“ELLE” : Un MEME contrat moral

La Proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” constitue, pour les personnes qui adhèrent ( par définition librement ) à cette proposition, plus qu’une simple “proposition”.

Adhérer à cette proposition signifie en faire pour soi-même une formule suffisamment signifiante pour devenir son propre libre idéal de valeur régulatrice à suivre , et accepter en même temps qu’un grand nombre de “personnes” pourraient suivre ce MÊME idéal sans contradiction, mais que rien ne peut prétendre en faire un “devoir” ou une quelconque “normativité originaire” ( expression de François Galichet”)

L’extension possible de cet Idéal Commun ( le PIC : Projet Idéal Commun” ) à une multiplicité indéfinie de “personnes” ne se limite pas à l’appartenance de ces “personnes” à une espèce biologique particulière, en l’occurrence aux “êtres humains”, mais ouvre un projet universalisable à toute autre forme d'”être raisonnable” dans l’ Univers.
( j’ ai proposé aussi d’appeler cette multitude possible : le “P.E.U.P.L.E.“)


Mais cette extension possible ne peut exercer aucune contrainte ni obligation a priori pour ces personnes en général ( qui en langage kantien sont appelées “êtres raisonnables” ) , ni pour des “personnes humaines” en particulier.

Elle n’aura de “valeur” ( valeur dite “morale” ) que pour et par les personnes qui en adoptent librement l’énoncé ou le recréent à leur manière. La façon dont elles cherchent à traduire cet énoncé commun en termes de formes et de contenus de pensées, d’expression ou d’actes, de façon personnelle est donc a priori extrêmement variée.
Mais toutes ces façons “personnelles” d’interpréter un tel Projet Idéal Commun doivent être suffisamment compatibles les unes avec les autres , pour que chaque personne puisse considérer qu’en mettant “en œuvre” cette formulation idéale commune, elle ne contraint ni n’oblige aucune autre à “faire” comme elle, dans la réalisation singulière ou “propre” de chacune de ces mises en œuvre personnelles.

Nous voyons ici, à la fois la proximité de notre problématique avec la problématique “critique” kantienne, mais aussi une divergence librement et volontairement assumée : l’ “universalisation possible“, que nous proposons également comme critère de la “moralité nouvelle” , n’est pas un “universel a priori” au sens où cette “forme universelle” s’imposerait dans sa pure forme de “légalité” à “tous les êtres rationnels et raisonnables”, ce qui est le point de vue kantien ( et plus largement de beaucoup de formes d’ “humanisme universaliste”), avec notamment comme effet l’apparition de la notion de “devoir” ou encore d’ “impératif catégorique”, comme chez Kant.
( Remarque : Kant lui-même considère d’une certaine façon que les idées de “liberté” et de “loi morale” sont équivalentes …, mais réserve cette équivalence à une forme d’ “élite” de “saints” . Mais c’est bien parce que finalement, il soumet la liberté à une “loi morale” dont il imagine l’ “universalité” sur le modèle extérieur des “lois de la nature”et de la physique newtonienne qui vient de montrer son succès )

Si une “forme pure de la moralité” doit POUVOIR apparaître dans une telle recherche “critique”, c’est d’abord sous la forme de la LIBERTÉ, et donc dans l’ “autonomie de la volonté“, où cette “LIBERTÉ MÊME” devient la “MÊME LIBERTÉ” , pour et par l’ “autonomie de la volonté” des personnes ou “êtres raisonnables” qui se pensent et se veulent effectivement comme des “volontés autonomes”, c’est à dire capables ( “POUVANT” et non pas “DEVANT” a priori ) de faire un tel libre choix, mais précisément, non pas “impérativement” ou “par devoir“, mais uniquement d’abord “conditionnellement” : sous la condition de leur propre libre adhésion à une telle “loi morale”, qui ne peut, – par la libre définition que je pose – se réaliser qu’en étant simultanément “Égale Liberté et Libre Égalité” : le type de “légalité morale” ne pouvant alors être que la résultante d’un libre choix d’adhésion, qui PEUT certes être a posteriori partagé par beaucoup, mais qui ne saurait, sans contradiction avec l’ idée même de Liberté, s’imposer “universellement a priori“.

Notre position est donc très claire : quelque chose comme la “pureté de la loi morale kantienne”, n’est précisément formulable que sous l’expresse condition de la liberté de sa formulation. A cause bien sûr du rôle absolument décisif joué par la liberté même de chaque personne, c’est-à-dire de l’ “autonomie personnelle” irréductiblement liée à une telle formulation, même si et surtout si elle se veut “universalisable“, sous condition de cette liberté même, à la fois comme libre principe de “loi personnelle”, et comme étant, à cause du respect de cette autonomie même, potentiellement universalisable.

La “moralité nouvelle” ( notre “Loi Morale Nouvelle” ) se signale donc par le critère d’une universalisation possible ( à tout “être raisonnable” dans l’univers physique qui en ferait le libre choix “personnel” ) mais qui n’implique aucune extériorité ou “hétéronomie” d’un tel libre accord, qui ferait apparaître cette “loi ” comme s’imposant “à tous”, en excluant ainsi un libre choix individuel dont pourtant elle prétend énoncer la possibilité universelle.

Chaque personne entre ainsi dans une forme de “contrat moral” ( “moral”, précisément parce qu’ “également libre” ), avec toute autre personne qui pose cette même libre adhésion.
Et elle sait par conséquent, qu’elle ne peut pas, dans ce cadre ( de “Loi Morale Nouvelle” ) , attendre des autres personnes de soumission particulière à ses propres goûts particuliers, à ses propres caractéristiques empiriques ou pragmatiques particulières, mais qu’elle ne peut attendre de “compréhension fraternelle” ou de “coopération fraternelle” d’autres personnes que dans la mesure où elle est elle-même prête à en “consentir” réciproquement l’accord possible.

La question de l’ “harmonisation” et de la compatibilité possible de toutes ces caractéristiques personnelles diverses est donc immédiatement posée à chaque personne réelle qui entre dans ce “contrat moral” , et notamment celle de savoir jusqu’où chaque personne, entrant librement dans ce contrat, considère qu’il s’ agit seulement d’une “belle idée”, d’un “idéal utopique” dont la formulation, comme le “Fais ce que voudras” de Thélème, peut bien planer “librement” au-dessus de toutes les personnes ainsi virtuELLEment “associées”, mais sans être traduit dans une quelconque “réalité concrète”.
Bien sûr, Kant était conscient du “cercle logique” dans lequel il plaçait sa conception d’une “légalité morale universelle a priori”.

Mais chacune de ces personnes est libre aussi de se demander jusqu’où elle est prête elle-même à entrer dans un questionnement plus “concret” d’une quelconque “réalisabilité effective“, en un tissu de liens psychologiques, sociaux, culturels, associatifs, politiques, juridiques, économiques, etc. avec d’autres personnes, dans des configurations réelles, matérialisées, actuelles et “situées”, certes éventuellement très différentes les unes des autres et en perpétuelle évolution, mais toutes cependant animées d’un même esprit d’acceptation de la liberté de ces différences.

En prenant en compte la diversité des incarnations actuelles effectives dans lesquelles chaque personne se trouve effectivement physiquement constituée, en particulier comme organisme biologique “humain” avec ses caractéristiques propres dont l’appartenance à une même espèce “homo sapiens” ne permet précisément de tirer a priori aucune “obligation morale” ni aucun “droit naturel” définissant a priori comment effectuer la “traduction” de l’Idéal supposé commun en termes de “réalisation effective” .

Remarque : Si nous proposons une “Loi Morale Nouvelle” en tant que “Proposition de l’ Égale Liberté Libre Égalité“, c’est bien sûr par ce que “NouS” posons d’abord, librement ( chacun à titre personnel ), qu’il n’existe aucune autre “Loi Morale” , ni aucun “ordre” transcendant” ou “transcendantal” , qui puisse nous “obliger a priori” , sans que nous Y ayons personnellement donné notre libre accord ou libre consentement.
Que le “Réel”, ou la “nature” comme “physique” nous impose ses contraintes de fait, de “gré ou de force”, cela “va de soi” : pour autant cependant que ce “Réel”, également de fait, se plie à ses propres “lois”, s’il y en a ( … que par conséquent nous pouvons finir par connaître “scientifiquement” … et utiliser pour en contrôler “techniquement” en retour les incarnations “factuelles” ).

Et de même pour toutes les organisations politiques, sociales ou culturelles instituées, dont l’existence de fait, empiriquement constatable, ne constitue en rien une “obligation” ou un “devoir” a priori, mais ne peuvent le devenir pour certaines personnes que sous l’expresse condition de leur libre adhésion.

Mais précisément, toute notre “philosophie” ici, est de dire que le “fait” ( “de facto” ) du “Réel” n’implique aucun “droit” ( “de jure” ) de ce même “Réel”.
Le “droit au droit” institué par l’ “Égale Liberté Libre Égalité” est par définition “autonome” et “souverain” au sens fort, par rapport à toute autre affirmation d'”autonomie” et de “souveraineté” collectives ou individuelles qui prétendraient se fonder sur la seule “force du réel” ou “réalité de la force”.

La conception donc que nous nous faisons de notre “Loi Morale Nouvelle” , est précisément telle qu’ELLE déclare ne fonder son propre “droit” ( ce que certains appellent un “droit au droit” ), que sur le caractère potentiellement universalisable à toute “personne” dans l’Univers ( physique) qui s’en réclamera librement et également, c’est à dire en acceptant en retour le contrôle de ce même idéal régulateur dont elle pose librement le “droit” pour elle-même, en pure Égalité avec toute Liberté individuée ( “personnelle”) qui ferait réciproquement de même.

Remarque : Bien des lecteurs objecterons sans doute qu’il n’y a donc dans cette supposée “Loi Morale Nouvelle“, rien de “nouveau” : qu’il ne s’agit que de la reprise de la MÊME IDÉE, déjà depuis longtemps ou même depuis “toujours” énoncée par toutes sortes de penseurs ou philosophes, ou simples personnes réfléchissantes, de la limitation de la liberté des uns par celle des autres sous l’ Autorité commune de la Loi.
Qu’il s’agit donc d’une simple variante du même modèle que, entre autres :
– la “Règle d’Or”
– le Contrat social de Rousseau
– l’ Impératif catégorique de la loi morale kantienne
– l’ article 4 de la Déclaration des Droits de l’ Homme et du Citoyen,
– les principes de Justice de John Rawls,
– la question posée par François Galichet concernant une “normativité originaire” ( voir dans “Mourir délibérément ?” )
etc. etc.

Et donc que cela ne sert strictement à rien de continuer à chercher des variantes de “quelque chose” qui a depuis longtemps, à la fois été énoncé idéalement, et montré son impuissance à réguler quoi que ce soit dans la réalité des rapports humains, entre les individus ou entre les collectifs et les communautés humaines.

