La proposition de l’ « Égale Liberté Libre Égalité » est- ELLE une proposition nouvelle dans le champ théorique de la « philosophie politique » ?

Dans « Qu’est-ce qu’une société juste ? » ( SEUIL, 1991 ), Philippe Van Parijs examine, en tant qu’ « introduction à la pratique de la philosophie politique » ( Sous-titre de l’ ouvrage ), diverses positions « classiques » en débat, notamment dans la philosophie politique « anglo-saxonne ». Il participe lui-même à ce débat, en essayant de défendre au chapitre 9, une position qu’il appelle « réal-libertarienne », et la considère comme une « réponse cohérente aux néolibéralismes », tout en examinant diverses objections possibles à cette position.

Sur un certain nombre de points, je pourrais rapprocher ma proposition de l’ « Égale Liberté Libre Égalité » de celle d’un tel « réal-libertarisme ».

Cependant, au moins un problème fondamental reste toujours le même, qui distingue ma proposition de pratiquement toutes les positions de « philosophie politique », c’est qu’elles ont toutes une « prétention à l’universalité », au sens où leurs auteurs prétendent faire de leur propre « théorie de philosophie politique » une théorie rivale des autres , dans un espace où il existerait une forme ou une autre de « vérité », comme il est possible de le postuler dans l’ espace des théories scientifiques des critères de « falsifiabilité » ( Popper ) qui permettent, au moins de façon provisoire minimale, d’établir un réel consensus dans la « communauté scientifique » sur les éléments théoriques et pratiques fondamentaux admis par tous les membres de cette communauté « dans l’ état actuel des connaissances » .

Ce qui différencie fondamentalement tout débat « philosophique », y compris dans les domaines techniques comme la « philosophie morale et politique » etc. ,
c’est que notamment dans les domaines où une certaine « normativité » est en jeu, la « liberté » de chaque participant individuel au débat, est directement et obligatoirement partie prenante, non seulement comme « objet » du débat, mais comme directement impliquée dans la pratique du débat et de l’argumentation.

Or, – et c’est une libre décision personnelle de ma part -, l’apparition « métalinguistique » de cette dimension de la liberté de chaque personne énonçant par elle-même, « librement », ce qu’elle pense de sa propre liberté, de celle des autres, et de « LA Liberté » en général, introduit un saut qualitatif dans la logique organisationnelle du débat qui ne saurait en aucun cas se réduire aux méthodes diverses d’établir un consensus de type « scientifique » concernant simplement soit le « constat factuel, observationnel ou expérimental » commun, soit le débat sur les meilleures « théories explicatives » à établir relativement à ces constats factuels.
Là où les controverses scientifiques proprement dites peuvent porter sur les méthodologies descriptives d’un « même réel supposé commun » ( postulat de « réalisme » physique fondamental des « objets de la science » , aussi complexes et organisés soient-ils ) et non sur les simples choix volontaires des uns et des autres, je pose librement que la question propre de la liberté elle-même, implique nécessairement la libre participation des libres choix des personnes concernées par ces débats, et n’est réductible d’aucune façon au simple examen des « explications » théoriques provenant de toutes sortes de « sciences humaines, psychologiques, sociales, culturelles, linguistiques, etc. « , effectivement intéressantes à étudier, mais dont les « conclusions factuelles » , si elles existent, ne sauraient en aucun cas servir directement de « norme » d’un quelconque « devoir être ».
Les débats sur la liberté et donc notamment sur une « Égale Liberté », ne peuvent donc, – dans ma proposition – faire l’économie de la rétroaction de la liberté de penser sur elle-même, qui se reconnait donc elle-même librement, comme « libre ».

Déconstructions et éveils équi-wokes

Un dossier de Philosophie Magazine :
« Spécial déconstruction »


https://www.philomag.com/articles/dossier-special-deconstruction-retrouvez-tous-nos-articles

Qui « déconstruit » Qui ?

En écho de la « Question de Jean-Luc Nancy » : « Qui vient après le sujet ? »

La question est toujours la « Même » :

Celle d’une « pensée critique » nécessairement « auto-critique » où, quelle que soit la façon de désigner un « Autre », une « alternative » d’un prétendu « dehors », et d’autant plus qu’il se trouve désigné par les superlatifs d’un « Tout Autre », se retrouve précisément affublé du même masque grimaçant de la soumission à un tel « MEME » « infiniment autre » …

Tous les « alternatifs » qui pensent pouvoir purement et simplement remplacer un système de domination existant par leur « révolution alternative » se condamnent ainsi d’avance aux pires répétitions totalitaires, et ceci d’autant plus qu’ils prétendent défendre une « toute autre pensée qui vient … » en s’ excusant de ne pas pouvoir en dire davantage … sauf qu’ils y sont d’avance soumis …

Liens concernant les suites de la « Question de Jean-Luc Nancy » :

Balibar : Réponse à la question de Jean-Luc Nancy : « qui vient après le sujet ? » [1]

Le « Je »et le « Nous », chroniques d’après le sujet

Liens concernant la question de l’universalisme :






Le nationalisme, c’est la guerre

Au moment où au nom d’anciennes nostalgies impériales certains prennent à nouveau le risque d’attiser les pulsions meurtrières de certains êtres humains à l’ égard d’autres êtres humains, plus que jamais, nous proposons à chaque personne humaine, quelle que soient les étiquettes collectives, nationales, religieuses, politiques, culturelles, sociales, ethniques, linguistiques, claniques, familiales, etc. qui lui sont imposées par les contraintes locales, historiques, géographiques, de sa naissance, de se délivrer de ces carcans collectifs, en élevant la souveraineté propre de chaque personne sur elle-même – pour autant qu’elle reconnait réciproquement à toute autre cette même Égale Liberté – , au-dessus des « souverainetés » des collectifs prétendus souverains qui oppriment leur autonomie personnelle.

Nous proposons donc la reconnaissance par les collectifs politiques actuels, de l’autonomie personnelle de chacun de ses citoyens, et donc de la possibilité universelle de tels citoyens de s’associer librement avec d’autres personnes dans le monde, pour construire avec elles de nouvelles associations collectives à l’échelle planétaire, qui ne soient plus fondées sur les rapports de force et de domination passés ou actuels, mais bien sur la libre décision personnelle de leurs membres associés, de promouvoir leur commune mais « Égale Liberté ».

Nous proposons donc à chaque personne, de ne plus se laisser intimider par l’ attribution collective d’étiquettes qui leur sont accolées par d’autres, sans que leur avis personnel leur ait jamais été demandé.

Toutes les personnes humaines qui pensent que leur autonomie personnelle est parfaitement compatible avec l’autonomie personnelle de nombreuses autres personnes dans le monde, lorsque celles-ci sont prêtes en retour à leur reconnaître cette même autonomie, ont donc toute légitimité à demander des comptes à toutes leurs instances collectives « souveraines » respectives ( en particulier les « États Nations » dont elles dépendent ) .
Des comptes quant aux réels efforts que font ces instances « souveraines » politico-juridiques que sont les « États de droit » pour dépasser leurs rivalités collectives en permettant au moins à ceux de leurs « citoyens » qui le souhaitent, d’acquérir un statut de « citoyen du monde » demandant à voir leurs droits humains juridiques fondamentaux ( que ces États ont signés ) respectés très exactement dans la mesure où eux-mêmes, en tant que personnes, acceptent de les respecter.

Certains voudraient utiliser les circonstances guerrières actuelles pour ranimer les vieux conflits internationaux ou de « blocs » supposés en cherchant à soumettre les personnes aux contraintes ou prétendues obligations de leurs « appartenances identitaires » préétablies.

Qu’un grand nombre de personnes puissent « choisir » de mettre leur appartenance nationale, ou de « camp » d’alliance militaire, ou de camp « civilisationnel » prétendu, au-dessus de leur adhésion à la valeur universalisable des droits humains, c’est en effet leur problème et leur responsabilité interne ( entre « nationalistes » ou « civilisationnistes » ou « autoritaristes illibéraux » de tout poil ) … du moment qu’elles n’empêchent pas les autres, de vivre en paix leur Égale Liberté librement choisie.

