Mes Moires du « Référentiel Numérique »

Il y a une trentaine d’années au moins, j’utilisais, en arrière plan de mes spéculations philosophiques, une structure esthético-métaphysique que j’appelais mon « Référentiel Numérique »:

Le fondement logico-mathématique formel de ce « référentiel » n’est rien d’autre que l’ensemble N des nombres entiers, donc avec en arrière plan les différentes façons dont les mathématiciens théorisent ces « Nombres entiers » de façon axiomatique.

Mais je ne retenais alors que certaines de ces propriétés mathématiques formelles qui m’intéressaient du point de vue esthétique et comme squelette général de formalisation personnelle de la « complexité » :

– le lien proprement mathématique avec la « théorie des groupes finis » , dont j’avais depuis longtemps pressenti l’importance, et connu l’importance en physique fondamentale pour les différentes « symétries » des « lois de conservation » , et particulièrement en physique quantique.

– le lien esthético-poétique avec les anciennes « symboliques des nombres« , et plus particulièrement, au niveau de la théorie musicale, la question du fondement mathématique de la composition des ondes sonores, et du choix apparemment culturellement arbitraire des échelles de hauteur constituant les « gammes » : en particulier la problématique des nombres premiers et de leurs multiples, et le fait que la théorie musicale ne retenait que les tout premiers nombres premiers et leurs multiples comme structure de base pour définir ses « gammes« .
Un questionnement évidemment sur la façon dont la question du « tempérament égal » ( supposant une référence mathématique aux « nombres réels » R et non plus aux seuls « nombres rationnels » Q ), permet de confondre très approximativement ( « à l’oreille » ) certains nombres entiers proches , mais appartenant à des séries de multiples très différentes ( Ainsi par exemple 120 et 121 ), et donc cependant de « JOUER » , musicalement, sur ces distinctions potentielles, que le « tempérament égal » de 12 demi-tons identiquement espacés sur une échelle logarithmique, cherche à fusionner formellement, tout en gardant en arrière plan l’antique fondement « grec » sur les fréquences multiples simples d’une vibration fondamentale.

Mon « Référentiel Numérique » a été pendant toute une période de ma vie une façon de relier formellement des domaines apparemment très différents, soit au niveau des théories scientifiques, soit au niveau de la créativité esthétique-artistique.
En particulier, il est possible de représenter la suite des nombres entiers de façon « spiralaire »logarithmique , où chaque tour de spire correspond aux multiples d’un nombre premier. Chaque tour finit par retomber sur un multiple du nombre premier servant de « fondamentale ».
Ainsi les octaves successives pour les puissances de 2 :
Les supposés « 12 demi-tons » de la gamme tempérée, peuvent alors être traduits de façon de plus en plus précise ( en termes d’ « encadrement du nombre réel par une suite de nombres rationnels » ) :
Ainsi une première approximation permet de comparer la suite des demis-tons aux nombres entiers compris entre 16 ( 2 puissance 4 ) et 32 ( 2 puissance 5 ),
et plus précisément sur les spires d’octaves plus hautes : par exemple entre 64 ( 2 puissance 6 ) et 128 ( 2 puissance 7 ) :
Entre ces deux octaves successives, on dispose de 64 « degrés » entiers intermédiaires. Rappelons que si les puissances de 2 permettent de dénombrer les « octaves », les puissances de 3 permettent de définir le « cycle des quintes », etc. , mais que les harmoniques 7, puis 11, 13, etc.. d’une même fréquence fondamentale sont considérées rapidement comme de plus en plus perceptivement indistinctes, même si en théorie « rationnelle » des harmoniques, et même en analyse physique du son, il est possible de les distinguer et de les détecter … )


Mais ce « Référentiel Numérique » que j’utilisais est également en lien avec certaines de mes idées concernant les valeurs fondamentales et la possibilité de définir ( LIBREMENT ! ) une forme d’ équivalence des personnes comme « personnes libres et égales » ( en résonance partielle avec les concepts de Rawls ), et de se poser la question du « dénombrement » de telles « personnes » potentiellement à la fois LIBRES ( donc posant leur propre identité en toute autonomie les unes par rapport aux autres ) et ÉGALES entre elles du fait même de leur référence autodéterminée à cette « LIBERTÉ » :

