ELLE et l’ “éthique minimale” de Ruwen Ogien

La “Loi Morale Nouvelle” que nous proposons à toute personne qui voudrait librement y participer, et dont la proposition fondatrice principale s’ énonce comme “Égale Liberté Libre Égalité”, est sur bien des points proche d’une conception morale comme celle de l’ “éthique minimale” de Ruwen Ogien, avec cependant des différences théoriques importantes qui pourront être examinées par la suite.

Le site “https://ethique.xyz” de Guillaume Gallais permettrait de servir de point de départ à une telle comparaison.
Il se peut que je me confronte à cette tâche …

D’une façon générale d’ailleurs bien des adversaires de ma proposition considèreront sans doute que cette proposition – comme celle de l’ éthique minimale de Ruwen Ogien –  est dans la grande tradition du “libéralisme politique” et que celui-ci se fonderait nécessairement à son tour sur une certaine conception du “droit naturel”.
Si certains critiques  tiennent à continuer à parler à ce sujet de “tradition du libéralisme politique”, qu’ils notent au moins que nous ne cherchons plus à nous appuyer sur aucun “droit naturel”, mais bien sur la liberté créatrice de son propre “droit”, c’est à dire des conditions formelles et “réelles” de sa propre généralisation égalitaire … à tout organisme conscient de l’ univers qui voudrait librement en accepter cette même “Égale Liberté”.

Le projet de Ruwen Ogien était semble-t-il de trouver un noyau de consensus minimal entre les grandes philosophies morales traditionnellement opposées.
Cette démarche se rapproche alors de celle de Rawls dans le domaine de la philosophie politique, dans la recherche d’une “consensus par recoupement”, mais  il y a probablement des différences importantes du fait de la différence non seulement des domaines, mais aussi des références philosophiques préférentielles de ces deux auteurs.

C’est peut-être plus sur le terrain des “applications concrètes” à des situations réelles que le relatif accord entre l’ “Éthique minimale” d’ Ogien et notre propre proposition apparaîtra plus que sur le terrain des principes théoriques respectifs.
En effet je constate, de façon purement “empirique”, que sur beaucoup de “questions de société”, mes réactions “morales” sont très proches de celles de Ruwen Ogien, que beaucoup qualifieraient de “libertaires” .
Ainsi en ce qui concerne des grandes questions de débat de “bioéthique”, la maîtrise de la fécondité et de la reproduction,  des conditions de la fin de vie, des choix sexuels , ou de transformations corporelles,  ou encore de “moeurs” comme la prostitution ou la pornographie, mes orientations sont proches de celles de l’ “éthique minimale” de Ruwen Ogien.

Du point de vue théorique formel cependant, il existe une différence considérable entre l’approche de l’ “éthique minimale” de Ruwen Ogien et celle que je propose sous l’ expression  de “Loi Morale Nouvelle”. Elle apparaît de façon manifeste à propos du “principe d’indifférence morale du rapport à soi“.

Tout se passe comme si l’ “éthique minimale” de Ruwen Ogien n’était en effet que la réduction au degré “minimal” des formes classiques anciennes de “théories morales”, par une forme d’érosion progressive de toute la part d’ “hétéronomie” qui existe encore dans ces “lois morales anciennes”, jusqu’au point où il n’existerait plus une telle asymétrie hétéronome propre aux anciennes morales, que dans la relation de l’agent moral aux “autres”, et donc que la notion de “morale” aurait définitivement  perdu tout  sens possible dans le rapport du sujet à lui-même.

L'”éthique minimale” d’Ogien m’ apparaît donc comme un point où le “degré zéro” de l’ ‘”hétéronomie” morale pour le sujet moral se rapportant à lui-même – ce que Ogien qualifie de “principe d’ indifférence morale du rapport à soi” , se transforme radicalement – pour moi –  en “autonomie” , où la liberté du sujet moral se “justifie” entièrement par et pour elle-même :

Ce qui apparaît comme “degré zéro” des anciennes morales hétéronomes, quand il s’agit du rapport du sujet moral à lui-même, est en réalité , dans notre propre perspective de “Loi Morale Nouvelle“, le point même d’auto-fondation de la Loi Morale Nouvelle dans et par la “personne souveraine sur elle-même”, dans sa Liberté d’ “autonomie radicale” :

Ce n’est donc pas l’ absence de toute considération de “moralité” dans la sphère personnelle propre, mais la marque même de la “nouvelle moralitéautonome auto-référentielle, mais qui par là même se propose comme également revendicable par toute autre personne qui effectue cette même “révolution  morale” d’ auto-référence de l’autonomie morale.


Faut-il pour autant considérer qu’en réalité ma proposition d’ “Egale Liberté Libre Egalité” n’a plus rien à voir avec une quelconque question “éthique” ou “morale” , mais serait entièrement résorbée dans d’autres modalités étrangères à l’éthique, comme par exemple une sphère “juridique” formellement autonome, ou encore la sphère proprement “politique”, sphères dont la cohérence interne aurait par ailleurs évacué à l’extérieur tout questionnement “moral” ou “éthique” ?

Ou encore, faudrait-il considérer que ma position, contrairement à celle de Ruwen Ogien, qui accepte encore le terme d'”éthique minimale” ( ou de “morale minimale”) quant il s’agit du rapport aux autres, consisterait purement et simplement à rejeter toute signification possible de la notion de “morale”, ou à renvoyer purement et simplement toutes les discussions “éthiques” dans la même catégorie générale des conceptions purement “subjectives”  que les croyances religieuses ou autres de toutes sortes, qui certes peuvent faire l’objet de débats passionnés pour certains, mais ne peuvent plus, dans une société pluraliste, démocratique et laïque, être considérés comme “normatives” ou “prescriptives” pour le “citoyen” de cette société ?

Quel est l’ élément COMMUN à tout questionnement “éthique” ou “moral” , aussi bien dans les différentes “morales anciennes”, en particulier dans une théorie morale “kantienne”, que dans l’ “éthique minimale” de Ruwen Ogien, et également dans ma propre proposition ?
C’est la LIBERTÉ.  Là où une “loi morale” quelconque prétendrait exclure tout rapport à la LIBERTÉ des personnes dont elle prétend “réguler” les actions, une telle “loi morale” se contredirait elle-même dans sa qualité  “morale” . Elle serait encore une “loi” sans doute, par exemple “juridique”, “politique”, “religieuse”, “sociétale”, “économique”ou tout ce qu’on voudra, mais pas une loi “MORALE”.

Ceux qui voudraient exclure la question de la LIBERTÉ des acteurs qui sont “sujets de la loi morale”, de leur questionnement et pourtant continuer à qualifier leurs propositions de “lois” comme “morales” ou “éthiques” peuvent alors être assurés qu’ils ne parlent pas de la même chose, sous ce mot  de “morale” ou d’ “éthique” que ce dont je parle,  et non seulement de ce dont je parle, mais de ce dont parlent une grande partie des “théories morales” qui impliquent un rapport , certes variable, mais incontournable, à la question de la Liberté.

Et quand l’éthique minimale de Ruwen Ogien prétend exclure le “rapport à soi” de tout questionnement “moral”, c’est en réalité parce qu’il considère la LIBERTÉ comme “allant de soi” dans le domaine strictement “personnel” du rapport à soi. Mais tout se passe comme si son “éthique minimale” opposait encore ce domaine du rapport à soi de la personne à l’ ensemble des rapports “moraux” avec les autres personnes.  Tout se passe donc comme si la notion de “loi morale” venait encore d’un quelconque “ailleurs” ou d’un “Grand Autre” ( à la manière de Lévinas par exemple ) , donc en transformant la simple DIFFÉRENCE entre le rapport à soi et le rapport aux autres ( que bien sûr j’admets comme lui ) en une opposition de deux domaines totalement distincts, basés sur d’autres critères et d’autres justifications.

Je soupçonne donc cette “éthique minimale” de ne s’être pas encore réellement affranchie de l’ “hétéronomie” propre à toutes les “anciennes morales”, où le principe ou le fondement de la “loi morale” proviennent précisément d’ailleurs que de la seule considération de la LIBERTÉ des personnes concernées.


 Il faudra ici voir de plus près pourquoi Ruwen Ogien continue de revendiquer le mot “éthique” ou le mot “morale” pour sa propre proposition philosophique, du moins dans la “relation aux autres”.
 Comment cette exclusion de la relation à soi du domaine d’une morale possible  peut-elle, dans son système, rester compatible avec son autre principe de l’ “éthique minimale” à savoir le “principe d’égale considération” ?  Pourquoi la personne elle-même se considèrerait-elle comme non “également considérable” par elle-même, alors même qu’elle prétend que cette “égale considération” s’étend à tous les “autres” ???
Je trouve qu’il y a là une parfaite incohérence logique dans la position simultanée de ces deux principes !
( Sauf si le “soi-même” était entièrement différent et incompatible avec le “soi-même” des autres. Mais si les “autres” sont aussi, si peu que ce soit, des “alter ego” , chacun de ces “alter ego” peut revendiquer précisément cette même “indifférence morale du rapport à soi” , et décider que désormais, puisque “NouS” rejetons toute ingérence prescriptive et normative hétéronome externe ( les “morales anciennes”)  dans notre “propre domaine personnel”, NouS partageons cependant la même exigence, que NouS NouS donnons à NouS-Mêmes, à savoir de respecter en chacun cette même “indifférence morale du rapport à soi“, qu’on peut aussi bien appeler “Autonomie personnelle ou liberté morale personnelle radicale” ou comme je le suggère aussi “Souveraineté de la personne sur elle-même” et dans ce cas NouS voyons bien sûr facilement en quoi un équivalent du “principe d’ égale considération” en découle immédiatement pour autant qu’on le restreigne à toutes les autres personnes qui acceptent librement de se considérer réciproquement comme de telles “personnes souveraines sur elles-mêmes” : Ce que j’ appelle “Égale Liberté” n’est rien d’autre que la proposition de l’ “Égale considération” … en tant qu’elle est librement acceptée par toute personne qui voudrait aussi être ainsi librement “considérée” par les autres., et bien sûr en tant que cette Égalité considère chacune de ces personnes comme fondamentalement “souveraine sur elle-même”, c’est à dire, au moins aussi libre dans ces choix personnels que la personne l’est l’ éthique minimale de Ruwen Ogien quand il propose que le “rapport à soi-même” ne soit plus concerné par les questions de “moralité”.