Que les « faucons » nationalistes s’entredéchirent entre eux au nom de leurs propres drapeaux, qu’ils le fassent sur leurs propres « champs de bataille », mais ne cherchent pas à embrigader avec eux une grande masse de personnes parfaitement capables de concevoir entre elles d’autres rapports humains.

* * * * *

Une analyse intéressante de la situation géo-politique actuelle :
« Nous sommes dans la guerre » d’Étienne Balibar sur AOC

Remarque concernant le texte de Balibar :
Si je comprends bien qu’ à l’heure actuelle, dans la situation « dans la guerre » où nous nous trouvons, nous sommes bien obligés de faire avec les contraintes et les urgences du moment, donc notamment avec une certaine intégration à des « camps » en présence, parce qu’un « camp » est moins pire que d’autres ( Comme « la démocratie est le pire de tous les régimes, à l’ exception de tous les autres …  » ), je pense cependant qu’Etienne Balibar aurait pu davantage se distancier de tous les nationalismes qu’il ne le fait, même si par ailleurs, vers la fin de l’ article il rappelle sa position plus générale :
 » Je me garderai donc de conclure. Mais j’essayerai de prendre parti, avec et contre mon propre « camp ». Je suis très attaché à la position pacifiste de principe qui fait partie de la tradition de la gauche mondiale, et corrélativement à l’internationalisme hérité du communisme révolutionnaire et renouvelé par l’anti-impérialisme du 20ème siècle. Mais le pacifisme se trouve aujourd’hui pris entre des exigences contradictoires, tout particulièrement sur le continent européen, comme ce fut déjà le cas à l’occasion d’autres conflits où les droits humains fondamentaux étaient en cause. Et l’internationalisme, plus nécessaire que jamais dans sa « méthodologie » politique, apparait tragiquement désarmé lorsque la logique de guerre ne s’accompagne pas d’une mobilisation transnationale au moins virtuelle, ayant son propre « mythe » ou sa propre « utopie » comme ciment. La cage d’acier s’est refermée. Je ne vois d’autre perspective immédiate qu’une « unité de contraires », en espérant qu’elle se développe dialectiquement. « 

Pourquoi ne pas essayer de lancer une telle « mobilisation transnationale au moins virtuelle » ? Mais pour cela, il faudrait sans doute cesser de penser que le « pacifisme de principe » et l' »internationalisme » devraient en théorie être partagés par tous les « êtres humains », mais qu’il est parfaitement possible de penser une communauté transnationale qui ne rassemblent virtuellement que les personnes qui font le libre choix de la reconnaissance mutuelle de leur « EGALIBERTE » ( terme proposé par Étienne Balibar dans un de ses ouvrages … ).

« ELLE » : Un MEME contrat moral

La Proposition de l’ « Égale Liberté Libre Égalité » constitue, pour les personnes qui adhèrent ( par définition librement ) à cette proposition, plus qu’une simple « proposition ».

Adhérer à cette proposition signifie en faire pour soi-même une formule suffisamment signifiante pour devenir son propre libre idéal de valeur régulatrice à suivre , et accepter en même temps qu’un grand nombre de « personnes » pourraient suivre ce MÊME idéal sans contradiction, mais que rien ne peut prétendre en faire un « devoir » ou une quelconque « normativité originaire » ( expression de François Galichet »)

L’extension possible de cet Idéal Commun ( le PIC : Projet Idéal Commun » ) à une multiplicité indéfinie de « personnes » ne se limite pas à l’appartenance de ces « personnes » à une espèce biologique particulière, en l’occurrence aux « êtres humains », mais ouvre un projet universalisable à toute autre forme d' »être raisonnable » dans l’ Univers.
( j’ ai proposé aussi d’appeler cette multitude possible : le « P.E.U.P.L.E.« )


Mais cette extension possible ne peut exercer aucune contrainte ni obligation a priori pour ces personnes en général ( qui en langage kantien sont appelées « êtres raisonnables » ) , ni pour des « personnes humaines » en particulier.

Elle n’aura de « valeur » ( valeur dite « morale » ) que pour et par les personnes qui en adoptent librement l’énoncé ou le recréent à leur manière. La façon dont elles cherchent à traduire cet énoncé commun en termes de formes et de contenus de pensées, d’expression ou d’actes, de façon personnelle est donc a priori extrêmement variée.
Mais toutes ces façons « personnelles » d’interpréter un tel Projet Idéal Commun doivent être suffisamment compatibles les unes avec les autres , pour que chaque personne puisse considérer qu’en mettant « en œuvre » cette formulation idéale commune, elle ne contraint ni n’oblige aucune autre à « faire » comme elle, dans la réalisation singulière ou « propre » de chacune de ces mises en œuvre personnelles.

Nous voyons ici, à la fois la proximité de notre problématique avec la problématique « critique » kantienne, mais aussi une divergence librement et volontairement assumée : l’ « universalisation possible« , que nous proposons également comme critère de la « moralité nouvelle » , n’est pas un « universel a priori » au sens où cette « forme universelle » s’imposerait dans sa pure forme de « légalité » à « tous les êtres rationnels et raisonnables », ce qui est le point de vue kantien ( et plus largement de beaucoup de formes d’ « humanisme universaliste »), avec notamment comme effet l’apparition de la notion de « devoir » ou encore d’ « impératif catégorique », comme chez Kant.
( Remarque : Kant lui-même considère d’une certaine façon que les idées de « liberté » et de « loi morale » sont équivalentes …, mais réserve cette équivalence à une forme d’ « élite » de « saints » . Mais c’est bien parce que finalement, il soumet la liberté à une « loi morale » dont il imagine l’ « universalité » sur le modèle extérieur des « lois de la nature »et de la physique newtonienne qui vient de montrer son succès )

Si une « forme pure de la moralité » doit POUVOIR apparaître dans une telle recherche « critique », c’est d’abord sous la forme de la LIBERTÉ, et donc dans l’ « autonomie de la volonté« , où cette « LIBERTÉ MÊME » devient la « MÊME LIBERTÉ » , pour et par l’ « autonomie de la volonté » des personnes ou « êtres raisonnables » qui se pensent et se veulent effectivement comme des « volontés autonomes », c’est à dire capables ( « POUVANT » et non pas « DEVANT » a priori ) de faire un tel libre choix, mais précisément, non pas « impérativement » ou « par devoir« , mais uniquement d’abord « conditionnellement » : sous la condition de leur propre libre adhésion à une telle « loi morale », qui ne peut, – par la libre définition que je pose – se réaliser qu’en étant simultanément « Égale Liberté et Libre Égalité » : le type de « légalité morale » ne pouvant alors être que la résultante d’un libre choix d’adhésion, qui PEUT certes être a posteriori partagé par beaucoup, mais qui ne saurait, sans contradiction avec l’ idée même de Liberté, s’imposer « universellement a priori« .

Notre position est donc très claire : quelque chose comme la « pureté de la loi morale kantienne », n’est précisément formulable que sous l’expresse condition de la liberté de sa formulation. A cause bien sûr du rôle absolument décisif joué par la liberté même de chaque personne, c’est-à-dire de l’ « autonomie personnelle » irréductiblement liée à une telle formulation, même si et surtout si elle se veut « universalisable« , sous condition de cette liberté même, à la fois comme libre principe de « loi personnelle », et comme étant, à cause du respect de cette autonomie même, potentiellement universalisable.

La « moralité nouvelle » ( notre « Loi Morale Nouvelle » ) se signale donc par le critère d’une universalisation possible ( à tout « être raisonnable » dans l’univers physique qui en ferait le libre choix « personnel » ) mais qui n’implique aucune extériorité ou « hétéronomie » d’un tel libre accord, qui ferait apparaître cette « loi  » comme s’imposant « à tous », en excluant ainsi un libre choix individuel dont pourtant elle prétend énoncer la possibilité universelle.

