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Crise de l’universel

Cet article, après d’autres concernant le rapport entre la Proposition de l’ « Égale Liberté Libre Égalité » et la question de savoir jusqu’où cette proposition particulière, voire singulière d’une personne individu-elle peut être « universalisée », vise à analyser les articulations avec d’autres analyses contemporaines de ce que certains appellent « La crise de l’ universel ».

Nous partons cette fois-ci d’une émission « Répliques » sur France-Culture du 1er août 2020, intitulée précisément « La crise de l’ universel », où Alain Finkelkraut recevait Francis Wolff et Chantal Delsol

Principe d’ Indétermination Éthique et Liberté

Ceux qui s’intéressent un peu à la physique fondamentale connaissent le « principe d’indétermination de Heisenberg ».
Par analogie avec cette indétermination physique essentielle qui rend impossible la précision infinie simultanée de la valeur de deux grandeurs physiques « conjuguées », à cause de l’existence du « quantum d’ action » élémentaire, je propose d’appeler « principe d’indétermination éthique« , une relation de ce genre qui empêche toute définition formelle universelle précise de la « loi morale » ou de son « principe » ou « impératif » formel central, à cause du couplage inévitable d’une telle « définition » avec la Liberté indispensable pour toute action morale.
C’est en particulier le cas de notre proposition de « Loi Morale Nouvelle ».

Il existe probablement une « raison » formelle commune à ces deux formes d’indétermination, liée au fait qu’une « décision », soit au sens classique de la décision consciente impliquée dans un acte moral, soit au sens simplement physique du « basculement »de l’état d’un système dans un autre, impliquent une forme de discontinuité binaire par « tout ou rien ».
Au niveau de la physique quantique, on connaît le problème du passage des probabilités associées aux « interactions virtuelles » à la réalisation effective de l’une d’entre elles ( problème de la « décohérence » ).

Mais revenons à notre propre question concernant la possibilité ou non de définir un principe éthique ou un « impératif éthique » central qui pourrait être « universalisé ». Les philosophies morales et politiques essayent depuis longtemps d’ « isoler » un tel principe, et en effet, en étudiant ce domaine, on a rapidement l’impression que beaucoup de penseurs « tournent autour’ d’une même idée ou d’un même idéal , sans pourtant arriver à en donner une « définition » ou une « description » universellement admissible :
chaque philosophe, penseur, ou chaque personne qui y réfléchit y va de sa propre « formule » , en supposant que la sienne sera meilleure que celles jusqu’à présent proposées par les penseurs précédents.

S’il est tellement difficile pour la pensée de se mettre d’accord sur une définition commune de ce qui serait « éthique » ou « moral » de façon « universelle », je fais l’hypothèse qu’il y a une sorte d’impossibilité interne à toute démarche d’analyse de la « définition » de ce qui serait universellement « éthique » ou « moral » , liée au fait que toute tentative de donner un sens aux mots comme « morale ou éthique universalisable » , suppose au minimum d’y inclure une réflexion sur la Liberté et donc de se demander s’il existe une signification conceptuellement universalisable de ce que les uns ou les autres entendent par « Liberté » .

Or toute tentative de « définir » la « Liberté » suppose précisément un minimum de « Liberté » dans cette définition, car si la « Liberté » était entièrement définissable par l’arbitraire d’une définition axiomatique, elle ne serait précisément plus la « Liberté », mais simplement un terme formel d’un système axiomatique, d’une « grammaire » .

La « Liberté » est donc par excellence, un « signifiant flottant« , mais pas n’importe quel « signifiant flottant », car il revient récursivement sur lui-même, en exigeant simultanément :
– suffisamment de stabilité dynamique ( celle que soutient précisément l’usage d’un même signifiant appelé « LIBERTÉ », et dont on peut très probablement trouver un ou des équivalents suffisamment approximatifs dans toutes les langues … )
– suffisamment d’ouverture sémantique, précisément également impliquée dans le mot « LIBERTÉ », pour que la boucle récursive auto-définitionnelle de ce « signifiant flottant », trouve de quoi se relancer, même dans des contextes extrêmement hostiles, où toute « liberté » semble définitivement compromise …

Chacun peut facilement comprendre qu’en parlant de « La Liberté », il parle toujours aussi  » de la possibilité toujours renouvelée de choisir parmi de multiples sens ou nuances possibles de ce qu’il « entend par là » :

« Liberté » est donc un terme utilisé dans des langages particuliers et des langues particulières , de diverses façons, mais qui désigne aussi toujours la possibilité de sortir d’un niveau d’usage donné de ce mot, pour reposer « librement » sa reprise à n’importe quel « méta-niveau » :

Je suis « libre » de penser ma « liberté de penser » comme je veux la penser, à savoir « librement ». Ce n’est bien sûr pas par hasard que le mot « liberté » est souvent utilisé conjointement avec les termes d' »autonomie » et d’ « auto-détermination » :

Liberté d’une « Loi » qui se pose librement « ELLE-MEME » et à laquelle « NouS » adhérons « librement », pour la simple « raison » que NouS l’avons NouS-MEMES librement posée.

Ainsi donc aussi, au niveau allégorique iconique, notre formule « ELLE », comme « signifiant flottant », se manifeste par son apparence « ondulatoire » :
Le « liant » de ce lien est suffisamment souple ( à la manière du « roseau » ), pour « plier » sans se « rompre »
ou encore « fluctuat nec mergitur« .
Et chaque « personne libre et égale » doit pouvoir Y trouver sa propre combinatoire de « fréquences » vibratoires.

Physique quantique et kantisme

Dans l’histoire des idées et des concepts fondamentaux de la physique quantique au début du XXème siècle, les spéculations philosophiques entre physiciens ont joué un certain rôle, et notamment toutes sortes de commentaires autour du rapport entre théories quantiques et kantisme, au-delà du simple jeu de mots de l’homophonie où le kantisme rivalisait avec le « Cantique des Quantiques » …

On comprend assez facilement pourquoi la notion même d’ « indétermination quantique » pouvait faire rêver certains à l’espoir d’avoir mis le doigt sur l’articulation même entre réalité physique et liberté « spirituelle » …
Ceci conjointement avec les spéculations sur la « double nature » corpusculaire et ondulatoire, etc. Plus que jamais la rêverie bachelardienne pouvait ici s’alimenter de tous les fantasmes de « mariage entre onde et corpuscule » …

Je ne compte pas ici me placer dans cette lignée de rêverie métaphysique, à la recherche d’une nouvelle « glande pinéale » articulant une prétendue « réalité psychique » à la « réalité physique ».

Je pose plus simplement ( ou de façon plus complexe … ) la question de la relation d’analogie possible entre l’indétermination physique quantique et l’indétermination propre aux usages potentiels différents des « signifiants » d’un langage, y compris d’une langage formalisé, dès que celui-ci est « implémenté » dans des modèles plus ou moins « concrets », voire matérialisé dans des processus physiques « informatiques ».

Une des sous-questions scientifiques à ce sujet peut concerner la problématique de l’ « informatique quantique« . Mais plus abstraitement celle de l’identité d’une « définition » d’un terme ou « élément de calcul » lorsque le processus même par lequel le résultat du calcul est obtenu ne peut pas être connu simultanément avec ce résultat.
Un « calcul quantique » est-il encore un « calcul » à proprement parler ? On se rappelle qu’étymologiquement le calcul se fait avec des « cailloux », donc des éléments « atomiques » ou des états clairement identifiables tout au long du processus de « calcul », ce à quoi précisément le « calcul quantique » renonce, pour pouvoir d’autant mieux exploiter la simple relation formelle entre les « entrées » et les « sorties » de ce « calcul ».