Autrement dit : La proposition d’ Égale Liberté Libre Égalité propose une aussi grande autonomie de la liberté personnelle pour tout ce qui ne concerne que la personne elle-même, que le propose le “principe d’indifférence morale du rapport à soi”  de Ruwen Ogien, sauf que l’ “indifférence morale” est entendue par rapport à toute ingérence morale hétéronome, et pas par rapport à ce que j’ appelle désormais la “Loi Morale Nouvelle”, dont la “nouveauté” est précisément fondée sur la LIBRE reconnaissance mutuelle réciproque d’une telle “indifférence morale ( ancienne ) du rapport à soi” . Reconnaissance réciproque explicite qui institue du même coup un nouveau “rapport moral aux autres”, au point qu’il n’y ait plus besoin d’autre principe proprement “moral”, que cette reconnaissance réciproque pour en “fonder” la légitimité morale commune.


Je vois bien une des “raisons” pour lesquelles Ruwen Ogien pense que la dénomination de “morale” ou d’ “éthique” est parfaitement “indifférente” dans le “rapport à soi” : C’est qu’il suppose que notre rapport à nous-mêmes est “par définition” ( du “soi-même” ) toujours en parfaite coïncidence et accord avec nos propres valeurs personnelles dont nous jugeons par nous-mêmes, ou que les problèmes de désaccord “intérieurs” au sujet qui peuvent subsister, ne peuvent être que d’une autre nature ou ne peuvent se traiter que par d’autres moyens  que le questionnement “éthique” ou “moral”.  ( ou relever précisément de la seule “souveraineté de la personne sur elle-même” considérée comme “autonomie morale personnelle” : c’est moi ( A.S. ) qui précise ainsi cette “indifférence morale” )
Bref, au nom de l’idée, que je partage avec lui, de l’ “autonomie personnelle”, il s’agit de rejeter toute pression normative ou prescriptive d’une morale collective HÉTÉRONOME de provenance sociale ou culturelle partout où la relation aux autres n’est pas  directement concernée.

Mais pourquoi cette relation que nous entretenons avec “nous-mêmes” dans le cadre d’une telle “autonomie personnelle” que nous voulons garantir contre toute ingérence prescriptive ou normative d’une norme sociale ou culturelle prescriptive externe, en cherchant précisément à transformer en ce sens plus “libertaire” les institutions juridico-politiques des sociétés où nous vivons, ne serait-elle pas justement, partagée par un grand nombre de nos contemporains, au point précisément de devenir le fondement même de la relation “éthique” ou “morale” que nous entretenons avec eux ?

Il reste une “raison” sans doute que Ruwen Ogien cherche à préserver dans sa propre conception morale d’une “éthique minimale”, c’est sa “prétention à une validité universelle“. Il pense probablement encore, que ce qu’il appelle “éthique” ou “morale” – même aussi “minimale” qu’il faudra, peut encore faire l’objet d’une validité universellement reconnue, et que cette “validité universelle” peut être au moins philosophiquement “argumentée” à défaut de pouvoir être “démontrée” ou “prouvée”.
Mais du moment qu’il extrait le “rapport à soi” du domaine d’une telle validité “éthique” et ne le réserve plus qu’au rapport entre les personnes , cette “prétention à une validité universelle” est déjà très sérieusement entamée ! Et se coupe en plus de toute possibilité de chercher à fonder une telle “validité” au coeur même de la relation de la personne à elle-même.

Pour que Ruwen Ogien fasse le pas décisif d’une “Loi Morale Nouvelle”, il aurait dû renoncer à cette “prétention à la validité universelle” propre à l’ ensemble des anciennes “théories morales” et “lois morales”, y compris donc la sienne, comme “éthique minimale”.
Et donc accepter une forme de “relativisme moral” qu’il n’ a jamais voulu assumer.

C’est ce que je fais bien sûr, en  incorporant explicitement le principe de la “Libre Égalité” comme membre symétrique de l’ “Égale Liberté” dans l’ énoncé – devise résumant  ma propre proposition de “Loi Morale Nouvelle” :
La “prétention à la validité universelle” des “théories morales anciennes” est alors par définition rabattue à la seule “communauté virtuelle” des PERSONNES LIBRES ET ÉGALES QUI SE CONSIDÈRENT ELLES-MÊMES ET MUTUELLEMENT COMME TELLES.
De cette “communauté morale virtuelle”, tout organisme conscient PEUT, – s’il a les moyens empiriques  réels ( biologiques notamment ) d’une telle prise de conscience psychologique – décider d’en être un membre, très exactement dans la mesure où il comprend et accepte exactement ce même “droit moral” ( “nouveau” ) pour tout autre organisme conscient qui fait ou ferait une démarche similaire d’appartenance en s’engageant librement  comme lui  à ce même respect de leur Égale Liberté et de leur Libre Égalité.

Il n’y a donc plus de “relation éthique ou morale” ( au sens NOUVEAU ) pensable comme “universalisable” en dehors de la LIBRE ADHÉSION PERSONNELLE à une telle relation éthique.
Libre adhésion … dont le modèle même peut être trouvé dans cette “autonomie personnelle” même par laquelle nous définissons et exigeons nous-mêmes notre propre autonomie de “personne” et que nous acceptons que d’ AUTRES PERSONNES fassent de même en ce qui les concerne.

Alors en effet, du point de vue de la plupart des “anciennes éthiques”, une telle position est sans doute considérée théoriquement, comme “non éthique”  … parce qu’elle renonce à sa propre “hégémonie universelle”.
Il ne manque pas cependant, de prétentions “morales” qui ne prétendent pas à une telle universalité …
Mais dans la réalité, comment se concrétise cette “prétention à la validité universelle” d’un certain nombre des “anciennes théories morales” et des anciennes “lois morales”  ? Sinon par la prétention de chaque auteur, philosophe ou pas, de dire que l’ “éthique” ou la “morale” telle que LUI-MEME la conçoit ou telle qu’il y adhère par tradition … devrait être adoptée par les autres ! 

Mais par ailleurs, dans sa pratique proprement philosophique du débat philosophique, n’accepte-t-il pas, pragmatiquement, que les autres philosophes puissent effectivement proposer, dans l’ espace public de la discussion, des “théories morales” et des “lois morales” différentes de la sienne ? Il pratique alors, de fait, une prescription implicite  librement acceptée de reconnaissance mutuelle de la liberté de conscience et d’ expression de chacun, et donc prouve par là-même qu’il est possible, de fait, entre “personnes de bonne volonté” de faire cohabiter, dans certaines circonstances et situations du moins, des expressions personnelles très différentes … de la MÈME ÉGALE LIBERTÉ.

Il prouve aussi “performativement” que, contrairement à ce qu’il croit sans doute, il est possible de constituer ainsi des espaces d’une “pratique éthique”  ( rendue possible par la libre acceptation au moins implicite de cette égale liberté de penser et de s’exprimer ) , sans avoir besoin d’une “théorie morale” à “prétention à la validité universelle” supplémentaire , puisque chacun peut se contenter de “défendre la sienne” en permettant à tous les autres de “défendre la leur”, sans qu’on soit le moins du monde parvenu à un “accord minimal” sur une de ces théories morales proposées !

Une telle remarque concernant la position implicite performative d’un “principe d’égale liberté” dans les procédures du “débat démocratique” ou du “dialogue philosophique”  a déjà été faite par de nombreux auteurs ( Jurgen Habermas, Marcel Conche, etc… ) avec l’ idée qu’il suffirait ensuite d’ étendre consciemment aux autres sphères de la vie humaine, l’application de ce principe dont on a expérimenté la possibilité dans le dialogue conversationnel entre personnes de “bonne volonté”.
SAUF QUE , d’une part, tous les “débats démocratiques” ou toutes les discussions philosophiques réelles, ne se passent pas nécessairement aussi “bien” ( en se conformant à l’égale liberté librement acceptée des esprits participants   … ) ; et d’autre part, un très grand nombre des autres aspects et conflits de la vie humaine ( hors “conversation polie” ) mettent bien sûr en jeu d’autres “intérêts” que le seul agrément commun d’une conversation partagée …
Une telle volonté de transfert généralisé fondamental du principe d’ Égale Liberté librement accepté à l’ ensemble des problématiques éthiques, juridiques, politiques, économiques, etc. suppose précisément selon moi, une volonté explicite consciente d’effectuer un tel transfert, non pas une “volonté générale”, mais d’abord une volonté personnelle des personnes qui veulent effectivement le réaliser – aussi progressivement qu’elles le voudront – mais en effet “effectivement”.