Chaque personne entre ainsi dans une forme de « contrat moral » ( « moral », précisément parce qu’ « également libre » ), avec toute autre personne qui pose cette même libre adhésion.
Et elle sait par conséquent, qu’elle ne peut pas, dans ce cadre ( de « Loi Morale Nouvelle » ) , attendre des autres personnes de soumission particulière à ses propres goûts particuliers, à ses propres caractéristiques empiriques ou pragmatiques particulières, mais qu’elle ne peut attendre de « compréhension fraternelle » ou de « coopération fraternelle » d’autres personnes que dans la mesure où elle est elle-même prête à en « consentir » réciproquement l’accord possible.

La question de l’ « harmonisation » et de la compatibilité possible de toutes ces caractéristiques personnelles diverses est donc immédiatement posée à chaque personne réelle qui entre dans ce « contrat moral » , et notamment celle de savoir jusqu’où chaque personne, entrant librement dans ce contrat, considère qu’il s’ agit seulement d’une « belle idée », d’un « idéal utopique » dont la formulation, comme le « Fais ce que voudras » de Thélème, peut bien planer « librement » au-dessus de toutes les personnes ainsi virtuELLEment « associées », mais sans être traduit dans une quelconque « réalité concrète ».
Bien sûr, Kant était conscient du « cercle logique » dans lequel il plaçait sa conception d’une « légalité morale universelle a priori ».

Mais chacune de ces personnes est libre aussi de se demander jusqu’où elle est prête elle-même à entrer dans un questionnement plus « concret » d’une quelconque « réalisabilité effective« , en un tissu de liens psychologiques, sociaux, culturels, associatifs, politiques, juridiques, économiques, etc. avec d’autres personnes, dans des configurations réelles, matérialisées, actuelles et « situées », certes éventuellement très différentes les unes des autres et en perpétuelle évolution, mais toutes cependant animées d’un même esprit d’acceptation de la liberté de ces différences.

En prenant en compte la diversité des incarnations actuelles effectives dans lesquelles chaque personne se trouve effectivement physiquement constituée, en particulier comme organisme biologique « humain » avec ses caractéristiques propres dont l’appartenance à une même espèce « homo sapiens » ne permet précisément de tirer a priori aucune « obligation morale » ni aucun « droit naturel » définissant a priori comment effectuer la « traduction » de l’Idéal supposé commun en termes de « réalisation effective » .

Remarque : Si nous proposons une « Loi Morale Nouvelle » en tant que « Proposition de l’ Égale Liberté Libre Égalité« , c’est bien sûr par ce que « NouS » posons d’abord, librement ( chacun à titre personnel ), qu’il n’existe aucune autre « Loi Morale » , ni aucun « ordre » transcendant » ou « transcendantal » , qui puisse nous « obliger a priori » , sans que nous Y ayons personnellement donné notre libre accord ou libre consentement.
Que le « Réel », ou la « nature » comme « physique » nous impose ses contraintes de fait, de « gré ou de force », cela « va de soi » : pour autant cependant que ce « Réel », également de fait, se plie à ses propres « lois », s’il y en a ( … que par conséquent nous pouvons finir par connaître « scientifiquement » … et utiliser pour en contrôler « techniquement » en retour les incarnations « factuelles » ).

Et de même pour toutes les organisations politiques, sociales ou culturelles instituées, dont l’existence de fait, empiriquement constatable, ne constitue en rien une « obligation » ou un « devoir » a priori, mais ne peuvent le devenir pour certaines personnes que sous l’expresse condition de leur libre adhésion.

Mais précisément, toute notre « philosophie » ici, est de dire que le « fait » ( « de facto » ) du « Réel » n’implique aucun « droit » ( « de jure » ) de ce même « Réel ».
Le « droit au droit » institué par l’ « Égale Liberté Libre Égalité » est par définition « autonome » et « souverain » au sens fort, par rapport à toute autre affirmation d' »autonomie » et de « souveraineté » collectives ou individuelles qui prétendraient se fonder sur la seule « force du réel » ou « réalité de la force ».

La conception donc que nous nous faisons de notre « Loi Morale Nouvelle » , est précisément telle qu’ELLE déclare ne fonder son propre « droit » ( ce que certains appellent un « droit au droit » ), que sur le caractère potentiellement universalisable à toute « personne » dans l’Univers ( physique) qui s’en réclamera librement et également, c’est à dire en acceptant en retour le contrôle de ce même idéal régulateur dont elle pose librement le « droit » pour elle-même, en pure Égalité avec toute Liberté individuée ( « personnelle ») qui ferait réciproquement de même.

Remarque : Bien des lecteurs objecterons sans doute qu’il n’y a donc dans cette supposée « Loi Morale Nouvelle« , rien de « nouveau » : qu’il ne s’agit que de la reprise de la MÊME IDÉE, déjà depuis longtemps ou même depuis « toujours » énoncée par toutes sortes de penseurs ou philosophes, ou simples personnes réfléchissantes, de la limitation de la liberté des uns par celle des autres sous l’ Autorité commune de la Loi.
Qu’il s’agit donc d’une simple variante du même modèle que, entre autres :
– la « Règle d’Or »
– le Contrat social de Rousseau
– l’ Impératif catégorique de la loi morale kantienne
– l’ article 4 de la Déclaration des Droits de l’ Homme et du Citoyen,
– les principes de Justice de John Rawls,
– la question posée par François Galichet concernant une « normativité originaire » ( voir dans « Mourir délibérément ? » )
etc. etc.

Et donc que cela ne sert strictement à rien de continuer à chercher des variantes de « quelque chose » qui a depuis longtemps, à la fois été énoncé idéalement, et montré son impuissance à réguler quoi que ce soit dans la réalité des rapports humains, entre les individus ou entre les collectifs et les communautés humaines.

Certains, dans la lignée du « marxisme » post-hegelien, vont bien sûr continuer à répéter eux-mêmes que le problème n’est plus depuis longtemps de trouver une « solution idéale » aux problèmes de la vie humaine en société, mais de « passer à l’action », de « faire » et d’ « agir » , et donc d’ « accéder au pouvoir », et que c’est la « Révolution en marche d’une Histoire en marche » qui règle les problèmes par le « rapport des forces » en présence …
Bref que la « solution » du problème du « passage de l’ Idéal au Réel » se trouve dans l’ Idéalisation du Réel lui-même, comme « moteur de l’histoire » :
Et que si l’on se demande, parmi toutes les propositions d’usage de la force ou du jeu des « rapports de forces », laquelle est la « meilleure » , c’est « forcément » la « loi du plus fort » qui est la « meilleure » … celle que l’ « Histoire avec sa grande Hache » aura retenue.

Bref que si l’on veut établir une soumission du « de facto » au « de jure« , il « faut et il suffit » de définir le « de jure » comme étant l’ institutionnalisation du « de facto » … Lequel ? Celui qui aura « de facto » réussi à s’imposer par son « pouvoir ».

Vieille question d’un supposé renversement des questionnements « éthiques » par la « praxis politique » … et le règne du « tout est politique » , qui finit par devenir … « tout est économique », puis tout n’est que guerre de tous contre tous, et donc « que le meilleur gagne » suppose que le « meilleur » est par définition « celui qui gagne ».

Faudrait-il choisir entre « avoir les mains pures, mais ne pas avoir de mains » et « avoir des mains dans le cambouis » , mais les avoir nécessairement rongées voire écrasées par les contradictions de la « lutte pour la vie » ?

A chacun de voir :

– Pour moi, je sais ce que je veux pour moi et ce que veulent par conséquent aussi d’autres qui peuvent vouloir la même Égale Liberté que celle que je veux, à partir de ma propre libre décision .
– Je ne prétends donc « imposer » à personne, ni même « obliger » personne à suivre ce « même contrat moral » ( d’ « Égale Liberté« ) , puisque, par définition je le pose librement comme étant libre ( « Libre Égalité » )

– Quant à VOUS, … c’est VOUS qui voyez .





Égale Liberté et Égale Sécurité ?

Une très ancienne opposition est souvent réactualisée, entre « Liberté » et « Sécurité ».

Un entretien de Philomagazine avec Mireille Delmas-MArty en 2016, réanalyse certains aspects de la question :

Mireille Delmas-Marty: “Comment faire valoir la liberté contre la sécurité ?”

