Crise politique démocratique et crise des « valeurs républicaines humanistes universalistes »

Il est possible de s’appuyer pour une telle analyse,
– d’une part sur des aspects « conjoncturels » d’une telle crise dans l’actualité plus ou moins proche, du type : constat du virage « illibéral » actuel de nombreuses sociétés politiques précédemment considérées comme « démocratiques », dérive droitière de l’échiquier politique, augmentation de la conflictualité politique et de l’impossibilité croissante de débats démocratiques pacifiques, crise institutionnelle en France liée à l’inexistence d’une majorité stable au sein l’assemblée nationale, etc. ,

– et d’autre part sur une analyse des aspects plus « structurels » d’une crise en profondeur non seulement des institutions nationales, mais plus généralement de l’ensemble des institutions qui, à tous les niveaux d’organisation sociale, étaient supposées réguler les conflits normalement émergents dans les sociétés démocratiques, y compris au niveau des relations internationales.
Par exemple l’impuissance juridique et politique des grands textes des « droits humains » et des institutions juridiques internationales mises en place au lendemain de la dernière guerre mondiale.

C’est ce deuxième aspect de « crise en profondeur des institutions humaines» que j’aborde ici.

Autrement dit, la question est de plus en plus posée, à tous les niveaux, de la façon dont des personnes humaines peuvent se ré-organiser socialement, parce que tous les anciens cadres politiques, économiques, sociaux, culturels, etc. ,
se révèlent de plus en plus incapables non seulement de « résoudre » , mais même de « poser » correctement les problèmes éthiques, juridiques et politiques ( ou « axiologiques et normatifs » ) auxquels l’humanité est actuellement – et dans un avenir prévisible- confrontée.

Je ne prétends pas bien sûr substituer mon analyse personnelle aux innombrables analyses en cours ou déjà proposées concernant cette situation d’instabilité permanente et de crise accélérée de la « gouvernance » des sociétés.

Un des aspects de cette crise se trouve précisément, pas seulement au niveau de la construction des propositions morales, juridiques, politiques, normatives en général, mais bien également au niveau de la possibilité même de constituer des références ou « base d’information » ( cf Amartya SEN ) de « savoirs » ou de « connaissances » partageables sur ce qu’est le « réel » et d’émettre des jugements explicatifs rationnels sur l’ état du monde et des évolutions en cours ou prévisibles. ( La prétention de certains de s’appuyer sur des « vérités alternatives » ou des « faits alternatifs » )


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Je rappelle donc, pour ma part, deux décisions personnelles que j’ai prises depuis longtemps, et dont je propose en effet le libre partage à d’autres personnes.

1. Du point de vue de la connaissance du réel, des « faits » et de la capacité à expliquer le fonctionnement du réel, qu’il s’agisse des structures physiques fondamentales de l’univers physique, de l’organisation du monde biologique vivant dont nous ne pouvons connaître encore aujourd’hui qu’une version proprement terrestre, ou de l’analyse explicative des organisations sociales et culturelles spécifiquement issues du déploiement de l’ espèce humaine ( « homo sapiens » ou plus généralement du « genre homo » ), je fais et je propose aux autres personnes de faire confiance à la capacité de la « démarche scientifique » et des diverses « communautés scientifiques » qui la mettent en œuvre, de récolter et de décrire progressivement à la fois les données issues de ce réel et d’en formuler des théories explicatives possibles, « dans l’état actuel des connaissances« , dont on sait qu’elles sont à la fois provisoires, mais cependant, pour les plus fondamentales ( physique quantique, physique relativiste ) , suffisamment solides … jusqu’à nouvel ordre, par une remise en cause elle-même scientifique et non par de supposées « vérités alternatives« .

C’est pour moi – et pour beaucoup d’autres personnes faisant ce même choix – , la seule possibilité d’avoir un socle de références communes en matière de connaissance du réel.

Certes, de nombreuses autres prétentions à la connaissance du réel, soit individuelles, soit collectives, peuvent avoir une pertinence locale liée aux points de vue perspectifs locaux de ces observateurs sur un tel « réel en soi » commun supposé indépendant des représentations que nous nous en faisons : par définition le concept général de « réel », notamment tel qu’il est supposé par la science, ne se réduit pas à la « perception » ni à la « connaissance » que nous en avons, mais présuppose que du « réel » existe avant que nous en ayons une connaissance consciente et avant que nous en ayons construit des représentations, y compris des explications théoriques scientifiques.

Mais à ce « réel indépendant » ( dont nous sommes aussi fondamentalement partie prenante ), nous avons un accès partiel, même s’il est très problématique  :
Accès à la fois par notre constitution physico-biologique dont l’évolution nous a permis d’y survivre jusqu’à présent et qui se manifeste dans nos capacités perceptives et d’action, et par une approche beaucoup plus récente et théorique, appelée « science », cherchant à construire une connaissance universalisable de ce réel, en formulant des modèles théoriques les plus indépendants possibles des situations et perspectives locales de tel individu ou groupe humain particulier.

Mais ces différentes perspectives relatives sur le réel, provenant du vécu en situation de ces personnes incarnées, ne peuvent pas prétendre se substituer à la procédure générale universalisable mise en œuvre dans le champ de la connaissance scientifique rationnelle, pour dégager progressivement un faisceau rationnellement et logiquement cohérent de points de vue formellement universalisables , en attendant une meilleure cohérence future possible ( exemple : les rapports entre relativité générale et physique quantique )

Il s’agit bien ici d’un CHOIX épistémologique, que je suppose en effet librement partageable par un très grand nombre de personnes humaines, et qui constitue un « postulat de rationalité scientifique » qui peut être commun, même avec toutes sortes de visions axiologiques normatives que je ne partage pas, à condition bien sûr que ces autres visions axiologiques normatives acceptent de faire également la différence entre d’un côté le constat objectif scientifique des données du réel et des explications théoriques de ces données du réel, et d’un autre côté les références axiologiques normatives subjectives et/ou culturelles auxquelles ces visions du monde choisissent de se référer.

