ELLE : Univers-ELLE conditionn-ELLE

Contrairement à toutes les prétentions philosophiques classiques à trouver un “fondement universel” de la moralité , la Proposition de l’ Égale Liberté Libre Égalité” que je fais – en tant que personne individu-ELLE singulière -, articule dans son énoncé même ainsi concentré une liaison entre un potentiel universalisable ( “Égale Liberté” ) et une prise de position simplement individuelle-locale-située dont je prends l’entière responsabilité précisément “personnELLE” ( “Libre Égalité” ).

De façon à préciser cette différence avec un grand nombre de positions de philosophie morale classiques, il est possible de reprendre toutes sortes de débats “entre philosophes” qui ont essayé de formuler les grandes lignes de cette problématique d’une “loi morale universelle”, et en particulier bien sûr la ligne “généalogique” kantienne et la façon dont une telle “universalité” serait liée à l’ “universalité de la Raison” de tous les “êtres raisonnables” .

Voir par exemple :
Loi restrictive et loi productive dans l’éthique fichtéenne
Piché Claude, « Loi restrictive et loi productive dans l’éthique fichtéenne », Revue de métaphysique et de morale, 2011/3 (n° 71), p. 309-318. DOI : 10.3917/rmm.113.0309. URL : https://www.cairn.info/revue-de-metaphysique-et-de-morale-2011-3-page-309.htm

J’y relève ceci :
Mais c’est à la fin du § 18 que Fichte indique l’instance sans doute la mieux à même de réaliser dans les faits ce consensus, encore qu’il s’agisse d’une tâche infinie : la « république savante » [6][6]SL, GA I, 5, 224. . Fichte, qui s’inspire largement dans ces pages du texte de Kant « Qu’est-ce que les Lumières ? », assimile en fait cette république à l’espace public évoqué par Kant, où tout un chacun, à condition qu’il sache lire et écrire, est invité à faire usage public de sa raison, afin d’y exposer et d’y mettre à l’épreuve ses convictions.

Une des questions traditionnelles est celle du rapport à construire entre une “loi morale” éventuellement “universelle” dans son pur énoncé formel et la façon dont il est possible d’incarner une telle “moralité universelle” dans la diversité concrète du “réel” et donc la question des médiations des institutions sociales, culturelles et politiques humaines dans cette mise en rapport.

De ce point de vue, ma propre “Proposition” invite certes à la mise en oeuvre d’un “NouS”, mais où, pour commencer, c’est la Liberté elle-même, en tant qu’elle est également “partageable” qui est au fondement d’une telle “Loi Morale”, mais dont le “partage” suppose précisément le libre engagement de la “personne libre et égale” dans l’adhésion.
C’est donc le libre renoncement à une quelconque “universalité obligée” qui est constitutif de cette “Loi Morale Nouvelle”, ce qui est en réalité très différent de la façon dont est conçue traditionnellement une “loi morale universelle” prétendue fondée sur une “raison universelle a priori” .
Dans cette perspective, absolument rien d’autre que sa propre liberté personnelle “autonome” ne peut inciter une personne individuelle particulière à adhérer elle-même à cette nouvelle forme de “loi morale”, dont l’ “universalité” potentielle ne peut être que librement construite à partir de la libre volonté de chaque personne qui Y adhère.
Une telle personne, “vous” par exemple, ( puisque “c’est vous qui voyez …” ), n’ aura pas à être “convaincue” par ce que je propose, dans la mesure où, si elle Y adhère, elle ne peut le faire qu’en étant et en se sentant elle-même totalement libre d’Y adhérer, très exactement comme si elle avait été elle-même co- autrice et co-actrice de la définition autonome de cette “loi morale nouvelle”.

Le type d’ “universalité potentielle” ainsi proposé est très différent de ce que beaucoup d’auteurs classiques croyaient pouvoir Y trouver, en postulant bien sûr la nécessité de la liberté en matière “morale” proprement dite, mais en distinguant l’ “universalité de la loi morale” proprement dite de l’universalité potentielle d’une “égale liberté” .

Mais du coup aussi, la fameuse question du lien à établir entre “loi morale formelle” et “pratique morale réelle” se repose elle aussi différemment, puisque c’est chaque personne morale “libre et égale” qui peut et “doit-si-elle le-veut” articuler le lien du “formel” et du “réel”, et dont aucune institution surplombante ne peut prétendre donner le “cadre” obligatoire universel.

“ELLE” et le libéralisme égalitaire ou égalitarisme libéral de Rawls

Si vous êtes un connaisseur, amateur ou professionnel, ou du moins si vous avez entendu parler de la Théorie de la Justice ou du “Libéralisme égalitaire” de John Rawls, vous pouvez penser en un premier temps, que la proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” que j’exprime ici, n’est qu’une répétition vague et approximative, “inculte” ou “naïve”, d’une formulation théorique bien connue des spécialistes universitaires sous l’ étiquette du “libéralisme égalitaire” notamment représenté par la “Théorie de la Justice” de John Rawls.

Et donc, que la prétention à présenter une “nouveauté” en cette matière devrait au minimum faire le travail universitaire de se positionner dans un “état de la question” , de façon à pouvoir dialoguer de façon pertinente avec des personnes qui ont travaillé pendant des années ou des décennies et sous l’oeil critique de leurs “pairs” universitaires, dans un tel domaine de la pensée philosophique, morale, juridique et politique déjà largement “balisé”, et où les “interstices” encore non explorés sont considérés, soit comme rares et donc difficile à trouver ou à construire par un travail exigeant, soit comme sans intérêt ou ne consistant qu’à répéter inutilement des formulations déjà bien connues.

