mise en œuvre constitutionnelle, le débat se déplace des citoyens vers les personnes : qu’est-ce qu’être libres et égaux dans une existence individuelle ? Il existe désormais un vaste groupe moyen, représentant la grande majorité de la population, dont les membres sont capables d’opérer des arbitrages stratégiques et ne peuvent donc bénéficier d’une totale irresponsabilité par rapport à leurs choix, ce qui avait un sens lorsque, au contraire la masse de la population appartenait au groupe inférieur, presque totalement dépendant des actions des autres acteurs, mieux dotés que lui en capitaux sociaux.

Dans ce contexte, la redistribution, disent nos contemporains [6], sert à apporter un socle d’égalité, notamment grâce à un égal accès à un niveau d’éducation élevé, qui permet à chacun d’inventer librement sa vie. Liberté et égalité ne sont donc plus perçus, « en parallèle » comme situées aux deux bornes entre lesquels un curseur se déplacerait, mais « en série », l’une étant une condition de l’autre. Or, pour que la contribution de la société à l’égalité de tous soit effective, elle ne peut être un simple versement compensatoire, c’est une aide à la construction par l’individu de capacités qui vont elles-mêmes entrer dans la coproduction, avec le reste de la société, de biens publics. La solidarité exige que ses bénéficiaires soient actifs et la transforment en un capital social qui leur permet d’être acteurs de leur propre vie. « 






Féminismes

Quand les féministes se déchirent sur la prostitution (1/2) :
les arguments réglementaristes

La question du droit de se prostituer est l’une des multiples facettes du débat sur la liberté individuelle, et les risques que cette liberté soit en réalité exploitée par des dominants potentiels dont l’objectif effectif est de soumettre la liberté des autres … à la leur.
Et donc de la nécessité de protéger la liberté des uns par rapports aux empiètements possibles de la liberté des autres, par un système juridique, lorsque les personnes en relation ne sont pas capables de se donner à elles-mêmes les moyens de régulation intersubjective autonome de leur « Égale Liberté ».

Et bien évidemment notre position sera plutôt du côté de la défense de la liberté de chaque personne, pour autant que cette liberté soit également partagée entre les personnes en question ( principe d’ « Égale Liberté » ) … et que donc chaque personne fait l’effort moral de respecter l’ Égale Liberté des autres au moins autant qu’elle espèrerait voir respectée la sienne.

La question de l’ Égale Liberté formelle ou abstraite doit donc toujours , dans notre perspective, s’accompagner de la question de la « liberté réelle » , dont les conditions réelles sont très souvent inégalitaires, et vérifier par conséquent auprès de la parole propre de chaque personne concernée dans sa situation réelle concrète de personne physique, dans quelle mesure elle choisit elle-même librement ce statut formellement universalisable de l’ « Égale Liberté », et se déclare personnellement capable d’assumer les risques de l’ « inégale liberté réelle » des situations de sa vie effective.

S’il peut donc y avoir un débat théorique général confrontant des points de vue philosophiquement et politiquement divergents sur des questions comme la liberté de se prostituer, ce type de débat, même entre « féministes », ne peut pas faire abstraction des positions elles-mêmes diverses de chaque personne « prostituée » réelle sur sa propre situation personnelle réelle vécue.

Si donc, moi-même, qui ne suis ni femme, ni prostitué(e), j’interviens dans un tel débat, en tant que « personne libre et égale » , je n’oublie pas non plus que ma position réelle « extérieure » et « distanciée » par rapport à un certain nombre de vies réelles vécues, ne m’autorise en aucun cas à parler en lieu et place des personnes directement concernées par la question.

Si donc je suis amené , en conséquence de ma proposition d’ « Égale Liberté Libre Égalité », à défendre plutôt le point de vue « règlementariste » que le point de vue « abolitionniste », je n’oublie pas que cette position « générale » peut être aussi marquée de mon inscription effective dans le réel, comme être biologique, social, culturel, etc. de « mâle blanc intellectuel … », soupçonnable de parti pris conscient ou inconscient en faveur de la défense de mes intérêts particuliers liés à ma situation partiellement « privilégiée » …

Mais c’est précisément parce je sais faire la distinction consciente entre un idéal librement choisi comme potentiellement universalisable ( à toutes les personnes libres et égales qui font ce même libre choix ), et ma situation comme « être humain » réel particulier dans le monde du « moi, ici et maintenant » de la réalité vécue actuelle, que je dispose en effet d’un certain « privilège » par rapport à tous ceux, aussi humains que moi, mais qui ne font pas une telle distinction, consciemment ou pas.

Mais un tel « privilège mental », VOUS pouvez y accéder, tout comme moi, si VOUS voulez vraiment comprendre de quoi il est question dans la proposition de l’ « Égale Liberté Libre Égalité » .
Car c’est VOUS qui voyez …

Sur le même thème :
https://www.philomag.com/articles/le-debat-sur-la-prostitution-entre-dignite-et-propriete-de-soi


ELLE et le « libertarisme de gauche »

Référence :

Un texte sur le « libertarisme de gauche », publié sur Cairn.info,
de Jean-Fabien Spitz
« Le libertarisme de gauche : l’égalité sous condition de la propriété de soi« 
Spitz Jean-Fabien, « Le libertarisme de gauche : l’égalité sous condition de la propriété de soi », Raisons politiques, 2006/3 (no 23), p. 23-46. DOI : 10.3917/rai.023.0023. URL : https://www.cairn.info/revue-raisons-politiques-2006-3-page-23.htm