Or, c’est précisément cette distinction et cette « démarcation » ( au sens de Popper ) entre les connaissances et théories scientifiques et les autres types de discours, philosophiques, théologiques, éthiques, politiques, juridiques, etc., que certaines autres positions philosophiques ou idéologiques que la mienne récusent.

Ceux qui, quelles que soient leurs différences par ailleurs, pensent qu’il n’existe aucune distinction fondamentale à faire entre des connaissances à valeur « scientifique » et les autres types de discours idéologiques, politiques, éthiques, philosophiques etc. , ne peuvent alors pas avoir avec ma propre philosophie de véritable débat pertinent, puisqu’il n’existe alors aucune base commune pour juger en commun simplement de ce qui est « vrai » ( ce qui « existe » pour tous, ce qui est du « réel » et/ou du « factuel » pour tous, plutôt qu’une fiction idéologique ou « culturelle » particulière ou locale quelconque ).
Nous pouvons alors continuer à débattre, par pur plaisir de « causer » au café du commerce ou au salon philosophique, mais nous savons alors d’avance que ces « débats » seront impossibles à conclure, et qu’il faudra laisser chacun faire ses propres choix philosophiques personnels … ou risquer d’être en état de guerre symbolique, voire de guerre physique, si certains prétendent imposer à tous leur propre version de « vérité alternative » …

Plus de débats sérieux possibles avec des croyants complotistes, ou qui pensent que leurs références et valeurs philosophiques, politiques ou morales, ou « culturelles » en général peuvent se substituer à une connaissance scientifique du réel.

Ne reste-t-il alors rien d’un « fond commun universalisable », malgré l’incompatibilité de ces prises de position, et notamment le refus par certains, de l’arbitrage scientifique en matière de connaissance « factuelle » ou « objective » du réel ?

SI : partout où ceux-là mêmes qui sont en théorie les plus hostiles à la distinction d’une connaissance « scientifique » rationnelle, tout en niant la valeur de connaissance à la science, acceptent pourtant, dans les faits par leur comportement concret, d’utiliser les moyens et ressources TECHNIQUES, dont l’existence n’est proprement compréhensible que par les connaissances scientifiques qui ont permis leur invention.
Ainsi par exemple un intégriste religieux qui nierait toute pertinence à la physique fondamentale contemporaine, mais qui ferait une confiance tout aussi aveugle à la fiabilité de son téléphone portable que n’importe quel autre utilisateur de « technologies nouvelles », ou qui, pour ses fins politiques, ferait de facto bien plus confiance à la technologie nucléaire ou à une arme laser, qu’à la « prière » et à l’acte de foi en la « toute-puissance » de son « dieu » …

***


2. En ce qui concerne mes choix « axiologiques normatifs », je me propose de les référer tous désormais à la valeur centrale de ce que j’appelle
la proposition d’ « Égale Liberté Libre Égalité » :

– Il s’agit de considérer qu’en matière « axiologique normative« , il est parfaitement possible d’articuler :
un principe général d’ « Égale Liberté« , fondement des institutions juridiques et politiques que peuvent vouloir se donner en commun des « personnes libres et égales« ,
– et une liberté personnelle de différenciation, précisément garantie à toutes ces « personnes libres et égales« , de choisir leur propre mode de vie et d’existence, esthétiquement, en termes de croyances, de goût, et de mode de relation avec d’autres personnes , dans la mesure même où elles acceptent cette même liberté de différenciation personnelle pour les autres « personnes libres et égales« .
Les modalités plutôt « individuelles » ou « collectives » de tels choix esthétiques, de modes de vie ou de croyances idéologiques préférentielles personnelles ou culturelles sont alors aussi laissées à la « personne libre et égale » elle-même.

Mais l’acceptation du principe général d' »Égale Liberté » lui-même ne vaut que par et pour les « personnes libres et égales«  , qui font elles-mêmes ce libre choix … et qui acceptent donc aussi que les autres ne fassent ce choix que librement, et non sous une quelconque contrainte ou obligation préalable : elles acceptent donc aussi le principe réciproque de « Libre Égalité« .

C’est en cela que ma proposition complète d' »Égale Liberté Libre Égalité« , n’a aucune prétention de « normativité originaire » ou d’une quelconque « universalité a priori« , puisque « E.L.L.E. » n’a de valeur ( éthico-politique ) que par et pour des personnes qui en font le LIBRE CHOIX PERSONNEL.

Je, comme auteur de cette proposition, ne peut en affirmer la valeur d’adhésion que pour moi-même, en mon nom personnel, et n’y ajouter, comme extension possible à d’autres personnes que la POSSIBILITÉ, dont ces autres personnes ( « C’est Vous qui voyez … » ) prennent ou ne prennent pas, ou prendront ou pas dans le futur la même libre décision personnelle.

Tous ceux qui se lamentent aujourd’hui de ne pas voir de perspective possible ou de « grand récit » qui viendrait redonner un renouveau d’espérance « à gauche » ou d’une façon plus générale aux « valeurs humanistes universalistes, républicaines et démocratiques », pourraient donc au moins se demander si la perspective que je propose d’un « Projet d’ Égale Liberté Libre Égalité » ne pourrait pas, par hasard, correspondre à ce qu’ils cherchent si « désespérément ».

