La dichotomie du fait et de la valeur a une importance capitale par rapport à ma proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” et à la question de l’ inscription progressive de la “valeur” d’une telle proposition dans la “réalité factuelle” du monde.
Mais il ne s’agit pas d’une dichotomie qui relèverait elle-même d’un “état de fait”, comme s’il s’agissait d’une proposition dont il faudrait démontrer ou établir préalablement la “vérité” :
La “dichotomie du fait et de la valeur” est certes un “objet” de débat philosophique, éthique, juridique, politique, voire économique, mais c’est avant tout une question dont on peut à son tour poser la question de sa “valeur”, en appliquant récursivement la question de la dichotomie du fait et de la valeur à cet objet linguistique, psychologique ou culturel lui-même :
Que “vaut” une telle distinction, pour qui et pour quoi faire ?
Autrement dit : toute la problématique dite de “la dichotomie du fait et de la valeur” est elle-même à son tour susceptible de s’appliquer à elle-même :
a) Elle existe bien comme “fait culturel” observable : De la même façon que malgré l’ “existence” fort problématique des “dieux” ou des “licornes” ( en particulier des “licornes roses invisibles” … ), il n’en reste pas moins qu’au delà de la question du “mode d’existence” de tels “référents”, ou même d’un “signifié” précis de telles entités “symboliques”, il est possible de se mettre d’accord sur l’existence des “signifiants”, même si au sujet de tels signifiants-support, peuvent ensuite se poser toutes sortes de débats scientifiques quant aux niveaux pertinents d’analyse de leurs interactions : même le mot “néant” – supposé par définition désigner ( comme “signifié” ) l’absence ou l’inexistence de tout “référent” ( du moins lorsqu’on essaye de définir un “néant pur”, “purement néant”, comme le “reines Nichts” dans la définition hégélienne ) ), existe cependant comme “mot” et donc avec toute une configuration linguistique, psychologique, sociale, culturelle, etc. des usages d’un tel mot par les locuteurs qui s’en servent.
b) Mais constater ou établir un tel “fait culturel” comme le constat que certains philosophes ou certaines personnes utilisent l’expression “dichotomie du fait et de la valeur” ( dans la complexité de ses relations avec les autres “faits scientifiques” corrélés ) , comme constater le “fait religieux”, le “fait éthique” ( il y a des gens qui attribuent une valeur morale ou éthique à tel ou tel comportement ou évènement ) ou n’importe quel “fait de croyance” n’implique bien sûr aucune conséquence logique quant à la “valeur morale” d’un tel fait pour “nous”, et en particulier, dans notre perspective, de sa “valeur morale” dans le cadre de ce que NouS appelons “Loi Morale Nouvelle”.
Ni plus ni moins que n’importe quel autre “fait” que nous pourrions établir et dont nous pouvons constamment revérifier ou contrôler l’ “existence” en ayant recours à une “démarche scientifique” adéquate.
Bien sûr cela signifie que nous nous soyons au préalable au moins implicitement mis d’accord minimalement sur des usages suffisamment communs du mot “fait” dans un nombre de situations elles-mêmes suffisamment clairement identifiables par les acteurs qui cherchent à s’accorder sur l’ existence ou l’ inexistence de ce “fait“.
1. Il existe donc un “réalisme” élémentaire dont le partage “réel” spontané conscient est commun non seulement aux êtres humains, mais est aussi immédiatement partagé avec d’autres autres organismes vivants, qui tout en “vivant dans leur monde à eux”, vivent aussi en partie dans le “même monde” que nous, ou même d’une certaine façon par l’ensemble des “phénomènes physiques” qui interagissent entre eux au niveau de l’univers, sans avoir la moindre “conscience” d’une telle interaction.
Ainsi : “il y a une souris qui court devant mes yeux dans la pièce” est un “fait ordinaire” que même mon chat – et lui encore plus que moi – pouvons constater en commun, même si les significations et les “valeurs” que nous pouvons attribuer à ce “fait ordinaire” communément constaté peuvent être extrêmement différentes, comme en témoignent les différences de “réactions comportementales” à ce “fait” communément “perçu” ou “vécu”.
Bien sûr, ni le chat, ni la souris, ni la mouche qui vole du museau de la souris à celui du chat en y trouvant de quoi se nourrir, ni même un grand nombre de congénères humains qui assisteraient à la “même scène factuelle” ( dans son “identité existentielle”) , ne seraient capables aussi, en plus, de se donner toutes sortes d’autres représentations et niveaux d’ analyse de cette même scène, comme interaction complexe d’organismes biologiques ayant des fonctions biologiques liées à leurs espèces respectives, ou comme agents économiques remplissant des fonctions diverses dans le marché comparé des raticides et des croquettes pour chats, comme système complexe d’interactions “physiques” entre des milliards de molécules diverses, des atomes ou des ondes-particules quantiques, ou des masses en interactions dans un champ gravitationnel … etc. etc. , ou de se dire que ce qui est ainsi naïvement “vécu” comme une “scène factuelle commune” par les différents protagonistes est aussi le résultat d’interactions neuronales complexes dans leurs systèmes nerveux respectifs ( pour ceux qui en ont ) …
2. Nous, êtres humains, pouvons ensuite nous demander si et comment “ce qui se passe” dans cette scène factuelle vécue par chaque perspective d’acteur, peut, doit ou non, appeler de notre part à la reflexion, et non au simple “reflexe” lui-même aussi factuellement constaté, sur d’autres types de réactions possibles que celles dont nous avons pu être les acteurs témoins immédiats de “ce qui s’est passé”. Réactions et conséquences à plus long terme, avec au moins un décalage temporel minimum de “reflexion” où interviennent précisément des “évaluations” conscientes et des décisions conscientes d’intervenir ou pas, soit pour “laisser le “fait” se dérouler comme il se déroule de facto” , soit pour mettre en oeuvre une action organisée consciemment motivée ou “justifiée” d’intervention et de modification au moins partielle de la situation factuelle “vécue” ou “constatée”.
La “dichotomie du fait et de la valeur” est donc elle-même explicitement reliable, dans un tel “délai de reflexion” qui désormais s’est ouvert pour nous “humains” au moins – mais déjà partiellement pour bien des organismes vivants conscients – à la volonté ou non de développer et de transformer à son tour les conditions de ce “délai reflexif” lui-même , non plus en nous laissant simplement guider intérieurement par une quelconque “réalité des valeurs” qui s’imposerait comme s’imposent encore nos autres réactions émotionnelles réflexes, mais bien en ayant aussi en tête, en même temps, la possibilité de la “reflexion sur cette reflexion” , désormais potentiellement “réplicable à l’infini”.
C’est-à-dire, d’une “reflexivité” récursivement applicable à elle-même aussi longtemps que nous le déciderons dans la mesure où l’immédiateté “reflexe” “automatique” ( ou psychologiquement, socialement, culturellement, économiquement “automatisée” par apprentissage ou stabilisation sélective d’un “habitus” ), des boucles actions-réactions interactives ( qui assurent aussi en partie notre survie ordinaire ) peut toujours à nouveau être suspendue par la création d’une nouvelle boucle-délai …
… Aussi longtemps que subsiste cette double capacité ( boucle ) d’ouverture au réel en tant qu’il nous “apparaît” et d’ancrage dans le réel, par le fait même que nous en faisons partie, et que précisément le “jeu” de ces deux grandes modalités de rapport au “réel” ( boucles externes, boucles internes ) , nous ouvre l’espace du je libre auto-re-producteur de soi, et dans lequel tout autre “je-nous” peut venir connecter et articuler ses propres boucles.
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ELLE et l’ “éthique minimale” de Ruwen Ogien
La “Loi Morale Nouvelle” que nous proposons à toute personne qui voudrait librement y participer, et dont la proposition fondatrice principale s’ énonce comme “Égale Liberté Libre Égalité”, est sur bien des points proche d’une conception morale comme celle de l’ “éthique minimale” de Ruwen Ogien, avec cependant des différences théoriques importantes qui pourront être examinées par la suite.
Le site “https://ethique.xyz” de Guillaume Gallais permettrait de servir de point de départ à une telle comparaison.
Il se peut que je me confronte à cette tâche …
D’une façon générale d’ailleurs bien des adversaires de ma proposition considèreront sans doute que cette proposition – comme celle de l’ éthique minimale de Ruwen Ogien – est dans la grande tradition du “libéralisme politique” et que celui-ci se fonderait nécessairement à son tour sur une certaine conception du “droit naturel”.
Si certains critiques tiennent à continuer à parler à ce sujet de “tradition du libéralisme politique”, qu’ils notent au moins que nous ne cherchons plus à nous appuyer sur aucun “droit naturel”, mais bien sur la liberté créatrice de son propre “droit”, c’est à dire des conditions formelles et “réelles” de sa propre généralisation égalitaire … à tout organisme conscient de l’ univers qui voudrait librement en accepter cette même “Égale Liberté”.
Le projet de Ruwen Ogien était semble-t-il de trouver un noyau de consensus minimal entre les grandes philosophies morales traditionnellement opposées.
Cette démarche se rapproche alors de celle de Rawls dans le domaine de la philosophie politique, dans la recherche d’une “consensus par recoupement”, mais il y a probablement des différences importantes du fait de la différence non seulement des domaines, mais aussi des références philosophiques préférentielles de ces deux auteurs.
C’est peut-être plus sur le terrain des “applications concrètes” à des situations réelles que le relatif accord entre l’ “Éthique minimale” d’ Ogien et notre propre proposition apparaîtra plus que sur le terrain des principes théoriques respectifs.
En effet je constate, de façon purement “empirique”, que sur beaucoup de “questions de société”, mes réactions “morales” sont très proches de celles de Ruwen Ogien, que beaucoup qualifieraient de “libertaires” .
Ainsi en ce qui concerne des grandes questions de débat de “bioéthique”, la maîtrise de la fécondité et de la reproduction, des conditions de la fin de vie, des choix sexuels , ou de transformations corporelles, ou encore de “moeurs” comme la prostitution ou la pornographie, mes orientations sont proches de celles de l’ “éthique minimale” de Ruwen Ogien.
Du point de vue théorique formel cependant, il existe une différence considérable entre l’approche de l’ “éthique minimale” de Ruwen Ogien et celle que je propose sous l’ expression de “Loi Morale Nouvelle”. Elle apparaît de façon manifeste à propos du “principe d’indifférence morale du rapport à soi“.
Tout se passe comme si l’ “éthique minimale” de Ruwen Ogien n’était en effet que la réduction au degré “minimal” des formes classiques anciennes de “théories morales”, par une forme d’érosion progressive de toute la part d’ “hétéronomie” qui existe encore dans ces “lois morales anciennes”, jusqu’au point où il n’existerait plus une telle asymétrie hétéronome propre aux anciennes morales, que dans la relation de l’agent moral aux “autres”, et donc que la notion de “morale” aurait définitivement perdu tout sens possible dans le rapport du sujet à lui-même.