Jusqu’où le « sens » du mot « liberté » est-il libre ?

A partir de quels usages du mot « liberté », l’application de la liberté de pensée critique auto-reflexive à elle-même finit-elle par « scier la branche sur laquelle elle est assise » ?


ELLE a les mains pures … car NouS avons des mains.

Le titre de cet article se réfère bien sûr à une remarque célèbre de Charles Péguy « Le kantisme a les mains pures, mais il n’a pas de mains« .
On trouvera par exemple sur le site PhiloLog une analyse de cette critique de la philosophie pratique kantienne par Péguy

Le lecteur de notre proposition de « Loi Morale Nouvelle » et de sa proposition centrale d’ « Égale Liberté Libre Égalité », peut bien sûr légitimement se demander si celle-ci ne tombe pas immédiatement sous les mêmes objections que toute prétention de « loi morale universalisable », dont la « loi morale kantienne » est le prototype le plus connu.
Sauf que :
– 1. Notre proposition de l’ « Égale Liberté Libre Égalité » comporte en effet un premier membre « Égale Liberté » qui, s’il figurait seul dans notre proposition, pourrait en effet, à cause de son caractère aussi formel, voire plus, que l’énoncé kantien, subir les mêmes types de critiques pour « idéalisme angélique » que l’impératif catégorique kantien.
Mais le deuxième membre de la proposition, la « Libre Égalité » s’appuie directement sur une décision individualisée, sur le choix effectué par une personne physique, qui peut donc parfaitement prendre en compte dans ce choix, toute raison ou motivation « réelle » liée à sa situation « incarnée » actuelle, pour préciser jusqu’à quel point elle adhère ou pas, ou plus ou moins à cette loi morale.
Il n’ y a pas, comme chez Kant, d’universalité a priori supposée, ni donc de forme universelle de l’obligation morale, mais seulement un contrat potentiellement « universalisable » sous condition de la libre adhésion individuelle de ses contractants. C’est donc chaque personne en elle-même, qui détient, pour elle-même, les clés de l’articulation entre la « liberté formelle » qu’elle veut partager le plus universellement possible avec d’autres et la « liberté réelle » variable et différenciée dont elle « dispose » à titre personnel dans la situation incarnée hic et nunc où elle se trouve.

2. « ELLE » n’est qu’une proposition, comme telle en effet form-elle, mais qui n’a d’existence que par et pour les personnes, « NouS », qui énoncent ou adoptent cette proposition. C’est donc ce « NouS », ensemble des personnes physiques correspondantes, qui constitue les « mains » réelles qui peuvent agir au nom de leur commune adhésion au Principe commun d’ « Égale Liberté Libre Égalité » dont l’abstraction formelle est en effet, comme dans le cas de la « forme pure » de la moralité kantienne, l’expression d’un idéal possible, qui n’est rien sans les « personnes souveraines libres et égales » qui choisissent de lui donner « corps » ( politiquement, juridiquement, économiquement, socialement, biologiquement, etc. suivant les capacités de chacun )

L’ « universalisme » en question ?


Cette question peut être introduite de diverses façons.
Par exemple à travers la question posée par Stéphanie ROZA :
« La gauche contre les Lumières ? » ou , pour reprendre le titre de l’ émission de France Culture où elle s’exprime : « La gauche a-t-elle renié ses valeurs ? »

« La gauche pourrait-elle être devenue anti-humaniste, anti-progressiste et anti-universaliste ? Dans quelle mesure certains de ses courants se défont-ils aujourd’hui de l’héritage des Lumières ? On en discute avec la philosophe Stéphanie Roza, auteure de « La gauche contre les lumières » (Fayard). « 

Emission La Grande Table Idées du 28 janvier 2020

Une table ronde de l’ Humanité de novembre 2019 reprend la même thématique concernant l’ héritage des Lumières, « Quel combat des Lumières pour notre époque ? »

ELLE et la « dichotomie du fait et de la valeur »

La dichotomie du fait et de la valeur a une importance capitale par rapport à ma proposition de l’ « Égale Liberté Libre Égalité » et à la question de l’ inscription progressive de la « valeur » d’une telle proposition dans la « réalité factuelle » du monde.
 Mais il ne s’agit pas d’une dichotomie qui relèverait elle-même d’un « état de  fait », comme s’il s’agissait d’une proposition dont il faudrait démontrer ou établir préalablement la « vérité »  :
La « dichotomie du fait et de la valeur » est certes un « objet » de débat philosophique, éthique, juridique, politique, voire économique, mais c’est avant tout une question dont on peut à son tour poser la question de sa « valeur », en appliquant récursivement la question de la dichotomie du fait et de la valeur à cet objet linguistique, psychologique ou culturel lui-même :
Que « vaut » une telle distinction, pour qui et pour quoi faire ?

Autrement dit : toute la problématique dite de « la dichotomie du fait et de la valeur » est elle-même à son tour susceptible de s’appliquer à elle-même :

a) Elle existe bien comme « fait culturel » observable : De la même façon que malgré l’ « existence » fort problématique des « dieux » ou des « licornes » ( en particulier des « licornes roses invisibles » … ), il n’en reste pas moins qu’au delà de la question du « mode d’existence »  de tels « référents », ou même d’un « signifié » précis de telles entités « symboliques », il est possible de se mettre d’accord sur l’existence des « signifiants », même si au sujet de tels signifiants-support, peuvent ensuite se poser toutes sortes de débats scientifiques quant aux niveaux pertinents d’analyse de leurs interactions   : même le mot « néant » – supposé par définition désigner ( comme « signifié » ) l’absence ou l’inexistence de tout « référent » ( du moins lorsqu’on essaye de définir un « néant pur », « purement néant », comme le « reines Nichts » dans la définition hégélienne )  ), existe cependant comme « mot » et donc avec toute une configuration linguistique, psychologique, sociale, culturelle, etc. des usages d’un tel mot par les locuteurs qui s’en servent.

b) Mais constater ou établir un tel « fait culturel »  comme le constat que certains philosophes ou certaines personnes utilisent l’expression « dichotomie du fait et de la valeur » ( dans la complexité de ses relations avec les autres « faits scientifiques » corrélés ) , comme constater le « fait religieux », le « fait éthique » ( il y a des gens qui attribuent une valeur morale ou éthique à tel ou tel comportement ou évènement  ) ou n’importe quel « fait de croyance » n’implique bien sûr aucune conséquence logique quant à la « valeur morale » d’un tel fait pour « nous », et en particulier, dans notre perspective, de sa « valeur morale » dans le cadre de ce que NouS appelons « Loi Morale Nouvelle ».
Ni plus ni moins que n’importe quel autre « fait » que nous pourrions établir et dont nous pouvons constamment revérifier ou  contrôler l’ « existence » en ayant recours à une « démarche scientifique » adéquate.

Bien sûr cela signifie que nous nous soyons au préalable au moins implicitement mis d’accord minimalement sur des usages suffisamment communs du mot « fait » dans un nombre de situations elles-mêmes suffisamment clairement identifiables par les acteurs qui cherchent à s’accorder sur l’ existence ou l’ inexistence de ce « fait« .

1. Il existe donc un « réalisme » élémentaire dont le partage « réel » spontané conscient est commun non seulement aux êtres humains, mais est aussi immédiatement partagé avec d’autres autres organismes vivants, qui tout en « vivant dans leur monde à eux », vivent aussi en partie dans le « même monde » que nous, ou même d’une certaine façon par l’ensemble des « phénomènes physiques » qui interagissent entre eux au niveau de l’univers, sans avoir la moindre « conscience » d’une telle interaction.