Et ce serait effectivement le cas si je prétendais dans ma proposition “ELLE” ( “Égale Liberté Libre Égalité”), n’énoncer rien d’autre que la proposition rawlsienne ou une variante théorique ou critique particulière, s’insérant dans le tissu des commentaires, critiques et gloses universitaires ou médiatiques de la pensée de Rawls, et plus généralement du “libéralisme égalitaire”.
( Voir par exemple un cours sur les différentes conceptions de la justice sociale )

Mais ce point d’entrée est possible, même si ce n’est pas celui que j’ai personnellement choisi de parcourir de façon “universitaire”.

Donc, nous pouvons supposer, pour simplifier, dans une première approche, que le premier membre de ma proposition , à savoir “Égale Liberté“, représente une expression suffisamment proche de la position générale du “Libéralisme égalitaire” et donc de l’importance accordée à un principe d’ “Égale Liberté”, suffisamment proche de celui énoncé par John Rawls comme “premier principe” de sa “Théorie de la Justice” .

Les connaisseurs de la Théorie de la Justice de Rawls se demanderont donc immédiatement où se situent les différences et en particulier par rapport aux grands concepts rawlsiens comme le “voile d’ignorance”, la “personne libre et égale” etc. , et surtout les deux autres “principes de justice” inséparables du premier dans la théorie rawlsienne.

Relativement à ma propre proposition, la question sera alors : mais à quoi peut bien correspondre le deuxième membre “Libre Égalité”, si on cherche une équivalence à l’intérieur du dispositif rawlsien ?

1. Une première réponse est de dire que la “Libre Égalité” est dans cette perspective de comparaison avec la théorie de Rawls, la liberté même des multiples interprétations qui peuvent être données d’un “Principe d’ Égale Liberté”, dans diverses versions ou variantes de “libéralisme égalitaire” ( … ou d’ “égalitarisme libéral” ) , par la diversité des personnes qui adoptent ce principe commun … La position de Rawls à ce sujet ( ou les positions, puisque sa pensée a été évolutive … ) est donc une libre position particulière à ce sujet, et on ne voit pas pourquoi un “libéral égalitaire” n’accepterait pas que d’autres personnes aient une conception interprétative différente et évolutive de ce “principe” pourtant commun.

Ce à quoi un partisan “orthodoxe” de la pensée rawlsienne ( mais cependant “libéral” … ) dira sans doute que c’est justement le dispositif du “voile d’ignorance” qui doit permettre à toutes ces personnes d’ignorer dans leur raisonnement éthico-politico-juridique général, toutes leurs “différences réelles” de situation dans le réel naturel ou social et donc effacer toutes les différences interprétatives qui pourraient en résulter concernant les 3 principes de justice communs.

Et en effet, c’est là une différence fondamentale ( et fondatrice de ma propre “variante” ) : la pluralité des différences interprétatives, seulement attribuées par Rawls à la non prise en compte du “voile d’ignorance”, et donc reprises dans les nombreuses critiques de ses successeurs qui lui reprochent de rester dans une théorie “abstraite” ( à la manière dont on a pu dire de la pensée morale kantienne qu’elle “a les mains pures mais n’a pas de mains” ), toutes ces différences ne sont pas seulement à reprendre dans le cadre des deux autres principes de justice ( eux-mêmes construits abstraitement derrière le “voile d’ignorance” ) , mais interviennent, – dans ma proposition “ELLE” – directement en tant que “deuxième membre” de mon propre “premier principe” à la fois “Egalibertaire et Librégalitaire” ( pour reprendre une contraction proposée par Etienne Balibar dans la proposition de l’ “Egaliberté” )

Ce n’est donc pas seulement en tant que principes de “traitement des inégalités” que ma proposition diffère de celle de Rawls, mais bien dans la définition fondatrice même du rapport entre “Liberté” et “Égalité” :
La conception de “Libéralisme Égalitaire” ou d’ “Égalitarisme Libéral” étant directement instituée dans leur circularité même, dans laquelle chaque “personne”peut entrer … si elle en prend la libre décision, “elle-même”.
Et du coup “La théorie de la Justice” est aussi “Sa théorie” … et sa propre volonté d’en tenir compte ou pas, ou plus ou moins … en autorisant par conséquent les autres personnes … à faire “de même”, puisque précisément elles ‘appuient sur la “même” “Égale Liberté” d’interpréter celle-ci à “leur façon” …

Car quelle serait aujourd’hui la prétention “dogmatique” d’un “philosophe”, de croire pouvoir construire un “principe de justice” universalisable quelconque, en “surplomb”, sans y intégrer, ipso facto, l’ Égale Liberté de conscience, d’ expression et d’association permettant à toutes ces “variantes” interprétatives de cette “identité de principe” de “co-exister” ?

2. La deuxième réponse à la question de savoir en quoi pourrait bien consister notre proposition de “Libre Égalité“, si on cherche à la comparer aux éléments philosophiques des principes de justice de Rawls, sera bien sûr d’expliquer en quoi il y a une différence fondamentale entre le 2ème principe de justice de Rawls et le deuxième membre “Libre Égalité” de notre proposition “ELLE”.


Rappelons les 2 principes de justice de la Théorie de la Justice de Rawls :

  1. « Premier principe : chaque personne doit avoir un droit égal au système total le plus étendu de libertés de base égales pour tous, compatible avec un même système pour tous.
  2. « Second principe : les inégalités économiques et sociales doivent être telles qu’elles soient : (a) au plus grand bénéfice des plus désavantagés et (b) attachées à des fonctions et des positions ouvertes à tous, conformément au principe de la juste égalité des chances. »1.