Et “pour commencer”, la chose la plus simple et la plus facile, SI ON EST LIBREMENT EN ACCORD AVEC UN TEL IDÉAL, c’est de le “dire” ou de le déclarer publiquement.
C’est ce que j’ai commencé à faire depuis un certain temps déjà …
Absolument rien ne VOUS empêche de faire “la même chose” … à votre façon.
C’est VOUS qui voyez .















Place prépondérante de la Liberté dans la “Loi Morale Nouvelle”

En quoi la “Loi Morale Nouvelle” ( centrée sur la Proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” ) est-elle “nouvelle”, par rapport aux “lois morales anciennes”, tout en continuant à utiliser le terme de “Loi Morale” ?

La différence provient du rôle différent qu’y joue désormais la Liberté, comme auto-fondatrice de sa propre “valeur morale”.

1. La plupart des “morales anciennes” – et ceci d’autant plus qu’elles se revendiquent comme “modernes” – , donnent une place importante à la Liberté personnelle dans l’exercice de l’ “obéissance” du “sujet moral” à la “loi morale“.
Les lois MORALES se distinguent précisément des autres types de LOIS auxquelles une personne peut être “soumise”, par  leur appel à la Liberté du “sujet moral”. 
Les autres sens du mot “LOI” se trouvent notamment :
– Soit dans une expression comme “loi de la nature” et / ou “loi de la physique”, loi logico-mathématique, etc. Dans ce cas la forme de “soumission” de la personne à ce type de lois, en tant que la personne est aussi en même temps une partie de la réalité ( un “corps” physique, biologique, un organisme vivant appartenant à l’ espèce homo sapiens, un agent économique, le membre individuel d’une société politique, d’une classe sociale, etc… ), est en général appelée “nécessité“, et la place et la fonction de cet “objet” dans le réel est décrite comme la composition plus ou moins complexe d’un certain nombre de facteurs de “causalité“, dont l’ étude fait l’objet de toutes sortes de disciplines “scientifiques”, soit de “sciences de la nature”, soit de “sciences humaines et sociales”, etc…
– Soit dans un sens “juridico-politique”, où la personne, comme membre d’une société donnée et notamment comme citoyen “justiciable” d’un “état de droit”, est soumise aux “obligations légales” du système juridico-politique en question, qui peuvent devenir “légalement” aussi des  contraintes exercées sur la personne par le système juridico-politique.
( Ce qu’on appelle souvent l’exercice du “monopole de la violence légitime dans un état de droit” )
Évidemment, ce deuxième sens du mot “loi”est très important, car il fait déjà une place à la valeur de la notion de “liberté”, mais la “liberté” individuelle  du membre d’un “état de droit” au sens actuel est cependant soumise à la coercition physique possible du “pouvoir exécutif” réalisant “physiquement” ( en utilisant des contraintes physiques des “lois de la nature” ) sur la personne physique des “sanctions” définies par un “jugement” opéré par le “pouvoir judiciaire”.

Dans toutes les “lois morales“, qui se distinguent à la fois des “lois de la nature” ( règne de la “nécessité” ) et des lois juridico-politiques ( règne de la “contrainte légale” ) , la “loi morale” se rapporte à une “obligation” ou à un “devoir” supposés ( et décrits plus ou moins précisément par cette loi ou des “règles” qui en dérivent ) , qui certes “obligent” le “sujet”, mais sans le contraindre, ni par une quelconque “nécessité naturelle”, ni par une “obligation juridico-politique”, mais simplement en faisant appel à sa “raison” ou à sa “libre volonté personnelle”.
Même les “lois morales” religieuses liées à la croyance d’une origine divine de la “loi morale”, et où l’ “auteur divin de la loi” est supposé en plus doté d’une “toute-puissance”, sont présentées par leurs “théologiens” comme faisant appel à la LIBERTE de la “créature humaine” : “Dieu a voulu que l’être humain soit libre, tout en souhaitant que les décisions de cette liberté soit conformes à la volonté divine inscrite dans la “loi divine”.

De même , toutes sortes d’autres “lois morales”, tout en présentant un “encadrement de la liberté” externe à cette liberté elle-même ( donc “hétéronomes” en ce sens ), ne se présentent elles-mêmes comme “MORALES” que parce qu’elles supposent un “libre consentement” de la personne elle-même à cette restriction instituée par la “loi”, donc au minimum sans exercer de contrainte physique a priori ou de violence sur la personne “sujet moral”.
Sans cette liberté personnelle minimale, toutes ces “lois morales” et les “théories morales” qui cherchent à les justifier se sont rendu compte qu’elles risquaient fortement de perdre  leur propre qualificatif de “MORALES” .

En proposant le principe d’une “Loi Morale Nouvelle”, nous reconnaissons donc  qu’une certaine place est déjà intrinsèquement accordée à la Liberté dans ce qui constitue toute “Loi Morale” comme distincte à la fois d’une “Loi de la nature” ou d’une “Loi de la nécessité causale  réelle en général ” ( lois sociologiques ou psychologiques ou économiques par exemple, etc. alléguées par ces disciplines scientifiques), et distincte d’autre part de toutes les “lois de la société” instituées comme contraintes jurico-politiques collectives pouvant finalement faire appel à une forme de “violence politique légitime” dans un “état de droit”.

Un moment particulièrement significatif d’une évolution plus importante de la notion et de la valeur de la Liberté s’est faite philosophiquement dans la conception kantienne du “sujet moral” capable d’ “autonomie de la volonté”, et du point de vue juridico-politique dans la reconnaissance rousseauiste du citoyen comme participant à la formation même de la loi ( ou du contrat social ) à laquelle il est par ailleurs soumis par sa propre volonté intégrée dans la “volonté générale”.
Ce moment philosophico-politique a aussi été signalé par certains auteurs comme passage de la “liberté des Anciens” à la “liberté des Modernes” dans le rapport individu / société .

2. En plus de la présence du libre consentement du “sujet moral” à l’ “obéissance” à la “loi morale”, les “lois morales anciennes” comportent un contenu spécifique qui ne se  limite pas à la liberté elle-même ou aux conditions de son universalisation possible. C’est en quoi toutes ces “lois morales” différentes se distinguent les unes des autres, même si elles supposent toutes une “libre obéissance”.
Autrement dit il subsiste dans ces “lois morales” une forme d’ “hétéronomie” du contenu de ces lois par rapport à l’ autonomie de la volonté de la personne qui s’y soumet librement.
Remarque : une telle hétéronomie du contenu de la loi est toujours présente lorsqu’une “volonté générale”, même librement acceptée par un “citoyen” ayant participé à son élaboration, s’impose à ce citoyen à travers la coercition spécifique de l’ ordre “juridico-politique” de l’ “état de droit”.
Mais dans ce cas nous ne sommes plus dans le cas d’une “loi morale” qui ne peut, comme telle ( comme strictement “morale”) , jamais s’imposer par une quelconque coercition.

Mais dans toutes les “lois morales anciennes”, une telle hétéronomie du contenu reste également présente, car la “loi morale” n’y est pas identifiable à la simple proposition d’une “Égale Liberté” : elle prétend en plus savoir, à la place des personnes elles-mêmes, en quoi consiste le rapport entre leur liberté personnelle propre et le contenu général des “droits et devoirs” proposé par la loi à tous les sujets moraux qui la reconnaissent.

Remarque : Kant a été le philosophe qui a le plus remarquablement essayé de définir la “moralité pure”, comme étant purement “formelle” au sens où la “loi morale” qu’il propose n’est pas définie par un contenu particulier mais seulement par une “forme a priori”de la moralité, qui déjà dans la proposition kantienne, a un rapport étroit avec l’ “autonomie de la volonté” et donc avec la Liberté.

3. La “Loi Morale Nouvelle” que nous proposons sous les termes d’ “Égale Liberté Libre Égalité” est en un sens aussi “formelle” que la “Loi Morale” kantienne, mais elle ne prétend à aucune “universalité a priori”, puisqu’ elle fait dépendre la VALEUR de cette “forme” supposée “universalisable” mais non pas “universelle” (  nommée “Égale Liberté”  ), uniquement de la Liberté personnelle des personnes qui choisissent “librement” de la partager … entre toutes les personnes qui font le même choix et seulement si  elles font ce même libre choix.
On comprend d’ailleurs alors assez rapidement que le critère essentiel de la “moralité” ne devient plus comme chez Kant celui de l’ universalisation a priori ( dont on sait d’ailleurs à quelles dérives absurdes les essais d’application concrète ont donné lieu de la part de Kant lui-même et de nombre de ses supposés “disciples” ). Le critère de cette  nouvelle “moralité formelle” n’est pas la forme générale d’une “Loi” qui se rapprocherait du sens de ce terme lorsqu’il est question de l’ “universalité et de la nécessité des lois de la nature”, mais bien la LIBERTE elle-même, en tant qu’elle est à la fois Librement et Également “partageable” entre toutes les “personnes” qui font le libre choix de vouloir ainsi la partager … entre elles.

La “Liberté” et l’ “Égalité” dont il est question dans notre proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” ne sont donc des “valeurs” essentielles et fondamentales que pour les personnes qui font le libre choix de les considérer comme telles … 
Eet les personnes qui pourraient un jour se réclamer de la “protection” des “Droits” ( d’un “Nouvel ordre juridico-politique” ) institués à partir de telles valeurs, ne peuvent, par définition le faire “légitimement” ( suivant cette légitimité nouvelle ) que si elles reconnaissent elles-mêmes aux autres personnes faisant comme elles ce libre choix, la jouissance du nouveau “droit moral” qu’elles posent ainsi pour elles-mêmes. Et s’ “imposent” donc à elles-mêmes les mêmes conditions générales de “devoirs” – s’il existe et aussi longtemps que subsistent de telles conditions – pour que ces “droits égaux” à l’ “Égale Liberté” soient et deviennent autre chose qu’une simple “incantation verbale” que chacun PEUT en effet énoncer.

