Quelle “volonté générale” ? Quel “Peuple” ? QUI est le “souverain” ?

Entrée en matière :

FOISNEAU Luc, « Gouverner selon la volonté générale : la souveraineté selon Rousseau et les théories de la raison d’Etat », Les Études philosophiques, 2007/4 (n° 83), p. 463-479. DOI : 10.3917/leph.074.0463. URL : https://www.cairn.info/revue-les-etudes-philosophiques-2007-4-page-463.htm

“Valeur morale”

Pour beaucoup de personnes, l’usage du terme de “morale”, ou de l’ expression “valeur morale” se rapporte à une des nombreuses conceptions traditionnelles de la notion de “morale”, avec la caractéristique essentielle qu’une telle “morale” serait essentiellement le fait d’un système de valeurs ou d’idéaux, éventuellement de règles ou de procédures, partagés au sein d’un collectif d’êtres humains, et dont la caractéristique essentielle serait d’imposer son “obligation morale” ( ou “devoir” ) à l’ ensemble des personnes individuelles de ce collectif humain.

Ceux qui sont hostiles à une telle conception d’une obligation collective pesant sur les membres d’une collectivité, ont alors tendance à rejeter le mot “morale”, ou l’expression “valeur morale” , comprise comme signifiant cette domination du collectif et de la “régulation des moeurs” sur la liberté et la volonté autonome des personnes individuelles.

Pourquoi ai-je choisi de ne pas rejeter tout usage du terme de “morale”, ou de “valeur morale”, ou encore de “loi morale”, alors même que le contenu essentiel de ma proposition d’ “Égale Liberté Libre Égalité” consiste précisément à n’admettre a priori aucune “hétéronomie” liée à la domination d’un collectif humain sur ses membres ?

C’est bien sûr parce que je considère qu’il n’y a pas de contradiction a priori entre une libre interprétation possible des termes de “morale”, de “valeur morale” ou de “loi morale” , et la défense la plus haute et la plus pertinente possible de l’ idéal de Liberté, en tant que celui-ci peut être librement partagé par toute personne qui fait le choix de considérer librement que d’autres personnes qu’elles-mêmes PEUVENT, tout aussi bien qu’elles-mêmes, aspirer à la plus grande liberté possible compatible avec celle de toutes les autres personnes qui feraient ce même libre choix.

Ce n’est pas la caractéristique du “devoir” ou de l’ “obligation” que je retiens donc comme caractéristique de la “morale”, de la “valeur morale” ou de la “loi morale”, contrairement ici au choix fait par Kant , par exemple. Mais je retiens prioritairement comme caractéristique essentielle de ce que désigne les termes “morale”, “valeur morale” ou “loi morale”, qu’il s’agit d’une valeur qui ne peut être attribuée que sous l’expresse condition de la LIBERTÉ, en particulier de la “liberté de conscience”, et donc de l’ “autonomie de la volonté” de la personne qui juge de cette valeur.

Cette condition première de la liberté transforme d’ailleurs le supposé “impératif catégorique” kantien, en un “impératif conditionnel”, même si la “condition” générale préalable dont-il s’agit est très particulière : puisqu’il s’agit de la LIBERTÉ elle-même.
Bien évidemment, cette idée est également déjà défendue, non seulement chez Kant, mais même dans un grand nombre de philosophies morales pré-kantienne, et même et notamment par celles qui s’appuient sur une conception “théologique” de la “loi morale” comme “loi divine” :

La “loi morale” ou la “loi divine”, suivant leurs anciennes formulations, concevaient bien que pour être “morale”, il fallait que l'”obéissance” de la personne à une telle Loi, soit “librement consentie”, sous peine de ne pas être “morale”. Mais ni la “loi morale divine”, ni la “loi morale kantienne” ne vont jusqu’à affirmer l’identité de la “loi” elle-même avec la LIBERTÉ de la personne, donc son “autonomie personnelle” radicale, en tant que cette même LIBERTÉ serait également possible pour chaque personne qui en choisit “également librement” la référence, en la reconnaissant librement chez toute autre personne … si et seulement si et “pour autant” que cette dernière en fait réciproquement de même : autrement dit la seule restriction “morale” possible provient de l’exigence de de l’ Égalité de la Liberté et réciproquement de la Liberté d’une telle Égalité ( ce qui est très exactement le cœur de ma proposition de “Loi Morale Nouvelle” )

Proposition qui, bien évidemment, par définition, n’aura de “valeur” pour VOUS, que si VOUS décidez librement de la considérer “également” comme votre proposition librement universalisable à toute autre “personne libre et égale” qui se choisit elle-même comme telle, et qui participe ainsi , par et pour ELLE-MÊME , à sa propre entière et radicale LIBERTÉ.
Tel est donc aussi la nouvelle formulation de “NouS, le P.E.U.P.L.E.” …
si VOUS le voulez, comme moi, en toute “Égale Liberté” :
Mais là, c’est “Vous qui voyez” …

ELLE et le débat entre Habermas et Apel à propos des relations entre morale, droit et démocratie

Comme souvent ici, je propose de commencer un article à partir d’un texte existant, notamment pour permettre au lecteur d’avoir une première approche du terrain problématique – notamment philosophique – où mes remarques personnelles peuvent se situer.

Pour le présent article, il s’agit d’un texte de Karl Otto Apel, où il analyse la différence de point de vue, à ses yeux, entre sa propre position et celle de Jürgen Habermas, alors que par ailleurs ils peuvent être considérés comme relativement proches dans leurs “éthiques de la discussion” respectives.

Ce texte, intitulé
La relation entre morale, droit et démocratie.
La philosophie du droit de Jürgen Habermas jugée du point de vue d’une pragmatique transcendantale Karl-Otto Apel

est accessible en ligne ici :
https://www.cairn.info/revue-les-etudes-philosophiques-2001-1-page-67.htm

Remarque préliminaire : Encore une fois, je fais remarquer que, bien qu’ils cherchent tous à argumenter en faveur de leurs positions respectives, ces philosophes ne parviennent pas en réalité, à travers toutes leurs propositions procédurales, à trouver un supposé “fondement commun”, dont le point de vue “universalisable” pourrait ensuite économiser à bien d’autres d’avoir sans cesse à effectuer eux-mêmes la même démarche de réflexion discursive … pour aboutir au même constat d’incapacité.

