La proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” est- ELLE une proposition nouvelle dans le champ théorique de la “philosophie politique” ?

Dans “Qu’est-ce qu’une société juste ?” ( SEUIL, 1991 ), Philippe Van Parijs examine, en tant qu’ “introduction à la pratique de la philosophie politique” ( Sous-titre de l’ ouvrage ), diverses positions “classiques” en débat, notamment dans la philosophie politique “anglo-saxonne”. Il participe lui-même à ce débat, en essayant de défendre au chapitre 9, une position qu’il appelle “réal-libertarienne”, et la considère comme une “réponse cohérente aux néolibéralismes”, tout en examinant diverses objections possibles à cette position.

Sur un certain nombre de points, je pourrais rapprocher ma proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” de celle d’un tel “réal-libertarisme”.

Cependant, au moins un problème fondamental reste toujours le même, qui distingue ma proposition de pratiquement toutes les positions de “philosophie politique”, c’est qu’elles ont toutes une “prétention à l’universalité”, au sens où leurs auteurs prétendent faire de leur propre “théorie de philosophie politique” une théorie rivale des autres , dans un espace où il existerait une forme ou une autre de “vérité”, comme il est possible de le postuler dans l’ espace des théories scientifiques des critères de “falsifiabilité” ( Popper ) qui permettent, au moins de façon provisoire minimale, d’établir un réel consensus dans la “communauté scientifique” sur les éléments théoriques et pratiques fondamentaux admis par tous les membres de cette communauté “dans l’ état actuel des connaissances” .

Ce qui différencie fondamentalement tout débat “philosophique”, y compris dans les domaines techniques comme la “philosophie morale et politique” etc. ,
c’est que notamment dans les domaines où une certaine “normativité” est en jeu, la “liberté” de chaque participant individuel au débat, est directement et obligatoirement partie prenante, non seulement comme “objet” du débat, mais comme directement impliquée dans la pratique du débat et de l’argumentation.

Or, – et c’est une libre décision personnelle de ma part -, l’apparition “métalinguistique” de cette dimension de la liberté de chaque personne énonçant par elle-même, “librement”, ce qu’elle pense de sa propre liberté, de celle des autres, et de “LA Liberté” en général, introduit un saut qualitatif dans la logique organisationnelle du débat qui ne saurait en aucun cas se réduire aux méthodes diverses d’établir un consensus de type “scientifique” concernant simplement soit le “constat factuel, observationnel ou expérimental” commun, soit le débat sur les meilleures “théories explicatives” à établir relativement à ces constats factuels.
Là où les controverses scientifiques proprement dites peuvent porter sur les méthodologies descriptives d’un “même réel supposé commun” ( postulat de “réalisme” physique fondamental des “objets de la science” , aussi complexes et organisés soient-ils ) et non sur les simples choix volontaires des uns et des autres, je pose librement que la question propre de la liberté elle-même, implique nécessairement la libre participation des libres choix des personnes concernées par ces débats, et n’est réductible d’aucune façon au simple examen des “explications” théoriques provenant de toutes sortes de “sciences humaines, psychologiques, sociales, culturelles, linguistiques, etc. “, effectivement intéressantes à étudier, mais dont les “conclusions factuelles” , si elles existent, ne sauraient en aucun cas servir directement de “norme” d’un quelconque “devoir être”.
Les débats sur la liberté et donc notamment sur une “Égale Liberté”, ne peuvent donc, – dans ma proposition – faire l’économie de la rétroaction de la liberté de penser sur elle-même, qui se reconnait donc elle-même librement, comme “libre”.

“ELLE” : Un MEME contrat moral

La Proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” constitue, pour les personnes qui adhèrent ( par définition librement ) à cette proposition, plus qu’une simple “proposition”.

Adhérer à cette proposition signifie en faire pour soi-même une formule suffisamment signifiante pour devenir son propre libre idéal de valeur régulatrice à suivre , et accepter en même temps qu’un grand nombre de “personnes” pourraient suivre ce MÊME idéal sans contradiction.

L’extension possible de cet Idéal Commun ( le PIC : Projet Idéal Commun” ) à une multiplicité indéfinie de “personnes” ne se limite pas à l’appartenance de ces “personnes” à une espèce biologique particulière, en l’occurrence aux “êtres humains”, mais ouvre un projet universalisable à toute autre forme d'”être raisonnable” dans l’ Univers.
( j’ ai proposé aussi d’appeler cette multitude possible : le “P.E.U.P.L.E.“)


Mais cette extension possible ne peut exercer aucune contrainte ni obligation a priori pour ces personnes en général ( qui en langage kantien sont appelées “êtres raisonnables” ) , ni pour des “personnes humaines” en particulier.

Elle n’aura de “valeur” ( valeur dite “morale” ) que pour et par les personnes qui en adoptent librement l’énoncé. La façon dont elles cherchent à traduire cet énoncé commun en termes de formes et de contenus de pensées, d’expression ou d’actes, de façon personnelle est donc a priori extrêmement variée.
Mais toutes ces façons “personnelles” d’interpréter le Projet Idéal Commun doivent être suffisamment compatibles les unes avec les autres , pour que chaque personne puisse considérer qu’en mettant “en œuvre” cette formulation idéale commune, elle ne contraint ni n’oblige aucune autre à “faire” comme elle, dans la réalisation singulière ou “propre” de chacune de ces mises en œuvre personnelles.

Nous voyons ici, à la fois la proximité de notre problématique avec la problématique “critique” kantienne, mais aussi une divergence librement et volontairement assumée : l’ “universalisation possible“, que nous proposons également comme critère de la “moralité nouvelle” , n’est pas un “universel a priori” au sens où cette “forme universelle” s’imposerait dans sa pure forme de “légalité” à “tous les êtres rationnels et raisonnables”, ce qui est le point de vue kantien ( et plus largement de beaucoup de formes d’ “humanisme universaliste”), avec notamment comme effet l’apparition de la notion de “devoir” ou encore d’ “impératif catégorique”, comme chez Kant.
( Remarque : Kant lui-même considère d’une certaine façon que les idées de “liberté” et de “loi morale” sont équivalentes …, mais réserve cette équivalence à une forme d’ “élite” de “saints” . Mais c’est bien parce que finalement, il soumet la liberté à une “loi morale” dont il imagine l’ “universalité” sur le modèle extérieur des “lois de la nature”et de la physique newtonienne qui vient de montrer son succès )