Remarque 1 : Le second principe traite des inégalités économiques et sociales, et semble considérer que ces inégalités peuvent et doivent être traitées indépendamment de leurs effets sur la liberté de ces personnes, et donc qu’il existerait un problème général d’un principe d’ Égalité en soi ( indépendante de la question de la Liberté ) ou d’acceptabilité de l'”Inégalité” qui puisse être théoriquement et pratiquement traité séparément du problème de l’ “Égale Liberté”.
Il s’agit là en partie d’une distinction traditionnelle entre “Libertés politiques fondamentales” et “Libertés économiques et sociales”, voire entre “Libertés formelles” et “Libertés réelles”, dont on a aussi la trace jusque dans les deux grands “Pactes internationaux” des Nations Unies :
Le “ Pacte international relatif aux droits civils et politiques “
et le “Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels“.

La question à poser à Rawls est alors la suivante :

Pourquoi l”Égalité” semble -t- elle évidente à accepter en matière de “Droits civils et politiques” ( cf la liste des “libertés de base égales pour tous” définissant le principe d’ “Égale Liberté” au sens de Rawls ), alors que dans le domaine des “Droits économiques, sociaux et culturels” il semble nécessaire de prendre en compte un principe d’ “Inégalité” admissible, ou du moins d’Égalité seulement partielle, dont il s’agirait seulement de corriger certains effets visiblement trop “inégalitaires”.
C’est en effet ce que propose d’une part le principe 2a :
Les inégalités économiques et sociales doivent être au plus grand bénéfice des plus désavantagés” ( on cherche à corriger des inégalités dont on admet le principe général, mais dont on cherche à minimiser les effets sur ceux qui sont le plus bas sur cette échelle inégalitaire )
et d’autre part le principe 2b :
Les inégalités économiques et sociales doivent être attachées à des fonctions et des positions ouvertes à tous, conformément au principe de la juste égalité des chances.
( On cherche à corriger l’inégalité des fonctions et des positions, dont on ne remet pas en question la légitimité de “principe”, mais simplement en tempérant cette inégalité admise en principe par une égalisation partielle par l’ “égalité des chances“.

Pourquoi l’énoncé très général du premier principe de justice:
“« Chaque personne a une même prétention indéfectible à un système pleinement adéquat de libertés de base égales, qui soit compatible avec le même système de libertés pour tous “, ne vaudrait-il pas de la même façon, quelles que soient les “libertés” dont il s’agit ( les “libertés économiques et sociales” tout autant que les “libertés civiles et politiques” ), tout simplement parce que toutes ces “libertés” ( au pluriel ) ne sont que des dimensions particulières recombinables avec des pondérations elles-mêmes variables et évolutives de ce que globalement on peut appeler LA LIBERTÉ d’une personne.
C’est de cette LIBERTÉ globale personnalisée que je propose d’examiner l’ ÉGALITÉ possible entre ces personnes, mais soumise précisément à la LIBRE détermination de ces personnes en faveur d’un tel Projet.

Je vois en effet une raison probable de cette différence de traitement faite par Rawls entre des “libertés de base” et d’autres – comme par hasard économiques et sociales – qui seraient moins “de base” ?
– Les “libertés civiles et politiques” semblent plus “formelles” et donc avoir moins besoin de se confronter aux “dures contraintes du réel”, et donc pouvoir bénéficier d’une déclaration fondamentale d’égalité de ces libertés “pour tous”, alors que les “libertés économiques, sociales et culturelles” sembleraient devoir s’accommoder davantage de concessions avec les “dures contraintes du réel”, et donc qu’il faudrait inscrire dans un “deuxième principe” les limites d’un tel “accommodement avec le réel”.
Le problème bien sûr surgit d’autant plus qu’on cherche, comme Rawls et beaucoup de philosophes de la morale, du droit et de la politique, à définir un même système de “justice pour tous”, comme si un tel système de “libertés de base égales pour tous” pouvait se définir indépendamment de la volonté individuelle de chacune des personnes concernées par ce “même système”.

Contrairement à la proposition “universaliste a priori” ( “kantienne” ) de la “Théorie de la Justice” de Rawls, qui reconnaît pourtant par ailleurs la notion de “personne libre et égale” participant pleinement à la définition même de ce “système de libertés égales pour tous”, la proposition que je fais sous l’expression “Égale Liberté Libre Égalité“, n’a aucune prétention de “validité a priori” prétendant pouvoir et encore moins devoir s’appliquer “à tous” .
Elle n’est donc pas en ce sens une proposition “théorique” comparable à ces diverses “théories de la justice” … dont chaque “philosophe théoricien” pense détenir la “substantifique moelle” … en prétendant qu’elle vaut “pour tous”.

C’est pourquoi la partie de proposition “Égale Liberté” ne peut valoir fondamentalement que pour toutes les personnes qui font le libre choix d’attribuer de la valeur “morale” à cette proposition d’ ÉGALITÉ de leur LIBERTÉ, et donc à leurs capacités respectives à pondérer personnellement la valeur relative des innombrables dimensions possibles d’une telle LIBERTÉ.

La prétention à une “universalisation possible” d’une telle proposition au départ de valeur uniquement personnelle, ne vaut donc que par et pour les personnes qui font ou feront le même libre choix de considérer cette proposition d’ “Égale Liberté Libre Égalité” comme étant tout aussi bien la leur, qu’elle est, librement, la “mienne”.

C’est donc, comme à chaque fois, Vous le savez, Vous qui Voyez …



ETHER-N-ELLE

Est-il possible d'”implémenter” , une partie importante du “nouveau” contrat éthico-politico-juridique que nous proposons sous la formule “Égale Liberté Libre Égalité” dans une forme informatisable du type “blockchain” dans un réseau de “contrats intelligents” , passés entre des personnes physiques conscientes individuelles, de façon à assurer le progrès possible de ce contrat symbolique commun en l’appuyant sur des ressources physiques effectives, sans avoir besoin d’une “autorité centrale” garantissant l’authenticité des “contrats” partiels passés, mais seulement de la participation de ces personnes à des “chaînes de blocs” , dont la fiabilité repose sur la fiabilité formelle des algorithmes de “blockchain” .