Ainsi : « il y a une souris qui court devant mes yeux dans la pièce » est un « fait ordinaire » que même mon chat – et lui encore plus que moi – pouvons constater en commun, même si les significations et les « valeurs » que nous pouvons attribuer à ce « fait ordinaire » communément constaté peuvent être extrêmement différentes, comme en témoignent les différences de « réactions comportementales » à ce « fait » communément « perçu » ou « vécu ».

Bien sûr, ni le chat, ni la souris, ni la mouche qui vole du museau de la souris à celui du chat en y trouvant de quoi se nourrir, ni même un grand nombre de congénères humains qui assisteraient à la « même scène factuelle » ( dans son « identité existentielle ») , ne seraient capables aussi, en plus, de se donner toutes sortes d’autres représentations et niveaux d’ analyse de cette même scène, comme interaction complexe d’organismes biologiques ayant des fonctions biologiques liées à leurs espèces respectives, ou comme agents économiques remplissant des fonctions diverses dans le marché comparé des raticides et des croquettes pour chats, comme système complexe d’interactions « physiques » entre des milliards de molécules diverses, des atomes ou des ondes-particules quantiques, ou des masses en interactions dans un champ gravitationnel … etc. etc. , ou de se dire que ce qui est ainsi naïvement « vécu » comme une « scène factuelle commune » par les différents protagonistes est aussi le résultat  d’interactions  neuronales complexes dans leurs systèmes nerveux respectifs ( pour ceux qui en ont ) …

2. Nous, êtres humains, pouvons ensuite nous demander si et comment « ce qui se passe » dans cette scène factuelle vécue par chaque perspective d’acteur, peut, doit ou non, appeler de notre part à la reflexion, et non au simple « reflexe » lui-même aussi  factuellement constaté, sur d’autres types de réactions possibles que celles dont nous avons pu être les acteurs témoins immédiats de  « ce qui s’est passé ». Réactions et conséquences à plus long terme, avec au moins un décalage temporel minimum de « reflexion » où interviennent précisément des « évaluations » conscientes et des décisions conscientes d’intervenir ou pas, soit pour « laisser le « fait » se dérouler comme il se déroule de facto » , soit pour mettre en oeuvre une action organisée consciemment motivée ou « justifiée »  d’intervention et de modification au moins partielle de la situation factuelle « vécue » ou « constatée ».

La « dichotomie du fait et de la valeur » est donc elle-même explicitement reliable, dans un tel « délai de reflexion » qui désormais s’est ouvert pour nous « humains » au moins – mais déjà partiellement pour bien des organismes vivants conscients – à la volonté ou non de développer et de transformer à son tour  les conditions de ce « délai reflexif » lui-même , non plus en nous laissant simplement guider intérieurement par une quelconque « réalité des valeurs » qui s’imposerait comme s’imposent encore nos autres réactions émotionnelles réflexes, mais bien en ayant aussi en tête, en même temps, la possibilité de la « reflexion sur cette reflexion » , désormais potentiellement « réplicable à l’infini ».
C’est-à-dire, d’une « reflexivité » récursivement applicable à elle-même aussi longtemps que nous le déciderons dans la mesure où l’immédiateté « reflexe » « automatique » ( ou psychologiquement, socialement, culturellement, économiquement « automatisée » par apprentissage ou stabilisation sélective d’un « habitus » ), des boucles actions-réactions interactives ( qui assurent aussi en partie notre survie ordinaire ) peut toujours à nouveau être suspendue par la création d’une nouvelle boucle-délai  …
… Aussi longtemps que subsiste cette double capacité ( boucle )  d’ouverture au réel en tant qu’il nous « apparaît » et d’ancrage dans le réel, par le fait même que nous en faisons partie, et que précisément le « jeu » de ces deux grandes modalités de rapport au « réel » ( boucles externes, boucles internes ) , nous ouvre l’espace du je libre auto-re-producteur de soi, et dans lequel tout autre « je-nous » peut venir connecter et articuler ses propres boucles.






ELLE et l’ « éthique minimale » de Ruwen Ogien

La « Loi Morale Nouvelle » que nous proposons à toute personne qui voudrait librement y participer, et dont la proposition fondatrice principale s’ énonce comme « Égale Liberté Libre Égalité », est sur bien des points proche d’une conception morale comme celle de l’ « éthique minimale » de Ruwen Ogien, avec cependant des différences théoriques importantes qui pourront être examinées par la suite.

Le site « https://ethique.xyz » de Guillaume Gallais permettrait de servir de point de départ à une telle comparaison.
Il se peut que je me confronte à cette tâche …

D’une façon générale d’ailleurs bien des adversaires de ma proposition considèreront sans doute que cette proposition – comme celle de l’ éthique minimale de Ruwen Ogien –  est dans la grande tradition du « libéralisme politique » et que celui-ci se fonderait nécessairement à son tour sur une certaine conception du « droit naturel ».
Si certains critiques  tiennent à continuer à parler à ce sujet de « tradition du libéralisme politique », qu’ils notent au moins que nous ne cherchons plus à nous appuyer sur aucun « droit naturel », mais bien sur la liberté créatrice de son propre « droit », c’est à dire des conditions formelles et « réelles » de sa propre généralisation égalitaire … à tout organisme conscient de l’ univers qui voudrait librement en accepter cette même « Égale Liberté ».

Le projet de Ruwen Ogien était semble-t-il de trouver un noyau de consensus minimal entre les grandes philosophies morales traditionnellement opposées.
Cette démarche se rapproche alors de celle de Rawls dans le domaine de la philosophie politique, dans la recherche d’une « consensus par recoupement », mais  il y a probablement des différences importantes du fait de la différence non seulement des domaines, mais aussi des références philosophiques préférentielles de ces deux auteurs.

C’est peut-être plus sur le terrain des « applications concrètes » à des situations réelles que le relatif accord entre l’ « Éthique minimale » d’ Ogien et notre propre proposition apparaîtra plus que sur le terrain des principes théoriques respectifs.
En effet je constate, de façon purement « empirique », que sur beaucoup de « questions de société », mes réactions « morales » sont très proches de celles de Ruwen Ogien, que beaucoup qualifieraient de « libertaires » .
Ainsi en ce qui concerne des grandes questions de débat de « bioéthique », la maîtrise de la fécondité et de la reproduction,  des conditions de la fin de vie, des choix sexuels , ou de transformations corporelles,  ou encore de « moeurs » comme la prostitution ou la pornographie, mes orientations sont proches de celles de l’ « éthique minimale » de Ruwen Ogien.

Du point de vue théorique formel cependant, il existe une différence considérable entre l’approche de l’ « éthique minimale » de Ruwen Ogien et celle que je propose sous l’ expression  de « Loi Morale Nouvelle ». Elle apparaît de façon manifeste à propos du « principe d’indifférence morale du rapport à soi« .

Tout se passe comme si l’ « éthique minimale » de Ruwen Ogien n’était en effet que la réduction au degré « minimal » des formes classiques anciennes de « théories morales », par une forme d’érosion progressive de toute la part d’ « hétéronomie » qui existe encore dans ces « lois morales anciennes », jusqu’au point où il n’existerait plus une telle asymétrie hétéronome propre aux anciennes morales, que dans la relation de l’agent moral aux « autres », et donc que la notion de « morale » aurait définitivement  perdu tout  sens possible dans le rapport du sujet à lui-même.