Si une “forme pure de la moralité” doit POUVOIR apparaître dans une telle recherche “critique”, c’est d’abord sous la forme de la LIBERTÉ, et donc dans l’ “autonomie de la volonté“, où cette “LIBERTÉ MÊME” devient la “MÊME LIBERTÉ” , pour et par l’ “autonomie de la volonté” des personnes ou “êtres raisonnables” qui se pensent et se veulent effectivement comme des “volontés autonomes”, c’est à dire capables ( “POUVANT” et non pas “DEVANT” a priori ) de faire un tel libre choix, mais précisément, non pas “impérativement” ou “par devoir“, mais uniquement d’abord “conditionnellement” : sous la condition de leur propre libre adhésion à une telle “loi morale”, qui ne peut, – par la libre définition que je pose – se réaliser qu’en étant simultanément “Égale Liberté et Libre Égalité” : le type de “légalité morale” ne pouvant alors être que la résultante d’un libre choix d’adhésion, qui PEUT certes être a posteriori partagé par beaucoup, mais qui ne saurait, sans contradiction avec l’ idée même de Liberté, s’imposer “universellement a priori“.

Notre position est donc très claire : quelque chose comme la “pureté de la loi morale kantienne”, n’est précisément formulable que sous l’expresse condition de la liberté de sa formulation. A cause bien sûr du rôle absolument décisif joué par la liberté même de chaque personne, c’est-à-dire de l’ “autonomie personnelle” irréductiblement liée à une telle formulation, même si et surtout si elle se veut “universalisable“, sous condition de cette liberté même, à la fois comme libre principe de “loi personnelle”, et comme étant, à cause du respect de cette autonomie même, potentiellement universalisable.

La “moralité nouvelle” ( notre “Loi Morale Nouvelle” ) se signale donc par le critère d’une universalisation possible ( à tout “être raisonnable” dans l’univers physique qui en ferait le libre choix “personnel” ) mais qui n’implique aucune extériorité ou “hétéronomie” d’un tel libre accord, qui ferait apparaître cette “loi ” comme s’imposant “à tous”, en excluant ainsi un libre choix individuel dont pourtant elle prétend énoncer la possibilité universelle.

Chaque personne entre ainsi dans une forme de “contrat moral” ( “moral”, précisément parce qu’ “également libre” ), avec toute autre personne qui pose cette même libre adhésion.
Et elle sait par conséquent, qu’elle ne peut pas, dans ce cadre ( de “Loi Morale Nouvelle” ) , attendre des autres personnes de soumission particulière à ses propres goûts particuliers, à ses propres caractéristiques empiriques ou pragmatiques particulières, mais qu’elle ne peut attendre de “compréhension fraternelle” ou de “coopération fraternelle” d’autres personnes que dans la mesure où elle est elle-même prête à en “consentir” réciproquement l’accord possible.

La question de l’ “harmonisation” et de la compatibilité possible de toutes ces caractéristiques personnelles diverses est donc immédiatement posée à chaque personne réelle qui entre dans ce “contrat moral” , et notamment celle de savoir jusqu’où chaque personne, entrant librement dans ce contrat, considère qu’il s’ agit seulement d’une “belle idée”, d’un “idéal utopique” dont la formulation, comme le “Fais ce que voudras” de Thélème, peut bien planer “librement” au-dessus de toutes les personnes ainsi virtuELLEment “associées”, mais sans être traduit dans une quelconque “réalité concrète”.
Bien sûr, Kant était conscient du “cercle logique” dans lequel il plaçait sa conception d’une “légalité morale universelle a priori”.

Mais chacune de ces personnes est libre aussi de se demander jusqu’où elle est prête elle-même à entrer dans un questionnement plus “concret” d’une quelconque “réalisabilité effective“, en un tissu de liens psychologiques, sociaux, culturels, associatifs, politiques, juridiques, économiques, etc. avec d’autres personnes, dans des configurations réelles, matérialisées, actuelles et “situées”, certes éventuellement très différentes les unes des autres et en perpétuelle évolution, mais toutes cependant animées d’un même esprit d’acceptation de la liberté de ces différences.

En prenant en compte la diversité des incarnations actuelles effectives dans lesquelles chaque personne se trouve effectivement physiquement constituée, en particulier comme organisme biologique “humain” avec ses caractéristiques propres dont l’appartenance à une même espèce “homo sapiens” ne permet précisément de tirer a priori aucune “obligation morale” ni aucun “droit naturel” définissant a priori comment effectuer la “traduction” de l’Idéal supposé commun en termes de “réalisation effective” .

Remarque : Si nous proposons une “Loi Morale Nouvelle” en tant que “Proposition de l’ Égale Liberté Libre Égalité“, c’est bien sûr par ce que “NouS” posons d’abord, librement ( chacun à titre personnel ), qu’il n’existe aucune autre “Loi Morale” , ni aucun “ordre” transcendant” ou “transcendantal” , qui puisse nous “obliger a priori” , sans que nous Y ayons personnellement donné notre libre accord ou libre consentement.
Que le “Réel”, ou la “nature” comme “physique” nous impose ses contraintes de fait, de “gré ou de force”, cela “va de soi” : pour autant cependant que ce “Réel”, également de fait, se plie à ses propres “lois”, s’il y en a ( … que par conséquent nous pouvons finir par connaître “scientifiquement” … et utiliser pour en contrôler “techniquement” en retour les incarnations “factuelles” ).

Et de même pour toutes les organisations politiques, sociales ou culturelles instituées, dont l’existence de fait, empiriquement constatable, ne constitue en rien une “obligation” ou un “devoir” a priori, mais ne peuvent le devenir pour certaines personnes que sous l’expresse condition de leur libre adhésion.

Mais précisément, toute notre “philosophie” ici, est de dire que le “fait” ( “de facto” ) du “Réel” n’implique aucun “droit” ( “de jure” ) de ce même “Réel”.
Le “droit au droit” institué par l’ “Égale Liberté Libre Égalité” est par définition “autonome” et “souverain” au sens fort, par rapport à toute autre affirmation d'”autonomie” et de “souveraineté” collectives ou individuelles qui prétendraient se fonder sur la seule “force du réel” ou “réalité de la force”.

La conception donc que nous nous faisons de notre “Loi Morale Nouvelle” , est précisément telle qu’ELLE déclare ne fonder son propre “droit” ( ce que certains appellent un “droit au droit” ), que sur le caractère potentiellement universalisable à toute “personne” dans l’Univers ( physique) qui s’en réclamera librement et également, c’est à dire en acceptant en retour le contrôle de ce même idéal régulateur dont elle pose librement le “droit” pour elle-même, en pure Égalité avec toute Liberté individuée ( “personnelle”) qui ferait réciproquement de même.