Bien évidemment, c’est alors aux personnes conscientes individu-elle-s de savoir jusqu’à quel point, dans la représentation personnelle qu’elles se font de leur “Loi Morale Nouvelle” commune, elles Veulent Vraiment abonder par leur participation contractuelle au développement non seulement imaginaire et “utopique” d’une telle “Égale Liberté Libre Égalité”, mais bien d’une “réalisation” progressive, mais effective de cette nouvelle forme de “connectivité” interpersonnelle.

Remarque : La définition même de ce nouveau contrat “éthico-politico-juridique” institue un lien très spécial entre la partie “Égale Liberté” et la partie “Libre Égalité”, puisqu’une part de cette symétrie / dissymétrie est lié à la façon très spéciale dont se constitue ici le lien entre la sphère “privée” ( et à “clé privée” ) de la “personne individu-elle” ( plus fortement impliquée dans la “Libre Égalité” ) et la sphère “publique” ( à “clé publique” ) instituée par l’ “Égale Liberté” à laquelle une pluralité potentiellement très “nombreuse” de “personnes” distinctes choisissent d’adhérer.

Nous pourrons également creuser à ce sujet la distinction entre des systèmes d’organisation et d’information partagés et d’ “identités” partagées, et d’autre part la valeur identitaire singulière qu’une personne voudra attribuer à un aspect ou un autre de sa propre singularité, en reconnaissant, en même temps, par définition, si elle se reconnait en “ELLE”, l’ Égale Liberté de toute autre “personne” , de définir elle-même par et pour elle-même sa propre “singularité”, qui au bout du raisonnement ( dans l’ouverture indéfinie du “progrès” ainsi instituée ) ne peut être que “numérique”, puisque toute propriété “conceptuelle” commune à différentes “personnes” pourra être “égalitairement” échangée avec toute autre personne :
Toute ressource possible de “liberté” doit par principe y devenir également accessible ou échangeable contre des ressources équivalentes en termes de “liberté possible”.

Puisqu’il est question ici d’une traduction possible en termes de “contrats intelligents”, de type “blockchain”, une des ressemblances avec ce problème “individuel / collectif” est la distinction entre des “NFT” et des”monnaies virtuelles”.

Mais avec une différence fondamentale :
Une “NFT” de type “ETHER-N-ELLE”, n’est, par définition ( dans le contrat de type “ELLE” ) valorisable qu’à stricte Égalité avec toute autre “valeur personnelle” : Aucun “créateur de valeur” ne peut, par définition, créer de valeur “ETHER-N-ELLE” personnelle supérieure à la valeur “ETHER-N-ELLE” de toute autre personne participant à ce même contrat “ELLE” .
( C’est une autre façon de traduire la notion traditionnelle de “dignité ou de “fin en soi” de la “personne humaine” , mais liée à aucune caractéristique distinctive conceptualisable de ces personnes en dehors de leur commune mais libre décision de se considérer mutuellement et réciproquement comme telles ).

Ce en quoi le contrat éthico-politico-juridique de la Proposition “ELLE” se distingue notamment de tout contrat social classique basé sur des caractéristiques “humaines” ou “naturelles” intangibles, “a priori” ou “universelles” au sens d’une “nature commune” des “êtres humains”.

BREF, si certains parmi vous croient pouvoir investir en “ELLE”, en pensant faire un quelconque “profit”, financier ou d’estime culturelle de valorisation “personnelle”, SUPÉRIEUR à celui d’autres “personnes libres égales” ou “Esprits Libres” , en prétendant “valoriser” par la “rareté” leur propre narcissisme, vous vous trompez entièrement de type de “NFT” !

Toute “valorisation personne-elle” n’est possible, par définition d’ “ELLE” , qu’ en promouvant la même valeur pour toute autre personne se revendiquant de cette même définition.
Vous pouvez seulement, et c’est déjà beaucoup d’effort de création … proposer toutes sortes de meilleurs moyens que ceux qui sont actuellement proposés ou ont été proposés dans le passé … de façon à permettre une meilleure inscription du Projet d’ “Égale Liberté Libre Égalité” dans la réalité … de chaque personne voulant également Y participer …

C’est sans doute une des définitions possibles de la … “culture”,

mais c’est Vous qui Voyez …
jusqu’où la culture de votre propre “identité personnelle” et son “originalité irréductible” est compatible avec la même prétention d’innombrables autres “créateurs” de “préserver” la leur …

Si vous pensez pouvoir “profiter” d’un quelconque “avantage acquis” pour le conserver contre toute autre prétention similaire à être ainsi “distingué” par la “singularité créatrice” qui justifierait le “mérite” que vous vous attribuez par la seule vertu de la rareté organisée que vous cherchez à y déployer … , vous êtes sans doute libres de “concourir” à votre façon aux mécanismes de la sélection “naturelle-culturelle” … mais ce n’est pas ainsi, sauf par hasard ( donc sans votre supposée “créativité personnelle” ), que vous pouvez contribuer au Projet d’ Égale Liberté Libre Égalité dont il est ici question.




Une “Loi Morale Nouvelle” peut-elle être construite sans prétendre à son “universalité” ?

La plupart des “théories morales” énoncées par des “philosophes” prétendent trouver un moyen ( chaque “philosophe” prétend avoir trouvé son “truc” ) pour “fonder” une théorie morale universelle, ou du moins en établir le principe “universel”.

Il existe une grande variété de “théories morales philosophiques” ( sans parler de toutes les “morales” liées à telle ou telle culture, civilisation, communauté de convictions et de pratiques religieuses, classe sociale, “style de vie”, etc. ).

Certains philosophes, avant de proposer la leur, essayent d’esquisser une classification des “autres philosophies morales” que la leur, ou essayent de se placer quelque part dans l’ “arbre généalogique” des théories morales.

