Personne morale souveraine, libre et égale

Personne morale souveraine, libre et égale
( aux autres personnes souveraines, libres et égales )

L’ expression “personnes libres et égales” se trouve par exemple chez John Rawls. Elle y est en lien direct avec le type de Principes de Justice que Rawls a en vue lorsqu’il cherche de tels principes “derrière le voile d’ignorance”.

L’ expression “personne souveraine” a aussi été utilisée par certains auteurs, dans un sens différent de celui que nous proposons ici.

L’expression complète que nous utilisons est plus exactement :
Personne souveraine sur elle-même, également libre et librement égale à toute autre personne qui se déclare elle-même souveraine sur elle-même, et reconnaît de la même façon aux autres personnes posant le même acte de souveraineté sur elles-mêmes, exactement la même liberté et le même droit moral ( “loi morale nouvelle” ) qu’elle se donnent à elles-mêmes d’effectuer un tel acte de souveraineté “
On voit encore une fois qu’il s’agit toujours d’un acte qui est à la fois :
– radicalement libre, autonome et même souverain
– mais qui reconnaît en même temps, dans un même contrat réciproque, exactement la même légitimité morale à toute autre entité réelle capable de comprendre un tel contrat moral conscient et qui choisit librement d’entrer dans ce même contrat moral commun.

Les valeurs principielles au fondement de ce contrat moral conscient sont la Liberté et l’Égalité, ce qui semble relativement proche de nombreux “contrats sociaux” ou “contrats politiques” de “citoyenneté républicaine” .

Mais sous une forme précise :
– La Liberté dont il est question est considérée comme étant “également partageable” : – Formellement elle l’est par définition ( “Égale Liberté” )
– L’ Égalité dont il est question est toujours d’abord l’Égalité de cette Liberté et la Liberté du choix d’une telle Égalité de la Liberté.

D’un point de vue simplement formel, les deux termes axiomatiques de notre proposition sont placés en une relation d’interdéfinition réciproque :
La Liberté COMME “Égale Liberté” et l’ Égalité COMME “Libre Égalité“.

Du point de vue de toute “réalisation” future ou partiellement actuelle,
NouS visons une libre égalité d’accès à des conditions physiques de réalisation équivalentes du point de vue précisément de l’ “Égale Liberté et de la Libre Égalité” ainsi rendue effectivement possible à chaque “personne souveraine, libre et égale”.

La “liberté réelle” et l’ égalité réelle” sont donc non seulement formellement conditionnées par la libre décision des contractants de formuler ainsi leur “Loi Morale Nouvelle” commune, mais aussi par toutes les conditions physiques réelles présentes dans l’univers, actuelles ou futures, qui rendent ou rendront matériellement ( “physiquement” ) possible une telle ré- organisation partielle de la réalité de façon à passer de la simple déclaration formelle d’une virtualité utopique, à la coordination d’actions réelles régulées par ces principes de normativité formelle commune à ces personnes souveraines, libres et égales.

Ces conditions physiques ( à tous les niveaux d’organisation imaginables de la “complexité du réel”) peuvent être étudiées par toutes sortes de disciplines scientifiques , et donner lieu à toute sortes de propositions techniques.
L’étude objective de telles conditions peut parfaitement être commune à bien d’autres organismes qui ne se reconnaissent pas nécessairement dans un tel choix éthico-politique “Égal Libertaire et Libre Égalitaire”


L’ “Ultime Liberté” comme cas particulier concret de mise en œuvre critique de l’ “Égale Liberté Libre Égalité”

Par “Ultime Liberté” nous entendons ici la question du libre choix par une personne des modalités de sa propre mort biologique, et donc, dans les conditions technoscientifiques actuelles, également de son existence comme personne psychologique, sociale, politique …

En tant qu’individu à l’identité sociale et “nationale” définie comme “Armand STROH” ( né à Strasbourg le 29 septembre 1948, etc. ) , j’ai été amené à participer à la création d’une association spécifiquement dédiée à la mise en œuvre effective de cette “Ultime Liberté”, par les personnes qui librement adhèrent à cette association, dénommée précisément “Ultime Liberté”.

Il est facile de comprendre en quoi l’exercice de la liberté de choisir les conditions et le moment de sa mort et donc d’être l’arbitre ultime de ses propres raisons de continuer à vivre ou de mourir est une situation particulièrement exemplaire et symbolique de l’exercice de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” qui fait l’objet de ce blog, et dont je défends la valeur dans tous les domaines de la “vie”.

