Crise de l’universalisme en 4 questions

La crise contemporaine
de l’ «universalisme humaniste»

Une série de questions possibles à examiner :


QUESTION 1.
Pourquoi la remise en question actuelle de l’ « universalisme des valeurs humanistes » ne provient-elle plus seulement, comme naguère, de l’extrême-droite ou de la droite conservatrice héritières du combat « anti-Lumières », anti-moderne et anti-laïque mais, de façon plus surprenante, de l’extrême-gauche et d’une partie de la gauche qui veut précisément défendre tous les « opprimés » et leur « droit à la différence » contre un « universalisme » jugé oppressif ?

Deux formes différentes voire opposées de critiques de l’ « universalisme » :

– 1 A. l’ « idéal universaliste » a été dévoyé dans ses formes réelles : il a servi de prétexte à toutes les dominations : colonialisme, impérialisme « occidental », domination patriarcale, exploitation sans limite des ressources naturelles, totalitarisme collectiviste, ultra-libéralisme capitaliste, etc.
Ceux qui défendent cette thèse ne renoncent pas à l’idéal universaliste, mais cherchent de nouvelles façons de l’incarner qui en contrôleraient les dérives impérialistes, néo-colonialistes ou simplement identitaire conservatrice des privilèges acquis par les anciennes puissances coloniales européennes.
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– 1 B. une contestation plus radicale : c’est l’existence même de cet «idéal humaniste universaliste» qui serait intrinsèquement responsable de l’oubli de la diversité réelle des situations particulières ou singulières des êtres et des cultures, des formes de vie ayant chacune son « enracinement » à défendre.
C’est alors à cet idéal lui-même qu’il faudrait renoncer, pour le remplacer par la « diversité » des idéaux et des valeurs, que chacun défendrait, de fait et de droit à partir de son propre « enracinement » vital … et de son statut de « victime » plus ou moins « intersectionnelle » de la «domination universaliste».

Voir à ce sujet :
« La gauche contre les Lumières ? » de Stéphanie Roza , Fayard 2020
« Plaidoyer pour l’universel. Fonder l’humanisme » de Francis Wolff , Fayard 2019
Dans « Combats maçonniques » de Philippe Foussier (Collection Pollen maçonnique n°17 , 2018 ) :
pp. 87- 95 « La lente déconstruction de la citoyenneté républicaine »

Liens en ligne :
https://lvsl.fr/la-crise-de-luniversalisme/

L’universalisme face à la question raciale



QUESTION 2.
La persistance et la réaffirmation des identités politiques nationales souveraines et des « peuples souverains » ( y compris de la « République Française » et du « Peuple français » ) est-elle compatible avec l’idéal cosmopolitique d’une « République Universelle », dont des institutions internationales pourraient être les garants ?
Faut-il réécrire la « Déclaration Universelle des Droits Humains » ?
Quels « citoyens du monde » pourraient participer, et comment, à une telle réécriture ?

QUESTION 3.
Est-il possible de penser un « universalisme » qui ne se limite pas à la domination de l’espèce humaine homo sapiens sur l’ensemble de l’organisation biologique et écologique de la planète Terre ?
Une « écologie radicale » qui considère que l’espèce humaine est un danger pour l’ensemble des autres espèces est-elle compatible avec un «humanisme universaliste» où ce sont les êtres humains qui définissent les cadres d’un « droit universel » pour eux-mêmes et pour les autres formes de vie ?


QUESTION 4.
Plus généralement, quelles articulations nouvelles peut-on concevoir entre l’idéal de la liberté individuelle ( « autonomie de la personne humaine » ) et la complexité des liens sociaux effectifs, communautaires, politiques, culturels, économiques, écologiques … et des « réseaux sociaux » qui demandent à chaque personne de se situer et de construire sa propre « libre identité » dans un système global instable et imprévisible ? Quelles ressources collectives pour des citoyens qui visent de plus en plus à consolider leur « autonomie personnelle » ?