De nombreuses thèses et mémoires universitaires essayent de distinguer toutes sortes de nuances et variations à l’intérieur de ces grandes “familles” .

Ainsi on peut lire par exemple dans un texte de Stelios Virvidakis :

( Virvidakis, S. (2001). Les arguments transcendantaux et le problème de la justification de la normativité morale. Philosophiques, 28(1), 109. https://doi.org/10.7202/004996AR )

” On pourrait également soutenir que la conception et surtout l’application de tout principe contractualiste (comme ceux élaborés par John Rawls et Jürgen Habermas) présupposent une base morale qui renvoie à la notion kantienne du respect inconditionnel des personnes qui voudraient l’adopter.
Cependant, cette base morale est acceptée de façon plus ou moins contingente et pragmatique et n’a pas le caractère universel ou même nécessaire auquel on prétend souvent aspirer quand on entreprend la construction d’une théorie éthique

J’ai déjà expliqué dans plusieurs textes de ce site, en quoi ce que j’appelle “Loi Morale Nouvelle”, tout en ressemblant en effet à diverses conceptions “contractualistes”, renonce cependant, par définition, à toute prétention de “démontrer”, de “déduire” , de “prouver” ou de “justifier universellement” une quelconque nécessité “rationnelle” ou “raisonnable” de l’adopter, puisque précisément c’est la liberté de penser elle-même qui Y est présupposée, à la fois au niveau individuel de chaque “personne libre et égale” ( “Libre Égalité” ) et à celui de l’ “Égale Liberté” que ces personnes peuvent alors chercher à “construire” en commun, dans un “nouveau contrat moral” ( et par la suite juridique, social ou politique ), pour autant que l’unité identifiable d’un tel “contrat”, ne peut être construite que par la libre adhésion consciente et volontaire à un tel “contrat” :
Sa formulation linguistique commune ( ou sous quelque forme informationnelle que ce soit ) devant alors être traduisible pour chaque personne dans son propre “idiome” philosophique … pour autant qu’elle accepte que les autres fassent de même.

Ainsi, j’ai certes essayé ici d en donner une formule-type très condensée :
Égale Liberté Libre Égalité” , que je suppose suffisamment interprétable et compréhensible, pour permettre à toutes sortes de “personnes libres et égales” réelles de s’en emparer pour en faire leur propre “MI-EL” philosophique, ou même simplement “culturel” , ( “esthétique / artistique” si certaines “oeufs aux nids” leur plaisent … ( Au nid soit qui mâle y panse) .

Du point de vue des interprétations de “philosophie morale et politique” que ma formule “Égale Liberté Libre Égalité” pourrait susciter, chaque lecteur ( puisque “c’est vous qui voyez” ) peut voir comment il peut lui-même Y trouver son propre nouage – nuage de la “Liberté” et de l’ “Égalité” qui tout en étant radicalement le “sien propre” est cependant connectable en quelque “contrat” intersubjectif et / ou “communicationnel” avec ce que “tous et chacun” PEUVENT ou POURRAIENT avoir de “proprement propre” … en toute “autonomie personnelle”.

Certes la piste conceptuelle analytique en termes de “langage philosophique” ( notamment éthico-juridico-politique ) peut être ici une piste privilégiée, car depuis longtemps balisée et verbalisée par les innombrables gloses autour de la “Liberté” et de l’ “Égalité” et de leur problématique “nouage -nuage” où toutes sortes de “Fraternités” croient pouvoir se reconnaitre ( NousEux NouSages ? )

Mais d’autres No-usages ( ne vous médusez pas ! ) sont oulipotentiels …
Car, comme de bien entendu, c’est Vous qui Voyez.

Universalisme en Question Liens divers

Extrait :

” L’universalisme véritable, celui qui voit dans la pluralité l’essence même de l’universalité, ne peut s’accommoder de la célébration de l’authenticité identitaire, d’où qu’elle vienne.

D’autant que la capacité à s’arracher au donné et à choisir d’autres appartenances que celles qui nous ont été transmises est une spécificité humaine. Elle conduit à poser le lien entre individu et communauté de telle façon que l’on puisse dire, non qu’un individu appartient à une communauté, par essence ou originairement, mais que la communauté appartient à l’individu, ce qui signifie la poser comme une réalité qui ne peut avoir de sens et même d’existence que par l’acte de la choisir et de la faire sienne. Donc penser en termes de volonté et non d’origine.”

Crise de l’universalisme en 4 questions

La crise contemporaine
de l’ «universalisme humaniste»

Une série de questions possibles à examiner :


QUESTION 1.
Pourquoi la remise en question actuelle de l’ « universalisme des valeurs humanistes » ne provient-elle plus seulement, comme naguère, de l’extrême-droite ou de la droite conservatrice héritières du combat « anti-Lumières », anti-moderne et anti-laïque mais, de façon plus surprenante, de l’extrême-gauche et d’une partie de la gauche qui veut précisément défendre tous les « opprimés » et leur « droit à la différence » contre un « universalisme » jugé oppressif ?

Deux formes différentes voire opposées de critiques de l’ « universalisme » :

– 1 A. l’ « idéal universaliste » a été dévoyé dans ses formes réelles : il a servi de prétexte à toutes les dominations : colonialisme, impérialisme « occidental », domination patriarcale, exploitation sans limite des ressources naturelles, totalitarisme collectiviste, ultra-libéralisme capitaliste, etc.
Ceux qui défendent cette thèse ne renoncent pas à l’idéal universaliste, mais cherchent de nouvelles façons de l’incarner qui en contrôleraient les dérives impérialistes, néo-colonialistes ou simplement identitaire conservatrice des privilèges acquis par les anciennes puissances coloniales européennes.
.
– 1 B. une contestation plus radicale : c’est l’existence même de cet «idéal humaniste universaliste» qui serait intrinsèquement responsable de l’oubli de la diversité réelle des situations particulières ou singulières des êtres et des cultures, des formes de vie ayant chacune son « enracinement » à défendre.
C’est alors à cet idéal lui-même qu’il faudrait renoncer, pour le remplacer par la « diversité » des idéaux et des valeurs, que chacun défendrait, de fait et de droit à partir de son propre « enracinement » vital … et de son statut de « victime » plus ou moins « intersectionnelle » de la «domination universaliste».