La mise en œuvre de la régulation associative de l’ “Ultime Liberté” en lien avec la proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” se situe à deux niveaux notamment :

  1. La définition des objectifs de l’association, et de ses valeurs de référence fondamentales. En tant que membre fondateur de l’ association, en octobre 2009, avec deux autres personnes, dont l’une est ma compagne dans la vie ordinaire, et dont l’autre, est décédée un an après la fondation, j’ai pu mesurer sur cet exemple associatif concret, les difficultés du passage de la “libre proposition” faite par les “fondateurs”, à la “libre adhésion” des autres membres qui ainsi disent être en libre accord avec les objectifs d’une telle association …
  2. Le fonctionnement des interactions d’entraide entre les adhérents, en ce qui concerne l’ “Ultime Liberté” que chacun veut pouvoir exercer en toute liberté personnelle, tout en ayant suffisamment confiance en la liberté des autres à son égard, donc en se posant la question de l’ “Égale Liberté” de chaque personne participant à ce contrat associatif commun.
    Il s’agit notamment de l’ “Égale Liberté” de la personne qui “demande” à pouvoir “bénéficier” d’une telle liberté, et de celle des personnes ( “accompagnants” ) dont elle suppose qu’elles pourront lui apporter une “aide” dans la réalisation de cette liberté.

ELLE, Loi Morale Nouvelle et Loi Morale Kantienne

Il existe une indiscutable parenté entre les conceptions kantiennes de la “moralité pure” et certains aspects “universalisables” de notre propre proposition de “Loi Morale Nouvelle”. Mais il y a aussi une différence radicale qui, d’une certaine façon, peut apparaître comme une “radicalisation” de la notion d’ “autonomie” de la personne, que la philosophie pratique kantienne a bien sûr fortement contribué à mettre en place, mais qui, à cause en partie des contraintes culturelles propres à son époque, mais aussi d’une confusion à l’intérieur du système de la “raison critique” kantienne, n’a pas permis à la philosophie kantienne d’aller au bout de son intuition pourtant déjà très élaborée de l’autonomie de la volonté d’une “personne”.

Un des points caractéristiques de divergence est également très clairement visible dans le fait que la “Loi Morale Nouvelle” dont nous parlons, tout en visant un horizon d’universalisation future très proche de l’idée kantienne du “royaume des fins”, n’a besoin d’aucun “postulat de la raison pratique” du genre “immortalité de l’ âme”, ni d’ existence d’un “Dieu moral”, pour assurer non seulement sa propre valeur morale, mais même sa réalisabilité progressive dans un avenir indéfiniment ouvert. Car cette ouverture est précisément “postulée” directement par la volonté autonome elle-même des “personnes souveraines, libres et égales” : sa valeur est définie de façon autonome ( ce qui est déjà le cas chez Kant, mais avec un principe d’universalisation malheureusement calqué sur l’universalité des “lois de la nature”  …  ),.
Mais nous disposons désormais aussi d’une toute autre possibilité d’action effective sur le réel universel, progressivement décrit par les disciplines scientifiques comme indéfiniment “rétro-contrôlable” par les moyens de la technique liée à ces développements scientifiques.

La conformité future des phénomènes réels à nos propres exigences morales autonomes dépend de plus en plus précisément de nos propres décisions autonomes, et non plus d’une supposée “raison divine” qui aurait accès à la “réalité en soi” alors que les êtres humains n’auraient accès qu’à une réalité “phénoménale” à jamais limitée par une “constitution transcendantale” … Établie par QUI ? Par la “raison divine” ou par la “raison kantienne” ? ou par une “structure anthropologique originaire” … elle-même constituée par un “malin génie philosophique” … ?

La distinction kantienne radicale entre “chose en soi” inaccessible et “phénomènes” seuls connaissables à travers une grille de “subjectivité transcendantale” n’est plus aussi pertinente qu’à l’époque kantienne, car nous avons de plus en plus de bonnes raisons théoriques de penser toutes nos capacités d’organisation “subjective”  de notre expérience, non plus en termes de “constitution transcendantale“, ni même de constitution “phénoménologiquement originaire“, mais bien dans le “réseau” totalement “immanent” de la “réalité” à la fois empirique et théorique où notre “pensée-conscience-cerveau” à la fois se prend comme “objet” de science et analyse sa propre capacité “subjective” à “constituer” de tels “objets”.