Le critère d’ “universalisation” ne vaut donc lui-même que par et pour les personnes qui veulent ainsi librement se donner un tel critère commun ( entre elles ) .
Et en particulier, dans le cas de la “communauté virtuelle” de toutes les personnes qui choisissent librement de participer à l’ énoncé commun de cette proposition d’ “Égale Liberté Libre Égalité” et aux essais que chacune de ces personnes peut faire d’en traduire l’énoncé abstrait dans des situations concrètes vécues ( dans l’ amélioration des conditions réelles de cette “égale liberté” formellement reconnue de chacune de ces personnes  par chacune de ces personnes), l'”universalisation” ne s’étend qu’aussi loin que la liberté personnelle de chaque participant VEUT en réaliser l’ extension commune partageable.

Bien sûr, certaines personnes le voudront plus que d’autres, et chercheront davantage à en trouver ou à en construire ou créer les conditions réelles favorables, générales ou locales. Mais quel que soit le degré qualitatif ou quantitatif  de “participation” à ce “travail”, de “collaboration” formelle ou informelle, chacune sait que PAR DÉFINITION de cette “Loi Morale Nouvelle”, elle ne peut pas exiger “légitimement – moralement”, au sujet de ces conditions réelles de l’ Égale Liberté, PLUS des autres personnes qu’elle n’est elle-même personnellement prête à fournir comme part personnelle de “travail” nécessaire.
  C’est ce que signifie l’ “ÉGALITÉ” de la “LIBERTÉ”.
Mais simultanément, également PAR DÉFINITION ( de la “LIBERTÉ” de cette “ÉGALITÉ” ) , une telle participation “équivalente” à l’ Égale Liberté, à la découverte et à la construction progressive des “conditions réelles” de sa “réalisation effective” , ne peut pas être en général évaluée à l’ aune d’une quelconque mesure comptable définissable a priori, même si chaque personne concernée s’engage ( par DÉFINITION , sa propre “Égale Liberté”  fondamentale Y est en cause ) à participer à ce Projet d’ Égale Liberté Libre Égalité dans une “mesure” au moins “équivalente” à ce qu’elle attend … des autres.

De très nombreux “contrats partiels” sont d’ailleurs librement envisageables, dans tous les sens imaginables de cette “partialité” et du pluralisme inhérent à cette “liberté”, à condition que les créateurs de ces contrats se demandent réellement en quoi leur travail “collectif” organisé par un tel “contrat partiel” ( politique, juridique, social, culturel, économique, etc. ) est réellement compatible avec le Projet d’ Égale Liberté Libre Égalité et donc en quoi ce contrat partiel n’est pas intrinsèquement contraire à l’ Égale Liberté d’autres personnes voulant établir d’autres contrats partiels censés rester également compatibles avec le Projet Idéal Commun à toutes les “Personnes également libres et librement égales”.









Une analyse de Paul Ricoeur concernant le lien éthique

L’ article complet peut être trouvé ici :
http://www.enfantsdestill.com/pages/Avant_la_loi_morale_lethique-5531075.html
Avant la loi morale : l’éthique
Paul Ricœur
( Paru dans Encyclopédia Universalis 1985 )
Le propos de cet essai est de mettre au jour l’intention éthique qui précède, dans l’ordre du fondement, la notion de loi morale, au sens formel d’obligation requérant du sujet une obéissance motivée par le pur respect de la loi elle-même. Si je parle d’intention éthique plutôt que d’éthique, c’est pour souligner le caractère de projet de l’éthique et le dynamisme qui sous-tend ce dernier. Ce n’est pas que l’idée de loi morale n’ait pas sa place en éthique. Elle a une fonction spécifique ; mais on peut montrer que celle-ci est dérivée et doit être située sur le trajet d’effectuation de l’intention éthique.

Je propose donc de distinguer entre éthique et morale, de réserver le terme d’éthique pour tout le questionnement qui précède l’introduction de l’idée de loi morale et de désigner par morale tout ce qui, dans l’ordre du bien et du mal, se rapporte à des lois, des normes, des impératifs.”

De nombreux éléments d’ analyse de la question éthique proposées dans cet article par Paul Ricoeur peuvent servir de point de réflexion et de comparaison avec notre propre proposition.
( par exemple la question du “pôle_je”, du “pôle_tu” et celle du “tiers de médiation neutre” …

Par exemple aussi le paragraphe suivant :

C’est ici, semble-t-il, qu’il faut placer la réflexion sur l’idée de valeur dans le prolongement de la méditation antérieure sur l’idée de règle; la justice, disions-nous, n’est pas une essence que je lis dans quelque ciel intemporel, mais un instituant-institué, grâce auquel plusieurs libertés peuvent coexister. Cette médiation en vue de la coexistence est peut-être la clé du problème : la justice est le schème des actions à faire pour que soit institutionnellement possible la communication, ou mieux la communauté, voire la communion des libertés. On peut dire encore que le désir d’ “analoguer” une liberté dans une autre liberté trouve un support dans l’ensemble des actions instituées dont le sens est la justice. La justice correspond à ceci : que ta liberté vaille autant que la mienne. La valeur est la marque d’excellence des actions qui satisfont à cette exigence.

 

ELLE, Loi Morale Nouvelle et Loi Morale Kantienne

Il existe une indiscutable parenté entre les conceptions kantiennes de la “moralité pure” et certains aspects “universalisables” de notre propre proposition de “Loi Morale Nouvelle”. Mais il y a aussi une différence radicale qui, d’une certaine façon, peut apparaître comme une “radicalisation” de la notion d’ “autonomie” de la personne, que la philosophie pratique kantienne a bien sûr fortement contribué à mettre en place, mais qui, à cause en partie des contraintes culturelles propres à son époque, mais aussi d’une confusion à l’intérieur du système de la “raison critique” kantienne, n’a pas permis à la philosophie kantienne d’aller au bout de son intuition pourtant déjà très élaborée de l’autonomie de la volonté d’une “personne”.

Un des points caractéristiques de divergence est également très clairement visible dans le fait que la “Loi Morale Nouvelle” dont nous parlons, tout en visant un horizon d’universalisation future très proche de l’idée kantienne du “royaume des fins”, n’a besoin d’aucun “postulat de la raison pratique” du genre “immortalité de l’ âme”, ni d’ existence d’un “Dieu moral”, pour assurer non seulement sa propre valeur morale, mais même sa réalisabilité progressive dans un avenir indéfiniment ouvert. Car cette ouverture est précisément “postulée” directement par la volonté autonome elle-même des “personnes souveraines, libres et égales” : sa valeur est définie de façon autonome ( ce qui est déjà le cas chez Kant, mais avec un principe d’universalisation malheureusement calqué sur l’universalité des “lois de la nature”  …  ),.
Mais nous disposons désormais aussi d’une toute autre possibilité d’action effective sur le réel universel, progressivement décrit par les disciplines scientifiques comme indéfiniment “rétro-contrôlable” par les moyens de la technique liée à ces développements scientifiques.

La conformité future des phénomènes réels à nos propres exigences morales autonomes dépend de plus en plus précisément de nos propres décisions autonomes, et non plus d’une supposée “raison divine” qui aurait accès à la “réalité en soi” alors que les êtres humains n’auraient accès qu’à une réalité “phénoménale” à jamais limitée par une “constitution transcendantale” … Établie par QUI ? Par la “raison divine” ou par la “raison kantienne” ? ou par une “structure anthropologique originaire” … elle-même constituée par un “malin génie philosophique” … ?

La distinction kantienne radicale entre “chose en soi” inaccessible et “phénomènes” seuls connaissables à travers une grille de “subjectivité transcendantale” n’est plus aussi pertinente qu’à l’époque kantienne, car nous avons de plus en plus de bonnes raisons théoriques de penser toutes nos capacités d’organisation “subjective”  de notre expérience, non plus en termes de “constitution transcendantale“, ni même de constitution “phénoménologiquement originaire“, mais bien dans le “réseau” totalement “immanent” de la “réalité” à la fois empirique et théorique où notre “pensée-conscience-cerveau” à la fois se prend comme “objet” de science et analyse sa propre capacité “subjective” à “constituer” de tels “objets”.

Tout “sujet” personnel actuel est ainsi aussi ( s’il veut se donner une telle représentation de lui-même … )  un sujet-objet et un objet-sujet dont la boucle auto-référentielle est simultanément suffisamment “fermée” pour pouvoir auto-produire sa propre “VALEUR” et suffisamment “ouverte” pour explorer de plus en plus efficacement l’espace des possibles physiques organisationnels de l’univers, qui permettent à une telle conscience personnelle de survivre un certain temps actuellement, tout en gardant ouverte une capacité créatrice de projection scientifico-technique dans le futur où sa propre “identité personnelle” peut être pensée comme suffisamment “reproductible” pour se “retrouver elle-même”, non pas dans telle ou telle incarnation ou configuration particulière de son passé, ( ce qui est très secondaire ), mais bien dans sa capacité organisationnelle d’autonomie personnelle consciente compatible avec l’égale autonomie personnelle consciente d’innombrables autres “entités organisées” dans l’ univers.