Je rappelle ici que j’ai moi-même tranché “définitivement” cette question, mais précisément uniquement “par et pour moi-même”, puisqu’il s’agit précisément de reconnaître librement que ces différences de “points de vue” philosophiques, relèvent purement et simplement de la liberté individuelle de chaque conscience philosophique, et que cette dernière méta-proposition ( de l’irréductibilité de la liberté de conscience notamment du penser “philosophique” ), est intrinsèquement considérée comme réflexive :
C’est l’exercice même de cette liberté de conscience ( ici la “mienne”, en “propre ” ), qui m’amène à auto-poser la valeur de ma propre liberté de conscience. Bien évidemment, cette “méta-proposition”, ne “vaut” alors que pour moi … et pour toute autre conscience personnelle qui prendrait elle-même par et pour elle-même, cette même libre décision personnelle.

Pour le reste, c’est à dire la façon dont les “autres”, – c’est à dire en l’occurrence VOUS, comme lecteur, auquel ma proposition s’adresse, comme j’ai coutume de le répéter , “C’est VOUS qui voyez” .

En conséquence, dans une lecture partagée que nous pouvons avoir du texte cité de Karl Otto Apel, mon propos ne sera pas d’essayer de vous convaincre dans une argumentation pour savoir si le point de vue d’ Apel est plus ou moins “valide” que celui de Jürgen Habermas, où de vous convaincre qu’il faudrait chercher un “au-delà” de leur dissensus, en prétendant faire mieux “philosophiquement” que les argumentations qu’ils ont eux-mêmes produites …
J’ ai depuis longtemps tranché, comme je l’ai dit, “l’œuf de Christophe Colomb” de ce genre de débats “philosophiques” :
Là où seule la liberté de pensée et de conscience individuelle est en cause, il faut et il suffit pour VOUS, de décider et de préciser votre propre position … si c’est effectivement, ce que VOUS voulez, et pour quoi VOUS n’avez besoin d’aucune autre “autorisation” , de quelque spécialiste ou expert philosophique que ce soit, donc évidemment, encore moins de ma propre autorisation.
Si VOUS ne le voulez pas ( c’est VOUS qui voyez ), c’est alors VOTRE problème de savoir à qui d’ “autre”, VOUS voulez confier le droit d’en débattre avec VOUS, dans l’ “éthique de la discussion” que VOUS proposerez ou accepterez de “considérer”, venant d’un interlocuteur “TIERS” … de VOTRE CHOIX …



Mais revenons à nos deux protagonistes : Karl Otto Apel et Jürgen Habermas, et au texte d’Apel concernant sa différence avec Habermas …

La “personne souveraine, libre et égale” dont nous parlons n’a rien à voir avec les délires complotistes qui se répandent actuellement.

Une récente émission de France 2 ( Enquête de l’ Oeil du 20 heures ) a été consacrée à un type de mouvement, intitulé “One Nation”, qui fait partie de la grande mouvance complotiste ( appelée “complosphère” par certains ), dont le moins qu’on puisse dire , est qu’elle se situe dans une direction totalement opposée aux idéaux que nous défendons ici, qui sont au contraire ceux d’un approfondissement libre et volontaire de la référence à une forme d’ “universalisme humaniste” élargissant la sphère des “droits humains”, dont évidemment par exemple, le droit de choisir (“pro-choice” ), dans tous les domaines de la vie personnelle :
( Droit à l avortement, droit à la sexualité et à la définition du “genre” et au mode de reproduction de son choix, droit de décider de sa propre mort, etc. )

A coup sûr, les idées que nous défendons ici sous l’expression “Loi Morale Nouvelle” , comme proposition d'”Égale Liberté Libre Égalité“, seraient considérées par les complotistes de cette mouvance comme l’exemple même de ce qu’ils combattent sous l’expression “élite pédophile“, ou plus anciennement de “complot judéo-maçonnique“, ou du “nouvel ordre mondial“, précisément parce que nous défendons une reprise à la racine philosophique du “fondement” des idéaux de la “Raison des Lumières”, mais en considérant cette référence, non plus dans une prétendue universalité a priori d’un “droit naturel” ou d’une loi morale transcendantale, mais comme l’effet d’un libre accord d’un certain nombre de personnes pour se reconnaître réciproquement, mutuellement, un tel noyau idéal de droits et libertés égaux.

Le problème est que de nombreuses mouvances complotistes, en particulier situées à l’extrême droite, utilisent, comme le font d’ailleurs aussi les stratégies politiques de la “droite extrême”, et des mouvements intégristes , les termes mêmes ( “liberté”, “égalité”, “fraternité”, “laïcité”, etc. ) appartenant au départ à l’émancipation politique des Lumières, de la Révolution Française, de l’ “universalisme humaniste”, etc. pour les détourner à leur profit, c’est à dire au profit de toutes sortes d’autres “valeurs” idéologiques, qui sont en fait celles du conservatisme traditionaliste anti-lumières, anti-émancipation, anti-humaniste, et qui, à l’instar des intégrismes religieux, essayent de profiter de la “liberté de conscience et d’expression” pour exposer “librement” leurs positions en réalité expressément anti-libérales, et totalement opposées à l’émancipation des libertés et de l’autonomie individuelle des personnes.

La question qui se pose donc de plus en plus, est de savoir si, pour éviter la prolifération et l’extension de ces mouvements qui vont jusqu’à prôner maintenant le “séparatisme” en affirmant leur opposition aux valeurs de l’universalisme humaniste républicain, nous pouvons continuer à seulement prétendre nous appuyer sur un principe d’ “unité nationale” ( “république une et indivisible”, lois sur le “séparatisme”, etc. ) pour empêcher leur extension.

Ou si, à partir du moment où un “consensus raisonnable” n’est plus possible avec de telles idéologies réactionnaires, il ne vaut pas mieux prendre acte de la “séparation” et refonder aux différents niveaux de “constitution politique” ( droit international, européen, droits constitutionnels nationaux ), un réel libre accord contractuel des personnes dans la forme de “citoyenneté” de leur choix.

Nous voyons d’ailleurs dans l’actualité de la remise en question du droit à l’ avortement aux États-Unis, comment concrètement la question de la liberté du choix de vivre selon une législation commune est reposée, et où la “radicalisation” d’une majorité de membres de la “Cour Suprême” , repose la question fondamentale des niveaux où le contrat social et juridique peut se “constituer” …

Nous y assistons aussi à la multiplication d’initiatives des États américains avec une majorité pro-choice pour accueillir ou aider les femmes qui seraient contraintes économiquement à rester dans un des Etats qui choisirait d’interdire ou de limiter fortement le droit à l’ avortement.