Certains, dans la lignée du “marxisme” post-hegelien, vont bien sûr continuer à répéter eux-mêmes que le problème n’est plus depuis longtemps de trouver une “solution idéale” aux problèmes de la vie humaine en société, mais de “passer à l’action”, de “faire” et d’ “agir” , et donc d’ “accéder au pouvoir”, et que c’est la “Révolution en marche d’une Histoire en marche” qui règle les problèmes par le “rapport des forces” en présence …
Bref que la “solution” du problème du “passage de l’ Idéal au Réel” se trouve dans l’ Idéalisation du Réel lui-même, comme “moteur de l’histoire” :
Et que si l’on se demande, parmi toutes les propositions d’usage de la force ou du jeu des “rapports de forces”, laquelle est la “meilleure” , c’est “forcément” la “loi du plus fort” qui est la “meilleure” … celle que l’ “Histoire avec sa grande Hache” aura retenue.

Bref que si l’on veut établir une soumission du “de facto” au “de jure“, il “faut et il suffit” de définir le “de jure” comme étant l’ institutionnalisation du “de facto” … Lequel ? Celui qui aura “de facto” réussi à s’imposer par son “pouvoir”.

Vieille question d’un supposé renversement des questionnements “éthiques” par la “praxis politique” … et le règne du “tout est politique” , qui finit par devenir … “tout est économique”, puis tout n’est que guerre de tous contre tous, et donc “que le meilleur gagne” suppose que le “meilleur” est par définition “celui qui gagne”.

Faudrait-il choisir entre “avoir les mains pures, mais ne pas avoir de mains” et “avoir des mains dans le cambouis” , mais les avoir nécessairement rongées voire écrasées par les contradictions de la “lutte pour la vie” ?

A chacun de voir :

– Pour moi, je sais ce que je veux pour moi et ce que veulent par conséquent aussi d’autres qui peuvent vouloir la même Égale Liberté que celle que je veux, à partir de ma propre libre décision .
– Je ne prétends donc “imposer” à personne, ni même “obliger” personne à suivre ce “même contrat moral” ( d’ “Égale Liberté“) , puisque, par définition je le pose librement comme étant libre ( “Libre Égalité” )

– Quant à VOUS, … c’est VOUS qui voyez .





ELLE, l’ Humanisme et le Transhumanisme

Reprise de la page de 2015 publiée sur le site egaleliberte.fr :

ELLE, l’ Humanisme et le Transhumanisme

Rappel et précisions préalables :

Le principe d’ Égale Liberté Libre Égalité proposé sur ce site, part de l’auto-position de la valeur éthique de sa propre liberté par toute entité capable de se poser ce type de “question”, de se donner une représentation de sa propre liberté par rapport à celle d’autres entités.
La proposition de l’ “Égale Liberté”, consiste, pour une telle entité, à proposer à toutes les autres entités réelles, possibles ou imaginables de l’ Univers ( pouvant exister dans le futur ), de bénéficier d’une telle “Égale Liberté” partagée, sur la base simplement de la libre reconnaissance réciproque par ces autres de cette même “Égale Liberté“.
Aucune référence directe n’est faite ici à une quelconque appartenance à l’ “humanité”, de telles entités.
Mais bien évidemment, les “êtres humains” sont considérés par l’auteur, qui se compte lui-même parmi les “êtres humains”, comme de telles entités physiques réelles capables, pour la très grande majorité d’entre elles, de se donner une représentation de leur propre liberté et des problèmes de la relation avec la liberté des autres personnes.


Ce qui est décisif, c’est :

1. Un ensemble de capacités cognitives, très variables et dont rien ne dit a priori qu’elles ne peuvent exister que chez une espèce particulière, ou un genre biologique particulier ( “homo” ), mais permettant à cette “entité” de se représenter consciemment elle-même et de se représenter d’autres entités avec lesquelles elle peut être en relation dans l’ Univers, comme ayant elles aussi  une certaine autonomie consciente réflexive de décision et de volonté, pour laquelle le mot “liberté” usuel dans beaucoup de langues et cultures humaines ( ou d’autres conceptuellement équivalents) est un bon candidat signifiant.

2. Des possibilités effectives de communication avec ces autres entités permettant à chacune de savoir en quoi les autres peuvent être en accord ou en désaccord avec ses propres représentations et de se construire des accords partiels sur des jugements, décisions ou actions coordonnées à entreprendre.

3. Fondamental pour notre propre proposition “ELLE” , mais pas nécessairement partagé par tous les “êtres humains”, ni par toutes les autres “entités” imaginables ayant la capacité de se représenter une telle “liberté” :
La volonté librement pensée et exprimée par une telle entité de n’utiliser en principe sa propre liberté dans une action dans et sur le réel que dans la mesure où cet exercice est compatible avec l’ Égale Liberté de ces autres entités ( lorsque et dans la mesure où il est possible à toutes ces entités d’ avoir une connaissance de leur propre existence et de leurs “libres volontés” respectives ).

Une telle “Égale Liberté” ne peut pas être octroyée de l’extérieur ou, pire, être imposée à de telles autres entités si celles-ci ne sont pas en retour au moins CAPABLES de penser une telle liberté, et donc de prendre par elles-mêmes la libre décision ( “Libre Égalité” ) de “partager” une telle liberté avec les autres sur une base d’ “Égale Liberté” .

Dans la pratique actuelle, les seules entités disposant suffisamment  à notre connaissance de telles capacités cognitives et communicationnelles sont d’autres “êtres humains” terrestres.

Mais je suis prêt à réviser ce point, si un “grand singe” ou un dauphin, ou un nuage d’électrons pensant, ou l’ “esprit d’un peuple”, vient “en personne” ( donc en “première personne” – et non à travers la “représentation” par une personne humaine individuelle – me dire qu’il est une “personne”  prête à discuter avec moi de nos libertés respectives …  )

Mais rien, dans le principe d’ Égale Liberté Libre Égalité que NouS proposons,
n’exige a priori une telle “appartenance” à l’ espèce “homo sapiens“, ni au genre biologique “homo”, ni à une quelconque autre classe de systèmes  biologiques ou physiques organisés.

Aussi bien d’autres entités organisées “naturelles” ou “artificielles”, SI elles montraient suffisamment de telles capacités … et donc se débrouillaient aussi par différents signes pour les manifester, pourraient a priori être admissibles dans le cercle des “personnes souveraines libres et égales” :

La condition restrictive n’est pas d’être un “être humain”, mais d’ être un “être” capable de reconnaître sa propre liberté et celles d’autres êtres que lui ET de décider librement à partir de là que tous ces autres “êtres capables de liberté réflexive consciente” ont le même “droit” que soi-même à l’ exercice de leur propre liberté, pour autant qu’ils acceptent réciproquement ce même “droit” pour les autres.

Le principe “éthique” d’  “Égale Liberté <-> Libre Égalité
” ainsi co-institué, peut être compris et proposé par chacune de ces entités ( en son propre langage … s’il fait l’ effort de faire comprendre aux autres sa propre exigence de liberté ET sa capacité à reconnaître aux autres la leur … ).
Par définition, dans cet aspect simplement propositionnel, tout être capable d’ énoncer une telle “proposition” en a le “droit” ( qu’il se donne à lui-même  dans le fait même qu’il se le “propose” au moins déjà à lui-même en le “pensant ” ). C’est en particulier ce que je fais moi-même, ici.
Et je présuppose que, lecteur de ce texte, Vous le pouvez aussi et donc en avez le “droit fondamental”, si Vous Vous le donnez, c’est à dire que Vous pouvez, “comme moi”, librement décider de reconnaître simultanément l’ “Égale Liberté” d’autres entités qui, comme vous et moi, se reconnaîtraient librement et à “NouS”, cette même “Égale Liberté”.
Cette décision d’adhérer à la proposition, ne peut être que strictement la vôtre, par définition de l'”Égale Liberté Libre Égalité” telle que je l’ai librement posée – puisque chacun peut poser une “définition” en “définissant” le mot ou l’expression qu’il pose. Mais que bien entendu, il n’oblige par là personne d’autre à utiliser cette définition …
C’est pourquoi je rappELLE en permanence que “C’est Vous qui Voyez” .

Donc réciproquement par rapport à l’ “Égale Liberté” posée “en commun”par les personnes qui en font le choix , l’adhésion à la valeur éthique d’une telle proposition, l’accord pour en faire un principe non seulement qu’on “comprend” intellectuellement, mais qu’on décide de poser soi-même comme principe régulateur de ses propres “jugements éthiques” et de ses propres actes “responsables”, dépend de la LIBRE DÉCISION de chacune de ces entités elles-mêmes, et ne peut d’aucune façon leur être légitimement imposée du dehors par une quelconque “autorité supérieure” ( ni individuelle ni collective ).

( C’est ce que signifie la deuxième partie du Principe : ” <-> Libre Égalité” )
C’est en particulier aussi la raison pour laquelle cette proposition que j’ énonce et que je définis à partir de ma propre liberté, ne prétend en aucune façon être une “vérité morale” , ou une “vérité” de quelque ordre que ce soit, ni l’ énoncé d’un quelconque “droit naturel”, et encore moins d’un “principe moral universel” :
La “valeur” de ce “principe”  est simplement potentiellement “universalisable” pour et par toute personne qui prendrait elle-même cette même libre décision de l’adopter.


– Est-ce à dire que toute entité incapable d’une telle compréhension serait considérée par “NouS” comme privée de tout droit ?
( C’est la question posée par tous les “anti-spécistes” et notamment les “animalistes” )
Évidemment non : mais, par définition, elle n’aurait comme “droits“, qu’une combinaison incomplète entre ses propres capacités réelles de volonté autonome et ce que d’autres qu’elle-même lui “octroient” comme droits, en parlant à sa place …
( C’est ce que font les “animalistes” actuels, en définissant le “droit des animaux” … à leur place, et qu’ont fait naguère les colonisateurs occidentaux ou autres en prétendant mieux savoir à la place des personnes colonisées où se trouve leur “bien” , ou d’une façon générale tout “dominant” réel ou potentiel, qui prétend décider à la place de dominés considérés comme des “mineurs” ce qu’il faudrait qu’il pense ou décide de faire … )

Une entité physiquement incapable de pensée consciente autonome serait simplement dans un état de “minorité” , d’ “assistance” ou de “tutelle”, aussi longtemps qu’elle est incapable, effectivement, de se  “penser” elle-même ainsi comme volonté autonome interagissant avec d’autres volontés autonomes. C’est couramment, ce que fait déjà le droit actuel, en ne donnant pas les mêmes “capacités judiciaires” aux enfants ou à certains handicapés mentaux qu’aux “citoyens adultes” de plein exercice. 

Même si nous cherchons à penser un “droit des animaux” ou un “droit des espèces vivantes” ou un “droit des écosystèmes” ou un “droit des entités culturelles”, ou un “droit des personnes morales” ( collectifs associatifs comme tels ), ou même un “droit des peuples“, c’est toujours seulement dans les faits ACTUELS, parce que des “personnes humaines” réelles individuelles, conscientes des problèmes posés, se chargent de “prendre la défense” de tels “droits” que ces “entités” elles-mêmes sont bien incapables de “penser” par elles-mêmes avec leurs propres ressources cognitives autonomes.