Remarque : Bien des lecteurs objecterons sans doute qu’il n’y a donc dans cette supposée “Loi Morale Nouvelle“, rien de “nouveau” : qu’il ne s’agit que de la reprise de la MÊME IDÉE, déjà depuis longtemps ou même depuis “toujours” énoncée par toutes sortes de penseurs ou philosophes, ou simples personnes réfléchissantes, de la limitation de la liberté des uns par celle des autres sous l’ Autorité commune de la Loi.
Qu’il s’agit donc d’une simple variante du même modèle que, entre autres :
– la “Règle d’Or”
– le Contrat social de Rousseau
– l’ Impératif catégorique de la loi morale kantienne
– l’ article 4 de la Déclaration des Droits de l’ Homme et du Citoyen,
– les principes de Justice de John Rawls,
etc. etc.
Et donc que cela ne sert strictement à rien de continuer à chercher des variantes de “quelque chose” qui a depuis longtemps, à la fois été énoncé idéalement, et montré son impuissance à réguler quoi que ce soit dans la réalité des rapports humains, entre les individus ou entre les collectifs et les communautés humaines.

Certains, dans la lignée du “marxisme” post-hegelien, vont bien sûr continuer à répéter eux-mêmes que le problème n’est plus depuis longtemps de trouver une “solution idéale” aux problèmes de la vie humaine en société, mais de “passer à l’action”, de “faire” et d’ “agir” , et donc d’ “accéder au pouvoir”, et que c’est la “Révolution en marche d’une Histoire en marche” qui règle les problèmes par le “rapport des forces” en présence …
Bref que la “solution” du problème du “passage de l’ Idéal au Réel” se trouve dans l’ Idéalisation du Réel lui-même, comme “moteur de l’histoire” :
Et que si l’on se demande, parmi toutes les propositions d’usage de la force ou du jeu des “rapports de forces”, laquelle est la “meilleure” , c’est “forcément” la “loi du plus fort” qui est la “meilleure” …

Bref que si l’on veut établir une soumission du “de facto” au “de jure“, il “faut et il suffit” de définir le “de jure” comme étant l’ institutionnalisation du “de facto” … Lequel ? Celui qui aura “de facto” réussi à s’imposer par son “pouvoir”.

Vieille question d’un supposé renversement des questionnements “éthiques” par la “praxis politique” … et le règne du “tout est politique” , qui finit par devenir … “tout est économique”, puis tout n’est que guerre de tous contre tous, et donc “que le meilleur gagne” suppose que le “meilleur” est par définition “celui qui gagne”.

Faudrait-il choisir entre “avoir les mains pures, mais ne pas avoir de mains” et “avoir des mains dans le cambouis” , mais les avoir nécessairement rongées voire écrasées par les contradictions de la “lutte pour la vie” ?

A chacun de voir :

– Pour moi, je sais ce que je veux pour moi et ce que veulent par conséquent aussi d’autres qui peuvent vouloir la même Égale Liberté que celle que je veux, à partir de ma propre libre décision .
– Je ne prétends donc “imposer” à personne, ni même “obliger” personne à suivre ce “même contrat moral” ( d’ “Égale Liberté“) , puisque, par définition je le pose librement comme étant libre ( “Libre Égalité” )

– Quant à VOUS, … c’est VOUS qui voyez .





ELLE et le libertarisme

J’ai déjà expliqué en quoi la position “Egalibertaire et Libregalitaire” développée sur ce site est voisine de celle du “libéralisme égalitaire” de Rawls.
En particulier le versant de l’ “Égale Liberté” utilise la même expression que le premier principe de justice de Rawls.

Cependant, par certains aspects, notamment en ce qui concerne le deuxième versant de notre proposition, à savoir la “Libre Égalité”, il serait possible de rapprocher notre point de vue de celui des “libertariens”, à cause de l’importance fondamentale que nous accordons comme eux à la “Liberté”, conçue en effet d’abord comme liberté individuelle.

Une première approche consisterait à dire que les “Egalibertaires – Libregalitaires” sont des “libertaires”, au sens où ils ne se sentent pas contraints a priori par une conception de “droit naturel humaniste égalitaire”, mais que précisément la valeur qu’ils accordent à leur “égalitarisme” résulte strictement de leur libre choix individuel, d’être et de devenir ainsi des “personnes libres ET égales”.
La différence fondamentale de notre position avec les habituels “libertariens” de la droite “américaine”est bien évidemment que ceux-ci veulent profiter de cette conception de leur liberté individuelle ( conception qu’ils prétendent cependant … “universalisable” ! ), pour ne pas avoir à tenir compte d’un quelconque principe “égalitaire”, notamment en termes de ressources économiques, et pouvoir prétexter de la liberté fondamentale du droit de propriété pour pouvoir augmenter leurs ressources “libertaires” indéfiniment, fusse au détriment des autres, du moment que les échanges économiques sur un marché soient formellement des transactions “volontaires”, physiquement non contraintes.

En revanche les “personnes libres et égales” que NouS NouS proposons mutuELLEment d’être et de devenir, choisissent LIBREMENT, ( tout aussi librement que la liberté “libertarienne” fondamentale ) de se considérer comme des ÉGAUX, non seulement en termes de “libertés formelles”, mais bien aussi en termes de ressources réelles équivalentes ( “économiques” en général, mais aussi de toute sortes d’autres “capitaux” ou “capabilités” au sens d’ Amartya Sen ) , nécessaires pour assurer à chacune des “personnes libres et égales” un accès ( et si possible une croissance progressive ) à toute l’ “Égale Liberté” rendue possible par leur coopération librement et égalitairement construite.

Rien n’empêche en effet des “libertariens” au sens théorique, de choisir librement de mettre en commun de plus en plus de ressources et de coopérer pour une plus grande “Égale Liberté” commune, plutôt que d’être en compétition permanente entre eux et avec tout autre pouvoir pour les ressources fondamentales nécessaires à la croissance d’une telle commune “Égale Liberté”.

