Étienne Balibar et l’ “Egaliberté”

La proposition de l’Egaliberté” est un texte-ouvrage d’ Étienne Balibar qui entre bien sûr en résonance ( puisque la raison résonne ) avec mes propres “propositions” non seulement au niveau des “idées” ou des “concepts” éventuellement “communs” , mais également, en partie, au raz de l’écriture, avec certaines inventions et interventions dans la langue, jusqu’au raz des mots et des lettres qui les composent.

Dans l’avant-propos de “Citoyen sujet et autres essais d’anthropologie philosophique” ( PUF 2011 ), pp. 17 à 22 , E. Balibar énonce une “considération de méthode” où il insiste sur son travail de lecture des textes, :
Je compare des textes entre eux, mais je ne discute pas des “oeuvres” au sens que donne à ce terme l’idéologie littéraire et universitaire, moins encore des “systèmes” ou des “tendances” dont les produits seraient représentatifs d’une idée. Je propose une relecture de la Deuxième Méditation et non du cartésianisme, de la Nouvelle Héloïse et non du Rousseauisme, …

Cette insistance sur l’identité des “signifiants” textuels plutôt que sur les interprétations floues et vaguement consensuelles que ces formulations textuelles peuvent évoquer chez les lecteurs, y compris spécialistes de philosophie ou de l’ “histoire des idées”, à la fois m’intéresse, dans son attention méticuleuse à la “matérialité linguistique” où s’énoncent les propositions “philosophiques”, mais en même temps ne correspond pas entièrement aux façons dont je considère moi-même les relations entre ma “philosophie du langage” et mon “langage de la philosophie”.

Cependant certains usages d’effets formels, notamment de symétrie et de réciprocité, peuvent être repérés, aussi bien dans certains textes de Balibar que dans la façon dont, totalement “consciemment” et “intentionnellement”, j’utilise de tels effets littéraux formels dans mes propres “propositions”, et bien évidemment singulièrement dans ma “maxime” centrale de l'”Égale Liberté Libre Égalité” et de son abréviation acronyme “ELLE”.

Le lecteur attentif “au raz de la lettre” ( … et des phonèmes : “Au raz” peut s’ en tendre “aura” pour un “orateur” ), pourra ainsi s’interroger sur la similarité formelle de “ELLE” avec l’abréviation “IWWI” que Balibar propose de la formulation hégélienne “Ich, das Wir, und Wir, das Ich ist
( Dans “Citoyen-Sujet” Chapitre 5 , section “Sujet en miroirs” , p.215 et s. ).

Et, en dehors de la simple coïncidence d’un tel tétragramme formel, il est facile au lecteur de s’apercevoir que le rapport de l’ Esprit et de la Lettre qui s’ Y énonce, s’ Y énonce comme un jeu entre des “pronoms personnels”.

Ainsi donc “une certaine “chaîne signifiante” marquée par d’autres énonciations de la personne comme sujet” ( p.215 ) se trouve donc Également et Librement ELaborée par différents scripteurs, mais revenant, en retour au moins partiellement conscient, sur leurs propres pratiques d’écriture.

ELLE, donc, est Également Librement l’ “Esprit de la Lettre et la Lettre de l’ Esprit” .

Etienne Balibar :
La phrase de Hegel ( que j’abrégerai à l’occasion en “IWWI” est, prise à la lettre, intraduisible ( comme on peut le vérifier aisément en examinant les tentatives de “traduction” en différentes langues, dont le français ). Cela tient à l’ exploitation qu’elle fait, au même titre que toute une tradition philosophique à laquelle on a donné le nom d’ idéalisme, de propriétés idiomatiques de la langue allemande qui concernent la syntaxe des pronoms personnels et notamment du pronom Ich …