C’est bien une “idée” qui commence aujourd’hui à se répandre dans certaines conceptions dites “transhumanistes“, et dont il s’agit, pour ma part, de tester la compatibilité logique avec l’idéal d’une “Égale Liberté” de toute personne à pouvoir bénéficier, en y participant activement, des possibilités nouvelles ainsi ouvertes au niveau scientifico-technique …

Il n’ y a donc aucun “postulat de la raison pratique” nécessaire en-dehors de cette raison auto-référentielle : c’est désormais à ELLE-MEME d’assurer sa propre “immortalité” et sa propre capacité de plus en plus “divine” ( mais immanente ) d’assurer rétroactivement tous les contrôles rétroactifs conscients sur une réalité dont elle tire effectivement inconsciemment son “origine”. (Origine dans l’évolution de l’univers et du vivant et dans l’évolution des systèmes sociaux et culturels humains … dont nous étudions et formalisons après coup les “lois de la nature” , les “lois sociologiques, économiques”, etc. ). Mais  cette prise de conscience elle-même ( individuelle et collective ) crée désormais un tout nouvel “ordre du réel organisé” autoréférentiel et récursivement piloté par ces processus de “prise de conscience” mêmes, qui en retour en “augmentent” les capacités.

La corrélation entre la “moralité” ( se rendre digne du bonheur ) et le contrôle des conditions du réel qui doivent de plus en plus incarner un tel “souverain bien“, nous incombe donc désormais, du moins à toutes les personnes qui  veulent ainsi librement constituer leur propre souveraineté collective en se reconnaissant mutuellement comme “personnes souveraines sur elles-mêmes, libres et égales entre elles” …  et avec toute autre organisation matérielle de l’univers capable d’une telle prise de conscience individuée et prenant librement cette même décision de reconnaissance mutuelle.

Il est facile de comprendre comment une telle autonomie, tout en s’appuyant sur certains aspects déjà présents dans l’autonomie morale kantienne, en radicalise désormais le principe d’universalisation POSSIBLE, mais non pas dans un “impératif catégorique universel et nécessaire”, puisque désormais directement auto-fondé dans la liberté même ( comme “Égale Liberté” ) de toute personne qui choisit d’y participer ( … ou pas ) . L’ universalisation possible ne s’étend donc qu’aussi loin que la liberté de chaque personne veut en décider pour elle-même.

NouS” sommes désormais notre propre “recours” d’assurance future d’un “souverain bien possible”, pour autant et seulement pour autant que nous choisissons librement de participer à sa “constitution formelle” et à sa “construction réelle”, parce que c’est à ce prix que “NouS” devenons pleinement responsables de notre propre liberté autodéterminée, “en même temps” personnelle et collective ( … pour les personnes qui font ce choix … ).

Les “autres” … se débrouillent comme avant depuis toujours, avec leurs propres conceptions de la liberté, s’ils ne veulent pas d’une telle “Égale Liberté Libre Égalité” et avec la multitude des conflits insolubles que leurs divergences entraînent et entraîneront de plus en plus …

“Kant à Vous” …. comme toujours ici, c’est “Vous qui Voyez …”

La “Loi Morale Nouvelle” ici proposée ( “Égale Liberté Libre Égalité” ) ne présuppose aucune “éthique de la vulnérabilité” comme celle proposée par Corine Pelluchon

Dans le cadre du principe d’ “Égale Liberté Libre Égalité” ici proposé, il est bien sûr possible en plus d’adhérer librement à tout autre cadre “éthique” ou “moral”, ou “politique”, si ou pour autant que ces adhésions ne mettent pas  elles-mêmes en cause l’ Égale Liberté des autres personnes d’ adhérer à leurs propres cadres éthiques ou politiques personnels.

Les propositions philosophiques de Corine Pelluchon, par exemple, peuvent rester compatibles avec les nôtres, aussi longtemps qu’elles restent de l’ ordre de l’ “éthique personnelle”, ou  librement partagées par de nombreuses autres personnes dans divers cadres associatifs, mais aussi longtemps seulement qu’elles ne cherchent pas à s’imposer aux autres, à moi-même par exemple, sous prétexte d’une “universalité” que Corine Pelluchon ou ses épigones pourraient vouloir instituer pour leur “éthique de la vulnérabilité” ou leur “éthique de la considération”  et qui en viendraient demander aux autres de s’y soumettre dans un cadre institutionnel politique juridique commun.

Si je reconnais à Corine Pelluchon, comme à toute personne, la même liberté de pensée, de communiquer et d’agir  conformément à ses propres convictions,  que celles  dont j’exige la reconnaissance pour moi-même,  une telle obligation ne vaut pour moi  que pour autant qu’ elle est réciproquement reconnue :
En particulier je serai particulièrement attentif au respect de l’égale liberté individuelle de penser de chaque personne et de chaque citoyen et d’avoir sa propre “éthique” de référence pour ses choix personnels.

Si d’une façon ou d’une autre le type d’ “éthique de la vulnérabilité” ou d’ “éthique de la considération” défendu par Corine Pelluchon en venait à remettre en cause le principe général d’autonomie personnelle” dans un combat juridique et/ou politique de type “anti-lumières”, “anti-modernité”, etc. alors bien évidemment il serait clair que nous ne partageons pas le même idéal éthique commun d’ “Égale Liberté“, et donc j’ en tirerais librement la conclusion de ma propre opposition juridico-politique à une telle tentative d’ emprise idéologique “anti-lumières” sur nos institutions juridiques et politiques actuelles ou futures.

Si j’ évoque ici une telle perspective, c’est qu’ en effet un certain nombre d’ écrits de Corine Pelluchon ou de ses commentateurs peuvent laisser craindre que leur libre critique philosophique de la notion d’ “autonomie personnelle” pourrait se transformer  un jour en volonté coercitive
( juridico-politique ) d’imposer leur vision du monde à tous,
donc à prétendre que LEUR “monde commun”, c’est à dire LEUR vision idéologique commune  du “monde”, devrait être LE “monde commun” non seulement de tous les êtres humains, mais même de tous les animaux et êtres vivants, auxquels bien évidemment Corine Pelluchon ne demande pas leur libre vision sur la question … car elle pense savoir à leur place, en bonne écolo-maternaliste, ce qui est “bon pour eux”.

Le “monde commun de tous les vivants” c’est le monde pensé PAR l’ “éthique de la considération” et l’ “éthique de la vulnérabilité” de Corine Pelluchon … POUR et à la place de tous ces êtres vivants, qui, comme ils sont tous très “vulnérables“, ne peuvent bien sûr pas penser par eux-mêmes … et doivent donc, en toute “humilité“, se soumettre à la sollicitude, aux soins maternels et attentifs, ressentis et bichonnés pour eux par l’ empathie naturelle des  phénoménologues “éco-féministes”.

La nouvelle “éthique animaliste” n’a pour le moment pas beaucoup à craindre que les vrais “sujets” concernés, les animaux eux-mêmes, se mettent, à titre individuel, à réclamer leur autonomie morale personnelle.
Il est donc facile pour cette “éthique de la considération”, de chercher à “prendre soin” d’eux, comme les “citoyens” masculins libres et égaux prenaient naguère soin de leurs femmes et de leurs enfants …  ou les maîtres de leurs esclaves ( car il y  a toujours eu de “bons maîtres” qui prenaient soin et même tenaient en haute “considération” leurs esclaves, ou des patrons leurs ouvriers, et des dominants “protecteurs et considérants” pour leurs “considérés” ) .

L'”humilité” comme méthode … méthode bien connue de tous les prêchiprêchas visant à obtenir l’obéissance  à la loi du “monde commun” entre les dominants et les dominés, en démontrant aux “dominés” qu’ils ne peuvent s’en sortir, “vulnérables qu’ils sont”, qu’en acceptant la protection paternelle des “bons dominants”  contre les “vilains dominants”.
Pourquoi prendre ses ressources philosophiques pour construire de futures institutions morales, juridiques et politiques chez des prédicateurs cisterciens  ?

” Autonomie personnelle” ?  “Égalité des droits et libertés”  ?
Vous n’y pensez pas, c’est la porte ouverte à toutes les exploitations …
Soyez attentifs aux “vrais besoins des gens et des animaux”  …
Ils comptent sur VOUS, comme les petits enfants sur leurs “parents” !

Certes ce n’est plus “Dieu” qui est aux “commandes”, nous dit Corine Pelluchon, comme pour nous rassurer sur sa conception éthique “transdescendante”.
Mais à la place de Dieu, il y a le “monde commun” ( “Harmonia mundi ?” ) … et Corine Pelluchon est son professeur de vertu.

Extrait de l’interview au Figaro :
” Je suis allée chercher dans les lettres que Bernard de Clairvaux a envoyées au pape Eugène III alors en exil l’inspiration première de ce livre. Il souligne l’importance d’une réforme intérieure aidant les individus à rechercher et à garder la mesure en échappant à la tentation de la domination. La première étape est l’humilité, dont les morales antiques ne parlent pas et qui est liée au rappel de sa condition d’être engendré. Enfin, alors que pour Aristote le critère de l’action bonne est l’homme prudent, pour Bernard de Clairvaux le rapport à soi qui fonde l’unité des vertus traditionnelles (prudence, courage, tempérance, justice) passe par un rapport à l’incommensurable qu’il identifie à Dieu et que, pour ma part, j’identifie au monde commun. Ce dernier est composé des générations passées, présentes et futures, et du patrimoine naturel et culturel ; il constitue une transcendance dans l’immanence et donne une épaisseur à mon existence. La considération est l’expérience de l’incommensurable et, dans mon livre, elle ne désigne pas un mouvement ascendant vers Dieu, une transcendance, mais une transdescendance. C’est, en effet, en approfondissant la connaissance de moi comme d’un être charnel que j’éprouve réellement mon appartenance au monde commun et que la conscience du lien m’unissant aux autres, humains et non humains, devient un savoir vécu. Ma manière de me percevoir et de percevoir le monde change. La considération est le fait d’avoir le monde commun comme horizon de ses pensées et de ses actes. Je passe alors du «vivre de» au «vivre avec» et au «vivre pour» et à l’engagement en faveur du monde commun. Loin de conduire au mépris du monde présent, elle permet au sujet qui la pratique de prêter attention à chaque chose. “

Pour autant, il y a bien des analyses  concernant les insuffisances des philosophies morales et politiques classiques par rapport aux défis contemporains et futurs que je peux partager avec Corine Pelluchon.