C’est précisément cette liberté “libertarienne” du choix possible de l’ “Égalité” que nous appelons “Libre Égalité“. Comme les “libertariens” et les “libéraux” en général, nous pensons en effet , et surtout nous en décidons ainsi pour nous-mêmes, que le contrat social que nous souhaitons doit fondamentalement être basé sur la liberté individuelle de l’adhésion à un tel contrat, et que cette LIBERTÉ individuelle de l’adhésion est très exactement aussi importante que l’ EGALITE contractuelle ou “conventionnelle” qu’elle institue simultanément.

Cette libre décision institue donc une différence entre des “libertariens inégalitaires” ( ou qui ne se préoccupent pas des inégalités notamment économiques et sociales que l’exercice des libertés individuelles peut provoquer) et des “libertariens égalitaires” qui choisissent au contraire de constituer ( librement entre eux … ) un contrat social garantissant simultanément leur “radicale liberté” ET leur “radicale égalité”.

Il est assez facile de comprendre dans ce cas que :
– d’une part notre position est d’une certaine façon encore plus “libertaire” que celle des “libertariens”, en ce qu’elle ne prétend plus prouver ou “argumenter rationnellement” qu’il faudrait adopter une position libertarienne ou une autre position de philosophie politique quelconque, dans le vaste espace des variantes de philosophie politique possibles, puisque en fin de compte nous considérons qu’il s’agit là d’un libre choix philosophique individuel, qui ne présuppose rien d’autre que cette liberté de pensée et de conscience elle-même par laquelle une personne individuelle adhère ou pas, ou plus ou moins à une philosophie, ou invente sa propre philosophie en la proposant au “libre examen public” des autres.
– mais que d’autre part, par le contenu particulier du choix que nous faisons, celui de poser la valeur fondamentale, “pour NouS”, de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” – et d’Y adhérer librement – , nous admettons tout aussi fondamentalement, à cause de cette “Égale Liberté” même, que d’autres personnes puissent faire d’autres choix de philosophie politique et donc constituer et instituer leur propre contrat social de communauté éthique, juridique et politique avec les personnes qui font le même choix qu’elles.
Evidemment, à une condition formELLE ( que “NouS” posons en effet “unilatéralement” pour NouS-MEMES ) : celle que ces autres contrats sociaux, dans toute leur variétés et diversités imaginables, “NouS” laissent tout aussi “librement” ( ??? ) instituer et constituer le “nôtre” ( celui de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” que nous proposons d’établir entre toutes les “personnes libres et égales” qui choisissent librement d’ Y adhérer.

Mais, diront les objecteurs, le problème justement de la “politique” et donc de la “philosophie politique”, n’est pas de décrire la variété des opinions et positions politiques individuelles possibles, ni même de leur assurer en commun un “espace de libre expression” ( encore que … ), mais de constituer “tous ensemble, tous ensemble, … ” une même et indivisible “société politique” !
Ah oui ?! Et laquelle ?! L’ “archipel français” ? l’ “espace civilisationnel européen” ? la “communauté localiste des survivalistes éco-féministes néo-rura.l.e.s pagano-chrétien.ne.s” ? l’ Organisation des “Nations Unies Socialistes Humanistes” ? et pourquoi pas : Les “Citoyens du Monde Solidaires et Fraternels” ? etc. etc. .
J’imagine aisément que votre imagination philosophico-politique de votre utopie personnelle préférée est encore bien plus développée que la mienne ,
et donc que chacun peut déjà chercher à s’assurer de former une telle “société” … avec lui-même et de se donner ainsi sa propre “loi de liberté”.

Pour finir donc cet article à propos de “libertarisme”, plus que jamais, je conclus en disant : “C’est Vous qui Voyez” …

“ELLE” et le libéralisme égalitaire ou égalitarisme libéral de Rawls

Si vous êtes un connaisseur, amateur ou professionnel, ou du moins si vous avez entendu parler de la Théorie de la Justice ou du “Libéralisme égalitaire” de John Rawls, vous pouvez penser en un premier temps, que la proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” que j’exprime ici, n’est qu’une répétition vague et approximative, “inculte” ou “naïve”, d’une formulation théorique bien connue des spécialistes universitaires sous l’ étiquette du “libéralisme égalitaire” notamment représenté par la “Théorie de la Justice” de John Rawls.

Et donc, que la prétention à présenter une “nouveauté” en cette matière devrait au minimum faire le travail universitaire de se positionner dans un “état de la question” , de façon à pouvoir dialoguer de façon pertinente avec des personnes qui ont travaillé pendant des années ou des décennies et sous l’oeil critique de leurs “pairs” universitaires, dans un tel domaine de la pensée philosophique, morale, juridique et politique déjà largement “balisé”, et où les “interstices” encore non explorés sont considérés, soit comme rares et donc difficile à trouver ou à construire par un travail exigeant, soit comme sans intérêt ou ne consistant qu’à répéter inutilement des formulations déjà bien connues.

Et ce serait effectivement le cas si je prétendais dans ma proposition “ELLE” ( “Égale Liberté Libre Égalité”), n’énoncer rien d’autre que la proposition rawlsienne ou une variante théorique ou critique particulière, s’insérant dans le tissu des commentaires, critiques et gloses universitaires ou médiatiques de la pensée de Rawls, et plus généralement du “libéralisme égalitaire”.
( Voir par exemple un cours sur les différentes conceptions de la justice sociale )

Mais ce point d’entrée est possible, même si ce n’est pas celui que j’ai personnellement choisi de parcourir de façon “universitaire”.

Donc, nous pouvons supposer, pour simplifier, dans une première approche, que le premier membre de ma proposition , à savoir “Égale Liberté“, représente une expression suffisamment proche de la position générale du “Libéralisme égalitaire” et donc de l’importance accordée à un principe d’ “Égale Liberté”, suffisamment proche de celui énoncé par John Rawls comme “premier principe” de sa “Théorie de la Justice” .

Les connaisseurs de la Théorie de la Justice de Rawls se demanderont donc immédiatement où se situent les différences et en particulier par rapport aux grands concepts rawlsiens comme le “voile d’ignorance”, la “personne libre et égale” etc. , et surtout les deux autres “principes de justice” inséparables du premier dans la théorie rawlsienne.

Relativement à ma propre proposition, la question sera alors : mais à quoi peut bien correspondre le deuxième membre “Libre Égalité”, si on cherche une équivalence à l’intérieur du dispositif rawlsien ?