L' »éthique minimale » d’Ogien m’ apparaît donc comme un point où le « degré zéro » de l’ ‘ »hétéronomie » morale pour le sujet moral se rapportant à lui-même – ce que Ogien qualifie de « principe d’ indifférence morale du rapport à soi » , se transforme radicalement – pour moi –  en « autonomie » , où la liberté du sujet moral se « justifie » entièrement par et pour elle-même :

Ce qui apparaît comme « degré zéro » des anciennes morales hétéronomes, quand il s’agit du rapport du sujet moral à lui-même, est en réalité , dans notre propre perspective de « Loi Morale Nouvelle« , le point même d’auto-fondation de la Loi Morale Nouvelle dans et par la « personne souveraine sur elle-même », dans sa Liberté d’ « autonomie radicale » :

Ce n’est donc pas l’ absence de toute considération de « moralité » dans la sphère personnelle propre, mais la marque même de la « nouvelle moralité » autonome auto-référentielle, mais qui par là même se propose comme également revendicable par toute autre personne qui effectue cette même « révolution  morale » d’ auto-référence de l’autonomie morale.


Faut-il pour autant considérer qu’en réalité ma proposition d’ « Egale Liberté Libre Egalité » n’a plus rien à voir avec une quelconque question « éthique » ou « morale » , mais serait entièrement résorbée dans d’autres modalités étrangères à l’éthique, comme par exemple une sphère « juridique » formellement autonome, ou encore la sphère proprement « politique », sphères dont la cohérence interne aurait par ailleurs évacué à l’extérieur tout questionnement « moral » ou « éthique » ?

Ou encore, faudrait-il considérer que ma position, contrairement à celle de Ruwen Ogien, qui accepte encore le terme d' »éthique minimale » ( ou de « morale minimale ») quant il s’agit du rapport aux autres, consisterait purement et simplement à rejeter toute signification possible de la notion de « morale », ou à renvoyer purement et simplement toutes les discussions « éthiques » dans la même catégorie générale des conceptions purement « subjectives »  que les croyances religieuses ou autres de toutes sortes, qui certes peuvent faire l’objet de débats passionnés pour certains, mais ne peuvent plus, dans une société pluraliste, démocratique et laïque, être considérés comme « normatives » ou « prescriptives » pour le « citoyen » de cette société ?

Quel est l’ élément COMMUN à tout questionnement « éthique » ou « moral » , aussi bien dans les différentes « morales anciennes », en particulier dans une théorie morale « kantienne », que dans l’ « éthique minimale » de Ruwen Ogien, et également dans ma propre proposition ?
C’est la LIBERTÉ.  Là où une « loi morale » quelconque prétendrait exclure tout rapport à la LIBERTÉ des personnes dont elle prétend « réguler » les actions, une telle « loi morale » se contredirait elle-même dans sa qualité  « morale » . Elle serait encore une « loi » sans doute, par exemple « juridique », « politique », « religieuse », « sociétale », « économique »ou tout ce qu’on voudra, mais pas une loi « MORALE ».

Ceux qui voudraient exclure la question de la LIBERTÉ des acteurs qui sont « sujets de la loi morale », de leur questionnement et pourtant continuer à qualifier leurs propositions de « lois » comme « morales » ou « éthiques » peuvent alors être assurés qu’ils ne parlent pas de la même chose, sous ce mot  de « morale » ou d’ « éthique » que ce dont je parle,  et non seulement de ce dont je parle, mais de ce dont parlent une grande partie des « théories morales » qui impliquent un rapport , certes variable, mais incontournable, à la question de la Liberté.

Et quand l’éthique minimale de Ruwen Ogien prétend exclure le « rapport à soi » de tout questionnement « moral », c’est en réalité parce qu’il considère la LIBERTÉ comme « allant de soi » dans le domaine strictement « personnel » du rapport à soi. Mais tout se passe comme si son « éthique minimale » opposait encore ce domaine du rapport à soi de la personne à l’ ensemble des rapports « moraux » avec les autres personnes.  Tout se passe donc comme si la notion de « loi morale » venait encore d’un quelconque « ailleurs » ou d’un « Grand Autre » ( à la manière de Lévinas par exemple ) , donc en transformant la simple DIFFÉRENCE entre le rapport à soi et le rapport aux autres ( que bien sûr j’admets comme lui ) en une opposition de deux domaines totalement distincts, basés sur d’autres critères et d’autres justifications.

Je soupçonne donc cette « éthique minimale » de ne s’être pas encore réellement affranchie de l’ « hétéronomie » propre à toutes les « anciennes morales », où le principe ou le fondement de la « loi morale » proviennent précisément d’ailleurs que de la seule considération de la LIBERTÉ des personnes concernées.


 Il faudra ici voir de plus près pourquoi Ruwen Ogien continue de revendiquer le mot « éthique » ou le mot « morale » pour sa propre proposition philosophique, du moins dans la « relation aux autres ».
 Comment cette exclusion de la relation à soi du domaine d’une morale possible  peut-elle, dans son système, rester compatible avec son autre principe de l’ « éthique minimale » à savoir le « principe d’égale considération » ?  Pourquoi la personne elle-même se considèrerait-elle comme non « également considérable » par elle-même, alors même qu’elle prétend que cette « égale considération » s’étend à tous les « autres » ???
Je trouve qu’il y a là une parfaite incohérence logique dans la position simultanée de ces deux principes !
( Sauf si le « soi-même » était entièrement différent et incompatible avec le « soi-même » des autres. Mais si les « autres » sont aussi, si peu que ce soit, des « alter ego » , chacun de ces « alter ego » peut revendiquer précisément cette même « indifférence morale du rapport à soi » , et décider que désormais, puisque « NouS » rejetons toute ingérence prescriptive et normative hétéronome externe ( les « morales anciennes »)  dans notre « propre domaine personnel », NouS partageons cependant la même exigence, que NouS NouS donnons à NouS-Mêmes, à savoir de respecter en chacun cette même « indifférence morale du rapport à soi« , qu’on peut aussi bien appeler « Autonomie personnelle ou liberté morale personnelle radicale » ou comme je le suggère aussi « Souveraineté de la personne sur elle-même » et dans ce cas NouS voyons bien sûr facilement en quoi un équivalent du « principe d’ égale considération » en découle immédiatement pour autant qu’on le restreigne à toutes les autres personnes qui acceptent librement de se considérer réciproquement comme de telles « personnes souveraines sur elles-mêmes » : Ce que j’ appelle « Égale Liberté » n’est rien d’autre que la proposition de l’ « Égale considération » … en tant qu’elle est librement acceptée par toute personne qui voudrait aussi être ainsi librement « considérée » par les autres., et bien sûr en tant que cette Égalité considère chacune de ces personnes comme fondamentalement « souveraine sur elle-même », c’est à dire, au moins aussi libre dans ces choix personnels que la personne l’est l’ éthique minimale de Ruwen Ogien quand il propose que le « rapport à soi-même » ne soit plus concerné par les questions de « moralité ».

Autrement dit : La proposition d’ Égale Liberté Libre Égalité propose une aussi grande autonomie de la liberté personnelle pour tout ce qui ne concerne que la personne elle-même, que le propose le « principe d’indifférence morale du rapport à soi »  de Ruwen Ogien, sauf que l’ « indifférence morale » est entendue par rapport à toute ingérence morale hétéronome, et pas par rapport à ce que j’ appelle désormais la « Loi Morale Nouvelle », dont la « nouveauté » est précisément fondée sur la LIBRE reconnaissance mutuelle réciproque d’une telle « indifférence morale ( ancienne ) du rapport à soi » . Reconnaissance réciproque explicite qui institue du même coup un nouveau « rapport moral aux autres », au point qu’il n’y ait plus besoin d’autre principe proprement « moral », que cette reconnaissance réciproque pour en « fonder » la légitimité morale commune.


