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Étienne Balibar et l’ “Egaliberté”

La proposition de l’Egaliberté” est un texte-ouvrage d’ Étienne Balibar qui entre bien sûr en résonance ( puisque la raison résonne ) avec mes propres “propositions” non seulement au niveau des “idées” ou des “concepts” éventuellement “communs” , mais également, en partie, au raz de l’écriture, avec certaines inventions et interventions dans la langue, jusqu’au raz des mots et des lettres qui les composent.

Dans l’avant-propos de “Citoyen sujet et autres essais d’anthropologie philosophique” ( PUF 2011 ), pp. 17 à 22 , E. Balibar énonce une “considération de méthode” où il insiste sur son travail de lecture des textes, :
Je compare des textes entre eux, mais je ne discute pas des “oeuvres” au sens que donne à ce terme l’idéologie littéraire et universitaire, moins encore des “systèmes” ou des “tendances” dont les produits seraient représentatifs d’une idée. Je propose une relecture de la Deuxième Méditation et non du cartésianisme, de la Nouvelle Héloïse et non du Rousseauisme, …

Cette insistance sur l’identité des “signifiants” textuels plutôt que sur les interprétations floues et vaguement consensuelles que ces formulations textuelles peuvent évoquer chez les lecteurs, y compris spécialistes de philosophie ou de l’ “histoire des idées”, à la fois m’intéresse, dans son attention méticuleuse à la “matérialité linguistique” où s’énoncent les propositions “philosophiques”, mais en même temps ne correspond pas entièrement aux façons dont je considère moi-même les relations entre ma “philosophie du langage” et mon “langage de la philosophie”.

Cependant certains usages d’effets formels, notamment de symétrie et de réciprocité, peuvent être repérés, aussi bien dans certains textes de Balibar que dans la façon dont, totalement “consciemment” et “intentionnellement”, j’utilise de tels effets littéraux formels dans mes propres “propositions”, et bien évidemment singulièrement dans ma “maxime” centrale de l'”Égale Liberté Libre Égalité” et de son abréviation acronyme “ELLE”.

Le lecteur attentif “au raz de la lettre” ( … et des phonèmes : “Au raz” peut s’ en tendre “aura” pour un “orateur” ), pourra ainsi s’interroger sur la similarité formelle de “ELLE” avec l’abréviation “IWWI” que Balibar propose de la formulation hégélienne “Ich, das Wir, und Wir, das Ich ist
( Dans “Citoyen-Sujet” Chapitre 5 , section “Sujet en miroirs” , p.215 et s. ).

Et, en dehors de la simple coïncidence d’un tel tétragramme formel, il est facile au lecteur de s’apercevoir que le rapport de l’ Esprit et de la Lettre qui s’ Y énonce, s’ Y énonce comme un jeu entre des “pronoms personnels”.

Ainsi donc “une certaine “chaîne signifiante” marquée par d’autres énonciations de la personne comme sujet” ( p.215 ) se trouve donc Également et Librement ELaborée par différents scripteurs, mais revenant, en retour au moins partiellement conscient, sur leurs propres pratiques d’écriture.

ELLE, donc, est Également Librement l’ “Esprit de la Lettre et la Lettre de l’ Esprit” .

Etienne Balibar :
La phrase de Hegel ( que j’abrégerai à l’occasion en “IWWI” est, prise à la lettre, intraduisible ( comme on peut le vérifier aisément en examinant les tentatives de “traduction” en différentes langues, dont le français ). Cela tient à l’ exploitation qu’elle fait, au même titre que toute une tradition philosophique à laquelle on a donné le nom d’ idéalisme, de propriétés idiomatiques de la langue allemande qui concernent la syntaxe des pronoms personnels et notamment du pronom Ich …



Ich, das Wir, und Wir das Ich ist . Le Mot de l’ Esprit, selon Etienne Balibar

Par un “Heureux Hasard” , vous pouvez “entrevoir”, comme à l’ “Escarpolette”, la forme commune, apparemment purement formule formelle, d’une double symétrie réciproque où, dans le miroir réflexif des “Mots d’Esprit”, Le “Ich, das Wir, und Wir das Ich ist” hegelien, scruté de près par Étienne Balibar et résumé dans l’accroche acronyme de IWWI, vient se superposer, formellement et fort mollement à celle-là “MEME” où j’énonce l’ “Égale Liberté Libre Égalité” dans l’ acronyme “ELLE”.