Une présentation du parcours de Corine Pelluchon par elle-même peut être trouvée sur son site personnel.

A suivre ….

Remarque :

J’ai déjà proposé un autre article concernant la prise de position de Corine Pelluchon au sujet de la législation sur la “fin de vie”,  où elle se dit à titre personnel opposée à la légalisation du suicide assisté .
Sur ce thème aussi, l’ “éthique de la vulnérabilité” est particulièrement appelée en référence par les adversaires de la légalisation de l’euthanasie volontaire et du suicide assisté : où l’ on voit bien comment le lobby “catho-médical de droite”, proche de la mouvance “sens commun” et de la “manif pour tous” cherche à instrumentaliser les conceptions philosophiques de Corine Pelluchon …

 

 

Des multiples sens de l’ expression “Égale Liberté”

Des multiples sens de l’ expression “Égale Liberté”

L’ expression “Égale Liberté” a déjà une longue histoire qui se confond presque avec l’ histoire de la philosophie “moderne” ou encore de l’ “Esprit des Lumières”.

En voici une formulation célèbre en termes de définition du “droit”  :

Le droit est la limitation de la liberté de chacun à la condition de son accord à la liberté de tous en tant que celle-ci est possible selon une loi universelle.”      Kant, Théorie et pratique Dans la Critique de la Raison Pure
( trad. A. Tremesaygues et B. Pacaud, Paris, 1944, p. 264 ) :

Une constitution ayant pour but la plus grande liberté fondée sur des lois qui permettraient à la liberté de chacun de subsister en même temps que la liberté de tous les autres (je ne parle pas du plus grand bonheur possible, car il en découlerait de lui-même), c’est là au moins une idée nécessaire qui doit servir de base non seulement aux grandes lignes d’une constitution civile, mais encore à toutes les lois, et où il faut faire abstraction, dès le début, des obstacles actuels, lesquels résultent peut-être moins inévitablement de la nature humaine que du  mépris que l’on a fait des vraies idées en matière de législation

En un certain sens , du point de vue de l’ énoncé de l’idéal théorique “formel”, tout de ce que “NouS” proposons sous l’ expression “Égale Liberté” y est déjà dit et en quelque sorte inclus, et tout objecteur à notre proposition peut ainsi à la fois prétendre récuser une certaine “originalité” ou “nouveauté” de notre proposition dans laquelle “NouS” ne ferions que répéter inutilement ce que d’autres penseurs ont depuis longtemps déjà proposé, et NouS objecter précisément toutes les mêmes objections qui ont été faites depuis longtemps à cet énoncé d’un principe d’ “Égale Liberté”.

Cependant, qu’il s’agisse de Rousseau, de Kant, des penseurs de la Révolution française ou américaine, ou plus récemment de philosophes de la politique ou du droit comme John Rawls, etc. il s’agissait toujours pour eux de prétendre qu’une telle proposition faisait partie du fondement d’un “Droit Naturel”, quelles que soient par ailleurs les ambiguïtés de la référence à une “nature humaine” ou à une “nature” en général.
Comme si la “justification” d’une telle proposition devait nécessairement se trouver dans un “fondement” extérieur à la liberté même dont cette proposition proclame la valeur.

Certes, des auteurs comme Rawls ( ou Habermas, ou ceux qui proposent en général une “éthique de la discussion”, ou comme Francis Wolff un “principe de réciprocité” dérivé d’une “raison dialogique humaine” ) ont bien vu qu’on ne pouvait pas se contenter d’un simple appel à une “nature” toujours suspecte de revenir à un fondement “ontologique” plus ou moins “divin”, même si on emploie des termes alternatifs alambiqués comme “transcendantal” ou “originaire” pour prétendre énoncer une “valeur rationnelle  objective” constituante de l’ “humanité”,  de l’ éthique et du droit, mais qui ne soit pas elle-même “constituée” par les hommes réels, par leur évolution bio-psycho-sociologique et par l’ histoire de leurs relations.
Chez Rawls on voit ainsi ( à travers la fiction du “voile d’ignorance” ) un essai de formuler les “premiers principes de justice” en prétendant les tirer d’une simple “procédure” que l’on suppose cependant à valeur “universelle” … ( du moins pour les “démocraties occidentales” ).

Mais toute “procédure” ne VAUT que pour ceux qui font le libre choix de l’utiliser pour réguler leurs interactions à partir de cette “valeur commune” ou de cette “procédure” commune.
Si l’intérêt de toute démarche d’explicitation procédurale est en en effet de pouvoir constituer une base de représentation “explicative” ou même “compréhensive” commune à des interlocuteurs qui ne partagent pas a priori les mêmes convictions, opinions ou représentations, elle est insuffisante pour conférer de la “valeur” aux conclusions tirées de cette démarche procédurale si la “valeur” de la procédure n’est pas elle-même reconnue. Car il faut déjà que les interlocuteurs se soient eux-mêmes suffisamment mutuellement reconnus comme libres participants à la “règle du jeu” “dialogique” proposée par l’un d’entre eux …
Sinon on en revient, même implicitement, à une méta-règle du jeu “transcendante”.

Si notre propre proposition d’ “Égale Liberté Libre Égalité” se limitait en effet à son premier membre ( “Égale Liberté” ) , NouS aurions en gros les mêmes problèmes et difficultés à répondre aux objections historiques des contradicteurs ou des opposants au principe d’ “Égale Liberté”.

Mais précisément, NouS déclarons que notre propre version de cette proposition d’ “Égale Liberté” ne se prétend plus, ni  “fondée en nature”, ni reposer sur une “raison” a priori universelle , ni sur une quelconque “structure anthropologique” et encore moins sur une quelconque “constitution transcendantale” ou “originaire” qui échapperait à la volonté humaine tout en la “constituant”. 
Nous reconnaissons donc la légitimité des objections “positivistes” ou “historicistes” , “relativistes” ou encore “matérialistes” ou “empiristes”, qui visent à relativiser toute cette prétention à l’ universalité du fondement du droit ou d’une “éthique universelle”.
Ou encore celles qui ont été énoncées depuis longtemps par les “maîtres du soupçon” ( Dont la triade Marx, Nietzsche, Freud et leurs multiples descendances hybrides ), ou par les dénonciations “post-modernes” du “sujet” ou de l’ Homme”, structuralistes ou post-structuralistes.

Cependant une telle “relativisation” liée à une analyse empirique factuelle des phénomènes évolutifs humains, culturels, politiques, économiques, sociaux,  ou encore plus radicalement, à la simple créativité esthétique ou artistique personnelle, n’ “oblige” précisément personne non plus à renoncer à un tel IDÉAL d’ “Égale Liberté”,  sous prétexte qu’il ne serait pas inscrit dans un marbre “transcendantal” d’une table de la loi “universelle et nécessaire”, ou dans une “loi naturelle”, ou qu’il ne serait pas implicitement “reconnaissable” dans quelques régularités culturelles ou sociales empiriquement et statistiquement déjà constatables dont un tel Idéal ne ferait que représenter l’ “idéal-type” caricatural et simplificateur.
( Ce qui est la thèse de différentes formes de scientismes ou de positivismes pour lesquels le “droit” n’est jamais qu’une consolidation postérieure artificielle  de comportements et d’évolution de ces comportements déjà existants dans le réel et obéissant par conséquent intégralement  à toutes sortes d’autres causalités que celles qui résulteraient d’une rétroaction d’une telle formulation idéale du droit sur la réalité elle-même ).

D’où peut alors venir un tel “fondement” de ce qui est proposé ici sous l’ expression “Égale Liberté“, PAR QUI et POUR QUI, sinon des personnes elles-mêmes qui, EN TOUTE LIBERTÉ PERSONNELLE précisément, font le choix éminemment personnel d’en faire pour ELLES-MEMES, leur propre IDEAL commun. LIBRE CHOIX dont NouS proposons l’institution, sous le nom de “Libre Égalité“, en même temps ( dans la même formulation et proposition “constitutionnelle” ), que celle de l’ “Égale Liberté“.

C’est donc leur liberté même, auto-posée comme valeur, qui “justifie” et “fonde en droit”, la valeur de cette liberté pour les personnes concernées, c’est à dire qui se sentent ou se veulent concernées par une telle proposition, probablement parce qu’elles l’ont déjà plus ou moins implicitement formulée pour et par elles-mêmes, sans attendre qu’une autre personne la formule à leur place.
Il suffit alors de s’apercevoir qu’une telle libre auto-fondation de la valeur de sa propre liberté personnelle, toute autre personne capable d’ en comprendre le principe ( VOUS par exemple ), PEUT aussi Y adhérer et accepter que d’autres personnes qu’elle-même en partagent à la fois les droits et les devoirs éventuels, en toute “Égale Liberté“.
Ce n’est plus alors une quelconque “transcendance” ni structure a priori du fondement du droit ou de la morale qui obligerait un “sujet” à Y adhérer, ni bien sûr non plus une quelconque entité collective empirique existante ( État, Nation, Peuple, Communauté, Société, Humanité … ) considéré comme “préalable” ou empiriquement constitutive de la “subjectivité” de ses membres.  C’est purement et simplement, un acte libre de la personne elle-même qui instaure et institue la VALEUR de sa propre liberté à ses propres yeux.