Mireille Delmas-Marty, propos recueillis par Alexandre Lacroix publié le 21 septembre 2016

ELLE, l’ Humanisme et le Transhumanisme

Reprise de la page de 2015 publiée sur le site egaleliberte.fr :

ELLE, l’ Humanisme et le Transhumanisme

Rappel et précisions préalables :

Le principe d’ Égale Liberté Libre Égalité proposé sur ce site, part de l’auto-position de la valeur éthique de sa propre liberté par toute entité capable de se poser ce type de « question », de se donner une représentation de sa propre liberté par rapport à celle d’autres entités.
La proposition de l’ « Égale Liberté », consiste, pour une telle entité, à proposer à toutes les autres entités réelles, possibles ou imaginables de l’ Univers ( pouvant exister dans le futur ), de bénéficier d’une telle « Égale Liberté » partagée, sur la base simplement de la libre reconnaissance réciproque par ces autres de cette même « Égale Liberté« .
Aucune référence directe n’est faite ici à une quelconque appartenance à l’ « humanité », de telles entités.
Mais bien évidemment, les « êtres humains » sont considérés par l’auteur, qui se compte lui-même parmi les « êtres humains », comme de telles entités physiques réelles capables, pour la très grande majorité d’entre elles, de se donner une représentation de leur propre liberté et des problèmes de la relation avec la liberté des autres personnes.


Ce qui est décisif, c’est :

1. Un ensemble de capacités cognitives, très variables et dont rien ne dit a priori qu’elles ne peuvent exister que chez une espèce particulière, ou un genre biologique particulier ( « homo » ), mais permettant à cette « entité » de se représenter consciemment elle-même et de se représenter d’autres entités avec lesquelles elle peut être en relation dans l’ Univers, comme ayant elles aussi  une certaine autonomie consciente réflexive de décision et de volonté, pour laquelle le mot « liberté » usuel dans beaucoup de langues et cultures humaines ( ou d’autres conceptuellement équivalents) est un bon candidat signifiant.

2. Des possibilités effectives de communication avec ces autres entités permettant à chacune de savoir en quoi les autres peuvent être en accord ou en désaccord avec ses propres représentations et de se construire des accords partiels sur des jugements, décisions ou actions coordonnées à entreprendre.

3. Fondamental pour notre propre proposition « ELLE » , mais pas nécessairement partagé par tous les « êtres humains », ni par toutes les autres « entités » imaginables ayant la capacité de se représenter une telle « liberté » :
La volonté librement pensée et exprimée par une telle entité de n’utiliser en principe sa propre liberté dans une action dans et sur le réel que dans la mesure où cet exercice est compatible avec l’ Égale Liberté de ces autres entités ( lorsque et dans la mesure où il est possible à toutes ces entités d’ avoir une connaissance de leur propre existence et de leurs « libres volontés » respectives ).

Une telle « Égale Liberté » ne peut pas être octroyée de l’extérieur ou, pire, être imposée à de telles autres entités si celles-ci ne sont pas en retour au moins CAPABLES de penser une telle liberté, et donc de prendre par elles-mêmes la libre décision ( « Libre Égalité » ) de « partager » une telle liberté avec les autres sur une base d’ « Égale Liberté » .

Dans la pratique actuelle, les seules entités disposant suffisamment  à notre connaissance de telles capacités cognitives et communicationnelles sont d’autres « êtres humains » terrestres.

Mais je suis prêt à réviser ce point, si un « grand singe » ou un dauphin, ou un nuage d’électrons pensant, ou l’ « esprit d’un peuple », vient « en personne » ( donc en « première personne » – et non à travers la « représentation » par une personne humaine individuelle – me dire qu’il est une « personne »  prête à discuter avec moi de nos libertés respectives …  )

Mais rien, dans le principe d’ Égale Liberté Libre Égalité que NouS proposons,
n’exige a priori une telle « appartenance » à l’ espèce « homo sapiens« , ni au genre biologique « homo », ni à une quelconque autre classe de systèmes  biologiques ou physiques organisés.

Aussi bien d’autres entités organisées « naturelles » ou « artificielles », SI elles montraient suffisamment de telles capacités … et donc se débrouillaient aussi par différents signes pour les manifester, pourraient a priori être admissibles dans le cercle des « personnes souveraines libres et égales » :

La condition restrictive n’est pas d’être un « être humain », mais d’ être un « être » capable de reconnaître sa propre liberté et celles d’autres êtres que lui ET de décider librement à partir de là que tous ces autres « êtres capables de liberté réflexive consciente » ont le même « droit » que soi-même à l’ exercice de leur propre liberté, pour autant qu’ils acceptent réciproquement ce même « droit » pour les autres.

Le principe « éthique » d’  « Égale Liberté <-> Libre Égalité
 » ainsi co-institué, peut être compris et proposé par chacune de ces entités ( en son propre langage … s’il fait l’ effort de faire comprendre aux autres sa propre exigence de liberté ET sa capacité à reconnaître aux autres la leur … ).
Par définition, dans cet aspect simplement propositionnel, tout être capable d’ énoncer une telle « proposition » en a le « droit » ( qu’il se donne à lui-même  dans le fait même qu’il se le « propose » au moins déjà à lui-même en le « pensant  » ). C’est en particulier ce que je fais moi-même, ici.
Et je présuppose que, lecteur de ce texte, Vous le pouvez aussi et donc en avez le « droit fondamental », si Vous Vous le donnez, c’est à dire que Vous pouvez, « comme moi », librement décider de reconnaître simultanément l’ « Égale Liberté » d’autres entités qui, comme vous et moi, se reconnaîtraient librement et à « NouS », cette même « Égale Liberté ».
Cette décision d’adhérer à la proposition, ne peut être que strictement la vôtre, par définition de l' »Égale Liberté Libre Égalité » telle que je l’ai librement posée – puisque chacun peut poser une « définition » en « définissant » le mot ou l’expression qu’il pose. Mais que bien entendu, il n’oblige par là personne d’autre à utiliser cette définition …
C’est pourquoi je rappELLE en permanence que « C’est Vous qui Voyez » .

Donc réciproquement par rapport à l’ « Égale Liberté » posée « en commun »par les personnes qui en font le choix , l’adhésion à la valeur éthique d’une telle proposition, l’accord pour en faire un principe non seulement qu’on « comprend » intellectuellement, mais qu’on décide de poser soi-même comme principe régulateur de ses propres « jugements éthiques » et de ses propres actes « responsables », dépend de la LIBRE DÉCISION de chacune de ces entités elles-mêmes, et ne peut d’aucune façon leur être légitimement imposée du dehors par une quelconque « autorité supérieure » ( ni individuelle ni collective ).

( C’est ce que signifie la deuxième partie du Principe :  » <-> Libre Égalité » )
C’est en particulier aussi la raison pour laquelle cette proposition que j’ énonce et que je définis à partir de ma propre liberté, ne prétend en aucune façon être une « vérité morale » , ou une « vérité » de quelque ordre que ce soit, ni l’ énoncé d’un quelconque « droit naturel », et encore moins d’un « principe moral universel » :
La « valeur » de ce « principe »  est simplement potentiellement « universalisable » pour et par toute personne qui prendrait elle-même cette même libre décision de l’adopter.


– Est-ce à dire que toute entité incapable d’une telle compréhension serait considérée par « NouS » comme privée de tout droit ?
( C’est la question posée par tous les « anti-spécistes » et notamment les « animalistes » )
Évidemment non : mais, par définition, elle n’aurait comme « droits« , qu’une combinaison incomplète entre ses propres capacités réelles de volonté autonome et ce que d’autres qu’elle-même lui « octroient » comme droits, en parlant à sa place …
( C’est ce que font les « animalistes » actuels, en définissant le « droit des animaux » … à leur place, et qu’ont fait naguère les colonisateurs occidentaux ou autres en prétendant mieux savoir à la place des personnes colonisées où se trouve leur « bien » , ou d’une façon générale tout « dominant » réel ou potentiel, qui prétend décider à la place de dominés considérés comme des « mineurs » ce qu’il faudrait qu’il pense ou décide de faire … )

Une entité physiquement incapable de pensée consciente autonome serait simplement dans un état de « minorité » , d’ « assistance » ou de « tutelle », aussi longtemps qu’elle est incapable, effectivement, de se  « penser » elle-même ainsi comme volonté autonome interagissant avec d’autres volontés autonomes. C’est couramment, ce que fait déjà le droit actuel, en ne donnant pas les mêmes « capacités judiciaires » aux enfants ou à certains handicapés mentaux qu’aux « citoyens adultes » de plein exercice. 