Tout ceci montre que les structures politico-juridiques existant dans les “États de droit” actuels , ne sont plus adaptées pour répondre à la diversité et au pluralisme des références idéologiques et culturelles présentes sur le territoire de ces États.
Nous assistons alors soit au durcissement de positions traditionnalistes qui veulent s’emparer du pouvoir politique légal pour imposer leur “unité nationale” … ou au risque de plus en plus grand de l’exaspération de toutes sortes d’oppositions internes pouvant à nouveau déboucher sur de vraies “guerres civiles” …

Nous proposons bien sûr de “sortir par le haut” de ces dilemmes :
Mais seules les personnes qui acceptent librement de se reconnaître mutuellement une Égale Liberté de choisir de vivre selon leurs propres normes individuelles, peuvent dans l’avenir avoir une chance de construire un tel nouveau “contrat social” qui ne soit pas, ni imposé par une contrainte collective autoritaire, ni seulement localement “acquis” par les rapports de force et d’intérêts immédiats contingents entre les individus ou les groupes en présence.

Cette question se pose bien sûr à chacun au niveau élémentaire de sa vie personnelle dans un “environnement” donné, jusqu’au niveau d’une “gouvernance planétaire”, dont on voit bien qu’elle ne peut plus “en même temps” prétendre se fonder sur une “Déclaration Universelle des Droits Humains” en termes de droits et libertés fondamentales et prétendre imposer par la force cette façon de penser à toutes sortes de collectifs humains réels qui n’en ont guère le souci …
C’est donc effectivement aux “personnes libres et égales”, de se constituer en une nouvelle forme de “communauté mondiale”, qui devra en effet dépasser les actuelles “souverainetés” des États- Nations ou des “peuples” , en proposant à chaque personne de pouvoir en devenir “citoyen du monde”, mais en ne cherchant à forcer personne à y participer, et surtout en ne se transformant pas ELLE-MEME en communauté totalitaire close de type “sectaire”!

Ce n’est donc pas non plus en proposant, à la manière de mouvements à dérive sectaire, comme “One Nation”, aux futurs “citoyens du monde” d’une telle communauté des “personnes souveraines libres et égales”, de couper brutalement toutes leurs anciennes références juridiques ou culturelles, que “NouS” pourrons participer à la construction de cet édifice nouveau.

Mais bien en laissant chaque futur “citoyen du monde” libre de sa forme de “transition” entre ses attachements ou appartenances actuelles, juridico-politiques ou culturelles, ou même économiques, et les nouvelles interactions “libres et égales” à explorer et à créer, dans toute la différenciation adaptative concrète à laquelle le principe de Liberté et d’autonomie personnelle invite, tout en maintenant le critère de l’équivalence de ces cheminements divers en terme de d’ “Égale Liberté” de ceux qui y cheminent.





La proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” est- ELLE une proposition nouvelle dans le champ théorique de la “philosophie politique” ?

Dans “Qu’est-ce qu’une société juste ?” ( SEUIL, 1991 ), Philippe Van Parijs examine, en tant qu’ “introduction à la pratique de la philosophie politique” ( Sous-titre de l’ ouvrage ), diverses positions “classiques” en débat, notamment dans la philosophie politique “anglo-saxonne”. Il participe lui-même à ce débat, en essayant de défendre au chapitre 9, une position qu’il appelle “réal-libertarienne”, et la considère comme une “réponse cohérente aux néolibéralismes”, tout en examinant diverses objections possibles à cette position.

Sur un certain nombre de points, je pourrais rapprocher ma proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” de celle d’un tel “réal-libertarisme”.

Cependant, au moins un problème fondamental reste toujours le même, qui distingue ma proposition de pratiquement toutes les positions de “philosophie politique”, c’est qu’elles ont toutes une “prétention à l’universalité”, au sens où leurs auteurs prétendent faire de leur propre “théorie de philosophie politique” une théorie rivale des autres , dans un espace où il existerait une forme ou une autre de “vérité”, comme il est possible de le postuler dans l’ espace des théories scientifiques des critères de “falsifiabilité” ( Popper ) qui permettent, au moins de façon provisoire minimale, d’établir un réel consensus dans la “communauté scientifique” sur les éléments théoriques et pratiques fondamentaux admis par tous les membres de cette communauté “dans l’ état actuel des connaissances” .

Ce qui différencie fondamentalement tout débat “philosophique”, y compris dans les domaines techniques comme la “philosophie morale et politique” etc. ,
c’est que notamment dans les domaines où une certaine “normativité” est en jeu, la “liberté” de chaque participant individuel au débat, est directement et obligatoirement partie prenante, non seulement comme “objet” du débat, mais comme directement impliquée dans la pratique du débat et de l’argumentation.

Or, – et c’est une libre décision personnelle de ma part -, l’apparition “métalinguistique” de cette dimension de la liberté de chaque personne énonçant par elle-même, “librement”, ce qu’elle pense de sa propre liberté, de celle des autres, et de “LA Liberté” en général, introduit un saut qualitatif dans la logique organisationnelle du débat qui ne saurait en aucun cas se réduire aux méthodes diverses d’établir un consensus de type “scientifique” concernant simplement soit le “constat factuel, observationnel ou expérimental” commun, soit le débat sur les meilleures “théories explicatives” à établir relativement à ces constats factuels.
Là où les controverses scientifiques proprement dites peuvent porter sur les méthodologies descriptives d’un “même réel supposé commun” ( postulat de “réalisme” physique fondamental des “objets de la science” , aussi complexes et organisés soient-ils ) et non sur les simples choix volontaires des uns et des autres, je pose librement que la question propre de la liberté elle-même, implique nécessairement la libre participation des libres choix des personnes concernées par ces débats, et n’est réductible d’aucune façon au simple examen des “explications” théoriques provenant de toutes sortes de “sciences humaines, psychologiques, sociales, culturelles, linguistiques, etc. “, effectivement intéressantes à étudier, mais dont les “conclusions factuelles” , si elles existent, ne sauraient en aucun cas servir directement de “norme” d’un quelconque “devoir être”.
Les débats sur la liberté et donc notamment sur une “Égale Liberté”, ne peuvent donc, – dans ma proposition – faire l’économie de la rétroaction de la liberté de penser sur elle-même, qui se reconnait donc elle-même librement, comme “libre”.