Mais, une telle situation de “minorité”, de “tutelle” ou de “dépendance morale”, n’est pas, dans la perspective du principe d’ Égale Liberté Libre Égalité, la situation idéale visée pour une “personne souveraine libre et égale“, puisque ce sont précisément ces capacités de se penser soi-même comme source d’une volonté autonome qui en sont à la fois une condition réelle et la valeur fondamentale que ces personnes cherchent à conserver et à développer en commun.
Mais un tel COMMUN ( le “NouS” de l’ “Égale Liberté” ) n’est pas un commun préalable ou “a priori”, ni préexistant dans la “nature” ou dans la “culture”, ou dans “l’histoire d’un peuple”, encore moins dans un “ciel des idées”substantiel : ce “COMMUN” là n’existe que par la libre volonté des entités conscientes autonomes qui choisissent de former ce COMMUN ( appelé “politique”par certains ) sur la base de leur commune “Égale Liberté”, à laquelle chacune de ces entités conscientes autonome PEUT adhérer librement, si et seulement si elle en décide ainsi librement “ELLE-MEME” , donc aussi en termes de “Libre Égalité”.

“Kant à Vous … c’est Vous qui Voyez “
Texte revisité le 17/01/2022

P.S. Pourquoi “transhumanisme” dans le titre ?
Evidemment parce que rien, dans notre proposition d’ “Égale Liberté Libre Égalité“, ne présuppose que les “entités” autonomes et conscientes,”personnes souveraines libres et égales” soient nécessairement des “êtres humains” au sens de l’ appartenance à une catégorie biologique particulière héritière de l’ évolution biologique des espèces du genre “homo” …
Il n’y a donc aucune raison de limiter les droits et libertés des “personnes libres et égales” pour et par des “homo sapiens” tels que l’enveloppe de leur “pool génétique” les “encadre” aujourd’hui.

ELLE et le libertarisme

J’ai déjà expliqué en quoi la position “Egalibertaire et Libregalitaire” développée sur ce site est voisine de celle du “libéralisme égalitaire” de Rawls.
En particulier le versant de l’ “Égale Liberté” utilise la même expression que le premier principe de justice de Rawls.

Cependant, par certains aspects, notamment en ce qui concerne le deuxième versant de notre proposition, à savoir la “Libre Égalité”, il serait possible de rapprocher notre point de vue de celui des “libertariens”, à cause de l’importance fondamentale que nous accordons comme eux à la “Liberté”, conçue en effet d’abord comme liberté individuelle.

Une première approche consisterait à dire que les “Egalibertaires – Libregalitaires” sont des “libertaires”, au sens où ils ne se sentent pas contraints a priori par une conception de “droit naturel humaniste égalitaire”, mais que précisément la valeur qu’ils accordent à leur “égalitarisme” résulte strictement de leur libre choix individuel, d’être et de devenir ainsi des “personnes libres ET égales”.
La différence fondamentale de notre position avec les habituels “libertariens” de la droite “américaine”est bien évidemment que ceux-ci veulent profiter de cette conception de leur liberté individuelle ( conception qu’ils prétendent cependant … “universalisable” ! ), pour ne pas avoir à tenir compte d’un quelconque principe “égalitaire”, notamment en termes de ressources économiques, et pouvoir prétexter de la liberté fondamentale du droit de propriété pour pouvoir augmenter leurs ressources “libertaires” indéfiniment, fusse au détriment des autres, du moment que les échanges économiques sur un marché soient formellement des transactions “volontaires”, physiquement non contraintes.

En revanche les “personnes libres et égales” que NouS NouS proposons mutuELLEment d’être et de devenir, choisissent LIBREMENT, ( tout aussi librement que la liberté “libertarienne” fondamentale ) de se considérer comme des ÉGAUX, non seulement en termes de “libertés formelles”, mais bien aussi en termes de ressources réelles équivalentes ( “économiques” en général, mais aussi de toute sortes d’autres “capitaux” ou “capabilités” au sens d’ Amartya Sen ) , nécessaires pour assurer à chacune des “personnes libres et égales” un accès ( et si possible une croissance progressive ) à toute l’ “Égale Liberté” rendue possible par leur coopération librement et égalitairement construite.

Rien n’empêche en effet des “libertariens” au sens théorique, de choisir librement de mettre en commun de plus en plus de ressources et de coopérer pour une plus grande “Égale Liberté” commune, plutôt que d’être en compétition permanente entre eux et avec tout autre pouvoir pour les ressources fondamentales nécessaires à la croissance d’une telle commune “Égale Liberté”.

C’est précisément cette liberté “libertarienne” du choix possible de l’ “Égalité” que nous appelons “Libre Égalité“. Comme les “libertariens” et les “libéraux” en général, nous pensons en effet , et surtout nous en décidons ainsi pour nous-mêmes, que le contrat social que nous souhaitons doit fondamentalement être basé sur la liberté individuelle de l’adhésion à un tel contrat, et que cette LIBERTÉ individuelle de l’adhésion est très exactement aussi importante que l’ EGALITE contractuelle ou “conventionnelle” qu’elle institue simultanément.

Cette libre décision institue donc une différence entre des “libertariens inégalitaires” ( ou qui ne se préoccupent pas des inégalités notamment économiques et sociales que l’exercice des libertés individuelles peut provoquer) et des “libertariens égalitaires” qui choisissent au contraire de constituer ( librement entre eux … ) un contrat social garantissant simultanément leur “radicale liberté” ET leur “radicale égalité”.

Il est assez facile de comprendre dans ce cas que :
– d’une part notre position est d’une certaine façon encore plus “libertaire” que celle des “libertariens”, en ce qu’elle ne prétend plus prouver ou “argumenter rationnellement” qu’il faudrait adopter une position libertarienne ou une autre position de philosophie politique quelconque, dans le vaste espace des variantes de philosophie politique possibles, puisque en fin de compte nous considérons qu’il s’agit là d’un libre choix philosophique individuel, qui ne présuppose rien d’autre que cette liberté de pensée et de conscience elle-même par laquelle une personne individuelle adhère ou pas, ou plus ou moins à une philosophie, ou invente sa propre philosophie en la proposant au “libre examen public” des autres.
– mais que d’autre part, par le contenu particulier du choix que nous faisons, celui de poser la valeur fondamentale, “pour NouS”, de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” – et d’Y adhérer librement – , nous admettons tout aussi fondamentalement, à cause de cette “Égale Liberté” même, que d’autres personnes puissent faire d’autres choix de philosophie politique et donc constituer et instituer leur propre contrat social de communauté éthique, juridique et politique avec les personnes qui font le même choix qu’elles.
Evidemment, à une condition formELLE ( que “NouS” posons en effet “unilatéralement” pour NouS-MEMES ) : celle que ces autres contrats sociaux, dans toute leur variétés et diversités imaginables, “NouS” laissent tout aussi “librement” ( ??? ) instituer et constituer le “nôtre” ( celui de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” que nous proposons d’établir entre toutes les “personnes libres et égales” qui choisissent librement d’ Y adhérer.

Mais, diront les objecteurs, le problème justement de la “politique” et donc de la “philosophie politique”, n’est pas de décrire la variété des opinions et positions politiques individuelles possibles, ni même de leur assurer en commun un “espace de libre expression” ( encore que … ), mais de constituer “tous ensemble, tous ensemble, … ” une même et indivisible “société politique” !
Ah oui ?! Et laquelle ?! L’ “archipel français” ? l’ “espace civilisationnel européen” ? la “communauté localiste des survivalistes éco-féministes néo-rura.l.e.s pagano-chrétien.ne.s” ? l’ Organisation des “Nations Unies Socialistes Humanistes” ? et pourquoi pas : Les “Citoyens du Monde Solidaires et Fraternels” ? etc. etc. .
J’imagine aisément que votre imagination philosophico-politique de votre utopie personnelle préférée est encore bien plus développée que la mienne ,
et donc que chacun peut déjà chercher à s’assurer de former une telle “société” … avec lui-même et de se donner ainsi sa propre “loi de liberté”.

Pour finir donc cet article à propos de “libertarisme”, plus que jamais, je conclus en disant : “C’est Vous qui Voyez” …

De quel “PEUPLE” parlons-nous ?

Un débat politique toujours actuel se pose concernant la comparaison entre différents sens du mot “Peuple” , car bien évidemment non seulement une “démocratie” ne saurait se confondre avec une “éthnocratie” , mais même la pluralité des sens du “DEMOS” politique pose bien sûr problème .

  1. Un texte sur AOC peut servir d’introduction :
    Fabriques de peuples par Gérard BRAS

De Nuit Debout à Occupy Wall Street, du Printemps Arabe à la Révolution des parapluies à Hong Kong, les mouvements de revendications de la dernière décennie ont fait resurgir le terme de « peuple » dans le discours politique contemporain, dévoilant un large spectre de significations. Derrière l’apparente unité se cachent en réalité trois visages distincts, parfois contradictoires mais toujours inséparables.

Un autre texte de Gérard BRAS, dans AOC du 24 septembre 2024 :
Les peuples contre le peuple
https://aoc.media/opinion/2024/09/24/les-peuples-contre-le-peuple/

2. Le texte de Céline Spector dans AOC à l’occasion du débat sur l’idée d’un “peuple européen” , montre un certain nombre des dimensions de la question :

Une Europe sans peuple ?
Les conditions d’une démocratie européenne

Par Céline Spector

https://aoc.media/analyse/2021/12/27/une-europe-sans-peuple-les-conditions-dune-democratie-europeenne-2/

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J’ai déjà entamé sur ce blog la question de la référence de ce que j’appelle la “loi morale nouvelle” ( ou “Proposition de l’ Égale Liberté Libre Égalité” ) à la possibilité de la constitution juridico-politique d’un nouveau “contrat social” sur une telle base “éthique” commune aux “personnes libres et égales“.

Remarque : par rapport aux trois “scènes” dont parle Gérard Bras, ma propre proposition de “P.E.U.P.L.E” se joue et déjoue en particulier la deuxième “scène”, celle du “démos politique“, et donc de la question du “pacte social institué”.

J’ai ainsi proposé , dans un jeux de lettres , de définir le “P.E.U.P.L.E.” en question comme acronyme de :

Projet Éternel Universel des Personnes Libres et Égales“,
En m’excusant d’avance du “PEU” que les “personnes libres et égales” ( Pour reprendre l’expression de John Rawls ) sont ainsi capables de poser comme leur “PEU” commun …

Mais telle est nécessairement l’ambition “Éternelle Universelle” de ce noyau commun, non pas bien sûr parce qu’ELLE serait totalitairement applicable ou appliquée “toujours et partout” dans une “E.U. topie” , mais précisément parce que sa définition possible est par cette définition même “hors” de tout temps et de tout lieu particuliers qui signeraient son “identité originaire” …

Pas non plus l’absence de tout lieu ou de tout temps possible pour son institution ( “OU – topia ” ), mais POSSIBILITÉ, POTENTIEL, en PUISSANCE et donc en PROJET , de continuer de se mettre en projet et “en marche”, peu importe où et quand les “personnes libres et égales” se donnent ce projet commun, en se définissant elles-mêmes comme “libres et égales” en posant en acte la LIBERTÉ MEME qui sert de “fondement” à leur co-institution ou “constitution” réciproque.

