Liberté et Égalité

Le Proposition “ELLE” conjugue bien sûr ces deux “valeurs” fondamentales.
En un certain sens donc elles sont toutes les deux aussi importantes ( “également importantes” ), puisque de façon symétrique ou réciproque, la Liberté dont il est question est voulue comme Égale pour chaque “personne libre et égale, souveraine sur elle-même”.

Mais, précisément réciproquement, cette “Égale Liberté” ne VAUT que par et pour les personnes qui font le Libre choix d’adhérer et de conférer cette valeur à la proposition “ELLE”, autrement dit, ces personnes sont fondamentalement libres d’effectuer ce choix … ou de ne pas le faire, et donc de faire d’autres choix de “valeur” ou de priorisation de leurs valeurs.

Remarque : Il y a là une différence considérable avec le principe rawlsien d’ “Égale Liberté”, puisque celui-ci est pensé par Rawls comme devant être valable “pour tous”, ou du moins pour tous ceux qui sont citoyens d’une “démocratie” ou au moins d’un “état de droit”.
Mais dans tous les cas, Rawls ne leur laisse pas le libre choix individuel d’adhérer ou non à son “premier principe de Justice”, puisqu’il pense que ce principe peut être logiquement déduit – sous le voile d’ignorance -par les représentants de personnes libres et égales.
Sauf que telle est pour moi d’abord la question : encore faut-il que ces personnes choisissent librement d’être de tellespersonnes libres et égales“!
Bref, malgré la croyance des “philosophes politiques” qu’il est possible de construire une sorte de “vérité” théorique de telle ou telle de leurs positions,
la diversité permanente du spectre de leurs divergences, chaque “philosophe politique” ayant sa propre conception d’une telle “vérité”, montre qu’en fait ils font des choix philosophiques personnels différents :
Ils “devraient” donc au moins tomber d’accord sur la valeur commune de leur liberté personnelle d’avoir la conception de “philosophie politique” ou “sociale” de leur choix. Et que tout accord collectif de certaines personnes- philosophes ou pas – sur certains de ces choix de philosophie politique, ne peut lui-même résulter que d’un libre choix personnel d’entrer dans cet accord.
Mais dans ce cas, il devrait pouvoir exister autant de modalités d’association collective politique, que de grands types de choix personnels de philosophie politique, et non pas, comme dans la réalité actuelle, de contrainte historico-géographique prétendant imposer à chaque habitant d’une “nation souveraine” , une modalité contrainte commune du “vivre ensemble” propre à cette entité collective.


Quand je dis que les personnes sont fondamentalement libres de choisir d’adhérer à la proposition “ELLE” , et que cette liberté est inscrite dans la proposition ELLE-MÊME, je parle d’une forme de liberté initiale, donc soit de la “liberté naturelle”, soit d’une forme de “liberté conventionnelle” à laquelle la personne a précédemment déjà adhéré. Une forme initiale de la liberté, dans laquelle précisément la décision n’a pas encore été prise par la personne d’accorder cette même liberté qu’elle choisit et veut pour elle-même, à toute autre “personne” dans l’univers pour autant que celle-ci en fasse de même.
C’est donc si et seulement si elle fait le libre choix d’entrer en effet dans une nouvelle forme “conventionnelle” ou “contractuelle” qui associe l’ “Égale Liberté” et la “Libre Égalité”, qu’elle peut prétendre faire partie de ce “P.E.U.P.L.E.” . Elle doit alors se sentir concernée par le passage progressif d’une simple déclaration “Form-ELLE” à une “institution” “Ré-ELLE”.

Si l’adhésion à la proposition “ELLE” ne peut, par définition , qu’être libre, quels sont les autres “libres” choix possibles ( en termes de “liberté initiale”):

– Ceux où la Liberté n’est pas choisie comme valeur fondamentale, mais comme soumise à une autre “hiérarchie de valeurs” : la personne qui fait un tel choix, doit alors se débrouiller avec sa propre adhésion à cette hiérarchie, alors qu’elle ne se pense pas ou ne se veut pas, en même temps, entièrement libre d’un tel choix … ( puisque une autre hiérarchie de valeurs précède et encadre cette liberté )
– Ceux où la Liberté est bien choisie comme fondamentale, mais uniquement par et pour la personne elle-même, sans qu’elle accepte que d’autres personnes puissent tout aussi librement qu’elle-même affirmer une telle Liberté.
La personne qui fait un tel “libre” choix, doit bien sûr s’attendre à ce que d’autres personnes, fassent comme elle, et ne lui reconnaissent donc pas la même Liberté qu’elles posent “librement” pour elles-mêmes.
Si un conflit quelconque surgit entre de telles Libertés qui ne se reconnaissent pas mutuellement comme “Égales”, c’est bien sûr d’autres formes de “réglement des conflits” que ces Libertés devront accepter entre elles, ou avec des forces collectives coercitives imposant leur façon de distribuer la Liberté … inégalitairement ( Ainsi bien sûr, la “loi du plus fort” ou de toute autre forme de domination où une “Liberté” pense pouvoir ou devoir s’imposer aux autres personnes ).
On connaît à ce sujet la célèbre “dialectique du maître et de l’esclave” de Hegel.