L'”éthique minimale” d’Ogien m’ apparaît donc comme un point où le “degré zéro” de l’ ‘”hétéronomie” morale pour le sujet moral se rapportant à lui-même – ce que Ogien qualifie de “principe d’ indifférence morale du rapport à soi” , se transforme radicalement – pour moi – en “autonomie” , où la liberté du sujet moral se “justifie” entièrement par et pour elle-même :
Ce qui apparaît comme “degré zéro” des anciennes morales hétéronomes, quand il s’agit du rapport du sujet moral à lui-même, est en réalité , dans notre propre perspective de “Loi Morale Nouvelle“, le point même d’auto-fondation de la Loi Morale Nouvelle dans et par la “personne souveraine sur elle-même”, dans sa Liberté d’ “autonomie radicale” :
Ce n’est donc pas l’ absence de toute considération de “moralité” dans la sphère personnelle propre, mais la marque même de la “nouvelle moralité” autonome auto-référentielle, mais qui par là même se propose comme également revendicable par toute autre personne qui effectue cette même “révolution morale” d’ auto-référence de l’autonomie morale.
Faut-il pour autant considérer qu’en réalité ma proposition d’ “Egale Liberté Libre Egalité” n’a plus rien à voir avec une quelconque question “éthique” ou “morale” , mais serait entièrement résorbée dans d’autres modalités étrangères à l’éthique, comme par exemple une sphère “juridique” formellement autonome, ou encore la sphère proprement “politique”, sphères dont la cohérence interne aurait par ailleurs évacué à l’extérieur tout questionnement “moral” ou “éthique” ?
Ou encore, faudrait-il considérer que ma position, contrairement à celle de Ruwen Ogien, qui accepte encore le terme d'”éthique minimale” ( ou de “morale minimale”) quant il s’agit du rapport aux autres, consisterait purement et simplement à rejeter toute signification possible de la notion de “morale”, ou à renvoyer purement et simplement toutes les discussions “éthiques” dans la même catégorie générale des conceptions purement “subjectives” que les croyances religieuses ou autres de toutes sortes, qui certes peuvent faire l’objet de débats passionnés pour certains, mais ne peuvent plus, dans une société pluraliste, démocratique et laïque, être considérés comme “normatives” ou “prescriptives” pour le “citoyen” de cette société ?
Quel est l’ élément COMMUN à tout questionnement “éthique” ou “moral” , aussi bien dans les différentes “morales anciennes”, en particulier dans une théorie morale “kantienne”, que dans l’ “éthique minimale” de Ruwen Ogien, et également dans ma propre proposition ?
C’est la LIBERTÉ. Là où une “loi morale” quelconque prétendrait exclure tout rapport à la LIBERTÉ des personnes dont elle prétend “réguler” les actions, une telle “loi morale” se contredirait elle-même dans sa qualité “morale” . Elle serait encore une “loi” sans doute, par exemple “juridique”, “politique”, “religieuse”, “sociétale”, “économique”ou tout ce qu’on voudra, mais pas une loi “MORALE”.
Ceux qui voudraient exclure la question de la LIBERTÉ des acteurs qui sont “sujets de la loi morale”, de leur questionnement et pourtant continuer à qualifier leurs propositions de “lois” comme “morales” ou “éthiques” peuvent alors être assurés qu’ils ne parlent pas de la même chose, sous ce mot de “morale” ou d’ “éthique” que ce dont je parle, et non seulement de ce dont je parle, mais de ce dont parlent une grande partie des “théories morales” qui impliquent un rapport , certes variable, mais incontournable, à la question de la Liberté.
Et quand l’éthique minimale de Ruwen Ogien prétend exclure le “rapport à soi” de tout questionnement “moral”, c’est en réalité parce qu’il considère la LIBERTÉ comme “allant de soi” dans le domaine strictement “personnel” du rapport à soi. Mais tout se passe comme si son “éthique minimale” opposait encore ce domaine du rapport à soi de la personne à l’ ensemble des rapports “moraux” avec les autres personnes. Tout se passe donc comme si la notion de “loi morale” venait encore d’un quelconque “ailleurs” ou d’un “Grand Autre” ( à la manière de Lévinas par exemple ) , donc en transformant la simple DIFFÉRENCE entre le rapport à soi et le rapport aux autres ( que bien sûr j’admets comme lui ) en une opposition de deux domaines totalement distincts, basés sur d’autres critères et d’autres justifications.
Je soupçonne donc cette “éthique minimale” de ne s’être pas encore réellement affranchie de l’ “hétéronomie” propre à toutes les “anciennes morales”, où le principe ou le fondement de la “loi morale” proviennent précisément d’ailleurs que de la seule considération de la LIBERTÉ des personnes concernées.
Il faudra ici voir de plus près pourquoi Ruwen Ogien continue de revendiquer le mot “éthique” ou le mot “morale” pour sa propre proposition philosophique, du moins dans la “relation aux autres”.
Comment cette exclusion de la relation à soi du domaine d’une morale possible peut-elle, dans son système, rester compatible avec son autre principe de l’ “éthique minimale” à savoir le “principe d’égale considération” ? Pourquoi la personne elle-même se considèrerait-elle comme non “également considérable” par elle-même, alors même qu’elle prétend que cette “égale considération” s’étend à tous les “autres” ???
Je trouve qu’il y a là une parfaite incohérence logique dans la position simultanée de ces deux principes !
( Sauf si le “soi-même” était entièrement différent et incompatible avec le “soi-même” des autres. Mais si les “autres” sont aussi, si peu que ce soit, des “alter ego” , chacun de ces “alter ego” peut revendiquer précisément cette même “indifférence morale du rapport à soi” , et décider que désormais, puisque “NouS” rejetons toute ingérence prescriptive et normative hétéronome externe ( les “morales anciennes”) dans notre “propre domaine personnel”, NouS partageons cependant la même exigence, que NouS NouS donnons à NouS-Mêmes, à savoir de respecter en chacun cette même “indifférence morale du rapport à soi“, qu’on peut aussi bien appeler “Autonomie personnelle ou liberté morale personnelle radicale” ou comme je le suggère aussi “Souveraineté de la personne sur elle-même” et dans ce cas NouS voyons bien sûr facilement en quoi un équivalent du “principe d’ égale considération” en découle immédiatement pour autant qu’on le restreigne à toutes les autres personnes qui acceptent librement de se considérer réciproquement comme de telles “personnes souveraines sur elles-mêmes” : Ce que j’ appelle “Égale Liberté” n’est rien d’autre que la proposition de l’ “Égale considération” … en tant qu’elle est librement acceptée par toute personne qui voudrait aussi être ainsi librement “considérée” par les autres., et bien sûr en tant que cette Égalité considère chacune de ces personnes comme fondamentalement “souveraine sur elle-même”, c’est à dire, au moins aussi libre dans ces choix personnels que la personne l’est l’ éthique minimale de Ruwen Ogien quand il propose que le “rapport à soi-même” ne soit plus concerné par les questions de “moralité”.
Autrement dit : La proposition d’ Égale Liberté Libre Égalité propose une aussi grande autonomie de la liberté personnelle pour tout ce qui ne concerne que la personne elle-même, que le propose le “principe d’indifférence morale du rapport à soi” de Ruwen Ogien, sauf que l’ “indifférence morale” est entendue par rapport à toute ingérence morale hétéronome, et pas par rapport à ce que j’ appelle désormais la “Loi Morale Nouvelle”, dont la “nouveauté” est précisément fondée sur la LIBRE reconnaissance mutuelle réciproque d’une telle “indifférence morale ( ancienne ) du rapport à soi” . Reconnaissance réciproque explicite qui institue du même coup un nouveau “rapport moral aux autres”, au point qu’il n’y ait plus besoin d’autre principe proprement “moral”, que cette reconnaissance réciproque pour en “fonder” la légitimité morale commune.
Je vois bien une des “raisons” pour lesquelles Ruwen Ogien pense que la dénomination de “morale” ou d’ “éthique” est parfaitement “indifférente” dans le “rapport à soi” : C’est qu’il suppose que notre rapport à nous-mêmes est “par définition” ( du “soi-même” ) toujours en parfaite coïncidence et accord avec nos propres valeurs personnelles dont nous jugeons par nous-mêmes, ou que les problèmes de désaccord “intérieurs” au sujet qui peuvent subsister, ne peuvent être que d’une autre nature ou ne peuvent se traiter que par d’autres moyens que le questionnement “éthique” ou “moral”. ( ou relever précisément de la seule “souveraineté de la personne sur elle-même” considérée comme “autonomie morale personnelle” : c’est moi ( A.S. ) qui précise ainsi cette “indifférence morale” )
Bref, au nom de l’idée, que je partage avec lui, de l’ “autonomie personnelle”, il s’agit de rejeter toute pression normative ou prescriptive d’une morale collective HÉTÉRONOME de provenance sociale ou culturelle partout où la relation aux autres n’est pas directement concernée.
Mais pourquoi cette relation que nous entretenons avec “nous-mêmes” dans le cadre d’une telle “autonomie personnelle” que nous voulons garantir contre toute ingérence prescriptive ou normative d’une norme sociale ou culturelle prescriptive externe, en cherchant précisément à transformer en ce sens plus “libertaire” les institutions juridico-politiques des sociétés où nous vivons, ne serait-elle pas justement, partagée par un grand nombre de nos contemporains, au point précisément de devenir le fondement même de la relation “éthique” ou “morale” que nous entretenons avec eux ?
Il reste une “raison” sans doute que Ruwen Ogien cherche à préserver dans sa propre conception morale d’une “éthique minimale”, c’est sa “prétention à une validité universelle“. Il pense probablement encore, que ce qu’il appelle “éthique” ou “morale” – même aussi “minimale” qu’il faudra, peut encore faire l’objet d’une validité universellement reconnue, et que cette “validité universelle” peut être au moins philosophiquement “argumentée” à défaut de pouvoir être “démontrée” ou “prouvée”.
Mais du moment qu’il extrait le “rapport à soi” du domaine d’une telle validité “éthique” et ne le réserve plus qu’au rapport entre les personnes , cette “prétention à une validité universelle” est déjà très sérieusement entamée ! Et se coupe en plus de toute possibilité de chercher à fonder une telle “validité” au coeur même de la relation de la personne à elle-même.
Pour que Ruwen Ogien fasse le pas décisif d’une “Loi Morale Nouvelle”, il aurait dû renoncer à cette “prétention à la validité universelle” propre à l’ ensemble des anciennes “théories morales” et “lois morales”, y compris donc la sienne, comme “éthique minimale”.
Et donc accepter une forme de “relativisme moral” qu’il n’ a jamais voulu assumer.