… Mais pour cela un certain nombre de « révisions déchirantes » sont peut-être nécessaires dans les anciennes conceptions « humanistes universalistes » et/ou « de Gauche », surtout dans leur relation supposée évidente avec une conception de la « République française » et de la « Nation française » ou du « peuple souverain » …

Car le seul « peuple souverain », au sens fort de la souveraineté, auquel JE me réfère comme collectif de « volonté générale » éthico-juridico-politique légitime, correspondant aussi à ma volonté personnelle est le « P.E.U.P.L.E. » :
c’est à dire le « Projet Éternel Universel des Personnes Libres et Égales« ,
en effet librement constituable par et pour ces « Personnes Libres et Égales« , et intrinsèquement indépendant des localisations « originaires » particulières des personnes physiques dans l’espace et dans le temps, puisque ne dépendant que de leur libre volonté et décision personnelle, actuelle ou future, ou même rétrospectivement, de ce que de nombreuses personnes aujourd’hui disparues ont pu, plus ou moins consciemment et librement, valoriser comme leur propre « Égale Liberté » …

Quant à Vous … C’est Vous qui voyez ...

De quelle « factualité » est-il question ?

« Les faits sont faits ». Certes, mais il existe une démarche procédurale permettant de construire une « démarcation » entre « faits scientifiquement contrôlables » et toute autre procédure d’établissement des « faits ».

Ainsi, je ne suis pas entièrement en accord avec l’analyse faite par Géraldine Muhlmann dans un entretien récent dans Philomag :

Géraldine Muhlmann : “Dans cette guerre, chaque ‘partie’ a tendance à s’enfermer dans une vision assez fixe de la réalité”.

Il y est fait référence à son dernier ouvrage « Pour les faits »

Un commentaire en « Répliques » peut aussi en donner une certaine approche
( Émission Répliques du samedi 11 novembre 2023 Les faits et les sentiments )

* * * *

« En particulier la distinction proposée par Géraldine Muhlmann entre « discours » et « récits », ne me semble pas être la plus apte à trouver ou à construire une sortie possible des impasses actuelles de la « construction » d’une « factualité de référence commune ».

Dans son entretien, Géraldine Muhlmann parle certes de la crise du « journalisme », et pas de la question de l’établissement de « faits scientifiques ».

Mais nous pouvons nous poser la question de savoir si une « base factuelle commune » est encore constructible sans se référer en dernier recours à un établissement « scientifique » des faits, et non pas comme elle semble le proposer dans un investissement plus « corporel » dans un supposé « sensible partagé ».

Il faut se poser la question d’un « journalisme scientifique » ( dans l’ établissement des « faits » ), comme on utilise aujourd’hui la « police scientifique » dans l’instruction judiciaire des « faits » …

Certes, le problème du « journalisme », du fait même de sa référence prioritaire à l’ « actualité » et donc à la négociation permanente entre l’urgence du « reportage » et la nécessaire distance de l’analyse, ne se pose pas dans les mêmes termes, ni de l’ « instruction judiciaire » dont l’établissement des faits précède nécessairement tout « jugement » proprement dit, ni de la recherche scientifique ou même simplement « historique », impliquant des modalités particulières de « recueil des faits ».

Je concède donc à Géraldine Muhlmann la spécificité de son propos autour de la question principale de la « crise du journalisme », et que, peut-être, pour ce problème précis, sa proposition de reconstruire du « récit« , plutôt que de confronter des « discours« , est intéressante et pertinente.

Mais précisément, le « journalisme », pour utile et nécessaire qu’il soit dans l’immédiateté du « quotidien », n’est pas la modalité la plus pertinente de la « recherche de la vérité » …

Et je pense plutôt que la prise de distance d’une analyse scientifique et au moins « rationnelle » du vécu, est plus apte à produire une « factualité commune partageable » ( … pour ceux qui acceptent d’en faire l’effort … ou de faire confiance aux « communautés scientifiques » … dont ils savent qu’elles font cet effort ), que le supposé « témoignage corporel » de ceux qui vivent les « évènements » sur place, même s’ils font l’ effort « journalistique idéal » de se placer d’un point de vue « impartial » ( voir à ce sujet les développements de Géraldine Muhlmann dans son ouvrage ).

Certes, dans un monde humain « consensuel a priori », on pourrait imaginer qu’il n’est pas nécessaire de recourir à des démarches scientifiques pour établir une « base factuelle commune ».
Sauf que c’est précisément ce qui n’est plus possible aujourd’hui – et ne l’a jamais été réellement … car la forme même du « récit » ne peut pas tenir lieu de « base factuelle commune », sauf à donner en effet au mot « fait » et à la « factualité » un sens très particulier, que peuvent lui donner certains en accord avec la conception philosophique de Géraldine Muhlmann à ce sujet, y compris en croyant y trouver un « sens commun partagé » .

Les « grands récits » que certains regrettent aujourd’hui, ont été et sont encore des grandes références illusoires qui ne tiennent que pour autant que ceux qui s’y réfèrent y trouvent suffisamment de « raisons de croire, d’agir, d’espérer, etc. ».
Et surtout, quoiqu’en pense Géraldine Muhlmann, les conflits actuels les plus violents et destructeurs sont dus au moins autant à des contradictions entre « grands récits » qu’aux innombrables conflits de « discours » qui se combattent dans l’ arène des médias ou des réseaux sociaux. .