Tout “sujet” personnel actuel est ainsi aussi ( s’il veut se donner une telle représentation de lui-même … )  un sujet-objet et un objet-sujet dont la boucle auto-référentielle est simultanément suffisamment “fermée” pour pouvoir auto-produire sa propre “VALEUR” et suffisamment “ouverte” pour explorer de plus en plus efficacement l’espace des possibles physiques organisationnels de l’univers, qui permettent à une telle conscience personnelle de survivre un certain temps actuellement, tout en gardant ouverte une capacité créatrice de projection scientifico-technique dans le futur où sa propre “identité personnelle” peut être pensée comme suffisamment “reproductible” pour se “retrouver elle-même”, non pas dans telle ou telle incarnation ou configuration particulière de son passé, ( ce qui est très secondaire ), mais bien dans sa capacité organisationnelle d’autonomie personnelle consciente compatible avec l’égale autonomie personnelle consciente d’innombrables autres “entités organisées” dans l’ univers.

C’est bien une “idée” qui commence aujourd’hui à se répandre dans certaines conceptions dites “transhumanistes“, et dont il s’agit, pour ma part, de tester la compatibilité logique avec l’idéal d’une “Égale Liberté” de toute personne à pouvoir bénéficier, en y participant activement, des possibilités nouvelles ainsi ouvertes au niveau scientifico-technique …

Il n’ y a donc aucun “postulat de la raison pratique” nécessaire en-dehors de cette raison auto-référentielle : c’est désormais à ELLE-MEME d’assurer sa propre “immortalité” et sa propre capacité de plus en plus “divine” ( mais immanente ) d’assurer rétroactivement tous les contrôles rétroactifs conscients sur une réalité dont elle tire effectivement inconsciemment son “origine”. (Origine dans l’évolution de l’univers et du vivant et dans l’évolution des systèmes sociaux et culturels humains … dont nous étudions et formalisons après coup les “lois de la nature” , les “lois sociologiques, économiques”, etc. ). Mais  cette prise de conscience elle-même ( individuelle et collective ) crée désormais un tout nouvel “ordre du réel organisé” autoréférentiel et récursivement piloté par ces processus de “prise de conscience” mêmes, qui en retour en “augmentent” les capacités.

La corrélation entre la “moralité” ( se rendre digne du bonheur ) et le contrôle des conditions du réel qui doivent de plus en plus incarner un tel “souverain bien“, nous incombe donc désormais, du moins à toutes les personnes qui  veulent ainsi librement constituer leur propre souveraineté collective en se reconnaissant mutuellement comme “personnes souveraines sur elles-mêmes, libres et égales entre elles” …  et avec toute autre organisation matérielle de l’univers capable d’une telle prise de conscience individuée et prenant librement cette même décision de reconnaissance mutuelle.

Il est facile de comprendre comment une telle autonomie, tout en s’appuyant sur certains aspects déjà présents dans l’autonomie morale kantienne, en radicalise désormais le principe d’universalisation POSSIBLE, mais non pas dans un “impératif catégorique universel et nécessaire”, puisque désormais directement auto-fondé dans la liberté même ( comme “Égale Liberté” ) de toute personne qui choisit d’y participer ( … ou pas ) . L’ universalisation possible ne s’étend donc qu’aussi loin que la liberté de chaque personne veut en décider pour elle-même.

NouS” sommes désormais notre propre “recours” d’assurance future d’un “souverain bien possible”, pour autant et seulement pour autant que nous choisissons librement de participer à sa “constitution formelle” et à sa “construction réelle”, parce que c’est à ce prix que “NouS” devenons pleinement responsables de notre propre liberté autodéterminée, “en même temps” personnelle et collective ( … pour les personnes qui font ce choix … ).

Les “autres” … se débrouillent comme avant depuis toujours, avec leurs propres conceptions de la liberté, s’ils ne veulent pas d’une telle “Égale Liberté Libre Égalité” et avec la multitude des conflits insolubles que leurs divergences entraînent et entraîneront de plus en plus …

“Kant à Vous” …. comme toujours ici, c’est “Vous qui Voyez …”