Dans l'”espace” actuel de la planète Terre où homo sapiens organise l’ “anthropocène”, chaque “être humain” PEUT, au niveau de ses capacités cérébrales personnelles, être suffisamment conscient de sa situation dans le monde, ou dans “son monde”, pour y être concrètement confronté à la question de sa “liberté”, et PEUT, du moins en son “for intérieur”, projeter en idée, en rêve ou en idéal, ou en exigence émotionnelle spontanée de “justice”, l’imaginaire social d’une “société de liberté” où sa propre place de personne serait reconnue “comme celle des autres”.
Même si dans le réel des situations humaines diverses, un grand nombre de personnes sont empêchées par leur environnement et leurs conditions de vie de prendre une claire conscience personnelle d’une telle “liberté idéale possible“, nous présupposons ici qu’une telle prise de conscience de cette question est déjà très largement répandue parmi les êtres humains, quelles que soient leurs cultures, leurs systèmes politiques, leurs convictions sur le cadre naturel ou “surnaturel”, le cadre de conception du monde dans lequel une telle question de “liberté idéale possible” peut être légitimement posée à leurs yeux.

Nous ne présupposons en revanche aucune “réponse universelle a priori” que tout être humain donnerait ou devrait donner à une telle question, en termes d’une “loi morale universelle” telle qu’elle a été recherchée notamment par Kant. ( “nécessaire et universelle a priori” par analogie avec les lois de la physique ou les “lois de la Nature” en général ) :

Notre proposition de “Loi Morale Nouvelle” se pose explicitement comme seulement “universalisable” sous condition ( donc sansimpératif catégorique” ( Kant ) ou “normativité originaire” ( F. GALICHET ) ) , c’est à dire PAR et POUR des personnes individuées qui se veulent librement elles-mêmes comme “Libres et Égales”. Ce sont donc ces personnes qui décident elles-mêmes jusqu’à quel point elles veulent participer à la “constitution” d’un tel “P.E.U.P.L.E.” , et qui construisent par conséquent, dans le réel de leurs actions individuelles ou collectives, le système complexe des “frontières” fraternelles / fractales entre le “DEDANS” d’un tel “P.E.U.P.L.E.” et son “DEHORS”, entre le “NouS” et “EuX”.

La question, pour chaque personne qui se pose la question, devient alors celle de savoir si elle se laisse simplement “situer” passivement, entraînée par les flux et les marées de la foule ou de la “multitude” ou d’un quelconque “peuple” ou “collectif” ou “communauté” préalablement existant, ou jusqu’à quel point elle veut au contraire définir par elle-même consciemment et volontairement sa “place” dans ce tissu complexe de “frontières”, en participant par là même à sa “constitution théorique” et à sa “fabrication pratique concrète”.

Pour ma part, en tant que “personne libre et égale” autodéterminée, puisque je me suis moi-même ainsi librement défini, c’est en particulier par ma contribution “philosophique théorique”, par la “proposition de l’Égale Liberté Libre Égalité” , que j’apporte ma “goutte d’eau” personnelle à ce “Projet Éternel Universalisable des Personnes Libres et Égales” (‘PEUPLE” ) :

Les pratiques concrètes effectives de l’individu “Armand Stroh” ( individu “mâle”, “blanc”, “OKboomer”, d'”origine” alsacienne, française, européenne, etc. , né le 29 septembre 1948 à Strasbourg ) , ne sont alors effectivement que très partiellement “explicables” par sa référence théorique idéalisée à sa propre “Proposition de l’ Égale Liberté Libre Égalité” .

Quant à Vous, c’est Vous qui voyez …

“ELLE” et le libéralisme égalitaire ou égalitarisme libéral de Rawls

Si vous êtes un connaisseur, amateur ou professionnel, ou du moins si vous avez entendu parler de la Théorie de la Justice ou du “Libéralisme égalitaire” de John Rawls, vous pouvez penser en un premier temps, que la proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” que j’exprime ici, n’est qu’une répétition vague et approximative, “inculte” ou “naïve”, d’une formulation théorique bien connue des spécialistes universitaires sous l’ étiquette du “libéralisme égalitaire” notamment représenté par la “Théorie de la Justice” de John Rawls.

Et donc, que la prétention à présenter une “nouveauté” en cette matière devrait au minimum faire le travail universitaire de se positionner dans un “état de la question” , de façon à pouvoir dialoguer de façon pertinente avec des personnes qui ont travaillé pendant des années ou des décennies et sous l’oeil critique de leurs “pairs” universitaires, dans un tel domaine de la pensée philosophique, morale, juridique et politique déjà largement “balisé”, et où les “interstices” encore non explorés sont considérés, soit comme rares et donc difficile à trouver ou à construire par un travail exigeant, soit comme sans intérêt ou ne consistant qu’à répéter inutilement des formulations déjà bien connues.

Et ce serait effectivement le cas si je prétendais dans ma proposition “ELLE” ( “Égale Liberté Libre Égalité”), n’énoncer rien d’autre que la proposition rawlsienne ou une variante théorique ou critique particulière, s’insérant dans le tissu des commentaires, critiques et gloses universitaires ou médiatiques de la pensée de Rawls, et plus généralement du “libéralisme égalitaire”.
( Voir par exemple un cours sur les différentes conceptions de la justice sociale )

Mais ce point d’entrée est possible, même si ce n’est pas celui que j’ai personnellement choisi de parcourir de façon “universitaire”.

Donc, nous pouvons supposer, pour simplifier, dans une première approche, que le premier membre de ma proposition , à savoir “Égale Liberté“, représente une expression suffisamment proche de la position générale du “Libéralisme égalitaire” et donc de l’importance accordée à un principe d’ “Égale Liberté”, suffisamment proche de celui énoncé par John Rawls comme “premier principe” de sa “Théorie de la Justice” .

Les connaisseurs de la Théorie de la Justice de Rawls se demanderont donc immédiatement où se situent les différences et en particulier par rapport aux grands concepts rawlsiens comme le “voile d’ignorance”, la “personne libre et égale” etc. , et surtout les deux autres “principes de justice” inséparables du premier dans la théorie rawlsienne.

Relativement à ma propre proposition, la question sera alors : mais à quoi peut bien correspondre le deuxième membre “Libre Égalité”, si on cherche une équivalence à l’intérieur du dispositif rawlsien ?

1. Une première réponse est de dire que la “Libre Égalité” est dans cette perspective de comparaison avec la théorie de Rawls, la liberté même des multiples interprétations qui peuvent être données d’un “Principe d’ Égale Liberté”, dans diverses versions ou variantes de “libéralisme égalitaire” ( … ou d’ “égalitarisme libéral” ) , par la diversité des personnes qui adoptent ce principe commun … La position de Rawls à ce sujet ( ou les positions, puisque sa pensée a été évolutive … ) est donc une libre position particulière à ce sujet, et on ne voit pas pourquoi un “libéral égalitaire” n’accepterait pas que d’autres personnes aient une conception interprétative différente et évolutive de ce “principe” pourtant commun.

Ce à quoi un partisan “orthodoxe” de la pensée rawlsienne ( mais cependant “libéral” … ) dira sans doute que c’est justement le dispositif du “voile d’ignorance” qui doit permettre à toutes ces personnes d’ignorer dans leur raisonnement éthico-politico-juridique général, toutes leurs “différences réelles” de situation dans le réel naturel ou social et donc effacer toutes les différences interprétatives qui pourraient en résulter concernant les 3 principes de justice communs.

Et en effet, c’est là une différence fondamentale ( et fondatrice de ma propre “variante” ) : la pluralité des différences interprétatives, seulement attribuées par Rawls à la non prise en compte du “voile d’ignorance”, et donc reprises dans les nombreuses critiques de ses successeurs qui lui reprochent de rester dans une théorie “abstraite” ( à la manière dont on a pu dire de la pensée morale kantienne qu’elle “a les mains pures mais n’a pas de mains” ), toutes ces différences ne sont pas seulement à reprendre dans le cadre des deux autres principes de justice ( eux-mêmes construits abstraitement derrière le “voile d’ignorance” ) , mais interviennent, – dans ma proposition “ELLE” – directement en tant que “deuxième membre” de mon propre “premier principe” à la fois “Egalibertaire et Librégalitaire” ( pour reprendre une contraction proposée par Etienne Balibar dans la proposition de l’ “Egaliberté” )

Ce n’est donc pas seulement en tant que principes de “traitement des inégalités” que ma proposition diffère de celle de Rawls, mais bien dans la définition fondatrice même du rapport entre “Liberté” et “Égalité” :
La conception de “Libéralisme Égalitaire” ou d’ “Égalitarisme Libéral” étant directement instituée dans leur circularité même, dans laquelle chaque “personne”peut entrer … si elle en prend la libre décision, “elle-même”.
Et du coup “La théorie de la Justice” est aussi “Sa théorie” … et sa propre volonté d’en tenir compte ou pas, ou plus ou moins … en autorisant par conséquent les autres personnes … à faire “de même”, puisque précisément elles ‘appuient sur la “même” “Égale Liberté” d’interpréter celle-ci à “leur façon” …

Car quelle serait aujourd’hui la prétention “dogmatique” d’un “philosophe”, de croire pouvoir construire un “principe de justice” universalisable quelconque, en “surplomb”, sans y intégrer, ipso facto, l’ Égale Liberté de conscience, d’ expression et d’association permettant à toutes ces “variantes” interprétatives de cette “identité de principe” de “co-exister” ?

2. La deuxième réponse à la question de savoir en quoi pourrait bien consister notre proposition de “Libre Égalité“, si on cherche à la comparer aux éléments philosophiques des principes de justice de Rawls, sera bien sûr d’expliquer en quoi il y a une différence fondamentale entre le 2ème principe de justice de Rawls et le deuxième membre “Libre Égalité” de notre proposition “ELLE”.


Rappelons les 2 principes de justice de la Théorie de la Justice de Rawls :

  1. « Premier principe : chaque personne doit avoir un droit égal au système total le plus étendu de libertés de base égales pour tous, compatible avec un même système pour tous.
  2. « Second principe : les inégalités économiques et sociales doivent être telles qu’elles soient : (a) au plus grand bénéfice des plus désavantagés et (b) attachées à des fonctions et des positions ouvertes à tous, conformément au principe de la juste égalité des chances. »1.

Remarque 1 : Le second principe traite des inégalités économiques et sociales, et semble considérer que ces inégalités peuvent et doivent être traitées indépendamment de leurs effets sur la liberté de ces personnes, et donc qu’il existerait un problème général d’un principe d’ Égalité en soi ( indépendante de la question de la Liberté ) ou d’acceptabilité de l'”Inégalité” qui puisse être théoriquement et pratiquement traité séparément du problème de l’ “Égale Liberté”.
Il s’agit là en partie d’une distinction traditionnelle entre “Libertés politiques fondamentales” et “Libertés économiques et sociales”, voire entre “Libertés formelles” et “Libertés réelles”, dont on a aussi la trace jusque dans les deux grands “Pactes internationaux” des Nations Unies :
Le “ Pacte international relatif aux droits civils et politiques “
et le “Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels“.

La question à poser à Rawls est alors la suivante :

Pourquoi l”Égalité” semble -t- elle évidente à accepter en matière de “Droits civils et politiques” ( cf la liste des “libertés de base égales pour tous” définissant le principe d’ “Égale Liberté” au sens de Rawls ), alors que dans le domaine des “Droits économiques, sociaux et culturels” il semble nécessaire de prendre en compte un principe d’ “Inégalité” admissible, ou du moins d’Égalité seulement partielle, dont il s’agirait seulement de corriger certains effets visiblement trop “inégalitaires”.
C’est en effet ce que propose d’une part le principe 2a :
Les inégalités économiques et sociales doivent être au plus grand bénéfice des plus désavantagés” ( on cherche à corriger des inégalités dont on admet le principe général, mais dont on cherche à minimiser les effets sur ceux qui sont le plus bas sur cette échelle inégalitaire )
et d’autre part le principe 2b :
Les inégalités économiques et sociales doivent être attachées à des fonctions et des positions ouvertes à tous, conformément au principe de la juste égalité des chances.
( On cherche à corriger l’inégalité des fonctions et des positions, dont on ne remet pas en question la légitimité de “principe”, mais simplement en tempérant cette inégalité admise en principe par une égalisation partielle par l’ “égalité des chances“.