ELLE n’est pas une “théorie de la justice”

Les lecteurs de mes textes qui ont une certaine culture ou même un simple vernis de “philosophie politique”, et encore plus certains spécialistes universitaires de ce domaine, peuvent bien sûr considérer en un certain sens que mes propositions font preuve d’un amateurisme superficiel qui n’a pas pris le temps d’une véritable formation universitaire dans le cadre de cette discipline appelée “philosophie politique”. Et donc que, aussi longtemps que je n’aurai pas suivi un cursus de formation minimale de ce type, et/ou prouvé que je connaissais les “grands classiques” de cette discipline, cela serait une perte de temps précieux pour les universitaires en question, de porter la moindre attention à des opinions personnelles mais “superficielles” comme celles que j’expose sur ce blog.

Je n’ai d’ailleurs pas la prétention de proposer une “théorie de la justice” qui pourrait rivaliser ou même discuter simplement avec les grandes variantes de “théorie de la justice” dont la “philosophie politique” fait son objet de travail et de publications spécialisées et thèses universitaires.

Il ne s’agit pas, dans ma proposition, d’une “théorie”, déjà du simple fait que, hors du champ des disciplines proprement scientifiques ( et pas simplement “universitaires” ) , l’emploi du mot “théorie” me paraît toujours suspect, dans sa prétention à vouloir constituer, dans le champ de la philosophie en général, et de la philosophie morale et politique en particulier, un corpus de propositions de “validité” équivalente à celle des théories scientifiques dans leurs champs disciplinaires ou interdisciplinaires spécifiques.

Je concède aussi que dans l’état actuel de ma proposition résumée sous l’expression “Égale Liberté Libre Égalité”, le simple développement de l’ architecture conceptuelle et la recherche d’une cohérence “logique” minimale dans cette architecture, n’en sont encore qu’à l’état de projet balbutiant, donc en effet rien qui puisse s’apparenter à une “théorie”, même simplement “philosophique”.

Mais, en plus des circonstances de ma propre “paresse”, il y a en réalité une raison de fond qui fait que ma proposition d’ “Égale Liberté Libre Égalité” ne peut pas être développée suivant un seul développement conceptuel, mais suppose par définition, dès ce noyau minimal de proposition formulée, une multiplicité de pistes possibles, à cause de la présence de la deuxième moitié de la proposition, à savoir de la “Libre Égalité”, qui confère à chaque personne susceptible de se référer à ma proposition globale, un pouvoir d’interprétation strictement personnel individué, de la proposition “ELLE”, tout en exigeant, mais de façon très générale et donc en un sens très “abstraite”, une certaine communauté de référence de “valeur” plus précisément énoncée dans la partie gauche comme “Égale Liberté”.

Autrement dit, à supposer qu’il puisse y avoir un développement “théorique” en terme de “philosophie politique” et plus particulièrement de réflexion sur la possibilité ou non d’une “théorie de la justice” en relation avec ma proposition “ELLE, un tel développement ne saurait être le fait exclusif de “spécialistes” ou de “professionnels” de la philosophie politique, aussi ouverts d’esprits soient ils, parce que toute interprétation “théorique” conceptuellement développée de ma proposition ( Notamment du versant “gauche” de l’ Égale Liberté”), doit, PAR DÉFINITION, pouvoir s’articuler avec le pluralisme intrinsèque de ce que j’appelle “Libre Égalité”, qui est comme tel, par définition, directement impacté par la diversité et la multiplicité des opinions et prises de positions interprétatives des personnes individuées qui choisiraient de se référer à ma proposition.

Il existe d’ailleurs de fortes raisons, pour moi, de penser que la problématique de l’articulation de l’ “Égale Liberté” et de la “Libre Égalité” a quelque chose à voir avec la question posée en philosophie politique de la possibilité d’une “théorie de la justice” qui soit constructible, malgré ou à cause même du pluralisme des “conceptions du bien ou de la vie bonne”.

En effet, plus le questionnement porte sur le versant gauche de l’ “Égale Liberté”, plus se pose la question d’une définition “théorique” commune possible ou non d’une “société juste” ou de “principes de justice”, alors que plus on se questionne sur le versant droit de ma proposition, à savoir la”Libre Égalité”, plus on est amené à devoir prendre en compte toute la diversité aléatoire des positions des personnes réelles dans leurs environnements locaux réels, positions ou situations, où chaque personne peut se demander librement jusqu’où une telle distribution aléatoire et contingente des “conditions” qui s’imposent à elle, lui permettent cependant, ou pas, de se considérer et d’être considérée par les autres personnes comme “égale”.