Déconstructions et éveils équi-wokes

Un dossier de Philosophie Magazine :
“Spécial déconstruction”


https://www.philomag.com/articles/dossier-special-deconstruction-retrouvez-tous-nos-articles

Qui “déconstruit” Qui ?

En écho de la “Question de Jean-Luc Nancy” : “Qui vient après le sujet ?”

La question est toujours la “Même” :

Celle d’une “pensée critique” nécessairement “auto-critique” où, quelle que soit la façon de désigner un “Autre”, une “alternative” d’un prétendu “dehors”, et d’autant plus qu’il se trouve désigné par les superlatifs d’un “Tout Autre”, se retrouve précisément affublé du même masque grimaçant de la soumission à un tel “MEME” “infiniment autre” …

Tous les “alternatifs” qui pensent pouvoir purement et simplement remplacer un système de domination existant par leur “révolution alternative” se condamnent ainsi d’avance aux pires répétitions totalitaires, et ceci d’autant plus qu’ils prétendent défendre une “toute autre pensée qui vient …” en s’ excusant de ne pas pouvoir en dire davantage … sauf qu’ils y sont d’avance soumis …

Liens concernant les suites de la “Question de Jean-Luc Nancy” :

Balibar : Réponse à la question de Jean-Luc Nancy : « qui vient après le sujet ? » [1]

Le “Je”et le “Nous”, chroniques d’après le sujet

Liens concernant la question de l’universalisme :






Le nationalisme, c’est la guerre

Au moment où au nom d’anciennes nostalgies impériales certains prennent à nouveau le risque d’attiser les pulsions meurtrières de certains êtres humains à l’ égard d’autres êtres humains, plus que jamais, nous proposons à chaque personne humaine, quelle que soient les étiquettes collectives, nationales, religieuses, politiques, culturelles, sociales, ethniques, linguistiques, claniques, familiales, etc. qui lui sont imposées par les contraintes locales, historiques, géographiques, de sa naissance, de se délivrer de ces carcans collectifs, en élevant la souveraineté propre de chaque personne sur elle-même – pour autant qu’elle reconnait réciproquement à toute autre cette même Égale Liberté – , au-dessus des “souverainetés” des collectifs prétendus souverains qui oppriment leur autonomie personnelle.

Nous proposons donc la reconnaissance par les collectifs politiques actuels, de l’autonomie personnelle de chacun de ses citoyens, et donc de la possibilité universelle de tels citoyens de s’associer librement avec d’autres personnes dans le monde, pour construire avec elles de nouvelles associations collectives à l’échelle planétaire, qui ne soient plus fondées sur les rapports de force et de domination passés ou actuels, mais bien sur la libre décision personnelle de leurs membres associés, de promouvoir leur commune mais “Égale Liberté”.

Nous proposons donc à chaque personne, de ne plus se laisser intimider par l’ attribution collective d’étiquettes qui leur sont accolées par d’autres, sans que leur avis personnel leur ait jamais été demandé.

Toutes les personnes humaines qui pensent que leur autonomie personnelle est parfaitement compatible avec l’autonomie personnelle de nombreuses autres personnes dans le monde, lorsque celles-ci sont prêtes en retour à leur reconnaître cette même autonomie, ont donc toute légitimité à demander des comptes à toutes leurs instances collectives “souveraines” respectives ( en particulier les “États Nations” dont elles dépendent ) .
Des comptes quant aux réels efforts que font ces instances “souveraines” politico-juridiques que sont les “États de droit” pour dépasser leurs rivalités collectives en permettant au moins à ceux de leurs “citoyens” qui le souhaitent, d’acquérir un statut de “citoyen du monde” demandant à voir leurs droits humains juridiques fondamentaux ( que ces États ont signés ) respectés très exactement dans la mesure où eux-mêmes, en tant que personnes, acceptent de les respecter.

Certains voudraient utiliser les circonstances guerrières actuelles pour ranimer les vieux conflits internationaux ou de “blocs” supposés en cherchant à soumettre les personnes aux contraintes ou prétendues obligations de leurs “appartenances identitaires” préétablies.

Qu’un grand nombre de personnes puissent “choisir” de mettre leur appartenance nationale, ou de “camp” d’alliance militaire, ou de camp “civilisationnel” prétendu, au-dessus de leur adhésion à la valeur universalisable des droits humains, c’est en effet leur problème et leur responsabilité interne ( entre “nationalistes” ou “civilisationnistes” ou “autoritaristes illibéraux” de tout poil ) … du moment qu’elles n’empêchent pas les autres, de vivre en paix leur Égale Liberté librement choisie.

Que les “faucons” nationalistes s’entredéchirent entre eux au nom de leurs propres drapeaux, qu’ils le fassent sur leurs propres “champs de bataille”, mais ne cherchent pas à embrigader avec eux une grande masse de personnes parfaitement capables de concevoir entre elles d’autres rapports humains.

* * * * *

Une analyse intéressante de la situation géo-politique actuelle :
“Nous sommes dans la guerre” d’Étienne Balibar sur AOC

Remarque concernant le texte de Balibar :
Si je comprends bien qu’ à l’heure actuelle, dans la situation “dans la guerre” où nous nous trouvons, nous sommes bien obligés de faire avec les contraintes et les urgences du moment, donc notamment avec une certaine intégration à des “camps” en présence, parce qu’un “camp” est moins pire que d’autres ( Comme “la démocratie est le pire de tous les régimes, à l’ exception de tous les autres … ” ), je pense cependant qu’Etienne Balibar aurait pu davantage se distancier de tous les nationalismes qu’il ne le fait, même si par ailleurs, vers la fin de l’ article il rappelle sa position plus générale :
Je me garderai donc de conclure. Mais j’essayerai de prendre parti, avec et contre mon propre « camp ». Je suis très attaché à la position pacifiste de principe qui fait partie de la tradition de la gauche mondiale, et corrélativement à l’internationalisme hérité du communisme révolutionnaire et renouvelé par l’anti-impérialisme du 20ème siècle. Mais le pacifisme se trouve aujourd’hui pris entre des exigences contradictoires, tout particulièrement sur le continent européen, comme ce fut déjà le cas à l’occasion d’autres conflits où les droits humains fondamentaux étaient en cause. Et l’internationalisme, plus nécessaire que jamais dans sa « méthodologie » politique, apparait tragiquement désarmé lorsque la logique de guerre ne s’accompagne pas d’une mobilisation transnationale au moins virtuelle, ayant son propre « mythe » ou sa propre « utopie » comme ciment. La cage d’acier s’est refermée. Je ne vois d’autre perspective immédiate qu’une « unité de contraires », en espérant qu’elle se développe dialectiquement.