Pourquoi l’énoncé très général du premier principe de justice:
“« Chaque personne a une même prétention indéfectible à un système pleinement adéquat de libertés de base égales, qui soit compatible avec le même système de libertés pour tous “, ne vaudrait-il pas de la même façon, quelles que soient les “libertés” dont il s’agit ( les “libertés économiques et sociales” tout autant que les “libertés civiles et politiques” ), tout simplement parce que toutes ces “libertés” ( au pluriel ) ne sont que des dimensions particulières recombinables avec des pondérations elles-mêmes variables et évolutives de ce que globalement on peut appeler LA LIBERTÉ d’une personne.
C’est de cette LIBERTÉ globale personnalisée que je propose d’examiner l’ ÉGALITÉ possible entre ces personnes, mais soumise précisément à la LIBRE détermination de ces personnes en faveur d’un tel Projet.

Je vois en effet une raison probable de cette différence de traitement faite par Rawls entre des “libertés de base” et d’autres – comme par hasard économiques et sociales – qui seraient moins “de base” ?
– Les “libertés civiles et politiques” semblent plus “formelles” et donc avoir moins besoin de se confronter aux “dures contraintes du réel”, et donc pouvoir bénéficier d’une déclaration fondamentale d’égalité de ces libertés “pour tous”, alors que les “libertés économiques, sociales et culturelles” sembleraient devoir s’accommoder davantage de concessions avec les “dures contraintes du réel”, et donc qu’il faudrait inscrire dans un “deuxième principe” les limites d’un tel “accommodement avec le réel”.
Le problème bien sûr surgit d’autant plus qu’on cherche, comme Rawls et beaucoup de philosophes de la morale, du droit et de la politique, à définir un même système de “justice pour tous”, comme si un tel système de “libertés de base égales pour tous” pouvait se définir indépendamment de la volonté individuelle de chacune des personnes concernées par ce “même système”.

Contrairement à la proposition “universaliste a priori” ( “kantienne” ) de la “Théorie de la Justice” de Rawls, qui reconnaît pourtant par ailleurs la notion de “personne libre et égale” participant pleinement à la définition même de ce “système de libertés égales pour tous”, la proposition que je fais sous l’expression “Égale Liberté Libre Égalité“, n’a aucune prétention de “validité a priori” prétendant pouvoir et encore moins devoir s’appliquer “à tous” .
Elle n’est donc pas en ce sens une proposition “théorique” comparable à ces diverses “théories de la justice” … dont chaque “philosophe théoricien” pense détenir la “substantifique moelle” … en prétendant qu’elle vaut “pour tous”.

C’est pourquoi la partie de proposition “Égale Liberté” ne peut valoir fondamentalement que pour toutes les personnes qui font le libre choix d’attribuer de la valeur “morale” à cette proposition d’ ÉGALITÉ de leur LIBERTÉ, et donc à leurs capacités respectives à pondérer personnellement la valeur relative des innombrables dimensions possibles d’une telle LIBERTÉ.

La prétention à une “universalisation possible” d’une telle proposition au départ de valeur uniquement personnelle, ne vaut donc que par et pour les personnes qui font ou feront le même libre choix de considérer cette proposition d’ “Égale Liberté Libre Égalité” comme étant tout aussi bien la leur, qu’elle est, librement, la “mienne”.

C’est donc, comme à chaque fois, Vous le savez, Vous qui Voyez …



Une “Loi Morale Nouvelle” peut-elle être construite sans prétendre à son “universalité” ?

La plupart des “théories morales” énoncées par des “philosophes” prétendent trouver un moyen ( chaque “philosophe” prétend avoir trouvé son “truc” ) pour “fonder” une théorie morale universelle, ou du moins en établir le principe “universel”.

Il existe une grande variété de “théories morales philosophiques” ( sans parler de toutes les “morales” liées à telle ou telle culture, civilisation, communauté de convictions et de pratiques religieuses, classe sociale, “style de vie”, etc. ).

Certains philosophes, avant de proposer la leur, essayent d’esquisser une classification des “autres philosophies morales” que la leur, ou essayent de se placer quelque part dans l’ “arbre généalogique” des théories morales.

De nombreuses thèses et mémoires universitaires essayent de distinguer toutes sortes de nuances et variations à l’intérieur de ces grandes “familles” .

Ainsi on peut lire par exemple dans un texte de Stelios Virvidakis :

( Virvidakis, S. (2001). Les arguments transcendantaux et le problème de la justification de la normativité morale. Philosophiques, 28(1), 109. https://doi.org/10.7202/004996AR )

” On pourrait également soutenir que la conception et surtout l’application de tout principe contractualiste (comme ceux élaborés par John Rawls et Jürgen Habermas) présupposent une base morale qui renvoie à la notion kantienne du respect inconditionnel des personnes qui voudraient l’adopter.
Cependant, cette base morale est acceptée de façon plus ou moins contingente et pragmatique et n’a pas le caractère universel ou même nécessaire auquel on prétend souvent aspirer quand on entreprend la construction d’une théorie éthique

J’ai déjà expliqué dans plusieurs textes de ce site, en quoi ce que j’appelle “Loi Morale Nouvelle”, tout en ressemblant en effet à diverses conceptions “contractualistes”, renonce cependant, par définition, à toute prétention de “démontrer”, de “déduire” , de “prouver” ou de “justifier universellement” une quelconque nécessité “rationnelle” ou “raisonnable” de l’adopter, puisque précisément c’est la liberté de penser elle-même qui Y est présupposée, à la fois au niveau individuel de chaque “personne libre et égale” ( “Libre Égalité” ) et à celui de l’ “Égale Liberté” que ces personnes peuvent alors chercher à “construire” en commun, dans un “nouveau contrat moral” ( et par la suite juridique, social ou politique ), pour autant que l’unité identifiable d’un tel “contrat”, ne peut être construite que par la libre adhésion consciente et volontaire à un tel “contrat” :
Sa formulation linguistique commune ( ou sous quelque forme informationnelle que ce soit ) devant alors être traduisible pour chaque personne dans son propre “idiome” philosophique … pour autant qu’elle accepte que les autres fassent de même.

Ainsi, j’ai certes essayé ici d en donner une formule-type très condensée :
Égale Liberté Libre Égalité” , que je suppose suffisamment interprétable et compréhensible, pour permettre à toutes sortes de “personnes libres et égales” réelles de s’en emparer pour en faire leur propre “MI-EL” philosophique, ou même simplement “culturel” , ( “esthétique / artistique” si certaines “oeufs aux nids” leur plaisent … ( Au nid soit qui mâle y panse) .

Du point de vue des interprétations de “philosophie morale et politique” que ma formule “Égale Liberté Libre Égalité” pourrait susciter, chaque lecteur ( puisque “c’est vous qui voyez” ) peut voir comment il peut lui-même Y trouver son propre nouage – nuage de la “Liberté” et de l’ “Égalité” qui tout en étant radicalement le “sien propre” est cependant connectable en quelque “contrat” intersubjectif et / ou “communicationnel” avec ce que “tous et chacun” PEUVENT ou POURRAIENT avoir de “proprement propre” … en toute “autonomie personnelle”.

Certes la piste conceptuelle analytique en termes de “langage philosophique” ( notamment éthico-juridico-politique ) peut être ici une piste privilégiée, car depuis longtemps balisée et verbalisée par les innombrables gloses autour de la “Liberté” et de l’ “Égalité” et de leur problématique “nouage -nuage” où toutes sortes de “Fraternités” croient pouvoir se reconnaitre ( NousEux NouSages ? )

Mais d’autres No-usages ( ne vous médusez pas ! ) sont oulipotentiels …
Car, comme de bien entendu, c’est Vous qui Voyez.

Différends avec l’universel selon Francis Wolff

Dans un récent ouvrage ( décembre 2019 ), intitulé “Plaidoyer pour l’universel” ( Editions Fayard ), Francis Wolff prétend pouvoir “refonder une éthique de l’ égalité et de la réciprocité“, mais en prétendant toujours encore déduire une telle éthique de l'”être de l’homme” que Francis Wolff prétend trouver dans la “raison dialogique” :
Ce qu’il fallait seulement démontrer, c’est que le bien de l’homme et l’égalité de tous les êtres humains se déduisent de l’être de l’homme, animal dialogique
( p. 238 op. ci. ) )

Là encore, comme dans le débat avec Rousseau, avec Kant, avec Rawls, et bien d’autres, qui en effet “tournent autour” de la “même idée”, et que chaque personne humaine PEUT en effet reprendre et retravailler par sa propre pensée, sans être pour cela nécessairement spécialiste de philosophie, tous ces auteurs ont prétendu et, dans le cas actuel de Francis Wolff, prétendent encore pourvoir d’une façon ou d’une autre, “déduire” une obligation éthique, ou une normativité en général, d’une “connaissance” de l’ “être de l’homme” en général, ou d’un “propre de l’homme”, pourtant largement contesté par ailleurs par Francis Wolff dans le même ouvrage.
“Démontrer”, “déduire” … rien que cela !

Malgré une certaine proximité avec ces diverses versions d’ “humanisme universaliste” , la proposition que je fais sous l’expression “Égale Liberté Libre Égalité” , est dès le départ fondamentalement différente, non pas certes dans son premier membre où on reconnaît facilement la notion d’ “Égale Liberté” qui pourrait traduire aussi bien le point de vue rawlsien, que celui de la “raison pratique dialogique” avancée par Francis Wolff, mais bien évidemment dans son deuxième membre “Libre Égalité“, car ce que prétendent toutes ces supposées “déductions” ou “démonstrations” philosophiques, c’est précisément trouver une obligation éthique “universelle” qui comme telle échapperait à la liberté de la décision humaine, mais en serait l’encadrant “naturel”.
C’est précisément à cette “recherche” d’une “normativité universelle” qui “obligerait a priori” que j’ai depuis longtemps librement décidé de renoncer !

Autrement dit même si une idée candidate dans ce rôle de “valeur universelle” pouvait par exemple s’énoncer comme “Égale Liberté” ( ou “principe de réciprocité” selon Francis Wolff etc. ), et pouvait être diversement énoncée dans une certaine proximité des idées, je considèrerai toujours, car j’en ai ainsi librement décidé, qu’un tel principe normatif commun :

– a) Ne peut par définition reposer sur aucune “déduction” à partir d’un “être” quelconque, si ce n’est d’un mode d’être que nous nous sommes nous-mêmes librement donné et que nous continuons librement à vouloir nous donner.