Que dans toutes ces formulations il y ait des “pronoms personnels” mis en jeu, n’est évidemment pas un hasard, et bien sûr, dans la formule que je propose, la symétrie qui s’ Y reflété concerne, dans la partie “gauche” ( Égale Liberté ) la problématique essentielle de la constitution d’un “NouS”, et la partie “droite” ( Libre Égalité ), la façon individuée et singulière dont chaque personne ( “Moi, je” ) peut LIBREMENT, se confronter à une telle “constitution” ou “contrat” collectif, envisagé dans la partie “gauche” .

Donc en particulier, la question du “contrat philosophique” entre toutes les personnes qui s’engagent d’une certaine façon, à travers le “lent gage du langage” ( et s’engagent sans gage, et sans sang … ), à “communiquer” leurs libres pensées en présupposant une “Égale Liberté de pensée”de leurs “interlocuteurs philosophiques” .

Ainsi donc aussi, comment, même sans être spécialistes des concepts, théories systèmes ou “dispositifs” de pensée de tel ou tel “philosophe” ou “penseur”, nous pouvons, malgré un tel écart de compétence “culturelle”, participer à notre mesure, à la délibération du concert des “personnes libres égales” .

( Sans doute aussi, du fait d’avoir au moins “entendu parler” de certains aspects de cette “Affaire publique commune” censée constituer la “Chose même” ( “Sache selbst” hégelienne ), je ( “Armand Stroh” ) ne suis plus aussi naïf que les trous de mon gruyère philosophique peuvent le laisser penser.)

Ainsi donc, si le Grand Oeuvre est supposé atteindre une certaine dimension collective ( quand le “WIR” vire au “NouS” ), il n’ en reste pas moins, que “tout un chacun”, dans ce “Tun Aller und Jeder”, doit pouvoir Y apporter sa “contribution”, à sa mesure.
Donc, “Égalité” oblige, pour “moi”, ni plus, ni moins que “tout autre”.

Pour “bien faire”, au sens d’un “devoir de dissertation philosophique” , surtout s’agissant d’un rapport à Hegel , je devrais ici présenter un plan suivant lequel je serais supposé décortiquer le texte d’Etienne Balibar décortiquant lui-même la fameuse expression de Hegel “Ich das Wir, und Wir, das Ich ist” .
( A propos de “décortiquer”, on pourrait aussi dire “enrober” , puisque l’ effeuillage philosophique est supposé ici réversible, sans pour autant perdre ses attraits en perdant ses atours … )

Remarque intempestive : J’ai appris aujourd’hui la mort de Jean-Luc Nancy qui, dans ma prime jeunesse philosophique à l’ Université de Strasbourg en 1972 – 1973, a pu servir d’aiguillon à mon attention à l’esprit des mots d’esprit .
Bien plus tard j’ai pris connaissance de sa fameuse “Question” adressée à la kantonade de ses confrères :”Qui vient après le sujet ?”, question à laquelle d’ailleurs, Étienne Balibar a cherché à donner sa propre analyse dans “Citoyen -Sujet”


Je reviens donc à mon non-plan où “IWWI” de Hegel- Balibar se dévoile comme “intraduisible” ( p.215 ) …
( à suivre )

C’est donc “La plus (B)ELLE en ce MIR – OIR”, que Étienne Balibar répète les répétitions hégéliennes des figures de la conscience, Balibar dans le miroir “phénoménologique” de Hegel, en se tenant comme lui “sur le seuil où selon Balibar ( p.214 ) se différencient la “seconde modernité” de la “première modernité
Et bien sûr, bien que “nous” soyons toujours empêtrés dans les multiples avatars de la “déconstruction postmoderne” ( dont la vogue du “woke” en évoque l’ écume contemporaine ), “nous” sommes toujours encore aussi sur le “seuil” de ces effets de “miroir”.
Si “la chouette de Minerve ne s’envole que la nuit tombée”, le retour répétitif qui referme la “circularité du concept”est toujours aussi un déplacement, dont les traces accumulées, comme autant de débris de l’érosion propre à tout système évolutif, forment à leur tour la forme du “lit” (et de ses lits mythes … où des lits las … de l’ érosion de l’ Éros des roses sillons ),et reforment à leur tour le relief d’un paysage environnant renouvelé où de nouveaux sillons se frayent de nouveaux chemins : toujours de nouveaux chemins se font en cheminant. Le déblayage de ces débris délicats, même si, à la manière du pinceau des archéologues, part à la recherche d’un “indice” évolutif “intéressant” ou “significatif”, efface nécessairement au passage, quelques

“SUJET EN MIROIRS” est le titre de la deuxième sections du chapitre 5.