Même si nous cherchons à penser un « droit des animaux » ou un « droit des espèces vivantes » ou un « droit des écosystèmes » ou un « droit des entités culturelles », ou un « droit des personnes morales » ( collectifs associatifs comme tels ), ou même un « droit des peuples« , c’est toujours seulement dans les faits ACTUELS, parce que des « personnes humaines » réelles individuelles, conscientes des problèmes posés, se chargent de « prendre la défense » de tels « droits » que ces « entités » elles-mêmes sont bien incapables de « penser » par elles-mêmes avec leurs propres ressources cognitives autonomes.

Mais, une telle situation de « minorité », de « tutelle » ou de « dépendance morale », n’est pas, dans la perspective du principe d’ Égale Liberté Libre Égalité, la situation idéale visée pour une « personne souveraine libre et égale« , puisque ce sont précisément ces capacités de se penser soi-même comme source d’une volonté autonome qui en sont à la fois une condition réelle et la valeur fondamentale que ces personnes cherchent à conserver et à développer en commun.
Mais un tel COMMUN ( le « NouS » de l’ « Égale Liberté » ) n’est pas un commun préalable ou « a priori », ni préexistant dans la « nature » ou dans la « culture », ou dans « l’histoire d’un peuple », encore moins dans un « ciel des idées »substantiel : ce « COMMUN » là n’existe que par la libre volonté des entités conscientes autonomes qui choisissent de former ce COMMUN ( appelé « politique »par certains ) sur la base de leur commune « Égale Liberté », à laquelle chacune de ces entités conscientes autonome PEUT adhérer librement, si et seulement si elle en décide ainsi librement « ELLE-MEME » , donc aussi en termes de « Libre Égalité ».

« Kant à Vous … c’est Vous qui Voyez « 
Texte revisité le 17/01/2022

P.S. Pourquoi « transhumanisme » dans le titre ?
Evidemment parce que rien, dans notre proposition d’ « Égale Liberté Libre Égalité« , ne présuppose que les « entités » autonomes et conscientes, »personnes souveraines libres et égales » soient nécessairement des « êtres humains » au sens de l’ appartenance à une catégorie biologique particulière héritière de l’ évolution biologique des espèces du genre « homo » …
Il n’y a donc aucune raison de limiter les droits et libertés des « personnes libres et égales » pour et par des « homo sapiens » tels que l’enveloppe de leur « pool génétique » les « encadre » aujourd’hui.

ELLE et le libertarisme

J’ai déjà expliqué en quoi la position « Egalibertaire et Libregalitaire » développée sur ce site est voisine de celle du « libéralisme égalitaire » de Rawls.
En particulier le versant de l’ « Égale Liberté » utilise la même expression que le premier principe de justice de Rawls.

Cependant, par certains aspects, notamment en ce qui concerne le deuxième versant de notre proposition, à savoir la « Libre Égalité », il serait possible de rapprocher notre point de vue de celui des « libertariens », à cause de l’importance fondamentale que nous accordons comme eux à la « Liberté », conçue en effet d’abord comme liberté individuelle.

Une première approche consisterait à dire que les « Egalibertaires – Libregalitaires » sont des « libertaires », au sens où ils ne se sentent pas contraints a priori par une conception de « droit naturel humaniste égalitaire », mais que précisément la valeur qu’ils accordent à leur « égalitarisme » résulte strictement de leur libre choix individuel, d’être et de devenir ainsi des « personnes libres ET égales ».
La différence fondamentale de notre position avec les habituels « libertariens » de la droite « américaine »est bien évidemment que ceux-ci veulent profiter de cette conception de leur liberté individuelle ( conception qu’ils prétendent cependant … « universalisable » ! ), pour ne pas avoir à tenir compte d’un quelconque principe « égalitaire », notamment en termes de ressources économiques, et pouvoir prétexter de la liberté fondamentale du droit de propriété pour pouvoir augmenter leurs ressources « libertaires » indéfiniment, fusse au détriment des autres, du moment que les échanges économiques sur un marché soient formellement des transactions « volontaires », physiquement non contraintes.

En revanche les « personnes libres et égales » que NouS NouS proposons mutuELLEment d’être et de devenir, choisissent LIBREMENT, ( tout aussi librement que la liberté « libertarienne » fondamentale ) de se considérer comme des ÉGAUX, non seulement en termes de « libertés formelles », mais bien aussi en termes de ressources réelles équivalentes ( « économiques » en général, mais aussi de toute sortes d’autres « capitaux » ou « capabilités » au sens d’ Amartya Sen ) , nécessaires pour assurer à chacune des « personnes libres et égales » un accès ( et si possible une croissance progressive ) à toute l’ « Égale Liberté » rendue possible par leur coopération librement et égalitairement construite.

Rien n’empêche en effet des « libertariens » au sens théorique, de choisir librement de mettre en commun de plus en plus de ressources et de coopérer pour une plus grande « Égale Liberté » commune, plutôt que d’être en compétition permanente entre eux et avec tout autre pouvoir pour les ressources fondamentales nécessaires à la croissance d’une telle commune « Égale Liberté ».

C’est précisément cette liberté « libertarienne » du choix possible de l’ « Égalité » que nous appelons « Libre Égalité« . Comme les « libertariens » et les « libéraux » en général, nous pensons en effet , et surtout nous en décidons ainsi pour nous-mêmes, que le contrat social que nous souhaitons doit fondamentalement être basé sur la liberté individuelle de l’adhésion à un tel contrat, et que cette LIBERTÉ individuelle de l’adhésion est très exactement aussi importante que l’ EGALITE contractuelle ou « conventionnelle » qu’elle institue simultanément.

Cette libre décision institue donc une différence entre des « libertariens inégalitaires » ( ou qui ne se préoccupent pas des inégalités notamment économiques et sociales que l’exercice des libertés individuelles peut provoquer) et des « libertariens égalitaires » qui choisissent au contraire de constituer ( librement entre eux … ) un contrat social garantissant simultanément leur « radicale liberté » ET leur « radicale égalité ».

Il est assez facile de comprendre dans ce cas que :
– d’une part notre position est d’une certaine façon encore plus « libertaire » que celle des « libertariens », en ce qu’elle ne prétend plus prouver ou « argumenter rationnellement » qu’il faudrait adopter une position libertarienne ou une autre position de philosophie politique quelconque, dans le vaste espace des variantes de philosophie politique possibles, puisque en fin de compte nous considérons qu’il s’agit là d’un libre choix philosophique individuel, qui ne présuppose rien d’autre que cette liberté de pensée et de conscience elle-même par laquelle une personne individuelle adhère ou pas, ou plus ou moins à une philosophie, ou invente sa propre philosophie en la proposant au « libre examen public » des autres.
– mais que d’autre part, par le contenu particulier du choix que nous faisons, celui de poser la valeur fondamentale, « pour NouS », de l’ « Égale Liberté Libre Égalité » – et d’Y adhérer librement – , nous admettons tout aussi fondamentalement, à cause de cette « Égale Liberté » même, que d’autres personnes puissent faire d’autres choix de philosophie politique et donc constituer et instituer leur propre contrat social de communauté éthique, juridique et politique avec les personnes qui font le même choix qu’elles.
Evidemment, à une condition formELLE ( que « NouS » posons en effet « unilatéralement » pour NouS-MEMES ) : celle que ces autres contrats sociaux, dans toute leur variétés et diversités imaginables, « NouS » laissent tout aussi « librement » ( ??? ) instituer et constituer le « nôtre » ( celui de l’ « Égale Liberté Libre Égalité » que nous proposons d’établir entre toutes les « personnes libres et égales » qui choisissent librement d’ Y adhérer.