1. Une première réponse est de dire que la “Libre Égalité” est dans cette perspective de comparaison avec la théorie de Rawls, la liberté même des multiples interprétations qui peuvent être données d’un “Principe d’ Égale Liberté”, dans diverses versions ou variantes de “libéralisme égalitaire” ( … ou d’ “égalitarisme libéral” ) , par la diversité des personnes qui adoptent ce principe commun … La position de Rawls à ce sujet ( ou les positions, puisque sa pensée a été évolutive … ) est donc une libre position particulière à ce sujet, et on ne voit pas pourquoi un “libéral égalitaire” n’accepterait pas que d’autres personnes aient une conception interprétative différente et évolutive de ce “principe” pourtant commun.

Ce à quoi un partisan “orthodoxe” de la pensée rawlsienne ( mais cependant “libéral” … ) dira sans doute que c’est justement le dispositif du “voile d’ignorance” qui doit permettre à toutes ces personnes d’ignorer dans leur raisonnement éthico-politico-juridique général, toutes leurs “différences réelles” de situation dans le réel naturel ou social et donc effacer toutes les différences interprétatives qui pourraient en résulter concernant les 3 principes de justice communs.

Et en effet, c’est là une différence fondamentale ( et fondatrice de ma propre “variante” ) : la pluralité des différences interprétatives, seulement attribuées par Rawls à la non prise en compte du “voile d’ignorance”, et donc reprises dans les nombreuses critiques de ses successeurs qui lui reprochent de rester dans une théorie “abstraite” ( à la manière dont on a pu dire de la pensée morale kantienne qu’elle “a les mains pures mais n’a pas de mains” ), toutes ces différences ne sont pas seulement à reprendre dans le cadre des deux autres principes de justice ( eux-mêmes construits abstraitement derrière le “voile d’ignorance” ) , mais interviennent, – dans ma proposition “ELLE” – directement en tant que “deuxième membre” de mon propre “premier principe” à la fois “Egalibertaire et Librégalitaire” ( pour reprendre une contraction proposée par Etienne Balibar dans la proposition de l’ “Egaliberté” )

Ce n’est donc pas seulement en tant que principes de “traitement des inégalités” que ma proposition diffère de celle de Rawls, mais bien dans la définition fondatrice même du rapport entre “Liberté” et “Égalité” :
La conception de “Libéralisme Égalitaire” ou d’ “Égalitarisme Libéral” étant directement instituée dans leur circularité même, dans laquelle chaque “personne”peut entrer … si elle en prend la libre décision, “elle-même”.
Et du coup “La théorie de la Justice” est aussi “Sa théorie” … et sa propre volonté d’en tenir compte ou pas, ou plus ou moins … en autorisant par conséquent les autres personnes … à faire “de même”, puisque précisément elles ‘appuient sur la “même” “Égale Liberté” d’interpréter celle-ci à “leur façon” …

Car quelle serait aujourd’hui la prétention “dogmatique” d’un “philosophe”, de croire pouvoir construire un “principe de justice” universalisable quelconque, en “surplomb”, sans y intégrer, ipso facto, l’ Égale Liberté de conscience, d’ expression et d’association permettant à toutes ces “variantes” interprétatives de cette “identité de principe” de “co-exister” ?

2. La deuxième réponse à la question de savoir en quoi pourrait bien consister notre proposition de “Libre Égalité“, si on cherche à la comparer aux éléments philosophiques des principes de justice de Rawls, sera bien sûr d’expliquer en quoi il y a une différence fondamentale entre le 2ème principe de justice de Rawls et le deuxième membre “Libre Égalité” de notre proposition “ELLE”.


Rappelons les 2 principes de justice de la Théorie de la Justice de Rawls :

  1. « Premier principe : chaque personne doit avoir un droit égal au système total le plus étendu de libertés de base égales pour tous, compatible avec un même système pour tous.
  2. « Second principe : les inégalités économiques et sociales doivent être telles qu’elles soient : (a) au plus grand bénéfice des plus désavantagés et (b) attachées à des fonctions et des positions ouvertes à tous, conformément au principe de la juste égalité des chances. »1.

Remarque 1 : Le second principe traite des inégalités économiques et sociales, et semble considérer que ces inégalités peuvent et doivent être traitées indépendamment de leurs effets sur la liberté de ces personnes, et donc qu’il existerait un problème général d’un principe d’ Égalité en soi ( indépendante de la question de la Liberté ) ou d’acceptabilité de l'”Inégalité” qui puisse être théoriquement et pratiquement traité séparément du problème de l’ “Égale Liberté”.
Il s’agit là en partie d’une distinction traditionnelle entre “Libertés politiques fondamentales” et “Libertés économiques et sociales”, voire entre “Libertés formelles” et “Libertés réelles”, dont on a aussi la trace jusque dans les deux grands “Pactes internationaux” des Nations Unies :
Le “ Pacte international relatif aux droits civils et politiques “
et le “Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels“.

La question à poser à Rawls est alors la suivante :

Pourquoi l”Égalité” semble -t- elle évidente à accepter en matière de “Droits civils et politiques” ( cf la liste des “libertés de base égales pour tous” définissant le principe d’ “Égale Liberté” au sens de Rawls ), alors que dans le domaine des “Droits économiques, sociaux et culturels” il semble nécessaire de prendre en compte un principe d’ “Inégalité” admissible, ou du moins d’Égalité seulement partielle, dont il s’agirait seulement de corriger certains effets visiblement trop “inégalitaires”.
C’est en effet ce que propose d’une part le principe 2a :
Les inégalités économiques et sociales doivent être au plus grand bénéfice des plus désavantagés” ( on cherche à corriger des inégalités dont on admet le principe général, mais dont on cherche à minimiser les effets sur ceux qui sont le plus bas sur cette échelle inégalitaire )
et d’autre part le principe 2b :
Les inégalités économiques et sociales doivent être attachées à des fonctions et des positions ouvertes à tous, conformément au principe de la juste égalité des chances.
( On cherche à corriger l’inégalité des fonctions et des positions, dont on ne remet pas en question la légitimité de “principe”, mais simplement en tempérant cette inégalité admise en principe par une égalisation partielle par l’ “égalité des chances“.

Pourquoi l’énoncé très général du premier principe de justice:
“« Chaque personne a une même prétention indéfectible à un système pleinement adéquat de libertés de base égales, qui soit compatible avec le même système de libertés pour tous “, ne vaudrait-il pas de la même façon, quelles que soient les “libertés” dont il s’agit ( les “libertés économiques et sociales” tout autant que les “libertés civiles et politiques” ), tout simplement parce que toutes ces “libertés” ( au pluriel ) ne sont que des dimensions particulières recombinables avec des pondérations elles-mêmes variables et évolutives de ce que globalement on peut appeler LA LIBERTÉ d’une personne.
C’est de cette LIBERTÉ globale personnalisée que je propose d’examiner l’ ÉGALITÉ possible entre ces personnes, mais soumise précisément à la LIBRE détermination de ces personnes en faveur d’un tel Projet.