Je vois bien une des « raisons » pour lesquelles Ruwen Ogien pense que la dénomination de « morale » ou d’ « éthique » est parfaitement « indifférente » dans le « rapport à soi » : C’est qu’il suppose que notre rapport à nous-mêmes est « par définition » ( du « soi-même » ) toujours en parfaite coïncidence et accord avec nos propres valeurs personnelles dont nous jugeons par nous-mêmes, ou que les problèmes de désaccord « intérieurs » au sujet qui peuvent subsister, ne peuvent être que d’une autre nature ou ne peuvent se traiter que par d’autres moyens  que le questionnement « éthique » ou « moral ».  ( ou relever précisément de la seule « souveraineté de la personne sur elle-même » considérée comme « autonomie morale personnelle » : c’est moi ( A.S. ) qui précise ainsi cette « indifférence morale » )
Bref, au nom de l’idée, que je partage avec lui, de l’ « autonomie personnelle », il s’agit de rejeter toute pression normative ou prescriptive d’une morale collective HÉTÉRONOME de provenance sociale ou culturelle partout où la relation aux autres n’est pas  directement concernée.

Mais pourquoi cette relation que nous entretenons avec « nous-mêmes » dans le cadre d’une telle « autonomie personnelle » que nous voulons garantir contre toute ingérence prescriptive ou normative d’une norme sociale ou culturelle prescriptive externe, en cherchant précisément à transformer en ce sens plus « libertaire » les institutions juridico-politiques des sociétés où nous vivons, ne serait-elle pas justement, partagée par un grand nombre de nos contemporains, au point précisément de devenir le fondement même de la relation « éthique » ou « morale » que nous entretenons avec eux ?

Il reste une « raison » sans doute que Ruwen Ogien cherche à préserver dans sa propre conception morale d’une « éthique minimale », c’est sa « prétention à une validité universelle« . Il pense probablement encore, que ce qu’il appelle « éthique » ou « morale » – même aussi « minimale » qu’il faudra, peut encore faire l’objet d’une validité universellement reconnue, et que cette « validité universelle » peut être au moins philosophiquement « argumentée » à défaut de pouvoir être « démontrée » ou « prouvée ».
Mais du moment qu’il extrait le « rapport à soi » du domaine d’une telle validité « éthique » et ne le réserve plus qu’au rapport entre les personnes , cette « prétention à une validité universelle » est déjà très sérieusement entamée ! Et se coupe en plus de toute possibilité de chercher à fonder une telle « validité » au coeur même de la relation de la personne à elle-même.

Pour que Ruwen Ogien fasse le pas décisif d’une « Loi Morale Nouvelle », il aurait dû renoncer à cette « prétention à la validité universelle » propre à l’ ensemble des anciennes « théories morales » et « lois morales », y compris donc la sienne, comme « éthique minimale ».
Et donc accepter une forme de « relativisme moral » qu’il n’ a jamais voulu assumer.

C’est ce que je fais bien sûr, en  incorporant explicitement le principe de la « Libre Égalité » comme membre symétrique de l’ « Égale Liberté » dans l’ énoncé – devise résumant  ma propre proposition de « Loi Morale Nouvelle » :
La « prétention à la validité universelle » des « théories morales anciennes » est alors par définition rabattue à la seule « communauté virtuelle » des PERSONNES LIBRES ET ÉGALES QUI SE CONSIDÈRENT ELLES-MÊMES ET MUTUELLEMENT COMME TELLES.
De cette « communauté morale virtuelle », tout organisme conscient PEUT, – s’il a les moyens empiriques  réels ( biologiques notamment ) d’une telle prise de conscience psychologique – décider d’en être un membre, très exactement dans la mesure où il comprend et accepte exactement ce même « droit moral » ( « nouveau » ) pour tout autre organisme conscient qui fait ou ferait une démarche similaire d’appartenance en s’engageant librement  comme lui  à ce même respect de leur Égale Liberté et de leur Libre Égalité.

Il n’y a donc plus de « relation éthique ou morale » ( au sens NOUVEAU ) pensable comme « universalisable » en dehors de la LIBRE ADHÉSION PERSONNELLE à une telle relation éthique.
Libre adhésion … dont le modèle même peut être trouvé dans cette « autonomie personnelle » même par laquelle nous définissons et exigeons nous-mêmes notre propre autonomie de « personne » et que nous acceptons que d’ AUTRES PERSONNES fassent de même en ce qui les concerne.

Alors en effet, du point de vue de la plupart des « anciennes éthiques », une telle position est sans doute considérée théoriquement, comme « non éthique »  … parce qu’elle renonce à sa propre « hégémonie universelle ».
Il ne manque pas cependant, de prétentions « morales » qui ne prétendent pas à une telle universalité …
Mais dans la réalité, comment se concrétise cette « prétention à la validité universelle » d’un certain nombre des « anciennes théories morales » et des anciennes « lois morales »  ? Sinon par la prétention de chaque auteur, philosophe ou pas, de dire que l’ « éthique » ou la « morale » telle que LUI-MEME la conçoit ou telle qu’il y adhère par tradition … devrait être adoptée par les autres ! 

Mais par ailleurs, dans sa pratique proprement philosophique du débat philosophique, n’accepte-t-il pas, pragmatiquement, que les autres philosophes puissent effectivement proposer, dans l’ espace public de la discussion, des « théories morales » et des « lois morales » différentes de la sienne ? Il pratique alors, de fait, une prescription implicite  librement acceptée de reconnaissance mutuelle de la liberté de conscience et d’ expression de chacun, et donc prouve par là-même qu’il est possible, de fait, entre « personnes de bonne volonté » de faire cohabiter, dans certaines circonstances et situations du moins, des expressions personnelles très différentes … de la MÈME ÉGALE LIBERTÉ.

Il prouve aussi « performativement » que, contrairement à ce qu’il croit sans doute, il est possible de constituer ainsi des espaces d’une « pratique éthique »  ( rendue possible par la libre acceptation au moins implicite de cette égale liberté de penser et de s’exprimer ) , sans avoir besoin d’une « théorie morale » à « prétention à la validité universelle » supplémentaire , puisque chacun peut se contenter de « défendre la sienne » en permettant à tous les autres de « défendre la leur », sans qu’on soit le moins du monde parvenu à un « accord minimal » sur une de ces théories morales proposées !

Une telle remarque concernant la position implicite performative d’un « principe d’égale liberté » dans les procédures du « débat démocratique » ou du « dialogue philosophique »  a déjà été faite par de nombreux auteurs ( Jurgen Habermas, Marcel Conche, etc… ) avec l’ idée qu’il suffirait ensuite d’ étendre consciemment aux autres sphères de la vie humaine, l’application de ce principe dont on a expérimenté la possibilité dans le dialogue conversationnel entre personnes de « bonne volonté ».
SAUF QUE , d’une part, tous les « débats démocratiques » ou toutes les discussions philosophiques réelles, ne se passent pas nécessairement aussi « bien » ( en se conformant à l’égale liberté librement acceptée des esprits participants   … ) ; et d’autre part, un très grand nombre des autres aspects et conflits de la vie humaine ( hors « conversation polie » ) mettent bien sûr en jeu d’autres « intérêts » que le seul agrément commun d’une conversation partagée …
Une telle volonté de transfert généralisé fondamental du principe d’ Égale Liberté librement accepté à l’ ensemble des problématiques éthiques, juridiques, politiques, économiques, etc. suppose précisément selon moi, une volonté explicite consciente d’effectuer un tel transfert, non pas une « volonté générale », mais d’abord une volonté personnelle des personnes qui veulent effectivement le réaliser – aussi progressivement qu’elles le voudront – mais en effet « effectivement ».