C’est ce que je fais bien sûr, en incorporant explicitement le principe de la “Libre Égalité” comme membre symétrique de l’ “Égale Liberté” dans l’ énoncé – devise résumant ma propre proposition de “Loi Morale Nouvelle” :
La “prétention à la validité universelle” des “théories morales anciennes” est alors par définition rabattue à la seule “communauté virtuelle” des PERSONNES LIBRES ET ÉGALES QUI SE CONSIDÈRENT ELLES-MÊMES ET MUTUELLEMENT COMME TELLES.
De cette “communauté morale virtuelle”, tout organisme conscient PEUT, – s’il a les moyens empiriques réels ( biologiques notamment ) d’une telle prise de conscience psychologique – décider d’en être un membre, très exactement dans la mesure où il comprend et accepte exactement ce même “droit moral” ( “nouveau” ) pour tout autre organisme conscient qui fait ou ferait une démarche similaire d’appartenance en s’engageant librement comme lui à ce même respect de leur Égale Liberté et de leur Libre Égalité.
Il n’y a donc plus de “relation éthique ou morale” ( au sens NOUVEAU ) pensable comme “universalisable” en dehors de la LIBRE ADHÉSION PERSONNELLE à une telle relation éthique.
Libre adhésion … dont le modèle même peut être trouvé dans cette “autonomie personnelle” même par laquelle nous définissons et exigeons nous-mêmes notre propre autonomie de “personne” et que nous acceptons que d’ AUTRES PERSONNES fassent de même en ce qui les concerne.
Alors en effet, du point de vue de la plupart des “anciennes éthiques”, une telle position est sans doute considérée théoriquement, comme “non éthique” … parce qu’elle renonce à sa propre “hégémonie universelle”.
Il ne manque pas cependant, de prétentions “morales” qui ne prétendent pas à une telle universalité …
Mais dans la réalité, comment se concrétise cette “prétention à la validité universelle” d’un certain nombre des “anciennes théories morales” et des anciennes “lois morales” ? Sinon par la prétention de chaque auteur, philosophe ou pas, de dire que l’ “éthique” ou la “morale” telle que LUI-MEME la conçoit ou telle qu’il y adhère par tradition … devrait être adoptée par les autres !
Mais par ailleurs, dans sa pratique proprement philosophique du débat philosophique, n’accepte-t-il pas, pragmatiquement, que les autres philosophes puissent effectivement proposer, dans l’ espace public de la discussion, des “théories morales” et des “lois morales” différentes de la sienne ? Il pratique alors, de fait, une prescription implicite librement acceptée de reconnaissance mutuelle de la liberté de conscience et d’ expression de chacun, et donc prouve par là-même qu’il est possible, de fait, entre “personnes de bonne volonté” de faire cohabiter, dans certaines circonstances et situations du moins, des expressions personnelles très différentes … de la MÈME ÉGALE LIBERTÉ.
Il prouve aussi “performativement” que, contrairement à ce qu’il croit sans doute, il est possible de constituer ainsi des espaces d’une “pratique éthique” ( rendue possible par la libre acceptation au moins implicite de cette égale liberté de penser et de s’exprimer ) , sans avoir besoin d’une “théorie morale” à “prétention à la validité universelle” supplémentaire , puisque chacun peut se contenter de “défendre la sienne” en permettant à tous les autres de “défendre la leur”, sans qu’on soit le moins du monde parvenu à un “accord minimal” sur une de ces théories morales proposées !
Une telle remarque concernant la position implicite performative d’un “principe d’égale liberté” dans les procédures du “débat démocratique” ou du “dialogue philosophique” a déjà été faite par de nombreux auteurs ( Jurgen Habermas, Marcel Conche, etc… ) avec l’ idée qu’il suffirait ensuite d’ étendre consciemment aux autres sphères de la vie humaine, l’application de ce principe dont on a expérimenté la possibilité dans le dialogue conversationnel entre personnes de “bonne volonté”.
SAUF QUE , d’une part, tous les “débats démocratiques” ou toutes les discussions philosophiques réelles, ne se passent pas nécessairement aussi “bien” ( en se conformant à l’égale liberté librement acceptée des esprits participants … ) ; et d’autre part, un très grand nombre des autres aspects et conflits de la vie humaine ( hors “conversation polie” ) mettent bien sûr en jeu d’autres “intérêts” que le seul agrément commun d’une conversation partagée …
Une telle volonté de transfert généralisé fondamental du principe d’ Égale Liberté librement accepté à l’ ensemble des problématiques éthiques, juridiques, politiques, économiques, etc. suppose précisément selon moi, une volonté explicite consciente d’effectuer un tel transfert, non pas une “volonté générale”, mais d’abord une volonté personnelle des personnes qui veulent effectivement le réaliser – aussi progressivement qu’elles le voudront – mais en effet “effectivement”.
Et “pour commencer”, la chose la plus simple et la plus facile, SI ON EST LIBREMENT EN ACCORD AVEC UN TEL IDÉAL, c’est de le “dire” ou de le déclarer publiquement.
C’est ce que j’ai commencé à faire depuis un certain temps déjà …
Absolument rien ne VOUS empêche de faire “la même chose” … à votre façon.
C’est VOUS qui voyez .
Place prépondérante de la Liberté dans la “Loi Morale Nouvelle”
En quoi la “Loi Morale Nouvelle” ( centrée sur la Proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” ) est-elle “nouvelle”, par rapport aux “lois morales anciennes”, tout en continuant à utiliser le terme de “Loi Morale” ?
La différence provient du rôle différent qu’y joue désormais la Liberté, comme auto-fondatrice de sa propre “valeur morale”.
1. La plupart des “morales anciennes” – et ceci d’autant plus qu’elles se revendiquent comme “modernes” – , donnent une place importante à la Liberté personnelle dans l’exercice de l’ “obéissance” du “sujet moral” à la “loi morale“.
Les lois MORALES se distinguent précisément des autres types de LOIS auxquelles une personne peut être “soumise”, par leur appel à la Liberté du “sujet moral”.
Les autres sens du mot “LOI” se trouvent notamment :
– Soit dans une expression comme “loi de la nature” et / ou “loi de la physique”, loi logico-mathématique, etc. Dans ce cas la forme de “soumission” de la personne à ce type de lois, en tant que la personne est aussi en même temps une partie de la réalité ( un “corps” physique, biologique, un organisme vivant appartenant à l’ espèce homo sapiens, un agent économique, le membre individuel d’une société politique, d’une classe sociale, etc… ), est en général appelée “nécessité“, et la place et la fonction de cet “objet” dans le réel est décrite comme la composition plus ou moins complexe d’un certain nombre de facteurs de “causalité“, dont l’ étude fait l’objet de toutes sortes de disciplines “scientifiques”, soit de “sciences de la nature”, soit de “sciences humaines et sociales”, etc…
– Soit dans un sens “juridico-politique”, où la personne, comme membre d’une société donnée et notamment comme citoyen “justiciable” d’un “état de droit”, est soumise aux “obligations légales” du système juridico-politique en question, qui peuvent devenir “légalement” aussi des contraintes exercées sur la personne par le système juridico-politique.
( Ce qu’on appelle souvent l’exercice du “monopole de la violence légitime dans un état de droit” )
Évidemment, ce deuxième sens du mot “loi”est très important, car il fait déjà une place à la valeur de la notion de “liberté”, mais la “liberté” individuelle du membre d’un “état de droit” au sens actuel est cependant soumise à la coercition physique possible du “pouvoir exécutif” réalisant “physiquement” ( en utilisant des contraintes physiques des “lois de la nature” ) sur la personne physique des “sanctions” définies par un “jugement” opéré par le “pouvoir judiciaire”.
Dans toutes les “lois morales“, qui se distinguent à la fois des “lois de la nature” ( règne de la “nécessité” ) et des lois juridico-politiques ( règne de la “contrainte légale” ) , la “loi morale” se rapporte à une “obligation” ou à un “devoir” supposés ( et décrits plus ou moins précisément par cette loi ou des “règles” qui en dérivent ) , qui certes “obligent” le “sujet”, mais sans le contraindre, ni par une quelconque “nécessité naturelle”, ni par une “obligation juridico-politique”, mais simplement en faisant appel à sa “raison” ou à sa “libre volonté personnelle”.
Même les “lois morales” religieuses liées à la croyance d’une origine divine de la “loi morale”, et où l’ “auteur divin de la loi” est supposé en plus doté d’une “toute-puissance”, sont présentées par leurs “théologiens” comme faisant appel à la LIBERTE de la “créature humaine” : “Dieu a voulu que l’être humain soit libre, tout en souhaitant que les décisions de cette liberté soit conformes à la volonté divine inscrite dans la “loi divine”.
De même , toutes sortes d’autres “lois morales”, tout en présentant un “encadrement de la liberté” externe à cette liberté elle-même ( donc “hétéronomes” en ce sens ), ne se présentent elles-mêmes comme “MORALES” que parce qu’elles supposent un “libre consentement” de la personne elle-même à cette restriction instituée par la “loi”, donc au minimum sans exercer de contrainte physique a priori ou de violence sur la personne “sujet moral”.
Sans cette liberté personnelle minimale, toutes ces “lois morales” et les “théories morales” qui cherchent à les justifier se sont rendu compte qu’elles risquaient fortement de perdre leur propre qualificatif de “MORALES” .
En proposant le principe d’une “Loi Morale Nouvelle”, nous reconnaissons donc qu’une certaine place est déjà intrinsèquement accordée à la Liberté dans ce qui constitue toute “Loi Morale” comme distincte à la fois d’une “Loi de la nature” ou d’une “Loi de la nécessité causale réelle en général ” ( lois sociologiques ou psychologiques ou économiques par exemple, etc. alléguées par ces disciplines scientifiques), et distincte d’autre part de toutes les “lois de la société” instituées comme contraintes jurico-politiques collectives pouvant finalement faire appel à une forme de “violence politique légitime” dans un “état de droit”.
Un moment particulièrement significatif d’une évolution plus importante de la notion et de la valeur de la Liberté s’est faite philosophiquement dans la conception kantienne du “sujet moral” capable d’ “autonomie de la volonté”, et du point de vue juridico-politique dans la reconnaissance rousseauiste du citoyen comme participant à la formation même de la loi ( ou du contrat social ) à laquelle il est par ailleurs soumis par sa propre volonté intégrée dans la “volonté générale”.
Ce moment philosophico-politique a aussi été signalé par certains auteurs comme passage de la “liberté des Anciens” à la “liberté des Modernes” dans le rapport individu / société .
2. En plus de la présence du libre consentement du “sujet moral” à l’ “obéissance” à la “loi morale”, les “lois morales anciennes” comportent un contenu spécifique qui ne se limite pas à la liberté elle-même ou aux conditions de son universalisation possible. C’est en quoi toutes ces “lois morales” différentes se distinguent les unes des autres, même si elles supposent toutes une “libre obéissance”.