Mais, diront les objecteurs, le problème justement de la « politique » et donc de la « philosophie politique », n’est pas de décrire la variété des opinions et positions politiques individuelles possibles, ni même de leur assurer en commun un « espace de libre expression » ( encore que … ), mais de constituer « tous ensemble, tous ensemble, …  » une même et indivisible « société politique » !
Ah oui ?! Et laquelle ?! L’ « archipel français » ? l’ « espace civilisationnel européen » ? la « communauté localiste des survivalistes éco-féministes néo-rura.l.e.s pagano-chrétien.ne.s » ? l’ Organisation des « Nations Unies Socialistes Humanistes » ? et pourquoi pas : Les « Citoyens du Monde Solidaires et Fraternels » ? etc. etc. .
J’imagine aisément que votre imagination philosophico-politique de votre utopie personnelle préférée est encore bien plus développée que la mienne ,
et donc que chacun peut déjà chercher à s’assurer de former une telle « société » … avec lui-même et de se donner ainsi sa propre « loi de liberté ».

Pour finir donc cet article à propos de « libertarisme », plus que jamais, je conclus en disant : « C’est Vous qui Voyez » …

De quel « PEUPLE » parlons-nous ?

Un débat politique toujours actuel se pose concernant la comparaison entre différents sens du mot « Peuple » , car bien évidemment non seulement une « démocratie » ne saurait se confondre avec une « éthnocratie » , mais même la pluralité des sens du « DEMOS » politique pose bien sûr problème .

  1. Un texte sur AOC peut servir d’introduction :
    Fabriques de peuples par Gérard BRAS

« De Nuit Debout à Occupy Wall Street, du Printemps Arabe à la Révolution des parapluies à Hong Kong, les mouvements de revendications de la dernière décennie ont fait resurgir le terme de « peuple » dans le discours politique contemporain, dévoilant un large spectre de significations. Derrière l’apparente unité se cachent en réalité trois visages distincts, parfois contradictoires mais toujours inséparables.« 

Un autre texte de Gérard BRAS, dans AOC du 24 septembre 2024 :
« Les peuples contre le peuple« 
https://aoc.media/opinion/2024/09/24/les-peuples-contre-le-peuple/

2. Le texte de Céline Spector dans AOC à l’occasion du débat sur l’idée d’un « peuple européen » , montre un certain nombre des dimensions de la question :

Une Europe sans peuple ?
Les conditions d’une démocratie européenne

Par Céline Spector

https://aoc.media/analyse/2021/12/27/une-europe-sans-peuple-les-conditions-dune-democratie-europeenne-2/

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J’ai déjà entamé sur ce blog la question de la référence de ce que j’appelle la « loi morale nouvelle » ( ou « Proposition de l’ Égale Liberté Libre Égalité » ) à la possibilité de la constitution juridico-politique d’un nouveau « contrat social » sur une telle base « éthique » commune aux « personnes libres et égales« .

Remarque : par rapport aux trois « scènes » dont parle Gérard Bras, ma propre proposition de « P.E.U.P.L.E » se joue et déjoue en particulier la deuxième « scène », celle du « démos politique« , et donc de la question du « pacte social institué ».

J’ai ainsi proposé , dans un jeux de lettres , de définir le « P.E.U.P.L.E. » en question comme acronyme de :

« Projet Éternel Universel des Personnes Libres et Égales« ,
En m’excusant d’avance du « PEU » que les « personnes libres et égales » ( Pour reprendre l’expression de John Rawls ) sont ainsi capables de poser comme leur « PEU » commun …

Mais telle est nécessairement l’ambition « Éternelle Universelle » de ce noyau commun, non pas bien sûr parce qu’ELLE serait totalitairement applicable ou appliquée « toujours et partout » dans une « E.U. topie » , mais précisément parce que sa définition possible est par cette définition même « hors » de tout temps et de tout lieu particuliers qui signeraient son « identité originaire » …

Pas non plus l’absence de tout lieu ou de tout temps possible pour son institution ( « OU – topia  » ), mais POSSIBILITÉ, POTENTIEL, en PUISSANCE et donc en PROJET , de continuer de se mettre en projet et « en marche », peu importe où et quand les « personnes libres et égales » se donnent ce projet commun, en se définissant elles-mêmes comme « libres et égales » en posant en acte la LIBERTÉ MEME qui sert de « fondement » à leur co-institution ou « constitution » réciproque.

Dans l' »espace » actuel de la planète Terre où homo sapiens organise l’ « anthropocène », chaque « être humain » PEUT, au niveau de ses capacités cérébrales personnelles, être suffisamment conscient de sa situation dans le monde, ou dans « son monde », pour y être concrètement confronté à la question de sa « liberté », et PEUT, du moins en son « for intérieur », projeter en idée, en rêve ou en idéal, ou en exigence émotionnelle spontanée de « justice », l’imaginaire social d’une « société de liberté » où sa propre place de personne serait reconnue « comme celle des autres ».
Même si dans le réel des situations humaines diverses, un grand nombre de personnes sont empêchées par leur environnement et leurs conditions de vie de prendre une claire conscience personnelle d’une telle « liberté idéale possible« , nous présupposons ici qu’une telle prise de conscience de cette question est déjà très largement répandue parmi les êtres humains, quelles que soient leurs cultures, leurs systèmes politiques, leurs convictions sur le cadre naturel ou « surnaturel », le cadre de conception du monde dans lequel une telle question de « liberté idéale possible » peut être légitimement posée à leurs yeux.

Nous ne présupposons en revanche aucune « réponse universelle a priori » que tout être humain donnerait ou devrait donner à une telle question, en termes d’une « loi morale universelle » telle qu’elle a été recherchée notamment par Kant. ( « nécessaire et universelle a priori » par analogie avec les lois de la physique ou les « lois de la Nature » en général ) :

Notre proposition de « Loi Morale Nouvelle » se pose explicitement comme seulement « universalisable » sous condition ( donc sans « impératif catégorique » ( Kant ) ou « normativité originaire » ( F. GALICHET ) ) , c’est à dire PAR et POUR des personnes individuées qui se veulent librement elles-mêmes comme « Libres et Égales ». Ce sont donc ces personnes qui décident elles-mêmes jusqu’à quel point elles veulent participer à la « constitution » d’un tel « P.E.U.P.L.E. » , et qui construisent par conséquent, dans le réel de leurs actions individuelles ou collectives, le système complexe des « frontières » fraternelles / fractales entre le « DEDANS » d’un tel « P.E.U.P.L.E. » et son « DEHORS », entre le « NouS » et « EuX ».

La question, pour chaque personne qui se pose la question, devient alors celle de savoir si elle se laisse simplement « situer » passivement, entraînée par les flux et les marées de la foule ou de la « multitude » ou d’un quelconque « peuple » ou « collectif » ou « communauté » préalablement existant, ou jusqu’à quel point elle veut au contraire définir par elle-même consciemment et volontairement sa « place » dans ce tissu complexe de « frontières », en participant par là même à sa « constitution théorique » et à sa « fabrication pratique concrète ».

Pour ma part, en tant que « personne libre et égale » autodéterminée, puisque je me suis moi-même ainsi librement défini, c’est en particulier par ma contribution « philosophique théorique », par la « proposition de l’Égale Liberté Libre Égalité » , que j’apporte ma « goutte d’eau » personnelle à ce « Projet Éternel Universalisable des Personnes Libres et Égales » (‘PEUPLE » ) :

Les pratiques concrètes effectives de l’individu « Armand Stroh » ( individu « mâle », « blanc », « OKboomer », d' »origine » alsacienne, française, européenne, etc. , né le 29 septembre 1948 à Strasbourg ) , ne sont alors effectivement que très partiellement « explicables » par sa référence théorique idéalisée à sa propre « Proposition de l’ Égale Liberté Libre Égalité » .

Quant à Vous, c’est Vous qui voyez …

ELLE : Univers-ELLE conditionn-ELLE

Contrairement à toutes les prétentions philosophiques classiques à trouver un « fondement universel » de la moralité , la Proposition de l’ Égale Liberté Libre Égalité » que je fais – en tant que personne individu-ELLE singulière -, articule dans son énoncé même ainsi concentré une liaison entre un potentiel universalisable ( « Égale Liberté » ) et une prise de position simplement individuelle-locale-située dont je prends l’entière responsabilité précisément « personnELLE » ( « Libre Égalité » ).