Et je ne vois pas en quoi la multiplication des « petits récits » de « témoignage du vécu » rendrait plus solide la « factualité commune » recherchée, que celle des « grands récits » .

La virulence actuelle des conflits du « Proche Orient » est en grande partie à penser dans la référence des protagonistes divers et variés à de « grands récits », religieux, politiques, nationalistes, anti-coloniaux, etc. qui s’entre-croisent et s’entre-choquent de diverses façons en broyant la « matière biologique humaine » qui est soumise à leur emprise …

Il s’agit donc moins de regretter l’absence de « récits » , que de prendre acte de leur ambivalence fondamentale : ces « récits » servent avant tout à consolider des « identités » , même si elles sont évolutives. Un « récit » sert à se différencier d’autres « récits » concurrents, dans la vaste concurrence des « mémoires » ..

Si les « mémoires » et les « identités » servent à entretenir d’ éternels conflits sanglants … autant promouvoir en effet de nouveaux « discours » qui font le libre choix personnel de dépasser ces « récits » …

La question est donc bien d’abord, celle de la spécificité des CHOIX divergents ( de valeurs éthiques, politiques, idéologiques, et « philosophiques » en général ), et dont aucune prétention « philosophique » ne peut plus « fonder universellement » la « valeur ».

Ma position est donc simple dans son principe, même si elle se révèle également complexe à pratiquer :

Si nous cherchons une « référence factuelle commune » qui puisse départager les innombrables « fake news » et prises de positions idéologiques plus ou moins « complotistes » qui foisonnent, il faut, « en dernière instance » recourir au contrôle par la rationalité de type « scientifique », avec toute la complexité des approches scientifiques diverses et de leur articulation, mais qui reconnaissent de fait en commun un certain nombre de critères de « recevabilité » dans les « communautés scientifiques » concernées.

Et pour commencer, il faut accepter, philosophiquement, de distinguer clairement la « recherche de la vérité » de la « recherche du bien » ou de la « recherche du bonheur » , et de ne plus prétendre trouver un « Unum , verum, bonum » … dont les références religieuses diverses nous prouvent … par l’ horreur des « faits », qu’elles se contredisent les unes les autres au point d’en arriver à vouloir s’exterminer les unes les autres … au nom même de leur supposée « racine commune » .





Mesure des niveaux de conscience

Cet article est lié à mes réflexions concernant la possibilité de définir et d’ étudier les « niveaux de conscience » uniquement à partir de connaissances scientifiques construites par des procédures scientifiquement reconnues par des équipes expertes des différents champs disciplinaires impliqués.

En particulier , en ce qui concerne les approches de la « conscience » par les « neurosciences ».

Un exemple intéressant concerne la façon dont de telles équipes essayent aujourd’hui d’objectiver la notion de « niveau de conscience » par la mesure de la « complexité » des états dynamiques des réseaux corticaux .

Article scientifique en ligne :
https://www.jneurosci.org/content/41/23/5029?utm_source=TrendMD&utm_medium=cpc&utm_campaign=JNeurosci_TrendMD_1

Un autre plus ancien :
https://www.jneurosci.org/content/32/29/9817?ijkey=0aa53ffe220bad78aac534f8f51a86089212f43d&keytype2=tf_ipsecsha

Autres articles en vrac liés à ces questions :

Temporal circuit of macroscale dynamic brain activity supports human consciousness

Human consciousness is supported by dynamic complex patterns of brain signal coordination


Critical integration in neural and cognitive systems:
Beyond power-law scaling as the hallmark of soft assembly

En particulier à creuser :
La « criticalité auto-organisée »
( « Self-organised criticality » ou SOC )

Alteration of Power Law Scaling of Spontaneous Brain Activity in Schizophrenia

ELLE, l’ Humanisme et le Transhumanisme

Reprise de la page de 2015 publiée sur le site egaleliberte.fr :

ELLE, l’ Humanisme et le Transhumanisme

Rappel et précisions préalables :

Le principe d’ Égale Liberté Libre Égalité proposé sur ce site, part de l’auto-position de la valeur éthique de sa propre liberté par toute entité capable de se poser ce type de « question », de se donner une représentation de sa propre liberté par rapport à celle d’autres entités.
La proposition de l’ « Égale Liberté », consiste, pour une telle entité, à proposer à toutes les autres entités réelles, possibles ou imaginables de l’ Univers ( pouvant exister dans le futur ), de bénéficier d’une telle « Égale Liberté » partagée, sur la base simplement de la libre reconnaissance réciproque par ces autres de cette même « Égale Liberté« .
Aucune référence directe n’est faite ici à une quelconque appartenance à l’ « humanité », de telles entités.
Mais bien évidemment, les « êtres humains » sont considérés par l’auteur, qui se compte lui-même parmi les « êtres humains », comme de telles entités physiques réelles capables, pour la très grande majorité d’entre elles, de se donner une représentation de leur propre liberté et des problèmes de la relation avec la liberté des autres personnes.


Ce qui est décisif, c’est :

1. Un ensemble de capacités cognitives, très variables et dont rien ne dit a priori qu’elles ne peuvent exister que chez une espèce particulière, ou un genre biologique particulier ( « homo » ), mais permettant à cette « entité » de se représenter consciemment elle-même et de se représenter d’autres entités avec lesquelles elle peut être en relation dans l’ Univers, comme ayant elles aussi  une certaine autonomie consciente réflexive de décision et de volonté, pour laquelle le mot « liberté » usuel dans beaucoup de langues et cultures humaines ( ou d’autres conceptuellement équivalents) est un bon candidat signifiant.