Quand un virus biologique accélère l’évolution des variants de la philosophie politique …

Depuis l’apparition de la Covid-19, nous assistons à des interactions complexes entre la sphère proprement biologique où les virus interagissent avec d’autres organismes vivants, et la sphère économique, politique, sociale, culturelle, etc. où se déroulent les compétitions-coopérations entre les “idées”, les “théories”, les “représentations” , qu’elles soient individuelles ou collectives.

Une des zones sensibles où se déploient aujourd’hui ces interactions est celle de la “confusion des idées” qui règne aujourd’hui notamment dans la “gauche française”, et bien sûr, pour ce qui nous intéresse dans ce blog, des interactions entre “Liberté”, “Égalité”, “Fraternité” …

Ainsi, dans l’ actualité immédiate de cet été 2021, les prises de positions des uns et des autres sur la question de la vaccination contre la Covid-19, la question du “Passe sanitaire” , etc. , et de toutes les exploitations idéologiques et politiques des difficultés propres à cette situation.

Je ne vais pas ici entrer dans l’ arène d’un combat médiatique entre “pro-vax” et “anti-vax”, mais continuer à me poser la question de ce qui divise aujourd’hui les pensées qui se situent pourtant elles-mêmes dans une certaine parenté “de gauche”.

Qu’est-ce qui, par exemple, oppose un article comme celui de Philippe Marlière dans Médiapart ( Gauche et pass sanitaire : les impasses d’un combat confusionniste ), à une prise de position comme celle de Barbara Stiegler dans un entretien sur “Reporterre”
(«Les autorités détournent les questions sanitaires pour instaurer une société de contrôle») ?

Est-ce une question totalement nouvelle ?

La crise sanitaire de la Covid-19 et ses effets économiques, sociaux, politiques et culturels, ne fait qu’offrir un nouveau contexte de développement d’une “lutte pour la vie des idées” qui parcourt depuis longtemps le “monde intellectuel” et pose la question du rapport entre “science” et “idéologie” et plus généralement entre les “réel” et les “représentations que nous nous faisons du réel”, entre les déguisements multiples, qui cherchent à faire passer l’un pour l’ autre, consciemment … ou inconsciemment, au gré des “intérêts”, soit de la “survie des idées”, soit de la survie tout court des groupes ou des individus qui les portent …
Faut-il rappeler les temps pas si anciens, ou certains “marxistes” ou “marxiens” prétendaient élever le “marxisme” ( le leur … ), ou le “matérialisme dialectique” au niveau d’une “science”. Et que la question “critique” fondamentale était de séparer une “science bourgeoise” d’une “science prolétarienne”, tout en prétendant en déduire dans quel “camp” on devait se placer … d’autant plus qu’on ne s’y trouvait pas “réellement” inscrit par les hasards de la naissance.

Chaque personne, en fonction de sa situation( réelle ou imaginée ), est porteuse à la fois d'”idéaux”, de croyances, de “représentations de la réalité”, et de conceptions philosophiques plus ou moins conscientes ou explicites des rapports entre ses propres idéaux ( personnels ou référés à un collectif social ou culturel ) et ses tendances à croire plutôt telle ou telle opinion ou “théorie” véhiculée dans les supports médiatiques ou communautés auxquelles elle a accès.

Ce qui caractérise un certain nombre de positionnements actuels, c’est leur prétention à disposer d’un savoir hypercritique qui leur permettrait de déjouer toutes les subtilités de la manipulation par un ennemi tout désigné ( le “grand capital ultralibéral mondialisé”, que quelques nostalgiques attardés continuent à affubler de qualificatifs comme “complot judéo-maçonnique” ), tout en prétendant, comme tout bon “complotiste”, que de toutes façons, quoiqu’ “ON” fasse, ces “dominants” ultimes l’emporteront toujours sur la grande masse des “dominés manipulés” … sauf si, évidemment, miracle ultime, quelques gourous hypercritiques, déguisés en grands justiciers, parviennent, à force de “modestie feinte” ( Tartuffes de tous les pays, unissez-vous ) , de vous faire oublier qu’en dénonçant toutes ces “manipulations”, ils vous font passer la leur … avec votre consentement …

Mais alors “ma bonne dame”, qui peut-on encore croire !