Autrement dit il subsiste dans ces “lois morales” une forme d’ “hétéronomie” du contenu de ces lois par rapport à l’ autonomie de la volonté de la personne qui s’y soumet librement.
Remarque : une telle hétéronomie du contenu de la loi est toujours présente lorsqu’une “volonté générale”, même librement acceptée par un “citoyen” ayant participé à son élaboration, s’impose à ce citoyen à travers la coercition spécifique de l’ ordre “juridico-politique” de l’ “état de droit”.
Mais dans ce cas nous ne sommes plus dans le cas d’une “loi morale” qui ne peut, comme telle ( comme strictement “morale”) , jamais s’imposer par une quelconque coercition.
Mais dans toutes les “lois morales anciennes”, une telle hétéronomie du contenu reste également présente, car la “loi morale” n’y est pas identifiable à la simple proposition d’une “Égale Liberté” : elle prétend en plus savoir, à la place des personnes elles-mêmes, en quoi consiste le rapport entre leur liberté personnelle propre et le contenu général des “droits et devoirs” proposé par la loi à tous les sujets moraux qui la reconnaissent.
Remarque : Kant a été le philosophe qui a le plus remarquablement essayé de définir la “moralité pure”, comme étant purement “formelle” au sens où la “loi morale” qu’il propose n’est pas définie par un contenu particulier mais seulement par une “forme a priori”de la moralité, qui déjà dans la proposition kantienne, a un rapport étroit avec l’ “autonomie de la volonté” et donc avec la Liberté.
3. La “Loi Morale Nouvelle” que nous proposons sous les termes d’ “Égale Liberté Libre Égalité” est en un sens aussi “formelle” que la “Loi Morale” kantienne, mais elle ne prétend à aucune “universalité a priori”, puisqu’ elle fait dépendre la VALEUR de cette “forme” supposée “universalisable” mais non pas “universelle” ( nommée “Égale Liberté” ), uniquement de la Liberté personnelle des personnes qui choisissent “librement” de la partager … entre toutes les personnes qui font le même choix et seulement si elles font ce même libre choix.
On comprend d’ailleurs alors assez rapidement que le critère essentiel de la “moralité” ne devient plus comme chez Kant celui de l’ universalisation a priori ( dont on sait d’ailleurs à quelles dérives absurdes les essais d’application concrète ont donné lieu de la part de Kant lui-même et de nombre de ses supposés “disciples” ). Le critère de cette nouvelle “moralité formelle” n’est pas la forme générale d’une “Loi” qui se rapprocherait du sens de ce terme lorsqu’il est question de l’ “universalité et de la nécessité des lois de la nature”, mais bien la LIBERTE elle-même, en tant qu’elle est à la fois Librement et Également “partageable” entre toutes les “personnes” qui font le libre choix de vouloir ainsi la partager … entre elles.
La “Liberté” et l’ “Égalité” dont il est question dans notre proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” ne sont donc des “valeurs” essentielles et fondamentales que pour les personnes qui font le libre choix de les considérer comme telles …
Eet les personnes qui pourraient un jour se réclamer de la “protection” des “Droits” ( d’un “Nouvel ordre juridico-politique” ) institués à partir de telles valeurs, ne peuvent, par définition le faire “légitimement” ( suivant cette légitimité nouvelle ) que si elles reconnaissent elles-mêmes aux autres personnes faisant comme elles ce libre choix, la jouissance du nouveau “droit moral” qu’elles posent ainsi pour elles-mêmes. Et s’ “imposent” donc à elles-mêmes les mêmes conditions générales de “devoirs” – s’il existe et aussi longtemps que subsistent de telles conditions – pour que ces “droits égaux” à l’ “Égale Liberté” soient et deviennent autre chose qu’une simple “incantation verbale” que chacun PEUT en effet énoncer.
Le critère d’ “universalisation” ne vaut donc lui-même que par et pour les personnes qui veulent ainsi librement se donner un tel critère commun ( entre elles ) .
Et en particulier, dans le cas de la “communauté virtuelle” de toutes les personnes qui choisissent librement de participer à l’ énoncé commun de cette proposition d’ “Égale Liberté Libre Égalité” et aux essais que chacune de ces personnes peut faire d’en traduire l’énoncé abstrait dans des situations concrètes vécues ( dans l’ amélioration des conditions réelles de cette “égale liberté” formellement reconnue de chacune de ces personnes par chacune de ces personnes), l'”universalisation” ne s’étend qu’aussi loin que la liberté personnelle de chaque participant VEUT en réaliser l’ extension commune partageable.
Bien sûr, certaines personnes le voudront plus que d’autres, et chercheront davantage à en trouver ou à en construire ou créer les conditions réelles favorables, générales ou locales. Mais quel que soit le degré qualitatif ou quantitatif de “participation” à ce “travail”, de “collaboration” formelle ou informelle, chacune sait que PAR DÉFINITION de cette “Loi Morale Nouvelle”, elle ne peut pas exiger “légitimement – moralement”, au sujet de ces conditions réelles de l’ Égale Liberté, PLUS des autres personnes qu’elle n’est elle-même personnellement prête à fournir comme part personnelle de “travail” nécessaire.
C’est ce que signifie l’ “ÉGALITÉ” de la “LIBERTÉ”.
Mais simultanément, également PAR DÉFINITION ( de la “LIBERTÉ” de cette “ÉGALITÉ” ) , une telle participation “équivalente” à l’ Égale Liberté, à la découverte et à la construction progressive des “conditions réelles” de sa “réalisation effective” , ne peut pas être en général évaluée à l’ aune d’une quelconque mesure comptable définissable a priori, même si chaque personne concernée s’engage ( par DÉFINITION , sa propre “Égale Liberté” fondamentale Y est en cause ) à participer à ce Projet d’ Égale Liberté Libre Égalité dans une “mesure” au moins “équivalente” à ce qu’elle attend … des autres.
De très nombreux “contrats partiels” sont d’ailleurs librement envisageables, dans tous les sens imaginables de cette “partialité” et du pluralisme inhérent à cette “liberté”, à condition que les créateurs de ces contrats se demandent réellement en quoi leur travail “collectif” organisé par un tel “contrat partiel” ( politique, juridique, social, culturel, économique, etc. ) est réellement compatible avec le Projet d’ Égale Liberté Libre Égalité et donc en quoi ce contrat partiel n’est pas intrinsèquement contraire à l’ Égale Liberté d’autres personnes voulant établir d’autres contrats partiels censés rester également compatibles avec le Projet Idéal Commun à toutes les “Personnes également libres et librement égales”.
Une analyse de Paul Ricoeur concernant le lien éthique
“ Le propos de cet essai est de mettre au jour l’intention éthique qui précède, dans l’ordre du fondement, la notion de loi morale, au sens formel d’obligation requérant du sujet une obéissance motivée par le pur respect de la loi elle-même. Si je parle d’intention éthique plutôt que d’éthique, c’est pour souligner le caractère de projet de l’éthique et le dynamisme qui sous-tend ce dernier. Ce n’est pas que l’idée de loi morale n’ait pas sa place en éthique. Elle a une fonction spécifique ; mais on peut montrer que celle-ci est dérivée et doit être située sur le trajet d’effectuation de l’intention éthique.
Je propose donc de distinguer entre éthique et morale, de réserver le terme d’éthique pour tout le questionnement qui précède l’introduction de l’idée de loi morale et de désigner par morale tout ce qui, dans l’ordre du bien et du mal, se rapporte à des lois, des normes, des impératifs.”
De nombreux éléments d’ analyse de la question éthique proposées dans cet article par Paul Ricoeur peuvent servir de point de réflexion et de comparaison avec notre propre proposition.
( par exemple la question du “pôle_je”, du “pôle_tu” et celle du “tiers de médiation neutre” …
Par exemple aussi le paragraphe suivant :
“C’est ici, semble-t-il, qu’il faut placer la réflexion sur l’idée de valeur dans le prolongement de la méditation antérieure sur l’idée de règle; la justice, disions-nous, n’est pas une essence que je lis dans quelque ciel intemporel, mais un instituant-institué, grâce auquel plusieurs libertés peuvent coexister. Cette médiation en vue de la coexistence est peut-être la clé du problème : la justice est le schème des actions à faire pour que soit institutionnellement possible la communication, ou mieux la communauté, voire la communion des libertés. On peut dire encore que le désir d’ “analoguer” une liberté dans une autre liberté trouve un support dans l’ensemble des actions instituées dont le sens est la justice. La justice correspond à ceci : que ta liberté vaille autant que la mienne. La valeur est la marque d’excellence des actions qui satisfont à cette exigence.”
ELLE, Loi Morale Nouvelle et Loi Morale Kantienne
Il existe une indiscutable parenté entre les conceptions kantiennes de la “moralité pure” et certains aspects “universalisables” de notre propre proposition de “Loi Morale Nouvelle”. Mais il y a aussi une différence radicale qui, d’une certaine façon, peut apparaître comme une “radicalisation” de la notion d’ “autonomie” de la personne, que la philosophie pratique kantienne a bien sûr fortement contribué à mettre en place, mais qui, à cause en partie des contraintes culturelles propres à son époque, mais aussi d’une confusion à l’intérieur du système de la “raison critique” kantienne, n’a pas permis à la philosophie kantienne d’aller au bout de son intuition pourtant déjà très élaborée de l’autonomie de la volonté d’une “personne”.
Un des points caractéristiques de divergence est également très clairement visible dans le fait que la “Loi Morale Nouvelle” dont nous parlons, tout en visant un horizon d’universalisation future très proche de l’idée kantienne du “royaume des fins”, n’a besoin d’aucun “postulat de la raison pratique” du genre “immortalité de l’ âme”, ni d’ existence d’un “Dieu moral”, pour assurer non seulement sa propre valeur morale, mais même sa réalisabilité progressive dans un avenir indéfiniment ouvert. Car cette ouverture est précisément “postulée” directement par la volonté autonome elle-même des “personnes souveraines, libres et égales” : sa valeur est définie de façon autonome ( ce qui est déjà le cas chez Kant, mais avec un principe d’universalisation malheureusement calqué sur l’universalité des “lois de la nature” … ),.
Mais nous disposons désormais aussi d’une toute autre possibilité d’action effective sur le réel universel, progressivement décrit par les disciplines scientifiques comme indéfiniment “rétro-contrôlable” par les moyens de la technique liée à ces développements scientifiques.
La conformité future des phénomènes réels à nos propres exigences morales autonomes dépend de plus en plus précisément de nos propres décisions autonomes, et non plus d’une supposée “raison divine” qui aurait accès à la “réalité en soi” alors que les êtres humains n’auraient accès qu’à une réalité “phénoménale” à jamais limitée par une “constitution transcendantale” … Établie par QUI ? Par la “raison divine” ou par la “raison kantienne” ? ou par une “structure anthropologique originaire” … elle-même constituée par un “malin génie philosophique” … ?