2. Des possibilités effectives de communication avec ces autres entités permettant à chacune de savoir en quoi les autres peuvent être en accord ou en désaccord avec ses propres représentations et de se construire des accords partiels sur des jugements, décisions ou actions coordonnées à entreprendre.

3. Fondamental pour notre propre proposition « ELLE » , mais pas nécessairement partagé par tous les « êtres humains », ni par toutes les autres « entités » imaginables ayant la capacité de se représenter une telle « liberté » :
La volonté librement pensée et exprimée par une telle entité de n’utiliser en principe sa propre liberté dans une action dans et sur le réel que dans la mesure où cet exercice est compatible avec l’ Égale Liberté de ces autres entités ( lorsque et dans la mesure où il est possible à toutes ces entités d’ avoir une connaissance de leur propre existence et de leurs « libres volontés » respectives ).

Une telle « Égale Liberté » ne peut pas être octroyée de l’extérieur ou, pire, être imposée à de telles autres entités si celles-ci ne sont pas en retour au moins CAPABLES de penser une telle liberté, et donc de prendre par elles-mêmes la libre décision ( « Libre Égalité » ) de « partager » une telle liberté avec les autres sur une base d’ « Égale Liberté » .

Dans la pratique actuelle, les seules entités disposant suffisamment  à notre connaissance de telles capacités cognitives et communicationnelles sont d’autres « êtres humains » terrestres.

Mais je suis prêt à réviser ce point, si un « grand singe » ou un dauphin, ou un nuage d’électrons pensant, ou l’ « esprit d’un peuple », vient « en personne » ( donc en « première personne » – et non à travers la « représentation » par une personne humaine individuelle – me dire qu’il est une « personne »  prête à discuter avec moi de nos libertés respectives …  )

Mais rien, dans le principe d’ Égale Liberté Libre Égalité que NouS proposons,
n’exige a priori une telle « appartenance » à l’ espèce « homo sapiens« , ni au genre biologique « homo », ni à une quelconque autre classe de systèmes  biologiques ou physiques organisés.

Aussi bien d’autres entités organisées « naturelles » ou « artificielles », SI elles montraient suffisamment de telles capacités … et donc se débrouillaient aussi par différents signes pour les manifester, pourraient a priori être admissibles dans le cercle des « personnes souveraines libres et égales » :

La condition restrictive n’est pas d’être un « être humain », mais d’ être un « être » capable de reconnaître sa propre liberté et celles d’autres êtres que lui ET de décider librement à partir de là que tous ces autres « êtres capables de liberté réflexive consciente » ont le même « droit » que soi-même à l’ exercice de leur propre liberté, pour autant qu’ils acceptent réciproquement ce même « droit » pour les autres.

Le principe « éthique » d’  « Égale Liberté <-> Libre Égalité
 » ainsi co-institué, peut être compris et proposé par chacune de ces entités ( en son propre langage … s’il fait l’ effort de faire comprendre aux autres sa propre exigence de liberté ET sa capacité à reconnaître aux autres la leur … ).
Par définition, dans cet aspect simplement propositionnel, tout être capable d’ énoncer une telle « proposition » en a le « droit » ( qu’il se donne à lui-même  dans le fait même qu’il se le « propose » au moins déjà à lui-même en le « pensant  » ). C’est en particulier ce que je fais moi-même, ici.
Et je présuppose que, lecteur de ce texte, Vous le pouvez aussi et donc en avez le « droit fondamental », si Vous Vous le donnez, c’est à dire que Vous pouvez, « comme moi », librement décider de reconnaître simultanément l’ « Égale Liberté » d’autres entités qui, comme vous et moi, se reconnaîtraient librement et à « NouS », cette même « Égale Liberté ».
Cette décision d’adhérer à la proposition, ne peut être que strictement la vôtre, par définition de l' »Égale Liberté Libre Égalité » telle que je l’ai librement posée – puisque chacun peut poser une « définition » en « définissant » le mot ou l’expression qu’il pose. Mais que bien entendu, il n’oblige par là personne d’autre à utiliser cette définition …
C’est pourquoi je rappELLE en permanence que « C’est Vous qui Voyez » .

Donc réciproquement par rapport à l’ « Égale Liberté » posée « en commun »par les personnes qui en font le choix , l’adhésion à la valeur éthique d’une telle proposition, l’accord pour en faire un principe non seulement qu’on « comprend » intellectuellement, mais qu’on décide de poser soi-même comme principe régulateur de ses propres « jugements éthiques » et de ses propres actes « responsables », dépend de la LIBRE DÉCISION de chacune de ces entités elles-mêmes, et ne peut d’aucune façon leur être légitimement imposée du dehors par une quelconque « autorité supérieure » ( ni individuelle ni collective ).

( C’est ce que signifie la deuxième partie du Principe :  » <-> Libre Égalité » )
C’est en particulier aussi la raison pour laquelle cette proposition que j’ énonce et que je définis à partir de ma propre liberté, ne prétend en aucune façon être une « vérité morale » , ou une « vérité » de quelque ordre que ce soit, ni l’ énoncé d’un quelconque « droit naturel », et encore moins d’un « principe moral universel » :
La « valeur » de ce « principe »  est simplement potentiellement « universalisable » pour et par toute personne qui prendrait elle-même cette même libre décision de l’adopter.