Pourquoi ne pas essayer de lancer une telle “mobilisation transnationale au moins virtuelle” ? Mais pour cela, il faudrait sans doute cesser de penser que le “pacifisme de principe” et l'”internationalisme” devraient en théorie être partagés par tous les “êtres humains”, mais qu’il est parfaitement possible de penser une communauté transnationale qui ne rassemblent virtuellement que les personnes qui font le libre choix de la reconnaissance mutuelle de leur “EGALIBERTE” ( terme proposé par Étienne Balibar dans un de ses ouvrages … ).

“ELLE” : Un MEME contrat moral

La Proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” constitue, pour les personnes qui adhèrent ( par définition librement ) à cette proposition, plus qu’une simple “proposition”.

Adhérer à cette proposition signifie en faire pour soi-même une formule suffisamment signifiante pour devenir son propre libre idéal de valeur régulatrice à suivre , et accepter en même temps qu’un grand nombre de “personnes” pourraient suivre ce MÊME idéal sans contradiction, mais que rien ne peut prétendre en faire un “devoir” ou une quelconque “normativité originaire” ( expression de François Galichet”)

L’extension possible de cet Idéal Commun ( le PIC : Projet Idéal Commun” ) à une multiplicité indéfinie de “personnes” ne se limite pas à l’appartenance de ces “personnes” à une espèce biologique particulière, en l’occurrence aux “êtres humains”, mais ouvre un projet universalisable à toute autre forme d'”être raisonnable” dans l’ Univers.
( j’ ai proposé aussi d’appeler cette multitude possible : le “P.E.U.P.L.E.“)


Mais cette extension possible ne peut exercer aucune contrainte ni obligation a priori pour ces personnes en général ( qui en langage kantien sont appelées “êtres raisonnables” ) , ni pour des “personnes humaines” en particulier.

Elle n’aura de “valeur” ( valeur dite “morale” ) que pour et par les personnes qui en adoptent librement l’énoncé ou le recréent à leur manière. La façon dont elles cherchent à traduire cet énoncé commun en termes de formes et de contenus de pensées, d’expression ou d’actes, de façon personnelle est donc a priori extrêmement variée.
Mais toutes ces façons “personnelles” d’interpréter un tel Projet Idéal Commun doivent être suffisamment compatibles les unes avec les autres , pour que chaque personne puisse considérer qu’en mettant “en œuvre” cette formulation idéale commune, elle ne contraint ni n’oblige aucune autre à “faire” comme elle, dans la réalisation singulière ou “propre” de chacune de ces mises en œuvre personnelles.

Nous voyons ici, à la fois la proximité de notre problématique avec la problématique “critique” kantienne, mais aussi une divergence librement et volontairement assumée : l’ “universalisation possible“, que nous proposons également comme critère de la “moralité nouvelle” , n’est pas un “universel a priori” au sens où cette “forme universelle” s’imposerait dans sa pure forme de “légalité” à “tous les êtres rationnels et raisonnables”, ce qui est le point de vue kantien ( et plus largement de beaucoup de formes d’ “humanisme universaliste”), avec notamment comme effet l’apparition de la notion de “devoir” ou encore d’ “impératif catégorique”, comme chez Kant.
( Remarque : Kant lui-même considère d’une certaine façon que les idées de “liberté” et de “loi morale” sont équivalentes …, mais réserve cette équivalence à une forme d’ “élite” de “saints” . Mais c’est bien parce que finalement, il soumet la liberté à une “loi morale” dont il imagine l’ “universalité” sur le modèle extérieur des “lois de la nature”et de la physique newtonienne qui vient de montrer son succès )

Si une “forme pure de la moralité” doit POUVOIR apparaître dans une telle recherche “critique”, c’est d’abord sous la forme de la LIBERTÉ, et donc dans l’ “autonomie de la volonté“, où cette “LIBERTÉ MÊME” devient la “MÊME LIBERTÉ” , pour et par l’ “autonomie de la volonté” des personnes ou “êtres raisonnables” qui se pensent et se veulent effectivement comme des “volontés autonomes”, c’est à dire capables ( “POUVANT” et non pas “DEVANT” a priori ) de faire un tel libre choix, mais précisément, non pas “impérativement” ou “par devoir“, mais uniquement d’abord “conditionnellement” : sous la condition de leur propre libre adhésion à une telle “loi morale”, qui ne peut, – par la libre définition que je pose – se réaliser qu’en étant simultanément “Égale Liberté et Libre Égalité” : le type de “légalité morale” ne pouvant alors être que la résultante d’un libre choix d’adhésion, qui PEUT certes être a posteriori partagé par beaucoup, mais qui ne saurait, sans contradiction avec l’ idée même de Liberté, s’imposer “universellement a priori“.

Notre position est donc très claire : quelque chose comme la “pureté de la loi morale kantienne”, n’est précisément formulable que sous l’expresse condition de la liberté de sa formulation. A cause bien sûr du rôle absolument décisif joué par la liberté même de chaque personne, c’est-à-dire de l’ “autonomie personnelle” irréductiblement liée à une telle formulation, même si et surtout si elle se veut “universalisable“, sous condition de cette liberté même, à la fois comme libre principe de “loi personnelle”, et comme étant, à cause du respect de cette autonomie même, potentiellement universalisable.

La “moralité nouvelle” ( notre “Loi Morale Nouvelle” ) se signale donc par le critère d’une universalisation possible ( à tout “être raisonnable” dans l’univers physique qui en ferait le libre choix “personnel” ) mais qui n’implique aucune extériorité ou “hétéronomie” d’un tel libre accord, qui ferait apparaître cette “loi ” comme s’imposant “à tous”, en excluant ainsi un libre choix individuel dont pourtant elle prétend énoncer la possibilité universelle.

Chaque personne entre ainsi dans une forme de “contrat moral” ( “moral”, précisément parce qu’ “également libre” ), avec toute autre personne qui pose cette même libre adhésion.
Et elle sait par conséquent, qu’elle ne peut pas, dans ce cadre ( de “Loi Morale Nouvelle” ) , attendre des autres personnes de soumission particulière à ses propres goûts particuliers, à ses propres caractéristiques empiriques ou pragmatiques particulières, mais qu’elle ne peut attendre de “compréhension fraternelle” ou de “coopération fraternelle” d’autres personnes que dans la mesure où elle est elle-même prête à en “consentir” réciproquement l’accord possible.