– b) Ne peut être solidement accepté par des “esprits libres” que dans la mesure où ils en sont et savent être les libres auteurs : la valeur de la liberté et de l’ “Égale Liberté” ainsi mutuellement posée et reconnue, ne vaut comme “valeur” et comme “normativité” que pour les personnes ( ou “êtres raisonnables” ) qui en ont librement posé la valeur :
C’est précisément leur liberté ( et notamment leur “liberté naturelle” pour commencer ) qui PEUT poser leur “Égale Liberté” ( “formelle” ) en un “contrat” consécutif entre “personnes libres et égales” ( qui donc se veulent elles-mêmes librement comme telles ).

La seule chose qu’une telle décision “démontre” performativement par son existence même, c’est qu’il existe des personnes qui ont décidé et qui décident toujours encore d’ être des “personnes libres et égales“, et qui pour “justifier” une telle décision n’ont strictement besoin d’aucun autre fondement “normatif” que cette libre décision ELLE-MÊME.

Dans le cas de Rawls et de sa Théorie de la Justice, les principes de justice sont ainsi censément “découverts” par des interlocuteurs qui se considèrent comme … “personnes libres et égales” , donc dont le cercle constituant derrière le “voile d’ignorance” est déjà préconstitué de personnes qui donnent leur libre accord à la reconnaissance mutuelle de leur “Égale Liberté” !

S’il s’ agissait d’un problème de “déduction” ou de “démonstration” au sens logique, on se rend facilement compte du “cercle vicieux” d’une telle supposée “déduction” qui repose sur des “prémisses” que seule la “conclusion” pourrait “démontrer” ! Il ne s’agit donc, ni d’une “déduction”, ni d’une “démonstration”, mais bien d’une “pétition de principe”, ou d’un “axiome” qui ne vaut que pour ceux qui en posent l’axiomatique, pas plus que le fameux “ergo” cartésien ne “déduit” l’existence de la pensée (“Cogito ergo sum” … que Descartes n’a d’ailleurs jamais écrite en latin en ces termes … ! )

Alors pourquoi tant de “travail” à vouloir “démontrer” ou “déduire” ce qu’il suffirait de POSER , c’est à dire de PROPOSER en effet, … au libre examen de tout autre “esprit libre” en effet, mais en notant bien que si l’auteur d’une telle proposition “propose“, ses lecteurs eux, “disposent” , et peuvent être plus ou moins disposés à acquiescer et à adopter cette proposition pour eux-mêmes … en toute liberté . Ils peuvent donc AUSSI ne pas adopter une telle proposition, sans pour autant être ni “inhumains” ni “irrationnels” !

Mais c’est précisément un tel POUVOIR d’accepter ou de refuser que nos auteurs”philosophes” ne veulent pas reconnaître en prétendant “dériver” la “normativité” du simple examen de ce qui “est” :
Ils veulent que ce qui fait “loi” pour eux ( et de plus chacun sa version … ) fasse loi pour “tous”, en prétendant, comme Francis Wolff, déduire l’universalité de la “raison pratique dialogique” de l’ “être de l’homme” .

Pourtant, ils devraient tous avoir compris depuis longtemps, que “cela même” qui fait l’objet du débat, est la liberté “même” avec laquelle chacun prétend que la liberté des autres “devrait” aboutir aux mêmes “conclusions” que sa propre liberté … telle que lui-même la conçoit … librement.

Est-ce que pour autant, en posant moi-même comme “proposition” celle de l’ “Égale Liberté Libre Égalité”, je prétends à l’ “universalité” de cette proposition ou la dériver de façon quelconque de l’ “être de l’homme” ou de la “nature humaine” , ou d’une quelconque “vérité anthropologique” , “structure anthropologique”, ou “normativité originaire”, ou “constitution transcendantale”, etc.
Evidemment NON !

Si JE propose l’ “Égale Liberté Libre Égalité”, c’est en effet un fait :
il existe au moins un “être humain”, qui énonce cette proposition !
Et alors ? Qu’en résulte-t-il ?

Simplement que VOUS POUVEZ aussi adopter cette même proposition !
Mais d’aucune façon que vous le “DEVEZ”, en laissant entendre que si vous ne le faites pas, vous seriez moins “humains” ou moins “rationnels”, etc. !
Puisque, par définition, dans cette proposition même, se trouve énoncé que son adoption par VOUS présuppose votre plus entière, fondamentale et personnelle LIBERTÉ ( “Libre Égalité” ) et non pas une “vérité éthique” préalable à cette liberté.

C’est le sens de l’expression ironique que j’utilise fréquemment :
C’est VOUS qui voyez !” .

Autrement dit :
“Nous” pouvons réfléchir en commun en effet, à la proposition de Francis Wolff, comme à celle des innombrables philosophes ou penseurs humains ordinaires qui ont tourné autour du “même pot” ( … en ciel ) .

Mais le noyau d’indétermination et de pluralisme inévitable qui en résulte est directement lié à l’objet même du débat : notre commune “liberté” , qui est en même temps, l’outil et la valeur même que nous utilisons pour en débattre :

C’est librement que nous débattons de la liberté … ou alors :

– soit nous posons une définition non libre de la liberté : une définition qui nous vient d’ ailleurs … et que d’autres ont – peut-être – pensée … à notre place … sans vraiment nous demander notre avis, en pensant que leur interprétation du mot “liberté” avait forcément ou obligatoirement le même sens “pour tous”.

– soit nous parlons librement ( en un certain sens ) d’autre chose que de la liberté “même”…. comme bien des gens pensent savoir de quoi ils parlent sans savoir le penser. Nous sommes tous en partie dans ce cas, au moins un peu …
Et je le sais …

Mais c’est vous qui voyez .


Personne morale souveraine, libre et égale

Personne morale souveraine, libre et égale
( aux autres personnes souveraines, libres et égales )

L’ expression “personnes libres et égales” se trouve par exemple chez John Rawls. Elle y est en lien direct avec le type de Principes de Justice que Rawls a en vue lorsqu’il cherche de tels principes “derrière le voile d’ignorance”.

L’ expression “personne souveraine” a aussi été utilisée par certains auteurs, dans un sens différent de celui que nous proposons ici.

L’expression complète que nous utilisons est plus exactement :
Personne souveraine sur elle-même, également libre et librement égale à toute autre personne qui se déclare elle-même souveraine sur elle-même, et reconnaît de la même façon aux autres personnes posant le même acte de souveraineté sur elles-mêmes, exactement la même liberté et le même droit moral ( “loi morale nouvelle” ) qu’elle se donnent à elles-mêmes d’effectuer un tel acte de souveraineté “
On voit encore une fois qu’il s’agit toujours d’un acte qui est à la fois :
– radicalement libre, autonome et même souverain
– mais qui reconnaît en même temps, dans un même contrat réciproque, exactement la même légitimité morale à toute autre entité réelle capable de comprendre un tel contrat moral conscient et qui choisit librement d’entrer dans ce même contrat moral commun.

Les valeurs principielles au fondement de ce contrat moral conscient sont la Liberté et l’Égalité, ce qui semble relativement proche de nombreux “contrats sociaux” ou “contrats politiques” de “citoyenneté républicaine” .

Mais sous une forme précise :
– La Liberté dont il est question est considérée comme étant “également partageable” : – Formellement elle l’est par définition ( “Égale Liberté” )
– L’ Égalité dont il est question est toujours d’abord l’Égalité de cette Liberté et la Liberté du choix d’une telle Égalité de la Liberté.

D’un point de vue simplement formel, les deux termes axiomatiques de notre proposition sont placés en une relation d’interdéfinition réciproque :
La Liberté COMME “Égale Liberté” et l’ Égalité COMME “Libre Égalité“.

Du point de vue de toute “réalisation” future ou partiellement actuelle,
NouS visons une libre égalité d’accès à des conditions physiques de réalisation équivalentes du point de vue précisément de l’ “Égale Liberté et de la Libre Égalité” ainsi rendue effectivement possible à chaque “personne souveraine, libre et égale”.

La “liberté réelle” et l’ égalité réelle” sont donc non seulement formellement conditionnées par la libre décision des contractants de formuler ainsi leur “Loi Morale Nouvelle” commune, mais aussi par toutes les conditions physiques réelles présentes dans l’univers, actuelles ou futures, qui rendent ou rendront matériellement ( “physiquement” ) possible une telle ré- organisation partielle de la réalité de façon à passer de la simple déclaration formelle d’une virtualité utopique, à la coordination d’actions réelles régulées par ces principes de normativité formelle commune à ces personnes souveraines, libres et égales.

Ces conditions physiques ( à tous les niveaux d’organisation imaginables de la “complexité du réel”) peuvent être étudiées par toutes sortes de disciplines scientifiques , et donner lieu à toute sortes de propositions techniques.
L’étude objective de telles conditions peut parfaitement être commune à bien d’autres organismes qui ne se reconnaissent pas nécessairement dans un tel choix éthico-politique “Égal Libertaire et Libre Égalitaire”


ELLE et l’ “éthique minimale” de Ruwen Ogien

La “Loi Morale Nouvelle” que nous proposons à toute personne qui voudrait librement y participer, et dont la proposition fondatrice principale s’ énonce comme “Égale Liberté Libre Égalité”, est sur bien des points proche d’une conception morale comme celle de l’ “éthique minimale” de Ruwen Ogien, avec cependant des différences théoriques importantes qui pourront être examinées par la suite.

Le site “https://ethique.xyz” de Guillaume Gallais permettrait de servir de point de départ à une telle comparaison.
Il se peut que je me confronte à cette tâche …

D’une façon générale d’ailleurs bien des adversaires de ma proposition considèreront sans doute que cette proposition – comme celle de l’ éthique minimale de Ruwen Ogien –  est dans la grande tradition du “libéralisme politique” et que celui-ci se fonderait nécessairement à son tour sur une certaine conception du “droit naturel”.
Si certains critiques  tiennent à continuer à parler à ce sujet de “tradition du libéralisme politique”, qu’ils notent au moins que nous ne cherchons plus à nous appuyer sur aucun “droit naturel”, mais bien sur la liberté créatrice de son propre “droit”, c’est à dire des conditions formelles et “réelles” de sa propre généralisation égalitaire … à tout organisme conscient de l’ univers qui voudrait librement en accepter cette même “Égale Liberté”.

Le projet de Ruwen Ogien était semble-t-il de trouver un noyau de consensus minimal entre les grandes philosophies morales traditionnellement opposées.
Cette démarche se rapproche alors de celle de Rawls dans le domaine de la philosophie politique, dans la recherche d’une “consensus par recoupement”, mais  il y a probablement des différences importantes du fait de la différence non seulement des domaines, mais aussi des références philosophiques préférentielles de ces deux auteurs.

C’est peut-être plus sur le terrain des “applications concrètes” à des situations réelles que le relatif accord entre l’ “Éthique minimale” d’ Ogien et notre propre proposition apparaîtra plus que sur le terrain des principes théoriques respectifs.
En effet je constate, de façon purement “empirique”, que sur beaucoup de “questions de société”, mes réactions “morales” sont très proches de celles de Ruwen Ogien, que beaucoup qualifieraient de “libertaires” .
Ainsi en ce qui concerne des grandes questions de débat de “bioéthique”, la maîtrise de la fécondité et de la reproduction,  des conditions de la fin de vie, des choix sexuels , ou de transformations corporelles,  ou encore de “moeurs” comme la prostitution ou la pornographie, mes orientations sont proches de celles de l’ “éthique minimale” de Ruwen Ogien.