La distinction kantienne radicale entre “chose en soi” inaccessible et “phénomènes” seuls connaissables à travers une grille de “subjectivité transcendantale” n’est plus aussi pertinente qu’à l’époque kantienne, car nous avons de plus en plus de bonnes raisons théoriques de penser toutes nos capacités d’organisation “subjective” de notre expérience, non plus en termes de “constitution transcendantale“, ni même de constitution “phénoménologiquement originaire“, mais bien dans le “réseau” totalement “immanent” de la “réalité” à la fois empirique et théorique où notre “pensée-conscience-cerveau” à la fois se prend comme “objet” de science et analyse sa propre capacité “subjective” à “constituer” de tels “objets”.
Tout “sujet” personnel actuel est ainsi aussi ( s’il veut se donner une telle représentation de lui-même … ) un sujet-objet et un objet-sujet dont la boucle auto-référentielle est simultanément suffisamment “fermée” pour pouvoir auto-produire sa propre “VALEUR” et suffisamment “ouverte” pour explorer de plus en plus efficacement l’espace des possibles physiques organisationnels de l’univers, qui permettent à une telle conscience personnelle de survivre un certain temps actuellement, tout en gardant ouverte une capacité créatrice de projection scientifico-technique dans le futur où sa propre “identité personnelle” peut être pensée comme suffisamment “reproductible” pour se “retrouver elle-même”, non pas dans telle ou telle incarnation ou configuration particulière de son passé, ( ce qui est très secondaire ), mais bien dans sa capacité organisationnelle d’autonomie personnelle consciente compatible avec l’égale autonomie personnelle consciente d’innombrables autres “entités organisées” dans l’ univers.
C’est bien une “idée” qui commence aujourd’hui à se répandre dans certaines conceptions dites “transhumanistes“, et dont il s’agit, pour ma part, de tester la compatibilité logique avec l’idéal d’une “Égale Liberté” de toute personne à pouvoir bénéficier, en y participant activement, des possibilités nouvelles ainsi ouvertes au niveau scientifico-technique …
Il n’ y a donc aucun “postulat de la raison pratique” nécessaire en-dehors de cette raison auto-référentielle : c’est désormais à ELLE-MEME d’assurer sa propre “immortalité” et sa propre capacité de plus en plus “divine” ( mais immanente ) d’assurer rétroactivement tous les contrôles rétroactifs conscients sur une réalité dont elle tire effectivement inconsciemment son “origine”. (Origine dans l’évolution de l’univers et du vivant et dans l’évolution des systèmes sociaux et culturels humains … dont nous étudions et formalisons après coup les “lois de la nature” , les “lois sociologiques, économiques”, etc. ). Mais cette prise de conscience elle-même ( individuelle et collective ) crée désormais un tout nouvel “ordre du réel organisé” autoréférentiel et récursivement piloté par ces processus de “prise de conscience” mêmes, qui en retour en “augmentent” les capacités.
La corrélation entre la “moralité” ( se rendre digne du bonheur ) et le contrôle des conditions du réel qui doivent de plus en plus incarner un tel “souverain bien“, nous incombe donc désormais, du moins à toutes les personnes qui veulent ainsi librement constituer leur propre souveraineté collective en se reconnaissant mutuellement comme “personnes souveraines sur elles-mêmes, libres et égales entre elles” … et avec toute autre organisation matérielle de l’univers capable d’une telle prise de conscience individuée et prenant librement cette même décision de reconnaissance mutuelle.
Il est facile de comprendre comment une telle autonomie, tout en s’appuyant sur certains aspects déjà présents dans l’autonomie morale kantienne, en radicalise désormais le principe d’universalisation POSSIBLE, mais non pas dans un “impératif catégorique universel et nécessaire”, puisque désormais directement auto-fondé dans la liberté même ( comme “Égale Liberté” ) de toute personne qui choisit d’y participer ( … ou pas ) . L’ universalisation possible ne s’étend donc qu’aussi loin que la liberté de chaque personne veut en décider pour elle-même.
“NouS” sommes désormais notre propre “recours” d’assurance future d’un “souverain bien possible”, pour autant et seulement pour autant que nous choisissons librement de participer à sa “constitution formelle” et à sa “construction réelle”, parce que c’est à ce prix que “NouS” devenons pleinement responsables de notre propre liberté autodéterminée, “en même temps” personnelle et collective ( … pour les personnes qui font ce choix … ).
Les “autres” … se débrouillent comme avant depuis toujours, avec leurs propres conceptions de la liberté, s’ils ne veulent pas d’une telle “Égale Liberté Libre Égalité” et avec la multitude des conflits insolubles que leurs divergences entraînent et entraîneront de plus en plus …
“Kant à Vous” …. comme toujours ici, c’est “Vous qui Voyez …”
L’ “autonomie brisée” est reconstituée … par cette autonomie même
“L’autonomie brisée” est le titre d’un ouvrage de Corine Pelluchon ( PUF 2009 ) , dans lequel elle prétend proposer une alternative à l’ “éthique de l’autonomie“, en l’ opposant à une “éthique de la vulnérabilité“, ou plus récemment dans un autre ouvrage à une “éthique de la considération“.
Je ne dénie évidemment pas à Corine Pelluchon, comme à n’importe quelle personne, le droit de critiquer d’autres philosophies que la sienne, et de faire les propositions éthiques, juridiques et politiques qu’elle veut.
Mais je garde la même liberté de penser et de considérer que certains aspects de ses propositions sont dangereuses pour la liberté de penser elle-même, en tant que celle-ci précisément se fonde sur une “autonomie personnelle” suffisante, dont profitent des philosophes comme Corine Pelluchon, mais aussi d’une façon plus générale toutes les philosophies “anti-lumières” critiques de la critique … de la raison pure.
Il n’est pas du tout nécessaire, comme elle le prétend, de briser l’idéal d’ autonomie personnelle … d’autres personnes, sous le prétexte qu’elle prétend constater que son autonomie propre de sujet ( la sienne : comme “Corine- Pelluchon-qui-prétend-partager-son-vécu-transdescendant-avec-les-profondeurs-éco-féministes-de-la-nature” … ) est “brisée”, et qu’elle compatit avec une “brisure” similaire ressentie par un certain nombre de ses contemporains :
C’est son problème de “réparer sa brisure” avec l’éthique de son choix ou de sa construction, en bricolant la “phénoménologie de la passivité” et l’ “ontologie de la vie” qu’elle veut et avec qui elle veut ou peut :
les disciples de Lévinas par exemple, ou de multiples conservateurs réactionnaires du lobby catho-médical qui ne cessent de prétendre s’appuyer sur son “éthique de la vulnérabilité“, ou bien d’autres en effet, du côté d’une certaine écologie animaliste radicale … si elle pense que son “ontologie de la vie” permet de “concilier” et de “considérer” tout ce beau monde … dans son “monde commun” .
Mais son choix de l’ éloge de la sensibilité passive ne vaut que pour ceux qui, activement ( ou passivement ? ), font un tel choix, et certainement pas pour tous ceux dont elle voudrait peut-être qu’ils subissent passivement ses nouvelles oukases “éthiques”, ou pire, celles des milieux catho-médicaux réactionnaires qui prétendent partager ses vues.
De mon côté, je choisis au contraire de suivre une toute autre voie, celle de l’ “autonomie” en effet, mais qui, contrairement à ce que croit Corine Pelluchon, est parfaitement partageable et communicable … entre toutes les personnes qui font le libre choix d’une telle autonomie personnelle et qui sont parfaitement capables d’ouvrir cette voie à toute autre “organisation vivante” qui voudrait l’emprunter et y participer en toute “Égale Liberté”.
Et contrairement à ce que prétend Corine Pelluchon, il n’ y a pas que l’ “expérience de la vulnérabilité” que nous partageons avec les autres êtres vivants, mais aussi corrélativement l’expérience d’un pouvoir possible sur le réel en tant que ce réel n’est pas spontanément “bon” à “notre” égard, bref tout un ensemble de conditions dans le monde vivant qui préfigurent certains aspects de l’ “autonomie” qui émerge consciemment et réflexivement dans la pensée humaine.
Ainsi, on peut jeter un tout autre regard que celui de Corine Pelluchon sur l’ aventure de l’évolution du “vivant”, et s’apercevoir qu’en réponse à la “passivité” de ses conditions de vie “vulnérables”, de nouvelles formes de vie toujours plus capables de “répondre activement” à ces conditions adverses sont également apparues, précisément en devenant capables d’y survivre mieux que d’autres.
L’insistance sur la vulnérabilité et sur la passivité, ou la souffrance n’ont d’intérêt, pour nous, que si ces “passions tristes” peuvent progressivement être compensées et dépassées par une coordination active et autonome et la création toujours renouvelée de formes nouvelles capables non seulement de résister aux aléas du fonctionnement spontané d’un réel aveugle, mais de contrôler de mieux en mieux, par la complexité des systèmes de régulation compensateurs que nous sommes capables d’imaginer et de concevoir, les situations de pure passivité que nous subissons encore très largement en effet, et que les animaux en effet, subissent encore davantage que les êtres humains …
Je propose donc de radicaliser l’ “éthique de l’autonomie” en ce sens que désormais, c’est au nom d’une telle autonomie généralisable sans contradiction à tout “être” … qui en manifeste la volonté , mais voulue en “commun” … par tous ceux qui la veulent et qui veulent donc aussi y accéder à Égalité au fur et à mesure qu’elle se développe ( “Égale Liberté” ), que cette autonomie se “justifie” par “elle-même” ( AUTOS ) : elle se “justifie” simplement en effet par et pour eux, dans la mesure où ils en manifestent l’intention ET acceptent de reconnaître comme aussi légitime toute intention semblable à la leur, et donc de participer activement à sa réalisation commune, et , pour commencer par le plus simple : par la manifestation verbale d’une telle référence commune, dans et par laquelle chacun peut énoncer librement et à sa façon précisément, comment il veut”participer” à la libre constitution de cette “référence symbolique”.
Ceux qui ne veulent pas d’une telle “autonomie” peuvent évidemment … garder la leur ( ? ) … du moment qu’ils ne cherchent pas à nous “imposer” de façon coercitive ( “active” ! ) leur propre conception “passive” de leur rapport au réel ou à toute autre “loi hétéronome” où il prétendent “se” soumettre à la “loi de l’ Autre” …
En effet une telle “nouvelle éthique de l’ autonomie” ne prétend plus s’appuyer sur une quelconque “structure transcendantale du sujet”.
