J’ai déjà expliqué en quoi la position “Egalibertaire et Libregalitaire” développée sur ce site est voisine de celle du “libéralisme égalitaire” de Rawls.
En particulier le versant de l’ “Égale Liberté” utilise la même expression que le premier principe de justice de Rawls.
Cependant, par certains aspects, notamment en ce qui concerne le deuxième versant de notre proposition, à savoir la “Libre Égalité”, il serait possible de rapprocher notre point de vue de celui des “libertariens”, à cause de l’importance fondamentale que nous accordons comme eux à la “Liberté”, conçue en effet d’abord comme liberté individuelle.
Une première approche consisterait à dire que les “Egalibertaires – Libregalitaires” sont des “libertaires”, au sens où ils ne se sentent pas contraints a priori par une conception de “droit naturel humaniste égalitaire”, mais que précisément la valeur qu’ils accordent à leur “égalitarisme” résulte strictement de leur libre choix individuel, d’être et de devenir ainsi des “personnes libres ET égales”.
La différence fondamentale de notre position avec les habituels “libertariens” de la droite “américaine”est bien évidemment que ceux-ci veulent profiter de cette conception de leur liberté individuelle ( conception qu’ils prétendent cependant … “universalisable” ! ), pour ne pas avoir à tenir compte d’un quelconque principe “égalitaire”, notamment en termes de ressources économiques, et pouvoir prétexter de la liberté fondamentale du droit de propriété pour pouvoir augmenter leurs ressources “libertaires” indéfiniment, fusse au détriment des autres, du moment que les échanges économiques sur un marché soient formellement des transactions “volontaires”, physiquement non contraintes.
En revanche les “personnes libres et égales” que NouS NouS proposons mutuELLEment d’être et de devenir, choisissent LIBREMENT, ( tout aussi librement que la liberté “libertarienne” fondamentale ) de se considérer comme des ÉGAUX, non seulement en termes de “libertés formelles”, mais bien aussi en termes de ressources réelles équivalentes ( “économiques” en général, mais aussi de toute sortes d’autres “capitaux” ou “capabilités” au sens d’ Amartya Sen ) , nécessaires pour assurer à chacune des “personnes libres et égales” un accès ( et si possible une croissance progressive ) à toute l’ “Égale Liberté” rendue possible par leur coopération librement et égalitairement construite.
Rien n’empêche en effet des “libertariens” au sens théorique, de choisir librement de mettre en commun de plus en plus de ressources et de coopérer pour une plus grande “Égale Liberté” commune, plutôt que d’être en compétition permanente entre eux et avec tout autre pouvoir pour les ressources fondamentales nécessaires à la croissance d’une telle commune “Égale Liberté”.
C’est précisément cette liberté “libertarienne” du choix possible de l’ “Égalité” que nous appelons “Libre Égalité“. Comme les “libertariens” et les “libéraux” en général, nous pensons en effet , et surtout nous en décidons ainsi pour nous-mêmes, que le contrat social que nous souhaitons doit fondamentalement être basé sur la liberté individuelle de l’adhésion à un tel contrat, et que cette LIBERTÉ individuelle de l’adhésion est très exactement aussi importante que l’ EGALITE contractuelle ou “conventionnelle” qu’elle institue simultanément.
Cette libre décision institue donc une différence entre des “libertariens inégalitaires” ( ou qui ne se préoccupent pas des inégalités notamment économiques et sociales que l’exercice des libertés individuelles peut provoquer) et des “libertariens égalitaires” qui choisissent au contraire de constituer ( librement entre eux … ) un contrat social garantissant simultanément leur “radicale liberté” ET leur “radicale égalité”.
Il est assez facile de comprendre dans ce cas que :
– d’une part notre position est d’une certaine façon encore plus “libertaire” que celle des “libertariens”, en ce qu’elle ne prétend plus prouver ou “argumenter rationnellement” qu’il faudrait adopter une position libertarienne ou une autre position de philosophie politique quelconque, dans le vaste espace des variantes de philosophie politique possibles, puisque en fin de compte nous considérons qu’il s’agit là d’un libre choix philosophique individuel, qui ne présuppose rien d’autre que cette liberté de pensée et de conscience elle-même par laquelle une personne individuelle adhère ou pas, ou plus ou moins à une philosophie, ou invente sa propre philosophie en la proposant au “libre examen public” des autres.
– mais que d’autre part, par le contenu particulier du choix que nous faisons, celui de poser la valeur fondamentale, “pour NouS”, de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” – et d’Y adhérer librement – , nous admettons tout aussi fondamentalement, à cause de cette “Égale Liberté” même, que d’autres personnes puissent faire d’autres choix de philosophie politique et donc constituer et instituer leur propre contrat social de communauté éthique, juridique et politique avec les personnes qui font le même choix qu’elles.
Evidemment, à une condition formELLE ( que “NouS” posons en effet “unilatéralement” pour NouS-MEMES ) : celle que ces autres contrats sociaux, dans toute leur variétés et diversités imaginables, “NouS” laissent tout aussi “librement” ( ??? ) instituer et constituer le “nôtre” ( celui de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” que nous proposons d’établir entre toutes les “personnes libres et égales” qui choisissent librement d’ Y adhérer.
Mais, diront les objecteurs, le problème justement de la “politique” et donc de la “philosophie politique”, n’est pas de décrire la variété des opinions et positions politiques individuelles possibles, ni même de leur assurer en commun un “espace de libre expression” ( encore que … ), mais de constituer “tous ensemble, tous ensemble, … ” une même et indivisible “société politique” !
Ah oui ?! Et laquelle ?! L’ “archipel français” ? l’ “espace civilisationnel européen” ? la “communauté localiste des survivalistes éco-féministes néo-rura.l.e.s pagano-chrétien.ne.s” ? l’ Organisation des “Nations Unies Socialistes Humanistes” ? et pourquoi pas : Les “Citoyens du Monde Solidaires et Fraternels” ? etc. etc. .
J’imagine aisément que votre imagination philosophico-politique de votre utopie personnelle préférée est encore bien plus développée que la mienne ,
et donc que chacun peut déjà chercher à s’assurer de former une telle “société” … avec lui-même et de se donner ainsi sa propre “loi de liberté”.
Pour finir donc cet article à propos de “libertarisme”, plus que jamais, je conclus en disant : “C’est Vous qui Voyez” …