Du point de vue théorique formel cependant, il existe une différence considérable entre l’approche de l’ “éthique minimale” de Ruwen Ogien et celle que je propose sous l’ expression  de “Loi Morale Nouvelle”. Elle apparaît de façon manifeste à propos du “principe d’indifférence morale du rapport à soi“.

Tout se passe comme si l’ “éthique minimale” de Ruwen Ogien n’était en effet que la réduction au degré “minimal” des formes classiques anciennes de “théories morales”, par une forme d’érosion progressive de toute la part d’ “hétéronomie” qui existe encore dans ces “lois morales anciennes”, jusqu’au point où il n’existerait plus une telle asymétrie hétéronome propre aux anciennes morales, que dans la relation de l’agent moral aux “autres”, et donc que la notion de “morale” aurait définitivement  perdu tout  sens possible dans le rapport du sujet à lui-même.

L'”éthique minimale” d’Ogien m’ apparaît donc comme un point où le “degré zéro” de l’ ‘”hétéronomie” morale pour le sujet moral se rapportant à lui-même – ce que Ogien qualifie de “principe d’ indifférence morale du rapport à soi” , se transforme radicalement – pour moi –  en “autonomie” , où la liberté du sujet moral se “justifie” entièrement par et pour elle-même :

Ce qui apparaît comme “degré zéro” des anciennes morales hétéronomes, quand il s’agit du rapport du sujet moral à lui-même, est en réalité , dans notre propre perspective de “Loi Morale Nouvelle“, le point même d’auto-fondation de la Loi Morale Nouvelle dans et par la “personne souveraine sur elle-même”, dans sa Liberté d’ “autonomie radicale” :

Ce n’est donc pas l’ absence de toute considération de “moralité” dans la sphère personnelle propre, mais la marque même de la “nouvelle moralitéautonome auto-référentielle, mais qui par là même se propose comme également revendicable par toute autre personne qui effectue cette même “révolution  morale” d’ auto-référence de l’autonomie morale.


Faut-il pour autant considérer qu’en réalité ma proposition d’ “Egale Liberté Libre Egalité” n’a plus rien à voir avec une quelconque question “éthique” ou “morale” , mais serait entièrement résorbée dans d’autres modalités étrangères à l’éthique, comme par exemple une sphère “juridique” formellement autonome, ou encore la sphère proprement “politique”, sphères dont la cohérence interne aurait par ailleurs évacué à l’extérieur tout questionnement “moral” ou “éthique” ?

Ou encore, faudrait-il considérer que ma position, contrairement à celle de Ruwen Ogien, qui accepte encore le terme d'”éthique minimale” ( ou de “morale minimale”) quant il s’agit du rapport aux autres, consisterait purement et simplement à rejeter toute signification possible de la notion de “morale”, ou à renvoyer purement et simplement toutes les discussions “éthiques” dans la même catégorie générale des conceptions purement “subjectives”  que les croyances religieuses ou autres de toutes sortes, qui certes peuvent faire l’objet de débats passionnés pour certains, mais ne peuvent plus, dans une société pluraliste, démocratique et laïque, être considérés comme “normatives” ou “prescriptives” pour le “citoyen” de cette société ?

Quel est l’ élément COMMUN à tout questionnement “éthique” ou “moral” , aussi bien dans les différentes “morales anciennes”, en particulier dans une théorie morale “kantienne”, que dans l’ “éthique minimale” de Ruwen Ogien, et également dans ma propre proposition ?
C’est la LIBERTÉ.  Là où une “loi morale” quelconque prétendrait exclure tout rapport à la LIBERTÉ des personnes dont elle prétend “réguler” les actions, une telle “loi morale” se contredirait elle-même dans sa qualité  “morale” . Elle serait encore une “loi” sans doute, par exemple “juridique”, “politique”, “religieuse”, “sociétale”, “économique”ou tout ce qu’on voudra, mais pas une loi “MORALE”.

Ceux qui voudraient exclure la question de la LIBERTÉ des acteurs qui sont “sujets de la loi morale”, de leur questionnement et pourtant continuer à qualifier leurs propositions de “lois” comme “morales” ou “éthiques” peuvent alors être assurés qu’ils ne parlent pas de la même chose, sous ce mot  de “morale” ou d’ “éthique” que ce dont je parle,  et non seulement de ce dont je parle, mais de ce dont parlent une grande partie des “théories morales” qui impliquent un rapport , certes variable, mais incontournable, à la question de la Liberté.

Et quand l’éthique minimale de Ruwen Ogien prétend exclure le “rapport à soi” de tout questionnement “moral”, c’est en réalité parce qu’il considère la LIBERTÉ comme “allant de soi” dans le domaine strictement “personnel” du rapport à soi. Mais tout se passe comme si son “éthique minimale” opposait encore ce domaine du rapport à soi de la personne à l’ ensemble des rapports “moraux” avec les autres personnes.  Tout se passe donc comme si la notion de “loi morale” venait encore d’un quelconque “ailleurs” ou d’un “Grand Autre” ( à la manière de Lévinas par exemple ) , donc en transformant la simple DIFFÉRENCE entre le rapport à soi et le rapport aux autres ( que bien sûr j’admets comme lui ) en une opposition de deux domaines totalement distincts, basés sur d’autres critères et d’autres justifications.

Je soupçonne donc cette “éthique minimale” de ne s’être pas encore réellement affranchie de l’ “hétéronomie” propre à toutes les “anciennes morales”, où le principe ou le fondement de la “loi morale” proviennent précisément d’ailleurs que de la seule considération de la LIBERTÉ des personnes concernées.


 Il faudra ici voir de plus près pourquoi Ruwen Ogien continue de revendiquer le mot “éthique” ou le mot “morale” pour sa propre proposition philosophique, du moins dans la “relation aux autres”.
 Comment cette exclusion de la relation à soi du domaine d’une morale possible  peut-elle, dans son système, rester compatible avec son autre principe de l’ “éthique minimale” à savoir le “principe d’égale considération” ?  Pourquoi la personne elle-même se considèrerait-elle comme non “également considérable” par elle-même, alors même qu’elle prétend que cette “égale considération” s’étend à tous les “autres” ???
Je trouve qu’il y a là une parfaite incohérence logique dans la position simultanée de ces deux principes !
( Sauf si le “soi-même” était entièrement différent et incompatible avec le “soi-même” des autres. Mais si les “autres” sont aussi, si peu que ce soit, des “alter ego” , chacun de ces “alter ego” peut revendiquer précisément cette même “indifférence morale du rapport à soi” , et décider que désormais, puisque “NouS” rejetons toute ingérence prescriptive et normative hétéronome externe ( les “morales anciennes”)  dans notre “propre domaine personnel”, NouS partageons cependant la même exigence, que NouS NouS donnons à NouS-Mêmes, à savoir de respecter en chacun cette même “indifférence morale du rapport à soi“, qu’on peut aussi bien appeler “Autonomie personnelle ou liberté morale personnelle radicale” ou comme je le suggère aussi “Souveraineté de la personne sur elle-même” et dans ce cas NouS voyons bien sûr facilement en quoi un équivalent du “principe d’ égale considération” en découle immédiatement pour autant qu’on le restreigne à toutes les autres personnes qui acceptent librement de se considérer réciproquement comme de telles “personnes souveraines sur elles-mêmes” : Ce que j’ appelle “Égale Liberté” n’est rien d’autre que la proposition de l’ “Égale considération” … en tant qu’elle est librement acceptée par toute personne qui voudrait aussi être ainsi librement “considérée” par les autres., et bien sûr en tant que cette Égalité considère chacune de ces personnes comme fondamentalement “souveraine sur elle-même”, c’est à dire, au moins aussi libre dans ces choix personnels que la personne l’est l’ éthique minimale de Ruwen Ogien quand il propose que le “rapport à soi-même” ne soit plus concerné par les questions de “moralité”.

Autrement dit : La proposition d’ Égale Liberté Libre Égalité propose une aussi grande autonomie de la liberté personnelle pour tout ce qui ne concerne que la personne elle-même, que le propose le “principe d’indifférence morale du rapport à soi”  de Ruwen Ogien, sauf que l’ “indifférence morale” est entendue par rapport à toute ingérence morale hétéronome, et pas par rapport à ce que j’ appelle désormais la “Loi Morale Nouvelle”, dont la “nouveauté” est précisément fondée sur la LIBRE reconnaissance mutuelle réciproque d’une telle “indifférence morale ( ancienne ) du rapport à soi” . Reconnaissance réciproque explicite qui institue du même coup un nouveau “rapport moral aux autres”, au point qu’il n’y ait plus besoin d’autre principe proprement “moral”, que cette reconnaissance réciproque pour en “fonder” la légitimité morale commune.


Je vois bien une des “raisons” pour lesquelles Ruwen Ogien pense que la dénomination de “morale” ou d’ “éthique” est parfaitement “indifférente” dans le “rapport à soi” : C’est qu’il suppose que notre rapport à nous-mêmes est “par définition” ( du “soi-même” ) toujours en parfaite coïncidence et accord avec nos propres valeurs personnelles dont nous jugeons par nous-mêmes, ou que les problèmes de désaccord “intérieurs” au sujet qui peuvent subsister, ne peuvent être que d’une autre nature ou ne peuvent se traiter que par d’autres moyens  que le questionnement “éthique” ou “moral”.  ( ou relever précisément de la seule “souveraineté de la personne sur elle-même” considérée comme “autonomie morale personnelle” : c’est moi ( A.S. ) qui précise ainsi cette “indifférence morale” )
Bref, au nom de l’idée, que je partage avec lui, de l’ “autonomie personnelle”, il s’agit de rejeter toute pression normative ou prescriptive d’une morale collective HÉTÉRONOME de provenance sociale ou culturelle partout où la relation aux autres n’est pas  directement concernée.

Mais pourquoi cette relation que nous entretenons avec “nous-mêmes” dans le cadre d’une telle “autonomie personnelle” que nous voulons garantir contre toute ingérence prescriptive ou normative d’une norme sociale ou culturelle prescriptive externe, en cherchant précisément à transformer en ce sens plus “libertaire” les institutions juridico-politiques des sociétés où nous vivons, ne serait-elle pas justement, partagée par un grand nombre de nos contemporains, au point précisément de devenir le fondement même de la relation “éthique” ou “morale” que nous entretenons avec eux ?

Il reste une “raison” sans doute que Ruwen Ogien cherche à préserver dans sa propre conception morale d’une “éthique minimale”, c’est sa “prétention à une validité universelle“. Il pense probablement encore, que ce qu’il appelle “éthique” ou “morale” – même aussi “minimale” qu’il faudra, peut encore faire l’objet d’une validité universellement reconnue, et que cette “validité universelle” peut être au moins philosophiquement “argumentée” à défaut de pouvoir être “démontrée” ou “prouvée”.
Mais du moment qu’il extrait le “rapport à soi” du domaine d’une telle validité “éthique” et ne le réserve plus qu’au rapport entre les personnes , cette “prétention à une validité universelle” est déjà très sérieusement entamée ! Et se coupe en plus de toute possibilité de chercher à fonder une telle “validité” au coeur même de la relation de la personne à elle-même.

Pour que Ruwen Ogien fasse le pas décisif d’une “Loi Morale Nouvelle”, il aurait dû renoncer à cette “prétention à la validité universelle” propre à l’ ensemble des anciennes “théories morales” et “lois morales”, y compris donc la sienne, comme “éthique minimale”.
Et donc accepter une forme de “relativisme moral” qu’il n’ a jamais voulu assumer.