Et « pour commencer », la chose la plus simple et la plus facile, SI ON EST LIBREMENT EN ACCORD AVEC UN TEL IDÉAL, c’est de le « dire » ou de le déclarer publiquement.
C’est ce que j’ai commencé à faire depuis un certain temps déjà …
Absolument rien ne VOUS empêche de faire « la même chose » … à votre façon.
C’est VOUS qui voyez .















Place prépondérante de la Liberté dans la « Loi Morale Nouvelle »

En quoi la « Loi Morale Nouvelle » ( centrée sur la Proposition de l’ « Égale Liberté Libre Égalité » ) est-elle « nouvelle », par rapport aux « lois morales anciennes », tout en continuant à utiliser le terme de « Loi Morale » ?

La différence provient du rôle différent qu’y joue désormais la Liberté, comme auto-fondatrice de sa propre « valeur morale ».

1. La plupart des « morales anciennes » – et ceci d’autant plus qu’elles se revendiquent comme « modernes » – , donnent une place importante à la Liberté personnelle dans l’exercice de l’ « obéissance » du « sujet moral » à la « loi morale« .
Les lois MORALES se distinguent précisément des autres types de LOIS auxquelles une personne peut être « soumise », par  leur appel à la Liberté du « sujet moral ». 
Les autres sens du mot « LOI » se trouvent notamment :
– Soit dans une expression comme « loi de la nature » et / ou « loi de la physique », loi logico-mathématique, etc. Dans ce cas la forme de « soumission » de la personne à ce type de lois, en tant que la personne est aussi en même temps une partie de la réalité ( un « corps » physique, biologique, un organisme vivant appartenant à l’ espèce homo sapiens, un agent économique, le membre individuel d’une société politique, d’une classe sociale, etc… ), est en général appelée « nécessité« , et la place et la fonction de cet « objet » dans le réel est décrite comme la composition plus ou moins complexe d’un certain nombre de facteurs de « causalité« , dont l’ étude fait l’objet de toutes sortes de disciplines « scientifiques », soit de « sciences de la nature », soit de « sciences humaines et sociales », etc…
– Soit dans un sens « juridico-politique », où la personne, comme membre d’une société donnée et notamment comme citoyen « justiciable » d’un « état de droit », est soumise aux « obligations légales » du système juridico-politique en question, qui peuvent devenir « légalement » aussi des  contraintes exercées sur la personne par le système juridico-politique.
( Ce qu’on appelle souvent l’exercice du « monopole de la violence légitime dans un état de droit » )
Évidemment, ce deuxième sens du mot « loi »est très important, car il fait déjà une place à la valeur de la notion de « liberté », mais la « liberté » individuelle  du membre d’un « état de droit » au sens actuel est cependant soumise à la coercition physique possible du « pouvoir exécutif » réalisant « physiquement » ( en utilisant des contraintes physiques des « lois de la nature » ) sur la personne physique des « sanctions » définies par un « jugement » opéré par le « pouvoir judiciaire ».

Dans toutes les « lois morales« , qui se distinguent à la fois des « lois de la nature » ( règne de la « nécessité » ) et des lois juridico-politiques ( règne de la « contrainte légale » ) , la « loi morale » se rapporte à une « obligation » ou à un « devoir » supposés ( et décrits plus ou moins précisément par cette loi ou des « règles » qui en dérivent ) , qui certes « obligent » le « sujet », mais sans le contraindre, ni par une quelconque « nécessité naturelle », ni par une « obligation juridico-politique », mais simplement en faisant appel à sa « raison » ou à sa « libre volonté personnelle ».
Même les « lois morales » religieuses liées à la croyance d’une origine divine de la « loi morale », et où l’ « auteur divin de la loi » est supposé en plus doté d’une « toute-puissance », sont présentées par leurs « théologiens » comme faisant appel à la LIBERTE de la « créature humaine » : « Dieu a voulu que l’être humain soit libre, tout en souhaitant que les décisions de cette liberté soit conformes à la volonté divine inscrite dans la « loi divine ».

De même , toutes sortes d’autres « lois morales », tout en présentant un « encadrement de la liberté » externe à cette liberté elle-même ( donc « hétéronomes » en ce sens ), ne se présentent elles-mêmes comme « MORALES » que parce qu’elles supposent un « libre consentement » de la personne elle-même à cette restriction instituée par la « loi », donc au minimum sans exercer de contrainte physique a priori ou de violence sur la personne « sujet moral ».
Sans cette liberté personnelle minimale, toutes ces « lois morales » et les « théories morales » qui cherchent à les justifier se sont rendu compte qu’elles risquaient fortement de perdre  leur propre qualificatif de « MORALES » .

En proposant le principe d’une « Loi Morale Nouvelle », nous reconnaissons donc  qu’une certaine place est déjà intrinsèquement accordée à la Liberté dans ce qui constitue toute « Loi Morale » comme distincte à la fois d’une « Loi de la nature » ou d’une « Loi de la nécessité causale  réelle en général  » ( lois sociologiques ou psychologiques ou économiques par exemple, etc. alléguées par ces disciplines scientifiques), et distincte d’autre part de toutes les « lois de la société » instituées comme contraintes jurico-politiques collectives pouvant finalement faire appel à une forme de « violence politique légitime » dans un « état de droit ».

Un moment particulièrement significatif d’une évolution plus importante de la notion et de la valeur de la Liberté s’est faite philosophiquement dans la conception kantienne du « sujet moral » capable d’ « autonomie de la volonté », et du point de vue juridico-politique dans la reconnaissance rousseauiste du citoyen comme participant à la formation même de la loi ( ou du contrat social ) à laquelle il est par ailleurs soumis par sa propre volonté intégrée dans la « volonté générale ».
Ce moment philosophico-politique a aussi été signalé par certains auteurs comme passage de la « liberté des Anciens » à la « liberté des Modernes » dans le rapport individu / société .

2. En plus de la présence du libre consentement du « sujet moral » à l’ « obéissance » à la « loi morale », les « lois morales anciennes » comportent un contenu spécifique qui ne se  limite pas à la liberté elle-même ou aux conditions de son universalisation possible. C’est en quoi toutes ces « lois morales » différentes se distinguent les unes des autres, même si elles supposent toutes une « libre obéissance ».
Autrement dit il subsiste dans ces « lois morales » une forme d’ « hétéronomie » du contenu de ces lois par rapport à l’ autonomie de la volonté de la personne qui s’y soumet librement.
Remarque : une telle hétéronomie du contenu de la loi est toujours présente lorsqu’une « volonté générale », même librement acceptée par un « citoyen » ayant participé à son élaboration, s’impose à ce citoyen à travers la coercition spécifique de l’ ordre « juridico-politique » de l’ « état de droit ».
Mais dans ce cas nous ne sommes plus dans le cas d’une « loi morale » qui ne peut, comme telle ( comme strictement « morale ») , jamais s’imposer par une quelconque coercition.

Mais dans toutes les « lois morales anciennes », une telle hétéronomie du contenu reste également présente, car la « loi morale » n’y est pas identifiable à la simple proposition d’une « Égale Liberté » : elle prétend en plus savoir, à la place des personnes elles-mêmes, en quoi consiste le rapport entre leur liberté personnelle propre et le contenu général des « droits et devoirs » proposé par la loi à tous les sujets moraux qui la reconnaissent.