Les techniques de la manipulation de l’emprise sectaire sont vieilles comme la capacité dissimulatrice humaine ( et plus loin encore les nombreuses techniques d’illusion inventées par l’évolution … ), mais se démultiplient aujourd’hui de façon accélérée, notamment grâce à la rapidité “virale” de leur reproduction sur les “réseaux sociaux”, et chaque petit Tartuffe ou gourou en herbe, peut y trouver ici ou là, pour un temps, son “heure de gloire”, et son “peuple” qui l’acclame … pour éventuellement le crucifier quelques temps après.

Alors, j’entends bien d’ici quelque lecteur impatient qui me presse de prendre parti dans les querelles du moment : “Mais dans quel camp es-tu ?

Réponse invariable : dans celui de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” bien sûr.

Quant à vous, “c’est vous qui voyez” …

C’est vous qui voyez jusqu’à quel point, en prenant vous-même parti dans les “camps” divers ( politiques, idéologiques, philosophiques, sociaux, culturels …) de votre choix, vous pensez vraiment que vous participez au même idéal d'”Égale Liberté Libre Égalité” que celui dont je vous parle dans ce blog …

Car bien sûr, l’ “Égalité” dont il Y est question, ne peut être que librement acceptée par chacun, en première ou en deuxième personne, de vous à moi, ou de moi à vous …

Petit indice : ce ne sont peut-être pas ceux qui crient le plus fort aujourd’hui dans les manifs que leur “liberté” est totalement bafouée par la “dictature de l’obligation vaccinale”, qui sont ou seraient les plus respectueux de cette “liberté” s’ils étaient eux-mêmes “au pouvoir” …

Mais ceux qui crient le plus fort veulent-ils réellement participer à un “pouvoir” qui reconnaitrait l’ “Égale Liberté Libre Égalité” de chaque personne et permettrait à chaque personne qui s’en réclame de participer à la construction des “ressources” nécessaires à une transposition plus “réelle” d’un tel idéal ?

Ou veulent-ils ou ne peuvent-ils faire autre chose en “manifestant”, que de protester publiquement de leur propre impuissance à imaginer et à créer leur participation personnelle à une telle transposition de l’idéal en réalité, en accusant en permanence un “grand ennemi” de les en empêcher ?

Mais je parle de certains qui “crient le plus fort” …

Libre à vous, cher lecteur, de vous compter … ou pas, parmi “EuX”
encore une fois, c’est VOUS qui voyez.

Liens concernant l’ épistémologie des sciences humaines et sociales

Que nous soyons chercheur professionnel ou simple humain s’ efforçant de se comprendre lui-même “en situation” d’être ce qu’il est, la question se pose depuis très longtemps de savoir si on peut être simultanément le sujet conscient et l’objet construit par cette conscience.

En matière de “science” et surtout de “sciences humaines et sociales” , la question se complique encore, à cause du supposé postulat d’ “objectivité” de l’ idéal de la connaissance scientifique, ou du moins de l’ “universalisation” possible des énoncés “scientifiques” , de leur “réfutabilité poppérienne” supposée … et donc de la marge étroite et complexe sur laquelle se fomentent les coopétitions entre processus de subjectivation et processus d’ objectivation des états de conscience “cognitifs” et de leur communicabilité intersubjective elle-même auto-criticable …

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Ethnographie d’un parti …les problèmes de la “double position”,
Dedans /Dehors d’un observateur qui est simultanément partie prenante de l’ objet de son observation .