En tant que prenant chacune des décisions autonomes, les volontés personnelles se distinguent les unes des autres « numériquement », comme autant de « de degrés liberté » d’une « variable formelle anonyme », se signalant chacune cependant dans la discontinuité de cet « arbitraire de la volonté »
( ce que « je veux », n’est pas nécessairement, ni obligatoirement ce que « tu veux », ni ce que chacune de ces « personnes libres et égales » peuvent « vouloir » ( « C’EST VOUS QUI VOYEZ » ))
Mais par ailleurs, comme dans le modèle formel des nombres entiers, toutes les « personnes libres et égales » sont de « nombre » potentiellement « infini dénombrable ».
Mais ce nombre est réellement physiquement dépendant des ressources disponibles localement, là où la complexité matérielle nécessaire à leur prise de conscience cérébrale comme « personne libre et égale » et à leur organisation corporelle d’interfaçage avec le reste de l’univers, rencontre des limites au moins provisoires ( voir par exemple le problème « écologique » de la surpopulation humaine par rapport aux « limites de la planète » ).

Ceci résulte du postulat purement « matérialiste » que je pose qu’aucune organisation consciente d’elle-même dans l’univers ne peut exister sans le « support » d’une organisation matérielle suffisamment complexe ( pas nécessairement sous la forme du système nerveux actuel des animaux et donc des humains, mais donc d’une matière organisée qui rend possible l’émergence de ce que nous appelons notre « subjectivité consciente » )

Cela n’a donc rien à voir avec ce que peuvent être des spéculations métaphysiques sur la façon de « compter » des « âmes » ou des « esprits individués » , pour ceux qui posent l’existence de telles « substances pensantes » distinctes ( par la « volonté divine » ou la structure métaphysique du « monde des âmes ») de l’organisation matérielle « pensante » émergente de la complexité organisationnelle de la « matière » ( compréhensible en termes de physique, de chimie, de biologie moléculaire, de biologie évolutive, de neurosciences, de sciences « humaines » tenant compte des dynamiques de la complexité organisée des écosystèmes incluant les « humains » ).

Chaque « personne libre et égale » se constitue ELLE-MÊME dans l’unité autonome et autodéterminée de sa « volonté » ( équivalente en ce sens d’une « unité numérique » discontinue « dénombrable » par rapport à d’autres « unités » équivalentes ), mais n’en a pas moins besoin fondamentalement de garantir un niveau suffisant de « ressources physiques » nécessaires et suffisantes pour « conserver » cette autodétermination complexe pilotée par son cerveau et peut-être même par des circuits spécialisés passant par le « cerveau frontal »

Chaque « personne formellement libre et égale » doit donc, si elle veut continuer à l’être dans son organisation corporelle actuelle, penser aussi à assurer suffisamment de quoi « nourrir » cette organisation biologique en fonction de son intégration « personnelle » propre dans un « environnement » qu’elle n’a pas initialement choisi, mais à partir duquel elle PEUT essayer de se développer davantage, comme « personne réellement libre » TOUT en respectant le droit fondamental autonome et autodéterminé des autres « personnes libres et égales » de pouvoir elles aussi et tout autant, garantir leurs propres « ressources physiques » de support de leur propre « ÉGALE LIBERTÉ ».

Or il devient alors évident que la distinction « numérique » des « personnes libres et égales » entre elles n’a d’importance, pour chacune d’entre elles, que pour autant qu’elle se trouve encore dans la nécessité matérielle d’assurer dans son environnement corporel local, au moins certains aspects de ses ressources nécessaires à la conservation de son identité consciente biologique actuelle, situation qui, comme chacun le sait, est potentiellement en conflit permanent de concurrence avec les autres pour de telles ressources limitées. ( Comme dans tout le monde vivant où nous trouvons notre « berceau » ).

Mais cette distinction numérique des différentes « personnes libres et égales », n’a pas de sens formel, dès qu’il devient réellement possible, au moins pour une toute petite partie, de mettre en « COMMUN » , donc au service d’un « Projet universalisable des personnes libres et égales » , la mise à disposition égale des ressources physiques de l’Univers nécessaires pour garantir à chaque « personne libre et égale » la continuité et le développement de son « ÉGALE LIBERTÉ ».