Voir à ce sujet :
« La gauche contre les Lumières ? » de Stéphanie Roza , Fayard 2020
« Plaidoyer pour l’universel. Fonder l’humanisme » de Francis Wolff , Fayard 2019
Dans « Combats maçonniques » de Philippe Foussier (Collection Pollen maçonnique n°17 , 2018 ) :
pp. 87- 95 « La lente déconstruction de la citoyenneté républicaine »

Liens en ligne :
https://lvsl.fr/la-crise-de-luniversalisme/

L’universalisme face à la question raciale



QUESTION 2.
La persistance et la réaffirmation des identités politiques nationales souveraines et des « peuples souverains » ( y compris de la « République Française » et du « Peuple français » ) est-elle compatible avec l’idéal cosmopolitique d’une « République Universelle », dont des institutions internationales pourraient être les garants ?
Faut-il réécrire la « Déclaration Universelle des Droits Humains » ?
Quels « citoyens du monde » pourraient participer, et comment, à une telle réécriture ?

QUESTION 3.
Est-il possible de penser un « universalisme » qui ne se limite pas à la domination de l’espèce humaine homo sapiens sur l’ensemble de l’organisation biologique et écologique de la planète Terre ?
Une « écologie radicale » qui considère que l’espèce humaine est un danger pour l’ensemble des autres espèces est-elle compatible avec un «humanisme universaliste» où ce sont les êtres humains qui définissent les cadres d’un « droit universel » pour eux-mêmes et pour les autres formes de vie ?


QUESTION 4.
Plus généralement, quelles articulations nouvelles peut-on concevoir entre l’idéal de la liberté individuelle ( « autonomie de la personne humaine » ) et la complexité des liens sociaux effectifs, communautaires, politiques, culturels, économiques, écologiques … et des « réseaux sociaux » qui demandent à chaque personne de se situer et de construire sa propre « libre identité » dans un système global instable et imprévisible ? Quelles ressources collectives pour des citoyens qui visent de plus en plus à consolider leur « autonomie personnelle » ?

Ich, das Wir, und Wir das Ich ist . Le Mot de l’ Esprit, selon Etienne Balibar

Par un “Heureux Hasard” , vous pouvez “entrevoir”, comme à l’ “Escarpolette”, la forme commune, apparemment purement formule formelle, d’une double symétrie réciproque où, dans le miroir réflexif des “Mots d’Esprit”, Le “Ich, das Wir, und Wir das Ich ist” hegelien, scruté de près par Étienne Balibar et résumé dans l’accroche acronyme de IWWI, vient se superposer, formellement et fort mollement à celle-là “MEME” où j’énonce l’ “Égale Liberté Libre Égalité” dans l’ acronyme “ELLE”.

Que dans toutes ces formulations il y ait des “pronoms personnels” mis en jeu, n’est évidemment pas un hasard, et bien sûr, dans la formule que je propose, la symétrie qui s’ Y reflété concerne, dans la partie “gauche” ( Égale Liberté ) la problématique essentielle de la constitution d’un “NouS”, et la partie “droite” ( Libre Égalité ), la façon individuée et singulière dont chaque personne ( “Moi, je” ) peut LIBREMENT, se confronter à une telle “constitution” ou “contrat” collectif, envisagé dans la partie “gauche” .

Donc en particulier, la question du “contrat philosophique” entre toutes les personnes qui s’engagent d’une certaine façon, à travers le “lent gage du langage” ( et s’engagent sans gage, et sans sang … ), à “communiquer” leurs libres pensées en présupposant une “Égale Liberté de pensée”de leurs “interlocuteurs philosophiques” .

Ainsi donc aussi, comment, même sans être spécialistes des concepts, théories systèmes ou “dispositifs” de pensée de tel ou tel “philosophe” ou “penseur”, nous pouvons, malgré un tel écart de compétence “culturelle”, participer à notre mesure, à la délibération du concert des “personnes libres égales” .

( Sans doute aussi, du fait d’avoir au moins “entendu parler” de certains aspects de cette “Affaire publique commune” censée constituer la “Chose même” ( “Sache selbst” hégelienne ), je ( “Armand Stroh” ) ne suis plus aussi naïf que les trous de mon gruyère philosophique peuvent le laisser penser.)

Ainsi donc, si le Grand Oeuvre est supposé atteindre une certaine dimension collective ( quand le “WIR” vire au “NouS” ), il n’ en reste pas moins, que “tout un chacun”, dans ce “Tun Aller und Jeder”, doit pouvoir Y apporter sa “contribution”, à sa mesure.
Donc, “Égalité” oblige, pour “moi”, ni plus, ni moins que “tout autre”.