– Est-ce à dire que toute entité incapable d’une telle compréhension serait considérée par « NouS » comme privée de tout droit ?
( C’est la question posée par tous les « anti-spécistes » et notamment les « animalistes » )
Évidemment non : mais, par définition, elle n’aurait comme « droits« , qu’une combinaison incomplète entre ses propres capacités réelles de volonté autonome et ce que d’autres qu’elle-même lui « octroient » comme droits, en parlant à sa place …
( C’est ce que font les « animalistes » actuels, en définissant le « droit des animaux » … à leur place, et qu’ont fait naguère les colonisateurs occidentaux ou autres en prétendant mieux savoir à la place des personnes colonisées où se trouve leur « bien » , ou d’une façon générale tout « dominant » réel ou potentiel, qui prétend décider à la place de dominés considérés comme des « mineurs » ce qu’il faudrait qu’il pense ou décide de faire … )

Une entité physiquement incapable de pensée consciente autonome serait simplement dans un état de « minorité » , d’ « assistance » ou de « tutelle », aussi longtemps qu’elle est incapable, effectivement, de se  « penser » elle-même ainsi comme volonté autonome interagissant avec d’autres volontés autonomes. C’est couramment, ce que fait déjà le droit actuel, en ne donnant pas les mêmes « capacités judiciaires » aux enfants ou à certains handicapés mentaux qu’aux « citoyens adultes » de plein exercice. 

Même si nous cherchons à penser un « droit des animaux » ou un « droit des espèces vivantes » ou un « droit des écosystèmes » ou un « droit des entités culturelles », ou un « droit des personnes morales » ( collectifs associatifs comme tels ), ou même un « droit des peuples« , c’est toujours seulement dans les faits ACTUELS, parce que des « personnes humaines » réelles individuelles, conscientes des problèmes posés, se chargent de « prendre la défense » de tels « droits » que ces « entités » elles-mêmes sont bien incapables de « penser » par elles-mêmes avec leurs propres ressources cognitives autonomes.

Mais, une telle situation de « minorité », de « tutelle » ou de « dépendance morale », n’est pas, dans la perspective du principe d’ Égale Liberté Libre Égalité, la situation idéale visée pour une « personne souveraine libre et égale« , puisque ce sont précisément ces capacités de se penser soi-même comme source d’une volonté autonome qui en sont à la fois une condition réelle et la valeur fondamentale que ces personnes cherchent à conserver et à développer en commun.
Mais un tel COMMUN ( le « NouS » de l’ « Égale Liberté » ) n’est pas un commun préalable ou « a priori », ni préexistant dans la « nature » ou dans la « culture », ou dans « l’histoire d’un peuple », encore moins dans un « ciel des idées »substantiel : ce « COMMUN » là n’existe que par la libre volonté des entités conscientes autonomes qui choisissent de former ce COMMUN ( appelé « politique »par certains ) sur la base de leur commune « Égale Liberté », à laquelle chacune de ces entités conscientes autonome PEUT adhérer librement, si et seulement si elle en décide ainsi librement « ELLE-MEME » , donc aussi en termes de « Libre Égalité ».

« Kant à Vous … c’est Vous qui Voyez « 
Texte revisité le 17/01/2022

P.S. Pourquoi « transhumanisme » dans le titre ?
Evidemment parce que rien, dans notre proposition d’ « Égale Liberté Libre Égalité« , ne présuppose que les « entités » autonomes et conscientes, »personnes souveraines libres et égales » soient nécessairement des « êtres humains » au sens de l’ appartenance à une catégorie biologique particulière héritière de l’ évolution biologique des espèces du genre « homo » …
Il n’y a donc aucune raison de limiter les droits et libertés des « personnes libres et égales » pour et par des « homo sapiens » tels que l’enveloppe de leur « pool génétique » les « encadre » aujourd’hui.

Covid, interactions bio-psycho-sociales, et positionnements éthico-politiques

Depuis l’apparition de la « pandémie » de la Covid-19, de nombreuses études explorent les effets pas uniquement « épidémiologiques » au sens restreint des facteurs de la transmission et des effets pathologiques du virus et de ses variantes, mais aussi toute la dynamique des relations psychologiques, sociologiques, politiques, culturelles, etc. qui finissent par « faire système » avec les interactions proprement « biologiques » entre les organismes vivants et les « populations » qui regroupent statistiquement ces organismes et dont les déterminismes « statistiques » viennent croiser les déterminismes locaux et leurs interactions situées.

Ces problématiques interrogent aussi fortement les relations entre les dynamiques qui se produisent à tous les niveaux de façon inconsciente pour les organismes vivants qui en sont cependant à la fois les acteurs et les récepteurs « subissant » les effets de ces dynamiques, et d’autre part la prise de conscience d’un certain nombre d’aspects par certains de ces organismes, grâce à leurs capacités de traitement et de « représentation-modélisation » d’une partie de ces dynamiques « réelles » inconscientes, aussi bien au niveau de l’organisation des cerveaux conscients individuels des personnes qu’au niveau des relations interpersonnelles collectives permettant des « représentations collectives » au sein de groupes de personnes interagissant notamment à travers des supports de « langages » divers.

Une façon de se poser ces questions, inclut des « analyses politiques » réflexives, concernant l’ensemble des enjeux induits par le surgissement du virus et de sa forme pandémique et les « réponses » des systèmes sociaux, politiques, culturels … aux effets proprement biologiques de la propagation et des effets pathologiques du virus sur les organismes.
Bref, jusqu’à quel point un « pilotage » collectif conscient d’une telle macro-dynamique à de multiples échelles et dimensions est-il possible, et dans quelle mesure pouvons-nous nous donner collectivement et consciemment, une « représentation » de notre ignorance de toute la part dynamique du « réel » ( « part immergée de l’ iceberg » ) qui échappe à nos prises de consciences individuelles et collectives ?