Je vois en effet une raison probable de cette différence de traitement faite par Rawls entre des “libertés de base” et d’autres – comme par hasard économiques et sociales – qui seraient moins “de base” ?
– Les “libertés civiles et politiques” semblent plus “formelles” et donc avoir moins besoin de se confronter aux “dures contraintes du réel”, et donc pouvoir bénéficier d’une déclaration fondamentale d’égalité de ces libertés “pour tous”, alors que les “libertés économiques, sociales et culturelles” sembleraient devoir s’accommoder davantage de concessions avec les “dures contraintes du réel”, et donc qu’il faudrait inscrire dans un “deuxième principe” les limites d’un tel “accommodement avec le réel”.
Le problème bien sûr surgit d’autant plus qu’on cherche, comme Rawls et beaucoup de philosophes de la morale, du droit et de la politique, à définir un même système de “justice pour tous”, comme si un tel système de “libertés de base égales pour tous” pouvait se définir indépendamment de la volonté individuelle de chacune des personnes concernées par ce “même système”.

Contrairement à la proposition “universaliste a priori” ( “kantienne” ) de la “Théorie de la Justice” de Rawls, qui reconnaît pourtant par ailleurs la notion de “personne libre et égale” participant pleinement à la définition même de ce “système de libertés égales pour tous”, la proposition que je fais sous l’expression “Égale Liberté Libre Égalité“, n’a aucune prétention de “validité a priori” prétendant pouvoir et encore moins devoir s’appliquer “à tous” .
Elle n’est donc pas en ce sens une proposition “théorique” comparable à ces diverses “théories de la justice” … dont chaque “philosophe théoricien” pense détenir la “substantifique moelle” … en prétendant qu’elle vaut “pour tous”.

C’est pourquoi la partie de proposition “Égale Liberté” ne peut valoir fondamentalement que pour toutes les personnes qui font le libre choix d’attribuer de la valeur “morale” à cette proposition d’ ÉGALITÉ de leur LIBERTÉ, et donc à leurs capacités respectives à pondérer personnellement la valeur relative des innombrables dimensions possibles d’une telle LIBERTÉ.

La prétention à une “universalisation possible” d’une telle proposition au départ de valeur uniquement personnelle, ne vaut donc que par et pour les personnes qui font ou feront le même libre choix de considérer cette proposition d’ “Égale Liberté Libre Égalité” comme étant tout aussi bien la leur, qu’elle est, librement, la “mienne”.

C’est donc, comme à chaque fois, Vous le savez, Vous qui Voyez …



Libéralisme égalitaire, liens

La Proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité”, qui fait l’objet de ce blog, peut être en un premier temps examinée comme une variante dans une famille de “philosophies politiques” connue sous le nom de “Libéralisme égalitaire” , et en particulier dans une version célèbre et connue de tous ceux qui s’intéressent un peu à la philosophie politique, à savoir la “Théorie de la Justice” de John Rawls.

Nous publions sur cette page un certain nombre de liens qui permettent au lecteur de se faire une première idée de cette philosophie politique du “Libéralisme égalitaire” de John Rawls, s’il n’a pas eu l’occasion , dans son parcours de réflexion personnel, de rencontrer cette philosophie politique devenue célèbre et qui a donné lieu à de nombreux commentaires et critiques.
Mais il suffit de chercher un peu sur la Toile, pour trouver de très nombreuses références et introductions à cette pensée, et bien sûr, pour ceux qui en ont la patience, de lire les textes de Rawls lui-même …

Une introduction dans une vidéo publiée par “Philoxime” :

Égale Liberté Libre Égalité, complémentarité et réciprocité

ÉGALE LIBERTÉ :
La Liberté, OUI, mais ÉGALEMENT  acceptée et reconnue par chaque personne à chaque autre personne qui choisit d’entrer dans ce même contrat.

LIBRE ÉGALITÉ :
L’ Égalité, OUI, mais LIBREMENT reconnue et acceptée par chaque personne participant à ce même contrat.

Ces deux “OUI”,
consciemment énoncés par ces “personnes morales libres et égales“,
non seulement ne sont pas contradictoires, comme le pensent certains,
mais se complètent et se renforcent l’un l’autre :
Les “personnes morales libres et égales” sont à la fois :
D’autant plus égales qu’elles sont chacune plus libre et libres donc notamment de choisir leur égalité.
D’autant plus libres qu’elles sont plus égales entre elles et peuvent donc se reconnaître mutuellement une telle Égale Liberté et qu’elles n’ont plus alors à craindre que la Liberté d’une de ces personnes veuille dominer la Liberté d’une autre, puisqu’elles ont alors, par définition même de leur “contrat moral”, librement choisi de ne plus chercher une telle domination.

Mais pour autant ces “personnes morales libres et égales” ne renoncent pas définitivement à leur “liberté naturelle” en entrant dans le “contrat moral” de cette “Loi Morale Nouvelle”.
Elles gardent précisément chacune la responsabilité morale de réguler l’ articulation entre leurs “libertés naturelles” respectives, et les “libertés civiles” résultant des différents contrats partiels passés – formellement ou non – avec les autres “personnes morales libres et égales”.

Bien sûr, chacune de ces personnes peut aussi choisir d’entrer avec d’autres personnes ou de reconnaître des lois ou des règles communes associatives diverses et s’engager alors à les respecter pour autant qu’elle exige que les autres participants d’une telle association partielle particulière respectent également ces règles communes.

Il s’agit d’une façon générale de “communautés” de nature diverse, dont beaucoup sont déjà préalablement constituées par les circonstances de l’ histoire, et dans et par lesquelles les personnes ont été “éduquées” sans l’ avoir explicitement choisi.

Mais une “personne morale libre et égale“, au sens où nous l’ entendons ici, doit se poser la question de son propre choix, soit de continuer à “appartenir” et à participer aux cadres normatifs de ses “communautés d’appartenance” initiales, ou à certains d’ entre eux, ou plus ou moins, ou au contraire de s’ en “émanciper”, soit pour rejoindre librement d’autres formes associatives similaires, soit pour en créer de nouvelles avec d’autres personnes libres et égales.