C’est ce que je fais bien sûr, en  incorporant explicitement le principe de la “Libre Égalité” comme membre symétrique de l’ “Égale Liberté” dans l’ énoncé – devise résumant  ma propre proposition de “Loi Morale Nouvelle” :
La “prétention à la validité universelle” des “théories morales anciennes” est alors par définition rabattue à la seule “communauté virtuelle” des PERSONNES LIBRES ET ÉGALES QUI SE CONSIDÈRENT ELLES-MÊMES ET MUTUELLEMENT COMME TELLES.
De cette “communauté morale virtuelle”, tout organisme conscient PEUT, – s’il a les moyens empiriques  réels ( biologiques notamment ) d’une telle prise de conscience psychologique – décider d’en être un membre, très exactement dans la mesure où il comprend et accepte exactement ce même “droit moral” ( “nouveau” ) pour tout autre organisme conscient qui fait ou ferait une démarche similaire d’appartenance en s’engageant librement  comme lui  à ce même respect de leur Égale Liberté et de leur Libre Égalité.

Il n’y a donc plus de “relation éthique ou morale” ( au sens NOUVEAU ) pensable comme “universalisable” en dehors de la LIBRE ADHÉSION PERSONNELLE à une telle relation éthique.
Libre adhésion … dont le modèle même peut être trouvé dans cette “autonomie personnelle” même par laquelle nous définissons et exigeons nous-mêmes notre propre autonomie de “personne” et que nous acceptons que d’ AUTRES PERSONNES fassent de même en ce qui les concerne.

Alors en effet, du point de vue de la plupart des “anciennes éthiques”, une telle position est sans doute considérée théoriquement, comme “non éthique”  … parce qu’elle renonce à sa propre “hégémonie universelle”.
Il ne manque pas cependant, de prétentions “morales” qui ne prétendent pas à une telle universalité …
Mais dans la réalité, comment se concrétise cette “prétention à la validité universelle” d’un certain nombre des “anciennes théories morales” et des anciennes “lois morales”  ? Sinon par la prétention de chaque auteur, philosophe ou pas, de dire que l’ “éthique” ou la “morale” telle que LUI-MEME la conçoit ou telle qu’il y adhère par tradition … devrait être adoptée par les autres ! 

Mais par ailleurs, dans sa pratique proprement philosophique du débat philosophique, n’accepte-t-il pas, pragmatiquement, que les autres philosophes puissent effectivement proposer, dans l’ espace public de la discussion, des “théories morales” et des “lois morales” différentes de la sienne ? Il pratique alors, de fait, une prescription implicite  librement acceptée de reconnaissance mutuelle de la liberté de conscience et d’ expression de chacun, et donc prouve par là-même qu’il est possible, de fait, entre “personnes de bonne volonté” de faire cohabiter, dans certaines circonstances et situations du moins, des expressions personnelles très différentes … de la MÈME ÉGALE LIBERTÉ.

Il prouve aussi “performativement” que, contrairement à ce qu’il croit sans doute, il est possible de constituer ainsi des espaces d’une “pratique éthique”  ( rendue possible par la libre acceptation au moins implicite de cette égale liberté de penser et de s’exprimer ) , sans avoir besoin d’une “théorie morale” à “prétention à la validité universelle” supplémentaire , puisque chacun peut se contenter de “défendre la sienne” en permettant à tous les autres de “défendre la leur”, sans qu’on soit le moins du monde parvenu à un “accord minimal” sur une de ces théories morales proposées !

Une telle remarque concernant la position implicite performative d’un “principe d’égale liberté” dans les procédures du “débat démocratique” ou du “dialogue philosophique”  a déjà été faite par de nombreux auteurs ( Jurgen Habermas, Marcel Conche, etc… ) avec l’ idée qu’il suffirait ensuite d’ étendre consciemment aux autres sphères de la vie humaine, l’application de ce principe dont on a expérimenté la possibilité dans le dialogue conversationnel entre personnes de “bonne volonté”.
SAUF QUE , d’une part, tous les “débats démocratiques” ou toutes les discussions philosophiques réelles, ne se passent pas nécessairement aussi “bien” ( en se conformant à l’égale liberté librement acceptée des esprits participants   … ) ; et d’autre part, un très grand nombre des autres aspects et conflits de la vie humaine ( hors “conversation polie” ) mettent bien sûr en jeu d’autres “intérêts” que le seul agrément commun d’une conversation partagée …
Une telle volonté de transfert généralisé fondamental du principe d’ Égale Liberté librement accepté à l’ ensemble des problématiques éthiques, juridiques, politiques, économiques, etc. suppose précisément selon moi, une volonté explicite consciente d’effectuer un tel transfert, non pas une “volonté générale”, mais d’abord une volonté personnelle des personnes qui veulent effectivement le réaliser – aussi progressivement qu’elles le voudront – mais en effet “effectivement”.

Et “pour commencer”, la chose la plus simple et la plus facile, SI ON EST LIBREMENT EN ACCORD AVEC UN TEL IDÉAL, c’est de le “dire” ou de le déclarer publiquement.
C’est ce que j’ai commencé à faire depuis un certain temps déjà …
Absolument rien ne VOUS empêche de faire “la même chose” … à votre façon.
C’est VOUS qui voyez .















Loi Morale Nouvelle, amoralité, immoralité

La Loi Morale Nouvelle définit sa propre valeur du “Bien” comme étant en dernière instance, pour une personne supposée capable de comprendre ce dont il s’agit, de chercher à suivre et à réaliser  la “Proposition de l’ Égale Liberté Libre Égalité“,  c’est à dire de rendre possible de plus en plus la réalisation universalisable ( ne pas confondre avec “universelle” )  de l’ Égale Liberté de toute personne qui veut cette Égale Liberté, à la fois pour elle-même et donc également pour toute autre personne qui aurait cette même volonté.
En termes “éthico-politiques”, il s’agit de travailler à la réalisation universalisable de la Liberté ( individuelle de chacune de ces personnes ) et de l’ Égalité fondamentale de cette Liberté, donc des droits et libertés qui incarnent juridiquement cette Liberté et  des “devoirs” qui résultent de la défense de ces droits et libertés.

Par rapport aux nombreuses “autres morales” possibles, la Loi Morale Nouvelle peut donc être jugée comme “immorale” ( par rapport aux injonctions, aux droits et aux devoirs formulés par ces autres morales ) ou du moins comme “amorale”, en tant qu’elle ne reconnait plus la légitimité universelle  a priori de toutes ces “anciennes morales”.  Ces “anciennes morales” sont d’ ailleurs sur de nombreux points  contradictoires entre elles, mais même souvent à l’ intérieur de leurs propres systèmes prescripteurs respectifs.

Le “propre” de la Proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” par rapport à la plupart des autres propositions de “Loi Morale” mais aussi de principes fondamentaux du Droit est d’inclure dans son deuxième volet ( “Libre Égalité” )  un abandon libre et volontaire de l’ habituelle “universalité” que la plupart des propositions de “lois morales” prétendent établir … à leur profit respectif, la plupart du temps d’ailleurs en prétendant accéder à une “vérité morale” qui serait soit démontrable, soit à admettre comme postulat “catégorique”.

En un sens donc, celui qui s’ énonce dans le deuxième volet “Libre Égalité”, la “Loi Morale Nouvelle” peut donc être considérée comme un “relativisme moral”, suivant lequel chaque personne, suivant son parcours de vie  empirique et les circonstances de son “environnement”, se fait sa “propre morale” ( une “sagesse personnelle” ), qui ne peut en aucun cas “valoir a priori” pour toute autre personne, sauf à lui demander son accord ou son libre consentement à un tel “contrat moral commun”.
La “Loi Morale Nouvelle” est donc  proche aussi des “éthiques minimales” comme celle proposée par  Ruwen Ogien.

Cependant, précisément à partir de cette  liberté individuelle de construire des contrats éthiques avec d’autres personnes ( “Libre Égalité” ), il est facile d’imaginer qu’un grand nombre de personnes peuvent choisir librement de considérer qu’une telle Liberté personnelle peut plus facilement être construite, notamment si on veut en faire des “libertés réelles” et non pas seulement se contenter de “libertés formelles”, si on choisit “en même temps” de reconnaître aux autres personnes exactement la même Liberté fondamentale que celle qu’on veut pouvoir mettre en œuvre pour soi-même.
Autrement dit, si on pose librement leur “Égale Liberté”.

Qui sont donc ces “Égaux devant la Loi”, devant cette “Loi Morale Nouvelle” ? Ce sont toutes les personnes, qui, comme moi, et VOUS peut-être ( “C’est VOUS qui voyez “), choisissent en effet librement de se considérer aussi fondamentalement libres les unes que les autres, pour la simple “raison” que telle est leur libre volonté … qui devient alors aussi leur “volonté générale” – entre elles – , non pas par un renoncement à leur propre “liberté naturelle”, mais parce que la nouvelle “liberté civile” ou “liberté conventionnelle” ainsi librement construite reste le libre prolongement et développement d’une telle  “liberté naturelle, mais librement pensée et voulue comme compatible avec celle des autres “contractants”.

Et non plus “obligatoirement” parce que leur “nature humaine”, ou la “Nature”, ou une loi divine, ou une “loi anthropologique”, ou une “structure transcendantale du sujet”, ou le “visage” lévinasien d’un Grand Autre  quelconque les contraindraient ou les obligeraient a priori à établir un tel “contrat humain de Liberté, d’ Égalité et de Fraternité”.
( Différence capitale notamment avec la “Loi Morale” kantienne )

Ni non plus parce qu’un ordre politique empirique, incarnant la “loi du plus fort, justifierait “a posteriori”, en tant que “souveraineté collective”, “souveraineté du peuple”, “souveraineté de l’ État ou de la Nation” ou “souveraineté internationale des Nations-Unies” , ou “souveraineté divine déléguée à une communauté religieuse”, la soumission à un système juridique de “droit positif” dont l’ “état de droit” serait lui-même juridiquement auto-justifié.

Bien sûr chaque personne, qui choisit librement de s’inscrire dans un tel cadre de “Loi Morale Nouvelle”, garde toute sa liberté fondamentale de choisir – en plus – pour elle-même – mais en ne l’imposant pas aux autres personnes – ses références à un “Droit Naturel” ou au “Droit positif” ou à un “Droit communautaire” de son choix, pour autant que ces autres références morales et/ou juridico-politiques ne s’imposent pas aux autres personnes participant au même libre contrat moral  d’ “Égale Liberté Libre Égalité”, et ne contiennent pas une obligation ou une contrainte visant à interdire aux personnes de s’associer  sur la base d’un tel contrat moral d’ “Égale Liberté Libre Égalité” :

On ne peut pas logiquement prétendre vouloir librement s’associer avec d’autres personnes sur la base d’une “Égale Liberté Libre Égalité” et en même temps vouloir interdire à soi-même ou à d’autres une telle liberté !
Une telle prétention serait bien sûr à la fois contraire à la Liberté et à l’ Égalité  à laquelle on prétendrait adhérer !
Et prouverait simplement que la personne en question ne sait pas ce qu’elle veut. Quant à VOUS, c’est VOUS qui voyez.