Pour “bien faire”, au sens d’un “devoir de dissertation philosophique” , surtout s’agissant d’un rapport à Hegel , je devrais ici présenter un plan suivant lequel je serais supposé décortiquer le texte d’Etienne Balibar décortiquant lui-même la fameuse expression de Hegel “Ich das Wir, und Wir, das Ich ist” .
( A propos de “décortiquer”, on pourrait aussi dire “enrober” , puisque l’ effeuillage philosophique est supposé ici réversible, sans pour autant perdre ses attraits en perdant ses atours … )

Remarque intempestive : J’ai appris aujourd’hui la mort de Jean-Luc Nancy qui, dans ma prime jeunesse philosophique à l’ Université de Strasbourg en 1972 – 1973, a pu servir d’aiguillon à mon attention à l’esprit des mots d’esprit .
Bien plus tard j’ai pris connaissance de sa fameuse “Question” adressée à la kantonade de ses confrères :”Qui vient après le sujet ?”, question à laquelle d’ailleurs, Étienne Balibar a cherché à donner sa propre analyse dans “Citoyen -Sujet”


Je reviens donc à mon non-plan où “IWWI” de Hegel- Balibar se dévoile comme “intraduisible” ( p.215 ) …
( à suivre )

C’est donc “La plus (B)ELLE en ce MIR – OIR”, que Étienne Balibar répète les répétitions hégéliennes des figures de la conscience, Balibar dans le miroir “phénoménologique” de Hegel, en se tenant comme lui “sur le seuil où selon Balibar ( p.214 ) se différencient la “seconde modernité” de la “première modernité
Et bien sûr, bien que “nous” soyons toujours empêtrés dans les multiples avatars de la “déconstruction postmoderne” ( dont la vogue du “woke” en évoque l’ écume contemporaine ), “nous” sommes toujours encore aussi sur le “seuil” de ces effets de “miroir”.
Si “la chouette de Minerve ne s’envole que la nuit tombée”, le retour répétitif qui referme la “circularité du concept”est toujours aussi un déplacement, dont les traces accumulées, comme autant de débris de l’érosion propre à tout système évolutif, forment à leur tour la forme du “lit” (et de ses lits mythes … où des lits las … de l’ érosion de l’ Éros des roses sillons ),et reforment à leur tour le relief d’un paysage environnant renouvelé où de nouveaux sillons se frayent de nouveaux chemins : toujours de nouveaux chemins se font en cheminant. Le déblayage de ces débris délicats, même si, à la manière du pinceau des archéologues, part à la recherche d’un “indice” évolutif “intéressant” ou “significatif”, efface nécessairement au passage, quelques

“SUJET EN MIROIRS” est le titre de la deuxième sections du chapitre 5.


Liens concernant l’ épistémologie des sciences humaines et sociales

Que nous soyons chercheur professionnel ou simple humain s’ efforçant de se comprendre lui-même “en situation” d’être ce qu’il est, la question se pose depuis très longtemps de savoir si on peut être simultanément le sujet conscient et l’objet construit par cette conscience.

En matière de “science” et surtout de “sciences humaines et sociales” , la question se complique encore, à cause du supposé postulat d’ “objectivité” de l’ idéal de la connaissance scientifique, ou du moins de l’ “universalisation” possible des énoncés “scientifiques” , de leur “réfutabilité poppérienne” supposée … et donc de la marge étroite et complexe sur laquelle se fomentent les coopétitions entre processus de subjectivation et processus d’ objectivation des états de conscience “cognitifs” et de leur communicabilité intersubjective elle-même auto-criticable …

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Ethnographie d’un parti …les problèmes de la “double position”,
Dedans /Dehors d’un observateur qui est simultanément partie prenante de l’ objet de son observation .

Dedans/dehors. Le pari d’une sociologie partisane « (dés) engagée » Vanessa Jérome Politiste, Docteure associée au CESSP

(Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

Différends avec l’universel selon Francis Wolff

Dans un récent ouvrage ( décembre 2019 ), intitulé “Plaidoyer pour l’universel” ( Editions Fayard ), Francis Wolff prétend pouvoir “refonder une éthique de l’ égalité et de la réciprocité“, mais en prétendant toujours encore déduire une telle éthique de l'”être de l’homme” que Francis Wolff prétend trouver dans la “raison dialogique” :
Ce qu’il fallait seulement démontrer, c’est que le bien de l’homme et l’égalité de tous les êtres humains se déduisent de l’être de l’homme, animal dialogique
( p. 238 op. ci. ) )

Là encore, comme dans le débat avec Rousseau, avec Kant, avec Rawls, et bien d’autres, qui en effet “tournent autour” de la “même idée”, et que chaque personne humaine PEUT en effet reprendre et retravailler par sa propre pensée, sans être pour cela nécessairement spécialiste de philosophie, tous ces auteurs ont prétendu et, dans le cas actuel de Francis Wolff, prétendent encore pourvoir d’une façon ou d’une autre, “déduire” une obligation éthique, ou une normativité en général, d’une “connaissance” de l’ “être de l’homme” en général, ou d’un “propre de l’homme”, pourtant largement contesté par ailleurs par Francis Wolff dans le même ouvrage.
“Démontrer”, “déduire” … rien que cela !

Malgré une certaine proximité avec ces diverses versions d’ “humanisme universaliste” , la proposition que je fais sous l’expression “Égale Liberté Libre Égalité” , est dès le départ fondamentalement différente, non pas certes dans son premier membre où on reconnaît facilement la notion d’ “Égale Liberté” qui pourrait traduire aussi bien le point de vue rawlsien, que celui de la “raison pratique dialogique” avancée par Francis Wolff, mais bien évidemment dans son deuxième membre “Libre Égalité“, car ce que prétendent toutes ces supposées “déductions” ou “démonstrations” philosophiques, c’est précisément trouver une obligation éthique “universelle” qui comme telle échapperait à la liberté de la décision humaine, mais en serait l’encadrant “naturel”.
C’est précisément à cette “recherche” d’une “normativité universelle” qui “obligerait a priori” que j’ai depuis longtemps librement décidé de renoncer !

Autrement dit même si une idée candidate dans ce rôle de “valeur universelle” pouvait par exemple s’énoncer comme “Égale Liberté” ( ou “principe de réciprocité” selon Francis Wolff etc. ), et pouvait être diversement énoncée dans une certaine proximité des idées, je considèrerai toujours, car j’en ai ainsi librement décidé, qu’un tel principe normatif commun :

– a) Ne peut par définition reposer sur aucune “déduction” à partir d’un “être” quelconque, si ce n’est d’un mode d’être que nous nous sommes nous-mêmes librement donné et que nous continuons librement à vouloir nous donner.