De façon à préciser cette différence avec un grand nombre de positions de philosophie morale classiques, il est possible de reprendre toutes sortes de débats « entre philosophes » qui ont essayé de formuler les grandes lignes de cette problématique d’une « loi morale universelle », et en particulier bien sûr la ligne « généalogique » kantienne et la façon dont une telle « universalité » serait liée à l’ « universalité de la Raison » de tous les « êtres raisonnables » .

Voir par exemple :
« Loi restrictive et loi productive dans l’éthique fichtéenne »
Piché Claude, « Loi restrictive et loi productive dans l’éthique fichtéenne », Revue de métaphysique et de morale, 2011/3 (n° 71), p. 309-318. DOI : 10.3917/rmm.113.0309. URL : https://www.cairn.info/revue-de-metaphysique-et-de-morale-2011-3-page-309.htm

J’y relève ceci :
« Mais c’est à la fin du § 18 que Fichte indique l’instance sans doute la mieux à même de réaliser dans les faits ce consensus, encore qu’il s’agisse d’une tâche infinie : la « république savante » [6][6]SL, GA I, 5, 224. . Fichte, qui s’inspire largement dans ces pages du texte de Kant « Qu’est-ce que les Lumières ? », assimile en fait cette république à l’espace public évoqué par Kant, où tout un chacun, à condition qu’il sache lire et écrire, est invité à faire usage public de sa raison, afin d’y exposer et d’y mettre à l’épreuve ses convictions.« 

Une des questions traditionnelles est celle du rapport à construire entre une « loi morale » éventuellement « universelle » dans son pur énoncé formel et la façon dont il est possible d’incarner une telle « moralité universelle » dans la diversité concrète du « réel » et donc la question des médiations des institutions sociales, culturelles et politiques humaines dans cette mise en rapport.

De ce point de vue, ma propre « Proposition » invite certes à la mise en oeuvre d’un « NouS », mais où, pour commencer, c’est la Liberté elle-même, en tant qu’elle est également « partageable » qui est au fondement d’une telle « Loi Morale », mais dont le « partage » suppose précisément le libre engagement de la « personne libre et égale » dans l’adhésion.
C’est donc le libre renoncement à une quelconque « universalité obligée » qui est constitutif de cette « Loi Morale Nouvelle », ce qui est en réalité très différent de la façon dont est conçue traditionnellement une « loi morale universelle » prétendue fondée sur une « raison universelle a priori » .
Dans cette perspective, absolument rien d’autre que sa propre liberté personnelle « autonome » ne peut inciter une personne individuelle particulière à adhérer elle-même à cette nouvelle forme de « loi morale », dont l’ « universalité » potentielle ne peut être que librement construite à partir de la libre volonté de chaque personne qui Y adhère.
Une telle personne, « vous » par exemple, ( puisque « c’est vous qui voyez … » ), n’ aura pas à être « convaincue » par ce que je propose, dans la mesure où, si elle Y adhère, elle ne peut le faire qu’en étant et en se sentant elle-même totalement libre d’Y adhérer, très exactement comme si elle avait été elle-même co- autrice et co-actrice de la définition autonome de cette « loi morale nouvelle ».

Le type d’ « universalité potentielle » ainsi proposé est très différent de ce que beaucoup d’auteurs classiques croyaient pouvoir Y trouver, en postulant bien sûr la nécessité de la liberté en matière « morale » proprement dite, mais en distinguant l’ « universalité de la loi morale » proprement dite de l’universalité potentielle d’une « égale liberté » .

Mais du coup aussi, la fameuse question du lien à établir entre « loi morale formelle » et « pratique morale réelle » se repose elle aussi différemment, puisque c’est chaque personne morale « libre et égale » qui peut et « doit-si-elle le-veut » articuler le lien du « formel » et du « réel », et dont aucune institution surplombante ne peut prétendre donner le « cadre » obligatoire universel.

« ELLE » et le libéralisme égalitaire ou égalitarisme libéral de Rawls

Si vous êtes un connaisseur, amateur ou professionnel, ou du moins si vous avez entendu parler de la Théorie de la Justice ou du « Libéralisme égalitaire » de John Rawls, vous pouvez penser en un premier temps, que la proposition de l’ « Égale Liberté Libre Égalité » que j’exprime ici, n’est qu’une répétition vague et approximative, « inculte » ou « naïve », d’une formulation théorique bien connue des spécialistes universitaires sous l’ étiquette du « libéralisme égalitaire » notamment représenté par la « Théorie de la Justice » de John Rawls.

Et donc, que la prétention à présenter une « nouveauté » en cette matière devrait au minimum faire le travail universitaire de se positionner dans un « état de la question » , de façon à pouvoir dialoguer de façon pertinente avec des personnes qui ont travaillé pendant des années ou des décennies et sous l’oeil critique de leurs « pairs » universitaires, dans un tel domaine de la pensée philosophique, morale, juridique et politique déjà largement « balisé », et où les « interstices » encore non explorés sont considérés, soit comme rares et donc difficile à trouver ou à construire par un travail exigeant, soit comme sans intérêt ou ne consistant qu’à répéter inutilement des formulations déjà bien connues.

Et ce serait effectivement le cas si je prétendais dans ma proposition « ELLE » ( « Égale Liberté Libre Égalité »), n’énoncer rien d’autre que la proposition rawlsienne ou une variante théorique ou critique particulière, s’insérant dans le tissu des commentaires, critiques et gloses universitaires ou médiatiques de la pensée de Rawls, et plus généralement du « libéralisme égalitaire ».
( Voir par exemple un cours sur les différentes conceptions de la justice sociale )

Mais ce point d’entrée est possible, même si ce n’est pas celui que j’ai personnellement choisi de parcourir de façon « universitaire ».

Donc, nous pouvons supposer, pour simplifier, dans une première approche, que le premier membre de ma proposition , à savoir « Égale Liberté« , représente une expression suffisamment proche de la position générale du « Libéralisme égalitaire » et donc de l’importance accordée à un principe d’ « Égale Liberté », suffisamment proche de celui énoncé par John Rawls comme « premier principe » de sa « Théorie de la Justice » .

Les connaisseurs de la Théorie de la Justice de Rawls se demanderont donc immédiatement où se situent les différences et en particulier par rapport aux grands concepts rawlsiens comme le « voile d’ignorance », la « personne libre et égale » etc. , et surtout les deux autres « principes de justice » inséparables du premier dans la théorie rawlsienne.

Relativement à ma propre proposition, la question sera alors : mais à quoi peut bien correspondre le deuxième membre « Libre Égalité », si on cherche une équivalence à l’intérieur du dispositif rawlsien ?

1. Une première réponse est de dire que la « Libre Égalité » est dans cette perspective de comparaison avec la théorie de Rawls, la liberté même des multiples interprétations qui peuvent être données d’un « Principe d’ Égale Liberté », dans diverses versions ou variantes de « libéralisme égalitaire » ( … ou d’ « égalitarisme libéral » ) , par la diversité des personnes qui adoptent ce principe commun … La position de Rawls à ce sujet ( ou les positions, puisque sa pensée a été évolutive … ) est donc une libre position particulière à ce sujet, et on ne voit pas pourquoi un « libéral égalitaire » n’accepterait pas que d’autres personnes aient une conception interprétative différente et évolutive de ce « principe » pourtant commun.

Ce à quoi un partisan « orthodoxe » de la pensée rawlsienne ( mais cependant « libéral » … ) dira sans doute que c’est justement le dispositif du « voile d’ignorance » qui doit permettre à toutes ces personnes d’ignorer dans leur raisonnement éthico-politico-juridique général, toutes leurs « différences réelles » de situation dans le réel naturel ou social et donc effacer toutes les différences interprétatives qui pourraient en résulter concernant les 3 principes de justice communs.