La question de l’ “harmonisation” et de la compatibilité possible de toutes ces caractéristiques personnelles diverses est donc immédiatement posée à chaque personne réelle qui entre dans ce “contrat moral” , et notamment celle de savoir jusqu’où chaque personne, entrant librement dans ce contrat, considère qu’il s’ agit seulement d’une “belle idée”, d’un “idéal utopique” dont la formulation, comme le “Fais ce que voudras” de Thélème, peut bien planer “librement” au-dessus de toutes les personnes ainsi virtuELLEment “associées”, mais sans être traduit dans une quelconque “réalité concrète”.
Bien sûr, Kant était conscient du “cercle logique” dans lequel il plaçait sa conception d’une “légalité morale universelle a priori”.

Mais chacune de ces personnes est libre aussi de se demander jusqu’où elle est prête elle-même à entrer dans un questionnement plus “concret” d’une quelconque “réalisabilité effective“, en un tissu de liens psychologiques, sociaux, culturels, associatifs, politiques, juridiques, économiques, etc. avec d’autres personnes, dans des configurations réelles, matérialisées, actuelles et “situées”, certes éventuellement très différentes les unes des autres et en perpétuelle évolution, mais toutes cependant animées d’un même esprit d’acceptation de la liberté de ces différences.

En prenant en compte la diversité des incarnations actuelles effectives dans lesquelles chaque personne se trouve effectivement physiquement constituée, en particulier comme organisme biologique “humain” avec ses caractéristiques propres dont l’appartenance à une même espèce “homo sapiens” ne permet précisément de tirer a priori aucune “obligation morale” ni aucun “droit naturel” définissant a priori comment effectuer la “traduction” de l’Idéal supposé commun en termes de “réalisation effective” .

Remarque : Si nous proposons une “Loi Morale Nouvelle” en tant que “Proposition de l’ Égale Liberté Libre Égalité“, c’est bien sûr par ce que “NouS” posons d’abord, librement ( chacun à titre personnel ), qu’il n’existe aucune autre “Loi Morale” , ni aucun “ordre” transcendant” ou “transcendantal” , qui puisse nous “obliger a priori” , sans que nous Y ayons personnellement donné notre libre accord ou libre consentement.
Que le “Réel”, ou la “nature” comme “physique” nous impose ses contraintes de fait, de “gré ou de force”, cela “va de soi” : pour autant cependant que ce “Réel”, également de fait, se plie à ses propres “lois”, s’il y en a ( … que par conséquent nous pouvons finir par connaître “scientifiquement” … et utiliser pour en contrôler “techniquement” en retour les incarnations “factuelles” ).

Et de même pour toutes les organisations politiques, sociales ou culturelles instituées, dont l’existence de fait, empiriquement constatable, ne constitue en rien une “obligation” ou un “devoir” a priori, mais ne peuvent le devenir pour certaines personnes que sous l’expresse condition de leur libre adhésion.

Mais précisément, toute notre “philosophie” ici, est de dire que le “fait” ( “de facto” ) du “Réel” n’implique aucun “droit” ( “de jure” ) de ce même “Réel”.
Le “droit au droit” institué par l’ “Égale Liberté Libre Égalité” est par définition “autonome” et “souverain” au sens fort, par rapport à toute autre affirmation d'”autonomie” et de “souveraineté” collectives ou individuelles qui prétendraient se fonder sur la seule “force du réel” ou “réalité de la force”.

La conception donc que nous nous faisons de notre “Loi Morale Nouvelle” , est précisément telle qu’ELLE déclare ne fonder son propre “droit” ( ce que certains appellent un “droit au droit” ), que sur le caractère potentiellement universalisable à toute “personne” dans l’Univers ( physique) qui s’en réclamera librement et également, c’est à dire en acceptant en retour le contrôle de ce même idéal régulateur dont elle pose librement le “droit” pour elle-même, en pure Égalité avec toute Liberté individuée ( “personnelle”) qui ferait réciproquement de même.

Remarque : Bien des lecteurs objecterons sans doute qu’il n’y a donc dans cette supposée “Loi Morale Nouvelle“, rien de “nouveau” : qu’il ne s’agit que de la reprise de la MÊME IDÉE, déjà depuis longtemps ou même depuis “toujours” énoncée par toutes sortes de penseurs ou philosophes, ou simples personnes réfléchissantes, de la limitation de la liberté des uns par celle des autres sous l’ Autorité commune de la Loi.
Qu’il s’agit donc d’une simple variante du même modèle que, entre autres :
– la “Règle d’Or”
– le Contrat social de Rousseau
– l’ Impératif catégorique de la loi morale kantienne
– l’ article 4 de la Déclaration des Droits de l’ Homme et du Citoyen,
– les principes de Justice de John Rawls,
– la question posée par François Galichet concernant une “normativité originaire” ( voir dans “Mourir délibérément ?” )
etc. etc.

Et donc que cela ne sert strictement à rien de continuer à chercher des variantes de “quelque chose” qui a depuis longtemps, à la fois été énoncé idéalement, et montré son impuissance à réguler quoi que ce soit dans la réalité des rapports humains, entre les individus ou entre les collectifs et les communautés humaines.

Certains, dans la lignée du “marxisme” post-hegelien, vont bien sûr continuer à répéter eux-mêmes que le problème n’est plus depuis longtemps de trouver une “solution idéale” aux problèmes de la vie humaine en société, mais de “passer à l’action”, de “faire” et d’ “agir” , et donc d’ “accéder au pouvoir”, et que c’est la “Révolution en marche d’une Histoire en marche” qui règle les problèmes par le “rapport des forces” en présence …
Bref que la “solution” du problème du “passage de l’ Idéal au Réel” se trouve dans l’ Idéalisation du Réel lui-même, comme “moteur de l’histoire” :
Et que si l’on se demande, parmi toutes les propositions d’usage de la force ou du jeu des “rapports de forces”, laquelle est la “meilleure” , c’est “forcément” la “loi du plus fort” qui est la “meilleure” … celle que l’ “Histoire avec sa grande Hache” aura retenue.

Bref que si l’on veut établir une soumission du “de facto” au “de jure“, il “faut et il suffit” de définir le “de jure” comme étant l’ institutionnalisation du “de facto” … Lequel ? Celui qui aura “de facto” réussi à s’imposer par son “pouvoir”.