– b) Ne peut être solidement accepté par des “esprits libres” que dans la mesure où ils en sont et savent être les libres auteurs : la valeur de la liberté et de l’ “Égale Liberté” ainsi mutuellement posée et reconnue, ne vaut comme “valeur” et comme “normativité” que pour les personnes ( ou “êtres raisonnables” ) qui en ont librement posé la valeur :
C’est précisément leur liberté ( et notamment leur “liberté naturelle” pour commencer ) qui PEUT poser leur “Égale Liberté” ( “formelle” ) en un “contrat” consécutif entre “personnes libres et égales” ( qui donc se veulent elles-mêmes librement comme telles ).

La seule chose qu’une telle décision “démontre” performativement par son existence même, c’est qu’il existe des personnes qui ont décidé et qui décident toujours encore d’ être des “personnes libres et égales“, et qui pour “justifier” une telle décision n’ont strictement besoin d’aucun autre fondement “normatif” que cette libre décision ELLE-MÊME.

Dans le cas de Rawls et de sa Théorie de la Justice, les principes de justice sont ainsi censément “découverts” par des interlocuteurs qui se considèrent comme … “personnes libres et égales” , donc dont le cercle constituant derrière le “voile d’ignorance” est déjà préconstitué de personnes qui donnent leur libre accord à la reconnaissance mutuelle de leur “Égale Liberté” !

S’il s’ agissait d’un problème de “déduction” ou de “démonstration” au sens logique, on se rend facilement compte du “cercle vicieux” d’une telle supposée “déduction” qui repose sur des “prémisses” que seule la “conclusion” pourrait “démontrer” ! Il ne s’agit donc, ni d’une “déduction”, ni d’une “démonstration”, mais bien d’une “pétition de principe”, ou d’un “axiome” qui ne vaut que pour ceux qui en posent l’axiomatique, pas plus que le fameux “ergo” cartésien ne “déduit” l’existence de la pensée (“Cogito ergo sum” … que Descartes n’a d’ailleurs jamais écrite en latin en ces termes … ! )

Alors pourquoi tant de “travail” à vouloir “démontrer” ou “déduire” ce qu’il suffirait de POSER , c’est à dire de PROPOSER en effet, … au libre examen de tout autre “esprit libre” en effet, mais en notant bien que si l’auteur d’une telle proposition “propose“, ses lecteurs eux, “disposent” , et peuvent être plus ou moins disposés à acquiescer et à adopter cette proposition pour eux-mêmes … en toute liberté . Ils peuvent donc AUSSI ne pas adopter une telle proposition, sans pour autant être ni “inhumains” ni “irrationnels” !

Mais c’est précisément un tel POUVOIR d’accepter ou de refuser que nos auteurs”philosophes” ne veulent pas reconnaître en prétendant “dériver” la “normativité” du simple examen de ce qui “est” :
Ils veulent que ce qui fait “loi” pour eux ( et de plus chacun sa version … ) fasse loi pour “tous”, en prétendant, comme Francis Wolff, déduire l’universalité de la “raison pratique dialogique” de l’ “être de l’homme” .

Pourtant, ils devraient tous avoir compris depuis longtemps, que “cela même” qui fait l’objet du débat, est la liberté “même” avec laquelle chacun prétend que la liberté des autres “devrait” aboutir aux mêmes “conclusions” que sa propre liberté … telle que lui-même la conçoit … librement.

Est-ce que pour autant, en posant moi-même comme “proposition” celle de l’ “Égale Liberté Libre Égalité”, je prétends à l’ “universalité” de cette proposition ou la dériver de façon quelconque de l’ “être de l’homme” ou de la “nature humaine” , ou d’une quelconque “vérité anthropologique” , “structure anthropologique”, ou “normativité originaire”, ou “constitution transcendantale”, etc.
Evidemment NON !

Si JE propose l’ “Égale Liberté Libre Égalité”, c’est en effet un fait :
il existe au moins un “être humain”, qui énonce cette proposition !
Et alors ? Qu’en résulte-t-il ?

Simplement que VOUS POUVEZ aussi adopter cette même proposition !
Mais d’aucune façon que vous le “DEVEZ”, en laissant entendre que si vous ne le faites pas, vous seriez moins “humains” ou moins “rationnels”, etc. !
Puisque, par définition, dans cette proposition même, se trouve énoncé que son adoption par VOUS présuppose votre plus entière, fondamentale et personnelle LIBERTÉ ( “Libre Égalité” ) et non pas une “vérité éthique” préalable à cette liberté.

C’est le sens de l’expression ironique que j’utilise fréquemment :
C’est VOUS qui voyez !” .

Autrement dit :
“Nous” pouvons réfléchir en commun en effet, à la proposition de Francis Wolff, comme à celle des innombrables philosophes ou penseurs humains ordinaires qui ont tourné autour du “même pot” ( … en ciel ) .

Mais le noyau d’indétermination et de pluralisme inévitable qui en résulte est directement lié à l’objet même du débat : notre commune “liberté” , qui est en même temps, l’outil et la valeur même que nous utilisons pour en débattre :

C’est librement que nous débattons de la liberté … ou alors :

– soit nous posons une définition non libre de la liberté : une définition qui nous vient d’ ailleurs … et que d’autres ont – peut-être – pensée … à notre place … sans vraiment nous demander notre avis, en pensant que leur interprétation du mot “liberté” avait forcément ou obligatoirement le même sens “pour tous”.

– soit nous parlons librement ( en un certain sens ) d’autre chose que de la liberté “même”…. comme bien des gens pensent savoir de quoi ils parlent sans savoir le penser. Nous sommes tous en partie dans ce cas, au moins un peu …
Et je le sais …

Mais c’est vous qui voyez .