Remarque : Kant a été le philosophe qui a le plus remarquablement essayé de définir la « moralité pure », comme étant purement « formelle » au sens où la « loi morale » qu’il propose n’est pas définie par un contenu particulier mais seulement par une « forme a priori »de la moralité, qui déjà dans la proposition kantienne, a un rapport étroit avec l’ « autonomie de la volonté » et donc avec la Liberté.

3. La « Loi Morale Nouvelle » que nous proposons sous les termes d’ « Égale Liberté Libre Égalité » est en un sens aussi « formelle » que la « Loi Morale » kantienne, mais elle ne prétend à aucune « universalité a priori », puisqu’ elle fait dépendre la VALEUR de cette « forme » supposée « universalisable » mais non pas « universelle » (  nommée « Égale Liberté »  ), uniquement de la Liberté personnelle des personnes qui choisissent « librement » de la partager … entre toutes les personnes qui font le même choix et seulement si  elles font ce même libre choix.
On comprend d’ailleurs alors assez rapidement que le critère essentiel de la « moralité » ne devient plus comme chez Kant celui de l’ universalisation a priori ( dont on sait d’ailleurs à quelles dérives absurdes les essais d’application concrète ont donné lieu de la part de Kant lui-même et de nombre de ses supposés « disciples » ). Le critère de cette  nouvelle « moralité formelle » n’est pas la forme générale d’une « Loi » qui se rapprocherait du sens de ce terme lorsqu’il est question de l’ « universalité et de la nécessité des lois de la nature », mais bien la LIBERTE elle-même, en tant qu’elle est à la fois Librement et Également « partageable » entre toutes les « personnes » qui font le libre choix de vouloir ainsi la partager … entre elles.

La « Liberté » et l’ « Égalité » dont il est question dans notre proposition de l’ « Égale Liberté Libre Égalité » ne sont donc des « valeurs » essentielles et fondamentales que pour les personnes qui font le libre choix de les considérer comme telles … 
Eet les personnes qui pourraient un jour se réclamer de la « protection » des « Droits » ( d’un « Nouvel ordre juridico-politique » ) institués à partir de telles valeurs, ne peuvent, par définition le faire « légitimement » ( suivant cette légitimité nouvelle ) que si elles reconnaissent elles-mêmes aux autres personnes faisant comme elles ce libre choix, la jouissance du nouveau « droit moral » qu’elles posent ainsi pour elles-mêmes. Et s’ « imposent » donc à elles-mêmes les mêmes conditions générales de « devoirs » – s’il existe et aussi longtemps que subsistent de telles conditions – pour que ces « droits égaux » à l’ « Égale Liberté » soient et deviennent autre chose qu’une simple « incantation verbale » que chacun PEUT en effet énoncer.

Le critère d’ « universalisation » ne vaut donc lui-même que par et pour les personnes qui veulent ainsi librement se donner un tel critère commun ( entre elles ) .
Et en particulier, dans le cas de la « communauté virtuelle » de toutes les personnes qui choisissent librement de participer à l’ énoncé commun de cette proposition d’ « Égale Liberté Libre Égalité » et aux essais que chacune de ces personnes peut faire d’en traduire l’énoncé abstrait dans des situations concrètes vécues ( dans l’ amélioration des conditions réelles de cette « égale liberté » formellement reconnue de chacune de ces personnes  par chacune de ces personnes), l' »universalisation » ne s’étend qu’aussi loin que la liberté personnelle de chaque participant VEUT en réaliser l’ extension commune partageable.

Bien sûr, certaines personnes le voudront plus que d’autres, et chercheront davantage à en trouver ou à en construire ou créer les conditions réelles favorables, générales ou locales. Mais quel que soit le degré qualitatif ou quantitatif  de « participation » à ce « travail », de « collaboration » formelle ou informelle, chacune sait que PAR DÉFINITION de cette « Loi Morale Nouvelle », elle ne peut pas exiger « légitimement – moralement », au sujet de ces conditions réelles de l’ Égale Liberté, PLUS des autres personnes qu’elle n’est elle-même personnellement prête à fournir comme part personnelle de « travail » nécessaire.
  C’est ce que signifie l’ « ÉGALITÉ » de la « LIBERTÉ ».
Mais simultanément, également PAR DÉFINITION ( de la « LIBERTÉ » de cette « ÉGALITÉ » ) , une telle participation « équivalente » à l’ Égale Liberté, à la découverte et à la construction progressive des « conditions réelles » de sa « réalisation effective » , ne peut pas être en général évaluée à l’ aune d’une quelconque mesure comptable définissable a priori, même si chaque personne concernée s’engage ( par DÉFINITION , sa propre « Égale Liberté »  fondamentale Y est en cause ) à participer à ce Projet d’ Égale Liberté Libre Égalité dans une « mesure » au moins « équivalente » à ce qu’elle attend … des autres.

De très nombreux « contrats partiels » sont d’ailleurs librement envisageables, dans tous les sens imaginables de cette « partialité » et du pluralisme inhérent à cette « liberté », à condition que les créateurs de ces contrats se demandent réellement en quoi leur travail « collectif » organisé par un tel « contrat partiel » ( politique, juridique, social, culturel, économique, etc. ) est réellement compatible avec le Projet d’ Égale Liberté Libre Égalité et donc en quoi ce contrat partiel n’est pas intrinsèquement contraire à l’ Égale Liberté d’autres personnes voulant établir d’autres contrats partiels censés rester également compatibles avec le Projet Idéal Commun à toutes les « Personnes également libres et librement égales ».









Une analyse de Paul Ricoeur concernant le lien éthique

L’ article complet peut être trouvé ici :
http://www.enfantsdestill.com/pages/Avant_la_loi_morale_lethique-5531075.html
Avant la loi morale : l’éthique
Paul Ricœur
( Paru dans Encyclopédia Universalis 1985 )
«  Le propos de cet essai est de mettre au jour l’intention éthique qui précède, dans l’ordre du fondement, la notion de loi morale, au sens formel d’obligation requérant du sujet une obéissance motivée par le pur respect de la loi elle-même. Si je parle d’intention éthique plutôt que d’éthique, c’est pour souligner le caractère de projet de l’éthique et le dynamisme qui sous-tend ce dernier. Ce n’est pas que l’idée de loi morale n’ait pas sa place en éthique. Elle a une fonction spécifique ; mais on peut montrer que celle-ci est dérivée et doit être située sur le trajet d’effectuation de l’intention éthique.