L’originalité de la Proposition ou du Projet de l’ Égale Liberté Libre Égalité, est précisément de considérer que cette Égale Liberté des personnes n’est plus présupposée dans une quelconque “loi naturelle”, ni dans un “droit naturel”, ni dans une quelconque “nature humaine”, ni évidemment dans une “loi divine” ou “transcendantale” ou “anthropologique”,  ni évidemment dans une “souveraineté” qui appartiendrait spontanément à des “États de droit” , à des “Nations” ou à des “Peuples” déjà  empiriquement constitués par l’ histoire.

Cette Égale Liberté des personnes, telle que nous la définissons dans ce cadre de la “Loi Morale Nouvelle”,  est librement choisie et voulue par ces personnes elles-mêmes, à partir précisément de la Libre Égalité qu’elles se donnent en même temps, en toute “souveraineté de chaque personne sur elle-même“.
C’est l’auto-fondation circulaire de ce droit moral nouveau par et pour les personnes qui s’y reconnaissent  qui est constitutif du cœur et de la maxime centrale de ce que nous pouvons par conséquent appeler “Loi Morale Nouvelle“.

Cette auto-fondation circulaire de la “Loi Morale Nouvelle” par et pour les “personnes libres et égales” qui s’en réclament est aussi différente de la proposition de la “délibération démocratique” telle qu’elle peut être développée par Jürgen Habermas ou encore d’autres façons, par Karl-Otto Apel, ou encore , au niveau du “fondement de la morale” de Marcel Conche, auteurs qui continuent de croire qu’ils peuvent prétendre que leur propre interprétation personnelle puisse prétendre à l'”universalité” en trouvant une voie et une voix argumentatives qui seraient “supérieures” à celles de leurs interlocuteurs.

Pourtant, sachant ce qu’ils savent de leurs différences d’approche, il suffirait qu’ils acceptent que les autres approches ne sont ni plus ni moins un simple “point de vue perspectif” que la leur propre, et qu’il n’ont plus qu’un intérêt purement anecdotique ( une sorte de “plaisir du jeu de rôles”), à confronter leurs idées distinctes, et que chacun accepte de reconnaître à l’autre une “Égale Liberté” d’ exprimer et de développer son propre point de vue dans sa propre sphère perspective, sans chercher à en faire un point de vue “dominant”.


Bref, ceux qui sont pour accorder librement à l’ “Égale Liberté” une valeur supérieure aux contenus distincts et “différents” que chacun peut créer en exerçant cette “MÊME LIBERTÉ”, peuvent alors accepter tout aussi librement une “Libre Égalité” qui énonce en effet la Liberté de chacun de ces points de vue personnels subjectifs de se distinguer des autres, tout en pouvant aussi librement choisir de changer de “point de vue”, sans renoncer , ni à la possibilité de revenir au précédent, ni surtout à la commune libre adhésion au principe d’ “Égale Liberté”, comme principe librement choisi en commun ou “règle du jeu des je” .

En effet, de la POSSIBILITÉ d’une telle coordination réflexive ( sur une base d’ argumentation critique “philosophique” ) entre les points de vue philosophiques différents , ne résulte pas un “devoir” universalisable à toute conscience possible de construire une telle coordination, mais seulement l‘ouverture d’un espace dans lequel les “personnes libres et égales” PEUVENT entrer, plus ou moins, suivant leurs propres choix, sachant en effet qu’au “centre” de cet espace, elles “doivent” ( par définition de la “règle du jeu des je” axiomatique qui définit un tel “barycentre de l’égale valeur des positions “philosophiques” ” ) respecter le plus possible le principe de leur “Égale Liberté”, mais il ne le “doivent” que parce qu’ils en ont librement décidé en tant que “Libre Égalité”
Autrement dit, en employant le vocabulaire rawlsien : l’entrée dans la “position originaire” , de “personnes libres et égales“, est elle-même circulairement dépendante de leur libre décision personnelle d’Y entrer , et n’a plus aucune autre “autorité” ( “originaire” ou “transcendantale” ou “collectivement immanente”, etc. ) que cette libre décision personnelle d’Y participer .
D’ailleurs, dans le cas de la philosophie de Rawls, c’est bien la liberté individuelle de pensée de Rawls qui fait qu’il propose une version personnelle, de plus évolutive sous son propre contrôle, de son dispositif de “Principes de Justice” et de la procédure “derrière le voile d’ignorance” qu’il propose pour y arriver. Et que rien n’empêche d’ autres “philosophes du droit ou de philosophie morale et politique, de créer leur propre dispositif “théorique”:
S’agissant simplement de “philosophie” et non de “science” , il n’y a pas de méta-procédure générale permettant, comme c’est le cas dans une procédure “scientifique” de “falsifiabilité poppérienne”, d’exposer à tous un jugement suffisamment “déterminant”, dans lequel l’ensemble de la “communauté scientifique” reconnaîtrait l’état actuel des connaissance validées.
Précisément, parce que nous sommes dans un domaine ( celui de la “normativité éthico-politico-juridique” ), où le problème de la LIBERTÉ de pensée individuelle est précisément en question, alors que dans un domaine proprement “scientifique”, l’ensemble de la communauté “scientifique” considère qu’il existe une “réalité” suffisamment stable pour que des modèles mathématiques puissent en donner des versions logiquement cohérentes irréfutables … jusqu’à nouvelle réfutation, qui doit à nouveau faire ses preuves “scientifiques”.

Certes, pour certains, les notions “normatives” ( propositions, éthiques, juridiques, politiques, etc. ) fondamentales sont prétendues “objectives” …
mais ne le sont que pour ceux qui y croient …
Le plus célèbre philosophe en ce sens est précisément un certain Kant, qui prétendait pouvoir énoncer dans l’ordre de la “Raison Pratique” ( des jugements normatifs ) un système métaphysique de “loi morale” universelle analogue au système théorique newtonien pour la physique, tout en ayant très bien analysé préalablement l’incapacité de la Raison théorique de construire un savoir “scientifique” au sujet d’entités métaphysiques comme “Dieu”, l’ âme , ou en général une “ontologie métaphysique”.

