Contrairement à toutes les prétentions philosophiques classiques à trouver un “fondement universel” de la moralité , la Proposition de l’ Égale Liberté Libre Égalité” que je fais – en tant que personne individu-ELLE singulière -, articule dans son énoncé même ainsi concentré une liaison entre un potentiel universalisable ( “Égale Liberté” ) et une prise de position simplement individuelle-locale-située dont je prends l’entière responsabilité précisément “personnELLE” ( “Libre Égalité” ).
De façon à préciser cette différence avec un grand nombre de positions de philosophie morale classiques, il est possible de reprendre toutes sortes de débats “entre philosophes” qui ont essayé de formuler les grandes lignes de cette problématique d’une “loi morale universelle”, et en particulier bien sûr la ligne “généalogique” kantienne et la façon dont une telle “universalité” serait liée à l’ “universalité de la Raison” de tous les “êtres raisonnables” .
Voir par exemple :
“Loi restrictive et loi productive dans l’éthique fichtéenne”
Piché Claude, « Loi restrictive et loi productive dans l’éthique fichtéenne », Revue de métaphysique et de morale, 2011/3 (n° 71), p. 309-318. DOI : 10.3917/rmm.113.0309. URL : https://www.cairn.info/revue-de-metaphysique-et-de-morale-2011-3-page-309.htm
J’y relève ceci :
“Mais c’est à la fin du § 18 que Fichte indique l’instance sans doute la mieux à même de réaliser dans les faits ce consensus, encore qu’il s’agisse d’une tâche infinie : la « république savante » [6][6]SL, GA I, 5, 224. . Fichte, qui s’inspire largement dans ces pages du texte de Kant « Qu’est-ce que les Lumières ? », assimile en fait cette république à l’espace public évoqué par Kant, où tout un chacun, à condition qu’il sache lire et écrire, est invité à faire usage public de sa raison, afin d’y exposer et d’y mettre à l’épreuve ses convictions.“
Une des questions traditionnelles est celle du rapport à construire entre une “loi morale” éventuellement “universelle” dans son pur énoncé formel et la façon dont il est possible d’incarner une telle “moralité universelle” dans la diversité concrète du “réel” et donc la question des médiations des institutions sociales, culturelles et politiques humaines dans cette mise en rapport.
De ce point de vue, ma propre “Proposition” invite certes à la mise en oeuvre d’un “NouS”, mais où, pour commencer, c’est la Liberté elle-même, en tant qu’elle est également “partageable” qui est au fondement d’une telle “Loi Morale”, mais dont le “partage” suppose précisément le libre engagement de la “personne libre et égale” dans l’adhésion.
C’est donc le libre renoncement à une quelconque “universalité obligée” qui est constitutif de cette “Loi Morale Nouvelle”, ce qui est en réalité très différent de la façon dont est conçue traditionnellement une “loi morale universelle” prétendue fondée sur une “raison universelle a priori” .
Dans cette perspective, absolument rien d’autre que sa propre liberté personnelle “autonome” ne peut inciter une personne individuelle particulière à adhérer elle-même à cette nouvelle forme de “loi morale”, dont l’ “universalité” potentielle ne peut être que librement construite à partir de la libre volonté de chaque personne qui Y adhère.
Une telle personne, “vous” par exemple, ( puisque “c’est vous qui voyez …” ), n’ aura pas à être “convaincue” par ce que je propose, dans la mesure où, si elle Y adhère, elle ne peut le faire qu’en étant et en se sentant elle-même totalement libre d’Y adhérer, très exactement comme si elle avait été elle-même co- autrice et co-actrice de la définition autonome de cette “loi morale nouvelle”.
Le type d’ “universalité potentielle” ainsi proposé est très différent de ce que beaucoup d’auteurs classiques croyaient pouvoir Y trouver, en postulant bien sûr la nécessité de la liberté en matière “morale” proprement dite, mais en distinguant l’ “universalité de la loi morale” proprement dite de l’universalité potentielle d’une “égale liberté” .
Mais du coup aussi, la fameuse question du lien à établir entre “loi morale formelle” et “pratique morale réelle” se repose elle aussi différemment, puisque c’est chaque personne morale “libre et égale” qui peut et “doit-si-elle le-veut” articuler le lien du “formel” et du “réel”, et dont aucune institution surplombante ne peut prétendre donner le “cadre” obligatoire universel.