La notion de « souveraineté » , appliquée à la « personne », semble dans un premier temps n’avoir de sens que dans la notion ancienne de la « souveraineté » de la « personne » du « monarque », où il s’agissait bien d’une « personne » humaine, mais supposée « régner » sur tout un ensemble de personnes, qui étaient ses « sujets ».
Avec la « démocratie », entendue comme « souveraineté du peuple », ainsi qu’elle se définit notamment dans le Contrat social » de Rousseau, le rapport de domination « hiérarchique » n’est pas aboli en général, mais transféré de la hiérarchie de statut entre des personnes ( devenues « citoyens » d’une république démocratique), à la hiérarchie du « souverain » qu’est désormais le « peuple » à travers sa « volonté générale ». sur l’ ensemble des « citoyens libres et égaux devant la loi ».
Rousseau et la pensée « révolutionnaire » en général, conservent donc la notion de « souveraineté », même si, dans cette étape « rousseauiste », le « souverain » est constitué par le « collectif » des citoyens législateurs en même temps qu’ils sont par là même soumis à la Loi commune qu’ils se donnent en tant que produite par leur « volonté générale ».
Il y a même dans le Contrat social de Rousseau, qu’il croit être la « solution » au problème qu’il pose, une « aliénation » générale du pouvoir propre de chaque personne qui remet son pouvoir au collectif du « peuple » :
Extrait du Chapitre VI du Contrat social :
«Trouver une forme dʼassociation qui défende & protège de toute la force commune la personne & les biens de chaque associé, & par laquelle chacun sʼunissant à tous, nʼobéisse pourtant quʼà lui-même & reste aussi libre quʼauparavant?»
Tel est le problème fondamental dont le contrat social donne la solution.
Les clauses de ce contrat sont tellement déterminées par la nature de lʼacte, que la moindre modification les rendroit vaines & de nul effet; en sorte que, bien quʼelles nʼaient peut-être jamais été formellement énoncées, elles sont partout les mêmes, partout tacitement admises & reconnues, jusquʼà ce que, le pacte social étant violé, chacun rentre alors dans ses premiers droits & reprenne sa liberté naturelle, en perdant la liberté conventionnelle pour laquelle il y renonça.
Ces clauses, bien entendues, se réduisent toutes à une seule savoir, lʼaliénation totale de chaque associé avec tous ses droits à toute la communauté. Car premièrement, chacun se donnant tout entier, la condition est égale pour tous, & la condition étant égale pour tous, nul nʼa intérêt de la rendre onéreuse aux autres. «
J’ai déjà plusieurs fois expliqué la différence fondamentale de ma Proposition d’ « Égale Liberté Libre Égalité » avec la proposition de « solution » du « contrat social » de Rousseau, bien que ma Proposition puisse être considérée comme une « réponse » à la même question posée par Rousseau et que je peux reprendre exactement :
« Trouver une forme dʼassociation qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun sʼunissant à tous, nʼobéisse pourtant quʼà lui-même et reste aussi libre quʼauparavant «
La différence tient non pas dans la « partie gauche » de l’ « Égale Liberté », mais avant tout dans sa « partie droite » , à savoir la « Libre Égalité » :
Autrement dit , il n’est demandé à personne, dans ma Proposition, de renoncer à sa « liberté naturelle », et donc de « s’aliéner avec tous ses droits à toute la communauté » !
Ce que je dis, c’est que tant que des personnes ( pas nécessairement « tous les êtres humains » ) ne trouveront pas des moyens de construire leur « Égale Liberté » en termes d’institutions communes en effet ( « Loi » , « liberté conventionnelle », « droit » …) , tout en conservant, dans le même système institutionnel, « juridique » , entre elles la même « Libre Égalité », qui permet à chacune d’entre elles de gérer par elle-même, pour elle-même, l’articulation entre sa « liberté naturelle » personnelle et la nouvelle « liberté conventionnelle » à construire entre ces personnes « associées », la « solution juridico-politique » prétendue du contrat social rousseauiste, sera vaine, puisque reposant finalement sur la simple « force » de la « violence collective légale », à laquelle, comme Rousseau l’imagine facilement, pourra toujours opposer la reprise de sa « liberté naturelle », ou encore sur l’utopie perpétuellement renaissante et repoussée, d’un supposé « accord universel »a priori de toute personne avec un tel « contrat ».