Décision qui en conséquence lui pose la question OUVERTE, non seulement de sa propre liberté actuelle, présente, hic et nunc, mais de toute liberté future possible ouverte en droit à partir d’une telle décision, et de sa reconnaissance dans les mêmes termes, de l’ Égale Liberté de toute autre personne dans l’ univers qui prend ou prendra un jour, pour et par elle-même une telle décision.
La libre décision personnelle de considérer toute autre personne faisant un tel choix comme rigoureusement ÉGALE “en dignité et en droits”  pour autant que celle-ci, prend elle aussi, cette “même” libre décision.

S’agissant des “Droits Humains” , il s’agit alors d’une nouvelle extension de ces droits et libertés et donc des “devoirs” qui en découlent pour leur réalisation “effective”, mais non plus fondés sur un “droit naturel” supposé “valoir” pour tous les êtres humains et obliger tous ces êtres humains à partir d’une “constitution” ou un “contrat originaire” qui échapperait à leur propre libre volonté personnelle, ni d’un “droit positif” supposant la “légitimité” préalable de la “souveraineté” instituée par le jeu des “forces” sociales, politiques, historiques, culturelles, etc.
( Nations, peuples, communautés d’origine éthniques, linguistiques ou religieuses, etc. )

Il s’agit du fondement d’un nouveau type de DROIT  DES PERSONNES qui ne vaudra que PAR et POUR les “personnes souveraines” qui  instituent collectivement entre elles la valeur autonome de leur “Égale Liberté et Libre Égalité“.

Tout “être humain” ( et plus largement tout être conscient de l’ univers capable de comprendre ce qui est en jeu …) est bien sûr “invité” à rejoindre ce nouveau statut de “personne souveraine, libre et égale” , mais il ne peut, PAR DÉFINITION, ni y être contraint par la force, ni même “obligé” par un supposé “contrat humain ou anthropologique originaire”, ni par une “dignité inhérente à l’ espèce humaine” mais qui ne serait pas elle-même définie et décidée par ces mêmes êtres humains ( ou en général êtres personnels conscients et capables de volonté.individuée )

Ce n’est qu’une libre décision de sa part, et donc la reconnaissance de l’ Égale Liberté des autres qui l’ accompagne, qui peut l’ engager lui-même dans cette voie.

Quant à VOUS, c’est vous qui voyez …

REMARQUES ET COMMENTAIRES


On peut trouver des éléments d’analyse historique du principe d’ “Egale Liberté” dans ce texte en ligne de Alain Laurent :
 http://www.catallaxia.org/wiki/Emmanuel_Kant:Les_justes_droits_d’%C3%A9gale_libert%C3%A9

Extrait :

” Lorsqu’il a invoqué cette norme dans la Théorie de la justice, Rawls n’a fait que reprendra son compte un principe énoncé depuis deux siècles déjà par Jefferson et Kant, qui, au beau milieu de… la Critique de la raison pure, présente comme une « idée nécessaire » celle d’une « constitution ayant pour but la plus grande liberté humaine fondée sur des lois qui permettent à la liberté de chacun de pouvoir subsister en accord avec celle des autres ». La formulation définitive en est revenu à Spencer dans les Social Statics puis les Principles of Ethics : « Chaque homme est libre de faire ce qu’il veut pourvu qu’il n’atteigne pas l’égale liberté de tout autre homme ». Ce que Popper a repris sous une forme négative : « la liberté de chaque individu ne doit pas être restreinte au-delà de ce qui est nécessaire pour assurer un égal degré de liberté pour tous » (La société ouverte et ses ennemis, II). “

On peut trouver en ligne de nombreuses références à l ‘ Idée centrale dont il est question, notamment formulée par Kant :

Voir par exemple ici : La philosophie du Droit de Kant  de Simone Goyard Fabre


( Sous – remarque :
Cette liberté pragmatiquement en acte ( pensée langage  outil ) rétroagit sur l’ “objet concept” qu’elle “construit” sous ce mot “liberté” et réciproquement :
c’est donc de cette spirale récursive auto-référente qu’il est ou qu’il devrait toujours déjà être question : encore faut-il attendre que l’ évolution des capacités technico-scientifiques en démultiplie les implications libres potentielles. ( par exemple par la modélisation informatique )
Il ne s’agit bien sûr pas d’oublier les “déterminismes culturels et sociaux” ou les contraintes proprement “formelles” ou linguistiques ou “structurales” qui peuvent infléchir de façon complexe les dynamiques personnelles, interpersonnelles et collectives des interactions entre ces nombreuses “libertés de penser” individuelles.
Mais dès qu’on s’aperçoit de la dimension proprement “récursive” donc en un sens “auto-référentielle” et par exemple “auto-éco-géno-phéno-ré-organisante” ( comme dirait Edgar Morin …) de la “liberté se posant elle-même”, nous ne pouvons plus nous laisser impressionner par le simplisme de supposés “déterminismes” univoques ou linéaires qui interdiraient de donner un sens quelconque au mot “liberté. Si on se place du point de vue d’une analyse “causale” naturaliste ou physicaliste alors il faut au moins se reporter à des modélisations en termes de “systèmes complexes”, car ce que nous appelons “liberté” ne se “réfère” qu’à des dynamiques organisationnelles “émergentes”  supposant une “complexité” suffisante des interactions, notamment cérébrales, pour former une “prise de conscience psychologique”. )

2. Mais la plupart de ces penseurs de l’ “Égale Liberté” ont proposé cependant que cette “même idée” soit un “principe universel”, voire même que leur propre formulation personnelle prétende à une telle “universalité” ( C’est notamment le cas de Kant … ).
La problématique d’une telle universalité elle-même problématique est bien sûr à relier au concept même de “liberté” : un même MOT ( ou éventuellement quelques uns comme en anglais “liberty” et “freedom” ), peut être “librement” pensé avec une certaine variabilité de son contenu liée notamment à l’ exploration personnelle LIBRE de cet espace sémantique et de ses implications linguistiques, culturelles, poétiques  ou “pragmatiques”.
Comment se fait-il que ces penseurs n’ aient pas remarqué que la notion même de “liberté de penser” était réapplicable “récursivement” à l’ expression “liberté de penser” ? Et donc que chacun est précisément “libre de penser” ce que signifie “être libre de penser” … tout en étant en effet en train de “tourner” ou de “graviter” autour d’une “même idée”. Et que c’est donc cette liberté de penser elle-même qui d’une certaine façon limite l’ unicité et l’univocité radicales de l’idée de “liberté”.
L’ idée de “liberté” est donc par excellence à la fois “une” ( comme le signale l’usage d’un mot ou de quelques mots dénotant cette “idée” ) et plurielle, à cause du contenu sémantique même de cette idée : “La liberté” se décline LIBREMENT en de multiples “libertés” et de significations possibles de ces “libertés” … pour chaque personne librement pensante et volontairement agissante.

Remarque :
Kant lui-même était bien placé pour savoir que la “critique de la Raison” ne pouvait être menée que par la Raison “elle-même, donc dans une “boucle” autoréférentielle. Évidemment, pour cela il faut renoncer à l’universalité a priori, sauf si on DÉCIDE LIBREMENT de définir désormais un tel “a priori” comme caractérisé par cette “autoréférence même”, qui n’ a donc plus rien de “transcendantal”, mais est – par sa propre autodéfinition autoréférente – totalement “immanente” à elle-même, c’est à dire au “sujet” personnel lui-même qui s’y pose en effet lui-même “comme tel”, comme “sujet libre”.
( On est alors plus proche de l’ “esprit absolu” hégélien , où tout “dehors” supposé nécessite au moins que cette “extériorité” soit pensée … de l’ “intérieur” de l’ esprit … ou devienne une “pensée vide” ).

3. Concernant l’ idée d’ “Égale Liberté”, l’usage de l’ adjectif “égal”  est bien sûr problématique aussi : il est évident qu’on ne peut pas comparer les “libertés” comme on compare des “grandeurs” numériquement mesurables ou ordonnées.
La plupart du temps où l’on pense, imagine ou perçoit la liberté d’une personne comme “supérieure” ou “inférieure” à celle d’une autre ou encore pour une même personne comme supérieure ou inférieure suivant les moments et les circonstances, ce sont précisément certaines “conditions” empiriques d’ exercice de la liberté qui sont considérées comme différentes ou “comparables” sur différentes échelles d’évaluation.
Si on parle d’ autre chose ( de la “liberté en soi” indépendamment des conditions empiriques d’exercice de cette liberté), il s’agit alors d’une valeur que l’on pose et qu’on “attribue” , et cette position dépend donc de la décision de la personne qui pose cette valeur et choisit cette forme d’ évaluation.
Rien ne m’ empêche de “décréter” la valeur intrinsèque et auto-référente de ma liberté … sauf éventuellement ma liberté elle-même qui alors s’affirmerait tout autant … :
Si je me décrète “libre” de décréter la valeur intrinsèque de ma liberté, je CRÉE ce cercle auto-référent, non pas certes de l’ ensemble des conditions empiriques  d’ exercice de cette liberté ( qui ne dépendent qu’indirectement de ma volonté  consciente ), mais le cercle auto-référent de sa “valeur morale” pour moi, puisque je décrète en même temps, que toute autre “valeur morale” supposée n’ en aura pour moi qu’ à l’expresse condition de ma propre liberté de jugement à cet égard.