Diverses approches sont bien sûr possibles et chaque « chercheur », mais aussi chaque « citoyen » , peut proposer sa propre perception de ces enjeux …

Par exemple ( ce n’est qu’un exemple, qui ne préjuge en rien de mes propres positions sur le sujet … ) :

Covid-19 : la santé publique comme laboratoire du contrôle social

Par Mathieu Corteel


Liens concernant l’ épistémologie des sciences humaines et sociales

Que nous soyons chercheur professionnel ou simple humain s’ efforçant de se comprendre lui-même « en situation » d’être ce qu’il est, la question se pose depuis très longtemps de savoir si on peut être simultanément le sujet conscient et l’objet construit par cette conscience.

En matière de « science » et surtout de « sciences humaines et sociales » , la question se complique encore, à cause du supposé postulat d’ « objectivité » de l’ idéal de la connaissance scientifique, ou du moins de l’ « universalisation » possible des énoncés « scientifiques » , de leur « réfutabilité poppérienne » supposée … et donc de la marge étroite et complexe sur laquelle se fomentent les coopétitions entre processus de subjectivation et processus d’ objectivation des états de conscience « cognitifs » et de leur communicabilité intersubjective elle-même auto-criticable …

* * *


Ethnographie d’un parti …les problèmes de la « double position »,
Dedans /Dehors d’un observateur qui est simultanément partie prenante de l’ objet de son observation .

Dedans/dehors. Le pari d’une sociologie partisane « (dés) engagée » Vanessa Jérome Politiste, Docteure associée au CESSP

(Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

Liens concernant l’ Intelligence Artificielle et les neurosciences

CERVEAU ET CONSCIENCE :

Remarque : La « loi morale nouvelle », dont il est question dans ce site, suppose, comme dans la plupart des philosophies morales modernes, que le « sujet moral », l’ être qui se pose des questions « morales », et analyse les situations vécues où il se trouve « impliqué » ou « concerné » en termes de « problème moral, éthique, juridique ou politique » , soit « conscient » des questions et des « réponses » potentielles qu’il cherche à poser. Il faut qu’il en ait une « représentation consciente ». Il n’ y a traditionnellement de « responsabilité morale » ou « responsabilité juridique » possible que pour une personne au moins consciente de ses actes, si ce n’est avec cette caractéristique supplémentaire que ces actes soient « volontaires » ou « intentionnels ».
Dans notre philosophie générale, une conscience quelconque n’est possible que s’il existe une organisation physique suffisamment complexe pour donner lieu à l’ émergence » d’une conscience en général (« consciousness » en anglais, « Bewusstsein  » en allemand) , dont la question d’une conscience morale ( « moral consciousness » ou « moral conscience », « Gewissen » en allemand ) , n’est qu’une particularisation certes singulière, mais dont on suppose que la conscience psychologique est un fondement nécessaire.

Une telle « prise de conscience » en général ( au sens neuro-psychologique ) suppose au moins dans le cas des êtres humains actuels, l’existence d’un cerveau hautement différencié et organisé.

Une activité moralement « libre » suppose donc la capacité d’un tel organisme à se donner des représentations mentales de sa propre « liberté », des situations dans lesquelles sa liberté et celle des autres peuvent être mises en question, être confrontées les unes aux autres, chercher à résoudre de tels conflits des libertés, etc.

D’où l’ importance de comprendre scientifiquement les conditions d’organisation complexe ( avec des niveaux d’organisation à de nombreuses échelles ) de telles « prises de conscience » individualisées en général.

Émission ARTE : La fabrique du cerveau

Émission ARTE : Les pouvoirs du cerveau – Déchiffrer la conscience

Cerveau : à la recherche des réseaux de la conscience :

https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/cerveau-cerveau-recherche-reseaux-conscience-65121/

Principe d’ Indétermination Éthique et Liberté

Ceux qui s’intéressent un peu à la physique fondamentale connaissent le « principe d’indétermination de Heisenberg ».
Par analogie avec cette indétermination physique essentielle qui rend impossible la précision infinie simultanée de la valeur de deux grandeurs physiques « conjuguées », à cause de l’existence du « quantum d’ action » élémentaire, je propose d’appeler « principe d’indétermination éthique« , une relation de ce genre qui empêche toute définition formelle universelle précise de la « loi morale » ou de son « principe » ou « impératif » formel central, à cause du couplage inévitable d’une telle « définition » avec la Liberté indispensable pour toute action morale.
C’est en particulier le cas de notre proposition de « Loi Morale Nouvelle ».

Il existe probablement une « raison » formelle commune à ces deux formes d’indétermination, liée au fait qu’une « décision », soit au sens classique de la décision consciente impliquée dans un acte moral, soit au sens simplement physique du « basculement »de l’état d’un système dans un autre, impliquent une forme de discontinuité binaire par « tout ou rien ».
Au niveau de la physique quantique, on connaît le problème du passage des probabilités associées aux « interactions virtuelles » à la réalisation effective de l’une d’entre elles ( problème de la « décohérence » ).

Mais revenons à notre propre question concernant la possibilité ou non de définir un principe éthique ou un « impératif éthique » central qui pourrait être « universalisé ». Les philosophies morales et politiques essayent depuis longtemps d’ « isoler » un tel principe, et en effet, en étudiant ce domaine, on a rapidement l’impression que beaucoup de penseurs « tournent autour’ d’une même idée ou d’un même idéal , sans pourtant arriver à en donner une « définition » ou une « description » universellement admissible :
chaque philosophe, penseur, ou chaque personne qui y réfléchit y va de sa propre « formule » , en supposant que la sienne sera meilleure que celles jusqu’à présent proposées par les penseurs précédents.