Dedans/dehors. Le pari d’une sociologie partisane « (dés) engagée » Vanessa Jérome Politiste, Docteure associée au CESSP

(Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

Différends avec l’universel selon Francis Wolff

Dans un récent ouvrage ( décembre 2019 ), intitulé “Plaidoyer pour l’universel” ( Editions Fayard ), Francis Wolff prétend pouvoir “refonder une éthique de l’ égalité et de la réciprocité“, mais en prétendant toujours encore déduire une telle éthique de l'”être de l’homme” que Francis Wolff prétend trouver dans la “raison dialogique” :
Ce qu’il fallait seulement démontrer, c’est que le bien de l’homme et l’égalité de tous les êtres humains se déduisent de l’être de l’homme, animal dialogique
( p. 238 op. ci. ) )

Là encore, comme dans le débat avec Rousseau, avec Kant, avec Rawls, et bien d’autres, qui en effet “tournent autour” de la “même idée”, et que chaque personne humaine PEUT en effet reprendre et retravailler par sa propre pensée, sans être pour cela nécessairement spécialiste de philosophie, tous ces auteurs ont prétendu et, dans le cas actuel de Francis Wolff, prétendent encore pourvoir d’une façon ou d’une autre, “déduire” une obligation éthique, ou une normativité en général, d’une “connaissance” de l’ “être de l’homme” en général, ou d’un “propre de l’homme”, pourtant largement contesté par ailleurs par Francis Wolff dans le même ouvrage.
“Démontrer”, “déduire” … rien que cela !

Malgré une certaine proximité avec ces diverses versions d’ “humanisme universaliste” , la proposition que je fais sous l’expression “Égale Liberté Libre Égalité” , est dès le départ fondamentalement différente, non pas certes dans son premier membre où on reconnaît facilement la notion d’ “Égale Liberté” qui pourrait traduire aussi bien le point de vue rawlsien, que celui de la “raison pratique dialogique” avancée par Francis Wolff, mais bien évidemment dans son deuxième membre “Libre Égalité“, car ce que prétendent toutes ces supposées “déductions” ou “démonstrations” philosophiques, c’est précisément trouver une obligation éthique “universelle” qui comme telle échapperait à la liberté de la décision humaine, mais en serait l’encadrant “naturel”.
C’est précisément à cette “recherche” d’une “normativité universelle” qui “obligerait a priori” que j’ai depuis longtemps librement décidé de renoncer !

Autrement dit même si une idée candidate dans ce rôle de “valeur universelle” pouvait par exemple s’énoncer comme “Égale Liberté” ( ou “principe de réciprocité” selon Francis Wolff etc. ), et pouvait être diversement énoncée dans une certaine proximité des idées, je considèrerai toujours, car j’en ai ainsi librement décidé, qu’un tel principe normatif commun :

– a) Ne peut par définition reposer sur aucune “déduction” à partir d’un “être” quelconque, si ce n’est d’un mode d’être que nous nous sommes nous-mêmes librement donné et que nous continuons librement à vouloir nous donner.

– b) Ne peut être solidement accepté par des “esprits libres” que dans la mesure où ils en sont et savent être les libres auteurs : la valeur de la liberté et de l’ “Égale Liberté” ainsi mutuellement posée et reconnue, ne vaut comme “valeur” et comme “normativité” que pour les personnes ( ou “êtres raisonnables” ) qui en ont librement posé la valeur :
C’est précisément leur liberté ( et notamment leur “liberté naturelle” pour commencer ) qui PEUT poser leur “Égale Liberté” ( “formelle” ) en un “contrat” consécutif entre “personnes libres et égales” ( qui donc se veulent elles-mêmes librement comme telles ).

La seule chose qu’une telle décision “démontre” performativement par son existence même, c’est qu’il existe des personnes qui ont décidé et qui décident toujours encore d’ être des “personnes libres et égales“, et qui pour “justifier” une telle décision n’ont strictement besoin d’aucun autre fondement “normatif” que cette libre décision ELLE-MÊME.

Dans le cas de Rawls et de sa Théorie de la Justice, les principes de justice sont ainsi censément “découverts” par des interlocuteurs qui se considèrent comme … “personnes libres et égales” , donc dont le cercle constituant derrière le “voile d’ignorance” est déjà préconstitué de personnes qui donnent leur libre accord à la reconnaissance mutuelle de leur “Égale Liberté” !