Elle n’est pas fondée non plus sur de supposés “droits naturels” ou je ne sais quel “invariant anthropologique”, ni encore moins sur le “droit positif” que s’arroge telle ou telle communauté politique nationale ou internationale, ni sur un quelconque “spécisme humaniste” :
Tout être, y compris animal ou tout ce qu’on voudra, peut être d’ autant plus “reconnu” comme “personne autonome” par d’autres “personnes autonomes”, qu’il est lui-même capable de se reconnaître lui-même comme une telle “personne autonome” et de reconnaître toute autre initiative vivante similaire comme aussi légitime que la sienne dans ce nouveau “droit”.
On voit qu’il n’ y a là plus d’autre condition “ontologique” de reconnaissance réciproque d’un tel nouveau “Droit”, que précisément les conditions formelles de “réflexivité” ( se reconnaître soi-même comme une telle personne ), de “symétrie” ( ou de réciprocité de cette reconnaissance : j’ ai le “droit” d’être ainsi reconnu si je confère le même droit à ceux à qui je demande de me reconnaître ce droit ) et d’ extension universalisable possible de ce statut à toute entité dans l’ univers qui en manifesterait la demande ( ET accepterait de reconnaître aux autres cette “relation d’ équivalence” de l’ autonomie ou de la liberté des “personnes” ).
Une telle “définition” de l’ “autonomie personnelle souveraine sur elle-même” n’est bien sûr – par cette “définition” MEME, imposable à “personne”, ni par contrainte, ni par obligation “hétéronome”, si cette personne concernée “elle-même” ne veut pas “elle-même” librement se définir ainsi comme “personne autonome” … suffisamment libre et autonome pour se déclarer comme telle ( La propriété de “réflexivité”, d’auto-attribution autonome de l’ autonomie dans cette définition ne serait pas vérifiée ).
De même, une personne ou un être qui refuserait à d’autres de pouvoir ainsi se définir elles-mêmes comme de telles personnes, ne pourrait pas non plus demander à “bénéficier” elle-même de ce nouveau “Droit” d'”autonomie personnelle souveraine sur soi”, parce que la “symétrie” de cette libre relation contractuelle ne serait pas vérifiée ).
Et enfin, troisièmement, une personne candidate à ce nouveau “Droit”, ne peut refuser à aucun être réel de l’Univers de postuler également à une telle reconnaissance, si cet être se montre capable à la fois de la réflexivité ( auto-reconnaissance ) , de la symétrie ou réciprocité de cette reconnaissance, et de l’ élargissement d’un tel “Droit” à tout autre être qui “déclare” sérieusement , donc librement, adhérer à un tel “Droit”.
Une telle définition formelle idéale est d’ailleurs très proche des propriétés “logico-mathématiques” d’une “relation d’ équivalence” en général :
“Ce” qui est ici estimé, par les personnes elles-mêmes, comme “équivalent”, c’est précisément leur “droit à l’ autonomie, qu’elles savent donc devoir assurer elles-mêmes “collectivement” … si elles ne veulent pas avoir à se “débrouiller toutes seules” avec le peu de moyens et de ressources “vulnérables” dont elles disposent chacune. comme “organisme biologique actuel”.
Nous sommes donc très loin du prétendu “individualisme égoïste forcené” par lequel les adversaires de l’ autonomie personnelle cherchent à dévaluer cette exigence d’autonomie.
Alors en effet, la “communauté” virtuelle de ces “personnes souveraines libres et égales”, ne peut pas encore être assimilée à une quelconque “communauté politique” ou autre “association” réelle actuelle.
D’autant plus que, “en Droit” ( dans ce nouveau “Droit” ), d’innombrables autres êtres dans l’ Univers PEUVENT éventuellement déjà faire partie d’une telle “communauté virtuelle”, puisqu'”il faut et il suffit” dans cette définition, qu’ils se conçoivent eux-mêmes de cette façon, c’est à dire en ayant réciproquement la même reconnaissance envers des “personnes souveraines libres et égales”, personnes humaines terrestres par exemple, que celle qu’ils se confèrent à eux-mêmes dans cette hypothèse.
Chaque être humain actuel, VOUS par exemple, voyez bien jusqu’où VOUS seriez déjà prêt – ou pas ( C’est VOUS qui voyez ) – à participer à la redéfinition réelle commune des “droits humains” et des “droits du vivant” ou de ce que vous voudrez comme “droit”, sur une telle base élargie d’ “autonomie personnelle radicale également partageable”.
Rien ne VOUS y oblige, mais rien non plus ne vous l’interdit … à moins que VOUS ne VOUS l’interdisiez à VOUS mêmes … en prétendant qu’un tel “Interdit” provient d’ “Ailleurs” … dont VOUS ne savez rien ou presque rien ( puisque vous prétendez que ce “visage d’Autre” est un mystère insondable ) … pas plus que n’importe qui d’ “autre” que VOUS.
La question qui se pose en effet à VOUS, si VOUS le voulez, est de savoir si VOUS savez ce que VOUS voulez … et jusqu’où VOUS prétendez le savoir ou ne pas vouloir le savoir …
Évidemment, “je” ne le saurais ni ne voudrais prétendre le savoir … à VOTRE place !
C’est donc VOUS qui voyez … pour VOUS-MEMES.
Suicide et liberté
- Il existe un argument souvent avancé par des opposants à la “liberté du suicide ” qui consiste à dire que pour être libre il faut forcément être vivant, et donc que si on cesse de vivre, on ne peut plus être libre. Et donc que prétendre qu’on se suicide “librement” est une contradiction logique.
- Je ne conteste pas le fait que pour exercer actuellement ma liberté, je dois être actuellement vivant. Remarquons bien cependant, que certains des adversaires de la liberté du suicide sont des “croyants” qui croient qu’il y une différence entre le “corps mortel” ( détruit par le suicide ) et une “âme immortelle” … qui survit au suicide : Ces adversaires là du suicide ne peuvent donc pas utiliser un tel argument, puisqu’ils croient que l’ âme immortelle peut toujours encore être libre, alors que le corps est mort !
3. Ma conception de la liberté est telle que je ne la résume pas à ma liberté d’exercice actuelle comme organisme biologique :
3.1. Je décide librement, ici et maintenant, alors que je suis encore vivant, que la valeur de ma liberté est “éternelle”, c’est à dire que je décide librement aujourd’hui que ma liberté ne dépend, du point de sa valeur, que d’elle-même, et non pas des conditions physiques particulières du réel actuel, notamment biologiques, qui font que je peux plus ou moins bien exercer cette liberté dans le réel actuel.
Car le “réel” futur peut être très différent du “réel” tel que je crois en connaître les limites dans mes grilles de lectures actuelles.
Ceci signifie que quelles que soient les conditions actuelles physiques et biologiques qui me permettent ou pas, ou plus ou moins d’ exercer ma liberté de penser ( et que je ne maîtrise pas intégralement évidemment ),
j’ accorde volontairement et librement une valeur essentielle à “ma liberté”, au point que rien d’autre ne peut être “autorisé” à la remettre en cause, sinon la même volonté et la même liberté d’autres personnes qui peuvent très exactement comme moi accorder librement à leur propre liberté la même valeur essentielle que celle que j’accorde à la mienne.
3.2. Quand je dis que je peux éventuellement un jour décider librement de “me suicider”, c’est précisément au nom d’une “liberté” dont la valeur survivra à l’organisation biologique qui en incarne aujourd’hui la volonté personnelle. “Ma liberté” donc ne cessera pas, en terme de valeur et donc de pouvoir futur réel d’une telle valeur, qui peut être reprise par toutes sortes d’autres consciences que la mienne actuelle.
Car “ma liberté” est la même que celle de toutes sortes d’autres personnes ou organismes potentiels de l’Univers, qui peuvent et pourront, comme moi-même aujourd’hui, ici et maintenant, proclamer leur propre liberté radicale., tout en construisant la coexistence compatible de ces “Égales Libertés”.
Toutes ces “personnes”, actuelles ou futures dans l’Univers, ont donc le même intérêt, de conjuguer toutes les capacités présentes dans le réel actuel ou futur, pour développer les conditions de la préservation et du développement indéfini d’une telle commune mais égale liberté.
Et “ma liberté” ( actuelle réelle comme future imaginable ) a donc constamment comme signification simultanée, à la fois de se conserver elle-même comme liberté actuelle ET d’explorer toute voie future possible d’une telle conservation ou restitution réversible.
“Ma liberté” veut son propre “éternel retour” ( “nietzschéen” ) comme liberté, pour autant qu’un tel “éternel retour” comme liberté est également possible pour toute autre “liberté” dans l’univers partageant cette même volonté.
3.3. La “liberté du suicide”, n’est donc rien d’autre, pour moi et pour toutes ces personnes, que le constat que les conditions matérielles et biologiques actuelles de participation personnelle à cette aventure universelle de l’ “Égale Liberté”, ne sont plus réunies, de fait, ici et maintenant, pour “moi” dans ma configuration biologique actuelle. Et que nous décidons, dans cette “Ultime Liberté” personnelle actuelle défaillante, de passer le “flambeau” de l’ “Égale Liberté” à toutes les personnes qui veulent et peuvent elles-mêmes actuellement continuer à Y travailler.
Tout l’ avenir est donc “ouvert” … à ceux qui veulent qu’il leur soit ouvert,
et qui savent que d’autres organisations qu’eux-mêmes réapparaîtront inévitablement dans l’Univers en formulant consciemment le même projet de partage universel et éternel d’une telle “Égale Liberté”et qui finiront, en Y travaillant, par Y arriver.
Loi Morale Nouv’ ELLE et Loi Morale kantienne
- Dans toute “loi morale”, depuis longtemps, les philosophes et même les théologiens qui considèrent que la “loi morale” est fondamentalement une “loi divine”, ont considéré qu’une action proprement “morale” suppose la LIBERTÉ de la personne qui “doit obéir” à cette “loi morale”.
L’idée apparaît donc très tôt que si la liberté de celui qui “obéit” à une loi n’est pas garantie, son choix entre le “bien” et le “mal” défini par la “loi morale” n’est pas “purement moral”, mais obéit en fait à d’autres déterminations et notamment à des sentiments ou des émotions, comme la peur, la crainte d’être puni, ou inversement le désir d’une récompense, l’ attachement affectif à certaines personnes , la recherche de la sécurité, ou à toute forme d’ “intéressement” personnel.
Autrement dit il y a très tôt une claire perception de la différence entre la contrainte de soumission à un ordre social, politique, juridique etc. reposant en dernière instance sur la force ou la peur, et l’ “obligation morale” supposant un rapport de soumission libre et volontaire à une telle loi.