Je propose donc de distinguer entre éthique et morale, de réserver le terme d’éthique pour tout le questionnement qui précède l’introduction de l’idée de loi morale et de désigner par morale tout ce qui, dans l’ordre du bien et du mal, se rapporte à des lois, des normes, des impératifs. »

De nombreux éléments d’ analyse de la question éthique proposées dans cet article par Paul Ricoeur peuvent servir de point de réflexion et de comparaison avec notre propre proposition.
( par exemple la question du « pôle_je », du « pôle_tu » et celle du « tiers de médiation neutre » …

Par exemple aussi le paragraphe suivant :

« C’est ici, semble-t-il, qu’il faut placer la réflexion sur l’idée de valeur dans le prolongement de la méditation antérieure sur l’idée de règle; la justice, disions-nous, n’est pas une essence que je lis dans quelque ciel intemporel, mais un instituant-institué, grâce auquel plusieurs libertés peuvent coexister. Cette médiation en vue de la coexistence est peut-être la clé du problème : la justice est le schème des actions à faire pour que soit institutionnellement possible la communication, ou mieux la communauté, voire la communion des libertés. On peut dire encore que le désir d’ « analoguer » une liberté dans une autre liberté trouve un support dans l’ensemble des actions instituées dont le sens est la justice. La justice correspond à ceci : que ta liberté vaille autant que la mienne. La valeur est la marque d’excellence des actions qui satisfont à cette exigence. »

 

ELLE, Loi Morale Nouvelle et Loi Morale Kantienne

Il existe une indiscutable parenté entre les conceptions kantiennes de la « moralité pure » et certains aspects « universalisables » de notre propre proposition de « Loi Morale Nouvelle ». Mais il y a aussi une différence radicale qui, d’une certaine façon, peut apparaître comme une « radicalisation » de la notion d’ « autonomie » de la personne, que la philosophie pratique kantienne a bien sûr fortement contribué à mettre en place, mais qui, à cause en partie des contraintes culturelles propres à son époque, mais aussi d’une confusion à l’intérieur du système de la « raison critique » kantienne, n’a pas permis à la philosophie kantienne d’aller au bout de son intuition pourtant déjà très élaborée de l’autonomie de la volonté d’une « personne ».

Un des points caractéristiques de divergence est également très clairement visible dans le fait que la « Loi Morale Nouvelle » dont nous parlons, tout en visant un horizon d’universalisation future très proche de l’idée kantienne du « royaume des fins », n’a besoin d’aucun « postulat de la raison pratique » du genre « immortalité de l’ âme », ni d’ existence d’un « Dieu moral », pour assurer non seulement sa propre valeur morale, mais même sa réalisabilité progressive dans un avenir indéfiniment ouvert. Car cette ouverture est précisément « postulée » directement par la volonté autonome elle-même des « personnes souveraines, libres et égales » : sa valeur est définie de façon autonome ( ce qui est déjà le cas chez Kant, mais avec un principe d’universalisation malheureusement calqué sur l’universalité des « lois de la nature »  …  ),.
Mais nous disposons désormais aussi d’une toute autre possibilité d’action effective sur le réel universel, progressivement décrit par les disciplines scientifiques comme indéfiniment « rétro-contrôlable » par les moyens de la technique liée à ces développements scientifiques.

La conformité future des phénomènes réels à nos propres exigences morales autonomes dépend de plus en plus précisément de nos propres décisions autonomes, et non plus d’une supposée « raison divine » qui aurait accès à la « réalité en soi » alors que les êtres humains n’auraient accès qu’à une réalité « phénoménale » à jamais limitée par une « constitution transcendantale » … Établie par QUI ? Par la « raison divine » ou par la « raison kantienne » ? ou par une « structure anthropologique originaire » … elle-même constituée par un « malin génie philosophique » … ?

La distinction kantienne radicale entre « chose en soi » inaccessible et « phénomènes » seuls connaissables à travers une grille de « subjectivité transcendantale » n’est plus aussi pertinente qu’à l’époque kantienne, car nous avons de plus en plus de bonnes raisons théoriques de penser toutes nos capacités d’organisation « subjective »  de notre expérience, non plus en termes de « constitution transcendantale« , ni même de constitution « phénoménologiquement originaire« , mais bien dans le « réseau » totalement « immanent » de la « réalité » à la fois empirique et théorique où notre « pensée-conscience-cerveau » à la fois se prend comme « objet » de science et analyse sa propre capacité « subjective » à « constituer » de tels « objets ».

Tout « sujet » personnel actuel est ainsi aussi ( s’il veut se donner une telle représentation de lui-même … )  un sujet-objet et un objet-sujet dont la boucle auto-référentielle est simultanément suffisamment « fermée » pour pouvoir auto-produire sa propre « VALEUR » et suffisamment « ouverte » pour explorer de plus en plus efficacement l’espace des possibles physiques organisationnels de l’univers, qui permettent à une telle conscience personnelle de survivre un certain temps actuellement, tout en gardant ouverte une capacité créatrice de projection scientifico-technique dans le futur où sa propre « identité personnelle » peut être pensée comme suffisamment « reproductible » pour se « retrouver elle-même », non pas dans telle ou telle incarnation ou configuration particulière de son passé, ( ce qui est très secondaire ), mais bien dans sa capacité organisationnelle d’autonomie personnelle consciente compatible avec l’égale autonomie personnelle consciente d’innombrables autres « entités organisées » dans l’ univers.

C’est bien une « idée » qui commence aujourd’hui à se répandre dans certaines conceptions dites « transhumanistes« , et dont il s’agit, pour ma part, de tester la compatibilité logique avec l’idéal d’une « Égale Liberté » de toute personne à pouvoir bénéficier, en y participant activement, des possibilités nouvelles ainsi ouvertes au niveau scientifico-technique …

Il n’ y a donc aucun « postulat de la raison pratique » nécessaire en-dehors de cette raison auto-référentielle : c’est désormais à ELLE-MEME d’assurer sa propre « immortalité » et sa propre capacité de plus en plus « divine » ( mais immanente ) d’assurer rétroactivement tous les contrôles rétroactifs conscients sur une réalité dont elle tire effectivement inconsciemment son « origine ». (Origine dans l’évolution de l’univers et du vivant et dans l’évolution des systèmes sociaux et culturels humains … dont nous étudions et formalisons après coup les « lois de la nature » , les « lois sociologiques, économiques », etc. ). Mais  cette prise de conscience elle-même ( individuelle et collective ) crée désormais un tout nouvel « ordre du réel organisé » autoréférentiel et récursivement piloté par ces processus de « prise de conscience » mêmes, qui en retour en « augmentent » les capacités.

La corrélation entre la « moralité » ( se rendre digne du bonheur ) et le contrôle des conditions du réel qui doivent de plus en plus incarner un tel « souverain bien« , nous incombe donc désormais, du moins à toutes les personnes qui  veulent ainsi librement constituer leur propre souveraineté collective en se reconnaissant mutuellement comme « personnes souveraines sur elles-mêmes, libres et égales entre elles » …  et avec toute autre organisation matérielle de l’univers capable d’une telle prise de conscience individuée et prenant librement cette même décision de reconnaissance mutuelle.

Il est facile de comprendre comment une telle autonomie, tout en s’appuyant sur certains aspects déjà présents dans l’autonomie morale kantienne, en radicalise désormais le principe d’universalisation POSSIBLE, mais non pas dans un « impératif catégorique universel et nécessaire », puisque désormais directement auto-fondé dans la liberté même ( comme « Égale Liberté » ) de toute personne qui choisit d’y participer ( … ou pas ) . L’ universalisation possible ne s’étend donc qu’aussi loin que la liberté de chaque personne veut en décider pour elle-même.

« NouS » sommes désormais notre propre « recours » d’assurance future d’un « souverain bien possible », pour autant et seulement pour autant que nous choisissons librement de participer à sa « constitution formelle » et à sa « construction réelle », parce que c’est à ce prix que « NouS » devenons pleinement responsables de notre propre liberté autodéterminée, « en même temps » personnelle et collective ( … pour les personnes qui font ce choix … ).

Les « autres » … se débrouillent comme avant depuis toujours, avec leurs propres conceptions de la liberté, s’ils ne veulent pas d’une telle « Égale Liberté Libre Égalité » et avec la multitude des conflits insolubles que leurs divergences entraînent et entraîneront de plus en plus …

« Kant à Vous » …. comme toujours ici, c’est « Vous qui Voyez … »