En particulier il ne saurait alors Y avoir de contradiction formelle fondamentale entre les « personnes libres et égales » physiquement réelles actuellement sur Terre, et toute « personne libre et égale » future possible ( pour les générations humaines futures sur Terre, mais plus universellement pour toute organisation matérielle consciente d’elle-même dans l’ Univers ), SI celle-ci adhère LIBREMENT au même principe d’ ÉGALE LIBERTÉ définissant formellement toute « personne libre et égale » à partir de sa propre volonté autonome et autodéterminée.

En un certain sens donc, mais sans aucun présupposé de type religieux ou « spiritualiste » ou « transcendantal » ou philosophiquement « phénoménologique », nous nous appuyons, du point de vue des « ressources matérielles disponibles dans l’Univers », sur une conception matérialiste « émergentiste » ( les propriétés particulières du « vivant », puis de la « subjectivité consciente humaine », émergent dès qu’un niveau particulier de complexité de l’organisation matérielle est évolutivement atteint, les modalités de cette évolution elle-même n’ayant besoin d’ aucune « conscience », ni même de « finalité » pour devenir explicables quant à leur « origine »).

A partir du moment où au moins certains humains passés ou actuels décident librement de la valeur de leur propre LIBERTÉ et décident simultanément qu’une telle LIBERTÉ personnelle doit être au moins formellement compatible avec la LIBERTÉ aussi radicale de toute autre « personne libre et égale » qui prendrait cette MÊME libre décision, ces personnes peuvent alors décider en conséquence de faire progresser ce Projet Idéal Commun, d’un statut de pure proposition formelle, à des tentatives d' »incarnation » réelle ( physiques, techniques, économiques, juridiques, politiques, etc. ) d’un tel Idéal, car elle savent qu’elles en ont elles-mêmes librement décidé, et que nulle « loi », ni physique, ni « morale » ne les Y contraint, ni ne les Y oblige :
Seule la « Loi Morale Nouvelle », issue de leur propre libre volonté autonome, comme « LIBRE ÉGALITÉ », peut dans le même geste, instituer une forme de « volonté générale » ENTRE ces « personnes libres et égales ».

Une forme jusqu’à présent encore partiellement « impensée », puisque la plupart des philosophies morales et politiques qui ont soutenu des idéaux voisins, considèrent qu’un tel projet est « naturellement » ou « intrinsèquement » propre à une « nature humaine universelle », et s’impose donc, en termes de « droit naturel« , à l’ ensemble des « êtres humains » : l’ exemple typique en est la « Déclaration Universelle des Droits Humains » de 1948 ainsi que de la « Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen » française de 1789.
Il s’agit alors d’une forme de « FRATERNITE » supposée propre à la « famille humaine » ( et que les « animalistes » actuels accusent d’être du « spécisme » )

Les philosophes ou les personnes en général qui récusent un tel « Droit naturel », et pensent uniquement en termes de « droit positif » ou encore en termes de « culture communautaire » qui imposeraient à leurs membres une obéissance coercitive consciente ou inconsciente, n’admettent pas non plus, mais cette fois ci au nom d’une supposée supériorité intrinsèque du « collectif concret » ( « peuple », « nation », « civilisation » …, « famille », « patrie » … ) encadrant toute décision ou choix « personnel » .
Il s’agit alors d’une autre forme de « FRATERNITE » supposée plus fondamentale dans une « communauté historique concrète … »


Il est assez facile de comprendre en quoi notre « Proposition d’ Égale Liberté Libre Égalité » ne correspond ni aux tenants du « Droit Naturel » et »humaniste universaliste », ni aux prétentions « des « collectivistes » des « communautariens » ou des « nationalistes » , ou des « marxistes » tenant de la « lutte des classes » et de la « dictature du prolétariat » …,
ni aux conceptions des « libertariens inégalitaires » ( de « droite » ) , qui prétendent défendre une liberté individuelle où l’intérêt bien compris de chacun dans un « marché libre » sans aucune « volonté générale », apporterait une « harmonisation » minimale suffisante pour empêcher que les inégalités incontrôlées finissent par miner les « libertés individuelles fondamentales » auxquelles ces « libertariens » prétendent cependant être essentiellement attachés.

On comprend alors aussi pourquoi nous ne proposons pas la « FRATERNITE » comme fondement de notre « Loi morale nouvelle », car elle est beaucoup trop ambiguë dans ses références et préférences de « famille » ou de « proximité » ou de « généalogie biologique ou culturelle commune » , et que nous avons choisi de souligner ces fractures en la renommant « FRACTERNITE » !

Quant à VOUS, c’est VOUS qui voyez ….