Mais dans toutes ces formes de morales “hétéronomes” traditionnelles, la “loi morale” elle-même est posée comme extérieure et/ou préalable au “sujet” qui “doit” lui obéir ( loi divine, loi sociale, traditions, coutumes,
droit naturel, “structure anthropologique”, “nature humaine” …) , et où la personne elle-même n’interviendrait pas elle-même dans la définition de la loi.La distinction est encore plus facile à faire entre la liberté liée à la moralité et donc le type de lien volontaire conscient établi entre la “raison” de l’ acte libre et le contrôle volontaire de cet acte libre, et d’autre part tous les aspects de notre comportement qui sont simplement “automatiques” ou déterminés inconsciemment ( qu’il s’agisse de l’ inconscient freudien, ou de toute forme de dynamiques physico-bio-socio-éco-culturo … dont les effets se manifestent dans notre comportement réel observable ou analysable après coup , mais dont nous n’avons soit aucune conscience, soit une conscience très vague ou limitée ou illusoire, etc. ).
2. Rousseau du point de vue juridico-politique et Kant du point de vue proprement moral, essayent de dégager un rapport beaucoup plus fort et direct entre la Liberté et la “Loi” ( “juridico-politique” dans le contrat social rousseauiste, “loi morale” dans le cas de la critique de la “raison pratique” kantienne ) : c’est la forme universelle suivant laquelle la “loi” se rapporte à la “liberté” de la personne et non le contenu particulier de telle ou telle loi ou règle qui caractérise l’aspect “moral” chez Kant.
Ou chez Rousseau, la forme de la participation de chaque personne à la constitution même de la loi politique ( pouvoir législateur démocratique) qui le transforme de simple “sujet” soumis à la loi en “citoyen” co-législateur de la loi.
Mais ni chez Rousseau, ni chez Kant nous ne trouvons d’identification de la “Loi” elle-même avec la Liberté elle-même, comme si le principe d’ “égalité devant la loi” empêchait une telle “Égale Liberté” d’être “librement voulue” par les personnes, donc par certaines personnes, mais pas nécessairement par toutes.
On trouve donc une “rigorisation” parallèle de la loi morale chez Kant, et de la loi démocratique et républicaine du contrat social rousseauiste :
L’idée que la liberté de tous ( qui est la nouvelle définition de la “loi” ) ne peut provenir que d’une restriction drastique de la liberté individuelle de chaque personne …
Il en est ainsi de la façon dont Kant pense devoir appliquer son principe d’universalisation dans l’ “impératif catégorique”, et de la façon dont Rousseau pense que c’est seulement l’abandon entier par chaque citoyen de sa “liberté naturelle” au profit du collectif “souverain” qui permet la garantie de la “liberté civile” égale qu’il en reçoit en retour.
3. Le relativisme moral.
Depuis longtemps aussi, existent toutes sortes de contestations critiques de l’existence ou de la valeur universalisable d’une quelconque “loi morale”.
Ces critiques consistent à relativiser les lois morales existantes : les lois concrètes qui prétendent obtenir l’obéissance de leurs “sujets” sont variables, dépendent des cultures, des circonstances, des forces et des intérêts en présence, ou même d’un pur hasard.
Une telle critique de la notion même de “moralité” et de “loi morale” est par exemple déjà celle des “sophistes”, ou de multiples morales particulières qui considèrent les autres morales comme “relatives”.
On a aussi de nombreuses analyses qui ne voient dans les “lois” et normes de toutes sortes ( politique, juridiques, morales, religieuses ) qu’une inscription forcée ou physiquement déterminée de divers rapports de forces présents dans le réel, et donc que la notion même de “morale” n’a pas de sens parce que la notion de “liberté” n’en aurait pas non plus.
Remarquons cependant que ce type de critique met quand même aussi en relation, même si c’est pour s’opposer aux deux, la notion de “morale” et la notion de “liberté”.
Bien sûr aussi, dans ce cadre critique relativiste des supposés “fondements de la morale”, on peut reprendre toute l’ évolution de la pensée des “maîtres du soupçon” ( dont la triade Marx, Nietzsche, Freud a souvent été mise en exergue symbolique ) , l’ essor des “sciences humaines” au XXème siècle, et en particulier dans les aspects philosophico-politiques de ce qu’on a appelé le “structuralisme” dans les années 1960, ou plus récemment tout ce qui a pu être produit sous le vocable de “post-modernité“.
4. Ceux qui voudront replacer la proposition de “Loi Morale Nouvelle” comme proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité”, dans une telle “histoire des idées”, comme une résultante de mécanismes évolutifs de la pensée humaine qui ont donné localement cette “variante” de “proposition morale”, peuvent bien sûr forger toutes les hypothèses de leur choix à ce sujet, et ne pas du tout s’intéresser à ce que je peux moi-même dire subjectivement des “raisons” d’une telle initiative.
Cependant, ceux qui voudraient suivre une analyse proprement philosophique de telles raisons, peuvent chercher du côté d’une radicalisation du rapport entre l’ idée de Liberté comme directement et Librement … constitutive de la Loi Morale , en tant qu’elle se pose elle-même comme universalisable à la condition de cette Liberté même : universalisable par et pour toute “personne” qui veut l’établir et qui se définit alors aussi comme Égale à toute autre Liberté qui pose cette même finalité commune.
Le verrou “rigoriste” de l’universalisation kantienne des “maximes” saute donc parce que le seul critère d’universalisation devient donc celui de la Liberté elle-même en tant qu’elle peut être universellement partagée … par toutes les personnes qui veulent librement la partager … en toute Égalité … entre elles.
Car toute autre personne, qui pourrait partager cette “Égale Liberté”, mais tout simplement ne le VEUT PAS, est en effet “libre de ne pas le vouloir”, mais se coupe par là même de la possibilité de recourir à la justification et à la protection spécifique de cette “Loi Morale Nouvelle” dont toute l’ “obligation” ne peut, par la définition donnée de cette Loi, provenir que de la Liberté elle-même que chaque personne se propose de partager avec les autres, et non d’une “nature humaine”, ni d’une “constitution transcendantale”, ni d’une “anthropologie originaire”, ni d’ aucun “Grand Autre” qui imposerait sa marque de l’extérieur des personnes libres elles-mêmes ( par exemple l’ “Autre” de Lévinas )
Le “devoir moral” ne résulte donc pas de la “Loi Morale Nouvelle” comme telle, mais uniquement de la libre volonté de certaines personnes de poser cette Loi Morale Nouvelle comme leur volonté commune.
La “définition” de cette Loi Morale Nouvelle est posable par n’importe qui veut la poser ( comme toute “définition” d’un langage formel ou d’une création langagière artistique … ).
Mais son effet proprement “obligeant” ne peut provenir que de la personne elle-même qui choisit librement d’adopter ou de recréer cette “même définition“comme idée régulatrice de sa propre liberté.
Ce n’est donc pas un “impératif catégorique” au sens d’une morale kantienne “transcendantale” ( constitutive de l’ “humanité de l’homme” ), mais un “impératif conditionnel”, qui ne vaut que par et pour ceux qui en choisissent librement la valeur.
Pour tous les “autres”, la situation actuelle reste inchangée, les mêmes problèmes et les mêmes “solutions” philosophiques, éthiques,politiques, esthétiques, culturelles … leur restent disponibles, et donc toutes les difficultés dans lesquelles ils se débattent s’ils veulent sortir du “relativisme individualiste généralisé” où seule la “loi du plus fort”, individuelle ou collective – communautaire – ou mondialisée joue la suite des mécanismes de l’ “évolution” darwinienne généralisée ( pas seulement “biologique”, mais culturelle, politique, etc. ) … où tous ces “mèmes” culturels et leurs innombrables variantes recombinées trouvent ou ne trouvent pas les ressources de cerveaux et de processus économiques disponibles pour se reproduire …
Quant à VOUS donc, c’est VOUS qui voyez.
Loi Morale Nouvelle, amoralité, immoralité
La Loi Morale Nouvelle définit sa propre valeur du “Bien” comme étant en dernière instance, pour une personne supposée capable de comprendre ce dont il s’agit, de chercher à suivre et à réaliser la “Proposition de l’ Égale Liberté Libre Égalité“, c’est à dire de rendre possible de plus en plus la réalisation universalisable ( ne pas confondre avec “universelle” ) de l’ Égale Liberté de toute personne qui veut cette Égale Liberté, à la fois pour elle-même et donc également pour toute autre personne qui aurait cette même volonté.
En termes “éthico-politiques”, il s’agit de travailler à la réalisation universalisable de la Liberté ( individuelle de chacune de ces personnes ) et de l’ Égalité fondamentale de cette Liberté, donc des droits et libertés qui incarnent juridiquement cette Liberté et des “devoirs” qui résultent de la défense de ces droits et libertés.
Par rapport aux nombreuses “autres morales” possibles, la Loi Morale Nouvelle peut donc être jugée comme “immorale” ( par rapport aux injonctions, aux droits et aux devoirs formulés par ces autres morales ) ou du moins comme “amorale”, en tant qu’elle ne reconnait plus la légitimité universelle a priori de toutes ces “anciennes morales”. Ces “anciennes morales” sont d’ ailleurs sur de nombreux points contradictoires entre elles, mais même souvent à l’ intérieur de leurs propres systèmes prescripteurs respectifs.
Le “propre” de la Proposition de l’ “Égale Liberté Libre Égalité” par rapport à la plupart des autres propositions de “Loi Morale” mais aussi de principes fondamentaux du Droit est d’inclure dans son deuxième volet ( “Libre Égalité” ) un abandon libre et volontaire de l’ habituelle “universalité” que la plupart des propositions de “lois morales” prétendent établir … à leur profit respectif, la plupart du temps d’ailleurs en prétendant accéder à une “vérité morale” qui serait soit démontrable, soit à admettre comme postulat “catégorique”.
En un sens donc, celui qui s’ énonce dans le deuxième volet “Libre Égalité”, la “Loi Morale Nouvelle” peut donc être considérée comme un “relativisme moral”, suivant lequel chaque personne, suivant son parcours de vie empirique et les circonstances de son “environnement”, se fait sa “propre morale” ( une “sagesse personnelle” ), qui ne peut en aucun cas “valoir a priori” pour toute autre personne, sauf à lui demander son accord ou son libre consentement à un tel “contrat moral commun”.
La “Loi Morale Nouvelle” est donc proche aussi des “éthiques minimales” comme celle proposée par Ruwen Ogien.
Cependant, précisément à partir de cette liberté individuelle de construire des contrats éthiques avec d’autres personnes ( “Libre Égalité” ), il est facile d’imaginer qu’un grand nombre de personnes peuvent choisir librement de considérer qu’une telle Liberté personnelle peut plus facilement être construite, notamment si on veut en faire des “libertés réelles” et non pas seulement se contenter de “libertés formelles”, si on choisit “en même temps” de reconnaître aux autres personnes exactement la même Liberté fondamentale que celle qu’on veut pouvoir mettre en œuvre pour soi-même.