Le « libertarisme de gauche » y est ainsi décrit ( introduction ) :
« Cette théorie entend donc avancer l’idée que, les ressources extérieures étant communes, nul ne peut se les approprier que sous condition de respect d’un impératif structurel qui vérifie que les droits de toutes les personnes humaines ne sont ni enfreints ni annulés par l’acte d’appropriation. On va voir que la teneur de cet impératif structurel peut varier, mais que l’idée demeure la même : si chacun peut user librement de sa personne sans respecter aucune condition liée au droit des autres, il n’en va pas de même des ressources externes, et l’on a ainsi une théorie de la justice qui prétend associer un principe non-structurel en première personne et un principe structurel d’appropriation des choses matérielles.
On suggérera, pour finir, que cette tentative de synthèse échoue et qu’elle dérive soit vers une affirmation de la propriété de soi s’étendant inconditionnellement aux choses (c’est l’hypothèse du libertarisme classique), soit vers une affirmation du caractère conditionnel de l’appropriation des choses qui aboutit à vider le principe de la propriété de soi de toute réalité (et l’on se rapproche alors à nouveau de l’hypothèse rawlsienne). Elle est donc essentiellement instable .
« 

Cette position du « libertarisme de gauche », considérée par Jean-Fabien Spitz comme « essentiellement instable », peut bien sûr être rapprochée de notre propre Proposition de l’ Égale Liberté Libre Égalité.

En effet, s’il est possible de rapprocher notre version de l’ « Égale Liberté –  » du principe rawlsien d’ « Égale Liberté » , la deuxième partie « – Libre Égalité » peut être rapprochée du principe « libertarien » de la « propriété de soi » de la personne.

1. Cependant, dans une première remarque très générale, je rappelle que notre Proposition « Égale Liberté Libre Égalité », tout en POUVANT être reprise par toute personne qui en fait le libre choix, n’est cependant pas une proposition qui prétendrait argumenter en faveur d’une validité générale, en se plaçant parmi des « théories politiques » qui revendiqueraient chacune une légitimité contradictoire avec celle des autres …
Si donc le lecteur s’attend à ce que nous défendions notre propre position comme une position qui se voudrait alternative à toutes les autres, comme s’il fallait nécessairement que la « validité » d’une théorie politique soit acquise au détriment des autres sur un champ de bataille des idées … , c’est qu’il n’a pas compris l’une des dimensions principales de ce que nous appelons « – Libre Égalité », et qui fait que cette « – Libre Égalité » ne peut pas être une proposition « théorique » indépendante de la libre décision personnelle d’une personne physique effective qui effectue le choix d’y adhérer.

Il y a donc, de notre point de vue, une contradiction à vouloir établir une quelconque proposition « libertarienne » comme « proposition universelle a priori » , puisque ce que défend une personne « libertarienne » c’est sa propre position personnelle, dont précisément rien ne peut présupposer a priori que d’ autres personnes « doivent » également la défendre !

Des « libertariens » authentiques, en ce sens, comme des « anarchistes » authentiques ( qui ne veulent ni « commander » , ni être commandés ») , ne peuvent donc faire de « proposition théorique de philosophie politique », que sous l’expresse réserve qu’une telle proposition ne vaut a priori que par et pour leur propre personne, et qu’elle n’est extensible à une quelconque généralisation que sous l’expresse condition de la liberté personnelle pleine et entière des personnes concernées, d’y adhérer ou pas.
Un « libertarien ontologique » est donc une contradiction : il est pour une certaine conception ( collective … ) de la « liberté naturelle » de l’être humain, conception qu’il croit que les autres « devraient » également nécessairement accepter et dont il cherche à les « convaincre ».
Ce qui est contradictoire avec un choix personnel de cette liberté, en tant que « contrat libre avec soi-même », dont il est possible ensuite d’étendre librement l’accord contractuel avec d’autres personnes faisant avec elles-mêmes ce « même choix ».

2. C’est très exactement pourquoi nous considérons que la valeur « mutualisable » ou « universalisable » de l’ « Égale Liberté » que nous défendons, ne vaut qu’à la condition que les personnes qui Y adhèrent soient individuellement libres de poser ou non une telle adhésion ( donc d’être « Librement Égales » ), et se reconnaissent donc mutuellement et réciproquement, à la fois leur « Égale Liberté » ET leur « Libre Égalité » .

Si donc certains analystes comme Jean-Fabien Spitz pensent trouver une « essentielle instabilité » dans une position « libertarienne de gauche« , c’est précisément parce qu’ils se placent d’un point de vue de confrontation de « théories politiques générales », ( « théorie libertarienne » versus « théorie rawlsienne », etc. ) dont ils croient pouvoir peser les arguments théoriques respectifs indépendamment de la situation propre de chaque personne qui choisit ou non d’adhérer à telle ou telle théorie.

Or, pour moi, ( Armand Stroh ), à titre personnel en effet, ( éventuellement librement partageable par d’autres … ), il est précisément inadmissible de vouloir imposer une quelconque « théorie politique » comme s’il s’ agissait d’une sorte de théorie scientifique à prétention de « vérité »et que des arguments « rationnels » permettraient de départager « objectivement » sans avoir soi-même à prendre une libre position personnelle !

De ce point de vue, ma Proposition de l’ Égale Liberté Libre Égalité, ne vaut en effet a priori que par et pour « moi », à partir de ma libre décision d’ Y adhérer après l’avoir en même temps d’abord librement construite.
Seules des personnes, autres que moi, qui choisissent d’ Y adhérer librement, peuvent Y adhérer « réellement », en Y adhérant en effet comme si elles en avaient été elles-mêmes les libres « co-auteurs ».

Personne, par définition auto-posée de cette proposition, ne peut Y adhérer effectivement radicalement, si ce n’est par sa propre et entière liberté personnelle à laquelle aucun autre « argument » que cette liberté même ne peut se substituer.

Quant à VOUS, c’est VOUS qui voyez ….