La « solution rousseauiste » au problème du « contrat social », ne crée donc que les conditions d’une instabilité continuelle entre la tentation totalitaire ( « aliénation de chacun avec touts ses droits à la communauté » ) et le retour à l’anarchie chaotique de la « guerre de tous contre tous » … Ce que d’ailleurs le spectacle de l’histoire des hommes nous montre en permanence, et dont nous assistons même actuellement à un retour dramatique dans les rapports de force mondiaux, que les institutions du droit international sont impuissantes à réguler.
Il n’y a, pour moi ( et pour toute personne qui choisit de se référer à une analyse similaire du problème ) que la possibilité d’ouvrir le choix de l’ « Égale Liberté », comme étant un libre choix possible pour une personne humaine réelle, utilisant sa « liberté naturelle« , mais choisissant explicitement et consciemment de s’associer « conventionnellement » avec d’autres personnes, pour autant que ces autres personnes associées fassent elles-mêmes réciproquement, totalement librement ( sur la base de leur propre « liberté naturelle » ), ce « même libre choix » : ce qui constitue la partie « Libre Égalité », dont la reconnaissance simultanée avec l' » Égale Liberté » définie la « formule » fondatrice globale.
Autrement dit encore : dans le cadre d’un environnement d' »ultralibéralisme » général, rien n’empêche des personnes de décider librement de ne plus chercher à se dominer les unes les autres et d’affirmer et de communiquer publiquement leur choix d’une Égalité fondamentale de statut de « personne libre et égale », mais « souveraine sur elle-même », comme elle accepte désormais de considérer que les autres personnes « associées » soient également « souveraines sur elles-mêmes ».
Il faut et il suffit, pour commencer, de renoncer, non pas à la souveraineté sur soi-même, mais à la souveraineté sur d’autres personnes, que cette volonté de souveraineté dominatrice sur d’autres personnes soit individuelle ou exercée à travers un « collectif souverain » du type « État Nation », ou communauté culturelle historique ou « ethnique », etc.
Ce à quoi il faut alors renoncer, c’est au postulat prétexte que si « tout le monde » ne veut pas accepter une « Égale Liberté », alors il est impossible de réaliser une telle « Égale Liberté » entre les personnes en nombre restreint qui choisiraient librement un tel contrat.
Il est possible alors, pour chaque personne qui comprend le problème ( je suppose que Vous le comprenez ) de « commencer » à penser son libre mode de participation à un tel projet.
Il va de soi qu’un tel « nouveau contrat social« , ne peut pas prétendre, comme Rousseau le prétend, que la « solution » de son contrat contient des clauses « partout les mêmes et partout admises … « .
Personne, en se déclarant librement favorable à ce « nouveau contrat social« , ne peut alors se dispenser de réfléchir par lui-même et pour lui-même, à la nature et au degré de sa participation personnelle à cette définition et construction associative « conventionnelle », car il ne s’agit pas de s’y « donner tout entier », mai seulement d’y contribuer à sa manière … si on veut et pour autant qu’on veut que d’autres aussi choisissent d’y participer … à leur façon.
Ceux qui ne veulent donner qu’un accord formel, partiel, plus ou moins virtuel à un tel projet, sont libres de ne faire que cela ( et l’ abstention est déjà ici un « moindre mal », en laissant simplement y travailler ceux qui le veulent .. ), et donc à n’y consacrer qu’une très petite part des ressources de leur « liberté réelle » ( car il faut au moins , pour y réfléchir, prendre un petit temps de réflexion ).
Ceux qui se montrent impatients, doivent simplement se demander ce qu’ils sont personnellement en capacité de faire pour répondre à leur « impatience », et, par définition même de l’ égale liberté », ne pas demander que d’autres fassent à leur place un travail auquel ils ne souhaitent pas eux-mêmes participer, si peu que ce soit …
C’est donc Vous qui Voyez …