Et en effet, c’est là une différence fondamentale ( et fondatrice de ma propre « variante » ) : la pluralité des différences interprétatives, seulement attribuées par Rawls à la non prise en compte du « voile d’ignorance », et donc reprises dans les nombreuses critiques de ses successeurs qui lui reprochent de rester dans une théorie « abstraite » ( à la manière dont on a pu dire de la pensée morale kantienne qu’elle « a les mains pures mais n’a pas de mains » ), toutes ces différences ne sont pas seulement à reprendre dans le cadre des deux autres principes de justice ( eux-mêmes construits abstraitement derrière le « voile d’ignorance » ) , mais interviennent, – dans ma proposition « ELLE » – directement en tant que « deuxième membre » de mon propre « premier principe » à la fois « Egalibertaire et Librégalitaire » ( pour reprendre une contraction proposée par Etienne Balibar dans la proposition de l’ « Egaliberté » )

Ce n’est donc pas seulement en tant que principes de « traitement des inégalités » que ma proposition diffère de celle de Rawls, mais bien dans la définition fondatrice même du rapport entre « Liberté » et « Égalité » :
La conception de « Libéralisme Égalitaire » ou d’ « Égalitarisme Libéral » étant directement instituée dans leur circularité même, dans laquelle chaque « personne »peut entrer … si elle en prend la libre décision, « elle-même ».
Et du coup « La théorie de la Justice » est aussi « Sa théorie » … et sa propre volonté d’en tenir compte ou pas, ou plus ou moins … en autorisant par conséquent les autres personnes … à faire « de même », puisque précisément elles ‘appuient sur la « même » « Égale Liberté » d’interpréter celle-ci à « leur façon » …

Car quelle serait aujourd’hui la prétention « dogmatique » d’un « philosophe », de croire pouvoir construire un « principe de justice » universalisable quelconque, en « surplomb », sans y intégrer, ipso facto, l’ Égale Liberté de conscience, d’ expression et d’association permettant à toutes ces « variantes » interprétatives de cette « identité de principe » de « co-exister » ?

2. La deuxième réponse à la question de savoir en quoi pourrait bien consister notre proposition de « Libre Égalité« , si on cherche à la comparer aux éléments philosophiques des principes de justice de Rawls, sera bien sûr d’expliquer en quoi il y a une différence fondamentale entre le 2ème principe de justice de Rawls et le deuxième membre « Libre Égalité » de notre proposition « ELLE ».


Rappelons les 2 principes de justice de la Théorie de la Justice de Rawls :

  1. « Premier principe : chaque personne doit avoir un droit égal au système total le plus étendu de libertés de base égales pour tous, compatible avec un même système pour tous.
  2. « Second principe : les inégalités économiques et sociales doivent être telles qu’elles soient : (a) au plus grand bénéfice des plus désavantagés et (b) attachées à des fonctions et des positions ouvertes à tous, conformément au principe de la juste égalité des chances. »1.

Remarque 1 : Le second principe traite des inégalités économiques et sociales, et semble considérer que ces inégalités peuvent et doivent être traitées indépendamment de leurs effets sur la liberté de ces personnes, et donc qu’il existerait un problème général d’un principe d’ Égalité en soi ( indépendante de la question de la Liberté ) ou d’acceptabilité de l' »Inégalité » qui puisse être théoriquement et pratiquement traité séparément du problème de l’ « Égale Liberté ».
Il s’agit là en partie d’une distinction traditionnelle entre « Libertés politiques fondamentales » et « Libertés économiques et sociales », voire entre « Libertés formelles » et « Libertés réelles », dont on a aussi la trace jusque dans les deux grands « Pactes internationaux » des Nations Unies :
Le «  Pacte international relatif aux droits civils et politiques « 
et le « Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels« .

La question à poser à Rawls est alors la suivante :

Pourquoi l »Égalité » semble -t- elle évidente à accepter en matière de « Droits civils et politiques » ( cf la liste des « libertés de base égales pour tous » définissant le principe d’ « Égale Liberté » au sens de Rawls ), alors que dans le domaine des « Droits économiques, sociaux et culturels » il semble nécessaire de prendre en compte un principe d’ « Inégalité » admissible, ou du moins d’Égalité seulement partielle, dont il s’agirait seulement de corriger certains effets visiblement trop « inégalitaires ».
C’est en effet ce que propose d’une part le principe 2a :
« Les inégalités économiques et sociales doivent être au plus grand bénéfice des plus désavantagés » ( on cherche à corriger des inégalités dont on admet le principe général, mais dont on cherche à minimiser les effets sur ceux qui sont le plus bas sur cette échelle inégalitaire )
et d’autre part le principe 2b :
« Les inégalités économiques et sociales doivent être attachées à des fonctions et des positions ouvertes à tous, conformément au principe de la juste égalité des chances.« 
( On cherche à corriger l’inégalité des fonctions et des positions, dont on ne remet pas en question la légitimité de « principe », mais simplement en tempérant cette inégalité admise en principe par une égalisation partielle par l’ « égalité des chances« .

Pourquoi l’énoncé très général du premier principe de justice:
« « Chaque personne a une même prétention indéfectible à un système pleinement adéquat de libertés de base égales, qui soit compatible avec le même système de libertés pour tous « , ne vaudrait-il pas de la même façon, quelles que soient les « libertés » dont il s’agit ( les « libertés économiques et sociales » tout autant que les « libertés civiles et politiques » ), tout simplement parce que toutes ces « libertés » ( au pluriel ) ne sont que des dimensions particulières recombinables avec des pondérations elles-mêmes variables et évolutives de ce que globalement on peut appeler LA LIBERTÉ d’une personne.
C’est de cette LIBERTÉ globale personnalisée que je propose d’examiner l’ ÉGALITÉ possible entre ces personnes, mais soumise précisément à la LIBRE détermination de ces personnes en faveur d’un tel Projet.

Je vois en effet une raison probable de cette différence de traitement faite par Rawls entre des « libertés de base » et d’autres – comme par hasard économiques et sociales – qui seraient moins « de base » ?
– Les « libertés civiles et politiques » semblent plus « formelles » et donc avoir moins besoin de se confronter aux « dures contraintes du réel », et donc pouvoir bénéficier d’une déclaration fondamentale d’égalité de ces libertés « pour tous », alors que les « libertés économiques, sociales et culturelles » sembleraient devoir s’accommoder davantage de concessions avec les « dures contraintes du réel », et donc qu’il faudrait inscrire dans un « deuxième principe » les limites d’un tel « accommodement avec le réel ».
Le problème bien sûr surgit d’autant plus qu’on cherche, comme Rawls et beaucoup de philosophes de la morale, du droit et de la politique, à définir un même système de « justice pour tous », comme si un tel système de « libertés de base égales pour tous » pouvait se définir indépendamment de la volonté individuelle de chacune des personnes concernées par ce « même système ».

Contrairement à la proposition « universaliste a priori » ( « kantienne » ) de la « Théorie de la Justice » de Rawls, qui reconnaît pourtant par ailleurs la notion de « personne libre et égale » participant pleinement à la définition même de ce « système de libertés égales pour tous », la proposition que je fais sous l’expression « Égale Liberté Libre Égalité« , n’a aucune prétention de « validité a priori » prétendant pouvoir et encore moins devoir s’appliquer « à tous » .
Elle n’est donc pas en ce sens une proposition « théorique » comparable à ces diverses « théories de la justice » … dont chaque « philosophe théoricien » pense détenir la « substantifique moelle » … en prétendant qu’elle vaut « pour tous ».

C’est pourquoi la partie de proposition « Égale Liberté » ne peut valoir fondamentalement que pour toutes les personnes qui font le libre choix d’attribuer de la valeur « morale » à cette proposition d’ ÉGALITÉ de leur LIBERTÉ, et donc à leurs capacités respectives à pondérer personnellement la valeur relative des innombrables dimensions possibles d’une telle LIBERTÉ.

La prétention à une « universalisation possible » d’une telle proposition au départ de valeur uniquement personnelle, ne vaut donc que par et pour les personnes qui font ou feront le même libre choix de considérer cette proposition d’ « Égale Liberté Libre Égalité » comme étant tout aussi bien la leur, qu’elle est, librement, la « mienne ».

C’est donc, comme à chaque fois, Vous le savez, Vous qui Voyez …