S’il est tellement difficile pour la pensée de se mettre d’accord sur une définition commune de ce qui serait « éthique » ou « moral » de façon « universelle », je fais l’hypothèse qu’il y a une sorte d’impossibilité interne à toute démarche d’analyse de la « définition » de ce qui serait universellement « éthique » ou « moral » , liée au fait que toute tentative de donner un sens aux mots comme « morale ou éthique universalisable » , suppose au minimum d’y inclure une réflexion sur la Liberté et donc de se demander s’il existe une signification conceptuellement universalisable de ce que les uns ou les autres entendent par « Liberté » .

Or toute tentative de « définir » la « Liberté » suppose précisément un minimum de « Liberté » dans cette définition, car si la « Liberté » était entièrement définissable par l’arbitraire d’une définition axiomatique, elle ne serait précisément plus la « Liberté », mais simplement un terme formel d’un système axiomatique, d’une « grammaire » .

La « Liberté » est donc par excellence, un « signifiant flottant« , mais pas n’importe quel « signifiant flottant », car il revient récursivement sur lui-même, en exigeant simultanément :
– suffisamment de stabilité dynamique ( celle que soutient précisément l’usage d’un même signifiant appelé « LIBERTÉ », et dont on peut très probablement trouver un ou des équivalents suffisamment approximatifs dans toutes les langues … )
– suffisamment d’ouverture sémantique, précisément également impliquée dans le mot « LIBERTÉ », pour que la boucle récursive auto-définitionnelle de ce « signifiant flottant », trouve de quoi se relancer, même dans des contextes extrêmement hostiles, où toute « liberté » semble définitivement compromise …

Chacun peut facilement comprendre qu’en parlant de « La Liberté », il parle toujours aussi  » de la possibilité toujours renouvelée de choisir parmi de multiples sens ou nuances possibles de ce qu’il « entend par là » :

« Liberté » est donc un terme utilisé dans des langages particuliers et des langues particulières , de diverses façons, mais qui désigne aussi toujours la possibilité de sortir d’un niveau d’usage donné de ce mot, pour reposer « librement » sa reprise à n’importe quel « méta-niveau » :

Je suis « libre » de penser ma « liberté de penser » comme je veux la penser, à savoir « librement ». Ce n’est bien sûr pas par hasard que le mot « liberté » est souvent utilisé conjointement avec les termes d' »autonomie » et d’ « auto-détermination » :

Liberté d’une « Loi » qui se pose librement « ELLE-MEME » et à laquelle « NouS » adhérons « librement », pour la simple « raison » que NouS l’avons NouS-MEMES librement posée.

Ainsi donc aussi, au niveau allégorique iconique, notre formule « ELLE », comme « signifiant flottant », se manifeste par son apparence « ondulatoire » :
Le « liant » de ce lien est suffisamment souple ( à la manière du « roseau » ), pour « plier » sans se « rompre »
ou encore « fluctuat nec mergitur« .
Et chaque « personne libre et égale » doit pouvoir Y trouver sa propre combinatoire de « fréquences » vibratoires.

Physique quantique et kantisme

Dans l’histoire des idées et des concepts fondamentaux de la physique quantique au début du XXème siècle, les spéculations philosophiques entre physiciens ont joué un certain rôle, et notamment toutes sortes de commentaires autour du rapport entre théories quantiques et kantisme, au-delà du simple jeu de mots de l’homophonie où le kantisme rivalisait avec le « Cantique des Quantiques » …

On comprend assez facilement pourquoi la notion même d’ « indétermination quantique » pouvait faire rêver certains à l’espoir d’avoir mis le doigt sur l’articulation même entre réalité physique et liberté « spirituelle » …
Ceci conjointement avec les spéculations sur la « double nature » corpusculaire et ondulatoire, etc. Plus que jamais la rêverie bachelardienne pouvait ici s’alimenter de tous les fantasmes de « mariage entre onde et corpuscule » …

Je ne compte pas ici me placer dans cette lignée de rêverie métaphysique, à la recherche d’une nouvelle « glande pinéale » articulant une prétendue « réalité psychique » à la « réalité physique ».

Je pose plus simplement ( ou de façon plus complexe … ) la question de la relation d’analogie possible entre l’indétermination physique quantique et l’indétermination propre aux usages potentiels différents des « signifiants » d’un langage, y compris d’une langage formalisé, dès que celui-ci est « implémenté » dans des modèles plus ou moins « concrets », voire matérialisé dans des processus physiques « informatiques ».

Une des sous-questions scientifiques à ce sujet peut concerner la problématique de l’ « informatique quantique« . Mais plus abstraitement celle de l’identité d’une « définition » d’un terme ou « élément de calcul » lorsque le processus même par lequel le résultat du calcul est obtenu ne peut pas être connu simultanément avec ce résultat.
Un « calcul quantique » est-il encore un « calcul » à proprement parler ? On se rappelle qu’étymologiquement le calcul se fait avec des « cailloux », donc des éléments « atomiques » ou des états clairement identifiables tout au long du processus de « calcul », ce à quoi précisément le « calcul quantique » renonce, pour pouvoir d’autant mieux exploiter la simple relation formelle entre les « entrées » et les « sorties » de ce « calcul ».

Jusqu’où le « sens » du mot « liberté » est-il libre ?

A partir de quels usages du mot « liberté », l’application de la liberté de pensée critique auto-reflexive à elle-même finit-elle par « scier la branche sur laquelle elle est assise » ?