Vieille question d’un supposé renversement des questionnements “éthiques” par la “praxis politique” … et le règne du “tout est politique” , qui finit par devenir … “tout est économique”, puis tout n’est que guerre de tous contre tous, et donc “que le meilleur gagne” suppose que le “meilleur” est par définition “celui qui gagne”.

Faudrait-il choisir entre “avoir les mains pures, mais ne pas avoir de mains” et “avoir des mains dans le cambouis” , mais les avoir nécessairement rongées voire écrasées par les contradictions de la “lutte pour la vie” ?

A chacun de voir :

– Pour moi, je sais ce que je veux pour moi et ce que veulent par conséquent aussi d’autres qui peuvent vouloir la même Égale Liberté que celle que je veux, à partir de ma propre libre décision .
– Je ne prétends donc “imposer” à personne, ni même “obliger” personne à suivre ce “même contrat moral” ( d’ “Égale Liberté“) , puisque, par définition je le pose librement comme étant libre ( “Libre Égalité” )

– Quant à VOUS, … c’est VOUS qui voyez .





De quel “PEUPLE” parlons-nous ?

Un débat politique toujours actuel se pose concernant la comparaison entre différents sens du mot “Peuple” , car bien évidemment non seulement une “démocratie” ne saurait se confondre avec une “éthnocratie” , mais même la pluralité des sens du “DEMOS” politique pose bien sûr problème .

  1. Un texte sur AOC peut servir d’introduction :
    Fabriques de peuples par Gérard BRAS

De Nuit Debout à Occupy Wall Street, du Printemps Arabe à la Révolution des parapluies à Hong Kong, les mouvements de revendications de la dernière décennie ont fait resurgir le terme de « peuple » dans le discours politique contemporain, dévoilant un large spectre de significations. Derrière l’apparente unité se cachent en réalité trois visages distincts, parfois contradictoires mais toujours inséparables.

Un autre texte de Gérard BRAS, dans AOC du 24 septembre 2024 :
Les peuples contre le peuple
https://aoc.media/opinion/2024/09/24/les-peuples-contre-le-peuple/

2. Le texte de Céline Spector dans AOC à l’occasion du débat sur l’idée d’un “peuple européen” , montre un certain nombre des dimensions de la question :

Une Europe sans peuple ?
Les conditions d’une démocratie européenne

Par Céline Spector

https://aoc.media/analyse/2021/12/27/une-europe-sans-peuple-les-conditions-dune-democratie-europeenne-2/

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J’ai déjà entamé sur ce blog la question de la référence de ce que j’appelle la “loi morale nouvelle” ( ou “Proposition de l’ Égale Liberté Libre Égalité” ) à la possibilité de la constitution juridico-politique d’un nouveau “contrat social” sur une telle base “éthique” commune aux “personnes libres et égales“.

Remarque : par rapport aux trois “scènes” dont parle Gérard Bras, ma propre proposition de “P.E.U.P.L.E” se joue et déjoue en particulier la deuxième “scène”, celle du “démos politique“, et donc de la question du “pacte social institué”.

J’ai ainsi proposé , dans un jeux de lettres , de définir le “P.E.U.P.L.E.” en question comme acronyme de :

Projet Éternel Universel des Personnes Libres et Égales“,
En m’excusant d’avance du “PEU” que les “personnes libres et égales” ( Pour reprendre l’expression de John Rawls ) sont ainsi capables de poser comme leur “PEU” commun …

Mais telle est nécessairement l’ambition “Éternelle Universelle” de ce noyau commun, non pas bien sûr parce qu’ELLE serait totalitairement applicable ou appliquée “toujours et partout” dans une “E.U. topie” , mais précisément parce que sa définition possible est par cette définition même “hors” de tout temps et de tout lieu particuliers qui signeraient son “identité originaire” …

Pas non plus l’absence de tout lieu ou de tout temps possible pour son institution ( “OU – topia ” ), mais POSSIBILITÉ, POTENTIEL, en PUISSANCE et donc en PROJET , de continuer de se mettre en projet et “en marche”, peu importe où et quand les “personnes libres et égales” se donnent ce projet commun, en se définissant elles-mêmes comme “libres et égales” en posant en acte la LIBERTÉ MEME qui sert de “fondement” à leur co-institution ou “constitution” réciproque.

Dans l'”espace” actuel de la planète Terre où homo sapiens organise l’ “anthropocène”, chaque “être humain” PEUT, au niveau de ses capacités cérébrales personnelles, être suffisamment conscient de sa situation dans le monde, ou dans “son monde”, pour y être concrètement confronté à la question de sa “liberté”, et PEUT, du moins en son “for intérieur”, projeter en idée, en rêve ou en idéal, ou en exigence émotionnelle spontanée de “justice”, l’imaginaire social d’une “société de liberté” où sa propre place de personne serait reconnue “comme celle des autres”.
Même si dans le réel des situations humaines diverses, un grand nombre de personnes sont empêchées par leur environnement et leurs conditions de vie de prendre une claire conscience personnelle d’une telle “liberté idéale possible“, nous présupposons ici qu’une telle prise de conscience de cette question est déjà très largement répandue parmi les êtres humains, quelles que soient leurs cultures, leurs systèmes politiques, leurs convictions sur le cadre naturel ou “surnaturel”, le cadre de conception du monde dans lequel une telle question de “liberté idéale possible” peut être légitimement posée à leurs yeux.

Nous ne présupposons en revanche aucune “réponse universelle a priori” que tout être humain donnerait ou devrait donner à une telle question, en termes d’une “loi morale universelle” telle qu’elle a été recherchée notamment par Kant. ( “nécessaire et universelle a priori” par analogie avec les lois de la physique ou les “lois de la Nature” en général ) :

Notre proposition de “Loi Morale Nouvelle” se pose explicitement comme seulement “universalisable” sous condition ( donc sansimpératif catégorique” ( Kant ) ou “normativité originaire” ( F. GALICHET ) ) , c’est à dire PAR et POUR des personnes individuées qui se veulent librement elles-mêmes comme “Libres et Égales”. Ce sont donc ces personnes qui décident elles-mêmes jusqu’à quel point elles veulent participer à la “constitution” d’un tel “P.E.U.P.L.E.” , et qui construisent par conséquent, dans le réel de leurs actions individuelles ou collectives, le système complexe des “frontières” fraternelles / fractales entre le “DEDANS” d’un tel “P.E.U.P.L.E.” et son “DEHORS”, entre le “NouS” et “EuX”.