Autrement dit, si on pose librement leur “Égale Liberté”.
Qui sont donc ces “Égaux devant la Loi”, devant cette “Loi Morale Nouvelle” ? Ce sont toutes les personnes, qui, comme moi, et VOUS peut-être ( “C’est VOUS qui voyez “), choisissent en effet librement de se considérer aussi fondamentalement libres les unes que les autres, pour la simple “raison” que telle est leur libre volonté … qui devient alors aussi leur “volonté générale” – entre elles – , non pas par un renoncement à leur propre “liberté naturelle”, mais parce que la nouvelle “liberté civile” ou “liberté conventionnelle” ainsi librement construite reste le libre prolongement et développement d’une telle “liberté naturelle, mais librement pensée et voulue comme compatible avec celle des autres “contractants”.
Et non plus “obligatoirement” parce que leur “nature humaine”, ou la “Nature”, ou une loi divine, ou une “loi anthropologique”, ou une “structure transcendantale du sujet”, ou le “visage” lévinasien d’un Grand Autre quelconque les contraindraient ou les obligeraient a priori à établir un tel “contrat humain de Liberté, d’ Égalité et de Fraternité”.
( Différence capitale notamment avec la “Loi Morale” kantienne )
Ni non plus parce qu’un ordre politique empirique, incarnant la “loi du plus fort, justifierait “a posteriori”, en tant que “souveraineté collective”, “souveraineté du peuple”, “souveraineté de l’ État ou de la Nation” ou “souveraineté internationale des Nations-Unies” , ou “souveraineté divine déléguée à une communauté religieuse”, la soumission à un système juridique de “droit positif” dont l’ “état de droit” serait lui-même juridiquement auto-justifié.
Bien sûr chaque personne, qui choisit librement de s’inscrire dans un tel cadre de “Loi Morale Nouvelle”, garde toute sa liberté fondamentale de choisir – en plus – pour elle-même – mais en ne l’imposant pas aux autres personnes – ses références à un “Droit Naturel” ou au “Droit positif” ou à un “Droit communautaire” de son choix, pour autant que ces autres références morales et/ou juridico-politiques ne s’imposent pas aux autres personnes participant au même libre contrat moral d’ “Égale Liberté Libre Égalité”, et ne contiennent pas une obligation ou une contrainte visant à interdire aux personnes de s’associer sur la base d’un tel contrat moral d’ “Égale Liberté Libre Égalité” :
On ne peut pas logiquement prétendre vouloir librement s’associer avec d’autres personnes sur la base d’une “Égale Liberté Libre Égalité” et en même temps vouloir interdire à soi-même ou à d’autres une telle liberté !
Une telle prétention serait bien sûr à la fois contraire à la Liberté et à l’ Égalité à laquelle on prétendrait adhérer !
Et prouverait simplement que la personne en question ne sait pas ce qu’elle veut. Quant à VOUS, c’est VOUS qui voyez.
La “Loi Morale Nouvelle” ici proposée ( “Égale Liberté Libre Égalité” ) ne présuppose aucune “éthique de la vulnérabilité” comme celle proposée par Corine Pelluchon
Dans le cadre du principe d’ “Égale Liberté Libre Égalité” ici proposé, il est bien sûr possible en plus d’adhérer librement à tout autre cadre “éthique” ou “moral”, ou “politique”, si ou pour autant que ces adhésions ne mettent pas elles-mêmes en cause l’ Égale Liberté des autres personnes d’ adhérer à leurs propres cadres éthiques ou politiques personnels.
Les propositions philosophiques de Corine Pelluchon, par exemple, peuvent rester compatibles avec les nôtres, aussi longtemps qu’elles restent de l’ ordre de l’ “éthique personnelle”, ou librement partagées par de nombreuses autres personnes dans divers cadres associatifs, mais aussi longtemps seulement qu’elles ne cherchent pas à s’imposer aux autres, à moi-même par exemple, sous prétexte d’une “universalité” que Corine Pelluchon ou ses épigones pourraient vouloir instituer pour leur “éthique de la vulnérabilité” ou leur “éthique de la considération” et qui en viendraient demander aux autres de s’y soumettre dans un cadre institutionnel politique juridique commun.
Si je reconnais à Corine Pelluchon, comme à toute personne, la même liberté de pensée, de communiquer et d’agir conformément à ses propres convictions, que celles dont j’exige la reconnaissance pour moi-même, une telle obligation ne vaut pour moi que pour autant qu’ elle est réciproquement reconnue :
En particulier je serai particulièrement attentif au respect de l’égale liberté individuelle de penser de chaque personne et de chaque citoyen et d’avoir sa propre “éthique” de référence pour ses choix personnels.
Si d’une façon ou d’une autre le type d’ “éthique de la vulnérabilité” ou d’ “éthique de la considération” défendu par Corine Pelluchon en venait à remettre en cause le principe général d’ “autonomie personnelle” dans un combat juridique et/ou politique de type “anti-lumières”, “anti-modernité”, etc. alors bien évidemment il serait clair que nous ne partageons pas le même idéal éthique commun d’ “Égale Liberté“, et donc j’ en tirerais librement la conclusion de ma propre opposition juridico-politique à une telle tentative d’ emprise idéologique “anti-lumières” sur nos institutions juridiques et politiques actuelles ou futures.
Si j’ évoque ici une telle perspective, c’est qu’ en effet un certain nombre d’ écrits de Corine Pelluchon ou de ses commentateurs peuvent laisser craindre que leur libre critique philosophique de la notion d’ “autonomie personnelle” pourrait se transformer un jour en volonté coercitive
( juridico-politique ) d’imposer leur vision du monde à tous,
donc à prétendre que LEUR “monde commun”, c’est à dire LEUR vision idéologique commune du “monde”, devrait être LE “monde commun” non seulement de tous les êtres humains, mais même de tous les animaux et êtres vivants, auxquels bien évidemment Corine Pelluchon ne demande pas leur libre vision sur la question … car elle pense savoir à leur place, en bonne écolo-maternaliste, ce qui est “bon pour eux”.
Le “monde commun de tous les vivants” c’est le monde pensé PAR l’ “éthique de la considération” et l’ “éthique de la vulnérabilité” de Corine Pelluchon … POUR et à la place de tous ces êtres vivants, qui, comme ils sont tous très “vulnérables“, ne peuvent bien sûr pas penser par eux-mêmes … et doivent donc, en toute “humilité“, se soumettre à la sollicitude, aux soins maternels et attentifs, ressentis et bichonnés pour eux par l’ empathie naturelle des phénoménologues “éco-féministes”.
La nouvelle “éthique animaliste” n’a pour le moment pas beaucoup à craindre que les vrais “sujets” concernés, les animaux eux-mêmes, se mettent, à titre individuel, à réclamer leur autonomie morale personnelle.
Il est donc facile pour cette “éthique de la considération”, de chercher à “prendre soin” d’eux, comme les “citoyens” masculins libres et égaux prenaient naguère soin de leurs femmes et de leurs enfants … ou les maîtres de leurs esclaves ( car il y a toujours eu de “bons maîtres” qui prenaient soin et même tenaient en haute “considération” leurs esclaves, ou des patrons leurs ouvriers, et des dominants “protecteurs et considérants” pour leurs “considérés” ) .
L'”humilité” comme méthode … méthode bien connue de tous les prêchiprêchas visant à obtenir l’obéissance à la loi du “monde commun” entre les dominants et les dominés, en démontrant aux “dominés” qu’ils ne peuvent s’en sortir, “vulnérables qu’ils sont”, qu’en acceptant la protection paternelle des “bons dominants” contre les “vilains dominants”.
Pourquoi prendre ses ressources philosophiques pour construire de futures institutions morales, juridiques et politiques chez des prédicateurs cisterciens ?
” Autonomie personnelle” ? “Égalité des droits et libertés” ?
Vous n’y pensez pas, c’est la porte ouverte à toutes les exploitations …
Soyez attentifs aux “vrais besoins des gens et des animaux” …
Ils comptent sur VOUS, comme les petits enfants sur leurs “parents” !
Certes ce n’est plus “Dieu” qui est aux “commandes”, nous dit Corine Pelluchon, comme pour nous rassurer sur sa conception éthique “transdescendante”.
Mais à la place de Dieu, il y a le “monde commun” ( “Harmonia mundi ?” ) … et Corine Pelluchon est son professeur de vertu.
Extrait de l’interview au Figaro :
” Je suis allée chercher dans les lettres que Bernard de Clairvaux a envoyées au pape Eugène III alors en exil l’inspiration première de ce livre. Il souligne l’importance d’une réforme intérieure aidant les individus à rechercher et à garder la mesure en échappant à la tentation de la domination. La première étape est l’humilité, dont les morales antiques ne parlent pas et qui est liée au rappel de sa condition d’être engendré. Enfin, alors que pour Aristote le critère de l’action bonne est l’homme prudent, pour Bernard de Clairvaux le rapport à soi qui fonde l’unité des vertus traditionnelles (prudence, courage, tempérance, justice) passe par un rapport à l’incommensurable qu’il identifie à Dieu et que, pour ma part, j’identifie au monde commun. Ce dernier est composé des générations passées, présentes et futures, et du patrimoine naturel et culturel ; il constitue une transcendance dans l’immanence et donne une épaisseur à mon existence. La considération est l’expérience de l’incommensurable et, dans mon livre, elle ne désigne pas un mouvement ascendant vers Dieu, une transcendance, mais une transdescendance. C’est, en effet, en approfondissant la connaissance de moi comme d’un être charnel que j’éprouve réellement mon appartenance au monde commun et que la conscience du lien m’unissant aux autres, humains et non humains, devient un savoir vécu. Ma manière de me percevoir et de percevoir le monde change. La considération est le fait d’avoir le monde commun comme horizon de ses pensées et de ses actes. Je passe alors du «vivre de» au «vivre avec» et au «vivre pour» et à l’engagement en faveur du monde commun. Loin de conduire au mépris du monde présent, elle permet au sujet qui la pratique de prêter attention à chaque chose. “
Pour autant, il y a bien des analyses concernant les insuffisances des philosophies morales et politiques classiques par rapport aux défis contemporains et futurs que je peux partager avec Corine Pelluchon.
A suivre ….
Remarque :
J’ai déjà proposé un autre article concernant la prise de position de Corine Pelluchon au sujet de la législation sur la “fin de vie”, où elle se dit à titre personnel opposée à la légalisation du suicide assisté .
Sur ce thème aussi, l’ “éthique de la vulnérabilité” est particulièrement appelée en référence par les adversaires de la légalisation de l’euthanasie volontaire et du suicide assisté : où l’ on voit bien comment le lobby “catho-médical de droite”, proche de la mouvance “sens commun” et de la “manif pour tous” cherche à instrumentaliser les conceptions philosophiques de Corine Pelluchon …