S’il s’ agissait d’un problème de “déduction” ou de “démonstration” au sens logique, on se rend facilement compte du “cercle vicieux” d’une telle supposée “déduction” qui repose sur des “prémisses” que seule la “conclusion” pourrait “démontrer” ! Il ne s’agit donc, ni d’une “déduction”, ni d’une “démonstration”, mais bien d’une “pétition de principe”, ou d’un “axiome” qui ne vaut que pour ceux qui en posent l’axiomatique, pas plus que le fameux “ergo” cartésien ne “déduit” l’existence de la pensée (“Cogito ergo sum” … que Descartes n’a d’ailleurs jamais écrite en latin en ces termes … ! )

Alors pourquoi tant de “travail” à vouloir “démontrer” ou “déduire” ce qu’il suffirait de POSER , c’est à dire de PROPOSER en effet, … au libre examen de tout autre “esprit libre” en effet, mais en notant bien que si l’auteur d’une telle proposition “propose“, ses lecteurs eux, “disposent” , et peuvent être plus ou moins disposés à acquiescer et à adopter cette proposition pour eux-mêmes … en toute liberté . Ils peuvent donc AUSSI ne pas adopter une telle proposition, sans pour autant être ni “inhumains” ni “irrationnels” !

Mais c’est précisément un tel POUVOIR d’accepter ou de refuser que nos auteurs”philosophes” ne veulent pas reconnaître en prétendant “dériver” la “normativité” du simple examen de ce qui “est” :
Ils veulent que ce qui fait “loi” pour eux ( et de plus chacun sa version … ) fasse loi pour “tous”, en prétendant, comme Francis Wolff, déduire l’universalité de la “raison pratique dialogique” de l’ “être de l’homme” .

Pourtant, ils devraient tous avoir compris depuis longtemps, que “cela même” qui fait l’objet du débat, est la liberté “même” avec laquelle chacun prétend que la liberté des autres “devrait” aboutir aux mêmes “conclusions” que sa propre liberté … telle que lui-même la conçoit … librement.

Est-ce que pour autant, en posant moi-même comme “proposition” celle de l’ “Égale Liberté Libre Égalité”, je prétends à l’ “universalité” de cette proposition ou la dériver de façon quelconque de l’ “être de l’homme” ou de la “nature humaine” , ou d’une quelconque “vérité anthropologique” , “structure anthropologique”, ou “normativité originaire”, ou “constitution transcendantale”, etc.
Evidemment NON !

Si JE propose l’ “Égale Liberté Libre Égalité”, c’est en effet un fait :
il existe au moins un “être humain”, qui énonce cette proposition !
Et alors ? Qu’en résulte-t-il ?

Simplement que VOUS POUVEZ aussi adopter cette même proposition !
Mais d’aucune façon que vous le “DEVEZ”, en laissant entendre que si vous ne le faites pas, vous seriez moins “humains” ou moins “rationnels”, etc. !
Puisque, par définition, dans cette proposition même, se trouve énoncé que son adoption par VOUS présuppose votre plus entière, fondamentale et personnelle LIBERTÉ ( “Libre Égalité” ) et non pas une “vérité éthique” préalable à cette liberté.

C’est le sens de l’expression ironique que j’utilise fréquemment :
C’est VOUS qui voyez !” .

Autrement dit :
“Nous” pouvons réfléchir en commun en effet, à la proposition de Francis Wolff, comme à celle des innombrables philosophes ou penseurs humains ordinaires qui ont tourné autour du “même pot” ( … en ciel ) .

Mais le noyau d’indétermination et de pluralisme inévitable qui en résulte est directement lié à l’objet même du débat : notre commune “liberté” , qui est en même temps, l’outil et la valeur même que nous utilisons pour en débattre :

C’est librement que nous débattons de la liberté … ou alors :

– soit nous posons une définition non libre de la liberté : une définition qui nous vient d’ ailleurs … et que d’autres ont – peut-être – pensée … à notre place … sans vraiment nous demander notre avis, en pensant que leur interprétation du mot “liberté” avait forcément ou obligatoirement le même sens “pour tous”.

– soit nous parlons librement ( en un certain sens ) d’autre chose que de la liberté “même”…. comme bien des gens pensent savoir de quoi ils parlent sans savoir le penser. Nous sommes tous en partie dans ce cas, au moins un peu …
Et je le sais …

Mais c’est vous qui voyez .


Allocation Universelle, revenu universel, dotations initiales …

Des liens pour commencer :

L’universel et le revenu du même nom :
( Philippe Van Parijs et Guillaume Mathelier )

https://www.franceculture.fr/emissions/a-present/luniversel-et-le-revenu-du-meme-nom

L’égalité des dotations initiales : vers une nouvelle justice sociale

https://www.franceculture.fr/oeuvre/legalite-des-dotations-initiales-vers-une-nouvelle-justice-sociale

L’égalité des dotations initiales : vers une nouvelle justice sociale
( Texte pdf en ligne )