Évidemment, il n’ en résulte nullement ( contrairement à l’ “universalisme a priori” de type kantien ) que “tout être humain” DOIVE en faire de même, et DOIVE de la même façon que moi, “décréter” la valeur auto-référente de sa propre liberté, au nom d’un “impératif catégorique” transcendantal :
l’ inconditionnalité de sa liberté signifie précisément qu’il PEUT le faire, comme moi j’ ai décidé de le faire, mais qu’il PEUT aussi le refuser, en participant ainsi à la “constitution” d’une autre conception éthique, juridique et politique que celle que je propose, mais à laquelle je ne me sentirai aucune obligation ni éthique, ni juridique ni politique de “participer”, si ma propre capacité de décision libre ultime m’ est refusée.

Dès qu’on cherche à traduire l’ énoncé formel d’une liberté en termes de “conditions réelles” de l’ exercice de cette liberté, on peut être amené à comparer ces diverses conditions entre elles.

L’ exigence de l’ “Égale Liberté” ne se traduit pas ( sauf dans une version “égalitariste” simpliste et totalitaire ) par l’ “égalité numérique” des grandeurs physiques ou économiques associées, mais par des questions posées au sujet de leur ÉQUIVALENCE en termes de “liberté” individuelle et/ou collectivement choisie. Or cette “équivalence” effective  des conditions réelles d’une “Égale Liberté” est bien sûr fonction des personnes, des situations, etc.
Elle concerne donc d’abord l’ “Égale Liberté” au moins formelle, de chacune des personnes concernées, de participer à une telle “évaluation” collective, lorsque cette évaluation collective devient nécessaire à cause des conflits qui surgissent dans la réalité, même entre des personnes dont on supposerait qu’elles adhèrent librement au principe d’ “Égale Liberté” entre elles. Bref cela suppose le droit de chacune à participer “également” à la définition des “lois minimales” nécessaires à la sauvegarde et au progrès de leur commune “Égale Liberté”.
Il appartient donc essentiellement à chaque personne de  définir avec d’autres personnes dans quels cadres de “bien commun”, d’ “intérêt commun”, de “projet commun”, etc.  elle veut établir des normes communes d’égale protection réciproque de leurs libertés respectives.

Bien sûr une telle mutualisation volontaire choisie des conditions concrètes d’ exercice des libertés ne peut pas s’installer du jour au lendemain dans des sociétés réelles marquées depuis une longue histoire culturelle, économique, sociale et politique par la “tutelle” exercée sur ses membres par une ou des collectivités complexes d’ “appartenances” multiformes et imbriquées.

Il appartient donc désormais à chaque personne de se poser dès aujourd’hui la problématique de ses “appartenances” ou “identités” collectives complexes, d’en analyser les causes et les effets, et de savoir qu’elle aura de plus en plus à décider par elle-même du type de lien culturel, social, économique, politique, etc. qu’elle voudra tisser avec d’autres personnes.
(
On peut aussi voir à ce sujet certaines approches “multiculturelles”, ou certains essais concernant la “créolisation”, ou du “faire rhizome” à la manière d’ Edouard Glissant, mais de nouveaux totalitarismes guettent rapidement ceux qui veulent que le “tout-monde” se fasse … à leur façon … )

4. Très rapidement, à partir d’une certaine idée d'”universalisation” possible de l’ idéal d’ “Égale Liberté”, se pose la question de savoir si, comment et par qui cet idéal sera ou devra être “partagé”.
D’autant plus que, comme nous venons de le voir, il n’y a pas pour “NouS”, de “vérité universelle” en cette matière normative, et que des points de vue particuliers différents de philosophie morale, politique ou économique sont défendables par les uns et les autres ( du genre “utilitarisme”, “droits naturels”, “libéralisme”, etc. )

– On connaît ici la “réponse” de certains, notamment de Rousseau, qui y répond en prétendant que la seule “solution” est de “contraindre chaque citoyen à être libre” ….
J’ ai déjà exposé plusieurs fois sur ce site en quoi précisément JE rejette radicalement cette idée que l’ “Égale Liberté” dont il est question puisse être imposée à tous par la contrainte : c’est très exactement ce qui a conduit aux totalitarismes d’ “extrême gauche” qui ont illustré notamment le XXème siècle.
C’est très exactement une des raisons fondamentales pour lesquelles je propose, de façon immédiatement complémentaire au principe d’ “Égale Liberté”, celui réciproque de la “Libre Égalité” .

– Ce qui signifie que ceux ( les personnes ) qui veulent cependant à nouveau tenter une telle “constitution” prétendant “contraindre les citoyens à être libres” , ou qui invoquent une “souveraineté nationale” ( ou “communautaire” ethnico-religieuse ou autre collectif coercitif, même prétendu de “droit naturel”  ou à la manière d’un “tout-monde” écologique ) permettant à une “majorité” d’imposer sa dictature sur l’ ensemble des personnes résidant sur un territoire, PEUVENT évidemment le faire ENTRE EUX si ça leur convient ( ils ne ME demanderont d’ailleurs probablement pas MON avis …)  : c’est à EUX de penser si et à quelles conditions cela est réellement possible dans le monde actuel …

Simplement JE ne participerai pas à leur “constitution”, j’ essayerai de “survivre en marge” … en ayant le moins besoin de leur accord ou de leur soutien “communautaire”, en “constituant” ma propre référence “collective” désormais avec TOUTE personne librement en accord ( à partir de son propre choix personnel ) avec un Idéal commun d’ Égale Liberté et n’ayant donc plus besoin au niveau “symbolique” ou théorique d’une quelconque “contrainte” ou “obligation” ( sauf celle qu’elle se donne à elle-même dans ce libre choix assumé de l’ “Égale Liberté” ) pour établir avec moi-même et les autres personnes animées par la même libre décision personnelle, la motivation projective commune fondamentale ( à long terme ), au-delà ou “par-delà” les anciennes autres “appartenances” ou “identités” multiples actuelles ou “alternatives”. Cette motivation ou “sens” d’un projet commun possible ( que je propose de nommer provisoirement “Projet de l’ Égale Liberté Libre Égalité” pour  en indiquer suffisamment simplement l’ esquisse ) est potentiellement constituant d’un “NouS” dans lequel désormais je reconnais librement toute “personne souveraine libre et égale” comme co-citoyenne pour autant qu’elle me reconnaisse ainsi qu’à toute autre personne faisant cette même démarche la même égale co-citoyenneté.

5. Prolongement et différence avec l’ Idéal d’ “émancipation” des Lumières.

En un certain sens , certains verront dans ma proposition une simple reprise de l’ Idéal “moderne” des Lumières :

– certains pour dire que ma proposition n’est qu’une pâle copie des Idées philosophiques “originales” de cette époque, et qu’il vaut donc toujours mieux s’adresser aux sources mêmes de la philosophie des “Lumières” , relire les “philosophes” du XVIIIème siècle,  ou parcourir la longue “histoire des idées” qui ont conduit à ces “Lumières” de la “Raison”.
– d’autres pour en conclure immédiatement que les critiques adressées depuis longtemps et actuellement à la tradition des Lumières ( romantisme, Marx, Nietzsche, Freud, … les sciences humaines, le structuralisme … ou tout “anti-modernisme”, “post-modernisme”, “déconstructivisme” ou “critique de la critique” contemporains qu’on voudra convoquer à cette fin  ) valent par conséquent aussi pour “déconstruire” ou réfuter d’avance ma propre proposition.

Je ne renie évidemment pas une telle “parenté” avec l’ “Esprit des Lumières“, dont le choix de l’expression “Égale Liberté” est aussi significatif.
Mais, dans ma propre proposition on ne retrouve plus du tout ni de recours à un universalisme a priori de type kantien, ni à un quelconque “droit naturel”, ni à une “loi de l’Histoire et du Progrès”, ni même à l’ idée qu’un tel “projet d’ émancipation” devrait “nécessairement” valoir pour tous dans un “commun” coercitif.

– si je retiens l’ universalisme POTENTIEL ( ouverture du projet à toute personne capable d’en comprendre le contenu de proposition minimal  ),
l’ exigence simultanée explicite de la “Libre Égalité” signifie précisément que cette proposition, loin d’ être basée sur une sorte d’ impératif catégorique, transcendantal ou anthropologique ou sur un quelconque ordre de la “Raison humaine universelle”, est directement indexé sur la LIBRE DÉCISION PERSONNELLE d’y adhérer.

Et qu’ en particulier la nouvelle inflexion de sens proposée pour l’ expression “Égale Liberté” est désormais  marquée en retour par le sceau de cette “Libre Égalité” dont la dynamique justificative ne peut provenir que de la liberté individuelle et non d’un collectif historique, culturel ou social supposé “préalable” ( même pas celui de la “Tradition des Lumières”, et ceci d’autant plus que les “Lumières” consistent précisément toujours à questionner toute “Tradition” de façon “critique” …)

Et encore moins de la supposée “démocratie” de “peuples” ou de “corps politiques” qui seraient déjà considérés comme “constitués”. Car c’est de la constitution même de nouvelles formes de “corporéités” politiques, qu’il est ici question, à partir de la libre décision de chaque “personne”, considérée comme “souveraine sur elle-même” , de former de tels “nouveaux corps politiques” avec d’autres personnes explicitement reconnues comme aussi “libres et égales” qu’elle-même se reconnaît ainsi “en toute souveraineté”.