La question, pour chaque personne qui se pose la question, devient alors celle de savoir si elle se laisse simplement “situer” passivement, entraînée par les flux et les marées de la foule ou de la “multitude” ou d’un quelconque “peuple” ou “collectif” ou “communauté” préalablement existant, ou jusqu’à quel point elle veut au contraire définir par elle-même consciemment et volontairement sa “place” dans ce tissu complexe de “frontières”, en participant par là même à sa “constitution théorique” et à sa “fabrication pratique concrète”.

Pour ma part, en tant que “personne libre et égale” autodéterminée, puisque je me suis moi-même ainsi librement défini, c’est en particulier par ma contribution “philosophique théorique”, par la “proposition de l’Égale Liberté Libre Égalité” , que j’apporte ma “goutte d’eau” personnelle à ce “Projet Éternel Universalisable des Personnes Libres et Égales” (‘PEUPLE” ) :

Les pratiques concrètes effectives de l’individu “Armand Stroh” ( individu “mâle”, “blanc”, “OKboomer”, d'”origine” alsacienne, française, européenne, etc. , né le 29 septembre 1948 à Strasbourg ) , ne sont alors effectivement que très partiellement “explicables” par sa référence théorique idéalisée à sa propre “Proposition de l’ Égale Liberté Libre Égalité” .

Quant à Vous, c’est Vous qui voyez …

ELLE et l’ “universalisation” de la loi morale kantienne

La “loi morale” kantienne repose sur un principe d’universalisation possible de la “maxime” d’une action.

On sait que son “impératif catégorique” a été formulé de plusieurs façons par Kant , énoncés ainsi sur Wikipédia :

  • « Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle. » (IIe section, IV, 421, in Œuvres philosophiques, t. II, éd. F. Alquié, Gallimard, Pléiade, 1985, p. 285), parfois résumé par « Agis de telle sorte que le principe de ton action puisse être érigée en loi universelle ».
  • « Agis de façon telle que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans toute autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen. »
  • « L’idée de la volonté de tout être raisonnable conçue comme volonté instituant une législation universelle.  »
  • « Agis selon les maximes d’un membre qui légifère universellement en vue d’un règne des fins simplement possible. »

Une analyse critique intéressante des limites du critère d ‘universalisation tel qu’il est pensé par Kant peut être trouvée dans cet article de Luc Langlois :
“Impératif catégorique, principe de généralisation et situation d’action”
( Langlois Luc, « Impératif catégorique, principe de généralisation et situation d’action », Cités, 2004/3 (n° 19), p. 153-171. DOI : 10.3917/cite.019.0153. URL : https://www.cairn.info/revue-cites-2004-3-page-153.htm )

Je partage un certain nombre des remarques critiques faites à ce sujet par Luc Langlois. De même le rapprochement avec la discussion de la Théorie de la Justice de Rawls ou la question de la substitution à la référence kantienne de la “verticalité” entre monde intelligible et monde sensible, de la dimension “horizontale” du dialogue dans l’ “éthique de la discussion” de type Jürgen Habermas et Karl-Otto Apel .
( Voir la deuxième partie du texte de Luc Langlois )

Cependant, pour ma part, je n’accepte pas de dissoudre la question “morale” , dans celle de la “solidarité humaniste” :
Suivant cette hypothèse, le moment d’universalité de la morale ne peut en dernière analyse reposer que sur une exigence absolue d’humanité, telle qu’elle se manifeste au premier chef à travers l’expérience du mal, de la souffrance et de l’injustice, en s’identifiant en fin de compte aux structures profondes de la réciprocité et de la coexistence humaines [30][30]Ibid., p. 139-140.

En effet, s’il n’y a pas de recours possible à un “monde intelligible” de la “raison pure” ( “verticalité” ), il est, pour moi,tout aussi illusoire de prétendre que “l’universalisation possible” puisse être “fondée” sur une supposée “unité anthropologique” qui échapperait elle-même non seulement au pluralisme des cultures et des subjectivités individuelles ou collectives “situées”, mais serait plus “originaire” que la volonté consciente des personnes.

C’est bien la raison pour laquelle c’est à l’ idée et à l’ idéal de Liberté lui-même qu’il est possible de recourir, dont rien ne présuppose qu’il doive être obligatoirement seulement “humain”, ni restreint et “encadré” par une quelconque considération de stabilité des espèces biologiques “humaines”, ni de supposées “structures anthropologiques” qui ne font que reconstituer le recours au “transcendantal” ou à l’ “originaire phénoménologique” .

La tentative de trouver une “transcendance immanente” ou une “verticalité horizontale” ne peut, selon moi, résulter que de la libre volonté “immanente” d’un certain nombre suffisant de personnes qui se donnent à elles-mêmes un tel Idéal commun , mais un Idéal qui ne préexiste ni dans un “monde intelligible platonicien”, ni dans une “structure anthropologique dialogique” , qui est encore une fois une façon de prétendre “obliger” des personnes à se soumettre à un “ordre hétéronome” qu’elles n’auraient pas elles-mêmes explicitement choisi, de façon à prétendre leur éviter d’avoir à créer la Loi elle-même à laquelle on prétend cependant qu’ils “doivent” se soumettre … en toute liberté.
( Rappelons que toute loi “morale” présuppose l’autonomie de la volonté et la liberté de la conscience, sans laquelle la “soumission” de la personne à la loi ne serait que la résultante d’un état de fait “empirique” , résultant en fin de compte d’un “rapport de forces” violent, intrinsèquement condamné comme “immoral” par la “loi morale” elle-même dont on souhaiterait la libre adoption … )

En conséquence, rien d’autre que la libre volonté de chaque personne qui choisit librement son “égalité devant la loi” ( “Libre Égalité” ) avec d’ autres personnes en se donnant elles-mêmes réciproquement une telle “Égale Liberté”, ne peut désormais me “convaincre” de participer fondamentalement à un quelconque “destin commun”, dont le caractère “désintéressé” ou “moral” supposé me paraîtra toujours suspect d’une hypocrisie sous-jacente.
“NouS” n’avons besoin que d’une “universalité restreinte” … à toutes les “personnes libres et égales” faisant également librement le choix d’ être “libres et égales”.

Quant à Vous … en conséquence, c’est “Vous qui voyez” .