Le fameux parallèle de l’admiration kantienne pour : “« Deux choses remplissent l’âme d’une admiration et d’un respect toujours renaissants et qui s’accroissent à mesure que la pensée y revient plus souvent et s’y applique d’avantage : le ciel étoilé au-dessus de nous, la loi morale au-dedans“, mais que par ailleurs Kant se voit obligé par sa propre analyse de la notion de “devoir moral” référé à la liberté , à laisser la compréhension de la liberté dans une zone “transcendantale” d’un “en soi” impossible à “objectiver” …
Mais la philosophie kantienne n’est qu’une philosophie parmi d’autres … et non pas une “science” désormais pensable à partir de Newton en effet, comme étant basée sur des “Principia mathematica” et non sur des “Principia metaphysica” .
A cause de sa prétention “universalisante” a priori sur le modèle des nouvelles sciences “physiques”newtonniennes” , la conception “transcendantale” de la liberté morale prétendument déduite de l’existence d’un “devoir moral” distinct de la liberté elle-même ( héritage métaphysique chrétien … inconsciemment repris ), rate ce que sa propre invention du fondement de l’ autonomie de la volonté aurait pu affirmer … précisément librement, à savoir que la Liberté est à elle-même son propre “fondement” en tant que VALEUR :
Il est parfaitement possible de décider que la “liberté”, “ma liberté” ( la loi morale “au -dedans” ) , en tant que valeur fondamentale, résulte – par libre définition – d’une libre décision d’attribuer cette valeur.
Et que la seule “universalisation” alors logiquement défendable d’une telle Liberté auto-valorisée, est alors non pas “universelle a priori” , mais universalisable SOUS CONDITION d’être elle-même librement posée par les personnes qui font ce choix , et qui comprennent par là-même que d’autres personnes PEUVENT aussi très exactement faire ce MÊME CHOIX ( de reconnaissance mutuelle d’une telle Liberté auto-fondée ), mais ne le “doivent” que pour autant qu’elles le VEULENT LIBREMENT.
C’est très exactement ce que “je” propose en disant que l’ “Égale Liberté” suppose réciproquement la “Libre Égalité”.
Et je peux le “proposer” précisément d’autant mieux à partir de ma propre et stricte liberté personnelle que je ne prétends donner aucune valeur “universalisable a priori” à cette définition, dont l’extension à d’autres personnes dépendra très précisément de leur propre Libre adhésion :
C’est une libre coalition des libertés personnelles , chacune auto-fondée comme acte fondateur autonome de l'”autonomie personnelle” , qui PEUT, de proche en proche, élaborer la nouvelle “connectivité” ou le nouveau “lien moral” “collectif” entre ces personnes là, que j’appelle “personnes souveraines libres et égales”, qui savent que la valeur de leur “nouveau collectif” ne repose sur rien d’autre que la libre décision prise par chacune d’elle de reconnaître l’ “Égale Liberté” des autres si et seulement si ces “autres” reconnaissent ÉGALEMENT la leur .

Et comme il n’est nullement obligatoire a priori que cette reconnaissance réciproque en tant qu’ “Égale Liberté” formelle abstraite se fasse , dans la pratique et la réalisation empirique par l’institution d’un ou plusieurs collectifs par “tout ou rien” ( identités catégorielles ensemblistes ), il est parfaitement possible de proposer des modélisation formelles où les liens concrets ( juridiques, politiques, symboliques, culturels, etc .. ) sont des liens d’intensité en “plus ou moins” :
La seule règle formelle a priori imposant la symétrie “égalitaire” de ces liens intensifs partiels. Pour deux personnes données dans une situation donnée, il faudra, si elles veulent rester dans le nouveau contrat d'”Égale Liberté Libre Égalité”, qu’elles se mettent en libre accord mutuel sur l’intensité de cette liaison connective.
On comprend facilement qu’une telle “Égale Liberté Libre Égalité”constitue formellement une “relation d’ équivalence” stricte entre ces personnes si et seulement si ces personnes allaient jusqu’au bout de leur choix de leur commune définition de personne souveraine libre et égale ( c’est précisément ce qu’indique l’usage du mot “Égalité” ) , et donc qu’en tant que relation d’ équivalence elle suppose 3 propriétés formelles ( Réflexivité, Symétrie , Transitivité) :
1. Toute personne libre et égale est son propre équivalent, en termes d’Égale Liberté Libre Égalité ( cette propriété n’est vérifiée rigoureusement que si une personne reste “Également fidèle” à sa propre libre décision : la liberté de ma décision aujourd’hui est équivalente à la liberté de ma décision demain. )
2. Toute personne libre et égale est équivalente à toute autre personne libre et égale ( puisque chacune veut pour elle-même autant de liberté qu’elle en accepte pour ses semblables )
3. Mais surtout : la Transitivité : dans le cas idéal, dès que deux personnes A et B sont équivalentes entre elles, et que par ailleurs les personnes B et C le sont aussi, alors il est possible d’en déduire formellement que A et C le sont aussi sans avoir à repasser un tel contrat entre A et C.

C’est bien à chaque fois cette équivalence formelle possible qui est énoncée dans le principe fondamental d’ Égalité qui sous-tend la notion d’ Égale Liberté”.

Mais comme il s’agit toujours aussi de l’ Égalité de la Liberté elle-même, et que celle-ci introduit par définition l’ouverture d’un choix possible qui PEUT être partiellement inégal, cette relation d’ équivalence entre les personnes “libres et égales” ne vaut que ce que valent les libres choix des personnes en tant qu’elles se soucient de compenser les inégalités induites pas tous ces libres choix par d’autres inégalités qui permettent à leur Égale Liberté de se rétablir.
L’ Égale Liberté collective peut donc croître si ces personnes se donnent des moyens équivalents mais croissants de pouvoir compenser les inégalités qui apparaissent du simple fait du libre jeu des libertés de chacune.

Chaque personne libre et égale sait donc qu’elle ne pourra exiger la reconnaissance de son équivalence avec les autres personnes libres et égales, que si elle-même fait le libre choix de reconnaître dans la même mesure l’ égale liberté des autres, pour autant que ces autres font aussi un tel choix.

Dès que chaque personne, au nom de sa liberté personnelle, accepte de faire des libres choix qui ont comme conséquence une inégalité de la liberté d’autres personnes, soit elle propose un moyen de compensation permettant à ces autres de retrouver une liberté équivalente, soit elle accepte que symétriquement, son libre abandon partiel du principe d’ Égale Liberté, autorise ipso facto, par symétrie, les autres à procéder à un libre abandon équivalent, en affaiblissant ainsi les possibilités pour chaque personne de bénéficier des avantages librement attribués par toutes ces personnes au principe formel d’ Égale Liberté Libre Égalité.


C’est donc bien “VOUS qui voYez” …