Le triangle dramatique sert de référent symbolique aux opposants à l’autonomie personnelle

Dans les controverses actuelles concernant la légalisation de l’aide active à mourir, les opposants à toute évolution de la loi dans le sens de la légalisation d’une aide active à mourir, n’ont de cesse à dénoncer la liberté et l’autonomie personnelle, en prétextant, d’une façon ou d’une autre, que l’autonomie personnelle et la liberté individuelle ne sont que des illusions.

La première figure mise en avant , comme prétexte, est qu’il existe de nombreuses “personnes vulnérables“, donc de supposées VICTIMES, actuelles ou futures, VICTIMES ( de la philosophie de l’autonomie personnelle … ) que ces opposants à la légalisation veulent protéger, et par rapport auxquelles ils se constituent donc en “SAUVEURS” . En dénonçant du même coup un pôle du triangle constitué de vilains “PERSÉCUTEURS” , mélange hétéroclite de “mondialisation capitaliste marchande”, d'”ultralibéralisme matérialiste et utilitariste”, et de “modernité universaliste arrogante et autosuffisante aveugle aux limites et à la finitude” , etc.

En mobilisant et en encourageant en fait dans les relations sociales le fameux “triangle dramatique de Karpman” , ces opposants veulent avant tout apporter la preuve qu’une autonomie personnelle responsable et capable de gérer en elle-même des conflits potentiels est impossible :
Autrement dit, pour ces opposants, il n’est pas possible d’être autonome , on est nécessairement – et si on ne l’ est pas … on doit le devenir – soit victime, soit persécuteur, soit sauveur … ou l’un après l’autre à tour de rôle.

Bien entendu, ces fameux opposants se présentent d’emblée comme des “Sauveurs” et il leur faut désigner des “Victimes” ( les “vulnérables” du discours des opposants ) , même si celles-ci ne se plaignent de rien … ( c’est justement ce en quoi elles sont alors des victimes inconscientes de leur propre situation de victime) , afin de pouvoir jouer le rôle du “sauveur” ( par exemple en imposant des “soins palliatifs” ).

Ce faisant, ces “sauveurs” auto-proclamés, pour pouvoir continuer à jouer leur jeu malsain, finissent par devenir eux-mêmes “persécuteurs” : il leur faut trouver un supposé persécuteur … à persécuter .

Manque de pot : les personnes authentiquement “autonomes et responsables” ne se disent victimes de personne ( sauf éventuellement d’un “réel” intrinsèquement irresponsable d’être ce qu’il est … ) : elles règlent leurs comptes par elles-mêmes avec des “persécuteurs” éventuels , et notamment avec des supposés “sauveurs” qui ne sont bientôt perçus que comme des harceleurs à la “bienfaisance” collante, baveuse et dominatrice …

En fait, sous prétexte d’entretenir les “liens sociaux” d’une “solidarité fraternelle” , ce groupe de “sauveurs” ne rêve que d’entretenir le jeu pervers du triangle dramatique en guise de “société” .

Le partage des rôles dans l’hypocrisie générale : ce sont les mêmes, idéologiquement parlant, dans une certaine droite conservatrice notamment, qui :

– d’un côté veulent justifier les inégalités de leurs privilèges ( et donc continuer leur domination d’exploiteurs en sachant pertinemment que ce faisant, ils créent ou amplifient les situations transformant en effet des personnes en “victimes” de leurs visées dominatrices )

– de l’autre côté, veulent donner l’apparence de leur “charité chrétienne” en venant au “bon secours” des “victimes” d’une situation qu’ils contribuent eux-mêmes à entretenir (“pompiers pyromanes”) .

Avec l’espoir que ces “victimes” viennent les remercier d’être venus à leur secours. Tout “bon prince” d’ancien régime se devait de protéger “la veuve et l’orphelin”. Mais en conservant autant que possible le système inégalitaire d’un tel “don charitable” …

Mais je vois d’ici les mines scandalisées de ceux qui se sentent ainsi visés:
Oh ! moi qui suis si attentif aux souffrances des vulnérables, et qui à tout instant cherche à leur tenir la main … . Certes il se peut que j’y trouve un certain plaisir, mais je ne suis moi-même qu’un pauvre pécheur …. vulnérable :
Si je suis responsable du moindre harcèlement charitable, voyez en moi une autre “victime” , de façon à ce que je puisse continuer tranquillement mon rôle de “sauveur” des opprimés …

Tous victimes … ( depuis un certain “péché originel” sans doute ) …
donc tous bourreaux persécuteurs éventuels, d’avance “justifiés” par leur volonté de “sauver les autres et eux-mêmes” …
Faites tourner le “triangle dramatique” comme la “Roue de la Fortune” ou de la “volonté divine” … ( le grand “Père” … sécuteur )

Mais je n’invente rien en dénonçant ce type d’hypocrisie :
Ce sont les “paroles” mêmes de références sacrées que cette même classe prétend connaître : “Pharisiens hypocrites … sépulcres blanchis …”, mais que, précisément, ils ne peuvent pas entendre …